Mésothéliome

2008


ANALYSE

13-

Mortalité et évolution

Avant l’année 2000, le mésothéliome pleural n’était pas identifié dans la Classification internationale des maladies (CIM). Que ce soit dans la CIM-8 (1968-1978) ou dans la CIM-9 (1979-1999), le mésothéliome était en effet codé dans la catégorie plus large « cancers de la plèvre ». À partir de l’année 2000 et de l’utilisation de la CIM-10, le mésothéliome a été identifié par un code spécifique. C’est pourquoi les deux catégories doivent être considérées, en particulier pour l’étude des évolutions dans le temps. Ceci est d’autant plus justifié, que certains médecins peuvent certifier un mésothéliome d’une manière imprécise avec une mention de cancer de la plèvre.
En 2003, on a comptabilisé pour la France métropolitaine1 (Aouba et coll., 2007renvoi vers), 719 décès par mésothéliome et 348 décès par cancers de la plèvre, soit en regroupant les deux catégories, un total de 1 067 décès (à titre de comparaison, le cancer du poumon représentait 26 000 décès en 2003).
Trois quarts de ces décès concernent des hommes (774 décès) et un quart des femmes (293 décès). La proportion d’hommes est un peu plus élevée pour le mésothéliome (75 %) que pour le cancer de la plèvre (63 %). Trois quarts du total des décès surviennent après 64 ans (796 décès).
Le taux de décès standardisé par âge s’élève à 1,6 pour 100 000. Il passe de 0,5 avant 65 ans à 8,1 après cet âge.
Les taux de décès sont 3,7 fois plus élevés chez les hommes par rapport aux femmes (5,2 pour le cancer du poumon). La surmortalité masculine est du même ordre avant et après 65 ans.
Le nombre annuel de décès (cancers de la plèvre et mésothéliomes) est passé d’environ 400 au début des années 1970 à plus de 1 000 à la fin des années 1990 (tableaux 13.Irenvoi vers et 13.IIrenvoi vers). Cette augmentation a davantage concerné les hommes (nombre de décès multiplié par 4) que les femmes (doublement du nombre de décès). Cependant, la hausse n’a pas été régulière et a été différente en fonction du sexe (figure 13.1Renvoi vers). Pour les hommes, le taux de progression a été très marqué durant les années 1970 puis a faibli sensiblement (tableau 13.IIrenvoi vers). Pour le sexe féminin, la progression, nettement plus modérée, a été plus régulière (environ + 25 % tous les 10 ans).

Tableau 13.I Effectif et taux de décès par cancer de la plèvre et mésothéliomea selon le sexe et l’âge entre 1973 et 2003 en France métropolitaine (d’après CépiDc-Inserm)

 
Tous âges
< 65 ans
65 ans et +
 
Nombre
Tauxb
Nombre
Tauxb
Nombre
Tauxb
Deux sexes
      
1973
416
0,9
143
0,4
273
4,0
1983
647
1,3
220
0,5
427
5,8
1993
904
1,6
272
0,6
632
7,4
2003
1 067
1,6
271
0,5
796
8,1
Hommes
      
1973
249
1,3
93
0,5
156
5,9
1983
434
2,1
165
0,7
269
9,8
1993
667
2,8
216
0,9
451
13,8
2003
774
2,8
209
0,8
565
14,7
Femmes
      
1973
167
0,6
50
0,2
117
2,8
1983
213
0,7
55
0,2
158
3,4
1993
237
0,7
56
0,2
181
3,5
2003
293
0,8
62
0,2
231
3,9

a Codes CIM-10 : C45.0 (mésothéliome de la plèvre) et et C45.9 (mésothéliome sans précision). Exclut mésothéliome d’autres sièges (péritoine…)
b Taux pour 100 000 standardisés par âge (population de référence : France 1990)

Figure 13.1 Évolution des effectifs annuels de décès par cancer de la plèvre et du mésothéliome selon le sexe entre 1973 et 2003 en France métropolitaine (d’après CépiDc, Inserm)

Tableau 13.II Évolution des effectifs et des taux de décès par cancer de la plèvre et mésothéliome selon le sexe et l’âge entre 1973 et 2003 en France métropolitaine (d’après CépiDc-Inserm)

 
Tous âges
< 65 ans
65 ans et +
 
Évolution des effectifs (%)
Évolution des tauxa (%)
Évolution des effectifs (%)
Évolution des tauxa (%)
Évolution des effectifs (%)
Évolution des tauxa (%)
Deux sexes
      
1973-1983
56
42
54
30
56
48
1983-1993
40
25
24
19
48
28
1993-2003
18
4
0
– 9
26
9
1973-2003
156
83
90
41
192
106
Hommes
      
1973-1983
74
59
77
47
72
65
1983-1993
54
37
31
26
68
41
1993-2003
16
1
– 3
– 12
25
6
1973-2003
211
120
125
62
262
148
Femmes
      
1973-1983
28
14
10
– 5
35
23
1983-1993
11
0
2
– 3
15
2
1993-2003
24
10
11
2
28
13
1973-2003
75
25
24
– 6
97
41

a Taux pour 100 000 standardisés par âge (population de référence : France 1990)

Figure 13.2 Évolution des taux de décès par cancer de la plèvre et mésothéliomea selon le sexe entre 1973 et 2003 en France métropolitaine (d’après CépiDc-Inserm)
Cette différence d’évolution en fonction du sexe est encore plus nette en analysant les taux de décès standardisés par âge (figure 13.2Renvoi vers). Alors qu’entre 1973 et 1983, les taux masculins se sont élevés de plus de 50 %, puis de 40 % entre 1983 et 1993, ils sont restés stables entre 1993 et 2003. Les taux de décès féminins ont progressé très modérément au cours des années 1980, ont stagné durant les années 1990 et ont à nouveau légèrement progressé au cours des années 1990.
Le niveau de la surmortalité masculine a augmenté au cours des 30 dernières années, passant d’environ 2 en début de période à 4 actuellement. Il est un peu plus élevé avant 65 ans que pour la population plus âgée.
La distribution des taux de décès selon les départements indique clairement, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, une surmortalité dans le nord de la France ainsi que dans certains départements du sud-est (figure 13.3Renvoi vers). Une analyse à une échelle plus fine (par zones d’emploi) met en évidence des taux de décès particulièrement élevés dans certaines zones anciennement industrielles et dans des villes portuaires (Salem et coll., 2000renvoi vers).
Figure 13.3 Disparités départementales de mortalité par cancer de la plèvre et du mésothéliome (taux standardisés) selon le sexe en France métropolitaine (1995-1999) (d’après Salem et coll., 2000renvoi vers)
Concernant les taux de décès dans les DOM, même cumulés sur trois années (2001-2003), le nombre restreint de cas ne permet pas de comparer les taux de décès aux données de la métropole.
En conclusion, avant l’année 2000, le mésothéliome pleural n’était pas identifié dans la Classification internationale des maladies (CIM), le mésothéliome étant codé dans la catégorie plus large « cancers de la plèvre ». À partir de l’année 2000, le mésothéliome a été identifié par un code spécifique. Il est à noter que cette amélioration de la codification rend, en revanche, difficile l’interprétation des évolutions observées sur ces cinq années 1998-2002.
Le nombre annuel de décès (cancers de la plèvre et mésothéliomes) est passé d’environ 400 au début des années 1970 à plus de 1 000 à la fin des années 1990. Cette augmentation a davantage concerné les hommes (nombre de décès multiplié par 4) que les femmes (doublement du nombre de décès). Cependant, la hausse n’a pas été régulière et a été différente en fonction du sexe. Pour les hommes, le taux de progression a été très marqué durant les années 1970 puis a faibli sensiblement. Pour les femmes, la progression, nettement plus modérée, a été plus régulière (environ + 25 % tous les 10 ans).

Bibliographie

[1] aouba a, péquignot f, le toullec a, jougla e. Les Causes Medicales de décès en France et leurs évolutions récentes, 1980-2004. Bul Epidémiol Hebd. 2007; 35-36:308314Retour vers
[2] salem g, rican s, jougla e. Atlas de la santé en France - Les causes de décès. Vol. 1. Éditions John Libbey; 2000; 187pp. Retour vers

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