2008


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Cet ouvrage présente les travaux de deux groupes d’experts réunis par l’Inserm dans le cadre de la procédure d’expertise collective (annexe 1), pour répondre à la demande de l’Afsset concernant l’impact de l’environnement sur certains cancers dont l’incidence a augmenté au cours des vingt dernières années.
Ce travail s’appuie sur les données scientifiques disponibles en date du premier semestre 2007. Près de 1 800 articles ont constitué la base documentaire de cette expertise.
Le Centre d’expertise collective de l’Inserm a assuré la coordination de cette expertise collective.

Groupe d’experts et auteurs

Isabelle baldi, Laboratoire santé travail environnement, EA 3672, Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (Isped), Université Victor Segalen Bordeaux 2, Bordeaux

Denis bard, Laboratoire d’étude et de recherche en environnement et santé, École des hautes études en santé publique, Rennes

Robert barouki, Pharmacologie, toxicologie et signalisation cellulaire, Inserm UMR-S 747, Université Paris Descartes, UFR Biomédicale des Saints-Pères, Paris

Simone benhamou, Méthodologie statistique et épidémiologie génétique des maladies multifactorielles, Inserm U 794, Fondation Jean Dausset-CEPH, Paris et CNRS FRE 2939, Génomes et cancers, Institut Gustave Roussy, Villejuif

Jacques benichou, Unité de biostatistique, CHU Rouen et Inserm U 657, Institut hospitalo-universitaire de recherche biomédicale, Université de Rouen

Marie-Odile bernier, Laboratoire d’épidémiologie, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Fontenay-aux-Roses

Olivier bouchot, Clinique urologique, CHU Hôtel-Dieu, Nantes

Pierre carayon, Département de biochimie et biologie moléculaire, Faculté de médecine, Marseille

Jocelyn ceraline, Groupe signalisation et cancer de la prostate, EA 3430, Université Louis Pasteur, Strasbourg

Emmanuelle charafe-jauffret, Centre de recherche en cancérologie de Marseille, Inserm U 891/Institut Paoli-Calmettes et Université de la Méditerranée, Marseille

Jacqueline clavel, Épidémiologie environnementale des cancers, Inserm UMR-S 754, Université Paris-Sud 11, Villejuif

Françoise clavel-chapelon, Nutrition, hormones et cancers, Inserm ERI 20, EA 4045 Université Paris-Sud 11, Institut Gustave Roussy (IGR), Villejuif

Florent de vathaire, Épidémiologie des cancers et radiocarcinogenèse et effets iatrogènes des traitements, Inserm UMR-S 605, Université Paris-Sud 11, Institut Gustave Roussy (IGR), Villejuif

Mariette gerber, Centre de recherche en cancérologie, Inserm, Centre régional de lutte contre le cancer Paul-Lamarque, Val d’Aurelle, Montpellier

Anabelle gilg soit ilg, Département santé travail, Institut de veille sanitaire (InVS), Saint-Maurice

Pascal guenel, Épidémiologie environnementale des cancers, Inserm UMR-S 754, Université Paris-Sud 11, Villejuif

André guillouzo, Détoxication et réparation tissulaire, Inserm U 620, Faculté de pharmacie, Rennes

Pierre hainaut, Centre international de recherche sur le cancer (Circ), Groupe cancérogenèse moléculaire, Lyon

Marie-Claude jaurand, Génomique fonctionnelle des tumeurs solides, Inserm U 674, IFR 105-CEPH-IUH, Paris

Eric jougla, Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès, Inserm CépiDc, Le Vésinet

Guy launoy, Cancer et populations, Inserm ERI 3, CHU Caen et Université de Caen-Basse, Normandie

Dominique laurier, Laboratoire d’épidémiologie, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Fontenay-aux-Roses

Yves lévi, Laboratoire santé publique-environnement, Université Paris-Sud 11, Faculté de pharmacie, Chatenay-Malabry

Marc maynadie, Registre des hémopathies malignes de Côte d’Or, Université de Bourgogne, EA 4184 et Service d’hématologie biologique, Hôpital du Bocage, Dijon

Isabelle momas, Service santé publique et environnement, EA 4064, Université Paris Descartes, Faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques de Paris-Luxembourg, Paris

Jean-Claude pairon, Service de pneumologie et de pathologie professionnelle, Centre hospitalier intercommunal de Créteil, Inserm U 841, Créteil et Faculté de médecine, Université Paris 12, PRES Paris Est

Christophe paris, Évaluation et prévention des risques professionnels et environnementaux ([EP]2R), Inserm ERI 11, Vandoeuvre les Nancy et centre de consultation des pathologies professionnelles, CHU Nancy

Claude parmentier, Institut Gustave Roussy, Villejuif et Faculté de Médecine Paris 11, Le Kremlin-Bicêtre

Marc sanson, Service de neurologie Mazarin, Laboratoire interaction neurone-glie, Inserm U 711, CHU La Pitié-Salpêtrière, Paris

Jean-François savouret, Pharmacologie, toxicologie et signalisation cellulaire, Inserm UMR-S 747, Université Paris-Descartes, UFR Biomédicale des Saints-Pères, Paris

Isabelle stücker, Épidémiologie environnementale des cancers, Inserm UMR-S 754, Université Paris-Sud 11, Villejuif

Patrick thonneauMarie walschaerts, Groupe de recherche en fertilité humaine, EA 3694, Université Paul Sabatier, Faculté de médecine, Toulouse

Ont également apporté leur contribution

Marie-Annick billon-galland, Laboratoire d’étude des particules inhalées (LEPI) de la ville de Paris

Florence coignard, Département santé environnement, Institut de veille sanitaire (InVS), Saint-Maurice

Pascale grosclaude, Registre des cancers du Tarn, Albi

Nicole guignon, Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (DARES), Paris

Martine hours, Épidémiologie et surveillance transport travail environnement, UMR 9002, Inrets, Université Lyon I, Institut de veille sanitaire (InVS)

Florence molinié, Registre des cancers de Loire-Atlantique et de Vendée, Nantes

Nicolas sandret, Inspection médicale du travail et de la main d’Ĺ“uvre (IMTMO) IDF, Direction régionale du travail et de la formation professionnelle, Paris

Ont effectué une relecture critique

Luc multigner, Groupe d’étude de la reproduction chez l’homme et les mammifères, unité Inserm 625, Université de Rennes 1, Rennes

Annie sasco, épidémiologie pour la prévention du cancer, unité Inserm 897, Université Victor Segalen Bordeaux 2, Bordeaux

Coordination scientifique, éditoriale, bibliographique
et logistique

Fabienne bonnin, attachée scientifique, Centre d’expertise collective de l’Inserm, Faculté de médecine Xavier-Bichat, Paris

Catherine chenu, attachée scientifique, Centre d’expertise collective de l’Inserm, Faculté de médecine Xavier-Bichat, Paris

Jeanne étiemble, directrice, Centre d’expertise collective de l’Inserm, Faculté de médecine Xavier-Bichat, Paris

Cécile gomis, secrétaire, Centre d’expertise collective de l’Inserm, Faculté de médecine Xavier-Bichat, Paris

Marie-Thérèse labro, chargée d’expertise, Centre d’expertise collective de l’Inserm, Faculté de médecine Xavier-Bichat, Paris

Anne-Laure pellier, attachée scientifique, Centre d’expertise collective de l’Inserm, Faculté de médecine Xavier-Bichat, Paris

Chantal rondet-grellier, documentaliste, Centre d’expertise collective de l’Inserm, Faculté de médecine Xavier-Bichat, Paris


Avant-propos

Les cancers représentent en France la première cause de mortalité chez les hommes et la deuxième cause chez les femmes (après les maladies cardiovasculaires). Ils figurent parmi les pathologies pouvant être liées à l’environnement.
En 2005, le nombre de nouveaux cas de cancer en France a été estimé à près de 320 000 pour les deux sexes confondus, 180 000 chez les hommes et 140 000 chez les femmes. En tenant compte des changements démographiques (accroissement et vieillissement de la population française), l’augmentation du taux d’incidence des cancers depuis 1980 est estimée à +35 % chez l’homme et à +43 % chez la femme1 . En revanche, la mortalité liée aux cancers a régulièrement diminué pendant la même période et de façon plus marquée au cours des cinq dernières années.
Les modifications de l’environnement pourraient être partiellement responsables de l’augmentation constatée de l’incidence de certains cancers. Cette hypothèse doit faire l’objet d’un effort de recherche constant, portant à la fois sur la mesure de l’exposition des populations à des cancérogènes avérés ou probables, et sur l’existence et la nature du lien causal.
Une expertise collective « Cancer, approche méthodologique du lien avec l’environnement » réalisée en 2005 par l’Inserm à la demande de l’Afsset avait permis d’identifier plusieurs localisations de cancers dont l’incidence (et parfois la mortalité) étaient en augmentation depuis une vingtaine d’années et pour lesquels il était particulièrement pertinent de rechercher l’impact de l’environnement à partir des données disponibles de la littérature.
L’Afsset a chargé l’Inserm d’établir un bilan des connaissances sur les liens entre l’environnement et neuf types de cancers correspondant aux localisations sélectionnées à partir de la première expertise : les cancers du poumon, les mésothéliomes, les hémopathies malignes, les tumeurs cérébrales, les cancers du sein, de l’ovaire, du testicule, de la prostate et de la thyroïde.
Pour réaliser cette nouvelle expertise, l’Inserm a réuni deux groupes de chercheurs ayant des compétences dans les domaines de l’épidémiologie, de la toxicologie, de la clinique, de la médecine du travail et de la quantification des risques. Ces experts ont analysé les données de la littérature sur les neuf cancers et considéré comme facteurs environnementaux les agents physiques, chimiques ou biologiques présents dans l’atmosphère, l’eau, les sols ou l’alimentation dont l’exposition est subie et non générée par des comportements individuels. Ainsi, le tabagisme passif est abordé dans cette expertise alors que le tabagisme actif ne l’est pas. L’investigation prend en compte les facteurs de l’environnement général et ceux présents dans l’environnement professionnel.
Pour chaque cancer, les questions suivantes ont été traitées :
• Quelles sont les différentes caractéristiques morphologiques, histologiques, moléculaires ?
• Quelles sont les données d’incidence et leurs évolutions en France (selon les régions) et dans d’autres pays ? Pour les différents sous-types de cancer ? Quelles sont les données de mortalité dans les mêmes contextes ?
• Quels sont les facteurs de risque environnementaux en milieu professionnel ou général identifiés, reconnus comme cancérogènes ou encore débattus ? Quelles sont les données épidémiologiques disponibles sur ces facteurs ? Qu’apportent les études sur les interactions entre ces facteurs et des gènes de susceptibilité ?
Par ailleurs, certaines questions ont été abordées de manière transversale :
• Quels sont les principaux mécanismes de toxicité ? Quel est le mode d’action de certains polluants ?
• Quels sont les différents moyens de quantifier l’exposition aux agents environnementaux ?
• Quelles sont les données d’exposition en France sur les facteurs environnementaux évoqués pour les neuf cancers ? Quelles sont les données sur l’évolution de l’exposition au cours des dernières décennies ? Quelles sont les situations d’exposition particulièrement critiques ? Quelles sont les données concernant les expositions multiples ?
• Quelles sont les questions posées par l’évaluation quantitative des risques aux faibles doses ?
La démonstration de la nature causale d’une association entre un facteur d’exposition et une maladie est complexe et nécessite un ensemble d’arguments épidémiologiques complétés des connaissances toxicologiques disponibles (annexes 2 et 3). L’évaluation de ces éléments pour les nombreuses substances supposées impliquées dans le développement de cancers permet de les classer en trois catégories selon la classification du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) : cancérogène avéré, probable, possible (annexe 4).
Les deux groupes d’experts ont réalisé une analyse critique de la littérature portant sur les liens entre les neuf cancers et des facteurs environnementaux qu’il s’agisse de cancérogènes avérés, probables, possibles ou suspectés pour chaque localisation. Le niveau d’exposition aux facteurs environnementaux qui ne sont pas des cancérogènes avérés pour les localisations considérées est souvent mal connu, ce qui rend impossible l’estimation du nombre de cas de cancers qui pourraient être attribuables à ces facteurs2 .
L’expertise propose une vue d’ensemble de l’influence avérée ou présumée d’une série de facteurs environnementaux ayant fait l’objet d’études publiées pour les neuf localisations. Elle indique les meilleures sources d’informations concernant les expositions et leurs tendances évolutives au cours des dernières décennies.
Le rapport est structuré en douze parties : neuf pour chaque localisation cancéreuse étudiée et trois parties transversales portant sur les mécanismes de toxicité, les expositions aux facteurs environnementaux, les questions posées par l’évaluation quantitative des risques aux faibles doses. Chacune des parties se termine par la présentation des principaux constats et propositions.

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