2011


ANALYSE

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Bases neurobiologiques et neuroendocriniennes du stress

Chez tout être vivant, l’équilibre des interactions sujet-environnement est global. Il n’y a pas un équilibre « social, émotionnel, psychique, cognitif » d’un côté, et un équilibre « somatique, biologique, cérébral » de l’autre, séparés et autonomes (pour une analyse théorique de ces questions : voir Le Moal, 2010renvoi vers). Ces considérations sont essentielles pour qui aborde les relations entre stresseurs, individus et pathologies. Le concept de stress est un concept biologique et est l’un des plus intégratif de la biologie et la médecine. Il n’y a pas de stress sans manifestations biologiques, les seules à en authentifier l’existence. Non seulement tout l’organisme est mobilisé pour des réponses physiologiques et comportementales mais les conditions intrinsèques et environnementales et les caractéristiques propres à l’individu (les caractéristiques génétiques, son historique) sont parties prenantes, souvent causales, du processus. Il convient de bien dissocier les agents, les stresseurs, les conséquences, et leurs interactions. Le stress aigu n’est pas le stress chronique et lorsque les conséquences délétères et durables sont envisagées, les manifestations pathologiques sont aussi variées que les divers organes corporels. Aborder la question du stress, c’est aborder une complexité qui va du psychisme au moléculaire et vice-versa.

Évolution du concept de stress et définition

Ce qui sera au XXe dénommé « stress » fut théorisé dès l’Antiquité. Quelle que fut l’École, les Grecs concevaient la santé à partir des concepts d’équilibre, de stabilité de l’existence, d’une nécessaire harmonie entre l’être et son environnement. Lorsque des contraintes menaçantes survenaient, des forces contraires les contrebalançaient et permettaient de s’ajuster aux évènements émotionnels pour améliorer la qualité de la vie. Cette conception s’est cristallisée dans le concept d’ataraxie1 . À la même époque, les penseurs de l’Orient proposaient des principes similaires, dont celui d’équanimité. Ces conceptions ont traversé les siècles avec la médecine hippocratique (Hippocrate, 460-375 avant notre ère) où la santé et la maladie étaient assimilées à des principes d’harmonie et de dysharmonie, la Nature étant la guérisseuse suprême. Elles sont retrouvées chez les fondateurs de la physiologie médicale moderne qui voyaient, sans doute à tort, l’état normal ou physiologique et l’état de maladie comme deux aspects d’un même principe général, se renvoyant l’un à l’autre, le recouvrement de la santé étant, ipso facto, celui de l’état physiologique normal (pour une analyse critique : voir Canguilhem, 1979renvoi vers).
La physiologie moderne a été marquée par ces notions d’équilibre. Claude Bernard (1813-1878) forgera un concept clé, celui de la nécessaire fixité du milieu intérieur, sans laquelle il ne pourrait y avoir de vie libre et indépendante (Bernard, 1865renvoi vers). L’organisme gère les changements corporels et émotionnels imposés par les perturbations environnementales par des mécanismes adaptatifs et vitaux construits pour rétablir les équilibres physiologiques, lesquels sont essentiellement non conscients. Sur ces bases mais en allant plus loin, Cannon (1871-1945) proposera le concept d’homéostasie, terme forgé du grec (homeoios, identique et stasis, immobile). L’homéostasie implique des servomécanismes locaux permettant de maintenir les équilibres au sein des systèmes physiologiques. L’équilibre du milieu intérieur est assuré par le système nerveux sympathique-viscéral associé à la glande médullosurrénale qui libère l’adrénaline, laquelle ira au contact des organes (Cannon et de La Paz, 1911renvoi vers ; Cannon, 1929arenvoi vers). Ainsi, le système nerveux central est informé des changements de l’environnement externe et des menaces quant à son intégrité par les récepteurs et, via le système nerveux viscéral, des changements corrélatifs dans l’environnement interne. Les mécanismes régulant l’homéostasie sont donc sous l’emprise des contraintes, des « forces » (stress en anglais, stresseur en français) et, de ce fait, répondent par des changements, des « déformations » (strain en anglais) que ces mécanismes devront ramener vers l’état d’équilibre (Cannon, 1929brenvoi vers et 1935renvoi vers). Les interactions réciproques entre les perceptions des fluctuations de l’environnement et les mécanismes biologiques adaptatifs sont donc permanentes et naturelles, l’organisme entier étant mobilisé pour maintenir un équilibre, une norme physiologique, l’homéostasie. Les émotions sont reconnues comme essentielles au sein des mécanismes régulateurs de l’homéostasie.
Une perspective nouvelle sera proposée par Selye (1907-1982) dès 1936 (Selye, 1936renvoi vers). Les agents nocifs produisent, quelle que soit leur nature et d’une manière non spécifique, un syndrome – le syndrome général d’adaptation – débouchant sur un état fondamentalement pathologique (Selye, 1946renvoi vers). Selye décrit trois étapes :
• une réaction d’alarme rapide ;
• suivie, si l’action de l’agent perdure, d’une étape de résistance avec augmentation de la sécrétion granulaire de la glande corticosurrénale contrôlée par l’hypophyse antérieure, et identifiée en 1949 (Hench et coll., 1949renvoi vers) comme étant la cortisone chez l’homme (corticostérone chez l’animal). Il apparaît divers dérèglements métaboliques, hormonaux et atteintes d’organes ;
• si l’agression continue, un stade d’épuisement.
Il fut très vite admis que la réaction d’alarme pouvait être produite par un stimulus émotionnel. Ainsi, chez le rat soumis à une immobilisation forcée prolongée, il est observé une turgescence des glandes surrénales, une rétraction massive des thymus et des noyaux lymphatiques (système immunitaire) et une hémorragie stomacale. Chercheur prolixe et controversé, Selye défendra ses conceptions de non spécificité du syndrome et d’un enchaînement pathologique des évènements dans le cadre d’une causalité mécaniste et étroite. Plus grave encore, il est responsable de la diffusion planétaire du terme « stress » et partant de la confusion entre deux éléments distincts : l’agent, le stresseur (en anglais, stress) et le processus physiopathologique qui résulterait de l’application d’un stress nocif (en anglais, strain) (Selye, 1970renvoi vers et 1974renvoi vers). L’utilisation actuelle du mot repose sur cette confusion sémantique dommageable aggravée par l’usage médiatique inconsidéré.
En résumé, tout organisme, par nature, est confronté en permanence à des évènements contrariants et imprévus, menaçants et générateurs d’émotions mettant en cause les plans de vie, mineurs ou majeurs, et obligeant à de nouvelles stratégies. Les stresseurs sont une permanence de l’existence et les réponses d’ajustement sont, si les événements sont intenses et durables, parfois coûteuses physiquement, mentalement, émotionnellement. Les mécanismes biologiques et psychobiologiques (héritage phylogénétique, ressources personnelles et sociétales) ont pour but de rétablir l’équilibre (figure 12.1Renvoi vers). L’organisme peut en garder des traces et des mémoires. Tout ceci relève du vaste chapitre de l’Adaptation commun aux animaux et à l’homme (Weiss, 1971arenvoi vers et brenvoi vers ; MacLean, 1972renvoi vers). Le processus de stress, c’est la vie.
Figure 12.1 De l’équilibre (homéostasie) au stress
La réponse adaptative de l’organisme est extrêmement rapide, organisée par le système sympathique et la glande médullo-surrénale sous le contrôle du système nerveux central. Il s’agit d’une activation générale avec réaction émotionnelle. Dans un second temps, s’enclenche la libération de l’hormone corticosurrénalienne, le cortisol, dont le rôle est d’aider au rétablissement des divers équilibres physiologiques, l’homéostasie. Si les stresseurs durent ou sont trop intenses, les mécanismes physiologiques, d’ajustement et d’évaluation, sont débordés et les désadaptations apparaissent. Il faut noter que la menace quant à l’intégrité physique ou psychologique peut être réelle ou interprétée. Bien naturellement, il n’y a pas d’événements psychologiques, émotionnels, subjectifs sans événement biologique, et vice-versa.

Évènements de vie et caractéristiques individuelles

Reconnaissance des stresseurs d’origine sociétale

Avant même que les bases neurobiologiques de l’adaptation et des désadaptations ne soient mises en évidence à partir des années 1980, les évènements « psychologiques » et « sociaux » comme stresseurs avaient été abondamment documentés, en particulier aux États-Unis (dès le début du XXe siècle pour l’organisation du travail), en Grande-Bretagne et en Scandinavie (Frankenhaeuser et coll., 1969renvoi vers ; Frankenhaeuser et Gardell, 1976renvoi vers).
Dès les années 1940, l’influence de systèmes sociaux, socioéconomiques et des évènements de vie délétères sur la santé de chaque individu est bien démontrée : à société « malade » ou « pathogène », individus malades (Donnison, 1938renvoi vers ; Halliday, 1949renvoi vers ; Insel et Moos, 1974renvoi vers). Au cours des années 1940-1980, un nombre considérable de travaux sont publiés tant à partir de l’animal que chez l’homme (voir une synthèse remarquable dans Henry et Stephens, 1977renvoi vers). Ces travaux sont très généralement de nature transdisciplinaire, là où se rencontrent les sciences sociologiques, médicales et biologiques. À cette époque, les « marqueurs » neuroendocriniens sont relativement limités : l’axe sympathique-médullosurrénalien avec les catécholamines périphériques (adrénaline, noradrénaline), l’axe hypophyso-corticosurrénalien avec les corticostéroïdes sanguins ou urinaires ou leurs métabolites. Des tentatives de classement des stresseurs en fonction de leurs conséquences sur la santé sont publiées (Holmes et Rahe, 1967renvoi vers ; Dohrenwend et Dohrenwend, 1974renvoi vers) : elles démontrent a posteriori que le poids relatif de ces évènements avait une valeur anthropologique et était contingent de la nature de la société et des systèmes économiques et sociaux. À titre d’exemple, la perte du travail dans la société américaine des années 1960 a un faible coefficient de nocivité (eu égard à la non existence du chômage). À l’inverse, la rupture de couple est un stresseur puissant dans une société n’ayant pas encore vécu les révolutions sociétales, culturelles et sexuelles de la fin des années 1960. Un grand nombre de travaux sont réalisés dans le temps démontrant les effets sur la santé des individus de la désintégration de sociétés isolées fortement structurées depuis des siècles et de la disparition de leurs canons culturels en raison de leur rencontre brutale avec les sociétés « occidentales ». C’est le cas par exemple des populations vivant dans certaines îles du Pacifique (occupation américaine) ou dans le désert du Kalahari (Henry et Stephens, 1977renvoi vers). Des études exemplaires sont réalisées en temps réel, chez l’homme en situation de combat (guerre du Vietnam), avec l’apparition de troubles psychopathologiques, dont les désordres post-traumatiques, certains irréversibles (Bourne, 1971renvoi vers). Les recherches analysent les mécanismes – pris au sens littéral, c’est-à-dire les agencements intégrés intervenant dans le fonctionnement d’un ensemble, ici psychobiologique – en cause, jusqu’aux représentations mentales symboliques.

Importance des transactions entre le stresseur et l’individu : les mécanismes cognitivo-émotionnels

Dans les années 1960, les sciences du comportement, avec leurs aspects neurobiologiques et psychologiques, établissent un certain nombre de principes toujours actuels (Lazarus, 1966renvoi vers) :
• les stresseurs sont des évènements externes ayant des caractéristiques propres ; ils doivent être évalués selon leurs effets, de mineurs à graves ;
• les effets des stresseurs dépendent de deux mécanismes fondamentaux : d’une part une évaluation du stresseur ou de la situation, d’autre part la mise en place d’ajustements. L’évaluation joue un rôle essentiel dans la transaction entre l’environnement potentiellement stresseur et l’individu. Elle est l’origine et la cause de différences individuelles quant aux effets – de négligeables à importants – des stresseurs. Les caractéristiques individuelles sont génétiques et acquises et peuvent être à l’origine de vulnérabilités potentielles. L’ajustement (coping) est intrinsèquement lié à l’évaluation de la nocivité du stresseur et aux moyens disponibles d’y faire face ;
• les mécanismes d’évaluation et d’ajustement sont cognitivo-émotionnels. Les processus cognitifs qui procèdent de l’évaluation ne peuvent être séparés des processus émotionnels. Ces derniers sont d’un intérêt majeur dans les sciences biologiques et sociales : ils font passer d’un concept étroit et indifférencié (le stress) à un concept plus pertinent cliniquement, l’émotion.
Les mécanismes mentaux, cognitifs et émotionnels, sont mobilisés dans les situations de nouveauté, d’imprévisibilité, d’incertitude, de perte de contrôle et de menace de l’ego. Les évaluations dépendent de larges différences interindividuelles. Elles mobilisent les mécanismes biologiques mentionnés ci-dessus. Inversement, l’homéostasie répond aux principes de familiarité et de prévisibilité. Mécanismes psychologiques, émotionnels, biologiques se rejoignent dans une perspective psycho-endocrinienne. Cependant, les voies nerveuses connectant les processus cognitifs et émotionnels et les facteurs endocriniens restaient à découvrir.

Événements de vie et processus de stress

Cette longue période qui s’étend jusqu’aux années 1980, bien que nourrie de controverses, eut le mérite de clarifier certains aspects du concept de stress et de proposer des principes tout à fait actuels.
Qu’elle soit « physique » ou « psychique », seule l’évaluation par le sujet et son système nerveux donnera à la menace potentielle le statut de stresseur. Pour les animaux sociaux et l’homme, les multiples subtilités de l’environnement social et sociétal sont sources de stresseurs. Le terme « psychosocial » est parfois utilisé pour rendre compte du développement psychologique d’un individu en relation avec le milieu ou la culture dans lesquels il a vécu et, plus largement, des interactions d’un sujet avec l’environnement social, en particulier à l’interface du monde du travail. Corollairement, il en découlerait la notion de « risque psychosocial ». Il paraît plus simple de parler de stresseurs et de leurs conséquences.
Le stresseur a des qualités objectives à partir desquelles il est possible de lui attribuer une dangerosité générale sinon équipotente pour la population qui le subit. Cependant, la nature des représentations mentales du stresseur est au cœur du processus de stress. Tout individu n’est en rien, à chaque moment de son histoire, une tabula rasa. Chaque sujet « personnalise » ce qu’il évalue, interprète, éprouve et ressent, ceci en fonction de sa personnalité, de son histoire, de ses croyances, de sa culture et des possibilités d’ajustement, de ses potentialités génétiques et des ressources sociales. De l’évaluation et de l’interprétation ainsi que des mécanismes cognitifs-émotionnels en jeu, il en ressort un état dit « subjectif », donc propre à un sujet en interaction avec son environnement. La subjectivité est configurée par les structures universelles des facultés mentales de l’espèce et, quoique différenciée, n’est en rien incommunicable et peut entrer en relation avec d’autres subjectivités, les subjectivités pouvant se construire les unes par rapport aux autres, que des représentations soient fidèles ou non à la réalité objective du stresseur. Il ne peut pas y avoir de représentation mentale propre à un sujet pensant sans distorsion par rapport à ce qui est représenté et la narration qui en est faite. La médecine et la psychiatrie nous apprennent que cette configuration subjective, avec sa charge d’affectivité, est le reflet d’un état neurobiologique et partant, démontre comment un évènement donné devient stresseur. Ainsi s’instaureront les processus neurobiologiques et neuroendocriniens du stress. La « subjectivité - stress » s’objective et s’authentifie par son versant biologique.
Bien que dépourvus de toutes les données neurobiologiques et neuroendocriniennes dont nous disposons actuellement, les chercheurs s’appuyaient alors sur une approche psychobiologique pour établir l’existence du processus de stress, déviance autour de l’équilibre homéostatique des différentes constantes physiologiques, retour à la normalité ou passage à la pathologie. L’affirmation selon laquelle « certaines personnes stressées vont bien alors que d’autres affectées par peu de stress vont très mal » n’a pas de sens, sinon qu’elle reflète cette réalité : le stresseur aura des effets différents, de nuls à délétères, selon les sujets (processus de stress, maîtrise de l’homéostasie, capacités d’ajustement, génétique, histoire personnelle, vulnérabilités potentielles), ce que démontre une énorme quantité de données cliniques et expérimentales à partir de situations même extrêmes (guerre, désastres, camps de concentration). Seules les données biomédicales confirmeront l’existence du processus : les statuts de « stressé » et l’existence d’un processus de stress ne peuvent être décrétés sans analyse objective. Le concept de résilience, d’une grande complexité, doit être pris en compte.

Aperçu sur les bases neurobiologiques et neuroendocriniennes du processus de stress

Les progrès fulgurants des techniques et modèles en neurosciences ont permis de découvrir durant les années 1980-2000 l’essentiel de la neuroendocrinologie de l’adaptation (Chrousos et Gold, 1992renvoi vers ; Johnson et coll., 1992renvoi vers ; de Kloet et coll., 2005renvoi vers) (figure 12.2Renvoi vers).
Figure 12.2 Effet du stress aigu sur le cerveau

Systèmes CRH et récepteurs

Les hormones hypothalamiques (Corticotropin Releasing Factor ou Hormone CRF ou CRH) responsables de la libération de l’hormone corticotrope, l’ACTH, elle-même responsable de la libération des corticoïdes, furent découvertes à partir de 1981 (Vale et coll., 1981renvoi vers ; voir l’historique dans Taché et Brunnhuber, 2008renvoi vers). De fait, il apparut très vite que les corps cellulaires contenant le CRH étaient localisés dans de nombreuses régions du cerveau antérieur, le cortex et les régions bulbo-pontiques. La distribution intracérébrale des récepteurs de ces hormones a révélé une présence relativement ubiquitaire, avec des concentrations massives dans les cortex, l’amygdale, l’hypothalamus, les divers noyaux de la formation réticulée dont le raphé et l’aire tegmentale ventrale. À côté des ligands naturels, de nombreux ligands synthétiques ont été proposés, permettant des analyses anatomo-fonctionnelles précises des rôles post-synaptiques. Les « systèmes CRH » intracérébraux ont des actions générales et coordonnées pour ce qui concerne le processus de stress :
• au niveau hypothalamique, par l’action sur l’hypophyse antérieure, la libération de l’hormone corticotrope (ACTH pour AdrenoCorticoTrophic Hormone) laquelle libérée dans le flux sanguin et agissant sur la glande corticosurrénale, libérera les hormones corticostéroïdes (cortisol chez l’homme, corticostérone chez les rongeurs de laboratoire) ;
• au niveau des différentes régions intracérébrales, le CRH agit pour coordonner les différentes réponses adaptatives aux stresseurs ; à titre d’exemple, de l’administration locale intra-limbique (amygdale) d’agonistes et d’antagonistes sélectifs, puis de l’annulation de l’expression du récepteur du CRH-CR-R1 (antisens knockdown), puis encore de l’analyse comportementale de rongeurs sans CRH-R2 (knockout) il ressort que les transmissions CRH sont impliquées dans l’hypervigilance, l’anxiété, les réponses biologiques et comportementales similaires aux effets du stress, des états dysphoriques et aversifs (Koob, 1999renvoi vers) ;
• par les voies projetant sur les structures du tronc cérébral (locus coeruleus), les systèmes CRH agiront sur les régions régulant l’activation du système sympathique : directement, sur le fonctionnement des organes internes, ou indirectement par la glande médullosurrénale et la libération dans la circulation sanguine de l’adrénaline ;
• enfin, le CRH module le système immunitaire : cette modulation s’effectue aussi par les corticostéroïdes, par le système nerveux sympathique, le système nerveux central étant informé en retour par les cytokines secrétées. En bref, le stress provoque une réduction du nombre de lymphocytes, de l’activité des cellules tueuses, du rapport entre lymphocytes T helper et suppressor, des anticorps et en conséquence la réactivation des agents de l’inflammation et des infections. L’un des aspects anatomo-fonctionnels les plus remarquables et importants est que le système régulateur central du stress repose sur une boucle anatomo-fonctionnelle CRH-catécholamines-CRH (Koob, 1999renvoi vers ; Valentino et van Bockstaele, 2008renvoi vers), reliant par une pro-action positive les structures du cerveau antérieur et limbiques (ayant les cellules CRH) avec les noyaux du tronc cérébral (ayant les cellules catécholaminergiques), ce qui explique la coordination naturelle des réponses comportementales, des systèmes autonomes sympathiques sur les organes internes et des régulations immunitaires.
Classiquement, dans la région amygdalienne, le CRH participerait aux mémoires émotionnelles, aux manifestations d’anxiété, les deux récepteurs CRHR1 et CRHR2 ayant des actions opposées. Au niveau de l’hippocampe, le CRH interviendrait dans les mémoires reliées au stress. Au niveau du noyau de la strie terminale, l’hormone participerait aux manifestations anxieuses. Enfin, comme indiqué ci-dessus, la coordination CRH-noradrénaline se réalise au niveau du locus coeruleus, siège de neurones noradrénergiques.

Glande corticosurrénale, corticostéroïdes et récepteurs

Les recherches sur l’axe hypothalamo-hypophyso-cortico-surrénalien, souvent appelé l’axe neurohormonal du stress, avaient subi un reflux dans les années 1950-1970, en particulier après la découverte en 1949 (Hench et coll., 1949renvoi vers) de l’action thérapeutique anti-inflammatoire de la cortisone, l’hormone corticostéroïde majeure chez l’homme. Il était difficile de comprendre comment une hormone aux effets thérapeutiques si nombreux (plus de 200 affections) pouvait être l’agent délétère du stress. Cependant, au cours des années, de nombreux arguments militaient pour une action centrale des corticoïdes (voir discussions dans Chrousos, 1992renvoi vers ; Sapolsky et coll., 2000renvoi vers ; Herman et coll., 2003renvoi vers), en particulier pour un contrôle rétroactif négatif de ces hormones sur les mécanismes déclenchés par le CRH aux niveaux hypophysaire, hypothalamique et limbique. Les approches cellulaires et moléculaires, dominantes à partir des années 1980 ont permis de compléter, avec les découvertes concernant le CRH, une conception intégrée centrale-périphérique de la neuroendocrinologie du stress.
Deux types de récepteurs ont été identifiés dans le cerveau. Les récepteurs aux minéralocorticoïdes (MRS), qui se lient à l’hormone (cortisone) avec une haute affinité et sont trouvés en particulier dans le système limbique, et les récepteurs pour les glucocorticoïdes (GRS) qui se lient avec une basse affinité et sont représentés d’une manière ubiquitaire. Toutefois, les deux récepteurs existent dans l’hippocampe. À l’état basal, les MRS sont occupés alors que les niveaux des hormones sont bas, les GRS n’étant que partiellement occupés. Sous l’effet des stresseurs et des sécrétions pulsatiles des corticostéroïdes, les GRS deviennent pleinement occupés. Ainsi, l’activation des MRS garantit un niveau basal stable d’activation, l’homéostasie et l’activation des GRS (associée à celle des MRS) provoquent une activation neuronale intense en relation avec la nécessité adaptative. De nombreux agonistes et antagonistes ont été synthétisés. Les récepteurs MRS et GRS sont intracellulaires. L’existence de récepteurs membranaires à action rapide a été suspectée, mais les preuves expérimentales sont encore rares.
Le cortisol se lie aux récepteurs, le complexe hormone-récepteur est transporté vers le noyau pour se lier sous forme de dimères au sein de l’ADN à des éléments de réponse spécifiques (G/M RE pour Glucocorticoid/Mineralocorticoid Responsive Elements,) et ainsi affecter les taux de transcriptions des gènes répondant aux hormones. Les récepteurs, activés, peuvent bloquer ou stimuler l’activité d’autres facteurs de transcription par des interactions protéines-protéines résultant soit en une désensibilisation, soit en une hyper-activation de ces facteurs. Il en est ainsi pour des transmissions relevant de facteurs immunitaires (de Kloet et coll., 2005renvoi vers ; Glei et coll., 2007renvoi vers). Les changements de l’activité transcriptionnelle induite par la liaison des récepteurs au cortisol sur les sites G/M RE affectent en retour les diverses conductances dans la membrane du neurone. Il en résulte des modifications au niveau des transmissions couplées aux protéines G, aux divers canaux ioniques et aux récepteurs ionotropiques.

Chronologie des évènements en réponse au stresseur

La chronologie des évènements lors d’un stress aigu et isolé, en réponse à un évènement perçu et analysé à un instant t, permet de comprendre le rôle respectif des différentes hormones. Dès la perception de l’évènement et l’évaluation de son caractère potentiellement menaçant ou dangereux, les transmissions catécholaminergiques et CRH sont mises en jeu (fraction de secondes ou secondes) suivies par l’ACTH et les autres hormones hypophysaires dont le glucagon ; les gonadotropines sont inhibées. Ce n’est que plusieurs minutes plus tard que les corticostéroïdes sont libérées. Parallèlement, la libération des stéroïdes sexuels est inhibée. Cependant, si les récepteurs spécifiques et les tissus répondent quasi immédiatement aux catécholamines et, suivi de peu, au CRH, il faut attendre quelques minutes pour que les effets physiologiques de l’ACTH, des opiacés, des gonadotropines, puis de la prolactine, du glucagon et de l’hormone de croissance aient lieu, puis une demi-heure à une heure plus tard, voire beaucoup plus, parfois des jours, pour que le cortisol et les hormones sexuelles affectent les tissus et organes cibles.
Les conséquences physiologiques immédiates du stresseur (figure 12.2Renvoi vers) seront donc, dans l’ordre chronologique, une augmentation du tonus cardiovasculaire, l’activation immunitaire, la mobilisation des sources d’énergie, la réduction ou la disparition des potentialités sexuelles et reproductives, l’augmentation du flux sanguin cérébral, la perte d’appétit, et la mise en route des processus de consolidation mnésique (action centrale sur l’hippocampe). Dans les faits, les transmissions CRH enclenchent les mécanismes biologiques et neuronaux de façon variable selon les différences individuelles et les processus d’évaluation. Par la suite, le cortisol module en retour la libération du CRH par une rétroaction négative. Selon l’intensité perçue et évaluée du stresseur, le sujet perçoit immédiatement des modifications physiologiques périphériques comme l’augmentation du rythme cardiaque, puis des analyses et réactions subjectives correspondant à ce que le sujet éprouve de l’évènement avec de l’anxiété et ce qu’il va nommer « stress ». Ce n’est que près d’une demi-heure à une heure plus tard que le cortisol sera mesurable dans la salive. Les réactions psychobiologiques recouvreront plus ou moins vite l’équilibre en raison de mécanismes relevant de l’homéostasie (Johnson et coll., 1992renvoi vers).
Le rôle physiologique du cortisol et de l’axe hypothalamo-hypophysaire est de contribuer à l’équilibre homéostatique. Le rôle physiologique de l’augmentation des gluco-minéralocorticoïdes lors du processus de stress est de protéger contre toutes les réactions de défenses activées par le stress en les contrecarrant et les empêchant d’aller au-delà des mécanismes homéostatiques. En d’autres termes, ils ont un rôle permissif, de préparer et amorcer les mécanismes de défense, suivi par un rôle suppresseur, de limiter ces actions. Néanmoins, si les stresseurs sont trop violents et durent, ces actions ne sont plus opérantes et les pathologies apparaissent. Il faut dissocier les effets aigus et chroniques d’un stresseur.

Stress chroniques d’origine sociale : approches récentes

Marqueurs neuroendocriniens et neurobiologiques du stress chronique

Il a fallu plus de temps pour comprendre les changements résultant de stresseurs chroniques ou intenses, dans les situations où la récupération et le retour aux équilibres ne se font plus, alors que des « traces » perdurent dans l’organisme objectivées par des symptômes biologiques et psychologiques. Il est ici question du passage du « normal » au « pathologique » (figure 12.3Renvoi vers).
Figure 12.3 Liens entre stresseurs chroniques et santé
La trace laissée par l’évènement n’est parfois qu’une vulnérabilité qui se manifestera à l’instar d’une mémoire, biologique et psychologique, et uniquement si un autre évènement, mineur ou grave survient, qui potentialisera la réponse. Ces vulnérabilités potentielles, traces d’évènements antérieurs, ne seront donc révélées que par l’anamnèse (Elzinga et coll., 2008renvoi vers). Le problème est d’autant plus complexe qu’interviennent d’une part des facteurs génétiques révélant les vulnérabilités par l’intermédiaire de situations environnementales données, et d’autre part des évènements de vie parfois très précoces, voire survenus durant la vie intra-utérine (voir le chapitre sur les facteurs de vulnérabilité individuelle au stress).
Les changements pathologiques se révèlent dans les jours, les semaines, voire les années qui suivent les événements stressants par une dérégulation de l’axe du stress, des changements au niveau des régulations géniques, une désensibilisation des récepteurs nucléaires MRS et GRS. Les conséquences résultent du dysfonctionnement de l’axe du stress, avec en principe une augmentation chronique de la sécrétion du cortisol car la rétroaction négative sur les transmissions CRH n’est plus opérationnelle. Il est cependant admis que le niveau de cortisol n’est pas le marqueur essentiel (Miller et coll., 2007renvoi vers). Selon les situations, la réponse hormonale peut être soit augmentée, soit réduite (par exemple dans les désordres post-traumatiques). Seule est pertinente la désensibilisation des récepteurs intracellulaires aux corticostéroïdes, le niveau d’expression des ARN messagers des gènes cibles de ces récepteurs (qui sont également des facteurs de transcription) et la régulation accrue des protéines avec lesquelles ils interagissent. Cette régulation affecte les protéines de la super famille des facteurs de transcription impliqués dans la réponse immunitaire comme le facteur nucléaire kappa B (NFkB) ainsi que les facteurs de transcription envoyant les signaux adrénergiques aux leucocytes (Miller et coll., 2008renvoi vers et 2009arenvoi vers et brenvoi vers). C’est dans cette direction que pourront être proposés des marqueurs de stress chronique.
Lorsque l’action des stresseurs perdure des jours ou des semaines et le plus souvent au cours des semaines qui suivent la fin des stresseurs, apparaissent outre les transformations mentionnées ci-dessus, des modifications morphologiques de certaines structures du cerveau associées à une altération de la plasticité synaptique et en conséquence des troubles des fonctions cognitivo-émotionnelles (Magariños et coll., 1996renvoi vers ; Sousa et coll., 2008renvoi vers) (figure 12.4Renvoi vers). Depuis le milieu des années 1990, les études d’IRM chez l’homme ont montré que l’hippocampe a une taille réduite chez les dépressifs ainsi que chez les patients souffrant du syndrome de Cushing, suggérant l’implication d’un excès de glucocorticoïdes dans ce phénomène. Plus tard, une corrélation négative fut trouvée entre le niveau de glucocorticoïdes, la taille de l’hippocampe et les performances cognitives. Des études chez l’animal ont défini que l’atrophie de l’hippocampe en situation de stress chronique était due à une rétraction des dendrites apicales des neurones de la région CA3 de l’hippocampe. Cette réduction des dendrites apparaît aussi dans les neurones du cortex préfrontal médian et est associée à une altération de l’attention. Quelques mois après l’arrêt des stresseurs, les neurones reviennent à leur conformation d’origine, ce qui montre la plasticité de ces phénomènes. En revanche, le stress chronique entraîne chez l’animal une croissance dendritique dans les neurones de l’amygdale et du cortex orbitofrontal. L’hypertrophie de l’amygdale est persistante même après l’arrêt des stresseurs et est associée à une augmentation de la peur conditionnée et de l’agressivité des animaux. Le cortex préfrontal, l’hippocampe et l’amygdale sont interconnectés et s’influencent mutuellement à travers des activités neurales directes et indirectes. Par exemple, le stress chronique induit une altération de la potentialisation à long terme dans l’hippocampe conduisant à des troubles de la mémoire ; ces altérations sont bloquées par l’inactivation de l’amygdale. Cet ensemble de modifications caractérise l’apparition d’un phénotype vulnérable.
Figure 12.4 Effet du stress chronique sur le cerveau

Concept de maladie sociale chronique

Les recherches de ces dix dernières années ont radicalement transformé nos réflexions. Ces recherches prennent en compte l’histoire du sujet, particulièrement dans ses dimensions sociales. Tout se passe comme si les préoccupations bien argumentées des années 1940-1970 reprenaient intérêt et sens avec les découvertes neurobiologiques et neuroendocrinologiques, cellulaires et moléculaires, des années 1980-2000. De fait, les chercheurs vont relier directement, chez l’homme, par le choix de groupes de sujets présentant des caractéristiques socioéconomiques ou psychopathologiques précises, des situations données avec des marqueurs biologiques, traces inscrites au long terme dans les organismes. Les stresseurs séculaires restent au devant de la scène : guerres, violences d’État meurtrières, catastrophes en tous genres aggravées par les technosciences, famines, épidémies... Cependant, des changements sociétaux et individuels profonds ont modifié les relations du sujet avec son environnement social. L’avènement progressif des sociétés démocratiques, la montée de l’individualisme et de l’autonomie du sujet, la généralisation de l’urbanisation et l’atomisation des existences, la perte de contrôle des individus sur leurs destins devenus instables, entre les mains de super-structures économiques anonymes dites « mondialisées », la disparition des traditions, des organisations communautaires, des normes familiales et canons culturels qui étaient massivement acceptés et partagés..., tous ces facteurs ont donné sens à de plus en plus de stresseurs et sont devenus pourvoyeurs de pathologies nouvelles. Les anglo-saxons et les nord-américains, les premiers, ont identifié ce qui a été appelé les « pathologies comportementales et sociales chroniques » apparues progressivement durant ces quarante dernières années, et aussi appelées les « troubles bio-comportementaux » (Le Moal, 2007renvoi vers).
En 2003, dans son rapport annuel, le Directeur Général de la Santé des États-Unis écrivait : « Cette augmentation des pathologies comportementales et sociales chroniques est devenue insupportable en termes de souffrance pour les individus, les familles, les enfants, les adolescents et les communautés. Elle représente un fardeau problématique qui met en danger le futur de notre système de santé, et au-delà, le futur de notre société ». La nécessité de cerner et de définir ces pathologies sociales chroniques a fait apparaître que des environnements socio-économiquement pauvres, un statut social et une position bas dans l’échelle sociale, les inégalités, l’exclusion, mais aussi les sentiments d’inéquité, de dévaluation du travail (comparaison du rapport des revenus du bas au haut de l’échelle sociale), donc de soi, laissaient des traces biologiques et psychologiques, lesquelles, en retour, prédisaient une plus grande vulnérabilité aux maladies somatiques et aux pathologies comportementales et psychiatriques. Les données abondent qui montrent que plus tôt ces environnements délétères agissent, plus sûrement apparaîtront des traits psychobiologiques particuliers, authentiques manières d’appréhender le monde et d’y répondre, des traits de personnalité comme l’hostilité, la violence ou le désespoir. Des altérations épigénétiques de l’expression génique se produisent dans des régions du cerveau comme le cortex préfrontal, l’amygdale, l’hippocampe, lesquelles régulent les capacités d’autorégulation et de contrôle et les réponses cognitivo-émotionnelles aux stresseurs ultérieurs. Ces environnements délétères incluent la vie pré/postnatale. Les conséquences psychobiologiques, les traces et altérations épigénétiques, constituent des comorbidités expliquant une large part des différences inter-individuelles (voir le chapitre sur les facteurs de vulnérabilité individuelle au stress).
La question du caractère ubiquitaire des stresseurs a été évoquée : à stresseur égal les conséquences pour tous les individus seraient similaires. Les observations et les évaluations cliniques vont à l’encontre d’une telle affirmation. Bien évidemment, plus les stresseurs seront violents, massifs et catastrophiques, ou bien de longue durée, inévitables, incontrôlables, plus nombreux seront les individus qui y succomberont. Ces différences individuelles ressortent, au moins en partie, de l’existence de comorbidités, lesquelles sont de plus en plus largement reconnues dans le champ des addictions, des douleurs chroniques, des désordres affectifs, de l’anxiété chronique, des troubles alimentaires, des fatigues chroniques, du suicide, et en général dans les troubles bio-comportementaux.

Perspectives nouvelles de la recherche : trois exemples  d’approches intégrées psy-socio-biologiques

Atteinte des fonctions corticales, dont les capacités de contrôle et d’autorégulation

Des recherches récentes ont montré le rôle du stress dans la dérégulation des fonctions du cortex préfrontal. Cette région est impliquée dans la prise de décision, dans des situations d’incertitude, d’imprévisibilité et de risque. C’est la région concernée par l’autorégulation, l’évaluation et le contrôle. En situation d’imprévisibilité et de risque, répondre à la situation (ou ne pas répondre) et décider de la réponse possible nécessitent une sélection des choix fondée sur les conséquences. La résolution par l’individu de cette incertitude est enrayée dans les situations de stress. Ces régions corticales et les réseaux neuronaux avec lesquels elles sont connectées ont de hautes densités de récepteurs au CRH et au cortisol et elles reçoivent de nombreuses transmissions noradrénergiques. Dès la perception du stimulus s’enclenche un processus de traitement de l’information intuitif, rapide, parallèle, automatique, sans effort, associatif, et essentiellement émotionnel et ce n’est que dans un second temps (fractions de secondes ou secondes) que survient un traitement fondé sur un raisonnement mais dépendant du précédent, plus lent donc, sériel, contrôlé, nécessitant un effort, gouverné par des règles, flexible, neutre. Ce dernier traitement repose sur des représentations du passé, du présent, du futur et peut être évoqué par le langage (Kahneman, 2003renvoi vers). De plus, des voies nerveuses relient le cortex préfrontal aux noyaux hypothalamiques (noyau paraventriculaire) contrôlant la production de CRH et donc la sécrétion hypophysaire et l’axe du stress (Radley et coll., 2006renvoi vers). Il a été démontré que des stress imposés par l’environnement social (par exemple des examens compétitifs pour l’obtention d’un emploi) perturbent gravement les capacités cognitives et le contrôle cognitif, en particulier la flexibilité mentale dépendant du cortex préfrontal, ceci parallèlement à une réduction des arborisations dendritiques et des communications interneuronales, tant chez l’homme que chez l’animal (Dias-Ferreira et coll., 2009renvoi vers ; Liston et coll., 2009renvoi vers). D’autres régions cérébrales sont affectées, en particulier l’hippocampe, par lequel le stress est responsable de troubles cognitifs et de la mémoire spatiale (Oitzl et coll., 2001renvoi vers ; Wong et coll., 2007renvoi vers). Les atteintes de ces fonctions corticales se manifestent par la perte de l’autorégulation et les conduites impulsives ou violentes.

Statut socioéconomique dans l’enfance et sensibilité aux inflammations

L’un des stresseurs chroniques de l’enfance dont les effets s’inscrivent sur toute une vie est le statut socioéconomique. Les adversités résultant de la pauvreté, des conditions de vie défavorables et le contexte général de maltraitance physique, morale, nutritionnelle qui entourent les petits enfants démunis, physiquement et affectivement, incluant le développement prénatal (renvoi versEssex et coll., 2002 ; Entringer et coll., 2008renvoi vers) « entrent dans le corps » et laissent des traces dues en particulier aux hormones du stress (Pace et coll., 2007renvoi vers ; Miller et coll., 2009brenvoi vers). Il en est de même pour les abus divers exercés sur l’enfant. La signature biologique, retrouvée tout au long de la vie au niveau cellulaire est une activité transcriptionnelle accrue des voies de signalisation qui régulent les signaux adrénergiques, les réponses immunitaires pro-inflammatoires ainsi qu’une hyposensibilité des voies de signalisation mises en jeu par les glucocorticoïdes (Li et coll., 2007renvoi vers). Il existe donc une régulation sociale de l’expression génomique au sein de l’organisme (Cole et coll., 2007renvoi vers). Ces fragilités constitutives se manifesteront par exemple par des maladies broncho-pulmonaires, de l’asthme, ou des atteintes cardiovasculaires, une sensibilité accrue aux virus et agents infectieux (Miller et coll., 2008renvoi vers et 2009arenvoi vers). Inversement, les cytokines pro-inflammatoires sont secondairement des médiateurs des effets antineurogéniques et dépressogènes du stress chronique (Koo et Duman, 2008renvoi vers).

Humiliation, exclusion sociale, isolement, souffrance

Une troisième ligne de recherche concerne un ensemble de situations mettant en jeu des réactivités ou symptômes psychobiologiques pour lesquels un gros travail de précision sémantique reste à faire. Ces symptômes concernent ce qui est subjectivement ressenti en termes de souffrance, douleur subjective, douleur morale. Ces situations concernent l’exclusion, l’humiliation, le rejet social, l’inéquité, la perte des relations interpersonnelles et l’isolement. Elles sont retrouvées chez l’animal (Fraser et coll., 2008renvoi vers) comme chez l’homme, mettant en cause toutes les structures psychobiologiques des êtres sociaux et les constructions harmonieuses permettant la place adéquate de l’individu au sein des groupes (Baumeister et Leary, 1995renvoi vers ; Berscheid, 1999renvoi vers ; Reis et coll., 2000renvoi vers). Il a été montré que les affects, les douleurs subjectives, la souffrance morale, tout comme l’exclusion sociale et le sentiment de rejet « font mal », activent les circuits de la douleur et les régions cingulaires antérieures (Rainville et coll., 1997renvoi vers ; Eisenberger et coll., 2003renvoi vers). L’humiliation, l’exclusion, la perte de statut, la solitude et le rejet, les niveaux élevés de douleur (ou souffrance) subjective quand elles sont prolongées, précipitent le sujet dans un syndrome complexe comprenant un émoussement émotionnel avec anhédonie, déconstruction cognitive de la conscience de soi et de l’analyse temporelle, des tendances dépressives et auto-destructives, un affaiblissement des capacités d’auto-régulation (Twenge et coll., 2002renvoi vers ; Kendler et coll., 2003renvoi vers ; Baumeister et coll., 2005renvoi vers ; Twenge et coll., 2003renvoi vers et 2007renvoi vers). Stresseurs et processus de stress dérégulent le fonctionnement des circuits cortico-limbiques. Comme décrit précédemment, les activités transcriptionnelles des récepteurs aux glucocorticoïdes sont hyposensibilisées et celles des récepteurs de l’immunité et de l’inflammation hypersensibilisées, profil pathologique déjà évoqué pour tout stress chronique.
En conclusion, tout individu fait face quotidiennement à de nombreux stresseurs et par nature des mécanismes sont présents pour maintenir l’équilibre biologique, l’homéostasie. Ces mécanismes cognitifs et émotionnels, dépendant du bon fonctionnement des régions cortico-frontales, permettent les évaluations et les ajustements. Il existe une grande inégalité face aux stresseurs ; outre les déterminants génétiques, de nombreuses causes de vulnérabilité peuvent être décrites. Les facteurs sociaux, dont les inégalités, l’isolement, l’humiliation sont de plus en plus invoqués comme stresseurs chroniques. Leurs conséquences biologiques sont de mieux en mieux connues. Depuis plus de 60 ans, les chercheurs, essentiellement anglo-saxons, ont démontré que certaines sociétés pouvaient être sources de stresseurs délétères pour la santé des citoyens. Ceci revient à définir ce qu’est une société permettant l’épanouissement psychobiologique des citoyens (Wilkinson, 1996renvoi vers ; Adler et coll., 1999renvoi vers ; Marmot et Wilkinson, 2003renvoi vers ; Marmot, 2004renvoi vers ; Wilkinson et Pickett, 2010renvoi vers). Il reste à démontrer que les environnements actuels sont plus pathogènes qu’ils ne l’étaient il y a 50, 100, ou 500 ans, et pourquoi, ou bien si ce sont les individus qui sont plus vulnérables, ou qui ont des capacités d’évaluation différentes, ou qui ne disposent plus des capacités et moyens d’ajustements nécessaires.

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