Un certain nombre d’études indiquent une augmentation de la prévalence des altérations de la fonction de reproduction de l’homme adulte au cours des dernières décennies dans de nombreux pays occidentaux. Les données les mieux documentées concernent le cancer du testicule dont l’augmentation de l’incidence en France et dans de nombreux pays européens est avérée ; son rythme de croissance suggère que des facteurs environnementaux et/ou des changements de mode de vie pourraient être impliqués. Parallèlement, il semble que la production et la qualité des spermatozoïdes aient diminué dans plusieurs pays. Par ailleurs, il existe des données récentes sur la prévalence des malformations génitales masculines hypospadias et cryptorchidies suggérant qu’elles seraient en augmentation. Si la détérioration temporelle de certaines caractéristiques spermatiques dans plusieurs régions des pays industrialisés semble plausible, aucune conclusion forte concernant l’évolution temporelle de la fertilité des couples au cours des dernières décennies dans les pays industrialisés ne peut être apportée. La mise en place d’un système de surveillance standardisé de la fertilité est souhaitable dans ces pays afin d’apporter une réponse claire à cette question.

Au début des années 2000, l’équipe du professeur Skakkebaek à Copenhague a formulé l’hypothèse d’une origine commune aux différentes anomalies lors du développement du testicule durant la gestation. Selon le concept de syndrome de dysgénésie testiculaire, la survenue d’un cancer du testicule, une altération de la production et de la qualité spermatique, la cryptorchidie et l’hypospadias auraient une origine et des causes communes conduisant à des perturbations périnatales de la différenciation des organes génitaux. Ce concept reste cependant controversé. Quoi qu’il en soit, l’augmentation rapide de la fréquence de ces anomalies, au moins dans certains lieux, suggère que des facteurs de style de vie et/ou l’exposition aux composés chimiques de l’environnement ayant une activité de perturbation endocrinienne seraient impliqués dans l’augmentation de la prévalence de ces pathologies.

Chez les filles dans les pays occidentaux, l’observation la plus marquante concerne la tendance séculaire à une puberté plus précoce. Là encore, l’évolution des conditions de vie (style de vie, obésité) est évoquée pour expliquer cette précocité.

En raison de l’impact potentiellement majeur de ces questions en termes de santé publique, il importe d’intensifier l’effort de recherche principalement dans le but de pouvoir documenter les tendances temporelles existantes ou supposées et d’apporter les preuves de l’impact reproductif ou non des expositions chimiques et/ou des facteurs comportementaux. Les altérations de la physiologie de la spermatogenèse décrites dans certaines régions seraient peut-être des indicateurs d’une exposition environnementale pouvant entraîner d’autres pathologies.