II. Activité physique chez les personnes âgées

2015


ANALYSE

8-

Prévalence de l’activité physique

L’étude de la pratique de l’activité physique nécessite la définition précise du type d’activité considéré ainsi que du profil des personnes concernées.
Les études sur l’activité physique distinguent en général :
• l’activité physique liée aux activités professionnelles ;
• l’activité physique exercée lors de tâches domestiques et de la vie courante (déplacements compris) ;
• l’activité physique et sportive qui fait partie des activités de loisir. Le sport apparaît comme une activité physique spécifique qui se pratique selon des règles définies par les fédérations sportives.
Le terme d’exercice, fréquemment retrouvé dans la littérature, désigne des mouvements planifiés, structurés, répétés pour améliorer ou maintenir un ou plusieurs aspects de la condition physique. Les exercices sont en général organisés selon des programmes décrits dans les études interventionnelles.
La mesure de l’activité physique nécessite par ailleurs d’en connaître :
• la forme : endurance, force, assouplissement, équilibre ;
• la durée : période de temps pendant laquelle une activité ou un exercice est pratiqué ;
• la fréquence : nombre de fois où un exercice ou une activité est pratiqué. La fréquence s’exprime généralement en séances, épisodes ou périodes par semaine ;
• l’intensité : efforts accomplis pendant la pratique de l’activité. L’intensité désigne le rythme auquel l’activité est pratiquée ou l’importance de l’effort nécessaire pour pratiquer une activité ou un exercice.

Recommandations de bonnes pratiques

Selon l’OMS (2010renvoi vers), les personnes âgées de 65 ans ou plus devraient pratiquer au cours de la semaine, au moins 150 minutes d’activité d’endurance d’intensité modérée (aquagym, vélo à moins de 16 km/h, jardinage en général) ou au moins 75 minutes d’activité d’endurance d’intensité soutenue (marche rapide, marche avec sac à dos, jogging, nage rapide), ou une combinaison équivalente d’activité d’intensité modérée et soutenue. L’activité d’endurance devrait être pratiquée par périodes d’au moins 10 minutes. Pour pouvoir en retirer des bénéfices supplémentaires sur le plan de la santé, les personnes âgées devraient augmenter la durée de leur activité d’endurance d’intensité modérée de façon à atteindre 300 minutes par semaine ou pratiquer 150 minutes par semaine d’activité d’endurance d’intensité soutenue, ou une combinaison équivalente d’activité d’intensité modérée et soutenue. Les personnes âgées dont la mobilité est réduite devraient pratiquer une activité physique visant à améliorer l’équilibre et à prévenir les chutes au moins trois jours par semaine. Des exercices de renforcement musculaire faisant intervenir les principaux groupes musculaires devraient être pratiqués au moins deux jours par semaine.
Chez les sujets âgés présentant des incapacités (sujet âgé fragile), Van Beveren et Avers recommandent un modèle de programme hebdomadaire basé sur des niveaux de preuve (Van Beveren et Avers, 2012renvoi vers) (tableau 8.Irenvoi vers). Le tableau 8.Irenvoi vers montre un exemple de ce programme pour un sujet âgé fragile dont l’évaluation a montré une vitesse de marche de 0,5 m/s, un score de 40/56 à l’échelle de Berg, un temps de 20 s au test Timed Up and Go (TUG), 5 répétitions au test assis-debout en 30 s et 25 s au Four Square Step Test.

Tableau 8.I Exemple de programme pour personne âgée fragile (d’après Van Beveren et Avers, 2012renvoi vers)

 
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Renforcement musculaire
Quadriceps
Fléchisseurs dorsaux
Cheville Gastrocnemius
Abdominaux
Gluteus maximus
Gluteus medius
Erector spinae
Quadriceps
Fléchisseurs dorsaux
Cheville
Gastrocnemius
Abdominaux
Gluteus maximus
Gluteus medius
Erector spinae
Quadriceps
Fléchisseurs dorsaux
Cheville
Gastrocnemius
Endurance
Marche rapide sur courtes distances
Travail de la distance
Travail de la vitesse
Travail de la distance
Marche rapide sur courtes distances
Équilibre
Équilibre statique
Équilibre dynamique
Marche avec obstacles
Rotation de la tête…
Équilibre statique
Équilibre dynamique
Marche avec obstacles, rotation de la tête…
Équilibre
statique
Équilibre dynamique
Tâches spécifiques
Transferts
S’accroupir
Se pencher
Atteindre un objet…
Transferts
S’accroupir, se pencher, atteindre un objet…
Transferts

Méthodes de mesure

Les méthodes de mesure de l’activité physique, cherchant à mesurer le coût énergétique, sont multiples. Les principales méthodes utilisées sont les questionnaires, l’actimétrie, la calorimétrie indirecte ou encore l’utilisation de marqueurs comme la fréquence cardiaque (Inserm, 2008renvoi vers).
Les données les plus fréquemment retrouvées sont issues de questionnaires d’auto-évaluation comme l’International Physical Activity Questionnaire (Ipaq). Il évalue la fréquence, la durée et le niveau d’intensité de l’activité physique dans les 7 derniers jours. Ce type d’instrument utilisé au niveau international permet d’obtenir des estimations de l’activité physique comparables dans les différents pays. Il existe deux versions du questionnaire. La version courte est adaptée pour une utilisation dans les systèmes de surveillance nationaux et régionaux et la version longue fournit des informations plus détaillées souvent nécessaires dans les travaux de recherche ou à des fins d’évaluation. L’Ipaq permet le calcul du volume d’activité physique en distinguant les activités modérées, vigoureuses et la marche. L’équivalent énergétique est ensuite exprimé en MET-min/semaine1 (Rutten et coll., 2003arenvoi vers et brenvoi vers ; de Souto Barreto et coll., 2011renvoi vers).
Un outil en langue française a été validé (Qappa : Questionnaire d’activité physique pour les personnes âgées). Il utilise le même système de mesure que l’Ipaq mais détaille de manière plus précise l’activité quotidienne (de Souto Barreto et coll., 2011renvoi vers). On peut remarquer que ces méthodes quantitatives utilisées pour établir les chiffres de prévalence ne prennent pas en compte les aspects qualitatifs limitant ainsi les interprétations.

Prévalence de l’activité physique

Situation en Europe

Définir la prévalence de l’activité physique chez les plus de 65 ans reste difficile car la plupart des données sont anciennes ou concernent l’ensemble des pays européens englobant l’ensemble des classes d’âge et avec peu d’analyse spécifique chez les plus âgés.
Si on considère la population générale (15 ans et plus) et les niveaux d’activité physique les plus élevés, les pays les plus actifs, selon des données recueillies par l’Ipaq dans le cadre de l’Eurobaromètre de 2002, sont les Pays-Bas et l’Allemagne avec une prévalence de 40 % et 45 % ; viennent ensuite la Grèce (36 %), le Luxembourg (37 %) puis le Danemark, le Portugal, la Finlande, l’Irlande, la Grande-Bretagne pour lesquels la prévalence est inférieure à 30 %, et enfin un dernier groupe avec l’Autriche, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, la France et la Suède < 30 % (Sjostrom et coll., 2006renvoi vers). Ces résultats sont en accord avec ceux de l’étude Nutrition Santé 2006-2007 (Salanave et coll., 2012renvoi vers) qui montraient qu’en France, dans la population de 18 à 74 ans, 29,5 % des hommes et 23,6 % des femmes ont, d’après la classification Ipaq, un niveau d’activité physique élevé. L’étude portait sur 2 971 personnes en utilisant le questionnaire Ipaq et les réponses étaient recueillies lors d’un entretien direct. Les chiffres du Baromètre santé nutrition 2008 (Vuillemin et coll., 2009renvoi vers) sont très supérieurs à ceux de l’Eurobaromètre de 2002. L’étude avait été réalisée sur 3 489 personnes par entretien téléphonique en utilisant le questionnaire GPAQ (Global Physical Activity Questionnaire). Dans cette étude, 42,5 % des français entre 15 et 75 ans réalisent un niveau d’activité physique élevé. La France se situe donc proche de la moyenne pour les pays de l’Union Européenne. Il faut cependant noter que chez les personnes qui déclarent un niveau d’activité physique élevé, 64,9 % du temps de leur activité physique totale sont liés au travail.
Selon l’Eurobaromètre 2009, 48 % des français âgés de 15 ans et plus déclaraient faire du sport régulièrement ou assez régulièrement (au moins une fois par semaine), un pourcentage plus élevé que la moyenne européenne (40 %) mais très en deçà des pays du Nord (Suède : 72 % ; Danemark : 64 % ; Pays-Bas : 56 %) (Commission européenne, 2010renvoi vers) (tableau 8.IIrenvoi vers). Si l’on élargit le sondage à l’activité physique comme la marche, la bicyclette ou le jardinage, ce sont 75 % des français qui revendiquent une pratique régulière (moyenne européenne : 65,6 %).
En ce qui concerne la durée, chez les plus de 65 ans, l’Eurobaromètre 2003 montre que 7,8 % des personnes interrogées dans les pays de l’Union européenne déclaraient consacrer 90 à 120 mn dans les 7 derniers jours à une activité physique modérée. Globalement, les hommes sont plus actifs que les femmes quel que soit l’âge (European Opinion Research Group, 2003renvoi vers).

Tableau 8.II Fréquence de pratique d’un sport dans les pays européens, en % de la population (sondage), chez les plus de 15 ans (d’après Eurobaromètre 2009, Sport et activités physiques)

Pays
Régulièrement
Assez régulièrement
Rarement
Jamais
Union européenne (moyenne)
9
31
21
39
Suède
22
50
22
6
Danemark
15
49
18
18
Royaume-Uni
14
32
22
32
France
13
35
18
34
Allemagne
9
40
20
31
Pays-Bas
5
51
16
28
Grèce
3
15
15
67

Situation en France

En France, les chiffres fournis par le Bulletin de statistiques et d’études Jeunesse, Sports et Vie Associative englobent la pratique physique et sportive des personnes âgées de 15 à 75 ans, même occasionnelle (Lefèvre et Thierry, 2010renvoi vers). Cette enquête compare des données 2010 avec celles de l’enquête réalisée en 2000. Cette comparaison (même population des 15 à 75 ans, à structure socioéconomique identique et à questionnement similaire) montre une légère progression du taux de pratique passant de 83 % à 88 % (personnes qui déclarent pratiquer une activité physique ou sportive ne serait-ce qu’occasionnellement). L’affiliation à une association sportive ou à une structure privée a légèrement augmenté en 10 ans et s’établit à 27 % de la population des 15 à 75 ans. La part des personnes de 15 à 75 ans qui ne pratiquent que la marche de détente et de loisir reste constante entre 2000 et 2010, de l’ordre de 11 %. Il est observé que les non-pratiquants sont plus âgés en moyenne que les pratiquants (43 % d’entre eux ont 65 ans et plus), avec des revenus plus modestes, et sont majoritairement des femmes.
Le Bulletin de statistiques et d’études Jeunesse, Sports et Vie Associative publié en novembre 2011 insiste sur le fait qu’en population générale, le sexe, l’âge, le niveau de revenu et le diplôme influent sur l’investissement dans la pratique d’une activité physique (Lefèvre et Thierry, 2011renvoi vers). Globalement, on pratique d’autant plus que l’on est un homme, jeune, avec un niveau de revenu et de diplôme élevés. Une analyse par pratique confirme l’impact des caractéristiques socioéconomiques sur les disciplines choisies. Ainsi, l’examen des six activités retenues dans cette étude fait apparaître que l’on ne pratique pas indifféremment telle ou telle activité physique. Le football est très majoritairement un sport masculin avec 91 % de pratiquants hommes. On rencontre plus souvent parmi eux des ouvriers, employés et professions intermédiaires ainsi que des autres inactifs (étudiants ou élèves entre autres). À l’opposé, les pratiquants de la gymnastique d’entretien sont le plus souvent des femmes (avec 82 % de pratiquantes), plutôt âgées (65 % des pratiquants ont 50 ans et plus) et même souvent retraitées (46 % de ces personnes). La randonnée pédestre concerne un public plus âgé, plutôt féminin et avec des niveaux de revenus et de diplômes plutôt élevés. C’est parmi les pratiquants de la randonnée pédestre que la part de cadres et professions intellectuelles supérieures est la plus élevée ainsi que pour la natation de loisir. La randonnée est aussi très pratiquée par les retraités qui représentent près de 30 % des pratiquants de cette discipline. Le vélo de loisir est majoritairement pratiqué par des personnes de moins de 50 ans. Il concerne dans un peu plus de 50 % des cas des non bacheliers et touche plus souvent des catégories socioprofessionnelles « moyennes » (ouvriers, employés, professions intermédiaires) sans pour autant être absent chez les cadres (tableau 8.IIIrenvoi vers).

Tableau 8.III Profil (sexe et âge) des pratiquants des principales activités (en % des pratiquants) (d’après Lefèvre et Thierry, 2011renvoi vers)*

 
Natation loisir (%)
Vélo loisir (%)
Football (%)
Randonnée pédestre (%)
Jogging et footing (%)
Gymnastique de forme et d’entretien (%)
Sexe
      
Femme
55
49
9
55
43
82
Homme
45
51
91
45
57
18
Âge
      
15 à 29 ans
29
23
63
13
44
8
30 à 49 ans
41
40
31
37
43
27
50 ans et plus
30
37
6
50
13
65

* Source : Enquête pratique et physique 2010, CNDS / Direction des sports, Insep, MEOS. Champ : Personnes résidant en France (métropole et départements d’Outre-Mer) et âgées de 15 ans ou plus. Guide de lecture : 9 % des footballeurs sont des femmes, 50 % des randonneurs pédestres ont plus de 50 ans

L’âge joue un rôle décisif dans la pratique de l’activité physique. D’après Crosnier (2005renvoi vers), 53 % des plus de 50 ans pratiquent des activités physiques et sportives. Des écarts importants apparaissent entre hommes et femmes à partir de l’âge de la retraite avec une réduction de la pratique féminine : une rupture apparaît à 60 ans avec une réduction jusqu’à 75 ans pour atteindre 25 % (tableau 8.IVrenvoi vers).

Tableau 8.IV Taux de pratique sportive des seniors selon l’âge et le sexe (d’après Crosnier, 2005renvoi vers)*

Âge
Hommes (%)
Femmes (%)
Ensemble (%)
50-54 ans
74
63
69
55-59 ans
76
66
71
60-64 ans
76
51
62
65-69 ans
69
43
56
70-74 ans
49
36
46
75 ans et plus
40
16
24
Ensemble
65
43
53

* Source : Insee, Enquête « Participation culturelle et sportive » 2003

Concernant l’évolution de la pratique de l’exercice physique au cours de la vie, les données sont incomplètes et parfois contradictoires en raison de problèmes d’indicateurs (activité au travail, loisirs) et des effets liés aux classes sociales. Il apparaît néanmoins qu’il existe une baisse de l’activité physique avec l’âge. D’après le Baromètre santé nutrition 2008, la part du temps consacré à l’activité physique de loisir (par rapport au temps global de l’activité physique totale) diminue avec l’âge, passant de 30,5 % chez les moins de 26 ans à 13,7 % chez les 65-75 ans qui, en revanche, affichent la proportion de déplacements la plus élevée (42,4 %) (Vuillemin et coll., 2009renvoi vers).
La proportion de sujets ayant un niveau d’activité physique favorable à la santé (ou élevé) varie aussi en fonction de l’âge chez les hommes mais pas chez les femmes. La proportion d’hommes qui déclarent un niveau d’activité physique favorable à la santé diminue jusqu’à la classe d’âge 45-54 ans, puis se stabilise.
À titre de comparaison, dans une étude prospective réalisée en 1991 et 2004 aux Pays-Bas auprès de 971 répondants à un questionnaire postal et âgés en 1991 de 40-65 ans, Slingerland et coll. (2007renvoi vers) montrent une diminution de l’activité physique (englobant l’activité physique de déplacement, sportive et de loisir) au moment de la retraite, mais qui n’est pas compensée par une activité physique de loisir.
Burlot et Lefevre (2009renvoi vers) étudient les caractéristiques sociodémographiques des personnes de plus de 50 ans engagées dans des activités physiques et sportives. Le niveau de vie des Français comme leur niveau scolaire jouent fortement sur leur engagement sportif, surtout pour les personnes plus âgées : 56 % des 70-75 ans à faibles revenus ne déclarent aucune pratique contre seulement 28 % des seniors les plus aisés (tableau 8.Vrenvoi vers). L’écart entre les deux catégories s’accentue avec l’âge. Chez les plus favorisés, la non-pratique d’activité progresse lentement mais sans interruption jusqu’à 59 ans, alors que pour les moins aisés, même si on perçoit quelques écarts, elle connaît une certaine forme de stabilité jusqu’à 49 ans, et un véritable point de rupture à 50 ans : 44 % des français âgés de 70-75 ans déclarant spontanément une activité physique ou sportive ont un niveau de revenu élevé.
Des chiffres assez similaires avaient été retrouvés dans l’étude d’Afonso et coll. (2001renvoi vers) intégrée au projet européen Pan-EU Survey on Consumer Attitudes to Physical Activity, Body Weight and Health : parmi 1 914 personnes de plus de 65 ans interrogées en Europe, l’activité physique comme déterminant de santé arrive en 5e position (18 % des personnes interrogées) après le tabac (41 %), l’alimentation (38 %), le stress (33 %), l’alcool (20 %). Parmi les personnes interrogées, 41 % déclarent n’avoir pas d’activité physique mais 50 % disent pratiquer des activités physiques variées plus de 3,5 heures par semaine (marche, vélo, natation, jardinage) et 61 % pensent qu’elles n’ont pas besoin d’en pratiquer plus.

Tableau 8.V Revenus et pratique physique et sportive des hommes et des femmes âgés de 50 ans ou plus (d’après Burlot et Lefevre, 2009renvoi vers)

Niveau de revenus
Âge
(années)
Déclaration spontanée (%)
Déclaration après relance (%)
Non pratique d’activité (%)
« Moins aisés »
Faible niveau de vie
45-49
56
28
16
50-54
37
70
30
55-59
43
75
25
60-64
30
64
36
65-69
39
69
31
70-75
18
44
56
45-49
69
20
11
« Plus aisés »
Niveau de vie élevé
50-54
65
85
15
55-59
57
82
18
60-64
60
83
17
65-69
64
85
15
70-75
44
71
28
Au plan qualitatif, l’étude Suvimax (Supplémentation en vitamines et minéraux anti-oxydants) réalisée en France chez les hommes et les femmes de plus 45 ans montre effectivement que les activités préférées des seniors sont le vélo, la marche, la natation ; les activités de loisir les plus pratiquées sont la marche et le jardinage. Chez les femmes, la gymnastique occupe une place relativement importante (tableau 8.VIrenvoi vers) (Charreire et coll., 2010renvoi vers).

Tableau 8.VI Activités de loisir de la population française âgée de 45 ans ou plus (d’après Charreire et coll., 2010renvoi vers)

Activité physique
Hommes (N=2 206)
Activité physique
Femmes (N=2 476)
Nombre
%
Nombre
%
Marche
1 218
55,2
Marche
1 556
62,8
Jardinage
1 217
55,2
Jardinage
1 150
46,4
Vélo
569
25,8
Gymnastique
772
31,2
Natation
507
23,0
Natation
670
27,1
Jogging
371
16,8
Vélo
477
19,3
Randonnées
316
14,3
Course à pied
379
15,3
Cyclisme
249
11,3
Randonnées
342
13,8
Gymnastique
228
10,3
Jogging
199
12,1
Course à pied
225
10,2
Danse
155
6,3
Ski
203
9,2
Ski
155
6,3
Tennis
130
5,9
Cardio training
120
4,9
Pêche
116
5,2
Relaxation/Yoga
113
4,6
Danse
91
5,1
   
Aux États-Unis, la pratique du jardinage a fait d’ailleurs l’objet d’une étude sur 3 237 sujets de plus de 65 ans (Chen et Janke, 2012renvoi vers). Dans cette population, ceux qui pratiquaient le jardinage 1 heure ou plus dans la dernière semaine montraient de meilleures performances d’équilibre, une vitesse de marche plus élevée et un meilleur état de santé. Les auteurs suggèrent de conseiller la pratique du jardinage dans les programmes de prévention des chutes (tableau 8.VIIrenvoi vers).

Tableau 8.VII Comparaison entre pratiquants et non-pratiquants du jardinage (d’après Chen et Janke, 2012renvoi vers)

 
Jardiniers (N=1 585)
Non-jardiniers (N=1 652)
%
M
SD
%
M
SD
Âge
 
73,19
6,20
 
75,17
7,75
Hommes
57,4
  
36,7
  
Moyenne maladies chroniques
 
2,05
1,25
 
2,33
1,29
Limitations fonctionnelles
 
1,96
1,97
 
2,61
2,19
Équilibre (complet)
      
Semi tandem
43,0
  
34,8
  
Side by side
2,6
  
4,4
  
Full tandem
30,9
  
20,5
  
Vitesse de marche (secondes)
      
Essai 1 (aller)
 
3,54
1,63
 
4,27
2,58
Essai 2 (retour)
 
3,27
1,44
 
4,05
2,38
Chutes dans les 2 années passées
27,3
  
34,9
  

Semi tandem : Se tenir debout avec le gros orteil d’un pied touchant le côté du talon de l’autre pied ; Full tandem : Se tenir debout avec le gros orteil d’un pied touchant l’arrière du talon de l’autre pied ; Side by side : Se tenir debout pieds joints ; Jardiniers : Pratiquants qui rapportent 1 h ou plus de jardinage la semaine passée ; Non-jardiniers : Participants qui n’ont pas jardiné la semaine passée ou qui ont jardiné moins d’1 heure

Différents profils de populations

Les résultats des différentes études doivent également être modulés en fonction du profil des personnes au sein du groupe hétérogène des âgés. Selon Toussaint (2008renvoi vers), on peut distinguer :
• les « seniors valides » parmi lesquels on distingue trois catégories : les valides pratiquant une activité sportive (en excellente condition physique) dont la pratique est proche de celle des adultes jeunes ; les valides pratiquant une activité physique ou sportive de loisir non encadrée (en bonne condition physique) ; les valides sédentaires ;
• les sujets fragiles nécessitant une activité physique encadrée par un professionnel de l’activité physique et les autres professionnels de la santé ;
• les sujets dépendants nécessitant également une activité physique encadrée.
Les personnes fragiles ou dépendantes peuvent vivre au domicile ou en institution.
Des précautions relatives à l’exercice sont nécessaires en particulier en ce qui concerne les effets de la fatigue. Ainsi, Stemplewski et coll. (2012renvoi vers) ont évalué les caractéristiques du contrôle postural chez des hommes âgés présentant une fatigue induite par un exercice modéré. L’étude a porté sur 17 sujets (68,4±2,9 ans). La vitesse moyenne du centre de pression2 a été mesurée en utilisant une plateforme de force avant et après un exercice sur bicyclette ergométrique. Les résultats indiquent que les hommes âgés possédant un indice de masse corporelle élevé montrent une augmentation de la vitesse des oscillations posturales sous l’effet de la fatigue ce qui laisse supposer un risque temporaire accru de chute. Cette étude montre que la fatigue peut dans certains cas avoir un impact particulièrement négatif sur la stabilité posturale.
D’une manière générale, la surveillance de la fatigue et de la tolérance à l’effort doivent accompagner la pratique de l’activité physique chez le sujet âgé.
En conclusion, la France se situe grossièrement dans la moyenne européenne en ce qui concerne le niveau de pratique d’activité physique chez les plus de 50 ans avec une personne âgée de plus de 55 ans sur deux pratiquant. Cette évaluation doit bien sûr être considérée avec prudence selon la définition donnée à l’activité physique et les classes d’âge au-delà de 50 ans.
L’âge joue un rôle décisif dans la pratique avec une rupture à l’âge de 60-65 ans pour les femmes et plus tardive pour les hommes (70-75 ans).
D’autres facteurs influencent le degré et la nature des pratiques que sont le niveau de revenus, le degré de diplôme, le genre.
Des études complémentaires sont nécessaires pour mieux appréhender les modifications de pratique au moment de la retraite et les possibilités de poursuivre des activités à un âge avancé. Ces travaux devront associer une approche quantitative et qualitative et identifier les populations analysées de manière précise.

Bibliographie

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