Brèves

Psychologique, physiologique, environnementale ou génétique ? L’origine des troubles bipolaires reste encore mystérieuse, ce qui rend leur approche si difficile. Un marqueur essentiel a cependant récemment été mis en évidence : une altération des fonctions circadiennes, autrement dit des rythmes veille-sommeil, se manifeste au cours des phases de manie et de dépression par des changements d’humeur, d’appétit, de sommeil ou d’énergie. Plus surprenant, ces anomalies apparaissent également lorsque le malade est serein. Des chercheurs, emmenés par Franck BellivierFranck Bellivier
Unité 955 Inserm/Paris 12 Créteil, Institut Mondor de recherche biomédicale (IMRB)
, du Pôle de génomique médicale à Créteil, viennent de montrer que cette rythmicité troublée pourrait être liée à des variations au niveau des gènes circadiens, ce qui influencerait l’expression des troubles, mais aussi la réponse aux traitements prodigués.

A. B.

Des chercheurs de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulairel’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire
Unité 964/Université de Strasbourg, Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC)
viennent d’éclairer les mécanismes à l’origine de la diversification des anticorps, pilier de l’efficacité du système immunitaire. Dans le Journal of Experimental Medicine du 11 juillet, ils expliquent que l’enzyme AID (cytidine désaminase induite par activation) s’associe avec d’autres protéines pour agir sans risques sur les gènes des immunoglobulines et contribuer à leur adaptation. Ce mécanisme pourrait être imité artificiellement pour développer des vaccins plus efficaces et de nouvelles thérapies anti-cancéreuses.

A. B.

Comment un gène code-t-il pour plusieurs protéines ? Pour répondre, Cameron Mackereth (Institut européen de chimie et biologie) et des collègues allemands et espagnols se sont intéressés au fonctionnement de la protéine U2AF65. Ce facteur d’épissage permet de couper certains segments de l’ARN avant qu’il ne soit transcrit : selon les excisions effectuées, un gène peut ainsi coder pour plusieurs protéines. Les chercheurs, dont les résultats sont publiés dans Nature, ont montré que les variations d’épissage étaient liées à une oscillation de la conformation de U2AF65 : fermée, elle est inactive, alors qu’elle passe en forme ouverte quand elle est en contact avec les segments à exciser. Des mutations affectant cette protéine sont susceptibles de modifier la synthèse protéique.

A. B.

Les biocides sont des substances chimiques destinées à détruire des organismes jugés nuisibles par l’homme, en particulier des micro-organismes pathogènes et les insectes ravageurs des cultures. Pesticides et antibiotiques en sont les représentants les plus connus. Mais leurs effets potentiels sur la reproduction sont une préoccupation pour les pouvoirs publics. L’expertise collective de l’Inserm, Reproduction et environnement, fait le point sur leur action de perturbateurs endocriniens.

J. C.

Des chercheurs lilloischercheurs lillois
Unité 703 Inserm/Lille 2, Thérapies interventionnelles assistées par l’image et la simulation (Thiais)
ont mis au point un outil de simulation numérique en 3D pour estimer les risques de la thermothérapie interstitielle laser. Encore en développement, cette méthode, peu invasive, utilise un laser de faible puissance afin d’induire la coagulation de la zone nécrosée, dont le volume peut être contrôlé, ce qui réduit les risques de dommage sur les structures saines environnantes. Les résultats des simulations, visant à mesurer l’augmentation de température générée par le laser et le volume de dommages thermiques produits, sont conformes à ceux obtenus lors des tests précliniques réalisés sur des rats. Ce qui laisse augurer de possibles simulations sur le modèle humain.

A. B.

Les diodes électro-luminescentes sont en passe de devenir la principale source d’éclairage domestique. Des chercheurs de l’Insermchercheurs de l’Inserm
Unité 872 Inserm/Paris 6 , Physiopathologie des maladies oculaires, Centre de recherche des Cordeliers
ont été missionnés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) pour estimer les risques que leur utilisation comporte pour la rétine. Conclusions : les données manquent sur leur toxicité et des évaluations doivent être rapidement menées, notamment afin d’étudier les conséquences d’une exposition à vie à cette nouvelle lumière sur les photorécepteurs rétiniens.

A. B.

Créer un modèle du cerveau humain et de son activité en 2023, c’est l’objectif que se sont fixé les chercheurs européens du Human Brain Project (HBP), sous la direction du neurobiologiste Henry MarkramHenry Markram
Directeur de HBP à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL)
. À partir de cette simulation informatique, les spécialistes espèrent mieux comprendre le cerveau humain et en tirer de nouvelles pistes thérapeutiques, contre le vieillissement par exemple. Cela permettrait également l’élaboration de nouvelles méthodes d’apprentissage. Dirigé par l’École polytechnique fédérale de Lausanne, le projet rassemble déjà treize universités ou institutions de recherche, dont l’unité de neuroimagerie cognitive CEA-Inserm de NeuroSpin à Gif-sur-Yvetteneuroimagerie cognitive CEA-Inserm de NeuroSpin à Gif-sur-Yvette
Unité 992 Inserm-CEA/Paris 11, Neuroimagerie cognitive
. Le HBP a été présélectionné parmi cinq autres projets par l’Union européenne. S’il est retenu, il bénéficiera d’un budget de 100 millions d’euros annuels pendant dix ans. Alors que les États-Unis se lancent dans un projet similaire, la conquête du cerveau humain se révèle dé sormais le nouveau défi à relever.

M.L.L.

C’est le temps travaillé en moins par les personnes diabétiques au cours de leur vie professionnelle. Retraite anticipée plus fréquente et mise en invalidité accrue seraient responsables de cette diminution du temps de carrière. Des résultats tirés de l’étude menée par une équipe Inserméquipe Inserm
Unité 1018 Inserm/Paris 11, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations
sur la cohorte de salariés d’EDF-GDF, Gazel, entre 1989 et 2007.

J. C.

Pour comprendre les bases neurales des interactions entre l’anxiété et le contrôle cognitif, des chercheurs de l’université Pierre-et-Marie-Curiel’université Pierre-et-Marie-Curie
Unité 975 Inserm/Paris 6, Centre de recherches en neurosciences de la Pitié-Salpétrière
ont comparé sous IRM fonctionnelle les réponses cérébrales de participants en bonne santé et de patients présentant des troubles de l’anxiété. Le but ? Déterminer l’impact du stress sur le réseau cérébral impliqué dans le contrôle cognitif. Les scientifiques ont ainsi remarqué que, face à une tâche stressante, le premier groupe, sain, se caractérisait par une activation accrue dans une région impliquée dans le contrôle cognitif (le cortex gauche préfrontal dorsolatéral), ainsi que par une diminution de l’activation dans une zone liée à l’anxiété (le cortex droit préfrontal ventrolatéral). Chez les patients anxieux, cette modulation différenciée entre cortex n’apparaît pas, ce qui expliquerait les difficultés éprouvées par ces personnes à s’adapter à des tâches cognitives.

A. B.

Ces tumeurs restent souvent indétectables par l’imagerie médicale, mais des recherches menées sur les petits animaux pourraient changer la donne. Des appareils miniatures, fondés sur la stimulation par une source infrarouge de colorants fluorescents préalablement injectés, ont été mis au point pour étudier rats et souris. Adaptés à l’homme, ils pourraient révéler des mini-structures dans les tissus, comme la formation de petits vaisseaux sanguins (angiogenèse) autour de tumeurs de moins d’un millimètre, espèrent Alain Le PapeAlain Le Pape
Unité 618 Inserm/Université de Tours-François-Rabelais, Protéases et vectorisation pulmonaires
, chercheur, et ses collègues tourangeaux. Dans le cas du cancer du sein, par exemple, les mammographies peinent à différencier ce marqueur d’un simple kyste ou d’une calcification.

A. B.

Les Français font globalement confiance à la science et à la communauté qui l’entoure tandis que le discours des hommes politiques sur les thèmes scientifiques provoquent plus de méfiance. C’est le résultat du sondage Ipsos réalisé du 17 au 23 mai 2011 pour La Recherche et Le Monde. En effet, les Français accordent volontiers leur confiance aux scientifiques mais restent néanmoins pragmatiques et réservés selon les domaines. L’opinion se forge ainsi par rapport au ressenti personnel. Précisément, par leur irruption directe dans la vie quotidienne, les innovations technologiques sont très bien acceptées. Quant aux actua- lités scientifiques, les Français s’y intéressent d’autant plus qu’ils estiment que la science peut résoudre des problèmes majeurs : 91 % du panel pensent ainsi qu’on pourra un jour guérir du cancer. D’ailleurs, la population estime avoir une meilleure connaissance de la science qu’il y a 10 ans, ce qui lui permet de mieux appréhender les risques. Pourtant, elle pense ne pas être suffisamment informée sur le nucléaire, les OGM ou le réchauffement climatique, et met en doute la crédibilité des résultats. Pour nos compatriotes, la science est donc utile. Reste à leur démontrer qu’en plus elle est fiable.

M.L. L.

C’est la baisse du risque d’infection par le VIH chez les hommes circoncis. Coordonnée par Bertran AuvertBertran Auvert
Unité 1018 Inserm/Paris 11, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations
, cette étude de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), menée dans un bidonville de la banlieue de Johannesburg (Afrique du Sud), a permis de confirmer dans le monde « réel » des résultats obtenus lors d’essais cliniques antérieurs. Toutefois, si la circoncision semble maintenant une méthode de prévention reconnue, elle ne doit pas faire oublier l’usage du préservatif dont l’efficacité est depuis longtemps prouvée.

J. C.

Les mitochondries jouent un rôle essentiel dans la production d’énergie des cellules et dans le déclenchement de l’apoptose, la mort cellulaire programmée. Des chercheurs du laboratoire de Biologie intégrative des adaptations à l’exercice, à Évrylaboratoire de Biologie intégrative des adaptations à l’exercice, à Évry
Unité 902 Inserm/Évry
, et de l’équipe Biopuces et génomique fonctionnelle du CEA, à Grenoble, se sont intéressés au fonctionnement de ces organites cellulaires qui communiquent avec le noyau pour synchroniser ces deux importantes fonctions. Ils ont découvert qu’elles pouvaient être soumises à une régulation de leur génome par des microARNs, ces petits ARN non codants capables de dégrader les ARN messagers ou de supprimer leur traduction en protéines. Les scientifiques, dont les résultats ont été publiés dans PloS One en mai 2011, ont identifié ces microARNs dans des cellules musculo-squelettiques humaines. Reste à déterminer s’ils ont été importés depuis le cytosol, phase liquide où baignent les organites, ou s’ils sont en partie synthétisés dans la mitochondrie.

A. B.

Contacts mitochondries, réticulum endoplasmique. Réseaux interconnectés du réticulum endoplasmique…
© Patrizia Paterlini-Bréchot /Inserm
La boîte à outils de la biologie synthétique s’enrichit ! Les chercheurs de l’équipe « Génétique moléculaire évolutive et médicaleGénétique moléculaire évolutive et médicale
Unité 1001 Inserm/Paris 5
 », en adaptant les principes des nanotechnologies à l’expérimentation in vivo, ont pu mettre au point une technique qui permet de contrôler l’emplacement des enzymes au sein des bactéries. Une innovation d’importance car les voies métaboliques sont naturellement organisées spatialement au sein de micro-compartiments cellulaires. Comment y sont-ils parvenus ? En faisant produire par des bactéries des ARN non codants dont la séquence des nucléotides a été conçue pour qu’ils s’auto-assemblent et forment ainsi de larges structures au sein des cellules. Elles servent alors de support pour organiser dans l’espace des enzymes responsables d’une voie de synthèse d’hydrogène. Selon leur géométrie, les chercheurs ont pu observer des variations du rendement de cette voie métabolique. Le système est totalement modulaire et peut être appliqué à d’autres enzymes grâce à des protéines au rôle d’« adaptateurs » qui relient les enzymes aux échafaudages d’ARN.

J. C.