Brèves

Le prix Nobel de médecine et de physiologie est décerné cette année au Français Jules Hoffmann, ainsi qu’à l’Américain Bruce Beutler et au Canadien Ralph Steinman dont les travaux « ont révolutionné notre compréhension du système immunitaire en découvrant les principes clés de son activation », selon le comité norvégien.
Jules Hoffmann, né au Luxembourg en 1941, goûte très tôt aux passions de son père, collectionneur amateur d’insectes et enseignant en sciences naturelles. Étudiant à l’université de Strasbourg, il réalise une thèse de biologie expérimentale sur « les mécanismes de défenses antimicrobiennes ». À 23 ans, il intègre le CNRS et crée le laboratoire de « Réponse immunitaire et développement chez les insectes », qu’il dirigera de 1994 à 2006.
Avec ses collègues, il identifie une centaine de peptides antimicrobiens inductiblesPeptides antimicrobiens inductibles
Molécules de l’immunité innée qui sont synthétisées en réponse à une agression microbienne.
chez les insectes blessés et analyse chez la drosophile, dont il a fait un modèle d’étude, le contrôle de l’expression de ces gènes au cours de la réponse immunitaire. En 1996, il découvre un récepteur appelé « Toll » dont le rôle est majeur dans la réaction immunitaire innée de la drosophile. Ses résultats sont repris par d’autres équipes, qui repèrent des analogues chez l’homme (les récepteurs Toll-like ou TLR), dévoilant ainsi tout un pan de la réaction immunitaire innée de l’homme. Les travaux de son laboratoire sont actuellement étendus aux réactions antivirales de la drosophile et aux défenses antiparasitaires de l’anophèle, vecteur du paludisme.
Selon le comité Nobel, les travaux de Jules Hoffman, aujourd’hui directeur émérite au CNRS et professeur à l’université de Stras bourg, « ont ouvert de nouvelles voies pour le développement de la prévention et de thérapies contre les infections, cancers et maladies inflammatoires ». Cette ultime distinction vient ainsi récompenser une carrière déjà couronnée de succès scientifiques et divers prix, notamment la Médaille d’or 2011 du CNRS.

Delphine Barrais

L’InsermL’Inserm
Unité 708 Inserm/Paris 6, Neuroépidémiologie
, l’université de Bordeaux et Sanofi-aventis se sont intéressés au lien possible entre une auto-évaluation de santé et le risque de démence. Résultat : le risque de développer une démence est plus élevé chez les personnes qui se disent en mauvaise santé que chez celles qui se voient en bonne santé. Une auto-évaluation de santé négative serait donc un bon indicateur du développement de démence en l’absence de tout symptôme évocateur et de handicap fonctionnel. Cette analyse pourrait, via un simple questionnaire, donner naissance à un outil de détection des risques, en particulier chez les patients se plaignant de difficultés cognitives.

D. B.

L’équipe de Michel OvizeMichel Ovize
Unité 1060 Inserm/Lyon1-Claude-Bernard, Laboratoire de recherche cardiovasculaire, métabolisme, diabétologie et nutrition
avait déjà montré les bénéfices du post-conditionnement myocardique qui consiste à réaliser des épisodes ischémiques brefs (diminution de l’apport sanguin artériel) au cours de la reperfusion après un infarctus du myocarde, pour en réduire la taille. Des chercheurs de l’Institut de génomique fonctionnelle de Montpellier (IGF)IGF
Unité 661 Inserm/Montpellier 1, équipe Cardioprotection
ont réalisé sur des souris un post-conditionnement à différents instants de la reperfusion. Conclusion : un délai d’intervention d’une demi-heure ne supprime pas ses effets cardioprotecteurs. Une information essentielle pour l’application clinique.

D. B.

Une nouvelle étude conforte l’usage du cannabis chez les adolescents français comme prédictif d’une initiation ultérieure à d’autres drogues illicites. Plus la consommation est élevée, plus le risque est fort. Pour les auteursAurélie Mayet
Unité 669 Inserm/ Paris 5, Troubles du comportement alimentaire de l’adolescent
, ces résultats mettent en évidence la nécessité de mesures de prévention encore plus précoces.

J. C.

C’est une première en France ! Des patients souffrant de troubles bipolaires ont été directement interrogés. Conclusion : 56 % d’entre eux se sentent effectivement bipolaires. Une maladie qu’ils ont du mal à accepter : elle entraîne des difficultés dans la réalisation des tâches quotidiennes même en phase dite « normale » (44 %) et suscite rejet ou discrimination (pour les trois quarts d’entre eux). Leurs attentes ? Plus de dialogue avec les professionnels de santé, un traitement plus personnalisé et mieux expliqué, ainsi qu’un meilleur accompagnement des aidants et des proches .

D. B.

Le risque de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), une maladie rétinienne qui représente la principale cause de cécité dans les pays industrialisés, est diminué chez les personnes ayant une consommation élevée d’acide gras oméga 3 à longue chaîne. Telles sont les conclusions de l’étude de Cécile DelcourtCécile Delcourt
Unité 897 Inserm/Bordeaux 2-Victor-Segalen, Centre de recherche Inserm épidémiologie et biostatistique
, chargée de recherche Inserm à Bordeaux, et de son équipe. Ces résultats confirment des travaux déjà menés sur le sujet et suggèrent, par ailleurs, un possible recul du développement de la forme sèche de DMLA. Les résultats obtenus ne sont cependant pas encore assez significatifs pour pouvoir l’affirmer.

D. B.

Dégénérescence neuronale qui conduit à la mort des patients, la maladie de Huntington touche en France 6 000 personnes. Elle est due à une mutation de la huntingtine, une protéine mal connue mais qui dévoile aujourd’hui un pan de ses fonctions au laboratoire Signalisation, neurobiologie et cancerlaboratoire Signalisation, neurobiologie et cancer
Unité 1005 Inserm/Paris 11
. Une nouvelle étude vient en effet de démontrer son rôle dans la formation des cils, structures impliquées dans la signalisation interne des cellules en réponse à des modifications du milieu extérieur. Ainsi, la protéine mutée conduirait à la production de cils anormalement longs et aux mouvements désordonnés. Une piste pour de nouvelles stratégies thérapeutiques.

D. B.

C’est le pourcentage de femmes en surpoids avant leur grossesse d’après les résultats de l’enquête nationale périnatale de 2010. Un chiffre à comparer aux 15,4 % en 2003. Une augmentation qui suit en réalité celle de la population générale. Respon sable Inserm de l’étude, Béatrice BlondelBéatrice Blondel
Unité 953 Inserm/Paris 6, Recherche épidémiologique en santé périnatale et santé des femmes et des enfants
souligne les effets néfastes de cette surcharge pondérale pour l’enfant en évoquant des anomalies de croissance in utero et des troubles sur le long terme, comme un risque de surpoids.

M. L.

Il y a dix ans, l’explosion de l’usine AZF résonnait dans Toulouse tel un séisme de 3,4 degrés sur l’échelle de Richter. Afin d’en analyser les conséquences sanitaires à moyen terme, 3 000 volontaires ont été suivis entre 2003 et 2007. Cette étude coordonnée par l’Institut de veille sanitaire, en collaboration avec l’Insermcollaboration avec l’Inserm
Unité 1018 Inserm/Paris 11, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (ex-unité 687, équipe Risques post-professionnels-Cohortes)
et la CPAM Haute-Garonne, a mis en évidence les impacts durables sur la santé mentale et l’audition. Cinq ans après la catastrophe, 31 % des hommes et 24 % des femmes se plaignaient d’acouphènes ou d’une hypersensibilité de l’ouïe (26 % et 35 %). En 2007, 42 % des hommes et 60 % des femmes présentaient des symptômes dépressifs. Les résultats définitifs sur cette cohorte seront disponibles en 2012.

G.L.

Maladie héréditaire touchant 20 000 personnes en France, la neurofibromatose de type I est caractérisée par la survenue de tumeurs des gaines des nerfs (neurofibromes plexiformes) : inesthétiques, elles peuvent aussi et surtout se transformer en tumeurs malignes. Bien que le gène NF1 responsable de la maladie soit connu depuis vingt ans, les variations des symptômes au sein d’une même famille restaient inexpliquées. Grâce aux données de la cohorte NF1 qui regroupe 1 099 patients atteints de la maladie, l’équipe du chercheur Inserm Michel VidaudMichel Vidaud
Unité 745 Inserm/Paris 5, Biothérapies et génétiques des maladies dégénératives et prolifératives du système nerveux.
a mis en évidence un autre marqueur génétique qui, lui, serait fortement associé au nombre de neurofibromes plexiformes : son rôle fonctionnel dans la genèse de la tumeur a ensuite été confirmé. Reste maintenant à identifier précisément son effet biologique.

J. C.

Dans nos cellules, l’organisation spatiale de l’ADN contrôle la disponibilité des gènes. Or, elle varie en fonction du type de cellule, de l’environnement et du temps qui constituent autant de marqueurs épigénétiques. L’Europe mise sur leur identification pour mieux comprendre et soigner les maladies, comme le souligne son soutien de 30 millions d’euros à BLUEPRINT. Lancé le 1eroctobre, ce projet, qui rassemble 41 universités et instituts de recherche, dont l’Inserm et le CNRS, espère dresser une centaine de cartes épigénétiques de référence pour les cellules sanguines et identifier les différences entre les cellules saines et malades. À la clé ? Trouver des pistes thérapeutiques pour certaines leucémies et des maladies auto-immunes.

G.L.

Il s’agit de l’étude des phénomènes génétiques concernant le nombre ou la structure des chromosomes. Ces paramètres peuvent en effet conduire à des maladies : trisomie 21 lorsqu’il existe trois copies du chromosome 21, translocation de Philadelphie en cas d’échange de matériel génétique entre les chromosomes 9 et 22… Plusieurs équipes Inserm y consacrent leurs recherches, comme l’unité « Génétique et épigénétique des maladies métaboliques, neurosensorielles et du développementGénétique et épigénétique des maladies métaboliques, neurosensorielles et du développement
Unité 781 Inserm/Paris 5
 », dirigée par Arnold Munnich, à l’hôpital Necker-Enfants malades de Paris.

J. C.

Génétique : L’environnement joue sur le phénotype

Réduire la quantité de protéines du régime alimentaire de souris pendant la gestation et la lactation aurait un impact sur l’expression des gènes chez les descendants. Une équipe de chercheurs et médecins de l’Insermchercheurs et médecins de l’Inserm
Unité 773 Inserm/Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Centre de recherche biomédicale Bichat-Beaujon, unité 1016 Inserm Paris 5, Institut Cochin
, de l’INRA, du CNRS, du CEA et des Hôpitaux de Paris a montré qu’un régime alimentaire pauvre en protéines chez les mères modifie chez la nouvelle génération certaines bases de l’ADN et l’expression du gène de la leptine, une hormone sécrétée par le tissu adipeux qui intervient dans la régulation de l’appétit et du poids corporel. Tout au long de sa vie, le groupe de souris étudié mangeait plus que le groupe témoin alors que son rapport poids/adiposité restait plus faible. Ces résultats ouvriraient-ils la voie à de nouveaux traitements des maladies nutritionnelles comme l’obésité ou le diabète de type II ?

D. B.

Hypertension : 28 régions d’ADN impliquées

Alors que plus d’un milliard de personnes dans le monde souffrent d’hypertension, facteur de risque majeur de maladies cardiaques, de nouveaux marqueurs génétiques ont été identifiés. Un consortium international de chercheurs, auquel participe l’Inserm, a mené une méta-analyse sur les données génétiques de 200 000 personnes. Vingt-huit régions de l’ADN sont ainsi associées à l’hypertension. Parmi elles, 16 n’avaient jusqu’ici jamais été impliquées dans la régulation de la tension artérielle. Autant de nouvelles voies thérapeutiques à explorer !

J. C.

Extraite d’une algue marine, une molécule pourrait devenir essentielle pour la prévention cardiovasculaire. Les équipes de Jean-Baptiste Michel et Didier LetourneurJean-Baptiste Michel et Didier Letourneur
Unité 698 Inserm/Paris 7, Hémostase, bio-ingénierie, immunopathologie et remodelage cardiovasculaires
ont en effet montré que le fucoidan se lie naturellement à une protéine, la P-sélectine, exprimée par les plaquettes en cas de lésion vasculaire. Couplée à un marqueur radioactif, elle permet de repérer, grâce à l’imagerie médicale, des zones vasculaires altérées, des caillots, des plaques d’athérome, ces dépôts graisseux sur les parois des artères… Avantage non négligeable : le nouvel assistant est facile à produire et à utiliser !

J. C.

valve aortique
Visualisation d’une inflammation de la valve aortique. Visualisation d’une inflammation de la valve aortique (croix rouges) à l’aide du fucoidan
© J.B. Michel/Unité 698 Inserm/Inserm
Après cinq ans d’essais, les résultats de l’étude CAMELIACAMELIA
CAMbodian Early versus Late Introduction of Antiretroviral drugs, promu par l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales, en partenariat avec les National Institutes of Health (États-Unis) et les autorités cambodgiennes.
, réalisée au Cambodge, sont sans appel. Chez les patients co-infectés par le VIH et la tuberculose, le traitement antirétroviral doit être commencé de façon très précoce, deux semaines après le démarrage des antituberculeux. La mise en place rapide de mesures thérapeutiques pourrait réduire de 50 000 à 100 000 le nombre de décès. Une révision des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé est prévue dans ce sens pour 2012.

J. C.

On la connaît surtout pour son action sur les glandes mammaires. Mais la prolactine pourrait aussi jouer un rôle dans le cancer de la prostate. Son récepteur y est effectivement exprimé et la surexpression de cette hormone, chez la souris, conduit à une désorganisation cellulaire soupçonnée de provoquer un cancer. Des essais cliniques fondés sur ces résultats sont en cours.

J. C.

C’est la proportion annuelle d’Européens affectés par des troubles neurologiques ou une maladie mentale, soit 165 millions de personnes. Un résultat annoncé par le Collège européen de neuropsychopharmacologie lors de son 24ème congrès en septembre 2011. Arrivent en tête de cette enquête réalisée dans une trentaine de pays les troubles de l’anxiété (14 %), l’insomnie (7 %) et la dépression majeure (6,9 %). La démence touche majoritairement les plus de 85 ans.

M. L.