Brèves

Le cancer du pancréas, relativement rare, est hélas l’un des plus redoutables. Outre l’ablation de l’organe atteint, une chimiothérapie peut être proposée aux malades. Malheureusement, on observe une résistance des cellules cancéreuses à ce traitement. L’équipe internationale dirigée par Juan IovannaJuan Iovanna
Unité 1068 Inserm/CNRS UMR 7258/Institut Paoli-Calmettes - Université Aix-Marseille
, du Centre de recherche sur le cancer à Marseille, a découvert que la protéine cellulaire VMP1 – dont le rôle connu jusqu’à présent était lié à l’autophagieAutophagie
Mécanisme permettant à la cellule de digérer une partie de son contenu
et l’apoptoseApoptose
Mort cellulaire programmée
– régule et apaise le « stress » des cellules cancéreuses induit par la chimiothérapie. La VMP1 faciliterait donc la résistance au traitement anti-tumoral. Aussi pourrait-elle devenir une nouvelle cible thérapeutique pour ce type de cancer.

N. C.

L’équipe de Didier RaoultDidier Raoult
Unité 1095 Inserm/CNRS/IRD - Université Aix-Marseille, Unité de recherche sur les maladies infectieuses tropicales émergentes
vient de détecter un tout premier spécimen de virus géant, un mimivirus, chez une femme de 72 ans atteinte de pneumonie. Jusqu’à présent, cette catégorie de virus - découverte en 2003 déjà par Didier Raoult et regroupée récemment sous l’appellation Megavirales - était connue en tant que parasite de l’amibe. Suspectés d’avoir une part de responsabilité dans la survenue de maladies respiratoires telles la légionellose ou les pneumopathies, ces virus n’avaient jamais été trouvés dans un organisme humain. C’est chose faite. Comme pour conforter cette découverte, d’autres collaborateurs du chercheur viennent d’isoler des séquences génétiques de mimivirus dans l’intestin d’un jeune homme. Une preuve supplémentaire de la présence des virus géants chez l’être humain et de leur possible rôle pathogène.

N. C.

Fréquemment observée chez les personnes âgées, la perte des photorécepteurs de la rétine - qui conduit à la cécité - peut trouver son origine dans une dysfonction qui leur est propre, ou associée à d’autres types cellulaires qui constituent l’épithélium rétinal pigmentaire. Mais les bases moléculaires qui relient une altération de ces cellules à la dégénérescence des photorécepteurs restaient méconnues. Jusqu’aux travaux menés par Michael HoussetMichael Housset
Unité 1091 Inserm/CNRS – Université de Nice-Sophia Antipolis
, de l’Institut de biologie Valrose. Le chercheur et ses collaborateurs ont utilisé un modèle de souris chez qui le gène Otx2 pouvait être « éteint » sur commande. Exprimé dans les photorécepteurs et les cellules épithéliales de la rétine (RPE), ce gène code pour un facteur de transcriptionFacteur de transcription
Molécule qui régule l’expression des gènes
impliqué dans le développement du cerveau et des organes sensoriels. En bloquant son expression à l’âge adulte chez des souris, les scientifiques ont démontré que cela entraînait une baisse de l’expression de gènes essentiels pour le maintien de l’équilibre des RPE. Surtout, ils ont identifié des marqueurs moléculaires précoces, qui seraient très utiles dans la détection et la prévention de la dégénérescence des photorécepteurs.

J. C.

Les cellules tumorales, dans un organisme, se développent dans un environnement plus acide et moins oxygéné (hypoxie) qu’à l’accoutumée. Elles s’adaptent à ce « bain » défavorable, en utilisant notamment des facteurs de régulation du pH intracellulaire, générés grâce à l’hypoxie. Un équilibre fin et spécifique aux tumeurs. L’équipe de Jacques PouysségurJacques Pouysségur
Unité 1081 Inserm/CNRS UMR 7284/Centre scientifique de Monaco-Université de Nice-Sophia Antipolis, Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement
vient de montrer que l’augmentation in vitro de ce stress hypoxique autour de cellules tumorales provoquait leur mort par perturbation de leur métabolisme. Un pas de plus vers une nouvelle stratégie anti-cancer associant acidose et hypoxie.

N. C.

Cellule tumorale. Cellule tumorale humaine en cours de division
© Laura Magnaghi Jaulin /Inserm
TUBG1, DYNCH1H1, KIF5C, KIF2A. Ce sont quatre nouveaux gènes impliqués dans des malformations du cortex cérébral, identifiés par Nadia Bahi-BuissonNadia Bahi-Buisson
Unité 1016 Inserm/ CNRS - Université Paris-Descartes
et Jamel ChellyJamel Chelly
Unité 1016 Inserm/ CNRS - Université Paris-Descartes
, de l’Institut Cochin. Mutés chez les malades, ils codent normalement pour des protéines utiles à la structure et au fonctionnement des microtubulesMicrotubules
Structures formant le « squelette » d’une cellule
, ces filaments intracellulaires essentiels à la forme et à la résistance des neurones. Avec pour conséquences, un cortex qui perd ses plis ou, au contraire, en présente en excès, à l’origine de crises épileptiques, de déficiences intellectuelles et parfois de troubles moteurs. Une découverte qui devrait contribuer à mieux comprendre la pathogenèse de ces troubles neuro-développementaux jusque-là mal connue et améliorer leur diagnostic, ainsi que le conseil génétique délivré aux familles concernées.

N. C.

Les techniques classiques de remplacement de l’œsophage, dans le cadre du traitement d’un cancer ou d’une malformation congénitale, pourraient bientôt être supplantées par l’utilisation de substituts issus de l’ingénierie tissulaire, suite aux travaux de Tigran PoghosyanTigran Poghosyan
CIC-BT501 et unité 940 (Inserm – Université Paris-Diderot Paris 7), unité de thérapie cellulaire et Service de chirurgie générale, digestive et endocrinienne (Hôpital Saint-Louis - AP-HP et université Paris 7)
, sous la direction de Pierre CattanPierre Cattan
CIC-BT501 et unité 940 (Inserm – Université Paris-Diderot Paris 7), unité de thérapie cellulaire et Service de chirurgie générale, digestive et endocrinienne (Hôpital Saint-Louis - AP-HP et université Paris 7)
. De fait, le chercheur-chirurgien et le CIC-Biothérapies de l’hôpital Saint-Louis viennent de définir les conditions optimales nécessaires à la première étape de la construction d’un œsophage «  made in lab   ». Il s’agit de faire se développer des cellules musculaires squelettiques et des cellules épithéliales d’un cochon, sur une matrice acellulaireMatrice acellulaire
Support biocompatible à base de collagène
d’origine porcine et sur une membrane amniotique. Concentration cellulaire au moment de l’ensemencement et temps de culture ont donc ainsi été bien définis pour que ces cellules forment, avec les matrices, un substitut viable auquel il est donné une forme de tube. Étape en cours : la maturation in vivo du substitut, dans le corps d’un cochon, afin de développer la vascularisation de l’œsophage de remplacement. À suivre…

J. C.

Cellules épithéliales. Membrane amniotique humaine décellularisée puis ensemencée par des cellules épithéliales porcines
Ⓒ Auteur inconnu/ Unité 940 Inserm/Inserm
Des recherches sur les maladies rares débouchent parfois sur des pistes profitant à des maladies beaucoup plus répandues. Les éventuels bénéfices des voies explorées pour les secondes profitent alors en retour aux premières. L’étude menée par Guy LetellierGuy Letellier
CIC 802 Inserm/CHU de Poitiers
sur la dystrophie musculaire (ou myopathie) de Duchenne (DMD) pourrait ainsi profiter à des pathologies aux enjeux de santé publique plus larges. La DMD est une maladie génétique qui conduit les enfants à perdre progressivement jusqu’à 75 % de leur masse musculaire à l’âge de 10 ans. À ce stade, l’organisme ne fournit alors plus assez de glutamine (Gln). Cet acide aminé essentiellement produit dans le muscle intervient dans de nombreuses actions cellulaires dont la régulation du métabolisme protéique et la formation du glucose. De précédentes études de l’équipe à laquelle appartient Guy Letellier ont montré qu’un apport de glutamine inhibait la dégradation protéique dans la DMD. La Gln interagit aussi avec le métabolisme glucidique via la sécrétion d’insuline, la production de glucose et la modulation d’enzymes impliquées dans ce métabolisme. Ce chercheur a évalué l’effet de la glutamine sur le HOMAHOMA
Homeostasis model assessment
, l’index de sensibilité à l’insuline, lors d’une étude, randomisée en double aveugle chez 30 patients âgés en moyenne de 6 ans et atteints de DMD, et chez 6 pré-adolescents plus âgés qui avaient participé à une précédente étude incluant une mesure de la production hépatique de glucose. Si les résultats n’ont pu montrer d’effet notable sur le HOMA, ils indiquent que cet index pourrait être un nouveau marqueur objectif de l’évolution de la maladie. Cette même équipe avait précédemment déterminé que la masse grasse, qui augmente avec l’âge des patients en remplaçant en partie le tissu musculaire dégradé, pouvait déjà en être un. Ce travail suggère enfin que l’évaluation des liens entre les protéines du cytosquelette – la dystrophine – et l’insuline pourrait être également utilisée en recherche dans d’autres maladies comme l’obésité.

P.N.

Un des enfants atteints de DMD marchant lors de l’essai clinique
Ⓒ Guy Letellier/CIC 802 Inserm/Inserm
Bien connue pour son rôle dans le cycle menstruel féminin, la progestérone révèle aussi des effets neuroprotecteurs en réduisant les dommages qu’entraîne une lésion de la moelle épinière : perte de la myéline – le manchon protecteur des fibres nerveuses qui assure la conduction de l’influx –, mort des motoneurones, ces neurones particuliers qui transmettent l’information aux muscles… Mais comment agit-elle ? De multiples voies sont possibles, d’autant plus que l’hormone peut aussi être convertie en différents composés, dont l’alloprégnanolone. Les travaux menés sur des cultures de tranche de moelle épinière et dirigés par Rachida GuennounRachida Guennoun
Unité 788 Inserm – Université Paris-Sud 11
, de l’unité « Neuroprotection et neurorégénération : molécules neuroactives de petites tailles », ont permis de montrer que son action était double. Ainsi, l’hormone agit directement en se fixant sur des récepteurs intracellulaires présents dans le cerveau. Par ailleurs, l’alloprégnanolone, convertie dans le cerveau, active aussi les récepteurs GABAGABA
Principal neurotransmetteur inhibiteur
de type A, situés dans la membrane des neurones. Deux cibles thérapeutiques potentielles ont donc été identifiées. Une bonne nouvelle, d’autant plus que de nombreux composés dérivés de la progestérone ont déjà été synthétisés, pour la pilule par exemple .

J. C.

Comment empêcher la formation de métastases osseuses ? En intervenant en amont pour en bloquer l’un des mécanismes essentiels : la migration des cellules cancéreuses. C’est ce qu’a mis en évidence une étude dirigée par Christophe VandierChristophe Vandier
Unité 1069 Inserm – Université François-Rabelais, Nutrition, croissance et cancer
. Ainsi, les chercheurs avaient déjà identifié que la présence du canal ionique SK3 (rouge), dans la membrane des cellules cancéreuses, favorisait leur migration. Ils viennent de montrer que l’association de ce canal à un autre, Orai1 (vert), au sein d’une région particulière des membranes, les radeaux lipidiques (jaune), est directement impliquée dans la survenue des métastases. Surtout, les chercheurs ont créé une molécule lipidique Ohmline (violet), inspirée d’un composé d’origine marine, capable de déstabiliser la funeste association. Une nouvelle piste médicamenteuse donc pour la prévention ou le blocage des métastases.

J. C.

Métastases osseusesRadeaux lipidiques
© Cancer Research
Un nouveau modèle animal de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), une maladie neuromusculaire très sévère aboutissant à la paralysie progressive de l’ensemble des muscles, vient d’être créé par l’équipe parisienne du Canadien Edor KabashiEdor Kabashi
Unité 975 Inserm/CNRS - Université Pierre-et-Marie-Curie, équipe Avenir-ATIP Traitement de la sclérose latérale amyotrophique : de la génétique au poisson zèbre
. Comment ? En réduisant l’expression du principal gène déficient dans la SLA, le C9orf72. Cette avancée devrait aider à mieux étudier les mécanismes de la maladie et, notamment, le rôle de ce gène dans la fonction motrice et le déclenchement de la neurodégénérescence.

N. C.

L’interleukine-22 (IL-22), cytokineCytokine
Molécule de signalisation cellulaire agissant sur d’autres cellules pour en réguler l’activité et la fonction
produite par les cellules immunitaires, participe à la lutte de l’organisme contre les infections bactériennes, mais elle intervient aussi dans de nombreuses maladies inflammatoires, notamment auto-immunes. L’équipe de François TrotteinFrançois Trottein
Unité 1019 Inserm/CNRS UMR 8204/Université Lille-Nord de France – Université Lille 2 Droit et santé, Centre d’Infection et d’immunité de Lille
, à l’Institut Pasteur de Lille, a voulu en savoir plus sur ce « Dr Jekill et Mr Hyde », dans une situation d’infection grippale provoquée par le virus H3N2. Les chercheurs ont dévoilé, sur des modèles animaux, le rôle bénéfique de l’IL-22 lors d’une infection grippale sévère. Ainsi, elle protège contre la surinfection bactérienne des poumons chez la souris grippée. En revanche, elle n’a pas d’incidence sur l’amélioration de la forme la plus sévère (mortelle) de la grippe H3N2, vraisemblablement parce qu’elle ne joue aucun rôle direct sur le virus lui-même et sa multiplication dans l’organisme.

N. C.

Cet ensemble de cellules, de forme étoilée, fait partie de la glie (glueen grec), ce précieux tissu qui soutient et nourrit les neurones en leur apportant nutriments et oxygène. Ces petites cellules de la glie ont des capacités étonnantes : éboueurs très dynamiques du cerveau, elles se déplacent d’un endroit à l’autre pour phagocyterPhagocyter
Capturer, ingérer et détruire des particules ou des micro-organismes
ce qui leur semble anormal. D’origine immunitaire, elles sont considérées comme le système de défense du cerveau et permettraient aussi de réguler, tout au long de la vie, la population de neurones en éliminant ceux qui sont en surplus. Mais attention, leur rôle de bon petit soldat, surveillant tout ce qui bouge, peut mal tourner. En effet, on pense aujourd’hui qu’elles sont impliquées dans le déclenchement de certaines maladies du cerveau, notamment la maladie d’Alzheimer, où elles semblent générer indûment une toxicité envers les neurones sains. C’est sur l’ensemble de ces phénomènes que travaille l’équipe Inserm de Michel MallatMichel Mallat
Unité 975 Inserm/CNRS - Université Pierre-et-Marie-Curie, équipe Fonctions et différenciation des cellules microgliales
du centre de recherche de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière à Paris.

N. C.

Etude de la maladie d'Alzheimer* . Microglie (en rouge) dans les plaques amyloïdes (en vert) chez une souris transgénique
© Auteur inconnu/Unité 837 Inserm/Inserm