Imagerie cérébrale
Suivez les fibres

Lors d’une maladie neurologique ou d’une intervention chirurgicale, il est primordial de connaître la distribution des fibres nerveuses qui contrôlent la motricité afin de les préserver au mieux. Ce que cherche à faire Romuald SeizeurRomuald Seizeur
Anciennement à l’unité 746 Inserm /CNRS/Inria – Université de Rennes 1, actuellement à l’unité 1101 Inserm/Telecom Bretagne – Université de Bretagne occidentale, Laboratoire de traitement de l’information médicale (latim)
qui a réalisé cette image du cerveau d’un droitier, en coupe verticale et observée de face. Comment peut-on savoir que le cobaye écrit de la main droite ? En considérant l’asymétrie des zones colorées en rouge et en bleu. Chacune représente le faisceau de fibres de la substance blancheSubstance blanche
Zone du cerveau constituée d’axones, les prolongements cellulaires des neurones
, appelé faisceau corticospinal (FCS), qui assure la motricité volontaire. Il en existe deux, qui débutent dans le cortex de chaque hémisphère et aboutissent aux motoneurones chargés d’activer les muscles correspondant à l’ordre envoyé. Le FCS de l’hémisphère gauche (à droite sur l’image) est nettement plus développé que celui de l’hémisphère droit. Normal, dites-vous, chacun sait que les mouvements d’un côté du corps sont contrôlés par l’hémisphère opposé. Ainsi, il paraît évident que la dominance de la main droite entraîne une asymétrie au profit de l’hémisphère gauche.

La preuve par le faisceau

Ce n’est pourtant pas toujours le cas. De nombreuses études en imagerie sur ce sujet donnent des conclusions hétérogènes. D’où l’intérêt de la méthode employée ici, la tractographie cérébrale, qui combine l’imagerie par résonance magnétique (IRM) morphologique, l’IRM fonctionnelle et celle du tenseur de diffusionIRM du tenseur de diffusion
Technique d’imagerie fondée sur la diffusion des molécules d’eau
. Les caractéristiques de chacune permettent, en effet, de réaliser une étude précise des substances blanche et grise et des zones ou faisceaux activés. Les données sont ensuite reconstruites, en se fondant sur l’utilisation d’algorithmes, pour obtenir une représentation visuelle de la direction des fibres. Outre l’intérêt pour la connaissance fondamentale, le chirurgien Romuald Seizeur, qui a conduit l’étude, sous la direction de Xavier Morandi, dans l’unité « VisAGeS : vision, action et gestion de l’information en santé », rappelle l’importance de localiser le FCS et de s’assurer que la méthode utilisée reflète l’observation clinique.«  La compréhension de sa localisation in vivo et de sa fonction est un élément majeur de la recherche en anatomie mais également en pathologie du système nerveux central en raison des conséquences de son atteinte, comme le déficit moteur parfois définitif.  »Désormais, il poursuit ses travaux sur les fibres blanches, en s’intéressant à leur modification éventuelle lors de la vision en 3D, au sein de son laboratoire, le Latim, à Brest.

Julie Coquart