Brèves

Pour contrer les immuno déficiences sévères combinées, qui constituent les formes les plus graves de cette atteinte immunologique, les spécialistes ont recours à des greffes de cellules souches hématopoïétiquesCellules souches hématopoïétiques
Cellules à l’origine de toutes les cellules de la lignée sanguine
. Malgré les progrès effectués, le taux de mortalité un an après la transplantation reste fort (30 %), notamment à cause de la longue période d’immunodéficience qui suit toute transplantation entre un donneur et un receveur dont les antigènesAntigène
Molécule reconnue par les anticorps ou des cellules du système immunitaire, et qui peut déclencher une réponse immunitaire.
des leucocytesLeucocytes
Aussi appelés globules blancs, ce sont des cellules du système immunitaire.
humains ne sont que partiellement compatibles. Différentes approches sont aujourd’hui expérimentées pour améliorer les suites de ces transplantations, expliquent les chercheurs de l’unité 768 ((**)), à Paris. Parmi elles, une technique actuellement testée dans plusieurs laboratoires européens permet de diminuer les infections opportunistes. Il s’agit d’injecter au receveur, au cours du premier mois post-transplantation, un certain type de leucocytes, des lymphocytes T matures issus du donneur. Ces derniers sont composés, entre autres, de lymphocytes T cytotoxiques (CD8+), qui détruisent les cellules infectées, et de lymphocytes T auxiliaires (CD4), qui activent d’autres cellules immunitaires. Ils peuvent être sélectionnés en une nuit d’incubation, ce qui offre la perspective d’une réinjection au patient à la demande du praticien.

A. B.

Ce sont des structures qui permettent l’attachement des cellules entre elles et à la matrice extracellulaire. Selon leur nature, elles assurent des fonctions différentes. Ainsi, les jonctions serrées, présentes dans les cellules épithéliales polarisées, garantissent l’étanchéité entre les deux côtés délimités par les cellules. L’attachement mécanique des cellules entre elles est assuré par des jonctions d’ancrage : elles donnent ainsi leur rigidité aux tissus. Quant aux jonctions communicantes, caractérisées par la présence de petits canaux, elles permettent le passage de signaux chimiques ou électriques entre les cellules. Des anomalies des molécules impliquées dans ces jonctions entraînent des dysfonctionnements plus ou moins graves (surdité, neuropathie, maladies auto-immunes…) et sont ainsi l’objet de recherches de nombreuses équipes Inserm.

J. C.

Après une crise cardiaque, les muscles du cœur sont fragilisés et l'insuffisance cardiaque guette. Les recherches sur les cellules souches menées par Éva MathieuÉva Mathieu
Unité 1087-US16 Inserm/CNRS - Université de Nantes, Institut du thorax
, sous la direction de Patricia LemarchandPatricia Lemarchand
Unité 1087-US16 Inserm/CNRS - Université de Nantes, Institut du thorax
de l'équipe Thérapie cellulaire cardiaque, pourraient limiter ce risque. Ces travaux montrent, en effet, que l'injection de cellules souches dans le myocarde ligaturé de rats permet de préserver sa fonction cardiaque. Et elles limitent aussi le remodelage du ventricule touché, une des conséquences des infarctus. Pour que cela fonctionne, les cellules souches injectées sont associées à un gel à base de cellulose qui forme une structure dans les tissus affectés et permet ainsi leur régénération. Ces travaux confirment donc le potentiel des thérapies cellulaires pour rétablir un bon fonctionnement du cœur après un infarctus.

S. P.

La maladie de Gaucher touche 8 000 à 10 000 personnes dans le monde. Elle se caractérise par une splénomégalieSplénomégalie
Augmentation du volume de la rate
, une infiltration tissulaire et des lésions osseuses. C’est une maladie héréditaire causée par une mutation enzymatique qui affecte la dégradation des glucocérébrosides - des molécules constituées d’un lipide complexe lié à un résidu glucose - et conduit à leur accumulation dans les macrophages, mais aussi dans les globules rouges. Mélanie FrancoMélanie Franco
UMRS 665 Inserm/Université de la Réunion/Institut national de la transfusion sanguine – Université Paris Diderot-Paris 7, Protéines des membranes érythrocytaires et homologues non érythroïdes
et ses collaborateurs ont mis en évidence des modifications dans les propriétés de ces derniers : ils sont déformés, leur circulation est altérée et leur adhérence à l’endothéliumEndothélium
Couche la plus interne des vaisseaux sanguins, en contact avec le sang
est excessive. Ceci pourrait conduire à leur phagocytose par les macrophages et être la cause de certaines complications comme l’anémie, les occlusions vasculaires et les infarctus osseuxInfarctus osseux
Lésion du tissu osseux due à une obturation de l’artère irriguant la zone concernée
. Ces résultats soulignent le rôle essentiel joué par les globules rouges dans la physiopathologie de la maladie et laissent entrevoir l'amélioration possible des traitements existants.

N. B.

Les microARN (miARN) permettent de réguler, après la transcription, l’expression d’un gène : ils s’apparient notamment à des séquences complémentaires des ARN messagers (ARNm), ce qui conduit à leur dégradation ou empêche leur traduction en protéines. Mais comment ces miARN sont-ils régulés ? Une équipe internationale, dont Olivier Voinnet, de l’Institut de biologie moléculaire des plantes, à Strasbourg, et des chercheurs Inserm ((**)) notamment, a démontré que l’autophagie, processus de dégradation au cours duquel le matériel cytoplasmique est immobilisé au sein de vésiculesVésicules
Organites cellulaires capables de s’allonger et d’encercler des entités présentes au sein du cytoplasme, dans le but de les éliminer.
, contribuait au maintien de l’équilibre dynamique des miARN. Ainsi, DICER, une enzyme impliquée dans la formation des miARN, et AGO2, un facteur d’initiation de la traduction, sont reconnus par le récepteur NDP52. Or, ce dernier a également la capacité d’interagir avec la machinerie responsable de l’autophagie cellulaire. À la clé : la dégradation sélective de DICER et AGO2, ce qui permet le maintien d’une activité régulée des miARN au sein de la cellule. Ces travaux permettront de mieux comprendre les pathologies liées à des dysfonctionnements de l’autophagie et des niveaux de DICER et de miARN dans la cellule, comme c’est le cas dans le cancer.

A. B.

Pour les patients atteints de purpura thrombopénique immunologique, dont les plaquettes sanguines sont détruites par leurs propres anticorps, les travaux de l’équipe de Claude-Agnès Reynaud et Jean-Claude WeillClaude-Agnès Reynaud et Jean-Claude Weill
Unité 783 Inserm - Université Paris Descartes, Développement du système immunitaire, en collaboration avec Bertrand Godeau et Marc Michel, Centre de référence des cytopénies auto-immunes de l’adulte, hôpital Henri-Mondor (Créteil)
de la faculté de médecine Paris Descartes, site de Necker, ouvrent une nouvelle perspective thérapeutique. Jusqu’ici, l’ablation chirurgicale de la rate était la principale voie de guérison. Tous les « coupables » de la maladie se trouvent, en effet, dans l’organe : des lymphocytes B et des plasmocytesPlasmocytes
Lymphocytes B matures producteurs d’anticorps
à courte vie qui,via les anticorps qu’ils portent à leur surface ou qu’ils sécrètent, détruisent les plaquettes sanguines des malades. L’option médicamenteuse fondée sur l’administration de rituximab, un anticorps thérapeutique utilisé dans le traitement de nombreux lymphomes et, plus récem ment, dans plusieurs maladies auto-immunes pour lesquelles des auto-anticorps pathogènes ont été identifiés, existe déjà, mais elle ne guérit que 30 % des patients. Aujourd’hui, les chercheurs viennent de mettre en lumière un mécanisme biologique expliquant près de la moitié du taux d’échec de ce traitement. En tuant les lymphocytes B et les plasmocytes à courte vie, le rituximab engendrerait l’apparition d’une « nouvelle espèce » : des plasmocytes à longue vie. Les chercheurs proposent donc d’envisager l’usage, en plus du rituximab, de molécules qui interfèrent avec les facteurs de différenciation des lymphocytes B en plasmocytes à longue vie, comme le belimumab, un anticorps monoclonal anti-BAFF/Blys, facteur de survie des cellules

B. G. L.

Et si une molécule pouvait traiter le cancer du côlon ? C’est l’espoir généré par les travaux menés sur la nétrine-4Nétrine-4
Molécule de guidage neuronal et vasculaire
par l’équipe de Marc PocardMarc Pocard
Unité 965 Inserm - Université Paris Diderot-Paris 7, Angiogenèse et recherche translationnelle
. Par transplantation de cellules de patients dans des souris immunodéficientesImmunodéficientes
Dépourvues de système immunitaire donc incapables de rejet de greffe
, elle a montré que sa surexpression permettait d’inhiber la croissance de tumeurs primaires, mais aussi de diminuer le taux de récidive après ablation du côlon. De même, l’apparition de métastases au niveau du foie et des poumons semble être freinée. La formation de nouveaux vaisseaux sanguins joue un rôle majeur dans la progression tumorale. La nétrine-4 empêche cette angiogenèseAngiogenèse
Formation de nouveaux vaisseaux sanguins
et c’est probablement par ce biais qu’elle exerce son action antitumorale. Ces résultats permettent de l’envisager comme un traitement potentiel du cancer du côlon, qui touche 40 000 personnes par an.

N. B.

Les spécialistes de l’unité Bases moléculaires et structurales des systèmes infectieux de l’université Claude-Bernard, et de deux équipes de recherche du Centre de recherche en cancérologie de Lyon ((**)), ont développé une base de données dédiée au virus de l’hépatite B. Le but ? Permettre aux chercheurs d’étudier plus efficacement sa variabilité génétique et sa résistance aux traitements. L’hépatite B, qui affecte de façon chronique plus de 350 millions de personnes dans le monde, est, en effet, transmise par un virus se présentant sous la forme d’au moins huit génotypesGénotype
La combinaison des différentes versions de gènes portés par l’ADN d’un virus, responsables de traits spécifiques
et de formes recombinantesFormes recombinantes
Virus issus de la recombinaison entre différents génomes viraux dans une cellule infectée par plusieurs
. Dans ces conditions, la sélection de mutants résistant aux traitements est favorisée. La base de données, baptisée HBVdb, répertorie les différentes séquences du virus jusqu’alors décrites et offre divers outils pour les analyser et les comparer.

A. B.