Les enjeux médicaux et sociétaux du microbiote
Résumé
Alors que l’on connaissait depuis longtemps l’existence de la flore intestinale, la découverte du rôle du microbiote intestinal dans la santé et la maladie est perçue comme une des avancées scientifiques les plus importantes des dernières années. De nombreuses maladies chroniques résulteraient non pas de l’agression de microorganismes pathogènes, mais d’une rupture de l’équilibre de la population bactérienne présente dans l’intestin. Les dernières avancées dans ce domaine ont une portée qui dépasse largement les enjeux de santé publique que représentent le développement de régimes personnalisés ou d’alicaments et les perspectives de transplantation fécale à visée thérapeutique. Ces nouvelles connaissances modifient notre vision des microbes, et notre conception de la santé et de la maladie, du soi et du non-soi, les représentations du corps et des relations de l’individu avec son environnement. Le microbiote intestinal tend aujourd’hui à être considéré comme un organe à part entière, et l’organisme humain se définit comme un écosystème, un super-organisme chimérique possédant un double génome, humain et microbien. Une réflexion s’impose sur la façon dont ces nouveaux paradigmes viennent modifier les perceptions profanes sur le corps humain. Although the presence of an intestinal flora has been known for a long time, the discovery of the role of gut microbiota in human health and disease has been widely recognized as one of the most important advances in the recent years. Chronic diseases may result from dysbiosis, i.e. a disruption of the balance within the bacterial population hosted by the human body. These developments open new prospects in terms of prevention and treatment, including the design of adapted diets, the development of functional foods and fecal transplantation. These discoveries have profoundly altered our view of microbes, of health and disease, of self and non-self, as well as our representations of the body and its relationship with its ecosystem. Gut microbiota is now generally considered as an organ in its own right. A model of the “microbiotic person” thus arises, in which the human organism is defined as an ecosystem, a chimeric superorganism with a double genome, both human and microbial. Thought should be given to the way in which these new paradigms modify lay perceptions of the human body.
Pour citer ce document
Dodet, Betty ; Les enjeux médicaux et sociétaux du microbiote, Med Sci (Paris), , Vol. 32, N° 11 ; p. 1003-1008 ; DOI : 10.1051/medsci/20163211017