2008


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Annexes

Annexe 1

Expertise collective Inserm : éléments de méthode

L’Expertise collective Inserm1 apporte un éclairage scientifique sur un sujet donné dans le domaine de la santé à partir de l’analyse critique et de la synthèse de la littérature scientifique internationale. Elle est réalisée à la demande d’institutions souhaitant disposer des données récentes issues de la recherche utiles à leurs processus décisionnels en matière de politique publique. L’Expertise collective Inserm doit être considérée comme une étape initiale, nécessaire mais le plus souvent non suffisante, pour aboutir aux prises de décision. Les conclusions apportées par les travaux d’expertise collective contribuent, mais ne peuvent se substituer, au débat des professionnels concernés ou au débat de société si les questions traitées sont particulièrement complexes et sensibles.
L’Expertise collective Inserm peut être complétée, à la demande d’un commanditaire, par une expertise « opérationnelle » qui s’intéresse à l’application des connaissances et recommandations en tenant compte de facteurs contextuels (programmes existants, structures, acteurs, formations…). Ce type d’expertise sollicite la participation d’acteurs de terrain susceptibles de répondre aux aspects de faisabilité, de représentants d’administrations ou institutions chargées de promouvoir les applications dans le domaine concerné, d’experts ayant participé aux expertises, de représentants d’associations de patients. La mise en commun de cultures et d’expériences variées permet une approche complémentaire à l’expertise collective dans un objectif d’opérationnalité. De même, différents travaux (recommandations de bonnes pratiques, audition publique…) conduits sous l’égide de la Haute autorité de santé (HAS) peuvent faire suite à une expertise collective Inserm.
L’expertise collective est une mission de l’Inserm depuis 1994. Une soixantaine d’expertises collectives ont été réalisées dans de nombreux domaines de la santé. L’Institut est garant des conditions dans lesquelles l’expertise est réalisée (exhaustivité des sources documentaires, qualification et indépendance des experts, transparence du processus).
Le Centre d’expertise collective Inserm organise les différentes étapes de l’expertise depuis la phase d’instruction jusqu’aux aspects de communication du rapport avec le concours des services de l’Inserm. L’équipe du Centre d’expertise collective constituée d’ingénieurs, de chercheurs et d’un -secrétariat assure la recherche documentaire, la logistique et l’animation des réunions d’expertise, et contribue à la rédaction scientifique et à l’élaboration des produits de l’expertise. Des échanges réguliers avec d’autres organismes publics (EPST) pratiquant le même type d’expertise collective ont permis de mettre en place des procédures similaires.

Instruction de la demande

La phase d’instruction permet de définir la demande avec le commanditaire, de vérifier qu’il existe bien une littérature scientifique accessible sur la question posée et d’établir un cahier des charges qui précise le cadrage de l’expertise (état des lieux du périmètre et des principales thématiques du sujet), sa durée et son budget à travers une convention signée entre le commanditaire et l’Inserm.
Au cours de cette phase d’instruction sont également organisées par l’Inserm des rencontres avec les associations de patients pour prendre connaissance des questions qu’elles souhaitent voir traitées et des sources de données dont elles disposent. Ces informations seront intégrées au programme scientifique de l’expertise. Pour certains sujets, un échange avec des partenaires industriels s’avère indispensable pour avoir accès à des données complémentaires inaccessibles dans les bases de données.

Mise en place d’un comité de suivi et d’une cellule d’accompagnement de l’expertise

Un comité de suivi constitué de représentants du commanditaire et de l’Inserm est mis en place. Il se réunit plusieurs fois au cours de l’expertise pour suivre la progression du travail des experts, évoquer les difficultés éventuelles rencontrées dans le traitement des questions, veiller au respect du cahier des charges et examiner d’éventuels nouveaux éléments du contexte réglementaire et politique utiles pour le travail en cours. Le comité est également réuni en fin d’expertise pour la présentation des conclusions de l’expertise avant l’établissement de la version finale du rapport.
Pour les expertises traitant de sujets sensibles, une cellule d’accompagnement est également mise en place qui réunit des représentants de la Direction générale de l’Inserm, du conseil scientifique, du comité d’éthique de l’Inserm, du département de la communication, des chercheurs en sciences humaines et sociales et des spécialistes d’histoire des sciences. Cette cellule a pour rôle de repérer au début de l’expertise les problématiques susceptibles d’avoir une forte résonance pour les professionnels concernés et pour la société civile et de suggérer l’audition de professionnels des domaines connexes, de -représentants de la société civile et d’associations de patients. En bref, il s’agit de prendre la mesure de la perception que les différents destinataires pourront avoir de l’expertise. Avant la publication de l’expertise, la cellule d’accompagnement porte une attention particulière à la façon dont la synthèse et les recommandations sont rédigées incluant si nécessaire l’expression de différents points de vue. En aval de l’expertise, la cellule a pour mission de renforcer et d’améliorer la diffusion des résultats de l’expertise en organisant par exemple des colloques ou séminaires avec les professionnels du domaine et les acteurs concernés ou encore des débats publics avec les représentants de la société civile. Ces échanges doivent permettre une meilleure compréhension et une appropriation de la connaissance issue de l’expertise.

Réalisation de la recherche bibliographique

Le cahier des charges, établi avec le commanditaire, est traduit en une liste exhaustive de questions scientifiques correspondant au périmètre de l’expertise avec l’aide de scientifiques référents du domaine appartenant aux instances de l’Inserm. Les questions scientifiques permettent d’identifier les disciplines concernées et de construire une arborescence de mots clés qui servira à une interrogation systématique des bases de données biomédicales internationales. Les articles et documents sélectionnés en fonction de leur pertinence pour répondre aux questions scientifiques constituent la base documentaire qui sera transmise aux experts. Il sera demandé à chacun des membres du groupe de compléter tout au long de l’expertise cette base documentaire.
Des rapports institutionnels (parlementaires, européens, internationaux…), des données statistiques brutes, des publications émanant d’associations et d’autres documents de littérature grise sont également repérés (sans prétention à l’exhaustivité) pour compléter les publications académiques et mis à la disposition des experts. Il leur revient de prendre en compte, ou non, ces sources selon l’intérêt et la qualité des informations qu’ils leur reconnaissent. Enfin, une revue des principaux articles de la presse française est fournie aux experts au cours de l’expertise leur permettant de suivre l’actualité sur le thème et sa traduction sociale.

Constitution du groupe d’experts

Le groupe d’experts est constitué en fonction des compétences scientifiques nécessaires à l’analyse de l’ensemble de la bibliographie recueillie et à la complémentarité des approches. L’Expertise collective Inserm étant définie comme une analyse critique des connaissances académiques disponibles, le choix des experts se fonde sur leurs compétences scientifiques, attestées par leurs publications dans des revues à comité de lecture et la reconnaissance par leurs pairs. La logique de recrutement des experts fondée sur leur compétence scientifique et non leur connaissance du terrain est à souligner, dans la mesure où il s’agit d’une source récurrente de malentendus lors de la publication des expertises.
Les experts sont choisis dans l’ensemble de la communauté scientifique française et internationale. Ils doivent être indépendants du partenaire commanditaire de l’expertise et de groupes de pression reconnus. La composition du groupe d’experts est validée par la Direction générale de l’Inserm.
Plusieurs scientifiques extérieurs au groupe peuvent être sollicités pour apporter ponctuellement leur contribution sur un thème particulier au cours de l’expertise.
Le travail des experts dure de 12 à 18 mois selon le volume de littérature à analyser et la complexité du sujet.

Première réunion du groupe d’experts

Avant la première réunion, les experts reçoivent un document explicatif de leur mission, le programme scientifique (les questions à traiter), le plan de travail, la base bibliographique de l’expertise établie à ce jour ainsi que les articles qui leur sont plus spécifiquement attribués selon leur champ de compétence.
Au cours de la première réunion, le groupe d’experts discute la liste des questions à traiter, la complète ou la modifie. Il examine également la base bibliographique et propose des recherches supplémentaires pour l’enrichir.

Analyse critique de la littérature par les experts

Au cours des réunions, chaque expert est amené à présenter oralement son analyse critique de la littérature sur l’aspect qui lui a été attribué dans son champ de compétence en faisant la part des acquis, incertitudes et controverses du savoir actuel. Les questions, remarques, points de convergence ou de divergence suscités par cette analyse au sein du groupe sont pris en considération dans le chapitre que chacun des experts rédige. Le rapport d’analyse, regroupant ces différents chapitres, reflète ainsi l’état de l’art dans les différentes disciplines concernées par le sujet traité. Les références bibliographiques utilisées par l’expert sont citées au sein et en fin de chapitre.

Synthèse et recommandations

Une synthèse reprend les grandes lignes de l’analyse de la littérature et en dégage les principaux constats et lignes de force. Certaines contributions d’intervenants extérieurs au groupe peuvent être résumées dans la synthèse.
Cette synthèse est plus spécifiquement destinée au commanditaire et aux décideurs dans une perspective d’utilisation des connaissances qui y sont présentées. Son écriture doit donc tenir compte du fait qu’elle sera lue par des non scientifiques.
Dès la publication du rapport, cette synthèse est mise en ligne sur le site Web de l’Inserm. Elle fait l’objet d’une traduction en anglais qui est accessible sur le site du NCBI/NLM (National Center for Biotechnology Information de la National Library of Medecine) et Sinapse (Scientific INformAtion for Policy Support in Europe, site de la Commission Européenne).
À la demande du commanditaire, certaines expertises collectives s’accompagnent de « recommandations ». Deux types de « recommandations » sont formulés par le groupe d’experts. Des « principes d’actions » qui s’appuient sur un référentiel scientifique validé pour définir des actions futures en santé publique (essentiellement en dépistage, prévention et prise en charge) mais qui en aucun cas ne peuvent être considérés comme des recommandations « opérationnelles » dans la mesure où les éléments du contexte économique ou politique n’ont pas été pris en compte dans l’analyse scientifique. Des « axes de recherche » sont également proposés par le groupe d’experts pour combler les lacunes de connaissances scientifiques constatées au cours de l’analyse. Là encore, ces propositions ne peuvent être considérées comme des recherches « prioritaires » sans une mise en perspective qu’il revient aux instances concernées de réaliser.

Lecture critique du rapport et de la synthèse par des grands « lecteurs »

Pour certaines expertises traitant de sujets sensibles, une note de lecture critique est demandée à plusieurs grands « lecteurs » choisis pour leurs compétences scientifiques ou médicales, exerçant des fonctions d’animation ou d’évaluation dans des programmes de recherche français ou européens ou encore participant à des groupes de travail ministériels. De même, le rapport et la synthèse (et recommandations) peuvent être soumis à des personnalités ayant une bonne connaissance du « terrain » et susceptibles d’appréhender les enjeux socioéconomiques et politiques des connaissances (et propositions) qui sont présentées dans l’expertise.

Présentation des conclusions de l’expertise et mise en débat

Un séminaire ouvert à différents milieux concernés par le thème de l’expertise (associations de patients, associations professionnelles, syndicats, institutions…) permet une première mise en débat des conclusions de l’expertise. C’est à partir de cet échange que peut être établie la version finale du document de synthèse intégrant les différents points de vue qui se sont exprimés.


Annexe 2

South Oaks Gambling Screen (Lesieur et Blume, 1987 ; traduction française : Lejoyeux, 1999)

1. Indiquez s’il vous plaît auquel(s) des jeux suivants vous avez déjà joué dans votre vie. Pour chaque type de jeu, choisissez l’une des réponses proposées.

 
Jamais
Moins d’une fois
par mois
Une fois ou plus
par mois
Une fois par
semaine
Plus d’une fois
par semaine
a) Jouer à une loterie (loto, euromillion…)
     
b) Jouer dans un casino
     
c) Jouer au bingo et aux jeux de grattage
     
d) Jouer aux cartes pour de l’argent
     
e) Parier de l’argent sur des courses de chevaux ou d’autres animaux (PMU, salles de jeux…)
     
f) Jouer de l’argent à la bourse
     
g) Jouer aux machines à sous
     
h) Jouer aux boules, au billard, au golf ou à d’autres jeux d’adresse pour de l’argent
     
i) Jouer aux dés pour de l’argent
     
j) Parier sur des résultats sportifs (loto sportif…)
     
k) Jouer à tout autre jeu pour de l’argent ? Préciser : ……...
     
2. Quelle est la somme la plus importante que vous avez déjà jouée en une seule journée ?
o N’a jamais joué
o 1 € ou moins
o Entre 1 € et 15 €
o Entre 15 € et 150 €
o Entre 150 € et 1 500 €
o Entre 1 500 € et 15 000 €
o Plus de 15 000 €
3. Certains membres de votre famille ont-ils eu des problèmes de jeu ?
o Père
o Mère
o Frères ou sÅ“urs
o Époux ou concubin
o Non
o Enfants
o Grands-parents
o Autres parents
o Ami ou personne importante de votre vie
4. Quand vous jouez, à quelle fréquence retournez-vous jouer le lendemain pour essayer de gagner à nouveau l’argent perdu la veille ?
o Jamais
o Quelquefois (moins de la moitié des fois où j’ai perdu)
o La plupart des fois où je perds
o À chaque fois que je perds
5. Avez-vous déjà annoncé à tort que vous aviez gagné de l’argent, alors qu’en réalité vous n’aviez pas gagné ?
o Jamais (ou jamais joué)
o Oui, moins de la moitié des fois où j’ai perdu
o Oui, la plupart des fois où j’ai perdu
6. Avez-vous actuellement ou avez-vous eu à un moment de votre vie des difficultés avec le jeu ?
o Non
o Oui, dans le passé mais pas maintenant
o Oui
7. Avez-vous déjà joué plus que vous ne l’aviez prévu ?
o Oui
o Non
8. Les gens ont-ils déjà critiqué le fait que vous jouiez ou vous ont-ils dit que vous aviez un problème avec le jeu, que cela soit vrai ou pas ?
o Oui
o Non
9. Vous êtes-vous déjà senti coupable au sujet de la manière dont vous jouez ou des conséquences de votre jeu ?
o Oui
o Non
10. Avez-vous déjà ressenti l’envie d’arrêter de jouer et avez-vous pensé que vous n’y arriveriez pas ?
o Oui
o Non
11. Avez-vous déjà caché des jetons de casino, des tickets de loterie ou de PMU ou d’autres signes du jeu à votre épouse ou votre mari, vos enfants ou une autre personne importante de votre vie ?
o Oui
o Non
12. Vous êtes-vous déjà disputé avec votre compagne ou compagnon au sujet de la façon dont vous gérez l’argent ?
o Oui
o Non
13. (Si vous avez répondu oui à la question 12) : Avez-vous eu des disputes concernant l’argent que vous dépensez en jouant ?
o Oui
o Non
14. Avez-vous déjà emprunté de l’argent à quelqu’un sans pouvoir le rembourser parce que vous aviez joué ?
o Oui
o Non
15. Avez-vous déjà manqué des heures de travail ou de cours pour jouer de l’argent ?
o Oui
o Non
16. Si vous avez déjà emprunté de l’argent pour jouer ou payer des dettes de jeu, à qui avez-vous déjà emprunté ? (Cocher oui ou non pour chacun)

 
Oui
Non
A) L’ argent de votre budget familial
  
B) L’ argent de votre conjoint(e) ou ami(e)
  
C) L’ argent d’un membre de la famille
  
D) L’ argent d’une banque ou d’une compagnie de crédit
  
E) L’ argent d’une carte de crédit
  
F) L’ argent de prêts usuriers
  
G) L’ argent provenant de vente d’actions, de valeurs ou de bons d’épargne
  
H) Le produit de la vente d’une propriété personnelle ou familiale
  
I) Chèques sans provision
  
J) Vous avez un crédit dans une salle de jeu ou un casino
  
K) Autre, précisez : ………………………………………..
  


Annexe 3

Section jeu pathologique du DSM-IV(American Psychiatric Association, 1994 ; traduction française : Guelfi et coll., 1996)

Critères diagnostiques du F63.0 [312.31] – Jeu pathologique

A. Pratique inadaptée, persistante et répétée du jeu, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes :
1) préoccupation par le jeu (par exemple, préoccupation par la remémoration d’expériences de jeu passées ou par la prévision de tentatives prochaines, ou par les moyens de se procurer de l’argent pour jouer)
2) besoin de jouer avec des sommes d’argent croissantes pour atteindre l’état d’excitation désiré
3) efforts répétés mais infructueux pour contrôler, réduire ou arrêter la pratique du jeu
4) agitation ou irritabilité lors des tentatives de réduction ou d’arrêt de la pratique du jeu
5) joue pour échapper aux difficultés ou pour soulager une humeur dysphorique (par exemple, des sentiments d’impuissance, de culpabilité, d’anxiété, de dépression)
6) après avoir perdu de l’argent au jeu, retourne souvent jouer un autre jour pour recouvrer ses pertes (pour se « refaire »)
7) ment à sa famille, à son thérapeute ou à d’autres personnes pour dissimuler l’ampleur réelle de ses habitudes de jeu
8) commet des actes illégaux, tels que falsifications, fraudes, vols ou détournement d’argent pour financer la pratique du jeu
9) met en danger ou perd une relation affective importante, un emploi ou des possibilités d’étude ou de carrière à cause du jeu
10) compte sur les autres pour obtenir de l’argent et se sortir de situations financières désespérées dues au jeu
B. La pratique du jeu n’est pas mieux expliquée par un épisode maniaque.


Annexe 4

Section jeu pathologique de la CIM-10 (Organisation mondiale de la santé, 1993)

F63.0
Jeu pathologique
Trouble consistant en des épisodes répétés et fréquents de jeu qui dominent la vie du sujet au détriment des valeurs et des obligations sociales, professionnelles, matérielles et familiales.
Ces personnes peuvent mettre leur travail en péril, contracter des dettes importantes, mentir ou transgresser la loi pour obtenir de l’argent ou tenter d’échapper au paiement de leurs dettes.
Le sujet décrit un besoin urgent de jouer, difficile à contrôler, s’accompagnant d’idées et d’images représentant l’acte de jouer et les circonstances qui l’entourent. Ces préoccupations et envies sont souvent plus importantes dans les périodes de tension accrue. Ce trouble est également appelé « jeu compulsif » ; mais ce terme semble moins approprié car d’une part le comportement n’est pas compulsif à proprement parler et d’autre part ce trouble n’a aucun rapport avec le trouble obsessionnel-compulsif.
Directives pour le diagnostic
La caractéristique essentielle est le jeu répété de façon persistante qui continue et prend souvent de l’ampleur malgré des répercussions sociales défavorables comme la ruine matérielle, la détérioration des relations familiales et la perturbation de la vie personnelle.
Inclure : jeu compulsif
Diagnostic différentiel. Le jeu pathologique doit être distingué :
a) de l’habitude jouer et de faire des paris (Z72.6) (ces personnes jouent fréquemment par passion ou pour tenter de gagner de l’argent et peuvent réfréner leur habitude en cas de grosses pertes ou d’autres désagréments) ;
b) du jeu excessif chez les patients maniaques (F30) ;
c) du jeu chez les personnalités dyssociales (F60.2) (ces personnes font preuve de perturbations plus générales et durables du comportement social, à en juger par leurs actes agressifs ou d’autres manifestations de leur indifférence évidente à l’égard du bien-être et des sentiments d’autrui).


Annexe 5

Gamblers Anonymous 20 items

Are you a compulsive gambler?

Only you can decide. In short, compulsive gamblers are those whose gambling has caused continuing problems in any facet of their lives. The following questions may be of help to you:
1. Did you ever lose time from work due to gambling?
2. Has gambling ever made your home life unhappy?
3. Did gambling affect your reputation?
4. Have you ever felt remorse after gambling?
5. Did you ever gamble to get money with which to pay debts or otherwise solve financial difficulties?
6. Did gambling cause a decrease in your ambition or efficiency?
7. After losing did you feel you must return as soon as possible and win back your losses?
8. After a win did you have a strong urge to return and win more?
9. Did you often gamble until your last dollar was gone?
10. Did you ever borrow to finance gambling?
11. Have you ever sold anything to finance gambling?
12. Were you reluctant to use “gambling money” for normal expenditures?
13. Did gambling make you careless of the welfare of yourself and your family?
14. Did you ever gamble longer than you had planned?
15. Have you ever gambled to escape worry or trouble?
16. Have you ever committed, or considered committing, an illegal act to finance gambling?
17. Did gambling cause you to have difficulties in sleeping?
18. Do arguments, disappointments or frustrations create within you an urge to gamble?
19. Did you ever have an urge to celebrate any good fortune by a few hours of gambling?
20. Have you ever considered self destruction as a result of your gambling?
Most compulsive gamblers will answer “yes” to at least seven of these questions.
If you answered “yes” to at least seven of these questions you may want to look at list of Gamblers Anonymous meeting locations in Minnesota.


Annexe 6

CPGI (Canadian Problem Gambling Index) ou Indice canadien du jeu problématique

Ce questionnaire d’auto-évaluation est fondé sur l’indice canadien du jeu problématique (Canadian Problem Gambling Index). Il vous aidera à déterminer si vous devez prendre des mesures correctrices ou non.

Au cours des 12 derniers mois :
Score
Avez-vous misé plus d’argent que ce que vous pouviez vous permettre de perdre ?
0 Jamais 1 Parfois 2 La plupart du temps 3 Presque toujours
Avez-vous eu besoin de miser plus d’argent pour obtenir la même excitation ?
0 Jamais 1 Parfois 2 La plupart du temps 3 Presque toujours
Êtes-vous retourné jouer une autre journée pour récupérer l’argent que vous aviez perdu ?
0 Jamais 1 Parfois 2 La plupart du temps 3 Presque toujours
Avez-vous vendu quelque chose ou emprunté pour obtenir de l’argent pour jouer ?
0 Jamais 1 Parfois 2 La plupart du temps 3 Presque toujours
Avez-vous déjà senti que vous aviez peut-être un problème de jeu ?
0 Jamais 1 Parfois 2 La plupart du temps 3 Presque toujours
Le jeu a-t-il causé chez vous des problèmes de santé, y compris du stress ou de l’angoisse ?
0 Jamais 1 Parfois 2 La plupart du temps 3 Presque toujours
Des personnes ont-elles critiqué vos habitudes de jeu ou vous ont-elles dit que vous aviez un problème de jeu (même si vous estimiez qu’elles avaient tort) ?
0 Jamais 1 Parfois 2 La plupart du temps 3 Presque toujours
Vos habitudes de jeu ont-elles causé des difficultés financières à vous ou à votre ménage ?
0 Jamais 1 Parfois 2 La plupart du temps 3 Presque toujours
Vous êtes-vous déjà senti coupable de vos habitudes de jeu ou de ce qui arrive quand vous jouez ?
0 Jamais 1 Parfois 2 La plupart du temps 3 Presque toujours
Score total
 
Additionnez les points. Plus vos résultats sont élevés, plus le risque que vous ayez un problème de jeu est grand.
0 : Pas de problème de jeu.
1 ou 2 : Habitudes de jeu à faible risque qui semblent avoir peu de conséquences négatives ou ne pas en avoir du tout.
3 à 7 : Habitudes de jeu à risque modéré qui ont certaines conséquences négatives.
8 ou plus : Jeu problématique qui a des conséquences négatives et peut être hors de contrôle.


Annexe 7

Données de l’association « SOS joueurs »

L’association « SOS joueurs » est une association loi 1901 créée en 1990. Son objectif est le traitement, l’étude et la prévention du jeu pathologique. Les publics visés sont les joueurs, les familles, les professionnels et les opérateurs de jeu. L’association anime une permanence téléphonique, des consultations et des groupes de parole. Elle fonctionne avec des professionnels spécialisés dans le domaine social, psychologique et juridique.

Activité de « SOS joueurs » en 2007

Rapport chiffré
2007
Appels reçus
 
Joueurs
1 208
Entourage
841
Professionnels (hors opérateurs)
83
Autres
673
Appels non traités (déjà en ligne)
123
Appels en absence (messages hors ouverture, WE)
821
Total
3 749
Appels émis
 
Professionnels (hors opérateurs)
154
Joueurs et familles
260
Total
414
Courriers reçus
600
Courriers envoyés
514
Rendez-vous
 
Joueurs
1 338
Entourage
109
Total
1 447
Groupes (Moyenne participants 12)
48
Visites site Internet
18 811
De 1990 à 2007, nous avons collecté un nombre considérable de données mesurables – quantitatives et qualitatives – concernant plusieurs milliers de joueurs en demande d’aide. Celles-ci font actuellement l’objet d’un traitement.
En 17 années d’existence, nous avons constaté de nets changements, année après année, des pratiques de jeu et du « profil » des joueurs dépendants.
Nous présentons les grands traits de cette population encore méconnue, sans les commenter, après un balayage rapide d’un échantillon de joueurs ayant contacté « SOS Joueurs » les deux dernières années.

Quelques grandes tendances

Caractéristiques des joueurs

 
2005 (n=915)
(%)
2006 (n=914)
(%)
Sexe masculin
71,0
73,1
Âge 30-59 ans
72,3
73,6
Marié ou union libre
66,8
66,4
Ouvriers et employés
42,8
41,2
Inactifs : chômage, invalidité, retraite…
32,0
37,8
Avec enfants
67 % (nombre d’enfants,
en moyenne 1,43)
67,8 % (nombre d’enfants,
en moyenne 1,48)

Début du jeu

 
2005 (moyennes)
2006 (moyennes)
Âge début jeu
n=831 (33,7 ans)
n=873 (33,4 ans)
Joue depuis
n=873 (10,5 ans)
n=874 (10,8 ans)
Problèmes depuis
n=873 (6,4 ans)
n=873 (6,0 ans)

Conséquences sur le plan sanitaire et social

Dettes dues au jeu
2005 (n=790)
(%)
2006 (n=814)
(%)
Joueurs endettés
83,7
82,1
En surendettement
6,3
5,7
Les conséquences financières ne sont lisibles que si l’on tient compte de cette réalité : enfants parfois en bas âge qui ne sont plus nourris correctement ; loyers impayés ; endettement qu’une vie de travail ne suffira pas à rembourser ; vente du patrimoine familial ; endettement de la famille pour venir en aide au joueur…
Pour les joueurs qui étaient capables d’en donner une estimation, le capital emprunté pour le jeu représente un total de :
• 2005 (n=766) : 29 602 435 Euros
• 2006 (n=625) : 29 598 750 Euros

Tentatives de suicide

2005
n=915
2006
n=914
3,3 %
3,8 %
Nous avons eu connaissance de cas de suicides. Nous constatons que l’entourage familial ne « peut » mentionner les suicides dès lors qu’ils sont associés au jeu : la honte l’emporte tout comme elle l’emporte pour solliciter une aide.

Dépendances associées

 
2005 (n=915)
(%)
2006 (n=914)
(%)
Tabac
47,2
48,5
Alcool
4,4
4,5
Toxicomanie
1,7
1,4

Conséquences légales

 
2005 (n=915)
2006 (n=914)
Délits commis
278
372
Récidive légale
13 joueurs
15 joueurs

Jeux pratiqués

 
2005 (n=915)
(%)
2006 (n=914)
(%)
Jeux de la FdJ
23,9
21,0
Jeux du PMU
24,3
28,6
Jeux de casinos
61,7
49,5
Jeux de cercles
4,4
3,9
Jeux sur Internet
4,9
11,6
Jeux clandestins
3,7
3,1
Jeux autres
0,2
0,7
Jeux vidéo
0,7
0,2
Jeux NC
0,7
0,5

Nb : un joueur pouvant pratiquer plusieurs jeux, le total dépasse les 100 %.

Les résultats restitués ci-dessus sont bruts. Ils ne sont pas pondérés par les demandes de joueurs ayant découvert « SOS Joueurs » par les plaquettes mises à leur disposition par les casinos adhérents du Syndicat des Casinos de France, la Française des jeux ou le PMU.

Évolution

Jeux de casinos

Les casinos sont moins fréquemment cités que les autres années : ainsi les résultats bruts indiquent moins 12 % par rapport à l’année 2005.

Jeux d’argent sur Internet

L’explosion de l’offre de jeux sur Internet génère un afflux encore modéré de demandes d’aide : 11,6 % en 2006, celles-ci concernant essentiellement les jeux de casinos en ligne. Les résultats bruts indiquent cependant une augmentation de 6,7 % par rapport à l’année 2005.

Poker

Nous avons choisi d’isoler le poker aujourd’hui très tendance car il apparaît lui aussi en progression dans les pratiques de jeu recensées

 
2005 (n=915)
(%)
2006 (n=914)
(%)
Poker Internet
0,5
3,5
Poker casino
-
0,7
Poker cercles
2,5
2,2
Poker hors cadre légal
1,5
1,4
Total
4,5
7,8

Jeux vidéo

Nous ne mettons pas en doute qu’il y ait un nombre important de personnes concernées par ce phénomène mais nous constatons le peu de demandes d’aide concernant ces jeux (provenant d’ailleurs des parents dans le peu de cas recensés).
En conclusion, le montant colossal des dettes contractées par les joueurs n’a pu échapper au lecteur, ni sans qu’il soit besoin de le commenter, l’impact qui en découle sur l’entourage familial au quotidien.
Les financements des structures associatives d’aide aux joueurs et celui des recherches menées sur le jeu pathologique dans les structures hospitalières ou par des chercheurs indépendants sont en question. Pour l’instant, comme dans bon nombre d’autres pays, il provient des opérateurs de jeu (comme c’est le cas pour SOS Joueurs depuis 2001).
Compte tenu de la gravité des conséquences sanitaires et sociales du jeu pathologique, nous sommes enclins à penser qu’il serait utile de créer une instance – indépendante – qui se verrait confier la mission de gérer les fonds émanant des opérateurs de jeu pour le traitement du jeu pathologique et sa prévention. Ces fonds pouvant, entre autres, être répartis entre les structures existantes et futures, actives sur ce terrain (comme les CSAPA, centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie) et financer les projets de recherche.

Armelle Achour

Secrétaire générale SOS Joueurs



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