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| Med Sci (Paris). 35(3): 216–221. doi: 10.1051/medsci/2019039.Voir ou sentir, l’histoire d’Astyanax
mexicanus Maryline Blin1 and Sylvie Rétaux1* 1Institut des neurosciences Paris-Saclay, UMR9197, CNRS et
université Paris-Sud, avenue de la Terrasse, 91198Gif-sur-Yvette,
France |
Nous republions cet article, déjà paru dans le numéro de janvier 2019, dans sa version
originale indemne d’erreurs d’édition et de formatage. Les animaux utilisent des systèmes sensoriels pour percevoir les informations et les
stimulations présentes dans leur environnement. Cette perception et son intégration par
le cerveau permettent d’adopter, en réponse, un comportement précis et opportun.
Cependant, on sait peu de choses comment ces systèmes sensoriels évoluent chez les
vertébrés, par exemple en réponse à des changements d’environnement ou de mode de
vie. Parmi les 200 espèces connues de poissons cavernicoles vivant dans l’obscurité totale et
permanente de lacs et rivières souterrains, Astyanax mexicanus en est
devenu l’« espèce modèle » : ces poissons n’ont ni yeux ni pigments, comme la majorité
des espèces troglomorphiques. Il s’agit du seul cas pour lequel des populations de
surface de la même espèce existent encore, ce qui permet d’explorer l’ensemble des
aspects biologiques associés à cette situation par des approches comparées entre les
deux morphotypes (Figure 1A).
Diverses études décrivent des traits « constructifs » censés fournir des compensations
sensorielles à la perte de vision dans l’obscurité et faciliter des comportements
essentiels tels que la recherche de nourriture ou les interactions sociales [1]. L’Astyanax
cavernicole s’avère ainsi un excellent modèle « évo-dévo » (évolution du développement),
pour la recherche des modifications du développement embryonnaire qui sous-tendent la
diversification des systèmes sensoriels à l’échelle micro-évolutive. Les divergences
phénotypiques entre les deux morphes ont dû essentiellement apparaître en réponse à des
différences d’environnement [2].
 | Figure 1.Astyanax mexicanus, morphologie et comportement olfactif.
A. Les deux morphotypes de l’espèce Astyanax
mexicanus. Vue de profil d’un adulte de surface (SF) à gauche
et d’un adulte cavernicole (CF) aveugle et dépigmenté à droite. Barre
d’échelle : 1,5 cm. B. Représentation
schématique du test de comportement olfactif mis au point au laboratoire. Le
test consiste à mettre 4 larves dans un aquarium en forme de U. De part et
d’autre de la séparation centrale, un flux d’eau et un flux d’odorant
arrivent en parallèle (flèches bleues). Les poissons nagent librement (les
lignes en pointillés bleus pour les SF et rouges pour les CF représentent
leur parcours). Afin de comparer les capacités olfactives des SF et des CF
aveugles, le test est effectué dans le noir et filmé en caméra infrarouge.
Il dure 7 minutes. Nous comptons toutes les 30 secondes le nombre de
poissons dans la zone odorante (en grisée sur le dessin) et calculons un
indice de préférence. C. Résultats de
comportement olfactif. Graphes représentant l’indice de préférence (en
ordonnée) en fonction du temps (en abscisse). Si cet indice est nul, les
poissons n’ont pas de préférence et l’on considère que l’odeur n’est pas
détectée ; s’il est négatif, l’odeur est détectée et considérée comme
répulsive ; s’il est positif l’odeur est détectée et attractive. Sur le
graphe bleu, les SF ont un indice de préférence autour de zéro pendant toute
la durée du test, nous en concluons qu’ils n’ont pas d’odorat. Sur le graphe
rouge, les CF ont un indice de préférence positif pendant plus de quatre
minutes consécutives (ils sont localisés dans la zone odorante), nous en
concluons qu’ils sentent l’odeur à la concentration donnée. Pour les deux
graphes, la flèche noire verticale indique l’ouverture du flux d’alanine à
10 -6 M. Les astérisques indiquent que la mesure est
statistiquement significative (test de Wilcoxon-Mann-Whitney1 [ Le
test de Wilcoxon-Mann-Whitney ou test de la somme des rangs de Wilcoxon
est un test statistique non paramétrique qui permet de tester
l’hypothèse selon laquelle la distribution des données est la même dans
deux groupes.]). Figure traduite et adaptée de [ 4]. |
Le comportement de recherche alimentaire des Astyanax de surface
(surface fish [SF]) est quasi-exclusivement guidé par la vision. En
revanche, l’observation des Astyanax cavernicoles
(cavefish [CF]) suggère qu’ils cherchent et détectent la nourriture
grâce à des capacités chimio-sensorielles très développées [3]. Nous nous sommes donc intéressés à l’évolution
de leur système olfactif. Pour mesurer les capacités olfactives des larves, nous avons développé un test
comportemental utilisant comme molécules odorantes des acides aminés, qui correspondent
aux produits de dégradation de la nourriture dans l’eau et sont donc des informations
olfactives appropriées pour les poissons (Figure
1B). Nous avons ainsi montré que les larves CF âgées d’un mois
sont capables de détecter des concentrations 100 000 fois plus faibles que les larves SF
(10-10 m en alanine pour les CF versus 10-5 M
pour les SF, Figure 1C) [4]. Cette différence de capacités olfactives entre
les deux morphes étant exceptionnelle, nous avons cherché à en comprendre l’origine en
comparant les mécanismes de développement de leur organe sensoriel externe, l’épithélium
olfactif. |
Évolution développementale L’épithélium olfactif (EO) des vertébrés, situé dans le nez, est tapissé de neurones
sensoriels exprimant des récepteurs reconnaissant les molécules odorantes [5] (→).
(→) Voir la Nouvelle de G. Leposez et G. Gheusi, m/s n° 8-9,
août-septembre 2011, page 687
Après stimulation des récepteurs par des molécules dissoutes dans l’eau, ces neurones
transmettent l’information sensorielle vers les bulbes olfactifs et le cerveau. Au cours du développement, l’EO dérive d’un épaississement appelé placode (entourant
le futur cerveau), qui se forme très précocement à la fin de la gastrulation (10
heures post-fertilisation chez Astyanax), et qui génère les organes
sensoriels de la tête, dont l’EO et le cristallin de l’œil [6]. À ces stades embryonnaires, chez les CF, des
modifications d’expression de molécules de signalisation dites « morphogènes » qui
contrôlent la croissance et la formation des tissus contribuent à des changements
dans la régionalisation de la placode par rapport aux embryons de SF : la placode
olfactive présomptive du CF est plus grande que celle du SF au même stade, au
détriment de la placode du cristallin qui est plus petite que celle du SF
(Figure 2A). Il se
produit donc une sorte d’échange (ou « trade-off » développemental)
entre les territoires embryonnaires destinés à former les organes sensoriels visuels
ou olfactifs, selon le morphotype d’Astyanax [4]. Pendant la suite du développement, entre 1 jour et 2 mois,
l’EO est toujours significativement plus grand chez le CF que chez le SF [4, 7] (Figure 2B et
C). L’ensemble de ces données
indique que le CF possède un épithélium olfactif de plus grande taille, donc plus de
neurones olfactifs que le SF, et que la spécialisation olfactive des
Astyanax cavernicoles résulte en partie au moins d’un phénomène
d’évolution développementale très précoce.
 | Figure 2.Développement et composition neuronale de l’épithélium
olfactif. A-B-C. Développement comparatif des
poissons cavernicoles (CF) et de surface (SF). Dans les trois schémas,
la moitié de gauche représente un individu SF, celle de droite un
individu CF. Le code couleur permet le suivi des tissus et organes au
cours du développement. A.Schéma d’une vue dorsale de la future tête d’un embryon de 10
heures post-fécondation (hpf). Des modifications d’expression des
facteurs morphogènes Shh ( Sonic hedgehog, vert), Fgf8
( Fibroblast growth factor 8, orange), Bmp4
( Bone morphogenetic protein 4, jaune) contribuent à
modifier la régionalisation de la placode. Chez le CF (moitié droite),
la placode olfactive (en magenta) est plus grande, aux dépends de celle
du cristallin (en bleu) qui est plus petite.
B. Schéma d’une vue dorsale de la tête
d’une larve de 36 hpf. L’épithélium olfactif (EO) en développement
(magenta) est plus grand chez le CF alors que l’œil en début de
dégénérescence (rétine et cristallin) est plus petit.
C.Schéma d’une vue dorsale de la tête d’un alevin de 21 jours
post-fécondation (dpf). L’EO est connecté au bulbe olfactif par le nerf
olfactif composé des prolongements axonaux des neurones olfactifs. L’EO
du CF (ainsi que ses bulbes olfactifs) est plus grand que l’EO de SF.
Barres d’échelle = 100 µm. D.Relation entre la morphologie et le comportement. La taille de
l’EO et de l’œil des SF âgés d’un mois est considérée comme « normale »
et sert de référence pour les comparaisons. Les hybrides sont la
progéniture d’un croisement SF et CF, ils possèdent un œil plus petit et
un OE plus grand que ceux des SF, mais un odorat moins développé (seuil
de détection de l’alanine : 10 -4 M). Les
SF-dark sont élevés dans le noir depuis le stade
une cellule, leur œil et EO sont inchangés en taille, mais ils ont un
meilleur odorat que les SF témoins. Les SF-2 mois sont plus grands car
plus vieux et ont un grand EO (chez les poissons, la croissance est
continue avec l’âge), mais leur odorat n’est pas meilleur qu’à un mois.
E.Agrandissement en fausse perspective de la vue dorsale de l’EO de
CF de 21 jours post-fécondation (dpf). À ce stade de développement, l’EO
a une forme de coupelle, il est principalement constitué de neurones
dont les cils et microvillosités tapissent la surface intérieure, en
contact avec le milieu extérieur. Les 3 types de neurones olfactifs sont
représentés. Les marqueurs utilisés pour les identifier sont OMP
( olfactory marker protein), S100 (une famille de
protéines qui possèdent un domaine de liaison au calcium) et TRPC2
( transient receptor potential cation channel, subfamily C,
member 2). F. Marquage des
neurones à microvillosités. Photos d’EO d’alevins SF et CF de 21 jours
prises au microscope confocal. Le marquage violet est une
contre-coloration nucléaire. Le marquage vert identifie les neurones à
microvillosités par immunofluorescence dirigée contre la protéine TRPC2.
G. Quantification. Les graphes
montrent la quantification de la densité de neurones (en ordonnée,
nombre de neurones par 10 5 µm 3 d’EO) en fonction
des stades et des morphotypes, avec code couleur : bleu, SF ; rouge, CF.
Les astérisques indiquent une différence statistiquement significative
(test de Wilcoxon-Mann-Whitney). Figure traduite et adaptée de [ 6]. |
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Plasticité développementale La différence de taille de l’EO peut-elle, à elle seule, expliquer la différence
majeure de capacités olfactives entre les deux morphes d’Astyanax ?
Pour répondre à cette question, nous avons réalisé des expériences de
comportement. Les alevins SF âgés de 2 mois, qui possèdent un EO proportionnellement plus grand que
ceux d’un mois, ont le même seuil de détection pour l’alanine. Les hybrides d’1 mois
issus de croisements entre un poisson SF et un poisson CF, bien que possédant de
plus grands EO que les CF, ont des capacités olfactives encore moins bonnes que
celles des SF (Figure 2D). Il
semble donc que 1) la taille de l’EO n’est pas strictement corrélée aux capacités
olfactives, 2) les compétences olfactives correspondent à un trait génétique
récessif ou complexe. Nous avons donc envisagé un autre mécanisme possible : la
plasticité développementale dépendante de l’environnement. Nous avons élevé des SF dans l’obscurité complète permanente
(SF-Dark), et nous avons comparé leurs capacités olfactives à
celles de SF élevés normalement, à la lumière (SF-Lux). Les larves
SF-Dark ont une plus grande capacité olfactive que les
SF-Lux, et ceci bien que leurs EO soient de même taille
(Figure 2D). Ce
résultat confirme que la taille de l’EO n’est pas strictement prédictive de la
performance olfactive. Il montre aussi que des processus développementaux qui
dépendent de la fonction visuelle sont susceptibles de moduler les compétences
olfactives chez Astyanax mexicanus. Il existe donc une plasticité
phénotypique fonctionnelle entre les modalités sensorielles olfactive et visuelle,
qui peut contribuer à l’excellent odorat des Astyanax
cavernicoles. |
Neurogenèse et types neuronaux L’EO des poissons contient trois grands types de neurones sensoriels olfactifs (NSO),
qui se distinguent par leur morphologie, leur localisation dans l’EO, et les
familles de récepteurs olfactifs qu’ils expriment : les neurones ciliés, à
microvillosités, et de crypte (Figure
2E). Toute modification dans la quantité ou la qualité de
ces neurones est donc susceptible d’engendrer des variations de capacités
sensorielles. Nous nous sommes donc intéressés au contrôle de la neurogenèse dans
l’EO des deux morphes d’Astyanax. La taille de l’EO des CF étant supérieure à celle de l’EO des SF, toutes les données
ont été normalisées et exprimées en densité par unité de volume. Nous avons
découvert que chez les deux morphes 1) la densité des progéniteurs neuronaux dans
l’EO est identique, 2) leurs propriétés prolifératives en termes de durée du cycle
cellulaire et de taux de réinitialisation d’un cycle cellulaire après génération
d’un neurone sont les mêmes, 3) la chronologie d’apparition des trois types de NSO
pendant le développement larvaire est la même, et 4) la durée de vie des neurones
olfactifs qui se renouvellent tout au long de la vie comme chez tous les vertébrés
est identique, et d’environ cinq semaines. En somme, les grands évènements
cellulaires qui ont lieu au cours de la vie des neurones olfactifs sont identiques
dans les EO de SF et CF. En revanche, les proportions des trois types de NSO diffèrent entre les deux morphes.
À trois jours, la densité de neurones ciliés est plus élevée chez le SF. Nous
n’avons pu quantifier les neurones ciliés à trois semaines car ils sont en quantité
trop importante (représentant 90 % des neurones de l’EO) pour être comptabilisés à
ce stade, ce qui nous empêche de conclure sur la persistance de la différence au
cours du développement. Par contre, la densité de neurones à microvillosités est
plus élevée chez CF à 3 jours et à 3 semaines (Figure 2F et G).
Enfin, les densités des neurones de crypte sont identiques aux deux stades étudiés
(Figure 2G). Ces
résultats de neuroanatomie développementale montrent qu’il existe une différence
SF/CF dans les proportions de NSO à microvillosités, et il est possible que
l’augmentation de ce type neuronal chez le CF se fasse au détriment des neurones
ciliés. Or, chez d’autres espèces de poissons comme le poisson zèbre, la truite ou
le poisson rouge, les neurones à microvillosités sont activés par les odeurs
alimentaires telles que les acides aminés [8]. Une telle différence dans la composition neuronale des EO
des deux morphes d’Astyanax est donc également susceptible
d’expliquer en partie leur différence de réponses comportementales aux acides
aminés. |
L’ensemble de ce travail nous permet de proposer différents mécanismes ou composantes
impliqués dans l’évolution du système olfactif des Astyanax
cavernicoles - et par là même d’envisager de façon plus générale les mécanismes
d’évolution des systèmes sensoriels chez les animaux. 1. L’évolution développementale du contrôle de la taille de l’organe
olfactif due à des phénomènes embryonnaires précoces qui régulent de façon concertée
l’importance des dérivés sensoriels visuels et olfactifs au niveau de la placode. Un
tel compromis développemental (ou trade-off) suggère que les yeux
des poissons cavernicoles pourraient avoir été perdus suite à un phénomène de
sélection indirecte : c’est l’augmentation de la spécialisation olfactive qui serait
avantageuse et sélectionnée, et entraînerait, indirectement, la diminution de taille
et la perte des yeux. 2. La plasticité phénotypique a pu être recrutée lorsque les ancêtres de
surface des populations actuelles ont initialement colonisé les grottes il y a
20 000 ans [9]. Cette
composante de plasticité développementale a sans doute été cruciale pour leur survie
en conditions extrêmes, et les allèles la favorisant ont peut-être été sélectionnés
et génétiquement assimilés dans la population cavernicole. 3. L’évolution de la composition neuronale des EO. L’origine,
probablement développementale, de la plus grande densité en neurones à
microvillosités chez les CF, reste à déterminer. L’évolution prend-t-elle toujours le même chemin ? Il existe au Mexique différentes
populations cavernicoles d’Astyanax mexicanus vivant dans des
grottes dont l’environnement et les conditions écologiques sont variables. Nous
testons actuellement in situ, dans différentes grottes, les
capacités olfactives de populations d’Astyanax cavernicoles
sauvages1, [3]. Les résultats seront à analyser aux regard des données de génomique
comparée et de génétique des populations (mutations différentes apparues et/ou
fixées dans différentes grottes ?) et de ce que nous connaissons sur l’environnement
spécifique dans ces différentes grottes (apport en énergie, conditions de
croissance), afin d’obtenir une vision intégrée de l’évolution et de l’adaptation
des systèmes sensoriels des Astyanax cavernicoles [10]. |
Les auteures déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les
données publiées dans cet article.
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