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Med Sci (Paris). 35(3): 236–243. doi: 10.1051/medsci/2019036.Les modèles animaux d’étude de
l’autisme Le modèle « valproate » 1Institut des neurosciences cellulaires et intégratives (INCI),
associé à l’Université Louis Pasteur, 5, rue Blaise Pascal, 67000Strasbourg,
France Corresponding author. | |||||||||||||||||||||||||||
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Les troubles du spectre autistique Les premières descriptions cliniques de l’autisme par Léo Kanner, remontent aux
années 1940 [1] ; il
parle alors de « troubles autistiques du contact affectif » ; les symptômes
majeurs étaient l’extrême isolation de soi et une farouche résistance à tout
changement. L’autisme a été alors rattaché à la schizophrénie infantile,
jusqu’aux années 1970-1980, date à laquelle ces deux pathologies ont été
clairement séparées [2].
La classification moderne de l’autisme apparaît en 1979 à la suite d’une étude
épidémiologique menée sur une population d’enfants autistes par Wing et Gould
[3]. Il en est
ressorti que tous partageaient une triade de déficiences caractérisée par des
troubles des interactions sociales, de la communication, des comportements
stéréotypés et des centres d’intérêt restreints. Après cette étude, le DSM-III
(diagnostic and statistical manual, troisième édition)
[4] introduit le
terme de trouble envahissant du développement (TED), mettant en valeur la nature
développementale de ce groupe de troubles, le différenciant ainsi du groupe des
états psychopathologiques (comme la schizophrénie ou les troubles
maniaco-dépressifs). L’étude de l’ensemble des TED a ainsi permis d’établir un
degré de sévérité de l’autisme, associé ou non à un retard mental, en y incluant
les enfants atteints du syndrome d’Asperger1. Cependant, en 2013, cette classification change, selon la
cinquième édition du DSM (DSM-V) [5] : on ne parle plus alors de TED mais de troubles du
spectre autistique (TSA). Le diagnostic est alors établi selon deux critères
uniques : des altérations des comportements socio-communicatifs et la présence
de centres d’intérêts restreints accompagnés d’activités stéréotypées associées
à des anomalies dans le traitement des informations sensorielles. Les symptômes
doivent être présents dès la petite enfance, mais ils peuvent également se
manifester lorsque, pour l’enfant, la demande sociale excède ses limites de
compétences. Les symptômes doivent également limiter et handicaper la vie au
quotidien. Avec le DMS-V, sont également évalués le besoin d’accompagnement, la
présence d’un déficit intellectuel et de désordres neurologiques associés
(troubles du langage, de l’humeur, du sommeil, épilepsie, etc.).Étiologie de l’autisme L’autisme est une pathologie neuro-développementale ayant des conséquences
psychologiques graves. Le comportement maternel ou paternel n’est pas
responsable de l’autisme de l’enfant, son origine est fortement liée à des
facteurs génétiques ainsi que d’autres facteurs de risques environnementaux
[6-8]. L’étiologie de l’autisme reste
actuellement extrêmement complexe et incomprise. Dans 5 à 10 % des cas, il
existe une comorbidité associée à une autre pathologie, telle que le syndrome de
Down ou de l’X fragile. On parle alors d’autisme syndromique. Mais pour la
grande majorité des cas, il n’est pas possible d’en identifier clairement les
origines et on parle alors d’autisme non syndromique [9].L’implication de facteurs purement génétiques a été démontrée par la comparaison du taux de transmission des TSA chez des jumeaux homozygotes et dizygotes. Les gènes en cause actuellement répertoriés codent, entre autres, des protéines impliquées directement et indirectement dans la transmission synaptique et le développement neuronal [6]. Si ces causes génétiques semblent difficilement expliquer à elles seules la survenue des TSA chez l’enfant, il semblerait que celle-ci soit due à une prédisposition génétique, associée à des facteurs environnementaux touchant la mère lors de sa grossesse. Parmi ces facteurs environnementaux, on peut citer les métaux lourds, les pesticides et des composés organiques volatiles. D’autres facteurs, tels que le stress maternel et certaines substances pharmacologiques, comme le valproate de sodium (VPA), prescrites pendant la grossesse, sont également des facteurs de risque [7-9]. Neuropathologie de l’autisme L’autisme est lié à un développement anormal du cerveau qui conduit à une
mosaïque de manifestations comportementales inadaptées. On peut penser que, soit
l’ensemble du développement du cerveau est perturbé de la vie fœtale à
l’adolescence, soit que ce sont uniquement certaines zones du cerveau dont le
développement est affecté. Ces perturbations conduiront par la suite, selon les
cas, à une altération en cascade du développement et du fonctionnement d’autres
structures qui sont interconnectées.Une modification de la croissance du cerveau a été rapportée chez les patients autistes avec une période de croissance plus importante chez les patients entre 2 et 4 ans, suivie d’une croissance normale ou réduite, conduisant, à l’âge adulte, à un cerveau de volume normal ou plus petit [10]. Parmi les structures qui présentent une atrophie, on trouve ainsi, entre autres, l’amygdale (en relation avec l’anxiété) [11] et le striatum (en relation avec les stéréotypies) [12]. Les études post-mortem réalisées sur les cerveaux de patients autistes suggèrent qu’il existe une dérégulation du développement cortical conduisant, par exemple, à une réduction de la taille et du nombre de neurones pyramidaux ainsi qu’à une lamination2 irrégulière. Ces observations peuvent rendre compte des déficits dans les interactions sociales, des problèmes dans la genèse et l’intégration des émotions, ainsi que d’une sensorialité anormale que l’on observe chez les patients souffrant de TSA [13]. Un développement anormal du cervelet, souvent associé à une perte de cellules de Purkinje3,, est également fréquemment décrit. Le cervelet étant impliqué dans l’apprentissage moteur et la coordination motrice, cela peut rendre compte de certains déficits moteurs observés chez certains patients autistes. De plus, le cervelet étant également impliqué dans la perception de l’environnement, son dysfonctionnement pourrait être à l’origine de certains comportements autistiques. Certains auteurs proposent également que le cervelet pourrait guider la maturation de certaines structures cérébrales et influencer le développement cognitif [13, 14]. D’un point de vue fonctionnel, les études d’imagerie montrent à la fois des zones cérébrales hyper-connectées et hypo-connectées [15]. Toutes ces informations provenant des études menées chez l’homme sont à la fois complexes et difficiles à interpréter. Elles ont été réalisées sur un nombre restreint d’individus dont l’âge est un critère à prendre en compte. Aussi, pour tenter de mieux comprendre les anomalies neuro-développementales responsables des comportements autistiques, des modèles animaux, qui reproduisent certains d’entre eux, ont été développés. | |||||||||||||||||||||||||||
Quelle que soit l’espèce animale, un modèle d’étude de l’autisme doit répondre à certaines conditions majeures pour sa validation : (1) avoir la même étiologie (validité de construction) ; (2) avoir les mêmes symptômes (isomorphie des symptômes) ; et (3) répondre de la même manière que l’humain aux traitements existants (validité prédictive). Cependant, l’étiologie de l’autisme est encore mal connue, et, en l’absence de traitement efficace sur l’ensemble des patients, la validité d’un modèle animal dans ces conditions se fonde, en général, sur l’isomorphie symptomatologique. Ces modèles doivent donc présenter les deux critères de diagnostic de l’autisme : un déficit d’interactions sociales et de communication, ainsi que la présence de comportements stéréotypés. Parmi les modèles fréquemment utilisés, on retrouve des modèles de souris transgéniques chez lesquelles sont mutés ou invalidés différents gènes connus pour être impliqués dans la pathologie chez l’homme (mutations TS1/TS2 du gène codant un canal calcique de type L, responsables du syndrome de Timothy, FMR1 [fragile X mental retardation 1], SHANK3 [SH3 and multiple ankyrin repeat domains], etc.) (validité de construction et isomorphisme des symptômes). Des modèles de rongeurs obtenus par exposition in utero à des facteurs à risques, tels que certains polluants, des perturbateurs endocriniens, une dérégulation immunitaire, le stress maternel et des substances pharmacologiques sont également disponibles [16] (isomorphie des symptômes). L’un des modèles de rongeurs les plus couramment utilisés, et que nous allons décrire, reste le modèle valproate (ou modèle VPA). Il présente à la fois une validité de construction, un isomorphisme des symptômes et une certaine validité prédictive. | |||||||||||||||||||||||||||
Un modèle fondé sur des observations cliniques Le valproate de sodium (VPA) est un anti-épileptique largement prescrit car il
permet de traiter certains types d’épilepsies résistantes aux autres types de
médications. L’utilisation de VPA pendant le premier trimestre de grossesse est
cependant associée non seulement à des malformations infantiles, mais il
augmente également d’un facteur 4 le risque d’avoir un enfant autiste. Le lien
entre utilisation de VPA pendant la grossesse et autisme a été clairement
démontré en 2013 [17].
Cet effet serait lié à l’action tératogène du VPA, notamment mais pas seulement,
lors de la période de fermeture du tube neural du fœtus.À la suite de ces observations chez l’homme [18], dès 1996, des études ont été menées afin d’évaluer l’effet de l’injection par voie intrapéritonéale de VPA (Figure 1A) chez le rat ou la souris après 12-13 jours de gestation (période correspondant à la fermeture du tube neural chez le rongeur), et dès 2005, il fut montré que cette exposition prénatale au VPA induisait des comportements autistiques sur la descendance [19].
Le modèle VPA : isomorphisme des symptômes Chez les rongeurs, l’exposition prénatale au VPA induit des déficits
d’interactions sociales directes et indirectes (interactions entre individus,
préférence sociale) - un exemple illustrant les effets du VPA sur la préférence
sociale est présenté dans la Figure
1B -, de communications (anomalies de vocalisations),
une inflexibilité cognitive (réponse à la nouveauté) et des mouvements
stéréotypés (toilettages, ébrouements, enfouissements, etc.) - un exemple des
effets du VPA sur les comportements d’enfouissement des souris traitées au VPA
est illustré Figure 1B -,
qui sont à l’image des TSA chez l’homme [19, 20].
Certaines pathologies régulièrement associées aux TSA, comme un retard de
développement (apprentissage de la marche et du langage), des déficits moteurs
(mauvaise coordination motrice, problèmes de démarche, dyspraxie, etc.), une
altération de l’intégration sensorielle (mauvaise transformation des sensations
en perception), des perturbations du sommeil, et une dérégulation du système
neuro-immunitaire sont également décrits dans le modèle VPA de rongeurs. Elles
se caractérisent par un retard de croissance (déficit pondéral, une ouverture
des yeux plus tardive), un retard dans le développement de la discrimination
olfactive et une mauvaise discrimination olfactive, une mauvaise coordination
motrice, une sensibilité à la douleur altérée, une amplification des peurs, une
perturbation de l’architecture du sommeil, et une dérégulation du système
immunitaire [19-21].Validité prédictive du modèle VPA Chez les patients autistes, une thérapie comportementale précoce associée à des
sollicitations sensorielles et motrices permet d’atténuer les TSA. Plusieurs
études réalisées chez les rongeurs traités au VPA et élevés après la naissance
dans un environnement enrichi, soumis à des stimulations multisensorielles, ont
montré une réduction des comportements stéréotypés, de l’hyperactivité et de
l’anxiété et une amélioration des comportements sociaux [22].Mécanismes d’action du VPA Bien qu’une association entre VPA et survenue de TSA ait été montrée, les
mécanismes par lesquels l’exposition au VPA pendant la gestation induit des
comportements de types autistiques chez l’homme et les rongeurs ne se sont pas
totalement connus. Le VPA est un inhibiteur des histone désacétylases (HDAC). Il
est donc susceptible de perturber la modulation de la transcription de certains
gènes et plusieurs études ont montré que le VPA pouvait, par cette voie, induire
des comportements de types autistiques chez la souris. En effet une
hyper-acétylation transitoire des histones H3 et H4, induite par le VPA, est
associée aux comportements « autistiques » apparaissant après la naissance. En
revanche, l’exposition in utero au valpromide, un analogue du
VPA dépourvu d’effet inhibiteur sur les HDAC, ne présente pas d’effet [23]. Chez la souris, le
VPA et un inhibiteur des HDAC agissent sur la transcription de gènes codant des
protéines impliquées dans la synaptogenèse, comme SHANK1 et 3, ou les
Neuroligines [19]. Chez l’homme, des
mutations de ces gènes sont à l’origine de TSA [24]. Le VPA, par son action sur les HDAC,
pourrait donc également être à l’origine des altérations neuroimmunes qui sont
retrouvées chez certains patients autistes [21]. Une inhibition des HDAC, pendant une période critique du
développement embryonnaire du cerveau, apparaît donc contribuer à l’étiologie de
l’autisme. On ne peut cependant exclure que d’autres mécanisme d’action du VPA
au cours de la période prénatale peuvent être à l’origine des comportements de
type autistique observés chez les rongeurs. À noter que le VPA a un impact,
indirect ou direct, sur le fonctionnement de voie de signalisation impliquées
dans la différenciation et le développement neuronal, l’établissement des
réseaux neuronaux, et dans la synthèse et la dégradation du GABA, le principal
neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux [20]. | |||||||||||||||||||||||||||
VPA et altérations neuroanatomiques Les études neuroanatomiques réalisées chez les rongeurs modèles de l’autisme ont
permis de confirmer et de préciser des observations obtenues chez l’homme. Des
régions, comme le néocortex et le système limbique, sont altérées chez les
animaux traités avant la naissance par le VPA. La morphologie de certains
neurones du cortex, de l’hippocampe, de l’amygdale, du striatum et du cervelet
est également modifiée [16,20]. Le lien entre ces multiples anomalies
neuroanatomiques observées chez ces animaux et la mosaïque de comportements de «
type autistiques » que l’on identifie et leurs équivalents chez les personnes
autistes reste cependant à déterminer. Les régions du cerveau touchées par le
VPA chez les rongeurs sont également sources d’altérations chez l’homme, comme
le cortex somato-sensoriel, impliqué dans le traitement des informations
sociales, le cortex préfrontal, dans la planification et la coordination des
activités, et le cervelet, dans l’apprentissage et la coordination motrice et
les processus cognitifs et psychoaffectifs [20]. Un bon nombre de ces fonctions sont altérées chez les patients
autistes.Autisme, dimorphisme sexuel et modèle VPA Chez l’homme, les TSA sont plus fréquents chez les garçons que chez les filles
(dans un rapport de 4 garçons pour 1 fille). La prévalence de l’autisme chez les
enfants qui ont été exposés au VPA durant la grossesse est pourtant identique
chez les filles et chez les garçons. Chez les rongeurs exposés au VPA durant la
gestation, des phénotypes de type autistique sont retrouvés aussi bien chez les
mâles que chez les femelles. Plusieurs études récentes montrent cependant que
chez les rongeurs traités au VPA, certaines structures du cerveau ne sont pas
altérées chez les femelles et certaines anomalies comportementales sont plus
prononcées chez les mâles que chez les femelles [20]. Notre équipe [25] et une autre équipe [26] ont montré que la perte des cellules de Purkinje du
cervelet est beaucoup plus importante chez les souris mâles traitées que chez
les femelles. Une comparaison des effets de l’exposition prénatale au VPA chez
les rongeurs mâles et femelles devrait donc être une source d’informations
importantes concernant les mécanismes qui sous-tendent les TSA.Théories sur l’origine des TSA et modèles VPA Plusieurs théories existent pour expliquer les origines des TSA. Deux d’entre
elles ont été établies en partie sur la base des observations faites à partir
des modèles de rongeurs VPA. L’une concerne une dérégulation de la balance
excitation/inhibition dans les réseaux neuronaux, l’autre est celle du
monde intense fondée sur une extrême excitabilité et
plasticité des réseaux neuronaux.Autisme et balance excitation/inhibition De nombreuses observations ont conduit à l’idée que certains cas d’autisme
pourraient être dus à une augmentation du rapport excitation/inhibition dans
les structures qui contrôlent la sociabilité, les sensations, les émotions
et la mémoire [27,
28]. L’origine
d’un tel déséquilibre peut être multiple, comme la perte de neurones
inhibiteurs et une moindre efficacité de ces neurones à exercer leur effet
inhibiteur dans les réseaux neuronaux. Cette altération de leur efficacité
peut être induite par exemple par une concentration intracellulaire en ions
chlorures trop élevée. En effet, au cours de la maturation des neurones, la
concentration intracellulaire en ions chlorures (via
l’activité de transporteurs spécifiques) diminue. Le neurotransmetteur GABA,
qui influence la perméabilité membranaire aux ions chlorures, est ainsi
excitateur pour les neurones immatures et devient inhibiteur pour les
neurones matures [28]. La persistance
de neurones immatures (présentant donc une concentration intracellulaire
d’ions chlorures élevée) pour lesquels le GABA reste excitateur serait à
l’origine de certains TSA (Figure
2). Dans le modèle des rongeurs traités au VPA, ce
défaut de régulation de concentration intracellulaire en ions chlorures a
été mis en évidence dans l’hippocampe et dans le cervelet, deux structures
importantes dans le développement des TSA [29, 30].
Autisme et théorie du monde intense Des études réalisées sur de jeunes rongeurs exposés au VPA ont montré que
certaines structures du cerveau, comme le cortex somato-sensoriel, le cortex
préfrontal et l’amygdale, sont hyperconnectées, hyperactives et
hyperplastiques chez ces animaux. Ces observations ont conduit le groupe de
Markram [31] à
proposer que l’autisme était la conséquence d’un « syndrome du monde intense
». La présence de tels circuits neuronaux hyperfonctionnels, qui
deviendraient autonomes avec de grandes capacités de mémorisation,
conduirait à une perception, une attention et une mémoire exacerbées chez
les sujets autistes (Figure
3).
| |||||||||||||||||||||||||||
Les modèles de rongeurs VPA sont largement utilisés pour les études pré-cliniques de traitement des TSA. Certains composés rétablissent la balance excitation/inhibition. Le plus connu d’entre eux est le bumétanide, un antidiurétique qui permet de restaurer le gradient d’ions chlorures dans les neurones restés immatures et la fonction inhibitrice du GABA. Le bumétanide améliore non seulement les comportements autistiques chez les animaux traités au VPA, mais également chez les sujets autistes [32]. La nématine et l’agmatine, qui agissent sur le versant excitateur en bloquant les récepteurs NMDA (N-méthyl-D-aspartate) du glutamate, restaurent, quant à eux, les comportements sociaux et atténuent les stéréotypies chez les souris VPA. Les modèles VPA ont également confirmé les effets bénéfiques de l’ocytocine contre les TSA. Certains agents anti-oxydants et neuro-protecteurs sont également capables d’atténuer les comportements autistiques des souris traitées. Ils pourraient représenter des candidats potentiels afin d’atténuer les TSA chez l’homme [20]. | |||||||||||||||||||||||||||
Il convient tout d’abord de rester prudent quant à l’établissement d’une corrélation entre les TSA observés chez l’homme et les déficits d’interactions sociales et les stéréotypies induites par le VPA chez les rongeurs. Considérant la grande diversité des traits de la pathologie et de ses causes, le modèle des rongeurs traités au VPA pourrait ne rendre compte que des cas d’autisme induits par une exposition à des agents tératogènes, comme les inhibiteurs d’HDAC. L’impact de l’exposition au VPA chez les animaux femelles n’est pas clairement établi, et est encore le sujet de nombreuses controverses. Il est enfin surprenant que les comportements de type autistique observés chez les rongeurs résultent uniquement d’une exposition au VPA dans d’une fenêtre de temps de gestation très brève. | |||||||||||||||||||||||||||
Chez l’homme, le VPA, via son action tératogène, représente un facteur de risque dans l’autisme. Les modèles de rongeurs reposant sur une exposition prénatale au VPA sont actuellement les plus utilisés pour étudier les atteintes neurologiques et les mécanismes cellulaires pouvant être à l’origine des TSA. Pour l’autisme idiopathique, ces modèles, qui ont à la fois une validité de construction, un isomorphisme des symptômes et une validité prédictive, ont permis de caractériser certaines structures du cerveau et de mettre en évidence des dysfonctionnements à l’échelle cellulaire et moléculaire pouvant être à l’origine de la pathologie. Ces modèles ont ainsi conduit à proposer certaines théories sur les origines des TSA, permettant de suggérer des molécules comme possible traitement. Ainsi, les effets bénéfiques de certaines d’entre elles, comme le bumétanide et l’ocytocine, ont été validés chez l’homme pour le traitement de certains troubles du spectre autistique. Il est clair que, face à la grande diversité des TSA, il est nécessaire de développer et de valider de nombreux modèles animaux de l’autisme, dont le modèle VPA (notamment chez d’autres espèces animales que les rongeurs, en particulier le poisson zèbre), afin de mieux comprendre et de traiter cette pathologie neuro-développementale.
| |||||||||||||||||||||||||||
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article. | |||||||||||||||||||||||||||
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