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| Med Sci (Paris). 35(8-9): 643–650. doi: 10.1051/medsci/2019131.Les fonctions de l’innervation sympathique
artérielle Du développement à la pathologie Émilie Simonnet1 and Isabelle Brunet1* 1Centre Interdisciplinaire de Recherche en Biologie (CIRB),
Collège de France, Inserm U1050, CNRS UMR 7241, 11, place Marcelin Berthelot,
75005Paris,
France |
vignette (Photo © Inserm/UMR 970 - Marouane Kheloufi). Les artères de résistance1 sont innervées par les
neurones sympathiques post-ganglionnaires du système nerveux sympathique (SNS), qui fait
partie du système nerveux autonome. Cette innervation contrôle le flux sanguin en
réponse non consciente à toutes les situations nécessitant une adaptation de
l’organisme : exposition au froid, privation de nourriture, danger immédiat ou toute
forme de stress. Les neurones sympathiques dérivent des cellules de la crête neurale, et leurs
progéniteurs migrent le long de l’aorte. Ils acquièrent progressivement la capacité
d’exprimer des facteurs de transcription spécifiques nécessaires à la survie et à la
prolifération cellulaire, ainsi qu’à la différenciation noradrénergique, caractérisée
par l’expression des enzymes impliquées dans la chaîne de synthèse des catécholamines,
la dopamine β-hydroxylase et la tyrosine hydroxylase (TH) en particulier [1]. Une fois différenciés, les
neurones sympathiques s’agrègent et s’organisent en ganglions, formant deux paires de
chaînes ganglionnaires. Ils innerveront différents organes selon leur localisation
thoraco-lombaire (Figure 1). Ils
forment ainsi les ganglions cervicaux supérieurs (GCS), les ganglions stellaires (GS) et
les ganglions des chaînes para-vertébrales.
 | Figure 1.Le système nerveux sympathique innerve de nombreux organes,
dont les acteurs majeurs de la régulation de la pression
artérielle. Les neurones sympathiques sont des
dérivés de cellules de la crête neurale et leurs progéniteurs vont être
attirés le long de l’aorte par la chémokine SDF1 ( stromal
cell-derived factor 1) et la neuréguline-1 (de la famille des
facteurs de croissance épidermaux EGF [ 2, 3], dont l’expression est induite par
les BMP [ bone morphogenetic proteins]). Une fois
différenciés, les neurones sympathiques s’organisent en ganglions. Leur
désorganisation et la présence de neurones sympathiques ectopiques chez les
souris génétiquement inactivées pour la Neuropiline-1 suggèrent que cette
protéine est impliquée dans la migration des crêtes neurales et
l’organisation des ganglions sympathiques [ 4]. Le corps cellulaire des neurones
post-ganglionnaires est localisé dans les ganglions, et leur axone parcourt
un long chemin afin d’atteindre leurs cellules cibles qui sont le plus
souvent des cellules musculaires lisses dans différents organes, dont les
artères elles-mêmes. Le système nerveux sympathique innerve en particulier
trois acteurs majeurs de la régulation de la pression artérielle : le cœur,
les artères de résistance et le rein. Les cellules cibles du système nerveux
sympathique sont des cardiomyocytes pour le cœur, des cellules musculaires
lisses pour les artères de résistance et les artères rénales, et les
cellules de l’appareil juxtaglomérulaire rénal. GCS : ganglion cervical
supérieur. GS : ganglion stellaire. |
Dans cette revue, nous détaillerons comment un guidage spatio-temporel précis des axones
sympathiques permet la mise en place d’une innervation sympathique (IS) artérielle
fonctionnelle, dont le rôle physiologique n’est pas limité aux situations de stress
extrême. Nous montrerons que son impact peut également être important en contexte
pathologique, et que son étude pourrait ouvrir de nouvelles perspectives
thérapeutiques. |
Des ganglions sympathiques à la synaptogenèse Les axones sympathiques naviguent le long des artères vers leurs cellules
cibles Chaque ganglion envoie des fibres établissant des contacts avec des cellules
musculaires lisses (CML) dans différents organes (incluant le cœur, les autres
viscères et les artères), dont ils induisent ou renforcent la contraction [ 5] (Figure 1). Le facteur de
croissance NGF ( neural growth factor) exprimé par les cellules
cibles finales des axones sympathiques, est nécessaire à leur projection et à
leur survie [ 6]. Les
axones sympathiques naviguent dans l’organisme en suivant les artères, attirés
par les facteurs attracteurs qu’elles libèrent : l’artémine-3 (de la famille des
GDNF pour glial-derived neurotrophic
factor), la neurotrophine-3 (NT-3) et l’endothéline-3 (ET-3). Le
rôle de l’artémine dans le guidage des axones est confirmé par le
raccourcissement des fibres sympathiques issues des ganglions et leur guidage
incorrect chez les souris génétiquement inactivées pour le gène codant
l’artémine, ou pour les gènes codant des molécules de la famille du récepteur
tyrosine-kinase de l’artémine ( Ret) ou le récepteur alpha3 de
la famille des GDNF ( GFRalpha3) [ 7– 9]. De façon similaire, l’extension des axones le long des
artères est réduite chez les souris génétiquement inactivées pour la NT-3 [ 10]. Au niveau du cou, les neurones sympathiques issus du GCS exprimant EDNRA
(récepteur de type A d’ET-3) projettent leurs axones le long de l’artère
carotide externe (exprimant ET-3) tandis que les neurones sympathiques EDNRA –
issus de ce même ganglion – projettent leurs axones le long de l’artère carotide
interne (n’exprimant pas ET-3) [11]. Le guidage des axones sympathiques est donc subtil et
indique une différenciation par sous-type pour innerver spécifiquement et avec
une densité appropriée les différents organes. Le cœur constitue un cas particulier, puisque les axones sympathiques suivent
initialement les veines, qui expriment transitoirement du NGF2, avant d’innerver le tissu cardiaque et les artères
coronaires [12]. L’innervation artérielle proprement dite Alors que l’IS des organes est établie ou en cours à la naissance [ 5], celle des artères est initiée au jour
post-natal 2 (P2) chez la souris. Le guidage des axones sympathiques vers les
artères s’effectue sous le contrôle de la molécule de guidage Nétrine-1,
identifiée comme le facteur attracteur libéré par les CML des artères de
résistance, à partir de P2 et jusqu’à l’âge adulte [ 13]. Ainsi, les souris génétiquement
inactivées pour la Nétrine-1 spécifiquement dans les CML
( Nétrine-1SMC-KO) présentent une diminution
significative et spécifique de l’IS des artères de résistance [ 13]. La délétion du gène codant le
récepteur DCC ( deleted in colorectal cancer) spécifiquement
dans les neurones sympathiques induit une perte d’IS artérielle similaire à
celle observée chez les souris Nétrine-1SMC-KO
, démontrant que la Nétrine-1 interagit avec le récepteur DCC pour
attirer les fibres sympathiques [ 13]. La
densité d’IS augmente progressivement, jusqu’à atteindre le niveau observé chez
l’adulte, à P10, de façon contemporaine à la maturation de l’artère
(Figure 2). Chez
le rat, une sympathectomie à la naissance ou à l’âge adulte induit
respectivement une réduction de l’expression de protéines contractiles par les
CML et leur dédifférenciation [ 14]. Les souris VEGF ∂/∂, produisant des niveaux
sub-normaux de VEGF ( vascular endothelial growth factor),
présentent une dédifférenciation des CML, imputée à l’altération de l’IS
consécutive à la réduction de la production de VEGF [ 15]. Ces résultats montrent que l’IS est
impliquée dans l’acquisition et le maintien du phénotype contractile des CML.
Plus récemment, une étude fondée sur des greffes caille-poulet a indiqué que la
libération de catécholamines par les nerfs sympathiques (NS) participe au
maintien de l’identité artérielle des vaisseaux [ 16].
 | Figure 2. L’innervation sympathique se met en place pendant la
maturation artérielle. Entre le jour de la
naissance (P0) et le jour post-natal 10 (P10) chez la souris, les
artères acquièrent leur structure définitive et une innervation
sympathique fonctionnelle, similaire en densité à celle observée
chez l’adulte. À P0, les axones sympathiques sont organisés en
faisceaux alignés avec l’artère, dont la média est encore largement
incomplète. Deux jours plus tard (P2), les premières fibres
sympathiques viennent initier l’innervation en propre de l’artère.
Cette dernière possède désormais une couche complète de cellules
musculaires lisses, séparée de l’endothélium par la limitante
élastique interne. À P10, la densité d’innervation sympathique
artérielle est similaire à celle observée chez l’adulte.
L’innervation sympathique devient fonctionnelle avec l’établissement
des premières jonctions neurovasculaires. L’artère a acquis sa
structure définitive, avec un endothélium, une limitante élastique
interne, une média composée de 1 à 3 couches de cellules musculaires
lisses, une limitante élastique externe, et une adventice. P0 : jour
post-natal 0 (jour de la naissance) ; P2 : jour post-natal 2 ; P10 :
jour post-natal 10 ; CML : cellule musculaire lisse ; JNV : jonction
neurovasculaire. |
Synaptogenèse Les neurones sympathiques post-ganglionnaires établissent des synapses dites « en
passant » avec les CML artérielles. Ces jonctions neurovasculaires (JNV),
établies entre un neurone et une CML, ne possèdent pas de spécialisation
post-synaptique et l’axone développe de nombreuses varicosités 3 le long d’un neurite permettant la
libération « en passant » du neurotransmetteur durant la conduction de l’influx
nerveux [ 17]. Les
facteurs contrôlant la mise en place de ces synapses restent très peu connus. Il
est démontré que leur maintien requiert l’expression de VEGF, qui est un facteur
primordial du développement vasculaire. Des souris génétiquement modifiées pour
exprimer des niveaux réduits de VEGF ainsi que des souris traitées avec un
inhibiteur du VEGF, présentent un développement anormal des JNV (caractérisées
par une augmentation de l’espace synaptique et une réduction du nombre de
mitochondries), conduisant à un défaut de vasoconstriction [ 15]. Chez C. elegans, il a
plus récemment été mis en évidence que la nétrine-1 est impliquée dans
l’établissement des synapses en passant [ 18]. Cette hypothèse est valable pour la souris,
l’inactivation de la nétrine-1 induite à l’âge adulte, spécifiquement dans les
CML artérielles, entraînant une perte d’IS et de JNV, ainsi qu’une réduction de
la taille des JNV restantes [ 13]. Selon
les résultats acquis dans notre laboratoire, des facteurs répulsifs sont
exprimés de manière concomitante aux facteurs attracteurs, suggérant que ce
processus est finement régulé par une balance attraction/répulsion, à la
différence de nombreux autres systèmes impliquant un guidage axonal
dose-dépendant. Comment cette balance permet-elle la synaptogenèse ? Certaines
CML sont-elles « prédestinées » à recevoir un contact neuronal ? Peut-on parler
de « cartographie » des JNV ? Les NS ayant la capacité de se régénérer, la
persistance des acteurs de la synaptogenèse à l’âge adulte semble refléter la
plasticité de l’IS artérielle, lui permettant de s’adapter au mieux aux
contraintes environnementales. |
L’innervation sympathique, instrument clé de l’adaptation
cardiovasculaire Les artères de résistance ont un rôle fonctionnel crucial : elles régulent la
pression hydrostatique capillaire. Elles garantissent ainsi que le flux sanguin dans
les capillaires ne les endommage pas, soit compatible avec des échanges gazeux et
nutritionnels, et soit adapté aux contraintes physiologiques auxquelles sont
confrontés les tissus. Par exemple, un muscle en activité voit ses besoins
métaboliques augmentés, nécessitant une augmentation de perfusion, donc une
vasodilatation des artérioles. Au contraire, leur contraction limite l’afflux de
sang en aval, et participe au maintien du tonus vasculaire, directement impliqué
dans la régulation de la pression artérielle, en modulant les résistances
vasculaires périphériques. Bien que les vaisseaux sanguins soient capables d’auto-réguler en partie leur calibre
en réaction à l’intensité du flux sanguin [19], les NS contrôlent majoritairement la vasoconstriction des
artères de résistance, et sont donc des éléments clés de la réactivité
cardiovasculaire aux différentes situations nécessitant une adaptation. Ils sont
continuellement actifs, de telle sorte que tous les vaisseaux sanguins innervés
conservent un certain degré de contraction, ce qui indique que le SNS agit à tout
moment, et pas seulement en cas de stimulus extrême [20]. Pour induire la vasoconstriction des artères, les nerfs sympathiques libèrent de la
noradrénaline (NA) et, dans une moindre mesure, de l’ATP et du neuropeptide Y (NPY)
(Figure 3), la
co-transmission de ces 3 neurotransmetteurs étant maintenant démontrée [21]. La NA permettrait la
mobilisation du calcium endoplasmique à l’échelle de quelques secondes, ce qui est
nécessaire à la réalisation de la contraction [22], et agirait de façon concertée avec l’ATP
qui induit la dépolarisation de la CML en quelques millisecondes. Les CML étant
connectées par des jonctions de faible résistance appelées gap
junctions permettant la propagation électrotonique4 de l’activité d’une cellule à l’autre (on parle alors de
« syncytium fonctionnel »), l’activation des CML de la partie superficielle de la
média par les neurones sympathiques permet la contraction coordonnée de la portion
d’artère [23]
(Figure 3). La
vasodilatation est majoritairement due à l’endothélium via la
libération de monoxyde d’azote (NO), qui induit la relaxation des CML de la média
[24].
 | Figure 3.Les neurones sympathiques contrôlent la contraction des
cellules musculaires lisses artérielles. A.
Chaque fibre sympathique peut établir une synapse, ou jonction
neurovasculaire, avec plusieurs cellules musculaires lisses situées dans
la partie superficielle de la média. Les cellules musculaires lisses
sont reliées entre elles par des jonctions de faible résistance appelées
« jonctions gap» permettant la propagation électrotonique de l’influx
nerveux. B. Le neurone sympathique libère
majoritairement de la noradrénaline, mais aussi de l’ATP (adénosine
tri-phosphate) et du neuropeptide Y (NPY) dans l’espace jonctionnel. La
fixation de la noradrénaline aux récepteurs adrénergiques alpha-1 (et
dans une moindre mesure celle de l’ATP et du NPY aux récepteurs P2X1 et
Y 1 respectivement) induit la contraction de la cellule
musculaire lisse. Le potentiel d’action est transmis aux cellules
musculaires lisses voisines via des jonctions de faible résistance, les
gap junctions : elles se dépolarisent et se
contractent à leur tour. L’ensemble des cellules musculaires lisses dont
la contraction a été initiée par une seule et même synapse constitue un
syncytium fonctionnel. Le NPY peut participer directement à l’initiation
de la contraction ou moduler l’action de la noradrénaline. Son rôle a
longtemps été considéré comme anecdotique, mais il apparaît désormais
que son action peut être équivalente à celle de la NA dans les
situations de grand stress [ 23].
La noradrénaline et le NPY se lient également à des récepteurs
pré-jonctionnels, exprimés par le neurone (alpha-2 et Y 2
respectivement), permettant un rétrocontrôle négatif sur leur propre
libération dans l’espace synaptique. C.
Les jonctions neurovasculaires sont identifiables en microscopie
électronique à transmission. La terminaison axonale contient de
nombreuses vésicules, dont des vésicules adrénergiques reconnaissables à
leur cœur sombre, dense aux électrons (flèches rouges). La cellule
musculaire lisse présente une protrusion de sa membrane plasmique,
potentiellement témoin d’une contraction musculaire, et de nombreuses
vésicules d’endocytose, indiquant qu’une transmission synaptique a eu
lieu. Les jonctions neurovasculaires sont souvent riches en
mitochondries, en corrélation avec le métabolisme lié à l’acheminement,
la libération et la recapture des neurotransmetteurs. Barre d’échelle :
1 μmm sur l’image de gauche, 0,5 μmm sur l’image de droite. CML :
cellule musculaire lisse. JNV : jonction neurovasculaire. NA :
noradrénaline. ⍺ 1 : récepteur adrénergique alpha-1.
α 2 : récepteur adrénergique alpha-2. ATP : adénosine
tri-phosphate. P2X1 : récepteur de l’ATP. NPY : Neuropeptide Y.
Y 1 et Y 2 : récepteurs du NPY. NS : neurone
sympathique. m : mitochondrie. |
Les artères de résistance sont les vaisseaux pour lesquels l’impact fonctionnel de
l’IS est le plus important. Pourtant, les artères de plus gros calibre
(Figure 4) et les
artères cérébrales reçoivent également une IS, dont le rôle physiologique pose
question. Le SNS participant à l’acquisition du phénotype contractile des CML, et
son altération conduisant à une dédifférenciation des CML aortiques [25], cette IS pourrait avoir
un rôle structurant pour ces artères. Les fibres sympathiques pourraient également
libérer localement certaines molécules, comme le tpA (activateur tissulaire du
plasminogène, dont elles sont une source [26]) en cas d’accident vasculaire cérébral. Et si l’IS
artérielle n’a pas un rôle direct sur le degré de contraction des artères
cérébrales, au niveau du polygone de Willis (ce cercle artériel résultant de la
confluence des artères carotides et garantissant l’approvisionnement du cerveau en
sang même en cas de l’occlusion de l’une d’entre elles), elle se met en place à P2,
de la même façon que celle des autres artères de résistance [13]. Il est donc possible que l’afflux sanguin cérébral puisse
être partiellement contrôlé par le SNS, au niveau du polygone de Willis.
 | Figure 4. La densité d’innervation sympathique artérielle est
corrélée à la nécessité de contrôler le flux
sanguin. Le sang est conduit du cœur aux tissus
périphériques par les artères. Celles-ci sont constituées, de la lumière
vers l’extérieur : d’un endothélium, d’une limitante élastique interne,
d’une média, d’une limitante élastique externe et d’une adventice. Les
artères proches du cœur ont un diamètre important et une média épaisse,
riche en cellules musculaires lisses et en fibres élastiques, et sont
relativement peu innervées. Ces artères élastiques ont pour fonction
d’atténuer les variations de pression artérielle induites par les cycles
de contraction cardiaque. Au fur et à mesure que l’on se rapproche des
tissus périphériques, le diamètre des artères diminue, de même que
l’épaisseur de la média, qui ne contient que des cellules musculaires
lisses. Ces artères reçoivent une innervation sympathique dense, en lien
avec leur capacité de contraction leur permettant de contrôler le flux
sanguin parvenant aux capillaires perfusant les tissus. Le flux sanguin
et sa pression diminuent entre le cœur et les tissus, garantissant ainsi
les conditions optimales aux échanges gazeux et nutritionnels. |
|
Au cours du vieillissement On peut également s’interroger sur le rôle du SNS au cours du vieillissement, qui
induit des changements morphologiques et fonctionnels des tissus, y compris les
vaisseaux. Les CML artérielles subissent des modifications structurales du
cytosquelette, et nombre d’entre elles passent d’un phénotype contractile à un
phénotype prolifératif. Cela interfère avec la contraction musculaire artérielle,
prédispose à l’épaississement de la média et donc à l’artériosclérose [27]. Le vieillissement des
artères est également marqué par un état pro-inflammatoire, favorisant la migration,
la prolifération et la sénescence des CML [28], ainsi qu’une baisse de leur sensibilité à la stimulation
adrénergique [29]
(Figure 5).
 | Figure 5. Importance de l’innervation sympathique en situation
physiologique et en contexte pathologique. A.
Sur ces trois immunomarquages, les nerfs sympathiques sont marqués en
vert grâce à un anticorps anti-tyrosine hydroxylase, et les artères en
rouge grâce à un anticorps dirigé contre l’actine des cellules
musculaires lisses. Les images du cœur et du rein sont des
reconstructions en trois dimensions de chacun des organes préalablement
immunomarqués, transparisés et imagés avec un microscope à feuille de
lumière. Barre d’échelle : 1 mm pour le cœur, 200 mm pour le rein, 25 mm
pour l’artère. B. L’innervation
sympathique du cœur, du rein et des artères de résistance a un rôle
physiologique fondamental. L’innervation sympathique cardiaque participe
au contrôle du rythme et de la force de contraction cardiaques.
L’innervation sympathique artérielle participe à la régulation du tonus
vasculaire via la vasoconstriction des artères de résistance. Les nerfs
sympathiques rénaux innervent les cellules de l’appareil
juxta-glomérulaire et ont un impact direct sur le système
rénine-angiotensine-aldostérone. Le système nerveux sympathique
participe donc de manière intégrée à la réactivité du système
cardiovasculaire aux différentes situations nécessitant une adaptation
de la part de l’organisme. Au cours du vieillissement, les artères et le
cœur subissent des modifications structurales (modification du
cytosquelette et dédifférenciation des cellules musculaires lisses,
épaississement et rigidification de la paroi des artères, mort de
myocytes conduisant à l’hypertrophie du ventricule gauche par
compensation) conduisant à des altérations fonctionnelles (altération de
la réactivité vasculaire et de la fonction cardiaque). Ces modifications
sont observées en parallèle d’un déséquilibre de la balance
sympathique/parasympathique au niveau cardiaque, et d’une augmentation
du tonus sympathique périphérique. Le lien de causalité entre ces
différentes modifications structurales et fonctionnelles est encore loin
d’être pleinement compris, et constitue un champ d’investigation pour
les années à venir. De même, si une altération de l’innervation
sympathique a pu être identifiée comme une cause de certaines affections
(syndrome de Raynaud, hypotension orthostatique, hypertension
artérielle), son impact sur de nombreux processus pathologiques
(éclampsie, maladie artérielle périphérique, cancer) est encore loin
d’être élucidé, et pourrait constituer une piste prometteuse pour
élaborer de nouveaux outils diagnostiques, pronostiques et
thérapeutiques. |
Parallèlement à ces modifications, on observe une augmentation du tonus sympathique
artériel [29], qui pourrait être une
adaptation à la baisse de sensibilité des CML à la stimulation sympathique, et à
leur dédifférenciation. Cependant, il faut souligner qu’une stimulation sympathique
accrue risque d’induire une hausse du niveau de contraction moyen sur des artères
déjà plus épaisses et plus rigides, favorisant la survenue de maladies
cardiovasculaires, comme l’athérosclérose et l’hypertension, ou compliquant d’autres
processus déjà en cours. |
Quand l’équilibre est rompu… Une modification de l’activité sympathique pourrait donc être directement la cause
d’affections cardiovasculaires (Figure
5). L’une d’entre elles, dont la prévalence augmente continuellement, est l’hypertension
artérielle. Elle peut être secondaire à une atteinte cardiaque ou rénale, mais reste
idiopathique (hypertension artérielle essentielle) chez plus de 90 % des patients.
Le rat spontanément hypertendu (RSH) constitue un modèle de choix
pour l’étude de l’hypertension artérielle essentielle : son hypertension est
spontanée, à l’étiologie précise inconnue. Il présente une hyper-innervation
artérielle sympathique, corrélée à une augmentation du nombre de varicosités [30], et sa pression
artérielle est normalisée après dénervation par sympathectomie à la naissance [31]. L’association de ces
deux observations constitue un argument fort en faveur d’une composante sympathique
de l’hypertension du RSH. L’hyper-activité sympathique impacte également le rein par
sur-stimulation du système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA). Partant de ce
constat, plusieurs essais cliniques de dénervation rénale ont été réalisés sur
d’importantes cohortes de patients, dont les résultats sont pour l’instant
contrastés5. Les limitations majeures de
cette approche sont que l’on ignore l’efficacité avec laquelle les NS entourant
l’artère rénale sont détruits, et que, par leur aptitude à régénérer, ils vont
ré-innerver l’artère. Par ailleurs, ces traitements visent uniquement le SRAA et non
le niveau de résistance vasculaire périphérique, ce qui pourrait être une autre
explication à l’efficacité mitigée de ces protocoles. Lors de prééclampsie, qui est un cas particulier d’hypertension artérielle,
puisqu’elle se développe pendant la grossesse [34] (→), une hyper-activité sympathique pourrait également être mise en cause. Cette affection
est caractérisée par une vasoconstriction périphérique et une baisse de la
compliance artérielle [35].
Les artères utérines, initialement de résistance, deviennent plus larges et plus
compliantes lors de la mise en place du placenta. Ce processus est aberrant lors de
prééclampsie, et est souvent marqué par un défaut d’invasion des artères utérines
par les cellules cytotrophoblastiques de l’embryon, résultant en une conservation du
phénotype « de résistance » des artères utérines. Une hyper-activité sympathique
pourrait donc en favoriser la conservation, ou l’aggraver en cas de prééclampsie, et
être une cause directe de la vasoconstriction périphérique observée.
(→) Voir la Synthèse de C. Méhats et al.,
m/s n°12, décembre 2017, page 1079
Dans d’autres affections, la sur-activité sympathique n’est pas permanente, mais est
limitée aux situations particulièrement stressantes, nécessitant une adaptation
rapide du système cardiovasculaire (SCV). C’est le cas par exemple du syndrome de
Raynaud, caractérisé par des désordres vasospastiques induisant une décoloration des
extrémités lors de l’exposition au froid ou en cas de stress, associée à de la
douleur, parfois une paresthésie, plus rarement des ulcérations ou une gangrène
ischémique [36]. Une
augmentation de la vasoconstriction liée à une dérégulation de la libération des
neurotransmetteurs sympathiques a été établie dans ce syndrome [36]. Une hypo-activité sympathique peut également être à l’origine de troubles. Ainsi, une hypo-innervation artérielle consécutive à un défaut de guidage après
inactivation de la nétrine-1 dans les CML artérielles entraîne un défaut de
vasoconstriction lors d’une exposition au froid, ce qui démontre alors l’incapacité
du SCV à s’adapter à un stress environnemental [13]. L’hypotension orthostatique est un syndrome observé chez l’humain défini par une
chute de pression artérielle en position debout, induisant une hypoperfusion
cérébrale et les symptômes qui lui sont associés (vertige, nausée, maux de tête,
perte de conscience) [37].
L’une des causes principales de cette maladie est un défaut de vasoconstriction
consécutif à une atteinte sympathique [37]. D’une manière plus générale, l’impact de l’IS sur toute pathologie impliquant les
vaisseaux est encore peu connu et pourrait offrir de nouveaux points de vue sur ces
pathologies. Étant donné son impact sur la maturation et l’homéostasie artérielles, le SNS
pourrait avoir une certaine importance dans les maladies artérielles périphériques
(MAP) et l’ischémie. La MAP se caractérise par l’occlusion partielle ou totale des
vaisseaux des extrémités, ayant pour conséquence une réduction drastique du flux
sanguin vers les membres. Les options thérapeutiques sont à l’heure actuelle
limitées, et l’amputation est la seule option possible pour près de 30 % des
patients. Lors de MAP, ou d’ischémie moins sévère, la priorité est de rétablir la
vascularisation pour éviter la nécrose des tissus. Plusieurs études ont montré que
le SNS pouvait promouvoir la régénérescence vasculaire post-ischémique par
libération de catécholamines, mais aussi par activation de certaines chémokines
(CXCL12 [C-X-C motif chemokine ligand 12]), stimulant à leur tour
les cellules souches hématopoïétiques, et en modulant le niveau d’inflammation
[38]. Faciliter la
ré-innervation des artères lors de la revascularisation post-ischémique pourrait
ainsi réduire l’inflammation et accélérer la maturation des nouveaux vaisseaux. Enfin, on observe dans de nombreux cancers que les nerfs autonomes favorisent la
croissance tumorale et la dissémination métastatique en agissant à la fois sur les
cellules cancéreuses et leur micro-environnement [39]. Il faut distinguer ici l’innervation
sympathique tumorale dont l’effet peut être contrasté en fonction des cellules
cibles dans la tumeur, et l’innervation artérielle sympathique des artères
intra-tumorales. La densité d’innervation des vaisseaux tumoraux pourrait-elle faire
partie du pronostic associé à la tumeur ? Une étude a clairement démontré chez des
patients une corrélation entre le niveau d’innervation des artères intra-tumorales
et le pronostic associé, la sévérité des symptômes et la propagation métastatique
[40]. Une innervation
artérielle accrue6 serait dans ce contexte
bénéfique car elle limiterait l’apport en nutriments et oxygène vers la tumeur, et
le passage de cellules métastatiques dans la circulation. Ces éléments, s’ils ne
constituent pas de pistes thérapeutiques anti-cancéreuses en soi, pourraient être
intégrés à de nouvelles stratégies pour en maximiser les effets et le potentiel. |
Les fonctions du SNS à l’échelle de l’organisme dans l’adaptation à de nouveaux
contextes physiologiques et pathologiques ont longtemps été sous-estimées. L’intérêt
pour le SNS, et pour ses relations avec les grandes fonctions biologiques, en
particulier cardiovasculaire s’est accru ces dernières années. L’importance
développementale et fonctionnelle de ce dialogue neuro-vasculaire est de mieux en
mieux reconnue et décrite. Une meilleure compréhension de l’innervation sympathique
artérielle offrira sans aucun doute de nouvelles perspectives, notamment au cours du
vieillissement, ainsi que dans le traitement de nombreuses maladies
cardiovasculaires. |
Les auteures déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les
données publiées dans cet article.
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Footnotes |
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