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| Med Sci (Paris). 35: 29–35. doi: 10.1051/medsci/2019187.La kinésithérapie libérale face à la dystrophie
musculaire de Duchenne en Martinique Simon Tournier,1 Maël Cantacuzene,2 José-Luis Barnay,3 and Elisabeth Sarrazin2* 1Service de Chirurgie Pédiatrique, CHU Pointe à Pitre, Route de
Chauvel, BP
465, 97159Pointe à Pitre,
France 2Centre de Référence des Maladies rares neuromusculaires, AOC,
Hôpital Pierre Zobda, Quitman, niveau -1, BP 632, CHU
Martinique, 97200Fort de France,
France 3Service de Médecine Physique et Réadaptation, Hôpital Mangot
Vulcin, CHU Martinique, 97200Fort de France,
France MeSH keywords: Adulte, Compétence clinique, Niveau d'instruction, Femelle, Humains, Mâle, Martinique, Myopathie de Duchenne, Kinésithérapeutes, Techniques de physiothérapie, Pratique professionnelle, normes, statistiques et données numériques, épidémiologie, thérapie, classification |
La dystrophie musculaire de Duchenne (DMD) est une maladie rare dont la prévalence est
estimée entre 1-9/100 000. En Martinique, le diagnostic et le suivi des patients sont
effectués au CeRCa (Centre de Référence Caribéen des maladies rares neurologiques et
neuromusculaires), site constitutif du CRMR AOC (Centre de Référence des Maladies
neuromusculaires Atlantique Occitanie Caraïbe), situé au CHU de Martinique. C’est une maladie d’origine génétique, secondaire à une mutation survenant dans un gène
se situant sur le chromosome X et codant une protéine appelée dystrophine. Cette
protéine est présente dans de nombreuses cellules du corps humain en proportions
différentes. Dans les cellules musculaires, son absence entraîne une dégénérescence,
puis une perte de la fonction musculaire. Les principales complications décrites sont
orthopédiques, cardiaques, respiratoires, mais aussi cognitives et nutritionnelles. La
prise en charge de ces patients est donc pluridisciplinaire. Il est maintenant admis,
avec un haut niveau de preuve scientifique, que la combinaison suivante: arthrodèse
vertébrale, assistance ventilatoire non-invasive, traitement cardio-protecteur par des
inhibiteurs de l’enzyme de conversion, et traitement par des corticoïdes, permet
d’augmenter l’espérance de vie des patients. La rééducation et la réadaptation sont bénéfiques pour les patients, permettant de
conserver une plus grande autonomie et une meilleure qualité de vie. Mais à l’heure de
la médecine basée sur les preuves et des essais thérapeutiques prometteurs apportant aux
patients un espoir de guérison, un abandon des thérapies non médicamenteuses de
prévention est parfois observé. Face à ce constat, il nous a semblé important de préciser le rôle tenu par la
kinésithérapie dans la prise en charge de cette pathologie actuellement, ses objectifs,
ses modalités d’application quantitative et qualitative, ainsi que ses limites. Pour répondre à ces questions, nous avons réalisé une enquête des pratiques réalisées
auprès de Masso-Kinésithérapeutes (MK) libéraux prenant en charge cette population de
patients dans notre département, en 2017. L’objectif principal était de préciser la
place de cette prise en charge. L’objectif secondaire était d’identifier les difficultés
pouvant être rencontrées par ces professionnels de santé. |
Population des Masso-Kinésithérapeutes (MK) Huit MK ont été recrutés grâce aux informations transmises par les parents des
garçons suivis au CERCA. Leurs caractéristiques sont présentées dans le Tableau I. Les critères d’inclusion
étaient: exercice en milieu libéral, en Martinique, prenant en charge un patient
DMD depuis au moins un mois.
Tableau I
Caractéristiques
|
|
Total: N = 8 MK |
|
|
Sexe [N (%)]
|
|
Homme |
5 (62,5) |
Femme |
3 (37,5) |
|
Âge [Année (moyenne DS)] |
36 (6) |
|
Formation: MK ayant suivi un enseignement
spécifique |
0 |
|
Expérience
|
|
Nombre de patients DMD suivi depuis l’obtention
de leur diplôme [N (%)] |
|
– 1 patient |
4 (50) |
– 2 patients |
4 (50) |
Temps de suivi par patient: |
|
– mois (moyenne DS) |
27 (32) |
Caractéristiques générales de la population de
Masso-Kinésithérapeutes interrogée. MK: Masso-Kinésithérapeute, DMD: Dystrophie musculaire de
Duchenne. |
Présentation des patients La liste des patients ayant un diagnostic de DMD, vivant en Martinique à la date
du 1 er janvier 2017, a été obtenue à partir de la base de données de
patients du CeRCa. Neuf garçons ont été identifiés. Deux étaient frères et partageaient le même MK.
L’âge moyen était de 12,1 ans (7-17). Pour quatre d’entre eux, il s’agissait de
transmission maternelle, et pour les cinq autres, d’une mutation de
novo. L’âge des premiers symptômes variait entre 1 et 6 ans,
(moyenne de 3,4 ans). L’âge moyen de première consultation était de 6,5 ans,
pour un de nos patients le diagnostic avait été fait en prénatal. L’âge moyen de
perte de la marche était de 11,2 ans (Tableau
II).
Tableau II
|
|
Caractéristiques
|
|
Total: N = 9 patients |
|
|
Âge actuel (moyenne DS) |
12,4 (3,9) |
|
Statut ambulatoire
|
|
Marchant |
5 |
Non marchant |
4 |
|
Aspect orthopédique
|
|
– rétractions musculo-tendineuses |
9 |
Membres supérieurs
|
7 |
Membres inférieurs
|
9 |
– Port d’attelles de posture |
4 |
– Scoliose |
3 |
– Port de corset |
1 |
– Réalisation d’une AVP |
1 |
|
Atteinte respiratoire
|
|
– Syndrome restrictif |
5 |
– Présence d’un SHAS |
1 |
– Utilisation d’un relaxateur de pression à
domicile |
6 |
– Utilisation d’une VNI nocturne |
1 |
|
Atteinte cardiaque
|
|
– Cardiomyopathie |
0 |
– IEC |
7 |
– β-Bloquant |
1 |
|
Atteinte cognitive
|
|
– Présence d’une DI |
3 |
– Présence de trouble du comportement |
2 |
– Orientation ULIS, IMP ou IMPro |
2 |
|
Traitement par Glucocorticoïdes
|
|
Marchant
|
3 |
|
Traitement par ATALUREN®
|
|
Marchant
|
3 |
|
Prise en charge rééducative
|
|
Kinésithérapie |
9 |
Orthophonie |
4 |
Caractéristiques cliniques des patients avec diagnostic
de DMD vivant en Martinique au 1
er
janvier 2017. CPT: Capacité pulmonaire totale, SAHS: Syndrome
d’apnée/hypopnée du sommeil, FEVG: Fraction d’éjection du ventricule
gauche, AVP: Arthrodèse vertébrale postérieure, IEC: Inhibiteur de
l’enzyme de conversion, DI: Déficience intellectuelle, ULIS: Unité
localisée pour l’inclusion scolaire, IMP: Institut
Médico-Pédagogique, IMPro: Institut Médico-Professionnel. |
Déroulement de l’enquête Les modalités quantitatives et qualitatives d’application de la rééducation en
kinésithérapie libérale, ainsi que les difficultés de cette prise en charge ont
été obtenues à l’aide d’un questionnaire. Il explorait les différentes
techniques de rééducation proposées dans la prise en charge des maladies
neuromusculaires selon la littérature [ 3, 6,
7, 10, 11]. Il était demandé de répondre à des
questions fermées, à choix simples ou multiples, en fonction des pratiques
réalisées au cours du mois précédent. Une question ouverte « autre(s)
technique(s) de rééducation » permettait aux MK de s’exprimer librement.
L’enquête s’est étendue sur une période de 3 mois, de janvier à mars 2017. Une
déclaration à la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a
été effectuée. Les questionnaires ont été distribués par un enquêteur lors d’un
entretien avec chacun des MK dans leur cabinet. Le rôle de l’enquêteur était de
présenter verbalement les objectifs de cette enquête en début d’entretien. Par
la suite, il était demandé à l’enquêteur de simplement aider à la compréhension
des questions, en cas de nécessité, puis de s’assurer de l’exhaustivité des
réponses. La définition proposée par Bushby et al. en 2010 a
été utilisée pour distinguer l’appartenance des garçons, au groupe marchant ou
non marchant [ 8]. Le
groupe auquel appartenait chaque patient a été laissé à l’appréciation du MK
après lecture de cette définition en début de questionnaire. |
Modalités quantitatives d’application de la kinésithérapie Le nombre de séances par semaine variait de 2 à 3, avec une moyenne de 2,5
séances par semaine. Une tendance existait en faveur d’une augmentation du
rythme des séances à la perte de la marche, puisque pour la majorité des
marchants le nombre de séances par semaine était de deux, et de trois pour les
non marchants. La majorité des prises en charge durait de 30 à 45 minutes, avec
une tendance à l’augmentation du temps de rééducation avec la perte de la
marche, puisque deux marchants bénéficiant de séance de 20 à 30 minutes, et un
non marchant de séance de plus de 45 minutes. Toutes les prises en charge
étaient réalisées en cabinet libéral et en dehors du temps scolaire. Aucune
prise en charge n’était réalisée à l’école, à domicile ou en balnéothérapie. Modalités qualitatives d’application de la kinésithérapie Aspect orthopédique Un suivi des amplitudes articulaires était effectué par sept MK et de la
force musculaire par tous. Un MK utilisait le score MMT ( Manual
Muscular Testing). Les capacités de déplacement étaient
évaluées régulièrement par sept MK. Un MK utilisait l’échelle CMAS
( Childhood Muscular Assessment Score). Les capacités de
préhension étaient évaluées par six. La MFM ( Motor Function
Measure), une échelle de mesure quantitative des capacités
motrices, était utilisée par deux. La douleur était évaluée régulièrement
par une échelle adaptée à l’âge dans huit cas ( Tableau III).
Tableau III
|
Suivi Amplitudes articulaires |
Suivi Force musculaire |
Suivi Capacités de déplacement |
Suivi Capacités de préhension |
Score MMT |
Echelle CMSA |
MFM |
MK |
7/8 (78%) |
8/8 (100%) |
7/8 (78%) |
6/8 (67%) |
1/8 |
1/8 |
2/8 |
n/N (%) |
Aspect orthopédique - Suivi et évaluation. MK: Masso-Kinésithérapeute; MMT: Manual Muscular
Testing; CMSA: Childhood Muscular assessment Score; MFM: Motor
Function Measure. |
Des mobilisations passives et des étirements musculaires étaient réalisés par
tous, ciblant les membres inférieurs pour tous les patients marchants et les
quatre membres pour tous les non marchants. Des auto-exercices d’étirements
à réaliser à domicile étaient enseignés à trois marchants. La
verticalisation était proposée par trois MK. Les MK avaient un discours
visant à améliorer l’observance de l’appareillage de posture et la
réalisation de la verticalisation à domicile dans six cas. Tous les patients sauf un, non marchant (le plus âgé), réalisaient un travail
musculaire actif en endurance, par des jeux de balle le plus souvent. Un
travail musculaire actif en force était proposé dans cinq cas, par
utilisation de la résistance manuelle, de Pouliethérapie ou d’Elastoband.
Les modes de contraction musculaire utilisés étaient: isométrique toujours,
concentrique pour quatre et excentrique pour trois (Tableau IV). Il existait une tendance au travail
musculaire actif des quatre membres chez les marchants et seulement des
membres supérieurs chez les non marchants. Les MK avaient un discours visant
à encourager la pratique d’une activité sportive régulière dans trois
cas.
Tableau IV
|
Travail musculaire actif en endurance* |
Travail musculaire actif en force** |
Contraction musculaire isométrique |
Contraction musculaire concentrique |
Contraction musculaire excentrique |
Patients |
8/9 (89%) |
5/9 (56%) |
9/9 (100%) |
4/9 (44%) |
3/9 (33%) |
n/N (%) |
Aspect orthopédique – Prise en charge. À noter: il existait une tendance au travail musculaire
actif des quatre membres chez les patients marchants, et
seulement des membres supérieurs chez les non marchants. * Jeux
de balle le plus souvent. ** Résistance manuelle,
Pouliethérapie, Elastoband. |
Concernant le rachis, un assouplissement du rachis thoraco-lombaire par des
mobilisations passives, étirements et postures des plans musculaires (y
compris sous pelviens) était réalisé par sept MK. Des étirements des muscles
cervicaux étaient pratiqués pour un patient non marchant. Un travail
proprioceptif était proposé dans huit cas et un renforcement isométrique des
spinaux dans deux cas (Tableau
V).
Tableau V
|
Assouplissement rachis thoraco-lombaire
(mobilisations passives, étirements, postures) |
Etirements des muscles cervicaux |
Travail proprioceptif |
Renforcement isométrique des spinaux |
Patients |
7/9 (78%) |
1*/9 (11%) |
8/9 (89%) |
2/9 (22%) |
n/N (%) |
Aspect orthopédique -Rachis. * Patient non marchant. |
Aspect respiratoire Un suivi de la fonction respiratoire était réalisé par trois MK par la
recherche d’encombrement à l’interrogatoire et à l’auscultation, ou bien par
une mesure de l’ampliation thoracique. Dans un objectif d’assouplissement de la cage thoracique, sept prises en
charge comprenaient des mobilisations passives et des étirements. Aucun MK
n’utilisait d’aide instrumentale (de type ballon ou relaxateur de pression)
pour réaliser une hyperinsufflation mécanique. Ils suivaient l’utilisation
du relaxateur de pression à domicile dans trois cas. Des exercices
d’entretien des muscles inspiratoires et expiratoires étaient proposés par
trois MK. Aucune prise en charge n’avait nécessité de technique de
désencombrement par aide manuelle expiratoire et/ou aide instrumentale type
Cought Assist. La technique inspiratoire de type
respiration glossopharyngée (Air starking) n’était pas
enseignée. Aspect digestif Aucun ne réalisait de massages abdominaux pour lutter contre la constipation.
Des conseils hygièno-diététiques étaient apportés pour un patient non
marchant. Autres évaluations et techniques de rééducation De la massothérapie à visée antalgique était utilisée dans trois cas. La
physiothérapie n’était pas utilisée. L’état psychique a été évalué dans un
cas. Trois MK ont souhaité préciser d’autres techniques utilisées. Ils
travaillaient la régulation du tonus musculaire et les ajustements posturaux
à chaque niveau d’évolution motrice (NEM). L’un d’entre eux, associait une
stimulation des afférences visuelles (par Stimulation optocinétique) ou
sensitive des membres inférieurs (par Vibrasens), et un travail du contrôle
cognitif (par Réalité virtuelle). Difficultés de prise en charge Concernant les sources de difficultés rencontrées lors des prises en charge, la
douleur a été signalée sept fois, survenant aux étirements musculaires, aux
postures et à la verticalisation. Le manque de motivation de la part du patient
a été rapporté six fois, des difficultés d’accessibilité au soin de rééducation
une fois, le manque de formation huit fois et le manque de communication entre
professionnels médicaux et paramédicaux huit fois. Deux MK ont évoqué l’importance de la durée des séances et un MK les difficultés
liées à l’atteinte cognitive (comportement, difficulté de compréhension) (Figure 1).
 | Figure 1 Représentation, en fonction du statut ambulatoire, des difficultés
rencontrées en kinésithérapie libérale pour la prise en charge des
patients atteints de DMD en Martinique. |
|
Place de la kinésithérapie libérale dans la prise en charge de la DMD Aucune des approches développées à ce jour ne peut garantir un effet curatif dans
la DMD [ 12].
L’indication de la kinésithérapie est largement rappelée dans les
recommandations sur le suivi des patients atteints de DMD. Peu d’études en
explorent le taux d’utilisation et les bénéfices de cette thérapie. La preuve
scientifique des effets bénéfiques sur laquelle se basent les recommandations
est souvent d’un niveau faible, variable et non spécifique [ 3, 6]. En France, l’utilisation régulière de la kinésithérapie dans les pathologies
neuromusculaires est assez courante et indépendante du stade d’évolution, comme
le montre l’enquête réalisée dans le Nord-Pas-de-Calais en 1999 auprès de 200
patients atteints de pathologies neuromusculaires, où 80 % en bénéficiaient.
L’indication de la kinésithérapie est très variable selon les pays comme l’a
montré l’étude réalisée cinq ans après la publication par Bushby et
al. des recommandations de diagnostic et de suivi [13]. Dans notre étude, tous les
patients suivis au CERCA bénéficiaient d’une prise en charge en rééducation,
indépendamment du stade d’évolution. On peut supposer que la prise en charge
totale du coût de ces soins par la sécurité sociale en France influence ce
résultat, mais aussi son accessibilité géographique. Une enquête australienne de
2016, évaluant l’utilisation des thérapies non médicamenteuses au sein d’une
population de DMD, précisait que l’accès aux soins de kinésithérapie dépendait
fortement de la localisation géographique du domicile [14]. Modalités d’applications quantitatives Concernant la durée et le nombre de séances par semaine, nos résultats
correspondent aux recommandations établies dans les maladies neuro
musculaires en 2001, puisque toutes les prises en charge avaient un rythme
de deux à trois séances par semaine. La durée des séances était beaucoup
plus variable dans notre enquête mais globalement adaptée aux
recommandations, puisque peu de prises en charge respiratoires étaient
nécessaires [ 6]. Les modalités
quantitatives doivent être adaptées à l’âge, au caractère évolutif des
troubles orthopédiques, aux autres prises en charge rééducatives ou aux
activités de loisir [ 18]. Boulay et al. ont précisé que la
kinésithérapie ne devait pas être mise en place trop tôt, sous peine de
saturation de l’enfant et des parents, alors que son importance croît lors
de l’avancée en âge [ 2]. En effet, nous avons remarqué une tendance à l’augmentation
de la durée et du rythme des séances avec la perte de la marche. Modalités d’applications qualitatives • Place du MK dans l’évaluation du patient Dans la majorité des prises en charge, les MK réalisaient une évaluation
de l’appareil locomoteur, en termes de déficience, amplitudes
articulaires et force musculaire, mais aussi en termes de capacités, de
déplacement et de préhension. Cette évaluation des capacités
fonctionnelles est importante, car dans la DMD, il n’y a pas toujours de
corrélation franche entre l’évaluation du déficit moteur et les
conséquences fonctionnelles [ 15]. Deux MK utilisaient la MFM. Cette échelle a
particulièrement bien été étudiée dans la DMD. Son utilisation est
validée pour le suivi des patients et permet notamment de prévoir la
perte de la déambulation [ 5]. Cependant, son temps de passation moyen est de
36 minutes et une formation est souhaitable pour son utilisation, voire
impérative dans un contexte de recherche clinique, ce qui peut limiter
son utilisation en kinésithérapie libérale [ 4]. • Place du MK dans la lutte contre les rétractions
musculo-tendineuses et l’enraidissement articulaire Dans notre enquête, les prises en charge étaient pour la majorité
composées de mobilisation passive, étirements musculaires et postures
des membres et du rachis, cela indépendamment du statut ambulatoire.
Lutter contre la perte des amplitudes articulaires est la priorité de la
prise en charge en kinésithérapie, car responsable d’importantes
limitations fonctionnelles [ 1– 3, 6]. Cependant, de nombreux auteurs
s’accordent pour dire que la réalisation des étirements musculaires est
préconisée au rythme particulièrement soutenu de quatre à six fois par
semaine [ 2, 3]. Afin de répondre à cette intensité, Boulay
et al. ont suggéré d’impliquer les patients et
leurs parents en auto-rééducation [ 2]. Ils proposent que le kinésithérapeute enseigne des
exercices d’étirements à réaliser à domicile, supervise et rectifie
régulièrement les programmes selon l’évolution de la maladie. L’objectif
étant d’optimiser l’efficacité de la prévention des rétractions. En
France, comme le montrent les résultats de notre enquête, cette pratique
est encore peu développée dans les pathologies neuromusculaires et peu
appliquée à la population pédiatrique, mais elle le serait beaucoup plus
en Amérique du Nord [ 2]. Avec la
dégradation des aspects orthopédiques, fonctionnels et respiratoires, la
prise en charge en kinésithérapie libérale des patients DMD est de plus
en plus lourde et coûteuse en temps, comme précisé par deux des MK
interrogés ( Figure 1). Il semble
donc primordial d’investir les aidants principaux dans la prise en
charge. Bien que les études sur la verticalisation dans la DMD manquent
de niveau de preuve scientifique, elles laissent suggérer une efficacité
pour le traitement des rétractions musculo-tendineuses des membres
inférieurs à condition qu’elle soit mise en place précocement et au
quotidien, dans un contexte occupationnel [ 2, 3, 6]. Dans notre étude, celle-ci était
peu utilisée comme moyen de posture par les MK, mais plutôt préconisée à
domicile. • Place du MK dans la lutte contre la perte de force musculaire et le
déconditionnement à l’effort. Une majorité des prises en charge utilisait un travail musculaire actif
par des exercices en endurance et en force. La littérature à ce sujet
est riche de travaux mais de niveaux de preuves très variables [ 6]. Son utilisation a longtemps été
contre-indiquée dans les dystrophinopathies. Elle est maintenant très
discutée. Dans ce contexte, en 2011 Bankolé et al. ont
contre-indiqué ce mode de contractions dans les dystrophies musculaires,
ainsi que les exercices statiques de forte intensité et/ou prolongés.
Ils préconisaient d’adapter selon le niveau de force résiduelle, des
entraînements mixtes aérobie et en force, orientés avec des exercices
dynamiques concentriques, d’intensité modérée à faible, en séances
courtes (20 à 40 minutes) mais fréquentes, espacées d’une journée de
récupération [ 7]. Les exercices en
endurance étaient particulièrement employés dans notre enquête, par
réalisation d’exercices ludiques motivants pour l’enfant mais peu
quantifiables. En 2015, Alemdarog˘lu et al. ont montré
une amélioration significative des capacités fonctionnelles après un
programme d’entrainement à l’effort en endurance sur cycloergométre,
quantifié et progressif [ 16]. Trois des MK proposaient des contractions
musculaires excentriques. Ce mode de contraction musculaire est connu
pour son avantage métabolique (moindre consommation pour une intensité
identique) et pour améliorer la résistance du myosquelette dans la
prévention des lésions musculaires. Cependant, il est largement
controversé dans les dystrophinopathies. Pourtant, des études récentes
réalisées chez des modèles murins de dystrophinopathie (souris
mdx) ont montré un bénéfice sur le gain de force.
Chez l’humain, une étude réalisée chez des myopathes, dont neuf DMD, a
évalué le retentissement clinique (douleur, force) à court terme de ce
type d’exercice et concluait à une réponse similaire à celle d’un groupe
sain [ 17]. À ce
jour, aucun essai contrôlé randomisé n’a été réalisé pour évaluer les
effets à long terme sur le muscle dystrophique. Dans notre enquête,
certains MK encourageaient la pratique d’une activité physique. Celle-ci
doit être intégrée à la vie quotidienne, le MK pouvant amorcer puis
adapter l’activité [ 7]. Les
bénéfices attendus, aussi bien physiologiques que psychologiques, sont
maintenant largement reconnus, quelles que soient les capacités
motrices. Un certain nombre d’activités sportives pouvant être
pratiquées, à condition d’être suivies régulièrement et de respecter les
capacités cardiaques et respiratoires, ainsi que l’apparition de la
fatigue et de douleurs. • Place du MK dans la lutte contre les causes de l’insuffisance
respiratoire L’âge moyen de notre population est globalement jeune, ce qui peut
expliquer l’absence d’utilisation de technique de désencombrement. Notre
étude a donc apporté peu d’éléments sur le rôle des MK dans cette prise
en charge. Il est pourtant majeur à un stade avancé [ 9– 11]. En revanche, afin de lutter contre un syndrome
restrictif, un assouplissement de la cage thoracique (mobilisations
passives et étirements) était régulièrement réalisé.
L’hyper-insufflation était globalement plutôt réalisée à domicile par
relaxateur de pression et certains MK effectuaient un suivi de son
utilisation. Le MK intervient dans la gestion des réglages, mais aussi
dans la formation et l’accompagnement des aidants à l’utilisation des
différents matériaux [ 11]. Les
exercices d’entretien des muscles respiratoires étaient peu utilisés
dans notre enquête. Pourtant, il a été montré que l’entrainement
musculaire inspiratoire à basse intensité chez les garçons DMD avait un
effet bénéfique, dose-dépendant sur l’endurance des muscles
respiratoires [ 18]. • Place du MK dans l’amélioration de l’équilibre Les patients DMD chutent fréquemment à un moment de leur évolution se
situant bien avant la perte définitive de la marche [ 19]. Aucune des techniques
de rééducations employées par les MK de notre étude n’a fait ses preuves
dans la littérature. Toutefois, un travail proprioceptif du rachis était
largement proposé. Cet aspect de la rééducation semble important à
continuer de travailler une fois la perte de la marche afin d’améliorer
l’équilibre assis. Limites de l’étude Tous les MK contactés ont accepté de participer à l’enquête. Le nombre de
questionnaires analysés était donc maximal mais faible au vu de notre petite
population, ce qui limite la validité externe de cette étude. Toutefois, il est
important de préciser que la DMD est une maladie rare, dont la prévalence en
Martinique est estimée à 9 cas pour 100 000 habitants (valeur
attendue-fourchette haute) [ 21]. Plusieurs limites sont identifiées dans cette enquête de
pratiques. La principale est liée au mode de recueil des données, puisque basé
sur un questionnaire avec un écart possible entre la déclaration des MK et la
réalité des pratiques. Un biais d’acquiescement a pu fausser les résultats vers
un excès de réponses positives. De plus, la présence de l’enquêteur lors du
questionnaire, dont l’objectif était d’améliorer la participation et apporter,
si besoin, des explications a pu majorer ce biais. L’important taux de
participation permet une description exhaustive et détaillée de cette prise en
charge. Il était demandé aux MK de remplir le questionnaire en fonction de leur
pratique au cours du mois précédent. La distinction du statut ambulatoire a été
laissée à l’appréciation des MK. L’utilisation de la définition proposée par
Bushby et al., dans cet objectif, semblait être adaptée
puisqu’aucun des MK n’a exprimé de difficulté pour distinguer l’appartenance
stricte à un groupe. Trois MK ont souhaité préciser l’utilisation d’autres
techniques dans l’objectif d’améliorer l’équilibre. Nous pensons que ce résultat
permet de conclure à une bonne construction de notre questionnaire pour des
études ultérieures à condition d’inclure ces éléments. Projets et perspectives Dans notre étude, la plainte douloureuse lors des séances en kinésithérapie était
particulièrement fréquente, signalée comme source de difficulté de prise en
charge pour les MK. La douleur peut avoir un fort impact sur la qualité de vie
du patient et de son entourage. Elle est probablement de causes multiples, mais
« douleur et rééducation » semble être intimement liées, et passent souvent au
second plan après les objectifs de rééducation [ 6]. Douvillez et al. en 2005, dans une étude
évaluant la douleur chez 22 patients atteints de DMD, ont montré que presque
tous présentaient des douleurs en rééducation et lors des mobilisations [ 20]. Il est préconisé
d’évaluer régulièrement la douleur, avec une échelle adaptée à l’âge et un
interrogatoire détaillé, ce qui était régulièrement réalisé dans notre enquête.
Pour les soulager, les recommandations sont les suivantes: modification des
protocoles de rééducation générateurs de douleur (fractionnement, adaptation),
utilisation de certaines techniques de rééducation et recours aux antalgiques de
palier 1 à 2 avant toute séance potentiellement douloureuse [ 6]. Pour les patients du CERCA, il était
conseillé, lors des consultations de suivi, de donner du Paracétamol 30 à 45
minutes avant les séances. L’usage de la massothérapie, physiothérapie et
balnéothérapie chaude, bien qu’étant indiqué à but antalgique, était finalement
peu pratiqué dans notre étude. Dans une situation géographique comme la nôtre où les conditions climatiques sont
propices, il serait intéressant de faciliter l’accès à des séances en mer, comme
pour d’autres pathologies sur notre territoire. Les résultats de l’enquête mettent en évidence un manque de formation spécifique
sur la prise en charge de cette maladie rare, celle-ci pouvant être source de
difficultés pour les MK. Cependant, la moitié des MK avait déjà eu l’occasion de
prendre en charge au moins un autre patient DMD. Le temps de suivi moyen était
de 27 mois. Ceci nuance leur manque de formation, étant donné leur expérience
professionnelle des modalités de prise en charge et une connaissance de leur
patient. La mise en place d’enseignement post-universitaire (EPU), dont le sujet
porterait sur cette pathologie, pourrait répondre à cette demande et serait en
adéquation avec les missions d’un centre de référence. La réunion régulière de
l’ensemble de ces professionnels libéraux permettrait aussi d’identifier ce
réseau informel. Les difficultés d’adhésion au long terme à la rééducation sont
connues [6]. C’est une véritable
difficulté de prise en charge, car l’importance de la rééducation croît avec
l’âge [2]. Plus de la moitié des MK
rapportait un manque de motivation lors de notre enquête. Le rapport à la
rééducation est lié au psychisme du patient. Ainsi, il est recommandé de
favoriser l’expression du malade quel que soit son âge [6]. Pour les patients du CERCA et leurs entourages, il est
régulièrement rappelé la possibilité de rencontrer le psychologue du centre.
L’apprentissage des auto-étirements par le kinésithérapeute semble être un bon
élément pédagogique pour l’adhésion de l’enfant à sa prise en charge [2]. Nous pensons que la mise en place d’un
cahier d’auto-rééducation ou d’hétéro-rééducation par les parents, comme cela
est fait dans d’autres pathologies neurologiques, pourrait être intéressante.
L’importance de la communication entre professionnels médicaux et paramédicaux a
largement été rappelée dans les recommandations internationales de 2010 [8]. La mise en place de synthèse annuelle
par le centre de référence pourrait être une solution pour répondre au manque de
communication exprimé par presque tous les MK. Ce type de démarche est en
adéquation avec les conclusions de l’évaluation du plan national maladie rares
n° 2 de mai 2016, où le besoin de coordination entre les professionnels médicaux
et les professionnels paramédicaux était identifié. Du fait de la petite taille et du jeune âge de notre échantillon, notre enquête a
été peu informative sur certains aspects de la prise en charge, notamment
respiratoire. Il serait intéressant d’adresser notre questionnaire à une plus
large population de MK libéraux, par exemple dans d’autres départements. Cela
nous permettrait d’affiner nos conclusions sur l’importance du rôle tenu par ces
thérapeutes et de comparer à l’échelle nationale les variations des
pratiques. |
Malgré les thérapeutiques médicamenteuses et les promesses de la thérapie génique, la
kinésithérapie libérale garde une place importante dans la prise en charge des
patients DMD, quel que soit leur statut ambulatoire, pour améliorer la qualité de
vie fonctionnelle. Cette enquête des pratiques nous a permis d’énumérer les
bénéfices d’une prise en charge en kinésithérapie à savoir une bonne connaissance du
statut clinique du patient, la lutte contre les rétractions musculo-tendineuses,
l’enraidissement articulaire, la perte de force musculaire, le déconditionnement à
l’effort, et les causes de l’insuffisance respiratoire. Elle vise également à
l’amélioration de l’équilibre et au soulagement des douleurs. Le rôle du MK reste
essentiel dans le suivi et le soin du patient, préventif et thérapeutique, au
quotidien et au long cours, proche et adapté aux déficiences, mais le bénéfice
apporté par la prise en charge kinésithérapique dépend des connaissances du
professionnel, de l’accessibilité à certains soins, de la motivation des patients et
de la communication entre professionnels de santé. Cette étude a permis de réaliser
un état des lieux des pratiques en kinésithérapie en Martinique, mais surtout des
difficultés de prise en charge. Dans une démarche d’amélioration de la qualité des
soins, il a été proposé une réflexion autour des solutions qui pourraient être
apportées aux difficultés exprimées par les MK interrogés. Lors du 2e
congrès caribéen sur les maladies rares (JCMO) en novembre 2018, une journée
entièrement dédiée aux paramédicaux sur la prise en charge orthopédique et
respiratoire dans les pathologies neuromusculaires a été organisée permettant
d’échanger sur cette thématique. |
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les
données publiées dans cet article.
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