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Med Sci (Paris). 35: 47–48.
doi: 10.1051/medsci/2019185.

Préclinique : La xénogreffe : un outil performant  !
Protocole pour mieux suivre l’évolution d’une dystrophie musculaire

Dominique Mornet1*

1Ancien DR2CNRS, PhyMedExp, Université de Montpellier, Inserm, CNRS, Montpellier34295 Cedex 5, France
Corresponding author.

MeSH keywords: Animaux, Recherche biomédicale, Modèles animaux de maladie humaine, Évolution de la maladie, Hétérogreffes, Humains, Souris, Dystrophies musculaires, Littérature de revue comme sujet, Rodentia, méthodes, tendances, anatomopathologie

 

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Résumé

Cette revue [1] résume de manière précise les protocoles à utiliser pour programmer une thérapie permettant de limiter l’évolution de divers types de dystrophies musculaires humaines. Pour cela, la revue souligne qu’il est particulièrement efficace de réaliser des xénogreffes. On aura ainsi accès à un îlot de muscle squelettique humain pathologique dont on pourra suivre le processus de réparation et de régénération dans un environnement musculaire. En règle générale, le protocole à suivre pour pratiquer une xénogreffe implique l’utilisation d’une souris hôte immunodéficiente dont le muscle est altéré dans un premier temps de manière à créer chez cet animal une niche pour la greffe de cellules humaines dystrophiques. Les méthodes de pré-lésions musculaires incluent les rayonnements ionisants (RX), les perturbations mécaniques (gel-dégel), et l’utilisation d’agents pharmacologiques myotoxiques (cardiotoxine). Le type de cellule humaine à intégrer au muscle murin lésé peut concerner aussi bien des myoblastes, des cellules satellites, des cellules souches pluripotentes induites, des mésangioblastes, ou des cellules immortalisées précurseurs du muscle ou d’autres lignées cellulaires multipotentes et la méthode d’administration sera intramusculaire de manière locale ou de manière systémique. De plus, des interventions pour favoriser le développement musculaire sont obtenues par l’exercice poussé, par la stimulation électrique, par injection de petites molécules synthétiques, de facteurs de croissance, de la myostatine et de divers inhibiteurs du TGF-β. Dans cette revue figure un vaste éventail de techniques disponibles pour aider les chercheurs dans la conception de futures expériences visant à créer des xénogreffes musculaires robustes chez les hôtes rongeurs. En résumé, il apparait que le champ des investigations concernant les xénogreffes est à encourager, non seulement en utilisant des méthodes bien établies, mais aussi en testant de nouvelles approches qui peuvent être applicables à diverses questions sur la biologie et la physiopathologie musculaire.

Commentaire

Le but de cette revue est de présenter un protocole général pour permettre d’observer, mais aussi de traiter des cellules musculaires humaines pathologiques (cas des dystrophies DMD ou FSHD) dans un environnement musculaire sain. Cela implique une sélection de souches hôtes de souris immunodéficiences capables de recevoir une greffe de cellules musculaires humaines dystrophiques, puis sur de telles candidates, de proposer les stratégies pour provoquer des blessures musculaires de manière à créer un environnement cellulaire susceptible de recevoir une greffe. Ensuite l’ensemble des cellules sélectionnables pour potentiellement réaliser une telle greffe, et les diverses stimulations qui furent tentées jusqu’à maintenant pour augmenter l’efficacité de la greffe. On parle alors de xénogreffes de muscles humains chez la souris qui fournissent ainsi un outil important et original pour l’étude de la physiologie et de la physiopathologie du muscle humain, ainsi que des tissus uniques sur lesquels tester la spécificité et efficacité des médicaments destinés à traiter des maladies humaines en général et des pathologies du muscle en particulier. Idéalement, les xénogreffes doivent représenter de nombreuses myofibres d’origine humaine parfaitement intégrées et stables au sein d’une zone définie du muscle hôte, et qui peuvent être ensuite isolées et étudiées sans contamination significative par le tissu hôte murin. Actuellement, des approches utilisant les iPSCs semblent prometteuses comme cellules modèles des dystrophies DMD ou FSHD [2] sur lesquelles effectuer diverses approches therapeutiques. Cependant, il semble important de souligner, comme l’indiquent les auteurs de cette revue [1] que la xenogreffe est un outil de choix pour demontrer que la surexpression de DUX4, l’agent pathogene dans la FSHD, provoque de nombreux changements genetiques dans le muscle murin qui ne sont pas visibles dans un muscle FSHD humain. Ce dernier constat met en avant un interet majeur pour la xenogreffe comme un outil performant pour l’etude integree de diverses dystrophies musculaires.

Liens d’intérêt

Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article.

References
1.
Mueller AL , Bloch RJ . Skeletal muscle cell transplantation: models and methods . J Muscle Res Cell Motil. 2019 Aug 7 (sous presse).
2.
Ortiz-Vitali JL , Darabi R . iPSCs as a platform for disease modeling, drug screening, and personalized therapy in muscular dystrophies . Cells . 2019; Jan 3 ; 8 ((1)). Pii: :E20..