Pesticides et effets sur la santé
II. Pathologies cancéreuses

2021


ANALYSE

15-

Sarcomes des tissus mous
et des viscères

Les sarcomes des tissus mous et des viscères sont des tumeurs malignes rares, représentant moins de 1 % de tous les cancers chez les adultes. Ils se développent aux dépens des tissus de soutien de l’organisme ; les tissus adipeux, les tissus fibreux comme les tendons et les ligaments, les muscles striés ou lisses, les vaisseaux sanguins et lymphatiques et le derme. Ils surviennent aussi au niveau de viscères, comme la paroi du système digestif (estomac, intestin et colon). La localisation de ces tumeurs est très diverse ; une moitié survient dans un membre (bras ou jambe) et les autres au niveau de l’abdomen, du thorax ou de la tête. Le pronostic est déterminé par la présence de métastases qui sont majoritairement pulmonaires et présentes dans environ 10 % des cas, ainsi que par la taille, le grade et le stade de la tumeur, et son emplacement.
Les tumeurs sont classifiées en fonction de leur origine tissulaire et elles ont un potentiel évolutif très variable. On recense plus de 50 types histologiques, dont la nature et le classement évoluent avec les progrès de la biologie moléculaire et la découverte de nouvelles entités. Les tumeurs stromales gastro-intestinales (ou GIST) et les tumeurs des gaines des nerfs périphériques sont depuis 2013 rattachées à ce groupe de cancers dans la dernière édition de la classification OMS des tumeurs des tissus mous (Fletcher et coll., 2013renvoi vers). Une proportion assez importante (environ 20 %) des sarcomes des tissus mous sont dits « indifférenciés » car la cellule d’origine de la tumeur ne peut être définie.
On les différencie des tumeurs des tissus mous non cancéreuses (bénignes) telles que des lipomes et des hémangiomes qui sont plus fréquentes, et également des sarcomes osseux (ostéosarcomes, chondrosarcomes) qui se développent au niveau des os et des cartilages et dont le tableau clinique et les caractéristiques épidémiologiques sont bien distinctes.

Incidence et mortalité

Sur le plan de la surveillance épidémiologique, ces tumeurs posent des difficultés particulières, notamment en raison de leur diversité et de leur caractère ubiquitaire dans l’organisme. Elles peuvent être rattachées et/ou confondues avec d’autres tumeurs d’organe et n’entrent alors pas dans la catégorie des sarcomes des tissus mous. À titre d’illustration, les tumeurs stromales gastro-intestinales étaient jusqu’à présent considérées par la Classification internationale des maladies pour l’oncologie (CIM-O) parmi les cancers de l’appareil digestif.
Une étude des sarcomes des tissus mous en France a montré que leur incidence augmente avec l’âge et que certains types histologiques varient selon le sexe et l’âge (Ducimetière et coll., 2011renvoi vers). Les dernières estimations réalisées par le réseau FRANCIM portent à 2 658 nouveaux cas annuels le nombre de ces tumeurs chez l’homme et à 2 636 nouveaux cas chez la femme, soit des incidences proches de 5 cas pour 100 000 habitants par an (Defossez et coll., 2019renvoi vers). D’après des registres des cancers européens et américains, le taux de survie à 5 ans de ce cancer est de 58 à 65 % pour tous les types et stades confondus (Stiller et coll., 2013renvoi vers ; Noone et coll., 2018renvoi vers).

Étiologie et facteurs de risque

L’étiologie de ces tumeurs est mal connue. La majorité sont des cas sporadiques, mais des associations avec certains syndromes génétiques tels que la maladie de Recklinghausen, le syndrome de Li-Fraumeni, le syndrome de Werner et le rétinoblastome sont aujourd’hui connues. Certains sarcomes apparaissent en lien avec des maladies du système immunitaire (sarcome de Kaposi dans le SIDA). Des facteurs de risque de l’environnement général ou professionnel sont par ailleurs également suspectés, tels que les rayonnements ionisants, les dioxines, le chlorure de vinyle (pour l’angiosarcome hépatique), l’arsenic, ou encore les pesticides.

Données épidémiologiques

Méta-analyses et revues

Plusieurs articles de synthèse ont été publiés sur le rôle des pesticides dans la survenue des sarcomes des viscères et des tissus mous. Aucun d’entre eux n’a une portée générale sur l’utilisation des pesticides en agriculture : ils ont fréquemment été orientés par la question spécifique du potentiel cancérogène des phénoxyherbicides (dont le 2,4-D1 ) et des chlorophénols. Les études épidémiologiques sur ces substances se sont en effet multipliées dans les années 1970 et 1980 suite à la mise en évidence d’associations fortes en Suède, allant jusqu’à une multiplication par 5 ou 6 du risque de sarcome chez les personnes exposées, posant des questions de santé publique et des enjeux économiques importants. Ces études ont donné lieu à trois revues ou méta-analyses (Lynge et coll., 1987renvoi vers ; Kelly et Guidotti, 1989-1990renvoi vers ; Cole Johnson et coll., 1990renvoi vers) qui soulignaient les difficultés méthodologiques des études, à la fois concernant la rareté de ces tumeurs, la définition de la pathologie (parfois basée sur des certificats de décès, n’incluant pas toujours les mêmes sous-types histologiques, avec ou sans vérification par une expertise anatomopathologique), et l’estimation des expositions (ne s’appuyant parfois que sur les intitulés de profession, ne définissant pas toujours clairement les durées et les intensités). La contamination probable de ces pesticides par des dioxines lors de leur production était un sujet particulièrement débattu. Celle-ci pouvait notamment expliquer les différences entre les résultats des études épidémiologiques menées dans des pays différents : les procédés de fabrication variaient et certains étaient moins susceptibles d’aboutir à la production de dioxines. La revue de Kelly et Guidotti concluait que le niveau de preuve concernant le rôle des expositions professionnelles à ces pesticides apparaissait plus fort pour les lymphomes malins non hodgkiniens que pour les sarcomes. Cole Johnson et coll. ont réalisé une méta-analyse des études publiées jusqu’en 1987 concernant les phénoxyherbicides et les chlorophénols, qu’il s’agisse d’études cas-témoins (n = 8) ou de cohortes agricoles ou industrielles (n = 7). L’analyse combinée des cohortes mettait en évidence un ratio de mortalité proportionnelle (PMR)2 associée à l’exposition aux phénoxyherbicides ou aux chlorophénols (oui/non) de 3,5 ; IC 95 % [0,7-10,3] et celle des études cas-témoins un OR significatif de 1,4 ; IC 95 % [1,1-1,7], mais avec une hétérogénéité importante entre les études. L’exclusion des études cas-témoins suédoises ne permettait plus de mettre en évidence une association. En effet, elle conduisait à une diminution du risque qui devenait non significatif (OR = 1,1 ; IC 95 % [0,9-1,4]) et faisait disparaître l’hétérogénéité. L’analyse en fonction du niveau d’exposition montrait des associations plus fortes pour les études où les expositions étaient plus intenses. Compte-tenu de la polémique forte sur l’effet de ces substances et des enjeux commerciaux, les auteurs considéraient que les études négatives avaient eu autant de chance d’être publiées que les études positives, ce qui rendait peu probables un biais de publication et une surestimation des associations. Ils concluaient que les cohortes, en raison du nombre de cas trop limités, apportaient peu d’informations fiables, et que les études cas-témoins étaient difficiles à interpréter en raison de leur hétérogénéité. Les études existantes ne leur semblaient donc pas en faveur d’une association entre les phénoxyherbicides et les chlorophénols et la survenue de sarcomes des tissus mous.
Une méta-analyse a été par la suite publiée sur les études cas-témoins menées en Suède concernant le rôle des phénoxyherbicides et des chlorophénols (Hardell et coll., 1995renvoi vers). Elle incluait 4 analyses, construites sur un protocole comparable et portant sur un total de 434 cas et 948 témoins. Elle montrait un doublement de risque aussi bien pour les expositions aux phénoxyherbicides qu’aux chlorophénols (OR = 2,7 ; IC 95 % [1,9-4,7] et 3,3 ; IC 95 % [1,8-6,1]), ceci pour tous les sous-types de sarcomes (à l’exception des sarcomes synoviaux), et notamment sur des zones du corps potentiellement exposées aux pesticides lors des traitements. Une dernière revue incluait l’ensemble des études publiées jusqu’en 2014 concernant le rôle des phénoxyherbicides dans la survenue des sarcomes des tissus mous (Jayakody et coll., 2015renvoi vers), soit 10 études cas-témoins (dont 7 incluses dans l’étude de Cole Johnson) et 10 études de cohorte (dont 4 incluses dans l’étude de Cole Johnson mais pour certaines avec un suivi moins long). Les auteurs n’ont pas calculé de risque combiné à partir de ces études et, comme les revues précédentes, concluaient qu’il n’était pas possible de conclure quant au risque associé à ces substances, sur la base des données existantes.

Études de cohorte

La survenue de séries de cas de sarcomes chez des travailleurs de l’industrie de production de 2,4,5-T3 aux États-Unis a donné lieu à plusieurs correspondances dans le Lancet en 1981 et a contribué à documenter l’hypothèse d’une contamination par des dioxines lors du procédé de fabrication des phénoxyherbicides (Cook, 1981renvoi vers ; Honchar et Halperin, 1981renvoi vers ; Johnson et coll., 1981renvoi vers ; Moses et Selikoff, 1981renvoi vers). Neuf analyses de cohortes rétrospectives, menées dans l’objectif d’explorer cette hypothèse, ont été recensées entre 1979 et 1986, aussi bien dans le contexte industriel qu’en agriculture (tableau 15.Irenvoi vers, voir en fin de ce chapitre). Quatre d’entre elles, dont une seule observait la survenue d’un cas, comportaient moins de 500 travailleurs et étaient très peu informatives (Johnson, 1990renvoi vers). Les cinq autres cohortes concernaient des travailleurs de l’industrie (Zack et Gaffey, 1983renvoi vers ; Lynge, 1985renvoi vers ; Ott et coll., 1987renvoi vers) ou des personnes exposées en agriculture (Riihimäki et coll., 1982renvoi vers ; Wiklund et Holm, 1986renvoi vers). Dans les années 1990, le suivi prospectif de certaines de ces cohortes a été réalisé (Asp et coll., 1994renvoi vers ; Lynge, 1998renvoi vers ; Collins et coll., 2009renvoi vers).

Utilisateurs de pesticides (forêts, agriculture, jardins)

Une étude sur l’exposition professionnelle aux phénoxyherbicides et le risque de sarcome des tissus mous a été réalisée sur une cohorte de travailleurs agricoles et forestiers en Suède (Wiklund et Holm, 1986renvoi vers). Cette cohorte, la plus ancienne et la plus grande étudiée dans ce contexte, comprenait plus de 350 000 hommes nés entre 1891 et 1940. La population a été classée en 6 catégories d’exposition à partir de l’intitulé des professions dans le recensement national : i) des agriculteurs exposés au MCPA4 , 2,4-D et 2,4,5-T, ii) des travailleurs dans des plantations forestières et iii) des bûcherons exposés de manière directe ou indirecte respectivement au 2,4-D et 2,4,5-T, iv) des horticulteurs exposés à d’autres substances, v) les vétérinaires, éleveurs d’animaux et des personnes pratiquant d’autres travaux agricoles avec des expositions hétérogènes, et vi) les pratiquants d’autres activités forestières avec des expositions hétérogènes. Ces différentes sous-cohortes ont été comparées à près de 2 millions de travailleurs d’autres secteurs quant à la survenue de sarcomes sur la période 1961-1979, identifiés par croisement avec le registre national. Au sein de ces sous-cohortes, 331 cas de sarcomes sont survenus. Il n’était pas observé d’élévation du risque de sarcome globalement (OR = 0,9 ; IC 95 % [0,8-1,0]) ni dans chacune des sous-cohortes.
En Finlande, une cohorte de près de 2 000 applicateurs d’herbicides a été constituée en 1972, et suivie jusqu’en 1989. Aucun cas de sarcome n’a été décelé dans cette population (Asp et coll., 1994renvoi vers). Au Danemark, les cas de sarcomes ont été identifiés sur la période 1975-2001 dans une cohorte rétrospective de 3 156 jardiniers, par croisement avec le registre national des cancers (Hansen et coll., 2007renvoi vers). La comparaison des cas observés a été réalisée par rapport à la population générale danoise. Les auteurs ont considéré des intensités d’exposition sur la base des dates de naissance : les personnes nées avant 1915 ont été classées comme les plus exposées, un niveau intermédiaire a été attribué aux personnes nées entre 1915 et 1934 et faible pour celles nées après 1935. Les quatre cas de sarcomes survenus pendant le suivi ont permis de calculer un rapport standardisé d’incidence (Standardized Incidence Ratio ; SIR) de 1,96 ; IC 95 % [0,53-5,02] pour l’ensemble des travailleurs, atteignant 5,87 ; IC 95 % [1,89-18,20] pour la catégorie des plus exposés.

Industrie des pesticides

Dans le secteur de la production des pesticides, une cohorte américaine rétrospective menée par la firme Dow Chemicals dans le Michigan portait sur la mortalité entre 1940 et 1982 de 2 192 ouvriers affectés à la fabrication de divers chlorophénols et du 2,4,5-T. Deux cas de sarcomes ont été identifiés, dont un au cours du suivi entre 1940 et 1980, invalidé ultérieurement par une expertise anatomopathologique, et un second en 1983, en dehors de la période de suivi initial (Ott et coll., 1987renvoi vers). Le suivi de 1 615 ouvriers de l’usine de Dow Chemicals exposés au trichlorophénol s’est poursuivi jusqu’en 2003 et a permis d’identifier 4 cas de sarcomes des tissus mous, conduisant à un rapport standardisé de mortalité (Standardized Mortality Ratio ; SMR) de 4,1 ; IC 95 % [1,1-10,5] (Collins et coll., 2009renvoi vers).
La combinaison de 2 122 ouvriers exposés au pentachlorophénol dans cette usine du Michigan et dans 3 autres sites (Illinois, Washington et Kansas) a permis au National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) d’analyser la mortalité par cancer en lien avec cette substance par rapport à la population générale des États-Unis. Seulement deux cas de sarcomes des tissus mous ont été identifiés (un homme et une femme), permettant de calculer un SMR de 1,52 ; IC 95 % [0,18-5,48] qui était plus élevé mais toujours non significatif (SMR = 2,26 ; IC 95 % [0,06-12,6]) dans les analyses restreintes aux ouvriers exposés à la fois au pentachlorophénol et au tétrachlorophénol (Ruder et Yiin, 2011renvoi vers).
Au Danemark, l’ensemble des travailleurs employés dans la production de phénoxyherbicides (produisant surtout du 2,4-D et du MCPA) sur 2 sites industriels avant 1982 a été suivi sur la période 1947-1993. La survenue de 4 cas de sarcomes a été observée. Une élévation du risque de sarcomes des tissus mous chez les hommes était notée, en particulier en considérant une latence de 10 ans (RR = 3,67 ; IC 95 % [1,0-9,4]), pour les personnes travaillant dans les ateliers de production et de conditionnement (Lynge, 1985renvoi vers). Le suivi de l’incidence montrait des résultats cohérents avec les premières analyses, suggérant une élévation de risque de sarcomes mous chez les hommes exposés aux phénoxyherbicides, bien que celle-ci n’apparaisse plus statistiquement significative, après correction de l’un des diagnostics (SIR = 2,18 ; IC 95 % [0,6-5,6]) (Lynge, 1998renvoi vers).
Une autre cohorte a été mise en place au Royaume-Uni sur 6 sites de production de phénoxyherbicides (2,4-D, MCPA, 2,4,5-T), regroupant plus de 8 000 ouvriers et permettant, par croisement avec les fichiers de l’Assurance maladie et les bases de décès, d’analyser l’incidence et la mortalité par cancer. Le suivi jusqu’en 2012 a enregistré la survenue de 4 décès par sarcome des tissus mous et a conduit au calcul d’un OR = 2,05 ; IC 95 % [0,42-5,98], non significatif, en lien avec des expositions potentielles aux phénoxyherbicides pour une durée d’un an ou plus (Coggon et coll., 2015renvoi vers).
Un projet du Centre international de recherche sur le cancer a permis de combiner les données de 24 cohortes (dont celles mentionnées ci-dessus aux États-Unis, au Danemark et au Royaume-Uni) avec des cohortes provenant d’Allemagne, d’Australie, d’Autriche, du Canada, de Finlande, d’Italie, des Pays-Bas, de Suède et de Nouvelle Zélande (Kogevinas et coll., 1997renvoi vers). Parmi les 26 615 ouvriers ainsi assemblés, les expositions ont été définies sur la période 1939-1992 et les ouvriers exposés (n = 21 863) ont été inclus dans les analyses, en distinguant les expositions aux phénoxyherbicides et chlorophénols d’une part et les expositions aux dioxines d’autre part. La survenue de 9 sarcomes a été observée à partir des certificats de décès et des registres de cancer. L’exposition aux phénoxyherbicides et aux chlorophénols était associée à un doublement de risque de sarcome, à la limite de la significativité (OR = 2,0 ; IC 95 % [0,91-3,79]).

Études cas-témoins

La question du rôle des pesticides dans la survenue de sarcomes des tissus mous et des viscères a émergé très tôt par rapport au questionnement général sur les effets des pesticides sur la santé, dès la fin des années 1970 à la suite d’observations cliniques en Suède. Le nombre de patients atteints de cette pathologie et ayant manipulé des phénoxyherbicides était apparu anormalement élevé à des oncologues suédois. Une première étude cas-témoins a été mise en place en Suède incluant 52 cas (dont 21 vivants et 31 décédés) et 208 témoins (Hardell et Sandström, 1979renvoi vers) (tableau 15.IIrenvoi vers, voir en fin de ce chapitre). Elle a mis en évidence un risque 5 à 6 fois plus élevé de sarcomes chez les personnes exposées soit aux phénoxyherbicides soit aux chloro-phénols (p < 0,001). Cette étude s’appuyait sur un registre national de cancer et confirmait les diagnostics par une expertise anatomopathologique des tumeurs. L’estimation des expositions reposait sur la déclaration des individus, à la suite d’auto-questionnaires postaux complétés secondairement par des entretiens téléphoniques. Les données sur les utilisations de pesticides avaient été validées par le recueil d’informations auprès des entreprises. L’hypothèse d’une contamination de ces pesticides par des dioxines (impuretés de fabrication) a été d’emblée évoquée par les auteurs. Une seconde étude a été initiée dans le même pays et selon un protocole identique, mais dans une autre région (Eriksson et coll., 1981renvoi vers). Elle a mis en évidence des résultats similaires en incluant 110 cas et 220 témoins, à une période où le 2,4,5-TP5 , le phénoxyherbicide le plus fréquemment contaminé par des dérivés de dioxine, était interdit. Dans cette deuxième étude, des élévations de risque étaient observées aussi pour des phénoxyherbicides (2,4-D ou MCPA) a priori moins ou pas contaminés par des dioxines (OR = 5,1 ; IC 95 % [2,5-10,4]).
À la suite de ces deux études suédoises qui montraient des risques élevés, plusieurs études cas-témoins ont été menées dans divers pays.
En Grande-Bretagne, à partir de cas de registres identifiés sur la base des codes topographiques de la 8e révision de la Classification internationale des maladies (CIM-8), en excluant les sarcomes viscéraux, et en estimant l’exposition à partir de l’intitulé des professions au moment du diagnostic, une étude mettait en évidence une élévation de risque modérée chez les agriculteurs, les exploitants agricoles et les maraîchers (OR = 1,7 ; IC 95 % [1,00-2,88]) mais moindre chez les travailleurs agricoles et forestiers (OR = 1,15 ; IC 95 % [0,83-1,59]) (Balarajan et Acheson, 1984renvoi vers).
En Nouvelle-Zélande, une étude portant sur 82 cas de sarcomes incidents (identifiés par les registres et disposant de données anatomopathologiques ou identifiés dans les bases de décès) comparés à des témoins atteints d’autres cancers ne trouvait pas d’élévation du risque en lien avec l’utilisation de pesticides agricoles (Smith et coll., 1984renvoi vers). Elle montrait une élévation de 60 % non significative du risque en considérant les expositions probables ou certaines aux phénoxyherbicides (avec une latence de 5 années).
Dans le Nord de l’Italie, une étude cas-témoins a démontré une élévation du risque de sarcome (hors sarcomes viscéraux) chez des femmes pratiquant le désherbage manuel dans les rizières où les phénoxyherbicides étaient utilisés (OR = 2,42 ; IC 90 % [0,56-10,34]) (Vineis et coll., 1987renvoi vers). Il n’était pas observé d’élévation de risque dans une étude menée au Kansas à partir de 139 cas identifiés par le registre de cancer, avec une confirmation des diagnostics anatomopathologiques et de témoins tirés au sort en population générale (Hoar et coll., 1986renvoi vers). L’estimation des expositions était dans cette étude réalisée à partir d’entretiens téléphoniques incluant des questionnaires spécifiques sur les usages agricoles de pesticides (sur blé, maïs, sorgho ou prairies).
Une étude cas-témoins à partir de 128 cas de sarcomes des tissus mous confirmés par examen histologique et de témoins issus de la population générale dans l’État de Washington aux États-Unis a évalué le risque associé à l’exposition professionnelle aux phénoxyherbicides et chlorophénols (Woods et coll., 1987renvoi vers). Aucun lien n’a été mise en évidence pour les phénoxy-herbicides, même si les résultats évoquaient un risque élevé chez les applicateurs professionnels (OR = 1,77 ; IC 95 % [0,5-6,6]), une différence qui n’a toutefois pas atteint le seuil de signification statistique. Des résultats similaires ont été obtenus pour les travailleurs dans les métiers du bois avec des niveaux d’exposition aux chlorophénols élevés, et pour lequel un lien significatif a été mis en évidence pour les classeurs de bois d’œuvre (OR = 2,66 ; IC 95 % [1,1-6,4]).
Une autre étude cas-témoins en Suède (n = 71 cas et 315 témoins) montrait un excès de risque chez les agriculteurs (OR = 1,3 ; IC 90 % [0,6-2,6]) et les personnes possiblement exposées aux chlorophénols ou aux phénoxyherbicides (OR = 1,6 ; IC 90 % [0,8-3,3]), mais plus marqué chez les jardiniers (OR = 4,1 ; IC 90 % [1,0-14]) et les ouvriers travaillant sur les voies ferrées (OR = 3,1 ; IC 90 % [0,6-14]) (Wingren et coll., 1990renvoi vers). Dans cette étude, seuls des codes topographiques étaient disponibles (CIM-7), et l’estimation des expositions était basée sur un questionnaire postal détaillé complété par un entretien téléphonique pour les agriculteurs et les forestiers.
Si la plupart des études menées dans les années 1970 et 1980 se concentraient sur les phénoxyherbicides et les chlorophénols, une seconde analyse de l’étude cas-témoins (n = 133 versus n = 948) menée au Kansas élargissait les hypothèses en mettant en évidence une élévation du risque chez les éleveurs ayant réalisé des traitements insecticides sur les animaux (OR = 1,7 ; IC 95 % [1,0-2,9]). Ce risque était plus marqué pour les périodes les plus anciennes (avant 1956), pour les applications par pulvérisation et les poudrages, et chez les personnes qui ne portaient pas d’équipements de protection. Il apparaissait également plus particulièrement pour les sarcomes fibreux (OR = 2,3 ; IC 95 % [0,8-7,2]) et myomateux (OR = 2,6 ; IC 95 % [1,0-7,3]) (Hoar Zahm et coll., 1988renvoi vers).
À partir des années 1990, le lien avec les phénoxyherbicides et les chlorophénols a continué d’être exploré dans quelques études. En Australie, à partir de cas provenant du registre des cancers de Victoria (n = 30) et de témoins hospitaliers ou en population générale (n = 60), il n’était pas observé de lien avec ces substances (exposition au moins un jour au cours de la vie) bien que l’association soit devenue plus forte après 30 jours d’exposition (Smith et Christophers, 1992renvoi vers). Dans 8 États américains, une analyse sur 259 cas identifiés par les registres (tous sarcomes avec une confirmation anatomopathologique à l’exclusion des sarcomes de Kaposi, des mésothéliomes, de l’existence d’un SIDA, et de certains syndromes génétiques), et 1 908 témoins en population générale, ne montrait pas de lien avec les utilisations de phénoxyherbicides. En revanche, l’exposition forte aux chlorophénols, déterminée par une expertise spécifique des histoires professionnelles, était associée à une élévation significative du risque de sarcomes (OR = 2,10 ; IC 95 % [1,19-3,68]), encore plus marquée pour les expositions intenses durant plus de 10 ans (OR = 7,8 ; IC 95 % [2,46-24,65]) (Hoppin et coll., 1998renvoi vers). Une étude cas-témoins nichée dans un consortium international de 24 cohortes portait sur 11 cas de sarcomes (identifiés sur les certificats de décès ou par des registres) et 55 témoins, pour lesquels une estimation approfondie des expositions aux phénoxyherbicides et chlorophénols (menée en aveugle du statut cas-témoins) a permis de déterminer des durées et des scores cumulés d’exposition (sur la base des secteurs, tâches, équipements de protection...). Le risque était multiplié par 10 pour les expositions aux phénoxyherbicides globalement (OR = 10,3 ; IC 95 % [1,2-90,6]), et les risques étaient élevés pour le 2,4-D (OR = 5,7 ; IC 95 % [1,1-29]), le 2,4,5-T (OR = 4,3 ; IC 95 % [0,7-26]), le MCPA (OR = 11,3 ; IC 95 % [1,3-98]) ainsi que pour les dioxines, mais les résultats ne sont pas statistiquement significatifs car les effectifs sont faibles. En revanche, il n’était pas mis en évidence d’élévation du risque en lien avec les chlorophénols (Kogevinas et coll., 1995renvoi vers). Une étude canadienne, explorant un ensemble d’expositions agricoles, n’observait pas d’élévation de risque en lien avec les phénoxyherbicides (OR = 1,09 ; IC 95 % [0,81-1,48]) (Pahwa et coll., 2011renvoi vers). Au-delà des phénoxyherbicides, dans la suite de l’étude menée dans le Kansas, le lien avec des expositions agricoles a été exploré sous un angle élargi dans plusieurs pays.
Une étude en Italie du Nord analysait les histoires professionnelles de 93 cas (avec confirmation anatomopathologique) et 721 témoins hospitaliers et ne mettait pas en évidence de lien avec la profession agricole ou l’usage d’herbicides et de pesticides (Serraino et coll., 1992renvoi vers). De même, la profession agricole n’était pas montrée associée au risque de sarcome dans une étude menée à partir des registres des cancers des États-Unis parmi les vétérans du Vietnam (243 cas et 1 620 témoins en population générale) (Briggs et coll., 2003renvoi vers). Une étude canadienne menée dans 6 provinces, portant sur 357 cas recrutés à partir des registres de cancer et hôpitaux au Québec disposant d’une expertise anatomopathologique, et de 1 506 témoins en population générale, a estimé les expositions professionnelles aux grandes classes de pesticides, à certaines substances ciblées, ainsi que l’exposition aux élevages. Il n’était pas observé de lien avec les herbicides considérés de manière globale. Une tendance à l’élévation du risque non significative était montrée avec les insecticides et les fongicides ainsi qu’avec le traitement des semences de pommes de terre (Pahwa et coll., 2003renvoi vers). Par ailleurs, un risque significatif chez les éleveurs de poulets était mis en évidence (OR = 1,63 ; IC 95 % [1,11-2,28]), de même qu’une tendance pour les éleveurs de moutons et de petits animaux (Hossain et coll., 2007renvoi vers). Les analyses portant sur des substances actives spécifiques montraient des liens avec l’aldrine (OR = 3,71 ; IC 95 % [1,00-13,76]) et le diazinon (OR = 3,31 ; IC 95 % [1,78-6,23]). Le lien avec le diazinon était plus particulièrement observé pour les sarcomes indifférenciés ainsi que les sarcomes fibromateux et myomateux (Pahwa et coll., 2011renvoi vers).
Certaines de ces études cas-témoins ont également apporté des connaissances sur les risques associés à des professions non agricoles potentiellement exposées aux pesticides. Ainsi l’étude menée à partir des registres de cancer des États-Unis parmi les vétérans du Vietnam, montrait une élévation significative du risque pour les hommes afro-américains exposés aux poussières de bois (OR = 3,7 ; IC 95 % [1,6-8,6]) et une tendance pour ceux qui travaillaient dans des scieries (OR = 2,9 ; IC 95 % [0,9-9,1]) (Briggs et coll., 2003renvoi vers). L’étude canadienne mettait en évidence un doublement de risque pour les personnes chargées de l’entretien des immeubles (OR = 2,18 ; IC 95 % [1,12-4,24]) et une tendance pour les ouvriers des papeteries et les travailleurs désherbant les voiries (Hossain et coll., 2007renvoi vers).
Une étude cas-témoins sur l’étiologie des sarcomes a été mise en place en France en 2019, qui produira dans les prochaines années des données nouvelles sur le rôle des facteurs professionnels, et en particulier des pesticides, dans la survenue de ces tumeurs (Lacourt et coll., 2019renvoi vers).

Conclusion

Une dizaine d’études de cohortes et une quinzaine d’analyses cas-témoins ont à ce jour exploré le lien entre les pesticides et les sarcomes des tissus mous et des viscères. Une attention particulière a été portée à deux familles de pesticides : les phénoxyherbicides et les chlorophénols, notamment dans les années 1970 et 1980 suite à des études cas-témoins suédoises qui montraient des associations particulièrement fortes avec ces substances. La contamination de ces pesticides par des dioxines lors de certains procédés de fabrication semblait pouvoir en partie expliquer les résultats et la divergence entre les études des différents pays. Mais les divergences pouvaient aussi s’expliquer par des différences méthodologiques, notamment les difficultés de caractérisation des cas (simple repérage sur des codes de la classification internationale des maladies ou caractérisation histopathologique précise, prise en compte de l’ensemble des sarcomes ou de sous-ensembles), ainsi que le choix des groupes (témoins sélectionnés en population générale ou parmi d’autres cas de cancer des registres), ou encore la caractérisation des expositions (simple intitulé d’emploi ou enquête détaillée sur la nature des expositions, leurs durées, leurs intensités). Par ailleurs la rareté de la maladie s’accompagnait d’estimations instables, basées sur des nombres de cas très limités, en particulier dans les cohortes. Les analyses n’étaient généralement pas ajustées sur d’autres facteurs, compte tenu d’une part des effectifs limités et d’autre part de l’absence de facteur de risque clairement identifié. Au final, si le rôle de dioxines était plausible dans les études portant sur des populations exposées de manière importante au 2,4,5-T, on ne pouvait pas conclure sur le rôle propre des phénoxyherbicides et des chlorophénols, ni même sur celui d’autres pesticides dans la survenue de ces tumeurs. À partir des années 1990, de nouvelles études ont suggéré des liens avec des insecticides, notamment dans le traitement des animaux d’élevage, ainsi que des élévations de risque dans d’autres contextes professionnels tels que les métiers du bois.

Tableau 15.I Études de cohortes sur le lien entre exposition aux phénoxyherbicides et aux chlorophénols et les sarcomes des tissus mous

Référence
Pays
Type d’étude
Population étudiée
Définition
de la maladie
Fréquence d’exposition
Méthode d’estimation
de l’exposition
Facteurs d’ajustement
Résultats
Commentaires
Wiklund et Holm., 1986renvoi vers
Suède
Cohorte rétrospective
Hommes nés entre 1891 et 1940
Exposés : 354 620, travaillant en agriculture ou forêts
Non exposés : 1 725 845 dans autres secteurs
Cas du registre 1961-79
n = 331 tumeurs malignes
3 périodes : 1961-6, 1967-73, 1974-9
Non disponible mais estimée à 15 % des personnes employées en agriculture et dans les forêts
Six sous-cohortes selon l’activité professionnelle en 1960 :
i) agriculteurs (MCPA++, 2,4-D et 2,4,5-T) ; ii) plantation /pépinières forestières (2,4,5-T jusqu’en 1977 et 2,4-D) ; iii) bûcherons (expositions passives 2,4,5-T jusqu’en 1977 et 2,4-D) ; iv) horticulteurs (autres herbicides) ; v) vétérinaires, éleveurs animaux à fourrure et autres travaux agricoles (expositions diverses) ; vi) autres travaux forestiers (expositions diverses)
Âge (stratification)
Lieu de domicile (pays et 3 grandes villes : Stockholm, Göteborg, Malmö)
Pas d’élévation de risque dans les sous-cohortes
Pas d’élévation de risque selon les périodes
Aucune élévation significative pour un type de sarcome, globalement et pour les sous-cohortes
Asp et coll., 1994renvoi vers
Finlande
Cohorte prospective
Applicateurs d’herbicides de 4 entreprises de désherbage inclus en 1972 ; n = 1 909
Suivi de 18 années
Décès en 1989 : n = 384, dont 77 cancers
Médiane de la durée d’exposition : 4 semaines avant 1972 et 6 semaines après 1988
Exposition au moins deux semaines au 2,4-D et 2,4,5-T entre 1955 et 1971
Interdiction du 2,4,5-T en 1980
Remplacement par du 2,4-D et du MCPA
Questionnaire adressé en 1988 : recueil de l’ensemble du calendrier professionnel
Tabagisme
Aucun cas de sarcome des tissus mous identifié au cours du suivi
Hansen et coll., 2007renvoi vers
Danemark
Cohorte rétrospective
Jardiniers (affiliés à un syndicat) suivis entre 1975-2001
n = 3 156 hommes
n = 521 cas cancer dont 4 sarcomes des tissus mous
Sarcomes des tissus mous
Registre des cancers danois
Comparaison population générale
Tous exposés référence externe
Proxy d’exposition : cohorte de naissance
Plus exposés : nés < 1915
Exposition intermédiaire : nés entre 1915-34
Moins exposés : nés > 1935
Tâches exposantes : serres, pépinières, parcs, cimetières... Exposés lors des traitements et réentrée
Âge
Période
SIR = 1,96 [0,53-5,02]
Plus exposés
SIR = 5,87 [1,89-18,20]*
Intermédiaire : pas de cas
Moins exposés
SIR = 1,82 [0,26-12,89]
Ott et coll., 1987renvoi vers
États-Unis
(Michigan)
Cohorte rétrospective
Hommes, employés de l’usine de production du 2,4,5-T entre 1940-80 ; n = 2 187
Décès jusqu’en 1982 (n = 370, dont 81 cancers)
Comparaison au nombre attendu (données américaines)
Recherche des personnels ayant quitté l’usine
 
756 hommes exposés en production ou finalisation du chlorophénol entre 1937-80
Histoires professionnelles, tâches exposantes selon le procédé de fabrication du 2,4,5-TP. Mesures de TCDD
Calcul de scores d’intensité d’exposition au TCDD et au H/OCDD (selon procédé)
Estimation de la chloracné
 
Un cas de sarcome des tissus mous dans la période d’étude, invalidé par l’expertise
Un cas en 1983, après la période de suivi
Collins et coll., 2009renvoi vers
États-Unis (Michigan)
Cohorte rétrospective
Travailleurs exposés au 2,4,5-T et trichlorophénol ; n = 1 615
Certificats de décès (CIM) : toutes causes de cancer ; n = 177
Date de point = 2003
Tous exposés, référence externe
Mesure de TCDD sanguine pour estimer l’exposition au trichlorophénol et 2,4,5-T produits entre 1942-82 dans un échantillon de 17 % (n = 280). Modélisation pour l’ensemble des travailleurs par rapport aux métiers (hygiène industrielle)
Exposition au PCP (n = 196 travailleurs)
Sarcome tissus mous : 4 décès (3 histiocytomes malins fibreux et 1 angiosarcome)
SMR = 4,1 [1,1-10,5]*
Ruder et Yiin, 2011renvoi vers
États-Unis (Michigan, Illinois, Washington, Kansas)
Cohorte prospective
Industrie du PCP
Statut vital en 2005 /plusieurs bases (assurance maladie, impôts, permis, poste, base décès)
Comparaison population US
Causes de décès : CIM code 171
2 122 travailleurs (97 % hommes) exposés au PCP pour une durée de 1,9 ± 3,93 ans
Sous-cohorte de 720 travailleurs co-exposés au TCDD
Histoire professionnelle (Registre « Dioxine » NIOSH) jusqu’en 1992 (fin du PCP)
Nombre de jours d’exposition
Co-expositions à d’autres pesticides/substances diverses
Prise en compte de l’exposition au TCDD
 
2 décès par sarcome : 1 homme, 1 femme
SMR = 1,52 [0,18-5,48]
Lynge, 1998renvoi vers
Danemark
Cohorte prospective
Employés de l’industrie des phénoxyherbicides avant 1982 / 2 sites ; n = 4 461
Identification des cas entre 1943-93
Registre national de population pour suivre les décès
Registre des cancers (depuis 1943)
CIM-7 avant 1978 puis CIM-O (intègre sarcomes viscéraux)
Regroupement des sarcomes d’organes avec les sarcomes des tissus conjonctifs
Comparaison à la population générale : SIR
2 119 personnes considérées exposées aux phénoxyherbicides
Données par département dans les 2 usines et par tâches (données RH)
Données de production du MCPA, 2,4-DP, MCPP, 2,4-D
Production négligeable de 2,4,5-T sur un des 2 sites
Exposition jusqu’en 1981
Autres substances produites telles que DDT, parathion, dinosèbe
Colles et pigments également produits
4 cas de sarcomes jusqu’en 1993
Risque augmenté de sarcome chez les hommes
SIR = 2,18 [0,6-5,6]
Moins marqué chez les femmes
SIR = 1,62 [0,4-4,1]
Risque plus particulier dans la manufacture (1 cas) et l’emballage des phénoxyherbicides (3 cas)
Coggon et coll., 2015renvoi vers
Royaume-Uni
Cohorte prospective et cas-témoins nichée
Employés de 5 usines de production phénoxyherbicides (2,4-D, MCPA, 2,4,5-T) et une cohorte d’applicateurs de MCPA ; n = 8 036
Croisement avec assurance maladie ; comparaison incidence et décès : Angleterre et Pays de Galle
11 cas supplémentaires recensés (bases de mortalité, registres de cancer) versus témoins (n = 150) appariés sur âge (± 2 ans)
Cancers incidents
Causes de décès : CIM-9 code 171 (jusqu’en 2000) ou CIM-10 codes C46, C47, C49
n = 4 093 décès, dont 1 205 décès par cancer tous types confondus
 
Durée et probabilité d’exposition
 
4 décès par sarcome des tissus mous dans la cohorte (3,3 attendus ; non significatif)
Exposition potentielle aux phénoxyherbicides
OR = 1,22 [0,33-3,13]
Exposition potentielle aux phénoxyherbicides > 1 an
OR = 2,05 [0,42-5,98]
Enquête cas-témoins nichée montre un excès de risque
OR = 1,30 [0,30-5,62]
Kogevinas et coll., 1997renvoi vers
Allemagne, Australie, Autriche, Canada,
Danemark, États-Unis, Finlande,
Italie,
Pays-Bas,
Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni,
Suède
36 cohortes de travailleurs de l’industrie et application de phénoxyherbicides, chlorophénols
n = 26 615
Cas sarcomes des tissus mous
Certificat de décès (causes principales et associées) et registres existants
CIM-9, code 171
Expositions sur la période 1939-92
21 863 exposés (82 %) : analyse restreinte à cette population
13 831 exposés à phénoxyherbicides contaminés par TCDD (52 %)
Histoire professionnelle : emplois en production, maintenance, autres, tâches non spécifiques, applicateurs
Questionnaire dans chaque usine sur procédures, produits (périodes et volumes), accidents
Exposés au TCDD et autres dioxines plus chlorées
Mesures de TCDD dans un sous-échantillon (n = 573)
Pays, âge, sexe, latence et durée d’exposition, statut professionnel
9 cas de sarcomes
Exposition aux phénoxyherbicides ou chlorophénols
OR = 2,0 [0,91-3,79]
Exposition au TCDD
OR = 2,03 [0,75-4,43]
Exposition au TCDD durée 10-19 ans
OR = 6,52 [1,35-19,06]*
Pas d’exposition aux TCDD
OR = 1,35 [0,16-4,88]

Angiosarcomes, tumeurs hémangiomateuses du système nerveux, leiomyosarcomes, fibrosarcomes, histiocytomes fibreux, myxosarcomes, liposarcomes, rhabdomyosarcomes, synoviosarcomes et autres sarcomes des tissus mous ; 2,4-DP : Dichlorprop (no CAS : 120-36-5) ; ATCD : Antécédents ; CIM-O : Classification Internationale des Maladies pour l’Oncologie ; DDT : Dichlorodiphényltrichloroéthane (no CAS : 50-29-3) ; H/OCDD : Dioxines fortement chlorées (congénères hexa, hepta et octa chlorés) ; MCPA : acide 2-méthyl-4-chlorophénoxyacétique (no CAS : 94-74-6) ; MCPP : Mécoprop (no CAS : 93-65-2) ; NIOSH : National Institute for Occupational Safety and Health ; PCP : pentachlorophénol ; SIR : rapport standardisé d’incidence (Standardized Incidence Ratio) ; SMR : rapport standardisé de mortalité (Standardized Mortality Ratio) ; TCDD : 2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-p-dioxine (no CAS : 1746-01-6). Les intervalles de confiance donnés entre parenthèses sont les intervalles de 95 %, sauf si indiqué différemment. * : statistiquement significatif au seuil d’erreur de 5 %

Tableau 15.II Études cas-témoins sur le lien entre exposition aux phénoxyherbicides et aux chlorophénols et les sarcomes des tissus mous

Référence
Pays
Type d’étude
Population étudiée
Définition
de la maladie
Fréquence d’exposition
Méthode d’estimation
de l’exposition
Facteurs d’ajustement
Résultats
Commentaires
Hardell et Sandström, 1979renvoi vers
Suède
Cas-témoins
Cas : Service oncologie de l’hôpital d’Umeå 1970-77 ; n = 52
Témoins : Registre national de population
Appariés sur lieu de résidence, âge (± 5 ans), sexe, année de décès ; n = 208
Sarcomes des tissus mous
Patients vivants ou décédés
Phénoxyherbicides : exposition de 36,5 % des cas et 9,2 % des témoins
Questionnaire postal incluant des nuisances chimiques (dont les phénoxyherbicides et chlorophénols)
Questionnaire auprès des employeurs et des scieries (dates d’emplois, produits utilisés) : taux de réponse respectivement de 40 % et 97 %
Prise en compte de l’exposition si > un jour et latence de 5 ans
Tabagisme
Phénoxyherbicides ou chlorophénols
OR = 5,7 [2,9-11,3]*
Phénoxyherbicides seuls
OR = 5,3 [2,1-11,5]*
Chlorophénols seuls
OR = 6,6P < 0,001
Eriksson et coll., 1981renvoi vers
Suède
(Malmöhus, Kristianstad, Blekinge, Kronoberg, Halland)
Cas-témoins
Cas : registre des cancers, diagnostiqués en 1974-8 ; n = 110
Témoins : Registre national de population ou base des causes de décès. Appariés sur lieu de résidence, âge (± 5 ans), sexe, année de décès ; n = 220
Patients vivants ou décédés
Expertise par deux anapath
Phénoxyherbicides ou chlorophénols : exposition de 22,7 % des cas et 5,9 % des témoins
Questionnaire postal sur les professions et nuisances, +/- complété par appel téléphonique, en aveugle du statut cas/témoins
Questionnaire complémentaire téléphonique si travail en agriculture, forêt ou horticulture
Exposition > 1 jour
Pour les chlorophénols : exposition > 1 mois
Latence de 5 ans
Prise de clofibrate (son métabolite actif est un acide phénoxy-propionique)
DDT
Solvants organiques
Mercure (traitement de semences)
Phénoxyherbicides
OR = 6,8 [2,6-17,3]*
Chlorophénols
OR = 3,3 [1,3-8,1]*
Balarajan et Acheson, 1984renvoi vers
Angleterre, Pays de Galles
Cas-témoins
Hommes > 15 ans
Cas : registres régionaux de cancer Diagnostiqués en 1968-76 ; n = 1 961
Témoins : autres cancers, appariés sur l’âge, lieu de résidence ; n = 1 961
CIM-8 : code 171 (exclusion des sarcomes viscéraux)
 
Information sur la profession au moment du diagnostic
 
Métiers en agriculture (globalement)
OR = 1,15 [0,83-1,59]
Agriculteurs, exploitants agricoles et maraîchers
OR = 1,7 [1,00-2,88]*
Smith et coll., 1984renvoi vers
Nouvelle-Zélande
Cas-témoins
Calcul de l’incidence et taux de mortalité
Cas : Registre national des cancers et bases de données sur les décès entre 1976-80 ; n = 112 (82 interrogés)
Témoins : tirés au sort parmi autres cancers, appariés sur l’âge ; n = 92
CIM-9 : code 171
Récupération des compte-rendus anapath
36 % d’agriculteurs chez les cas et 48 % chez les témoins
16 % d’applicateurs chez les cas et 17 % chez les témoins
21 % travailleurs sur voies ferrées dans les cas et 8 % chez les témoins
Utilisations aériennes et agricoles de 2,4,5-T
Entretiens téléphoniques en aveugle du statut
Questions sur les métiers exposant aux phénoxyherbicides et chlorophénols
Questions spécifiques en fonction des réponses sur les métiers
Année de naissance, année de diagnostic
Exposition aux pesticides [IC 90 %]
Épandage de pesticides agricoles
OR = 1,1 [0,7-2,0]
Exposition potentielle aux phénoxyherbicides
OR = 1,3 [0,7-2,5]
Exposition potentielle aux phénoxyherbicides – latence 5 ans
OR = 1,3 [0,6-2,5]
Exposition probable/certaine aux phénoxyherbicides
latence 5 ans
OR = 1,6 [0,7-3,3]
latence 10 ans
OR = 1,3 [0,6-2,9]
Élévation du risque (x 7) dans les abattoirs et dans le travail des peaux (exposition supposée aux chlorophénols)
Vineis et coll., 1987renvoi vers
Italie du Nord
Cas-témoins
Cas : Turin, Milan et 3 hôpitaux en province ; n = 68
Témoins : listes électorales et registres de décès des communes ;
n = 158
Exclusion des sarcomes viscéraux
 
Région productrice de riz (à partir de 1955 : 2,4-D, MCPA, 2,4,5-T jusqu’en 1970)
Questionnaire en face à face ou postal pour ceux qui refusent l’entretien : calendrier professionnel, histoire résidentielle, détails sur les cultures, herbicides et pesticides
Double expertise en aveugle
Tabagisme
Variables socio-économiques
Radiothérapie
Autres métiers exposants : scieries, papeterie, industrie du cuir, maintenance voies ferrées, jardinage
Hommes OR = 0 91 ; IC 90 % [0,21-3,91]
Femmes OR = 2,42 ; IC 90 % [0,56-10,34]
Hoar et coll., 1986renvoi vers
États-Unis (Kansas)
Cas-témoins
Hommes blancs ≥ 21 ans
Cas : diagnostiqués en 1976-82 ; n = 133
Témoins : listes téléphoniques (< 65 ans), administration de protection sociale (≥ 65 ans), bases des décès du Kansas ; n = 948
Registre des cancers du Kansas (Université du Kansas)
Expertise anapath
29 % d’agriculteurs chez les cas et 30 % chez les témoins
34,6 % d’utilisateurs d’insecticides sur animaux chez les cas et 22,6 % chez les témoins
Entretien téléphonique
Zones de culture de blé, usages de 2,4-D et 2,4,5-T
Questions sur les cultures (blé, maïs, sorgho ou prairie) soit 94 % des surfaces agricoles du Kansas et les élevages, lieu et taille des fermes, utilisations d’insecticides et d’herbicides (années, surfaces, mode d’application, EPI)
Vérification des pesticides auprès des distributeurs pour n = 130 sujets
Âge (stratification)
Avoir été agriculteur ou avoir vécu sur une ferme
OR = 1,0 [0,7-1,6]
Utilisation d’herbicides
OR = 0,9 [0,5-1,6]
Pas de tendance en lien avec la durée ou la fréquence d’utilisation d’herbicides
Woods et coll., 1987renvoi vers
États-Unis (Washington)
Cas-témoins
Hommes 20-79 ans
Cas : Registre ouest État Washington 1981-84 (n = 128, dont 31 décédés)
Témoins : listes téléphoniques (< 65 ans) puis assurance maladie (n = 475), certificats de décès (n = 219)
Appariement de fréquence sur l’âge
Codes CIM-O (listés)
Expertise anapath
30 % d’agriculteurs
8 % de personnes travaillant dans zones traitées par des phénoxyherbicides
13 % de personnes travaillant à la production du bois
3 % de charpentiers
Entretien en face à face
Histoire résidentielle, militaire, médicale, et questions sur les utilisations d’herbicides, de chlorophénols et autres produits chimiques
Vérifications auprès des entreprises pour les expositions aux herbicides et chlorophénols
Maladies immunologiques, traitements immuno-suppresseurs
ATCD familiaux de cancer ou maladie immunologique
Âge
Exposition phénoxyherbicides
Applicateurs (pro)
OR = 1,77 [0,5-6,6]
Application/ferme
OR = 1,35 [0,5-3,3]
Agriculteur
OR = 1,34 [0,7-2,6]
Exposition élevée chlorophénols
Inspecteur bois œuvre OR = 4,8 [0,6-38,2]
Travailleur du bois
OR = 1,27 [0,7-2,3]
Charpentier
OR = 2,66 [1,1-6,4]*
Hoar Zahm et coll., 1988renvoi vers
États-Unis
(Kansas)
Cas-témoins
Hommes ≥21 ans
Porte également sur la maladie de Hodgkin
Cas : diagnostiqués en 1976-82 ; n = 133
Témoins : listes téléphoniques (< 65 ans), administration de protection sociale (≥ 65 ans), bases des décès du Kansas ; n = 948
Registre des cancers du Kansas
29 % d’agriculteurs chez les cas et 30 % chez les témoins
34,6 % d’utilisateurs d’insecticides sur animaux chez les cas et 22,6 % chez les témoins
Entretien téléphonique
Questions sur les cultures et les élevages, lieu et taille des fermes, utilisations d’insecticides et d’herbicides (années, surfaces, mode d’application, équipement de protection individuel)
Âge (stratification)
Pas d’association avec le traitement des cultures
Réalisation de traitement des animaux avec des insecticides
OR = 1,7 [1,0-2,9]*
Tendance à des risques plus élevés pour les périodes les plus anciennes (avant 1956), pour les pulvérisations et les poudrages, chez ceux qui ne portaient pas d’équipement de protection
Risques principalement pour les sarcomes fibreux (OR = 2,3 [0,8-7,2]) et myomateux (OR = 2,6 [1,0-7,3]*)
Wingren et coll., 1990renvoi vers
Suède
Cas-témoins
Hommes 25-80 ans
Cas : registre des cancers, 1975-82
n = 71 (dont 39 décédés)
Témoins : pop générale (n = 315) et autres cancers (n = 164)
Codes CIM-7 : 174, 196 (sauf ostéosarcomes) et 197
 
Questionnaire postal : historique professionnel, questions spécifiques/pesticides, traitements bois, solvants, autres produits chimiques
Questionnaire téléphonique pour agriculteurs et forestiers : question sur les pesticides
Tabagisme, âge
Jardiniers
OR = 4,1 ; IC 90 % [1,0-14]*
Ouvriers chemin fer
OR = 3,1 ; IC 90 % [0,6-14]
Exposition possible aux chlorophénols ou phénoxyherbicides
OR = 1,6 ; IC 90 % [0,8-3, 3]
Agriculteurs
OR = 1,3 ; IC 90 % [0,6-2,6]
Smith et Christophers, 1992renvoi vers
Australie
Cas-témoins
Hommes > 30 ans, hôpitaux à Melbourne, vivants
Cas : registre cancer de Victoria, diagnostiqués à partir de 1976 ; n = 30
Témoins : autres cas cancer (n = 30) et pop générale (listes électorales) (n = 30), appariés sur âge, sexe
CIM-9 codes 171, 173, 152 et 158
17 % d’exposition certaine chez les cas et 10 % d’exposition possible
Entretien en face à face en aveugle du statut cas/témoins
Histoire professionnelle
Questions sur pesticides, herbicides, traitement bois
Questions « leurres » sur amiante et plomb
Expertise de l’exposition aux phénoxyherbicides et chlorophénols : non, possible, certaine (± 1 jour)
Latence de 5 ans
Niveau d’études, alcool, tabagisme
Hypertension, hypercholestérolémie, médicaments (clofibrate)
Phénoxyherbicides/
Chlorophénols
> 1 jour
OR = 1,0 [0,3-3,1]
> 30 jours
OR = 2,0 [0,5-8,0]
Serraino et coll., 1992renvoi vers
Italie Nord-Est
Cas-témoins
Cas : Aviano Cancer Center et hôpitaux de la région, 16-79 ans ;
n = 93
Témoins hospitaliers : 17-79 ans (TMS 32 %, traumatismes 28 %, petite chirurgie 17 %) ;
n = 721
Confirmation histologique
Tumeurs :
fibreuses 43 %, myomateuses 17 %, liposarcomes 13 %, autres 27 %
Sarcomes viscéraux et Kaposi exclus
20,5 % agriculteurs chez les cas et 25,4 % chez les témoins
Exposition aux pesticides/herbicides : 6,4 % chez les cas et 11,8 % chez les témoins
Histoire professionnelle avec les secteurs et les métiers, et exposition à 15 agents ou groupes d’agents
Niveau d’études, tabagisme, alcool, alimentation, ATCD médicaux
Agriculture > 10 ans
OR = 0,8 [0,4-1,5]
Herbicides ou pesticides
OR = 0,4 [0,1-1,2]
En revanche, association avec produits chimiques hors pesticides
Hoppin et coll., 1998renvoi vers
États-Unis (Connecticut, Kansas, Iowa, Floride, Détroit, San Francisco, Seattle, Atlanta)
Cas-témoins
Selected cancers study group
Hommes nés entre 1929-53, vivants
Cas : diagnostiqués en 1984-8, dans 8 zones où registres de cancer ; n = 259
Témoins : listes téléphoniques, appariement de fréquence sur âge et zone géographique ; n = 1 908
CIM-O
Cas confirmés
Exclusion des mésothéliomes, sarcomes de Kaposi, maladie de von Recklinghausen, syndrome de Gardner, SIDA
Inclusion des sarcomes viscéraux
Témoins : 23 % exposés aux chlorophénols
Entretien téléphonique : service militaire, utilisation de phénoxyherbicide, histoire professionnelle (emplois, années), utilisation d’huiles de coupe et de traitements du bois, métiers du cuir, scieries
Expertise de l’exposition aux chlorophénols à partir de l’histoire professionnelle : intensité (nulle ou basse, moyenne, forte), niveau de confiance, durée
ATCD personnels, ethnie ; ATCD d’irradiation, chimiothérapie, utilisation d’herbicides, amiante
Cas ont plus souvent utilisé des herbicides
Pas de différence dans l’usage de phénoxyherbicides
Chlorophénols
Globalement :
OR = 1,06 [0,78-1,43]
Intensité forte :
OR = 2,10 [1,19-3,68]*
Durée plus longue chez les cas : 8 ans versus 3 ans
Exposition conséquente et > 10 ans
OR = 7,7 [2,46-24,65]*
Briggs et coll., 2003renvoi vers
États-Unis
Cas-témoins
Hommes non hispaniques
Cas : diagnostiqués en 1984-8, vétérans du Vietnam, 32-60 ans ; n = 243
Témoins : pop générale (listes téléphoniques) appariement de fréquence sur âge et lieu de résidence ; n = 1 620
Registre des cancers des États
Sauf Kaposi et mésothéliome
Expertise anapath
335 tissus mous (51 osseux exclus)
Exclusion SIDA, Syndromes de Recklinghausen et de Gardner
10,2 % des cas et 11 % de témoins exposés aux pesticides
Pas de questionnaire auprès des proches
Entretiens téléphoniques
Histoire professionnelle
Niveau d’études, ATCD médicaux, habitudes de vie, ethnie (Afro-Américains, Blancs)
Pas d’élévation de risque chez les hommes blancs
Chez les hommes afro-américains :
Agriculteurs
OR = 1,1 [0,5-2,3]
Poussière bois
OR = 3,7 [1,6-8,6]*
Scieries
OR = 2,9 [0,9-9,1]
Pesticides
OR = 2,7 [0,8-9,0]
Pahwa et coll., 2003renvoi vers
Canada
(6 provinces)
Cas-témoins
Cross Canada Study of Pesticides and Health
Hommes > 19 ans
Cas : diagnostiqués 1991-94
Registres cancer et hôpitaux au Québec ; n = 357. Analyse sur ceux ayant vécu ou travaillé sur une ferme ; n = 159
Témoins : assurance maladie, listes téléphoniques et électorales Appariés sur l’âge (± 2 ans) et lieu de résidence ; n = 1 506. Analyse sur ceux ayant vécu ou travaillé sur une ferme ; n = 673
CIM-9 code 171 et codes morphologiques sélectionnés
43,6 % des cas ont travaillé ou vécu sur une ferme et 44,7 % des témoins
Nombre d’années en agriculture : 39,2 chez les cas et 32,0 chez les témoins
Auto-questionnaire postal : calendrier professionnel et expositions professionnelles
Exposition à des animaux d’élevage (bovins, chiens, chats, poulets, chevaux, cochons, dindes, canards, oies, moutons, lapins, chèvres, animaux exotiques)
Exposition à des classes de pesticides : herbicides, insecticides, fongicides, algicides (≥ 10 h par an)
ATCD familiaux incluant des maladies génétiques, et cancers
ATCD personnels, tabagisme
Utilisation agricole :
Herbicides
OR = 0,90 [0,56-1,45]
Insecticides
OR = 1,26 [0,68-2,36]
Fongicides
OR = 1,40 [0,41-4,77]
Traitement semences pommes de terre
OR = 2,96 [0,70-12,2]
Élevage de poulets
OR = 1,63 [1,05-2,52]*
Diminution du risque pour ceux qui ont trempé des moutons ou des bovins, utilisé des médicaments vétérinaires ou la créosote (pour le pansement de plaies)
Hossain et coll., 2007renvoi vers
Canada
(6 provinces)
Cas-témoins
Cross Canada Study of Pesticides and Health
Hommes > 19 ans
Cas : diagnostiqués en 1991-94
Registres cancer et hôpitaux au Québec ; n = 357
Analyse sur ceux ayant vécu ou travaillé sur une ferme ; n = 159
Témoins : assurance maladie, listes téléphoniques et électorales
Appariés sur l’âge (± 2 ans) et lieu de résidence,
n = 1 506
Revue histologique pour 59 % des cas
 
Auto-questionnaire postal : calendrier professionnel et expositions professionnelles
Questionnaire spécifique/ agriculture, pratiques et usages pesticides
Autres expositions professionnelles
ATCD familiaux incluant des maladies génétiques, et cancers
ATCD personnels, tabagisme
Maintenance immeuble
2OR = 2,18 [1,12-4,24]*
Élevage de poulets
OR = 1,63 [1,11-2,38]*
Ouvrier papeterie
OR = 1,77 [0,98-3,21]
Élevage de moutons
OR = 1,70 [0,79-3,66]
Élevage petits animaux
OR = 1,63 [0,79-3,38]
Nettoyage semences
OR = 1,55 [0,69-3,50]
Désherbage voirie
OR = 1,50 [0,72-3,03]
Pahwa et coll., 2011renvoi vers
Canada
(6 provinces)
Cas-témoins
Cross Canada Study of Pesticides and Health
Hommes > 19 ans
Cas : diagnostiqués en 1991-94
Registres cancer et hôpitaux au Québec ; n = 357
Témoins : assurance maladie, listes téléphoniques et électorales
Appariés par âge (± 2 ans) et lieu de résidence ; n = 1 506
CIM-O-3
M8800-14, M8810-13, M8830-32, M8840, M8850-60, M8890-8920, M8990-91, M9040-44, M9120-30, M9150-70, M9251-60, M9503, M9540-60, M9580-1
Exemples d’exposition chez les témoins
Phénoxyherbicides 21 %, 2,4-D 16 %
Organochlorés 16 %
Organophosphorés 11 %, malathion 8 %
Fongicides-amides 4 %
Fongicides-mercure 3 %
Auto-questionnaire postal : calendrier professionnel et expositions professionnelles
Questionnaire spécifique/ agriculture, pratiques et usages pesticides
Questions familles et certains pesticides dont 2,4-D, MCPA, mécoprop, 2,4,5-T, glyphosate, diallate, bromoxynil, dicamba, trifluraline...
ATCD familiaux et personnels
Âge, province
Phénoxyherbicides
OR = 1,09 [0,81-1,48]
Autres herbicides
Pas d’élévation significative
Insecticides
Aldrine
OR = 3,71 [1,00-13,76]*
Diazinon
OR = 3,31 [1,78-6,23]*
Élévation pour le diazinon observée pour sarcomes indifférenciés, fibromateux et myomateux
Fongicides
Formaldéhyde
OR = 2,07 [0,94-4,56]
Kogevinas et coll., 1995renvoi vers
Allemagne, Australie, Autriche,
Canada, Danemark, Finlande,
Italie,
Pays-Bas, Nouvelle-Zélande
Cas-témoins nichée dans consortium de 24 cohortes
Cas : sarcomes des tissus mous ; n = 11
Témoins : 5 par cas, appariés par âge, sexe, pays ; n = 55
Certificat de décès (causes principales et associées) et registres existants
CIM-9, code 171
 
Exposition pour les principaux phénoxyherbicides, chlorophénols et dioxines (21 produits chimiques revus par 3 hygiénistes en aveugle)
Score cumulé sur la base d’une intensité estimée de 1 à 6 (ateliers, tâches, équipement de protection) et de la durée
Latence de 5 ans
Exposition au DDT, arsenicaux, dinosèbe, lindane, organophosphorés, triazines
15 cas de sarcomes identifiés dont 11 identifiés par les registres
Phénoxyherbicides
OR = 10,3 [1,2-90,6]*
2,4-D
OR = 5,7 [1,1-29]*
2,4,5-T
OR = 4,3 [0,7-26]
MCPA
OR = 11,3 [1,3-98]*
Dioxines
OR = 5,2 [0,9-32]
Pas de lien avec les chlorophénols ou autres substances
Risques plus marqués pour les plus exposés
Moins marqués lors d’ajustements mutuels sur les substances

ATCD : antécédents ; CIM-O : Classification Internationale des Maladies pour l’Oncologie ; DDT : Dichlorodiphényltrichloroéthane (no CAS : 50-29-3) ; EPI : équipement de protection individuelle ; MCPA : acide 2-méthyl-4-chlorophénoxyacétique (no CAS : 94-74-6). Les intervalles de confiance donnés entre parenthèses sont les intervalles de 95 %, sauf si indiqué différemment. * : statistiquement significatif au seuil d’erreur de 5 %

Références

• Un ou plusieurs auteurs sont affiliés à une industrie des phytosanitaires.
[1] Asp S, Riihimäki V, Hernberg S, et al . Mortality and cancer morbidity of Finnish chlorophenoxy herbicide applicators: an 18-year prospective follow-up. Am J Ind Med. 1994; 26:243-53Retour vers
[2] Balarajan R, Acheson ED. Soft tissue sarcomas in agriculture and forestry workers. J Epidemiol Community Health. 1984; 38:113-6Retour vers
[3] Briggs NC, Levine RS, Hall HI, et al . Occupational risk factors for selected cancers among African American and White men in the United States. Am J Public Health. 2003; 93:1748-52Retour vers
[4] Coggon D, Ntani G, Harris EC, et al . Soft tissue sarcoma, non-Hodgkin’s lymphoma and chronic lymphocytic leukaemia in workers exposed to phenoxy herbicides: extended follow-up of a UK cohort. Occup Environ Med. 2015; 72:435-41Retour vers
[5] Cole Johnson C, Feingold M, Tilley B. A meta-analysis of exposure to phenoxy acid herbicides and chlorophenols in relation to risk of soft tissue sarcoma. Int Arch Occup Environ Health. 1990; 62:513-20Retour vers
[6] Collins JJ, Bodner K, Aylward LL, et al . Mortality rates among trichlorophenol workers with exposure to 2,3,7,8-Tetrachlorodibenzo-p-dioxin. Am J Epidemiol. 2009; 170:501-6Retour vers •
[7] Cook RR. Dioxin, chloracne, and soft tissue sarcoma. The Lancet. 1981; 1:618-9Retour vers
[8] Defossez G, Le Guyader-Peyrou S, Uhry Z, et al . Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018 : Étude à partir des registres des cancers du réseau Francim. Synthèse. Saint-Maurice:Santé publique France; 2019. 20 pp. Retour vers
[9] Ducimetière F, Lurkin A, Ranchère-Vince D, et al . Incidence of sarcoma histotypes and molecular subtypes in a prospective epidemiological study with central pathology review and molecular testing. PLoS One. 2011; 6: e20294p. Retour vers
[10] Eriksson M, Hardell L, Berg NO, et al . Soft-tissue sarcomas and exposure to chemical substances: a case-referent study. Br J Ind Med. 1981; 38:27-33Retour vers
[11] Fletcher CDM, Bridge JA, Hogendoorn PCW, et al . WHO Classification of tumours of soft tissue and bone. World Health Organization Classification of Tumours. Lyon:International Agency for Research on Cancer; 2013; 1471 pp. Retour vers
[12] Hansen ES, Lander F, Lauritsen JM. Time trends in cancer risk and pesticide exposure, a long-term follow-up of Danish gardeners. Scand J Work Environ Health. 2007; 33:465-9Retour vers
[13] Hardell L, Eriksson M, Degerman A. Metaanalysis of 4 Swedish case-control studies on exposure to pesticides as risk-factor for soft-tissue sarcoma including the relation to tumor-localization and histopathological type. Int J Oncol. 1995; 6:847-51Retour vers
[14] Hardell L, Sandström A. Case-control study: soft-tissue sarcomas and exposure to phenoxyacetic acids or chlorophenols. Br J Cancer. 1979; 39:711-7Retour vers
[15] Hoar Zahm S, Blair A, Holmes FF, et al . A case-referent study of soft-tissue sarcoma and Hodgkin’s disease. Farming and insecticide use. Scand J Work Environ Health. 1988; 14:224-30Retour vers
[16] Hoar SK, Blair A, Holmes FF, et al . Agricultural herbicide use and risk of lymphoma and soft-tissue sarcoma. JAMA. 1986; 256:1141-7Retour vers
[17] Honchar PA, Halperin WE. 2,4,5-T, trichlorophenol, and soft tissue sarcoma. The Lancet. 1981; 1:268-9Retour vers
[18] Hoppin JA, Tolbert PE, Herrick RF, et al . Occupational chlorophenol exposure and soft tissue sarcoma risk among men aged 30-60 years. Am J Epidemiol. 1998; 148:693-703Retour vers
[19] Hossain A, McDuffie HH, Bickis MG, et al . Case-control study on occupational risk factors for soft-tissue sarcoma. J Occup Environ Med. 2007; 49:1386-93Retour vers
[20] Jayakody N, Harris EC, Coggon D. Phenoxy herbicides, soft-tissue sarcoma and non-Hodgkin lymphoma: a systematic review of evidence from cohort and case-control studies. Br Med Bull. 2015; 114:75-94Retour vers
[21] Johnson ES. Association between soft tissue sarcomas, malignant lymphomas, and phenoxy herbicides/chlorophenols: evidence from occupational cohort studies. Fundam Appl Toxicol. 1990; 14:219-34Retour vers
[22] Johnson FE, Kugler MA, Brown SM. Soft tissue sarcomas and chlorinated phenols. The Lancet. 1981; 2: 40p. Retour vers
[23] Kelly SJ, Guidotti TL. Phenoxyacetic acid herbicides and chlorophenols and the etiology of lymphoma and soft-tissue neoplasms. Public Health Rev. 1989-1990; 17:1-37Retour vers
[24] Kogevinas M, Becher H, Benn T, et al . Cancer mortality in workers exposed to phenoxy herbicides, chlorophenols, and dioxins. An expanded and updated international cohort study. Am J Epidemiol. 1997; 145:1061-75Retour vers
[25] Kogevinas M, Kauppinen T, Winkelmann R, et al . Soft tissue sarcoma and non-Hodgkin’s lymphoma in workers exposed to phenoxy herbicides, chlorophenols, and dioxins: two nested case-control studies. Epidemiology. 1995; 6:396-402Retour vers
[26] Lacourt A, Amadéo B, Gramond C, et al . ETIOSARC study: environmental aetiology of sarcomas from a French prospective multicentric population-based case-control study-study protocol. BMJ Open. 2019; 9: e030013p. Retour vers
[27] Lynge E. Cancer incidence in Danish phenoxy herbicide workers, 1947-1993. Environ Health Perspect. 1998; 106 Suppl 2:683-8Retour vers
[28] Lynge E, Storm HH, Jensen OM. The evaluation of trends in soft tissue sarcoma according to diagnostic criteria and consumption of phenoxy herbicides. Cancer. 1987; 60:1896-901Retour vers
[29] Lynge E. A follow-up study of cancer incidence among workers in manufacture of phenoxy herbicides in Denmark. Br J Cancer. 1985; 52:259-70Retour vers
[30] Moses M, Selikoff IJ. Soft tissue sarcomas, phenoxy herbicides, and chlorinated phenols. The Lancet. 1981; 1: 1370p. Retour vers
[31] Noone , et al . SEER Cancer Statistics Review, 1975-2015: National Cancer Institute. 2018; https://seer.cancer.gov/csr/1975_2015/ [consulté le 09/04/2020]. Retour vers
[32] Ott MG, Olson RA, Cook RR, et al . Cohort mortality study of chemical workers with potential exposure to the higher chlorinated dioxins. J Occup Med. 1987; 29:422-9Retour vers •
[33] Pahwa P, Karunanayake CP, Dosman JA, et al . Soft-tissue sarcoma and pesticides exposure in men: results of a Canadian case-control study. J Occup Environ Med. 2011; 53:1279-86Retour vers
[34] Pahwa P, McDuffie HH, Dosman JA, et al . Exposure to animals and selected risk factors among Canadian farm residents with Hodgkin’s disease, multiple myeloma, or soft tissue sarcoma. J Occup Environ Med. 2003; 45:857-68Retour vers
[35] Riihimäki V, Asp S, Hernberg S. Mortality of 2,4-dichlorophenoxyacetic acid and 2,4,5-trichlorophenoxyacetic acid herbicide applicators in Finland: first report of an ongoing prospective cohort study. Scand J Work Environ Health. 1982; 8:37-42Retour vers
[36] Ruder AM, Yiin JH. Mortality of US pentachlorophenol production workers through 2005. Chemosphere. 2011; 83:851-61Retour vers
[37] Serraino D, Franceschi S, La Vecchia C, et al . Occupation and soft-tissue sarcoma in northeastern Italy. Cancer Causes Control. 1992; 3:25-30Retour vers
[38] Smith AH, Pearce NE, Fisher DO, et al . Soft tissue sarcoma and exposure to phenoxyherbicides and chlorophenols in New Zealand. J Natl Cancer Inst. 1984; 73:1111-7Retour vers
[39] Smith JG, Christophers AJ. Phenoxy herbicides and chlorophenols: a case control study on soft tissue sarcoma and malignant lymphoma. Br J Cancer. 1992; 65:442-8Retour vers
[40] Stiller CA, Trama A, Serraino D, et al . Descriptive epidemiology of sarcomas in Europe: report from the RARECARE project. Eur J Cancer. 2013; 49:684-95Retour vers
[41] Vineis P, Terracini B, Ciccone G, et al . Phenoxy herbicides and soft-tissue sarcomas in female rice weeders. A population-based case-referent study. Scand J Work Environ Health. 1987; 13:9-17Retour vers
[42] Wiklund K, Holm LE. Soft tissue sarcoma risk in Swedish agricultural and forestry workers. J Natl Cancer Inst. 1986; 76:229-34Retour vers
[43] Wingren G, Fredrikson M, Brage HN, et al . Soft tissue sarcoma and occupational exposures. Cancer. 1990; 66:806-11Retour vers
[44] Woods JS, Polissar L, Severson RK, et al . Soft tissue sarcoma and non-Hodgkin’s lymphoma in relation to phenoxyherbicide and chlorinated phenol exposure in western Washington. J Natl Cancer Inst. 1987; 78:899-910Retour vers
[45] Zack JA, Gaffey WR. A mortality study of workers employed at the Monsanto Company plant in Nitro, West Virginia. In: Tucker RE, Young AL, Gray AP, editors. Human and environmental risks of chlorinated dioxins and related compounds. Boston, MA:Springer US; 1983; 57591Retour vers •

→ Aller vers SYNTHESE
Copyright © 2021 Inserm