Pesticides et effets sur la santé
III. Autres pathologies et évènements de santé
2021
17-
Pathologies thyroïdiennes
L’expertise collective de l’Inserm sur les pesticides, publiée en 2013,
n’avait pas analysé de manière approfondie les pathologies de la
thyroïde en raison du faible nombre d’études sur ce sujet. Ces dernières
avaient été abordées sous la forme d’une communication sur les
pathologies métaboliques qui comprenaient l’obésité, le diabète et les
dysfonctions thyroïdiennes (Inserm,
2013

).
Malgré des données toxicologiques positives pour certains pesticides sur
des modèles
in vivo (rongeurs) ou
in vitro, aucune étude
de cohorte prospective en population générale n’existait à l’époque, et
il était difficile de conclure quant aux effets des pesticides sur la
fonction thyroïdienne à partir de quelques études transversales. Ces
études montraient de faibles associations entre certains composés,
appartenant aux familles des organo-phosphorés ou des organochlorés, et
une modification du taux d’hormones thyroïdiennes (HT) ou une
hypothyroïdie. Depuis, la littérature s’est étoffée tant en
épidémiologie qu’en toxicologie moléculaire avec pour conséquence cette
synthèse des connaissances sur le rôle des pesticides dans la survenue
de pathologies thyroïdiennes.
Physiologie de la thyroïde
La thyroïde est une glande constituée de deux lobes reliés par un
isthme, située à la base du cou, en avant de la trachée. Elle est
organisée en follicules formés par une monocouche de cellules
épithéliales, les thyréocytes, délimitant une cavité (l’espace
folliculaire) contenant la substance colloïde. Les thyréocytes,
responsables de la synthèse des HT, représentent plus de 99 % des
cellules de la glande. Ces cellules bipolaires ont une fonction
exocrine vers la cavité folliculaire, et endocrine vers la
circulation sanguine. La thyroïde comporte par ailleurs des cellules
dites parafolliculaires (cellules claires ou C) responsables de la
synthèse de la calcitonine, une hormone qui régule l’homéostasie
calcique. Les HT régulent divers processus physiologiques : le
métabolisme cellulaire, l’énergie musculaire et la température du
corps, l’humeur, le rythme cardiaque, la motricité du tube digestif,
l’utilisation et la transformation des glucides, des lipides et des
protéines issues de l’alimentation, et la croissance et le
développement de l’enfant.
Hormones thyroïdiennes
La thyréostimuline ou thyrotropine (
Thyroid-Stimulating
Hormone ; TSH), hormone d’origine hypophysaire, stimule
la biosynthèse des HT dans la thyroïde. Cela permet la synthèse
de la thyroglobuline (TG), une glycoprotéine de 660 kDa, et
précurseur de la tri-iodothyronine (T3) et de la
tétra-iodothyronine ou thyroxine (T4). Le colloïde joue un rôle
important dans l’hormonogenèse en stockant la TG iodée à haute
concentration (Brent, 2012

). L’iode est un oligo-élément qui est
indispensable à la fabrication des HT. Une dose minimale d’iode
est nécessaire pour un bon fonctionnement de la thyroïde.
Présent en très faible quantité dans le corps, il doit être
fourni par l’alimentation quotidienne (notamment sel iodé de
cuisine, poissons, fruits de mer). La TSH participe à la
captation de l’iode de la circulation sanguine et sa fixation
sur la TG, puis à terme à la libération de T3, T4 et de TG dans
la circulation sanguine.
La première étape du processus d’iodation concerne la capture
d’ions iodures circulants via un symport
Na
+/I
- membranaire, le
Natrium
Iodide Symporter (NIS) (Darrouzet et coll.,
2014

) (figure 17.1

).
L’activité et l’expression de ce transporteur sont stimulées par
la TSH. L’iode est oxydé en présence
d’H
2O
2 par la thyroperoxydase (TPO)
localisée sur la membrane en contact avec le colloïde et peut
ainsi se lier aux résidus tyrosine de la TG. Cette réaction
aboutit à la formation du mono-iodotyrosine (MIT) puis avec la
fixation d’un second atome d’iode, au di-iodotyrosine (DIT). Les
molécules de TG iodées sont substrats d’une réaction de couplage
des résidus iodo-tyrosine catalysée par la TPO produisant la T3
(MIT + DIT) et la T4 (DIT + DIT). Cette dernière est une hormone
de réserve, produite en plus grande quantité que la T3 et qui
peut à tout moment être modifiée en T3 par la déiodation qui est
la forme active. La MIT et la DIT sont métabolisées, dans la
thyroïde, en iodure et en tyrosine par une iodotyrosine
déhalogénase (Dehal1). L’iodure ainsi libéré peut alors être
réintroduit dans le processus d’organification. L’activité
Dehal1 est critique pour la synthèse de quantités adéquates d’HT
car elle assure ce recyclage de l’iodure intra-thyroïdien à
partir des formes intermédiaires des HT. La quantité d’iodure
recyclé est 3 à 5 fois plus importante que celle provenant de
l’alimentation au niveau de l’iode utilisé dans la synthèse des
HT (Hichri, 2018

).
Régulation de la production et de la
biodisponibilité des hormones thyroïdiennes
La régulation en amont de la synthèse hormonale repose sur la
sécrétion et action de l’hormone thyréotrope
(
Thyrotropin-Releasing Hormone ; TRH) produite par
les neurones du noyau paraventriculaire de l’hypothalamus et
dont la sécrétion est contrôlée par les récepteurs aux hormones
thyroïdiennes (
Thyroid Hormone Receptors ; TR,
rétrocontrôle négatif en cas d’excès) et une voie nerveuse
(conditionnée par la disponibilité en nourriture, la température
corporelle, le fonctionnement cardiovasculaire...) (Chiamolera
et Wondisford, 2009

). La TRH stimule la synthèse de la
TSH par l’antéhypophyse dont la sécrétion est aussi contrôlée
par les TR (Szkudlinski et coll.,
2002

). La TSH se lie au récepteur de l’hormone stimulant la
thyroïde (TSHR) exprimé au niveau de la membrane basolatérale
des cellules folliculaires de la thyroïde. Ce récepteur couplé à
la protéine G provoque par l’intermédiaire de l’adénylate
cyclase, une augmentation de l’adénosine 3’,5’-monophosphate
cyclique (AMPc) intracellulaire entraînant une production accrue
d’HT dans les cellules folliculaires. Seules les concentrations
circulantes libres (T4L et T3L ; L pour « libre ») participent
au rétrocontrôle négatif sur la TSH hypophysaire et la TRH
hypothalamique.
Les hormones T3 et T4 sont liées à plus de 99 % aux protéines
plasmatiques de transport :
Thyroxine-Binding Globulin
(TBG), transthyrétine (TTR) ou albumine (Janssen et Janssen,
2017

). Chez l’être humain, la T4 circulante est à 75 % liée à la
TBG, à 15 % à la TTR et à 10 % à l’albumine. La fraction libre
des HT représente en effet moins de 0,5 % de la concentration
sérique totale.
Seule la fraction libre (T3L, T4L) traverse la membrane des
capillaires sanguins et les HT sont transportées activement à
travers la membrane cellulaire des cellules cibles via des
transporteurs appartenant à différentes familles telles que les
Organic Anion Transporting Polypeptide (OATP),
Multidrug Resistance-Associated Protein,
Na+-Taurocholate Cotransporting
Polypeptide et
Monocarboxylate Transporter (MCT).
Ces transporteurs tissus-spécifiques participent à la régulation
et effets des HT en fonction du tissu cible (Visser et coll.,
2011

). La concentration de T3 est indépendante des variations
physiologiques ou pathologiques des protéines porteuses à
l’inverse de la T4. En effet, une augmentation de T4 peut
résulter d’une élévation de la TBG ou inversement pour une
diminution de T4, variations induites en particulier par des
xénobiotiques dont certains médicaments.
La majorité de T3 (80 %) est produite par déiodination de T4
via un processus enzymatique catalysé par les
désiodases intracellulaires, D2 et D1
(figures 17.2

et
17.3

). Par ailleurs, T4,
une pré-hormone (qui n’a pas d’action sur les TR), peut aussi
avec T3 être déiodinée en métabolites inactifs ou quasi-inactifs
T3
reverse (rT3), T2 et T1 suite à l’action de D3
(Dentice et coll., 2013

; Gereben et coll.,
2015

). L’expression des 5’-déisodases D1, D2 et D3 est variable
dans le temps et selon les organes, ce qui constitue un
mécanisme important de modulation de la signalisation des HT
(Bianco et Kim, 2006

; Bianco,
2011

; Gereben et coll., 2015

).
Récepteurs des hormones
thyroïdiennes
Les mammifères expriment deux isoformes de TR qui sont codées par
les gènes
THRA et
THRB, chacune donnant lieu à
quatre variantes : TRα1, TRα2, TRΔα1, TRΔα2 et TRβ1, TRβ2, TRβ3,
TRΔβ3 (Sirakov et Plateroti,
2011

). Chez les vertébrés, T3 est le ligand majoritaire d’une
isoforme (TR
a 1) d’un des récepteurs (Tata,
2013

; Taylor et Heyland, 2017

; Vella et Hollenberg,
2017

). Outre les récepteurs nucléaires, l’intégrine
α
vβ
3, un récepteur et molécule
d’adhésion transmembranaire liant la vitronectine (une
glycoprotéine sérique), a été identifiée comme récepteur de
nombreux ligands incluant les HT (Bergh et coll.,
2005

).
Les TR sont constitutivement liés à l’ADN au niveau d’éléments de
réponse (
Thyroid-Response Elements ; TRE) caractérisés
par des variations de répétitions du motif PuGGTCA (Pu pour
purine) séparées de 4 pb présents dans des promoteurs de gènes
cibles (figure 17.3

) ; ils
forment des hétérodimères avec le récepteur X de rétinoïdes,
inactifs en l’absence de ligands (et recrutant à cet effet, des
corépresseurs transcriptionnels). La liaison des HT aux TR
nucléaires induit l’activation de l’hétérodimère qui échange ces
co-répresseurs avec des coactivateurs, permettant l’activation
transcriptionnelle des gènes cibles. Le récepteur TRβ semble
principalement impliqué dans le rétrocontrôle de la sécrétion
hypophysaire de TSH et dans le développement de l’audition. En
revanche, l’invalidation de TRα conduit à une atrophie
thyroïdienne avec diminution des taux de TSH et des HT. Certains
organes constituent des tissus cibles spécifiques d’un type de
récepteur comme l’oreille interne, l’hypophyse, le cœur, le
foie, l’os ou l’intestin grêle. Cependant, les TRα et TRβ
peuvent coopérer dans certains cas (Flamant et coll.,
2007

).
Les HT peuvent aussi agir selon une régulation non génomique par
liaison à l’intégrine α
vβ
3, T4 étant le
ligand principal, alors que T3 a une action limitée (Davis et
coll., 2016

; Taylor et Heyland,
2017

). Les données cristallographiques du récepteur
α
vβ
3 révèlent deux domaines de liaison
S1 et S2 (Lin et coll., 2011

). T3 se lie au domaine S1 et active
la PI3K via la kinase Src alors que T3 et T4 se lient au domaine
S2 et activent MAPK1 et 2. Les gènes régulés par la liaison des
HT à l’intégrine α
vβ
3 incluent ceux codant
pour les récepteurs d’hormones non peptidiques TR et ERα et
d’autres codant pour des protéines qui contrôlent l’angiogenèse
et qui sont associés au développement tumoral (
FGF2, MMP2,
HIFIA, COX2) (Davis et coll.,
2016

). Parmi d’autres activités non génomiques des HT, il est
rapporté que
i) T4 module la localisation et l’activité
de la désiodase D2, et ainsi la production de T3, en régulant la
dynamique du cytosquelette d’actine des astrocytes (Farwell et
coll., 1990

) ;
ii) T3 participe à la
respiration cellulaire via l’interaction avec le récepteur p43
de la matrice mitochondriale (43-kDa c-ErbAα1) (Casas et coll.,
1999

) avec pour conséquence une contribution à l’intolérance au
glucose et à l’insulino-résistance (Davis et coll.,
2016

) ;
iii) T2 participe aux régulations métaboliques via
des interactions complexes avec la chaîne respiratoire
mitochondriale (Lanni et coll.,
2005

; Davis et coll., 2016

).
Métabolisme et
excrétion
Les HT sont conjuguées au niveau hépatique et éliminées de la
circulation sanguine par voie biliaire. Les voies majeures de
métabolisation de phase II sont la sulfonylation par les
sulfotransférases (SULT) ou glucuronylation par les uridine
diphosphate glucuronyltransférases (UGT). Des transporteurs
spécifiques peuvent également prendre en charge les HT
conjuguées, par exemple le OATP1B1 pour les sulfoconjugués.
L’expression des gènes codant les enzymes du métabolisme
hépatique (phases I, II et III) et leur activité sont régulées
par de nombreux xénobiotiques. Cette régulation est décrite pour
l’activité sulfotransférase (Wang et James,
2006

) et glucuronyltransférase (Barter et Klaassen,
1992

). Comme des inducteurs d’UGT peuvent augmenter l’élimination
de T4 et non de T3, cette régulation du taux d’hormones libres
repose sur l’activité d’isoenzymes différentes pour UGT ou SULT
(Visser, 1996

).
Pathologies de la thyroïde
Les pathologies qui affectent la glande thyroïde sont multiples,
qu’elles soient non tumorales ou tumorales. La thyroïde ayant comme
principale fonction celle de produire les hormones thyroïdiennes T4
et T3, les pathologies qui affectent la glande se traduisent
fréquemment par des dysfonctionnements hormonaux. Ces
dysfonctionnements peuvent conduire à une insuffisance ou absence de
synthèse ou de libération des HT se traduisant par un tableau
clinique dénommé hypothyroïdie. Dans certains cas l’origine est un
déficit de stimulation hypophysaire, c’est-à-dire de TSH
(hypothyroïdie centrale). Inversement, ils peuvent conduire à un
excès de production ou sécrétion des HT se traduisant par un tableau
clinique dénommé hyperthyroïdie.
On distingue l’hypothyroïdie clinique (lorsque des signes cliniques
accompagnent une TSH augmentée au-delà de la valeur normale
supérieure et une T4 (libre ou totale) abaissée au-delà de la valeur
normale inférieure) de l’hypothyroïdie sous- ou infra-clinique
(lorsque les signes cliniques sont minimes ou absents, avec une TSH
augmentée au-delà de la valeur normale supérieure, et une T4 libre
normale). Il en est de même pour l’hyperthyroïdie clinique (qui
associe des signes cliniques francs à une TSH effondrée et à une T4
libre et/ou T3 libre augmentées au-delà de la valeur normale
inférieure) et l’hyperthyroïdie sous- ou infra-clinique (lorsque les
signes cliniques sont minimes ou absents avec une TSH inférieure à
la valeur normale et les T4 et T3 libres normales).
L’étiologie des dysthyroïdies est multiple. Des maladies ou
affections auto-immunes (dont la thyroïdite de Hashimoto ou la
thyroïdite atrophique post-ménopausique), des traitements (iode
radioactif pour traiter une hyper-thyroïdie, radiothérapie de la
tête ou cou, médicaments à base de lithium ou d’antithyroïdiens de
synthèse, chirurgie thyroïdienne,...), une dysgénésie thyroïdienne
au cours du développement (dont l’hypothyroïdie congénitale), des
pathologies hypophysaires ou hypothalamiques ainsi que des carences
en iode alimentaire peuvent entraîner une hypothyroïdie. D’autres
affections d’origine auto-immune (maladie de Graves-Basedow,
thyroïdite du post-partum), des traitements médicamenteux (certains
anti-arythmiques comme l’amiodarone), la présence de nodules
thyroïdiens hypersécrétants (goitre multinodulaire, adénome) ou des
inflammations virales peuvent entraîner une hyperthyroïdie. Il faut
noter que certaines affections peuvent débuter par une hypothyroïdie
et évoluer vers une hyperthyroïdie et inversement.
La prévalence et l’incidence des dysthyroïdies varient entre pays en
raison des différences des seuils de diagnostic, de la sensibilité
des essais, de la consommation d’iode et de la dynamique
démographique. Dans les pays avec un apport suffisant en iode, la
prévalence de l’hyperthyroïdie clinique est estimée entre 0,2 % et
1,3 %, alors que celle de l’hyperthyroïdie sous-clinique est entre
1 % et 5 % (certaines études incluaient des patients sous
lévothyroxine). Concernant les hypothyroïdies franches, la
prévalence dans la population générale est estimée à entre 0,2 % et
5,3 % en Europe et entre 0,3 % et 3,7 % aux États-Unis (Taylor et
coll., 2018

). Plus généralement, une méta-analyse de 17 études européennes a
rapporté une prévalence des dysthyroïdies (formes cliniques et
sous-cliniques) de 11 %, avec seulement la moitié des patients qui
seraient diagnostiqués (Garmendia Madariaga et coll.,
2014

).
En ce qui concerne les données françaises, dans le cadre de l’étude
SU.VI.MAX sur la consommation alimentaire et la santé, menée chez
des hommes de 45-60 ans et des femmes de 35-60 ans, l’incidence
annuelle moyenne des dysthyroïdies était de 267 cas pour
100 000 personnes pour l’ensemble de la population, correspondant à
une incidence globale de 2,0 % sur la période de l’étude de 7,5 ans
(Estaquio et coll., 2009

). Plus récemment, Barry et coll. ont
constaté une augmentation de l’incidence des hypothyroïdies
congénitales avec glande en place (par opposition aux dysgénésies)
en France durant la période 2002-2012, avec des disparités
régionales (Barry et coll., 2015

).
Plusieurs facteurs de risque des pathologies thyroïdiennes sont
reconnus. S’agissant de celles entraînant une hypothyroïdie, on peut
citer le sexe féminin, un âge avancé, des antécédents familiaux
d’hypothyroïdie, des atteintes auto-immunes (diabète de type 1,
maladie cœliaque), des traitements médicamenteux, et la
radiothérapie (Vanderpump, 2011

; Burch,
2019

;
Lin et coll., 2019

). La carence en iode reste la principale
cause d’hypothyroïdie, mais elle est devenue rare dans les pays
développés (Taylor et coll., 2018

). S’agissant de celles entraînant une
hyperthyroïdie, on peut citer le sexe féminin, des antécédents
familiaux d’hyperthyroïdie, notamment la maladie de Graves-Basedow,
ou des affections auto-immunes (diabète de type 1, anémie
pernicieuse). Le rôle de multiples substances chimiques pouvant
perturber l’homéostasie thyroïdienne est de plus en plus suggéré,
comme par exemple les ions perchlorates (Leux et Guenel,
2010

).
Concernant les pathologies tumorales, chez l’être humain, il existe
deux principaux types de cancers thyroïdiens : le cancer papillaire,
le plus couramment rencontré, et le cancer folliculaire.
Données des études
épidémiologiques
En 2016, Campos et Freire ont réalisé une revue systématique des
études épidémiologiques explorant le lien entre les pesticides et la
fonction thyroïdienne, et plus spécifiquement sur les pesticides non
persistants, qui sont les plus utilisés actuellement depuis que les
organochlorés ont été interdits dans la plupart des pays (Campos et
Freire, 2016

). Malgré une hétérogénéité méthodologique entre les 19 études
incluses dans la revue, la plupart montrent des effets sur les
niveaux de T3 et T4, et/ou de TSH, et plusieurs révèlent une
association entre l’exposition aux pesticides et l’hypothyroïdie.
Néanmoins, en raison d’un manque d’ajustement pour les variables
confondantes et des méthodes d’échantillonnage peu rigoureuses
identifiés dans la majorité des études, les auteurs ont conclu que,
dans l’ensemble, la connaissance actuelle restait limitée pour un
effet des pesticides sur la thyroïde.
Les résultats de notre analyse de la littérature scientifique sont
présentés ci-dessous selon la population concernée : études en
milieu professionnel, études en population générale ou
riverains.
Exposition aux pesticides en milieu
professionnel
De nombreuses études (cohortes ou études transversales
essentiellement) ont été réalisées en milieu professionnel.
Certaines se sont adressées à des pathologies thyroïdiennes
soutenues par un diagnostic médical ou par un profil biologique
(notamment les hypothyroïdies et hyperthyroïdies
sous-cliniques). D’autres ont étudié les relations entre
l’exposition à des pesticides et des variations des
concentrations circulantes en HT. Ces dernières ne permettent
pas de conclure à une hypothyroïdie ou hyperthyroïdie tant qu’il
n’est pas précisé la distribution des HT dans la population
d’étude et le pourcentage de sujets qui présentent des
concentrations anormales. Quelques études concernent le cancer
de la thyroïde. L’ensemble de ces études ont été conduites chez
des populations d’applicateurs, d’agriculteurs, d’ouvriers
d’usine de pesticides mais aussi chez les conjointes
d’agriculteurs, et dans d’autres populations particulières. À
notre connaissance, il n’y a pas de méta-analyse sur l’impact de
l’exposition professionnelle à des pesticides et la survenue de
pathologies de la thyroïde. Les études de cohorte sont
présentées dans le tableau 17.I

(voir en fin de ce chapitre).
Pathologies de la thyroïde non
cancéreuses
Études chez les applicateurs de
pesticides – cohorte Agricultural Health
Study
Le lien entre l’utilisation de pesticides et des troubles
de la thyroïde a été étudié chez des applicateurs privés
dans la cohorte prospective américaine
Agricultural
Health Study (AHS). Les sujets, majoritairement
de sexe masculin, ont été interrogés sur la présence
d’atteintes compatibles avec une hypothyroïdie clinique
(Shrestha et coll.,
2018b

) ou sous-clinique (Lerro et
coll., 2018b

), ou une hyperthyroïdie
(Shrestha et coll.,
2019

).
Dans la première étude de Shrestha et coll., l’apparition
d’hypothyroïdies rapportées (n = 829) a été évaluée en
relation avec l’utilisation de cinquante pesticides
différents, à un moment donné du passé, ainsi qu’avec un
indicateur d’exposition cumulée (nombre de jours
d’utilisation au cours de la vie, pondéré par
l’intensité ; variable qui était codée en trois ou
quatre catégories selon les effectifs) (Shrestha et
coll., 2018b

). Cette mesure d’exposition
par questionnaire était réalisée au moment de
l’inclusion chez 35 150 hommes et femmes avec un suivi
de 20 ans. Des analyses de sensibilité ont été réalisées
pour évaluer l’impact de l’attrition (nombre de sujets
perdus de vue au cours du suivi), qui se sont révélées
sans impact sur la mesure de l’association. Dans cette
étude, après ajustement sur sexe, âge, région et
tabagisme, le risque d’hypothyroïdie était augmenté chez
les participants qui avaient déjà utilisé quatre
insecticides organochlorés parmi les sept étudiés
(aldrine, hepta-chlore et lindane parmi les participants
de plus de 62 ans [âge médian de la population à
l’inclusion] ; chlordane chez l’ensemble des
participants), quatre insecticides organophosphorés
parmi les 9 étudiés (coumaphos chez les plus de 62 ans ;
diazinon, dichlorvos, et malathion chez l’ensemble des
participants) et trois herbicides parmi les 18 étudiés
(dicamba, glyphosate et 2,4-D
1
acide
2,4-dichlorophénoxyacétique.
chez l’ensemble des participants). Les
HR allaient de 1,21 ; IC 95 % [1,04-1,41] pour le
chlordane à 1,54 ; IC 95 % [1,23-19,4] pour le lindane
chez les plus de 62 ans. Les insecticides carbamates
(n = 3) et pyréthrinoïdes (n = 2), ainsi que les
fongicides (n = 5) et les fumigants (n = 4) étudiés
n’étaient pas associés au risque d’hypothyroïdie. En
ajustant sur les pesticides corrélés, les associations
sont restées significatives pour le chlordane,
l’heptachlore, le diazinon et le dicamba. Le risque
était le plus important parmi ceux avec la plus forte
intensité d’exposition cumulée avec des tendances
linéaires pour le chlordane, le lindane, le diazinon, et
le coumaphos (chez les plus de 62 ans). Il y avait des
tendances (p ≤ 0,2) pour l’aldrine, le dichlorvos, le
fonofos, et la perméthrine, même si les HR
n’augmentaient pas toujours de façon monotone en
fonction de la catégorie d’exposition aux pesticides.
Pour les herbicides, l’augmentation du risque
d’hypothyroïdie était observée pour le 2,4-D (p de
tendance = 0,01). Il y avait aussi une tendance pour le
2,4,5-T (acide 2,4,5-trichlorophénoxyacetique) parmi les
applicateurs les plus âgés (p de tendance = 0,05), même
si les HR augmentaient faiblement entre les catégories
d’exposition 2 et 3. Même s’il n’y avait pas
d’augmentation dose-réponse pour le glyphosate, les HR
étaient augmentés dans la 2
e (1,27 ; IC 95 %
[1,03-1,69]) et 3
e catégorie (1,38 ; IC 95 %
[1,12-1,69]) d’exposition cumulée, et un peu moins dans
la dernière catégorie (1,17 ; IC 95 % [0,94-1,45]). Les
résultats de cette étude étaient généralement cohérents
avec les précédentes analyses sur le risque
d’hypothyroïdie en étudiant les cas prévalents de
l’étude AHS ou avec un moindre suivi (Goldner et coll.,
2013

; Lerro et coll.,
2018b

).
Lerro et coll. ont également publié en 2018 les résultats
d’une étude sur 679 hommes applicateurs de pesticides
dans l’AHS avec des données biologiques permettant de
caractériser plus finement la fonction thyroïdienne
(Lerro et coll., 2018b

). Cette étude a été réalisée
chez des sujets ne déclarant pas de trouble de la
thyroïde et ne prenant aucune médication thyroïdienne.
Les auteurs ont montré parmi cinquante pesticides
différents des associations entre le risque d’une
hypothyroïdie sous-clinique (TSH supérieure à 4,5 mIU/l)
et l’exposition cumulée au cours de la vie à l’aldrine
avec une relation exposition-effet (OR = 4,76 ; IC 95 %
[1,53-14,82] pour la catégorie d’exposition la plus
élevée) et à l’herbicide pendiméthaline (OR = 2,78 ;
IC 95 % [1,30-5,95] pour la catégorie d’exposition la
plus élevée). Le captane et
l’éthyl-dipropylthiocarbamate étaient eux associés, à la
limite de la signification statistique, à une
hypothyroïdie sous-clinique (p de tendance
respectivement 0,09 et 0,05) et à une augmentation de
TSH (p de tendance respectivement 0,05 et 0,04). Le
fumigant bromure de méthyle était associé à une
diminution de la TSH et augmentation de T4. Une
association positive et modeste, mais à la limite de la
signification statistique, était observée entre le
glyphosate et la TSH (OR = 1,14 ; IC 95 % [0,99-1,33]),
ainsi que la trifluraline et la TSH (OR = 1,14 ; IC 95 %
[0,97-1,34]) chez les applicateurs dans la catégorie
d’exposition la plus élevée alors que ces substances
n’étaient pas associées à un risque accru
d’hypothyroïdie sous-clinique. Toutes les associations
étaient ajustées sur l’âge, la région, l’IMC, le
tabagisme et sur les autres pesticides associés au
pesticide étudié.
Les deux études ci-dessus sont généralement cohérentes et
dans l’ensemble elles confirment les résultats d’une
précédente étude menée sur la cohorte AHS, basée sur
l’auto-déclaration et avec un moindre suivi (Goldner et
coll., 2013

), qui a montré que
l’exposition des applicateurs à certains pesticides
organochlorés (heptachlore, lindane, et chlordane),
organophosphorés (diazinon et malathion) ou herbicides
(2,4-D et dicamba) était associée à une augmentation de
risque d’hypothyroïdie. Les études récentes n’ont pas
confirmé les associations mises en évidence précédemment
impliquant le DDT, le toxaphène et le carbofuran, et
elles ont fait ressortir des associations modestes entre
l’exposition au glyphosate ou à la trifluraline et un
risque accru de l’hypothyroïdie.
Une publication par Shrestha et coll. fait état de la
relation entre l’utilisation des pesticides par les
agriculteurs de l’AHS et la survenue d’hyperthyroïdie
rapportée (Shrestha et coll.,
2019

). Parmi les mêmes
35 150 applicateurs de l’étude présentée ci-dessus
(Shrestha et coll.,
2018b

), 271 ont développé une
hyperthyroïdie au cours du suivi. L’analyse par modèle
de Cox ajusté sur sexe, éducation, région et tabagisme a
mis en évidence que plusieurs pesticides (malathion,
manèbe/mancozèbe, dicamba, métolachlore, et atrazine
dans l’échantillon complet et le chlorimuron-éthyle chez
les moins de 62 ans) étaient associés à une diminution
de risque d’hyperthyroïdie. L’association négative la
plus forte était observée avec le manèbe/mancozèbe
(HR = 0,50 ; IC 95 % [0,30-0,83]). Le risque
d’hyperthyroïdie était également plus faible parmi les
agriculteurs qui avaient une exposition au cours de la
vie pondérée par l’intensité plus importante au
carbofuran et chlorpyrifos.
Études chez les femmes d’agriculteurs –
cohorte Agricultural Health Study
Une étude transversale sur les épouses (n = 16 529) des
applicateurs de pesticides dans la cohorte AHS a analysé
cinquante pesticides différents appartenant à plusieurs
familles chimiques (herbicides, insecticides
organochlorés, organophosphorés, carbamates et
pyréthrinoïdes, fongicides et fumigants) en lien avec
les pathologies de la thyroïde (Goldner et coll.,
2010

). Les participantes étaient
classées comme cas lorsqu’elles rapportaient un
diagnostic médical. L’exposition était évaluée par
questionnaire, avec des questions sur le fait que les
épouses elles-mêmes avaient déjà mélangé ou appliqué les
pesticides étudiés. Les OR étaient calculés par
régression logistique poly-tomique (absence de
pathologie de la thyroïde, hypothyroïdie, hyperthyroïdie
ou autres), ajustés sur le niveau d’éducation (études
supérieures oui/non), l’âge à l’inclusion (< 45,
46-55, 56-65, > 66 ans), le statut tabagique (jamais,
passé, actuel), l’indice de masse corporelle (IMC :
< 25 ; 25-29,9 ; > 30 kg/m
2), et la prise
de traitement hormonal substitutif (jamais, déjà). Une
augmentation du risque d’hypothyroïdie a été mise en
évidence en lien avec l’utilisation de pesticides
organochlorés sans distinction (OR = 1,2 ; IC 95 %
[1,0-1,6]), ainsi que des fongicides sans distinction
(OR = 1,4 ; IC 95 % [1,1-1,8]). Les associations étaient
plus particulièrement observées avec le chlordane, les
fongicides bénomyl, manèbe et mancozèbe et l’herbicide
paraquat. Concernant les hyperthyroïdies, le manèbe et
mancozèbe, membres de la famille des dithiocarbamates,
étaient les seuls également associés avec un risque
augmenté d’hyperthyroïdie (OR = 2,3 ; IC 95 %
[1,2-4,4]). Il n’y avait pas d’association avec
l’utilisation par le passé d’herbicides, de fumigants,
ou d’insecticides de la famille des organochlorés,
organophosphorés, carbamates ou pyréthrinoïdes.
Cette même population a par la suite été étudiée de
manière longitudinale sur une période de 20 ans, au
cours de laquelle ont été recensés 1 627 cas incidents
d’hypothyroïdie et 531 d’hyperthyroïdie (Shrestha et
coll., 2018a

). Une validation interne
montrait que la qualité des informations recueillies par
auto-déclaration était meilleure pour l’hypothyroïdie
que pour l’hyperthyroïdie (confirmées par les dossiers
médicaux respectivement pour 91 % et 32 % des cas). Pour
les fongicides sans distinction, les auteurs mettaient
en évidence une augmentation du risque d’hypothyroïdie,
avec un HR (ajusté sur l’éducation, lieu de résidence et
le tabagisme) de 1,26 ; IC 95 % [1,02-1,54]. Des
associations statistiquement significatives ont été
retrouvées en particulier pour le bénomyl, le
manèbe/mancozèbe, et le métalaxyl. Un risque élevé
d’hypothyroïdie était également observé en lien avec la
pendiméthaline après ajustement sur d’autres pesticides
corrélés (HR = 1,77 ; IC 95 % [1,19-2,62]), et parmi les
plus de 60 ans, pour le parathion (HR = 2,44 ; IC 95 %
[1,43-4,16], 14 cas exposés) et la perméthrine
(HR = 1,68 ; IC 95 % [1,01-2,82]). Par ailleurs,
l’insecticide phorate, et les herbicides imazéthapyr et
métolachlore étaient associés à une diminution de risque
d’hypothyroïdie, tandis qu’aucun lien n’a été retrouvé
pour le glyphosate (HR = 1,07 ; IC 95 % [0,95-1,20]).
L’insecticide diazinon (HR = 1,35 ; IC 95 %
[1,05-1,73]), les fongicides manèbe et mancozèbe
(HR = 1,74 ; IC 95 % [1,05-2,88]), et l’herbicide
métolachlore (HR = 2,01 ; IC 95 % [1,17-3,44]) étaient
associés à un risque augmenté d’hyperthyroïdie, tandis
qu’une diminution du risque a été observée pour
l’herbicide trifluraline.
Études transversales chez les
agriculteurs ou travailleurs
agricoles
De nombreuses études, pour la plupart de nature
transversale, se sont intéressées à des associations
avec les concentrations sériques d’hormones
thyroïdiennes et de TSH en absence de diagnostic
clinique de pathologie thyroïdienne.
Une étude en Thaïlande a comparé les niveaux d’hormones
thyroïdiennes chez des agriculteurs travaillant en
agriculture biologique (n = 222) ou traditionnelle
(n = 195) (Kongtip et coll.,
2019

). Le type et la quantité de
pesticides utilisés étaient demandés à ceux travaillant
dans l’agriculture traditionnelle. Les niveaux de TSH,
T3 libre, T3 et T4 des agriculteurs traditionnels
étaient environ 1,6, 1,2, 1,3 et 1,1 fois plus élevés
que ceux de l’agriculture biologique. Ces résultats
peuvent s’expliquer par les taux d’hormones
thyroïdiennes au-dessous des valeurs de référence chez
les agriculteurs biologiques mais les auteurs ont noté
que ces différences pourraient également s’expliquer par
des effets d’âge ou de genre. En regardant les
associations avec des pesticides spécifiques, les
auteurs ont mis en évidence des associations, uniquement
positives, entre la quantité appliquée de plusieurs
herbicides dans le passé et le niveau d’hormones
thyroïdiennes, après ajustement sur les variables
associées aux hormones thyroïdiennes : sexe, tabagisme
actuel, consommation d’alcool actuelle, utilisation de
pesticides au domicile durant l’année précédente,
niveaux de triglycérides et stress dans les 2 à
4 dernières semaines. Les substances actives analysées
étaient le paraquat (associé à une augmentation de TSH,
T3 libre et T3), l’acétochlore (T4 libre), l’atrazine
(TSH, T3 libre et T3), le glyphosate (T4) ; le diuron
(TSH) et une catégorie « autres herbicides » qui
incluait l’alachlore, le propanil, et le butachlor (FT4
et T3). Les produits les plus utilisés dans cette étude
étaient le glyphosate, le paraquat et le 2,4-D.
Une étude transversale récente chez 275 résidents d’une
ferme au Brésil suggérait qu’à la fois une exposition
professionnelle aiguë et chronique était associée à une
augmentation des niveaux de TSH chez les ouvriers
agricoles masculins (Piccoli et coll.,
2016

). Dans cette population, le
mancozèbe et le sulfate de cuivre étaient les fongicides
les plus fréquemment utilisés, et le glyphosate et le
paraquat étaient les deux herbicides rapportés comme les
plus fréquemment utilisés. L’exposition au cours de la
vie aux fongicides, herbicides et dithiocarbamates était
associée à l’augmentation de la TSH et la diminution de
la T4 libre, plus particulièrement chez les hommes, avec
une relation exposition-effet monotone. En revanche, le
travail à la ferme et l’exposition globale à tous
pesticides au cours de la vie étaient associés à une
baisse de TSH et respectivement à une augmentation des
T3 totale et T4 libre. Les auteurs retrouvaient peu
d’associations chez les femmes. Les associations avec
les biomarqueurs de pesticides étaient faibles et peu
consistantes. Après ajustement sur le sexe, l’âge,
l’IMC, le tabagisme et la consommation d’alcool, parmi
les nombreux métabolites de pesticides testés, la
détection de γ-chlordane était associée positivement à
la concentration de TSH en log (β = 1,25 [1,01-1,54]) et
au log de la concentration en T3 (β = 1,06 [1,01-1,11]),
la dieldrine négativement au log de la concentration en
T4 libre (β = 0,92 [0,86-0,99]). Des pesticides en
nombre plus important étaient associés au niveau de T3
soit positivement (γ-chlordane, β-HCH, époxyde
d’heptachlore [un métabolite d’heptachlore],
trans-nonachlore, p,p’-DDE, endosulfan II)
soit négativement (endrine, heptachlore).
D’autres études transversales, reposant sur un plus
faible nombre d’effectifs, ont également trouvé des
associations entre l’exposition professionnelle aux
pesticides et des signes cliniques et biologiques
d’hypothyroïdie. C’est le cas des applicateurs (n = 63)
de fongicides de la famille des éthylène
bis-dithiocarbamates (EBDC) au Mexique (Steenland et
coll., 1997

), des travailleurs de la
banane aux Philippines (n = 88) exposés aux EBDC et
autres fongicides (chlorothalonil, propanil, et
bitertanol) utilisés en même temps ou en alternance avec
ce dernier (Panganiban et coll.,
2004

), et travailleurs dans des
serres (n = 108) en Roumanie (Simescu et coll.,
2014

).
Une étude au Mexique a rapporté une association positive
entre les taux urinaires de dialkylphosphates (DAP ;
métabolites des pesticides organophosphorés et marqueurs
indirects d’exposition à ces composés) et des
perturbations des taux sériques d’hormones thyroïdiennes
(augmentation de TSH et T4, baisse de T3) chez des
hommes (n = 136) travaillant en floriculture (Lacasaña
et coll., 2010a

). Les auteurs ont montré par
la suite que ces effets sont déterminés par l’activité
de la paraoxonase, une enzyme intervenant dans
l’hydrolyse des organophosphorés (Lacasaña et coll.,
2010b

). Blanco-Muñoz et coll. ont
exploré le lien entre les taux sériques de p,p’-DDE et
les hormones thyroïdiennes dans cette même population
(Blanco-Muñoz et coll.,
2016

). Une association positive a
été retrouvée entre le p,p’-DDE et les concentrations de
T3 et de T4 totales avec une relation exposition-effet,
mais sans effet sur la TSH.
Une étude portant sur 96 agriculteurs de la bande de Gaza
a mis en évidence une élévation des niveaux de TSH et
une diminution des T3 et T4 par comparaison à un groupe
de témoins de même effectif non exposés aux pesticides
et appariés sur l’âge (Al-Shanti et Yassin,
2017

). Aux États-Unis,
144 applicateurs de pesticides avaient également des
niveaux de TSH plus élevés que 49 témoins urbains, ainsi
que des variations saisonnières non observées chez ces
derniers (Garry et coll.,
2003

).
Une étude chez 122 agriculteurs danois a examiné les
variations saisonnières des taux sériques des hormones
thyroïdiennes chez des sujets travaillant dans des
serres. Une analyse transversale des données a montré
que la pulvérisation plus importante de pesticides
pendant l’été, pour une période de trois mois, était
associée à une diminution mineure de T4 libre en
automne. Cette association était également constatée au
printemps, ce qui pourrait s’expliquer par le fait que
les travailleurs des serres sont exposés aux différents
pesticides tout au long de l’année. Une analyse
longitudinale a montré une diminution de TSH et une
augmentation de T3 (totale et libre) et de T4 libre en
automne. Les auteurs notent que cet effet saisonnier,
qui est à l’inverse de celui attendu étant donné que
l’été et l’automne sont des périodes de forte
utilisation de pesticides, ne montre pas une relation
exposition-effet et pourrait s’expliquer par des raisons
autres que l’exposition aux pesticides (Toft et coll.,
2006

).
Dans une étude au Pakistan sur 88 exposés à la culture du
coton et 88 témoins appariés sur l’âge et le sexe, des
différences hormonales étaient retrouvées et en
particulier une baisse des niveaux de T4 libres sériques
chez les cueilleurs de coton, mais pas chez les
applicateurs de pesticides (Khan et coll.,
2013

).
Bien que les troubles de la thyroïde chez les
agriculteurs aient été constatés dans de nombreuses
études, d’autres en revanche n’ont pas montré de tels
effets. Une étude au Cameroun n’a pas retrouvé de
différence dans les taux des hormones thyroïdiennes
entre 47 hommes exposés aux pesticides et 37 témoins
(Manfo et coll., 2012

). Dans une étude analysant
la fonction de reproduction chez des agriculteurs
vénézuéliens, aucune différence dans les taux sériques
de T4 libres et de TSH n’a été retrouvée entre les
hommes (n = 64) exposés aux organophosphorés et aux
carbamates par rapport à 35 témoins non exposés
(Miranda-Contreras et coll.,
2013

).
Études dans des populations sensibles –
exposition in utero
Des femmes travaillant dans des serres et exposées
pendant leur grossesse à des pesticides non persistants
ou en combinaison (potentiellement plus de
100 substances actives différentes) ont été incluses
dans une cohorte danoise entre 1996 et 2000. Sur les
247 enfants nés de ces mères, des dosages sanguins ont
été réalisés sur 90 et 55 enfants respectivement classés
comme exposés ou non exposés. L’exposition prénatale
était associée à une baisse des concentrations de TSH
chez les enfants entre 6 et 11 ans, après ajustement sur
l’IMC en plus du changement dans la composition
corporelle. La différence de z-scores de TSH était
- 0,66 [- 1,29 ; - 0,02] chez les enfants de 6-11 ans
nés de mères exposées par rapport au groupe d’enfants
nés de mères non exposées (Wohlfahrt-Veje et coll.,
2011

).
Études chez d’autres
professionnels
Les associations entre p,p’-DDE (un métabolite du DDT) et
concentrations circulantes d’hormones thyroïdiennes ont
également été étudiées dans des populations de pêcheurs
ou capitaines de bateaux. L’hypothèse était que leurs
activités et habitudes de consommation amenaient ces
professionnels à être plus fortement exposés aux
polluants organiques persistants (y compris les
pesticides) que la population générale. En 2000, dans
une population de près de 200 pêcheurs suédois de la mer
baltique, Rylander et coll. ont rapporté une association
positive entre le p,p’-DDE et la concentration de TSH
(Rylander et coll.,
2006

). Une augmentation de
100 ng/g lipides de p,p’-DDE correspondait à une
augmentation de 0,03 mU/l (IC 95 % [0,01-0,05]) de TSH,
après ajustement sur l’âge. Lorsque l’exposition était
catégorisée, l’association semblait être liée au dernier
quartile (β = 0,33 ; IC 95 % [- 0,08 ; 0,73]), alors
qu’elle était plutôt négative pour les quartiles 2 et 3.
Chez 56 capitaines de bateaux consommateurs ou non de
poissons des Grands Lacs d’Amérique du Nord, Turyk et
coll. observaient une corrélation négative, mais non
statistiquement significative, entre les taux sériques
de DDE et de T4 (r = - 0,26 ; p = 0,09) ou de TSH
(r = - 0,25 ; p = 0,09) après ajustement sur l’âge,
l’IMC, et la prise de médicaments antilipémiants,
antihypertenseurs, et anti-inflammatoires non
stéroïdiens (Turyk et coll.,
2006

). Herin et coll., dans une
étude portant sur 159 travailleurs d’une usine française
de médicaments vétérinaires contenant du fipronil, ont
constaté une corrélation négative entre la concentration
plasmatique en fipronil sulfone et le taux de TSH dans
des analyses non ajustées, mais sans effet sur le taux
de T4 totale ou libre (la T3 n’a pas été analysée)
(Herin et coll., 2011

).
Trois études ont porté sur des ouvriers d’usines de
pesticides. Une étude au Royaume-Uni a examiné les taux
sériques des HT chez des travailleurs dans deux usines
de production ou de formulation d’éthylène thiourée
(ETU), un métabolite de l’EBDC. Les travailleurs qui
formulaient l’ETU (n = 5), qui étaient plus exposés à la
substance par leur poste, avaient une diminution de T4
totale (et chez 1 sujet seulement, une augmentation de
TSH) par rapport à des témoins travaillant dans ces
mêmes usines qui ne manipulaient pas la substance.
Aucune différence n’était observée chez les producteurs
(n = 8) par comparaison à leurs témoins appariés (Smith,
1984

). Une étude portant sur des
travailleurs (n = 30) d’une usine de fabrication de
pesticides en Inde a comparé les taux sériques des HT
dans cette population à ceux de 20 sujets en population
générale. Les travailleurs exposés à plusieurs
pesticides (endosulfan, quinalphos, chlorpyrifos,
monocrotophos, lindane, parathion, phorate, fenvalérate)
avaient une baisse de T3 totale et une augmentation non
statistiquement significative de TSH (Zaidi et coll.,
2000

). Une étude menée en
Nouvelle-Zélande a montré que des producteurs de
pesticides les plus exposés à la
2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-p-dioxine (TCDD) par leur
poste, avait une baisse de la T4 libre (’t Mannetje et
coll., 2018

). Enfin, cette même équipe a
précédemment montré, dans un cadre professionnel
différent, une augmentation de risque non significative
des troubles thyroïdiens (sans précision) en lien avec
l’exposition au pentachlorophénol chez les employés
(n = 293) d’une scierie (McLean et coll.,
2009

).
Cancer de la
thyroïde
Dans une étude réalisée sur les épouses des applicateurs de
pesticides de l’AHS, Lerro et coll. ont rapporté que, parmi
les pesticides organophosphorés étudiés, l’exposition au
malathion était associée au risque de cancer de la thyroïde
(RR = 2,04 ; IC 95 % [1,14-3,63]) (Lerro et coll.,
2015

). En Norvège, à partir de
registres recensant 236 646 personnes faisant partie de
familles d’agriculteurs, les auteurs n’ont pas mis en
évidence de lien entre un indicateur d’exposition au
mancozèbe et le risque de cancer de la thyroïde (Nordby et
coll., 2005

). Dans une étude cas-témoins
(près de 500 cas et 500 témoins) sur le cancer de la
thyroïde aux États-Unis, utilisant une matrice
emploi-exposition, aucune association n’était observée en
lien avec l’exposition professionnelle aux pesticides (Zeng
et coll., 2017

). Enfin, aucun lien robuste
n’était retrouvé entre cancer (tout site, dont thyroïde) et
l’atrazine dans la cohorte AHS qui incluait
57 310 applicateurs de pesticides dont 68 % avaient rapporté
une application de l’atrazine (Freeman et coll.,
2011

), excepté pour le cancer de la
thyroïde, pour les sujets dans les 2
e
(RR ajusté = 4,55 [1,27-16,24]) et 4
e (RR
ajusté = 4,84 [1,31-17,93]) quartiles d’exposition définie
comme le nombre de jours pondéré par l’intensité
d’exposition, mais le nombre de cas total exposés était
faible (n = 29). En Allemagne, dans une usine d’herbicides,
Nasterlack et coll. n’ont pas trouvé d’association avec le
risque de cancer de la thyroïde parmi 185 sujets d’une étude
de cohorte rétrospective, en comparant selon le poste de
production de benzothiadiazine et en couplant à un suivi
médical additionnel (Nasterlack et coll.,
2007

).
Exposition aux pesticides en population
générale
Les études en population générale s’intéressent essentiellement
aux variations des niveaux d’hormones thyroïdiennes (TSH, T4,
T3...) et certaines utilisent des biomarqueurs comme indicateur
de l’exposition, principalement des organochlorés.
Études en population : effectifs les plus
importants
L’association entre le DDE, métabolite du DDT (pesticides
organochlorés), et les hormones thyroïdiennes a été étudiée
par Turyk et coll. dans deux cycles des enquêtes
transversales américaines NHANES (
National Health and
Nutrition Examination Survey), chez des sujets
indemnes de pathologie thyroïdienne (Turyk et coll.,
2007

). Après prise en compte du
schéma d’échantillonnage et ajustement sur la concentration
sérique en lipides, l’IMC, l’ethnie, l’âge, le logarithme de
la concentration sérique de cotinine (un métabolite de la
nicotine utilisé comme mesure d’exposition au tabagisme), le
statut ménopausique chez les femmes, et la prise de
médicament (furosémide, VIH, bétabloquants,
normo-glycémiants et autres médicaments), les auteurs ont
rapporté une association entre le logarithme népérien de
p,p’-DDE sérique, et l’augmentation de T4 chez les femmes de
moins de 60 ans (β = 0,33 ; IC 95 % [0,04-0,62], n = 219),
et une diminution de T4 et augmentation de TSH chez les
femmes de plus de 60 ans (respectivement, β = - 0,47
(IC 95 % [- 0,74 ; - 0,20], n = 131 et 0,23 ; IC 95 %
[0,04-0,42], n = 126). Les résultats n’étaient cependant pas
retrouvés dans les deux cycles d’échantillonnage (1999-2000
ou 2001-2002). Chez les hommes, les auteurs ne montraient
pas d’association statistiquement significative. Il est à
noter que dans une population de plus de 1 000 adultes
thaïlandais, aucune association n’était retrouvée entre les
taux sériques de p,p’-DDT ou de p,p’-DDE et les niveaux de
TSH ou de T4 (Teeyapant et coll.,
2014

).
Dans l’étude transversale NHANES également, l’association
entre le 3,5,6-trichloro-2-pyridinol (TCPγ ; métabolite
urinaire du chlorpyrifos et du chlorpyrifos-méthyl) ainsi
que des pesticides organophosphorés non persistants, et
hormones thyroïdiennes a également été étudiée (Fortenberry
et coll., 2012

). Dans cette étude sur plus de
3 000 sujets de plus de 12 ans, les auteurs ont mis en
évidence chez les hommes de moins de 40 ans une relation
entre un interquartile de la mesure du biomarqueur et une
augmentation des T4 en µg/dl (β = 3,00 ; IC 95 % [- 0,81 ;
6,82] chez les 18-40 ans, n = 506) et une diminution de TSH
(β = - 10,7 ; IC 95 % [- 18,7 ; - 2,05] aux mêmes âges),
après ajustement sur la créatinine urinaire, la cotinine
sérique, l’IMC, l’âge, l’ethnie et le revenu. Chez les
femmes, on observait une augmentation de TSH avec
l’exposition à tous les âges, mais plus fortement chez les
plus âgées (β = 21,5 ; IC 95 % [3,37 ; 42,8], n = 218). Les
résultats suggéraient donc des modifications hormonales en
fonction de l’exposition, mais ne semblaient pas homogènes
selon l’âge et le sexe.
Les concentrations urinaires d’acide 3-phénoxybenzoïque
(3-PBA), métabolite commun à plusieurs pyréthrinoïdes
(cyperméthrine, deltaméthrine... mais pas à la cyfluthrine),
chez 6 500 adultes coréens étaient 3 fois plus élevées qu’au
Canada ou aux États-Unis et étaient associées négativement
aux T4 et T3 totales (Hwang et coll.,
2019

). Cette association était surtout
constatée chez les hommes.
En résumé, les études en population générale avec des
effectifs importants ne permettaient pas de conclure de
manière certaine à une association entre l’exposition à des
pesticides et des variations cohérentes des concentrations
circulantes en hormones thyroïdiennes.
Autres études chez des populations
d’effectifs plus réduits
Dans une population de 123 femmes indiennes, Rathore montrait
une diminution de T4 et une augmentation de TSH, en fonction
de la concentration de dieldrine (Rathore et coll.,
2002

). Dans une petite population de
sportifs (n = 66), le hexachlorobenzène (HCB) était
également associé négativement (mais non significativement)
avec la concentration en T4 (Bloom et coll.,
2003

). Chez 16 obèses ayant perdu du
poids, les augmentations de concentration en DDT et HCB
observées étaient associées négativement au niveau de T3
(Pelletier et coll., 2002

), cela était également observé
pour plusieurs PCB. Dans une étude transversale slovaque
chez 454 adultes, la somme d’organochlorés (PCB, DDE et HCB)
était associée sans ajustement à une diminution de TSH
(Langer et coll., 2006

).
Meeker et coll., chez 341 hommes recrutés dans un centre
d’infertilité, retrouvaient une association positive entre
p,p’-DDE et hormones thyroïdiennes (T3 totale, T4 libre) et
négative avec la TSH (Meeker et coll.,
2007

), ainsi qu’une association
négative entre HCB et T3 totale plus forte après prise en
compte du niveau de p,p’-DDE. Dans leur population de plus
de 300 hommes recrutés dans un centre d’infertilité (n = 322
ici), Meeker et coll. ont également exploré le lien entre
les concentrations circulantes en hormones thyroïdiennes et
l’exposition à des insecticides non persistants : le TCPγ
(pour rappel, un métabolite du chlorpyrifos et du
chlorpyrifos-méthyl), et le 1-naphthol (un métabolite du
carbaryl et du naphtalène). Après ajustement sur l’âge,
l’IMC, le tabagisme et la saison, ils ont retrouvé une
association positive entre le TCPγ et la TSH et une relation
négative avec la T4 libre (Meeker et coll.,
2006

). Dans un sous-groupe de cette
même population (n = 161), les auteurs ont également montré
une diminution de la T3 avec une augmentation des
concentrations urinaires de
cis-DCCA
2
acide
cis-3-[2,2-dichlorovinyl]-2,2-diméthylcyclopropane-1-carboxylique.
, métabolite de pyréthrinoïdes (Meeker et
coll., 2009

).
Dans un article utilisant les données de l’étude NHANES et
qui étudie globalement le métabolisme glucidique et
lipidique, chez 727 sujets sains, une association positive
était retrouvée entre le 2,4-D et les niveaux de TSH, plus
particulièrement chez les sujets avec des niveaux de T4
« bas » (en dessous de la médiane de 8,5 µg/dl), considérés
comme population sensible (Schreinemachers,
2010

).
Enfin, concernant l’exposition aux pesticides et le risque de
cancer de la thyroïde en population générale, une étude
cas-témoins nichée dans une cohorte norvégienne (Lerro et
coll., 2018a

) a rapporté une association
négative en lien avec le DDT et une association positive
pour le chlordane chez les sujets les plus jeunes
(métabolites du chlordane, OR pour 10 ng/g de
lipides = 1,78 ; IC 95 % [1,09-2,93]).
Études chez les femmes enceintes et les
nouveau-nés
L’étude la plus récente portant sur une population de femmes
enceintes n’a trouvé aucune relation entre l’exposition aux
pesticides organophosphorés et les concentrations en
hormones thyroïdiennes chez la mère (n = 715) et dans le
sang de cordon (n = 482) dans la cohorte prospective
GENERATION R (Mulder et coll.,
2019

). Les concentrations de six
métabolites urinaires de DAP ont été mesurées à 3 reprises
pendant la grossesse (< 18, 18-25, et > 25 semaines de
gestation) et étaient 2 à 3 fois plus importantes que dans
la plupart des autres cohortes de naissance au Canada, aux
États-Unis, et en Europe. La TSH et la T4 libre ont été
mesurées dans le sang maternel et de cordon. La T4 totale et
les anticorps TPO ont également été mesurés chez la mère.
Aucune information n’était disponible sur le moment du
recueil urinaire (premières urines ou échantillons
aléatoires recueillis entre 8 h et 20 h), alors que les
concentrations de substances chimiques, le volume d’urine,
et le taux d’excrétion varient en fonction notamment de la
prise de boissons, du moment de la journée (Boeniger et
coll., 1993

; Cornelis et coll.,
1996

; Barr et coll.,
2005

). Si, comme le disent les auteurs,
cela n’est pas susceptible d’entraîner un biais de
confusion, puisque les T4 libres n’ont pas de rythme
circadien et la TSH varie surtout entre le jour et la nuit
(Ehrenkranz et coll., 2015

), cela peut en revanche entraîner
un biais de classement non différentiel susceptible de
réduire les associations vers une absence d’association, et
cela n’est pas commenté. À cela s’ajoute que les mesures
urinaires de polluants peu persistants ne reflètent pas
forcément de manière optimale l’exposition, les coefficients
de corrélation intra-classe étant modestes. L’utilisation
d’un nombre plus important d’échantillons par femme pourrait
permettre de pallier cette limite. Enfin, les mêmes auteurs
ont montré précédemment que l’exposition à des pesticides
organophosphorés pendant la grossesse survient probablement
par voie alimentaire, avec l’ingestion de fruits
essentiellement (van den Dries et coll.,
2018

). Un repas incluant beaucoup de
fruits et légumes, les noisettes et poisson n’est donc pas
seulement une source d’éléments sains comme le sélénium,
l’iode et le fer, mais peut aussi être une source de
pesticides organophosphorés. Ces micronutriments sont
importants pour la fonction thyroïdienne et pourraient
contrecarrer les effets de l’exposition aux pesticides
organophosphorés et atténuer des associations avec ces
substances dans des études épidémiologiques. Cependant, dans
l’étude ci-dessus (Mulder et coll.,
2019

), les résultats n’étaient pas
modifiés après ajustement sur la consommation de fruits
comme proxy d’un repas sain.
Chez 157 femmes enceintes espagnoles (Lopez-Espinosa et
coll., 2009

), celles qui avaient des
concentrations sériques de p,p’-DDE plus élevées étaient
plus souvent celles qui avaient des niveaux élevés de TSH
au-dessus de 2,5 mIU/l (OR = 2,53 ; IC 95 % [1,36-4,73]
p = 0,004), et des niveaux plus faibles de T4 libre
(β = - 0,03 ; IC 95 % [- 0,05-0,00] p = 0,05) après
ajustement sur l’âge maternel et les semaines de gestation
au moment du prélèvement, les lipides totaux et d’autres
variables si elles modifiaient la relation de plus de 10 %
(tabagisme et consommation de caféine pour la TSH et pays de
naissance, statut professionnel, cohabitation, consommation
de caféine pour la T4 libre). Chez 334 femmes enceintes dans
la cohorte prospective CHAMACOS (
Center for the Health
Assessment of Mothers and Children of Salinas) les
concentrations de HCB (mais pas de DDT ou de DDE) étaient
associées négativement avec les mesures de T4 totale
(β = - 0,51 ; IC 95 % [- 0,97 ; - 0,04]) et de T4 libre
(β = - 0,08 ; IC 95 % [- 0,15 ; - 0,01]) après prise en
compte de l’âge et de l’IMC maternel préconceptionnel
(Chevrier et coll., 2008

). Une relation négative entre
trois pesticides organochlorés (p,p’-DDE,
cis-nonachlore, et HCB) et T3 dans le sang maternel a
également été retrouvée chez 150 femmes enceintes en bonne
santé au Québec (Takser et coll.,
2005

). Aucune association n’a été
retrouvée avec les hormones mesurées dans le sang de cordon.
En revanche, deux autres études retrouvaient des
associations entre l’exposition
in utero et les
paramètres thyroïdiens mesurés. Chez 115 nouveau-nés chinois
(Luo et coll., 2017

), certains pesticides
organochlorés tendaient à être associés négativement avec
les T4 (HCH, DDE, méthoxychlore) et à une augmentation des
niveaux de TSH (aldrine, dieldrine, DDT) après ajustement
sur âge maternel, niveau d’éducation, revenu du foyer,
parité, et sexe du nouveau-né. L’association la plus nette
étant la relation entre TSH et aldrine. Dans une population
d’un peu moins de 100 nouveau-nés coréens (effectifs
variables selon les associations), les auteurs rapportaient
une association négative entre la T4 totale et l’HCB, une
tendance négative entre T3 et p,p’-DDE et une relation
positive entre TSH et p,p’-DDE (dans le sang 2 jours après
la naissance) et la somme des chlordanes, dans le sang de
cordon (Kim et coll., 2015

).
Dans une étude transversale plus récente où les niveaux
d’expositions étaient élevés, la somme de biomarqueurs
urinaires de pesticides organophosphorés était associée chez
325 femmes enceintes à une augmentation des T4 libres et à
une diminution de la TSH après ajustement sur le revenu du
foyer et le tabagisme pendant la grossesse et prise en
compte de la créatinine urinaire (Wang et coll.,
2017b

). L’exposition aux
pyréthrinoïdes (par le métabolite 3-PBA) a été mesurée au
1
er trimestre de grossesse dans les urines
d’un échantillon de femmes enceintes japonaises (n = 231) ;
aucune association n’était retrouvée avec les concentrations
de TSH et T4 chez les mères (Zhang et coll.,
2013a

) comme chez les nouveau-nés
(Zhang et coll., 2014a

).
Dans une étude en Chine sur 247 couples mères-enfants, sur
11 pesticides organochlorés, 3 étaient détectés dans plus de
50 % des cas à la fois chez la mère et l’enfant, et une
association était rapportée entre la concentration en HCB
dans le sang de cordon et une diminution de la TSH (Li et
coll., 2014

). Dans une autre étude chinoise,
portant sur 374 femmes enceintes habitant au Shandong, le
3-PBA (un métabolite des pyréthrinoïdes) a été détecté dans
la majorité des échantillons d’urines testés (90,4 %) à une
concentration médiane de 1,14 mg/g de créatinine (Hu et
coll., 2019

). Une association négative entre
ce biomarqueur et les niveaux sériques de T3 libres a été
mise en évidence, avec une relation effet-dose, alors
qu’aucune association n’a été constatée avec les autres
hormones thyroïdiennes. Dans une étude coréenne portant sur
59 paires mères-nouveau-nés, les niveaux de fipronil sulfone
dans le sang de cordon à la naissance (qui représentent
l’exposition intra-utérine) étaient inversement associés au
niveaux de T3 totale et libre, y compris après ajustement
sur un grand nombre de facteurs de confusion potentiels (Kim
et coll., 2019

). Les niveaux de T4 totale et
libre et de TSH dans le sang de cordon des nouveau-nés
n’étaient pas corrélés avec le fipronil sulfone. Chez
220 nouveau-nés garçons espagnols (Freire et coll.,
2011

), sur 17 pesticides organochlorés
mesurés dans le placenta, il y avait également une tendance
à une association négative entre HCB et TSH dans le sang de
cordon, et une association négative également avec
l’endosulfan, tandis que l’endrine et dans une moindre
mesure le p,p’-DDE étaient associés plutôt positivement à la
TSH. Dans le sang de cordon de 198 nouveau-nés belges, on
retrouvait des concentrations réduites de T3 et T4 libres en
fonction du niveau de substances organochlorés (dont HCB,
p,p’-DDE) chez la mère (Maervoet et coll.,
2007

). Plusieurs pesticides
organochlorés (p,p’-DDT, p,p’-DDE, β-HCH et HCB) étaient
associés à une diminution des concentrations d’hormones
thyroïdiennes (T3) également chez des enfants de 4 ans
(n = 259) en Espagne (Alvarez-Pedrerol et coll.,
2008

). En revanche, l’association était
retrouvée positive avec de nombreux organochlorés (y compris
β-HCH, HCB, p,p’-DDE, chlordane, dieldrine) chez des enfants
de 0-15 ans (n = 193) au Brésil (Freire et coll.,
2012

), selon les auteurs les
expositions élevées pourraient expliquer ces résultats en
contradiction avec la littérature. Les niveaux de T4 libres
étaient associés positivement également avec p,p’-DDD,
endosulfan I, et dieldrine. Dans une petite étude en
Thaïlande de 39 couples mères-enfants, le niveau de T4 dans
le sang de cordon était associé négativement au DDT et à ses
métabolites p,p’-DDE, p,p’-DDT et o,p’-DDE (Asawasinsopon et
coll., 2006

). Et toujours chez des couples
mères-enfants, à nouveau dans une petite population de
34 cas d’hypothyroïdie congénitale et 102 témoins, au Japon,
les pesticides organochlorés contenus dans le lait (DDT,
HCH, chlordane, HCB et leurs métabolites) ont été mesurés
comme marqueurs d’exposition prénatale (Nagayama et coll.,
2007

). Des associations positives en
lien avec le risque de crétinisme étaient montrées avec le
DDT et l’HCB, après ajustement sur la parité et l’âge. Chez
111 jeunes enfants en Guadeloupe, le chlordécone, mesuré
dans le sang de cordon, était associé à une augmentation de
TSH à 3 mois uniquement chez les garçons et sans
modification de la T3 libre ou de la T4 libre. Lorsque le
chlordécone était mesuré dans le lait maternel, une
association positive avec la TSH à 3 mois a été observée
uniquement chez les filles et accompagnée d’une diminution
de T4 libre. Dans tous les cas, les concentrations
circulantes en hormones thyroïdiennes se trouvaient dans le
rang des valeurs attendues à l’âge de 3 mois. De plus, ces
variations hormonales n’expliquaient pas les moins bons
scores estimant la motricité fine à 18 mois d’âge en lien
avec l’exposition prénatale au chlordécone (Cordier et
coll., 2015

).
Chez des nouveau-nés participant à une étude en Afrique du
Sud, prendre en compte le sexe et la pauvreté modifiaient
les associations entre les concentrations maternelles en
DDT/DDE ou métabolites de pyréthrinoïdes et les niveaux
d’hormones thyroïdiennes (Chevrier et coll.,
2019

). Tous les métabolites de
pyréthrinoïdes étaient positivement associés à la TSH ; le
trans-DCCA et le 3-PBA étaient les plus fortement
associés avec un changement de 12,3 % (IC 95 % [3,0-22,3])
et 14,0 % (IC 95 % [0,50-30,2]) pour chaque augmentation
par 10 des concentrations en biomarqueur. Ces associations
étaient plus élevées chez les enfants de foyers en dessous
du seuil de pauvreté. Les DDT et DDE étaient associés à des
niveaux plus faibles de T4 totale seulement chez les garçons
(β = - 0,27 µg/dl pour une augmentation par 10 de
l’exposition ; IC 95 % [- 0,47 ; - 0,04]).
Exposition aux pesticides des populations
riveraines des zones agricoles ou
industrielles
Pathologies de la thyroïde non
cancéreuses
Requena et coll. ont examiné si l’exposition environnementale
continue aux pesticides chez des personnes habitant à
proximité de zones d’agriculture intensive en Andalousie
(Espagne) était associée à une plus grande prévalence et un
risque plus important de pathologies thyroïdiennes sur
18 ans de suivi (Requena et coll.,
2019

). Au total, 80 132 individus ont
été diagnostiqués avec des désordres thyroïdiens divers
(goitre, hypothyroïdie, thyrotoxicose et thyroïdite). Les
auteurs ont trouvé une augmentation de 49 % du risque
d’hypothyroïdie dans les zones où les pesticides étaient
davantage utilisés après ajustement sur l’âge et le sexe.
Cette étude a mis en évidence une augmentation modeste du
risque de goitre (11 %) chez les sujets vivant dans les
régions avec une utilisation importante de pesticides. Une
augmentation de 20 % du risque de thyroïdite et de 41 % du
risque de thyrotoxicose a également été trouvée. La quantité
totale de pesticides utilisés et la surface totale des
serres étaient supérieures dans la région avec les
utilisations plus importantes de pesticides. Donc, en dehors
des applicateurs et des agriculteurs, la population vivant
proche des régions d’agriculture intensive est considérée
comme ayant des expositions plus élevées de pesticides que
d’autres populations. Cependant, cette étude pratiquement
écologique dans son approche ne permet pas de tirer de
conclusion forte.
Freire et coll. ont mené une étude portant sur les habitants
d’un village au Brésil, à proximité d’un ancien site d’une
usine de production de pesticides, où les sols, les eaux et
les produits alimentaires locaux sont fortement contaminés
par des pesticides organochlorés. Les auteurs ont montré par
une approche transversale chez environ 600 hommes et femmes,
que les concentrations de T3 totale étaient associées
positivement avec la concentration sérique d’endosulfan II
chez les hommes, alors que chez les femmes des associations
négatives ont été retrouvées pour l’endosulfan II, ainsi que
pour l’α-chlordane, le DDT, et le méthoxychlore (Freire et
coll., 2013

). Une diminution des T4 libres
était observée avec le β-HCH et le DDT chez les hommes et
une augmentation des T4 libres avec le HCB, l’heptachlore et
le DDT chez les femmes. Les niveaux de TSH étaient associés
positivement à ceux de β-HCH chez les hommes.
Dans une étude portant sur une population rurale habitant à
proximité d’une usine de production de composés
organochlorés et fortement exposée au HCB, Sala et coll. ont
montré une association négative entre les concentrations
sériques de HCB et T4 totale après ajustement sur les
facteurs de confusion (diminution de 0,32 µg/dl pour chaque
unité, ln ng/ml, d’augmentation de HCB, n = 192). Les
associations n’étaient pas modifiées après ajustement sur
les lipides (Sala et coll.,
2001

).
Dans une population de 232 jeunes Américains habitant à
proximité de plusieurs fonderies, après ajustement sur les
variables sociodémographiques et autres polluants, la
concentration sérique de HCB était associée à une diminution
de T4 (Schell et coll.,
2008

). La même équipe a montré
ensuite une augmentation des anticorps anti-TPO, uniquement
chez les jeunes qui avaient été allaités (n = 47) en
relation avec une exposition avec DDT (évalués par la mesure
du DDE), HCB et mirex (Schell et coll.,
2009

).
Une petite étude menée en Inde a mesuré les hormones
thyroïdiennes et les biomarqueurs d’exposition aux
pesticides chez une centaine de sujets habitant dans une
zone rurale avec une forte utilisation de pesticides
(Srivastava et coll., 1995

). Au total, 24 % des sujets
avaient des niveaux bas de thyroxine, et ces niveaux étaient
associés à des faibles niveaux de résidus de pesticides
organochlorés.
Études chez les femmes enceintes ou
enfants
Chez 430 femmes enceintes habitant dans une région de
floriculture au Mexique, la mesure de l’exposition au
p,p’-DDE lors de la première moitié de la grossesse
était associée positivement au niveau de T3 totale
(Hernández-Mariano et coll.,
2017

). Finalement, dans une étude
transversale portant sur 66 enfants indonésiens habitant
en zone agricole (Suhartono et coll.,
2018

), la TSH était plus élevée
et on constatait davantage d’hypothyroïdie (définie par
les auteurs comme un taux de TSH > 4,5 µIU/l) chez les
plus exposés (par exemple, ratio de la
prévalence = 2,4 ; IC 95 % [1,4-4,3] avec la détection
de pesticides organophosphorés).
Pathologies
cancéreuses
Dans une population importante de 6 310 femmes résidentes de
ferme, un excès de cancer de la thyroïde était retrouvé par
rapport à des femmes qui habitaient en milieu rural, mais
cet excès n’était pas statistiquement significatif malgré la
taille de l’échantillon, en raison du faible nombre de cas
(n = 9) (Wang et coll.,
2002

).
Conclusion – données
épidémiologiques
Sur plus de 70 études épidémiologiques, une dizaine portaient sur des
riverains de zones agricoles ou industrielles et l’autre partie des
études portaient sur des populations en milieu professionnel, et en
population générale en proportion équivalente. La majorité des
études étaient transversales, avec uniquement 15 études de cohorte
(tableau 17.I

, voir en
fin de ce chapitre) et 3 études cas-témoins dont une nichée dans une
cohorte.
La plupart des études retrouvaient une association entre les mesures
d’exposition et des variations de marqueurs biologiques de la
thyroïde, mais avec des directions qui n’étaient pas toujours
concordantes. De nombreuses études ont montré une association entre
l’exposition aux pesticides organochlorés et une diminution de la
concentration sérique des hormones thyroïdiennes (T4 et T3) et/ou
une augmentation des niveaux de TSH, notamment chez les travailleurs
exposés professionnellement. Selon Piccoli et coll., les données
actuelles suggèreraient que les modifications des hormones
thyroïdiennes induites par les pesticides pourraient être
permanentes ou réversibles en fonction de l’intensité et la durée de
l’exposition, tout en précisant que c’est une hypothèse qui demande
à être confirmée (Piccoli et coll.,
2016

).
À noter qu’il est souvent difficile pour les pesticides organochlorés
de faire la part des expositions car les concentrations sériques
(principale mesure d’exposition) sont associées notamment aux PCB et
aux dioxines dont ils partagent la propriété de lipophilie et
s’accumulent donc dans les graisses au cours du temps de la même
manière. Également, comme les DAP sont aussi présents dans les
aliments et l’environnement, leur présence peut être attribuée à
tort à une exposition aux pesticides organophosphorés (parent actif)
alors que cela reflète plutôt une exposition aux composés DAP
(Krieger et coll., 2012

).
Il y a une augmentation récente du nombre d’études montrant qu’un
nombre croissant de substances chimiques, à des concentrations
environnementales, pourraient perturber les fonctions thyroïdiennes.
L’association entre l’exposition aux pesticides organochlorés et le
risque d’hypothyroïdie semble être retrouvée dans beaucoup d’études,
en particulier en milieu professionnel, mais la plupart reposent sur
les données de l’AHS. Pour les autres pesticides, l’association a
été moins étudiée et les résultats sont moins concordants. Comme ont
souligné les auteurs d’une revue récente (Campos et Freire,
2016

),
étant donné l’utilisation généralisée des pesticides, les recherches
à venir doivent se focaliser sur les effets des substances actives
actuellement utilisées, et reposer sur des études de cohorte qui
évaluent l’exposition en combinant questionnaire et mesure de
biomarqueurs.
Finalement, les données sont plus rares pour les autres pathologies
de la thyroïde, notamment pour les cancers. On ne retrouvait pas
d’association claire avec le risque de cancer de la thyroïde, avec
des études montrant soit une augmentation de risque, une diminution
de risque ou une absence d’association.
Thyroïde et pesticides : aspects
mécanistiques
La glande thyroïde a longtemps été ignorée en tant que cible
potentielle des perturbateurs endocriniens au profit d’études
orientées très majoritairement vers la fonction de reproduction.
Cela peut s’expliquer par plusieurs raisons, notamment par le fait
que les HT ont des effets biologiques multiples, tant au niveau des
organes qu’au niveau moléculaire (Brouwer et coll.,
1998

;
Miller et coll., 2009

; Tata,
2013

).
Ces processus sont pour la plupart aussi soumis à d’autres
contrôles, et les régulations croisées par exemple entre les axes
hypothalamo-hypophyso-gonadique
(
Hypothalamic-Pituitary-Gonad ; HPG) et
hypothalamo-hypophyso-thyroïdien
(
Hypothalamic-Pituitary-Thyroid ; HPT) compliquent encore
davantage ces questions (figure 17.4

). Les perturbateurs des hormones
thyroïdiennes (
Thyroid Hormone Disrupting Compounds ; THDC)
sont susceptibles d’interagir avec un ou plusieurs acteurs impliqués
dans la fonction thyroïdienne mais aussi avec d’autres systèmes de
régulation, par exemple via la modulation d’expression des UGT par
les ligands du récepteur aryl-hydrocarbone (AhR).
En rapport avec les outils et modèles disponibles pour tester une
dérégulation de la fonction thyroïdienne, les cibles le plus souvent
testées sont les suivantes :
• inhibition du transport de l’iode > diminution taux sérique
T3 et T4 (niveau 4) ;
• inhibition de la TPO > diminution taux sérique T3 et T4
(niveau 5) ;
• altération de la fixation aux protéines de transport
> relargage de T4 et T3 (niveau 6) ;
• augmentation du transport cellulaire > élimination accrue de
T3 et T4 (niveau 7) ;
• augmentation du métabolisme de phase 2 hépatique
> élimination accrue de T3 et T4 (niveau 8) ;
• inhibition des sulfotransférases > diminution de
sulfonylation des HT (niveau 8) ;
• inhibition des désiodases > diminution taux sérique T3
(niveau 9) ;
• perturbation de l’interaction de T3 avec ses récepteurs
(niveau 10).
Quels essais et modèles pour tester les effets
perturbateurs de la fonction thyroïdienne ?
Un récent rapport de l’OCDE recense les essais
in vitro ou
ex vivo pour le criblage des composés pouvant avoir des
effets perturbateurs thyroïdiens (OECD,
2017

).
Des tests ont été développés pour évaluer l’action des THDC soit
in vivo, majoritairement chez le rat, soit
in
vitro. Parmi les nombreux essais réglementaires,
commercialisés ou développés dans les laboratoires de recherche, le
ciblage est majoritairement orienté vers la synthèse hormonale via
une interaction avec la TPO ou le NIS, et leurs interactions avec
les différents récepteurs, transporteurs ou enzymes périphériques de
conversion de l’axe HPT. Néanmoins, cette revue souligne
l’impossibilité de réaliser une batterie de tests qui permettent de
cribler tous les mécanismes de perturbation de l’axe HPT. Il ressort
également, de ce travail d’inventaire, qu’il n’existe pas à l’heure
actuelle de test réalisable en routine intégrant le criblage de
l’ensemble de ces mécanismes de toxicité.
La majeure partie du criblage de la perturbation de la fonction
thyroïdienne est réalisée grâce à l’analyse de paramètres qui sont
venus se greffer aux tests de criblage de la perturbation des
hormones sexuelles.
Si l’analyse détaillée de la batterie de tests existants (voir
addenda en fin de chapitre) illustre l’absence d’un test unique qui
intègrerait les différents mécanismes de toxicité directe vis-à-vis
de la glande thyroïde, un criblage à moyen/haut débit est proposé
par différentes agences. Ce criblage pourrait reposer sur la mesure
de l’activité transcriptionnelle de gènes régulés par la fonction
thyroïdienne, par exemple sur la lignée cellulaire PCCl3, dans le
but de détecter des évènements initiateurs de toxicité. Pour les
essais
in vivo, il est urgent et essentiel de poursuivre et
développer des tests tirant profit des étapes de métamorphose et
organogenèse chez les batraciens ou les poissons, et pour des essais
à court terme, de construire des modèles de génotype sauvage ou muté
avec des gènes rapporteurs (Morvan-Dubois et coll.,
2008

;
Morvan-Dubois et coll., 2013

; Spirhanzlova et coll.,
2019

).
Données des études
toxicologiques
Des études épidémiologiques suggèrent un lien entre l’exposition
professionnelle et environnementale à certaines substances actives
ou familles de pesticides et une augmentation du risque de
pathologies thyroïdiennes. Les résultats d’études expérimentales
peuvent renforcer la plausibilité d’une association, contribuer à
identifier les substances actives impliquées et éclairer les
mécanismes potentiellement à l’origine de l’effet.
En raison d’un mode d’action en amont de la fonction de la thyroïde
et de la production des HT, d’interconnexion de régulations
endocriniennes, de l’importance de la dose, de la fenêtre et du
temps d’exposition sur les modèles aussi bien
in vivo
qu’
in vitro, la littérature scientifique est
contradictoire sur un effet pathologique avéré et spécifique d’une
dérégulation de la fonction thyroïdienne suite à l’exposition de
pesticides. Plusieurs rapports ont été publiés ces dernières années
par l’Efsa analysant les données issues des essais toxicologiques
sur différentes substances actives de pesticides en vue de
caractériser leurs effets sur la thyroïde. En 2013, l’agence
rapportait que parmi 287 pesticides autorisés jusqu’au
1
er janvier 2012, 101 d’entre eux montraient une
activité potentielle ou avérée de perturbation de la fonction
thyroïdienne, bien que la très grande majorité de ces pesticides
aient été interdits à la vente (Efsa PPR,
2013

).
Un rapport subséquent a identifié 57 substances actives ayant au
moins un effet sur le système thyroïdien, dont 53 composés affectant
les cellules folliculaires ou les niveaux sériques d’hormones (RIVM,
ICPS, ANSES, 2016

). Enfin, dans un rapport récent,
128 pesticides étaient identifiés comme pouvant être responsables
d’hypothyroïdie (insuffisance de production d’HT), la pathologie
thyroïdienne la plus fréquemment associée à l’exposition aux
pesticides (Efsa, 2019

).
Une analyse des études mécanistiques sur quatre familles de
pesticides (organophosphorés, organochlorés, carbamates,
pyréthrinoïdes) ou substances actives (glyphosate, fipronil)
sélectionnées sur la base d’évidences épidémiologiques même faibles
est présentée. D’autres familles chimiques (néonicotinoïdes,
inhibiteurs de la succinate déshydrogénase) ont été également
analysées en se fondant sur leur effet de perturbation thyroïdienne.
Un classement par cible n’a pas été retenu car de nombreux THDC
interagissent sur plusieurs cibles. Notons que des formulations
peuvent être utilisées avec des résultats différents de ceux des
substances actives, et que la question des mélanges sera simplement
abordée et non traitée, car les cas concrets sont encore en nombre
limité.
Organochlorés
In vivo
Bien qu’interdits au niveau européen, les pesticides
organochlorés sont très persistants dans l’environnement et
ils ont la capacité de s’accumuler dans les tissus adipeux
des organismes vivants. Les études épidémiologiques ont
montré des associations entre plusieurs substances actives
organochlorées et une diminution du taux des HT ou
d’augmentation de TSH (les signes d’une hypothyroïdie).
Sur les modèles animaux, les organochlorés induisent une
altération du niveau des hormones thyroïdiennes via
différents mécanismes. Ainsi, une exposition de rats au DDT
dans l’eau de boisson en chronique et à faible dose produit
une augmentation de T4, T3 ainsi qu’une baisse du taux de
TSH à 6 semaines de traitement, puis il est observé à
10 semaines une baisse des taux de T4 et T3 (Yaglova et
Yaglov, 2014

). Des rats exposés pendant 1, 6
ou 10 semaines à une faible dose de DDT (20 µg/l dans l’eau
de boisson) présentent des modifications cytologiques de
l’épithélium folliculaire de la thyroïde et un transport
vésiculaire altéré au niveau apical (Yaglova et Yaglov,
2017

). De plus, le fonctionnement de
l’appareil de Golgi et la sécrétion de HT est perturbé. Son
métabolite, le DDE, provoque des résultats en partie
similaires : il induit chez les rats mâles exposés pendant 5
ou 10 jours par voie intra-péritonéale une diminution de
T4L, T3L, TSH et de TTR ainsi qu’une augmentation des ARNm
des enzymes hépatiques UGT impliqués dans l’élimination des
HT et de ceux des TR au niveau hypothalamique
(potentiellement responsables de rétrocontrôles) (Liu et
coll., 2011

; Liu et coll.,
2014

). Une diminution de l’expression
de l’ARNm codant la désiodase D2 est constatée alors que
l’expression de D1 et D3 n’est pas altérée (Liu et coll.,
2014

).
Des jeunes poissons (
S. salar) exposés pendant 5 jours
au DDE à la dose de 10 µg/l montrent une diminution
d’expression au niveau du SNC, des gènes codant à la fois la
TSHβ et le TRα, une induction hépatique et rénale de TSHβ et
D2 et une induction de TRβ dans le foie (Mortensen et
Arukwe, 2006

). De plus, le DDE induit
l’expression de CYP3A et PXR dans le foie. Enfin, le DDE est
positif dès 10
-12 M et présente une relation
dose-réponse non monotone dans le test
Xenopus Embryonic
Thyroid Assay (XETA ; voir addenda en fin de
chapitre) après 3 jours d’exposition, une concentration
retrouvée dans le liquide amniotique (Fini et coll.,
2017

).
D’autres organochlorés ont fait l’objet d’études
approfondies : chez le rat, une exposition au HCB induit une
diminution de T4 mais un maintien du taux de T3L en rapport
avec une augmentation de 5’-désiodase de type I dans la
thyroïde et le foie. Il est observé une augmentation de
UGT-T4 sans changement de l’UGT-T3 expliquant le maintien du
taux de T3L (Alvarez et coll.,
2005

). Le HCB peut aussi se lier aux
transporteurs sériques et entrer en compétition avec T4 (van
Raaij et coll., 1993

). Enfin, le HCB est positif dès
10su-9rn M dans l’essai XETA après 3 jours d’exposition
(Fini et coll., 2017

).
Chez le poisson zèbre (
D. rerio), l’exposition des
larves au pentachlorophénol (PCP) induit une augmentation
d’expression (dès 3 µg/l) de
Tshβ,
Nis,
Tg et
Dio1,
Dio2,
Trα,
Trβ (dès 1 µg/l). Le taux de T4 est diminué alors
que celui de T3 est augmenté (à 10 µg/l) d’où une
augmentation du rapport T3L/T4L (Guo et Zhou,
2013

). L’induction de Nis et Tg peut
être un mécanisme de compensation de la diminution de T4. La
diminution de T4 suite à une augmentation de T3 est
fréquemment observée chez les poissons exposés aux THDC avec
pour conséquence une augmentation d’expression de gènes pour
contrer la diminution de T4 (Wang et coll.,
2013

). Ainsi, le niveau de T4 joue un
rôle critique majeur suite à une augmentation de T3.
L’exposition au PCP pendant 4 jours à 0,1, 1, 10, 100, 500,
1 000 µg/l régule positivement l’expression des gènes de
l’axe de régulation HPT, tels que les
TRα et β,
Nis,
Dio1 et
Dio2 illustrant la
perturbation de la régulation thyroïdienne (Guo et Zhou,
2013

; Cheng et coll.,
2015

). L’exposition pendant 70 jours
de
D. rerio au PCP induit une diminution d’expression
de
tshβ et
trβ dans le cerveau ainsi qu’une
augmentation d’expression hépatique de ugt1ab et une
diminution de dio1. Un dimorphisme sexuel est observé pour
les niveaux de dio2, sult1 et ttr (Yu et coll.,
2014

). Enfin, cette exposition à
doses environnementales est associée à des perturbations
d’expression de gènes impliqués dans la régulation
thyroïdienne, une altération du taux des HT et des
malformations dans la descendance des mères exposées
correspondant à une perturbation du développement (Yu et
coll., 2014

).
Chez le poisson zèbre, le chlorothalonil (apparenté aux
organochlorés) ainsi que son métabolite, le
4-hydroxychlorothalonil, exercent une activité agoniste du
récepteur ERα à des doses d’exposition environnementales. En
revanche, seul le 4-hydroxychlorothalonil présente à la fois
une activité agoniste à faible concentration
(10
-9 M) et faiblement antagoniste à forte
concentration (10
-5 M) en présence de
10
-8 M de T3 vis-à-vis du récepteur TRβ
(Zhang et coll., 2016

). Ce résultat illustre encore
une fois le fait que les métabolites ne doivent pas être
oubliés dans une recherche de toxicité.
Des poissons (
O. niloticus) ont été exposés via
l’alimentation à l’endosulfan à faible dose (0,1 µg/g) ou
forte dose (0,5 µg/g) pendant 21 ou 35 jours (Coimbra et
coll., 2005

). Alors que le taux de T3 est
stable, à faible dose d’exposition (21 et 35 jours),
l’endosulfan induit une baisse du taux de T4 et rT3. Pour
étudier le mécanisme permettant le maintien du taux de T3,
l’activité des désiodases est déterminée dans différents
organes. L’activité hépatique de D1 est diminuée alors que
celle de D3 est augmentée. L’activité hépatique de D2 est
stable ainsi que celle de D1 augmentée au niveau rénal. La
stabilité du taux de T3 est probablement en rapport avec le
rôle majeur joué par la désiodase hépatique D2 et la
compensation par l’activité de D1 rénale. Ce résultat
illustre le fait que le simple dosage des HT pourrait ne pas
être suffisant pour évaluer une perturbation de l’axe HPT
(Coimbra et coll., 2005

).
Des poissons médaka (
O. latipes) sont exposés au
métolachlore à 1, 10, 100 et 1 000 µg/l pendant 14 jours
avec la conduite d’une analyse en transcriptomique (Jin et
coll., 2011

). Le métolachlore dès 10 µg/l
chez les juvéniles induit l’expression de
Trh, Dio2,
Thrα, et
Thrβ chez les jeunes poissons et
chez les femelles adultes (100 µg/l) illustrant l’impact sur
la régulation de l’axe HPT et aussi un effet dimorphique
sexuel.
Des carpes (
G. rarus) à l’état larvaire et adulte sont
exposées à l’acétochlore à 20, 200 et 2 000 ng/l pendant
21 jours dans le cadre d’une analyse transcriptomique (Li et
coll., 2009

). L’expression de
trα est
induite chez les larves à faible dose (20 µg/l) alors que
celle de
d1 est stable et celles de
d2,
nis, et
me (enzyme malique ; impliquée
dans le métabolisme des lipides et régulée par les HT) sont
diminuées. À plus forte dose, tous les gènes sont réprimés
indiquant que le développement peut être affecté en
condition environnementale. Chez les adultes, l’expression
des gènes étudiés est diminuée dans le cerveau des poissons
exposés et plus particulièrement chez les femelles. Ces
résultats suggèrent que l’acétochlore perturbe le
développement de SNC de façon plus marquée chez les
femelles.
In vitro
Peu d’études ont été menées
in vitro en comparaison
des expérimentations animales ; elles illustrent toutefois
des mécanismes susceptibles d’impacter l’axe HPT en amont de
la sécrétion des HT. Ainsi, le DDT testé sur des cellules
CHO exprimant le récepteur humain de la TSH provoque une
inhibition dose dépendante de l’activité adénylate cyclase
stimulée par la TSH (Santini et coll.,
2003

). Le DDT exerce en outre dans
ces cellules CHO, une inhibition de la mobilisation du TSHR
(De Gregorio et coll., 2011

). Le DDT peut aussi intervenir
dans la formation de vésicules extracellulaires en excluant
le récepteur de la TSH des radeaux lipidiques empêchant son
activation et son internalisation. Ainsi la formation de
vésicules extracellulaires contenant le récepteur de la TSH
induite par le DDT pourrait être impliquée dans le
développement d’une hyperthyroïdie auto-immune dans la
maladie de Basedow (Rossi et coll.,
2018

).
Le PCP testé sur des cellules CHO transgéniques présente une
activité antagoniste sur le TRβ à la concentration très
élevée de 10
-5 M (Yu et coll.,
2019

). Ce résultat est en accord avec
la diminution d’activité transcriptionnelle de
Dio1,
un gène dépendant de la régulation de T3 dans la lignée GH3
(cellules hypothalamiques de rat) (Guo et Zhou,
2013

).
Un mécanisme indirect inhibiteur de la croissance des
thyréocytes est illustré par une augmentation de la
production de TGF-β1 suite à l’exposition des cellules
FRTL-5 à HCB (Chiappini et coll.,
2014

). TGF-β1 est un régulateur
négatif de la croissance des cellules épithéliales
thyroïdiennes. Les niveaux de p27 cytosolique et nucléaire
(un inhibiteur de CDK bloquant le cycle cellulaire) étaient
augmentés dès 5 µM de HCB. Le HCB (5 µM) induit une
diminution concomitante du taux de la protéine cycline D1
dans le noyau. De plus la signalisation du TGF-β1-Smad est
impliquée dans les altérations des taux de protéines p27 et
cycline D1 induites par HCB.
En résumé, les organochlorés dans leur ensemble semblent
avoir un impact in vivo sur la diminution des HT avec
constamment une diminution de la T4 (les résultats obtenus
sur la T3 libre sont contradictoires) ; une augmentation des
UGT hépatiques pourrait être responsable de cet effet
(observé avec le DDT et le HCB). Toutefois, les études in
vitro montrent que des mécanismes impliquant
d’autres acteurs de l’axe HPT, comme le fonctionnement du
récepteur à la TSH sont possibles. Pour lever les
contradictions (par exemple sur la T3), des études mesurant
les niveaux d’organochlorés chez des personnes souffrant
d’hypothyroïdie ou hyperthyroïdie sont nécessaires.
Organophosphorés
In vivo
Plusieurs organophosphorés parmi les plus utilisés ont été
testés sur différents modèles animaux. Ainsi, le malathion
semble négativement impacter les niveaux de HT sur
différents systèmes d’exposition et de modèles : une
exposition de rats pendant 21 jours à une dose non toxique
de malathion (0,06 mg/j) induit une diminution des niveaux
sériques de T3 et T4, ainsi qu’une augmentation de TSH
(Akhtar et coll., 1996

). Des larves de soles (
S.
senegalensis) sont exposées du 4
e jour
post-éclosion jusqu’à un mois au malathion à concentrations
retrouvées dans l’environnement (1,56, 3,12, et 6,25 µg/l)
(Ortiz-Delgado et coll.,
2019

). Il est observé des phénotypes
anormaux principalement en rapport avec une perturbation de
la métamorphose (migration des yeux, squelette, augmentation
taille des thyréocytes). La diminution de T3 et T4 sérique
est aussi observée liée dans ce cas à une hypo-activité de
la thyroïde due à une diminution de sécrétion de T4 mais
aussi une inhibition des désiodases. De plus une régulation
négative de l’expression de TRβ est constatée parallèlement
au déclin des HT sériques.
Des souris sont exposées au chlorpyrifos (CPF) à des doses
n’induisant pas d’inhibition de l’acétylcholinestérase au
niveau du SNC, pendant la gestation et/ou en post-natal (De
Angelis et coll., 2009

). Comme dans le cas du malathion,
il est observé une diminution de T4 chez les souris
gestantes mais aussi chez la descendance 150 jours après la
naissance, avec un dimorphisme sexuel, marqué par une
apparente vulnérabilité des mâles ; au niveau
histomorphologique, il est observé des modifications chez
les mères avec une augmentation de la hauteur des cellules
folliculaires et, chez la progénie, une augmentation du
nombre de cellules folliculaires nécrotiques en relation
avec la dose d’exposition. Chez des rates exposées au CPF
entre les jours 17 et 20 de gestation, dans une fenêtre de
temps cruciale pour le processus de neuro-genèse à faible
dose (1 ou 5 mg/kg/j), les femelles de la descendance
(jeunes adultes et adultes) montrent une hyperactivité
locomotrice, une baisse de mémorisation et des fonctions
cognitives, plus marquées à faible dose (1 mg/kg/j) (Levin
et coll., 2002

). Sur un troisième modèle (
A.
triostegus, le chirurgien-bagnard), une exposition
des larves au CPF à dose correspondant à une pollution
environnementale, conduit là aussi, à une diminution du taux
de T3 et des perturbations de la métamorphose du poisson
vivant dans les récifs coralliens (Holzer et coll.,
2017

).
D’autres organophosphorés ont été testés avec des résultats
concordants avec du CPF et du malathion : ainsi,
l’exposition de gardons (
R. rutilus) au diazinon à
concentration environnementale induit une diminution des
taux de T3, T4 et TSH ainsi que de cortisol qui pourrait
être relié à un dysfonctionnement thyroïdien, soit de la
production, soit de la sécrétion des HT (Katuli et coll.,
2014

).
Par ailleurs, l’exposition de poissons rouges (
C.
auratus) au monocrotophos (MCP) conduit à une
hyperplasie et hypertrophie de l’épithélium folliculaire
thyroïdien entraînant une diminution du taux plasmatique de
T3L en relation avec une augmentation d’expression des gènes
de désiodase D1 (formation de T3) et D3 (formation de T2,
hormone inactive) hépatiques corrélées à la modulation de
l’expression de l’ARNm de la transthyrétine hépatique (Zhang
et coll., 2013b

; Zhang et coll.,
2014b

; Zhang et coll.,
2018

). Une réponse compensatoire à la
baisse des taux de T3 est illustrée par une augmentation de
la transcription du gène de la sous-unité β de la TSH. De
plus, le MCP induit une augmentation du taux plasmatique de
17β-œstradiol qui pourrait renforcer l’impact du pesticide
sur l’axe HPT en modulant l’expression des désiodases
hépatiques (Zhang et coll.,
2018

).
In vitro
Malathion et CPF ont été principalement étudiés sur des
modèles cellulaires : l’exposition de cellules FRTL-5 au
malathion conduit à une inhibition de la transcription de la
TG, une baisse d’expression du récepteur de la TSH et une
réduction du niveau d’AMPc intracellulaire (Xiong et coll.,
2018

). Le malathion diminue la
synthèse des HT et diminue l’expression des TR, ce qui
pourrait expliquer les résultats quantitatifs obtenus
in
vivo (baisse des niveaux sériques de HT).
Des cellules PCCl3 (thyréocytes immortalisés de rat) ont été
exposées à trois concentrations de CPF avec la conduite
d’une analyse du transcriptome (Porreca et coll.,
2016

). Parmi les gènes dérégulés, il
a été identifié trois gènes, dont l’expression était
diminuée, participant à différents complexes et réseaux de
régulation intervenant dans la prolifération et la survie
des thyréocytes :
Egr1 (
Early growth response
protein 1),
Hmga1 (
High-mobility group AT
hook 1) et
Zfp36l2 (
Zinc Finger
Protein 36, CH3 Type-Like 2).
Ces derniers résultats sont confirmés par une analyse du
transcriptome d’organes (thyroïde, rate) de souris exposées
au CPF par voie orale. De plus une réduction de T4L est
constatée ainsi que le développement d’une pancytopénie lors
d’une exposition prolongée, signe d’une hématotoxicité déjà
décrite chez les agriculteurs exposés (Fareed et coll.,
2013

) et des souris (Chatterjee et
coll., 2014

). Plus généralement, la totalité
des études
in vitro et
in vivo vont dans le
sens d’une diminution des HT liée à une exposition aux
organophosphorés (à des doses environnementales dans
certains cas). Sur le plan mécanistique, cette diminution
est liée dans certaines études, à une diminution de la
production de celles-ci.
Carbamates
Ces fongicides sont majoritairement utilisés pour la culture des
fruits et légumes ainsi que des plantes ornementales. Le
mancozèbe et le thirame sont particulièrement étudiés sur le
plan toxicologique.
In vivo
L’exposition du bengali rouge (un passereau,
A.
amandava) au mancozèbe (0,5 % de la DL
50)
par alimentation pendant 30 jours provoque une hypertrophie
des thyréocytes, une altération du colloïde et une
perturbation de l’axe HPT avec une diminution de T4, T3 et
TSH (Pandey et Mohanty,
2015

). Des effets ont aussi été
constatés chez des rates Wistar exposées par gavage à 50,
100 ou 150 mg/kg/j de mancozèbe (NOAEL = 5 à 10 mg/kg/j) du
7
e jour de gestation (
Gestational Day
7 ; GD7) au 16
e jour post-naissance
(
Post-Natal Day 16 ; PND16). Une neurotoxicité
est observée chez les femelles gestantes exposées à
150 mg/kg/j. Aux doses inférieures, le taux de T4 est
diminué dès GD15 alors qu’il n’est pas modifié chez les
nouveau-nés à PND16 (Axelstad et coll.,
2011

).
L’ETU, un métabolite du mancozèbe et d’autres pesticides de
la famille EBDC, est utilisé comme un biomarqueur
d’exposition à ces composés, et montre lui aussi des effets
toxiques sur la thyroïde. L’exposition des rates à 0, 0,1,
0,3, et 1,0 mg/kg/j d’ETU par gavage entre GD8 et PND16 est
associée à une reprotoxicité et une hypothyroïdie chez les
rates gestantes et chez la génération F1 à une dose
d’exposition équivalente à la LOAEL
3
Dose minimale ayant un effet nocif
observé (Lowest-Observed Adverse Effect
Level ; LOAEL).
(0,25 mg/kg/j pour un effet thyroïdien à
long terme) (Maranghi et coll.,
2013

). La perturbation de la synthèse
des HT par l’ETU, le mancozèbe, et d’autres composés
apparentés peut s’expliquer par une inhibition de l’activité
de la TPO (Doerge et Takazawa,
1990

; Freyberger et Ahr,
2006

), ce qui pourrait conduire à la
baisse de concentration de T4 observée à la fois chez les
rates et le bengali.
Un effet inhibiteur sur l’activité de la TPO se retrouve
aussi avec le thirame. En effet, des embryons de poisson
zèbre exposés à divers stades de développement (2 à
120 heures après la fertilisation ; hpf) pendant 1 h à des
concentrations entre 0,001 et 10 µM sont caractérisés par
une diminution de l’expression de
Dio3 à 12 et 24 hpf
de façon dose-dépendante ainsi que de celle de
TPO à
48 et 96 hpf (Chen et coll.,
2019

). La courbure anormale de la
notocorde
4
Axe dorsal primitif des embryons
vertébrés constitué d’un cordon cellulaire d’origine
mésodermique qui joue un rôle dans la
différenciation et l’organisation de la colonne
vertébrale.
apparaît comme un marqueur de toxicité du
thirame suite à une exposition à des temps précoces de
développement potentiellement en relation avec la
dérégulation de
Dio3 et
TPO.
In vitro
Peu d’études ont été conduites
in vitro pour tester la
fonction thyroïdienne. Une étude toxicogénomique sur la
lignée PCCl3 exposée à l’ETU avait pour objectif de comparer
la signature des transcrits
in vitro en rapport avec
les effets adverses observés
in vivo chez la souris
(Porreca et coll., 2016

). Il est observé l’inhibition
d’expression des transcrits
Egr1, Hmga1 et
Zfp36l2 mais non spécifiques d’une atteinte de la
thyroïde car ils correspondent à des gènes impliqués dans
des réseaux cycle cellulaire/apoptose de la thyroïde mais
aussi du système hématopoïétique.
Ces résultats sur les modèles
in vivo suggèrent que
certains carbamates (mancozèbe et thirame) pourraient, comme
pour les organophosphorés, affecter les niveaux des HT par
une dérégulation de certaines activités comme celle de la
TPO (Marinovich et coll.,
1997

).
Pyréthrinoïdes
Ces molécules ont remplacé les organochlorés et exercent leur
action par le biais entre autres, d’une liaison à des canaux
sodiques voltage-dépendants bloquant la respiration chez les
insectes. Il existe de nombreux pyréthrinoïdes différents, dont
certains qui sont suspectés d’exercer un effet sur le système
thyroïdien.
In vivo
Un effet du fenvalérate sur la signalisation thyroïdienne
dans le placenta est corroboré par plusieurs études
expérimentales sur des rongeurs. Ainsi, l’exposition des
souris gravides au fenvalérate (0,2, 2 ou 20 mg/kg/j) par
voie orale pendant la gestation entraîne, à la plus forte
dose, une diminution du poids fœtal de la progénie (mâle et
femelle) (Wang et coll.,
2017a

). Il n’est pas trouvé de
différence du taux de T4 et T3 sérique mais une diminution
d’expression de TRα1 et TRβ1 placentaires dès 0,2 mg/kg. Une
des voies de régulation dépendant des TR pourrait concerner
l’expression du
vascular endothelial growth factor
(VEGF), un régulateur clé de l’angiogenèse du placenta.
L’expression du VEGF est stimulée par T3 dans les
trophoblastes de souris (Silva et coll.,
2015a

) et par T4 dans le placenta de
rat (Silva et coll., 2015b

). En accord avec cette
hypothèse, il est retrouvé une diminution d’expression de
Igf2 et
Vegfα dans le placenta de souris
exposées. De plus, le fenvalérate réduit l’expression des
transporteurs de nutriments
CD36,
Snat1, et
Snat2. Ainsi, l’exposition de souris gestantes au
fenvalérate perturbe la signalisation dépendante des TR et
impacte le développement fœtal (Wang et coll.,
2017a

).
Des rats mâles Wistar exposés à la dose de 100 et 200 mg/kg/j
de fenvalérate par voie intrapéritonéale pendant 45 jours
montrent une augmentation du taux sérique de T3 et T4.
Cependant il est rapporté des paralysies en fin d’expérience
en rapport avec les doses élevées d’exposition (Kaul et
coll., 1996

). D’autres expériences, sur une
période plus courte, démontrent un effet du fenvalérate sur
les niveaux sériques des HT. Ainsi, des rats mâles Wistar
exposés pendant une semaine à la dose de 100 mg/kg/j (un
tiers de la DL
50) de fenvalérate par voie
intrapéritonéale montrent une augmentation du taux de T3
sans diminution significative de TSH (Giray et coll.,
2010

).
En revanche, des souris femelles exposées par voie orale à
des doses de 40, 80 et 120 mg/kg/j de fenvalérate (utilisé à
20 % d’activité) pendant une semaine montrent une diminution
dose-dépendante du taux de T3 et T4 et de l’activité de la
5’ désiodase hépatique (Maiti et coll.,
1995

). Comme dans de nombreuses
expérimentations chez les rongeurs, les causes conduisant à
ces résultats contradictoires peuvent concerner le plan
expérimental, le sexe en raison d’un dimorphisme, l’agent
utilisé et sa pureté, l’espèce ou la souche, la voie et la
durée d’exposition, et surtout la dose utilisée. Des doses
toxiques peuvent induire des modifications des constantes
sériques non spécifiques et signent simplement un
dysfonctionnement global. Cependant, d’après les
expérimentations recherchant les causes de retard de
croissance intra-utérine, le fenvalérate est un candidat
potentiel d’une perturbation de l’axe HPT.
D’autres pyréthrinoïdes ont été étudiés en rapport avec l’axe
HPT ; des embryons de poisson zèbre ont été exposés à trois
substances actives (λ-cyhalothrine, le fenvalérate et la
perméthrine) à 2,5, 10, 25, 125 et 500 nM pendant 96 h
(Zhang et coll., 2017

). Les doses de 2,5 et 10 nM
correspondent aux concentrations retrouvées dans
l’environnement mais la diminution d’expression de
TRα et
TRβ pour les trois composés
correspond à des concentrations supérieures soit au-delà de
25 nM. Dans une autre étude, des embryons (2 hpf) de poisson
zèbre sont exposés à 1, 3 et 10 µg/l de perméthrine
(concentrations retrouvées dans l’environnement) jusqu’à
72 hpf (Tu et coll., 2016b

). En rapport avec l’absorption
du composé sur les parois de l’aquarium, les concentrations
réelles d’exposition étaient 0,47, 1,38 et 4,30 µg/l. La
perméthrine à la dose de 4,3 µg/l inhibe le développement
embryonnaire et induit une augmentation des taux de T4 et T3
sans baisse compensatrice de TSH (Tu et coll.,
2016b

). La perméthrine à la plus forte
dose augmente l’expression des ARNm codant TRF,
TSHβ,
Pax8,
Dio1, Dio2 et
TPO ainsi que TTR,
TRα et
TRβ. La perturbation induite par la
perméthrine est probablement la conséquence de sa liaison à
la TTR qui déplace T3 et T4 de son transporteur.
Une exposition de rats pendant 21 jours à une dose non
toxique de bifenthrine (0,5 mg/j) ou λ-cyhalothrine
(0,2 mg/j) induit une diminution de T3, T4 et une
augmentation de TSH (Akhtar et coll.,
1996

). Des embryons (2 hpf) de poisson
zèbre sont exposés à 1, 3, et 10 µg/l de bifenthrine ou
λ-cyhalothrine jusqu’à 72 hpf (Tu et coll.,
2016a

). La majorité des gènes étudiés
reliés à l’axe HPT incluent TRF, TSHβ, TTR, UGT1ab, Pax8,
Dio2 et TRα sont surexprimés suite à l’exposition à la
bifenthrine. La λ-cyhalothrine induit un réseau de gènes un
peu différent incluant TTR, Pax8, Dio2 et TRα avec une
diminution concomitante de Dio1. De plus la bifenthrine se
lie au TRα avec une affinité plus forte que la
λ-cyhalothrine (Tu et coll.,
2016a

).
In vitro
Peu d’études ont été réalisées
in vitro. Toutefois,
une étude vient appuyer un effet potentiel de certains
pyréthrinoïdes sur les TR. Ainsi, des cellules rénales de
singe (lignée CV-1) exprimant une construction pGal4-L-TRβ
plus pUAS-tk-Luc ont été exposées à neuf dérivés
pyréthrinoïdes (cycloprothrine, cyfluthrine, cyhalothrine,
cyperméthrine, deltaméthrine, étofenprox, fenvalérate,
perméthrine et tétraméthrine) de 10
-5 à
10
-9 M et montrent un effet antagoniste sur
le récepteur (Du et coll.,
2010

). Les profils sont néanmoins
différents : l’effet est observé à 10
-8 M pour la
perméthrine, tétraméthrine et deltaméthrine et à
10
-7 M pour la cyhalothrine et
étofenprox.
En résumé, les résultats expérimentaux sur les pyréthrinoïdes
suggèrent fortement un effet de plusieurs de ces molécules
sur l’axe HPT. L’étude in vitro suggère des modes
d’action à des doses faibles (10-8 M pour la
perméthrine, tétraméthrine et deltaméthrine par exemple)
pour certaines molécules toutefois insuffisamment étudiées
in vivo (à l’exception de la perméthrine,
résultats concordants in vitro et in
vivo).
Glyphosate et formulations à base de
glyphosate
Une étude très complète a été menée sur des rates gestantes avec
du Roundup. Celles-ci sont exposées de GD18 à PND5 au Roundup
Transorb à la concentration de 5 mg/kg/j ou 50 mg/kg/j (dose
correspondant à la NOAEL). Dans la progénie, le profil hormonal
des rats mâles âgés de 3 mois montre une diminution du taux de
TSH sans variation de T3 et T4 (de Souza et coll.,
2017

). L’analyse de l’expression génique a été conduite avec comme
résultats pour les groupes exposés : une diminution d’expression
de
Dio2,
Dio3 et des transporteurs membranaires
Slco1c1 (anciennement
Oatp1c1) et
Slc16a2 (anciennement
Mct8) au niveau de
l’hypothalamus (dès 5 mg/kg/j), une augmentation d’expression de
Dio2,
Thrα
1,
Thrβ
1 et
Slc16a2 et une absence de variation du taux de
Tshβ au niveau de l’hypophyse (5 mg/kg/j), une
augmentation d’expression de
Thrα
1,
Thrβ
1 au niveau du foie (50 mg/kg/j) et au
niveau du myocarde une augmentation de
Myh6 et diminution
de
Dio2,
Mb,
Slc2a4. De plus, le profil
d’expression des gènes et les données de métabolomique sont
similaires aux données trouvées pour des rats hypothyroïdiens.
En résumé, l’exposition au Roundup à faible dose induit une
perturbation de l’axe HPT qui mériterait d’être précisée en
testant le glyphosate seul sachant que des données
épidémiologiques sur le Roundup indiquent potentiellement une
association avec une hypothyroïdie. D’autres modèles et
protocoles d’études expérimentales devraient être mis en place
pour confirmer ces observations.
Fipronil
Le fipronil, un agent peu toxique pour les mammifères
(LD50 = 97 mg/kg en exposition aiguë chez le rat), est très
couramment utilisé comme insecticide en médecine vétérinaire. Il
est métabolisé par les enzymes hépatiques en fipronil sulfone,
et en fipronil-désulfinyl par photoréaction dans l’environnement
(FAO et OMS, 1998

).
In vivo
Les résultats d’une étude de cancérogenèse chez le rat, mais
réalisée à doses toxiques inductrices d’une mortalité
excessive, ont montré une augmentation de l’incidence des
tumeurs de la thyroïde chez le rat mâle et femelle à des
doses de 13 mg/kg/j. Chez ces rats, la concentration de T4
était diminuée et celle de TSH augmentée (FAO et OMS,
1998

). Le processus de cancéro-genèse
chez le rat induit par le fipronil ne repose pas sur un
effet génotoxique comme pour la plupart des pesticides
inducteurs de tumeurs thyroïdiennes folliculaires mais
semble lié à une perturbation de l’homéostasie de l’axe HPT
(Hurley, 1998

).
Une exposition au fipronil (3 mg/kg/j)
per os pendant
14 jours de rats femelles induit une diminution concomitante
des concentrations plasmatiques d’HT totale et libre, ainsi
qu’une augmentation des concentrations plasmatiques de TSH
(Leghait et coll., 2009

). Sur la base d’un modèle de rat
thyroïdectomisé et compensé par injection de T3 afin
d’évaluer les clairances de T4T et T4L, le fipronil augmente
de deux fois les clairances ainsi que celle de l’antipyrine
chez les rats thyroïdiens intacts. Ces résultats suggèrent
une augmentation des activités métaboliques hépatiques
facilitant l’élimination des HT. En effet le fipronil induit
l’expression de plusieurs ARNm des enzymes de phase 1
(
Cyp2b1, Cyp2b2, Cyp3a1, ces2, ces6), de phase II
(
Ugt1a1, Sult1b1, Gst2) et de phase III
(
Abcc2, Abcc3, Abcg5, Abcg8, Slco1a1 et Slco1a4)
(Roques et coll., 2013

). Ainsi, la perturbation de la
fonction thyroïdienne repose sur un métabolisme accru en
fipronil sulfone (
Cyp2b1, Cyp2b2, Cyp3a1). D’autre
part ces perturbations participent à un flux augmenté
d’entrée de T4L (
Abcc2, Abcc3, Slco1a1 et Slco1a4) et
d’efflux des conjugués glucuronés (
Ugt1a1). Les
concentrations plasmatiques de fipronil sulfone sont
retrouvées 20 fois supérieures à celles du fipronil (Leghait
et coll., 2009

). L’augmentation d’expression de
gènes du métabolisme hépatique suggère une participation des
récepteurs CAR et/ou PXR activés par les xénobiotiques (car
régulateurs par exemple des CYP des familles 2 et 3). En
effet, le fipronil active CAR/PXR (Lemaire et coll.,
2006

) qui régule majoritairement le
profil d’expression des gènes hépatiques (Roques et coll.,
2013

).
Ces expérimentations de toxicologie, parfois à haute dose,
sont cependant peu indicatives d’un effet perturbateur
endocrinien chez l’être humain ; en effet, le fipronil a été
l’objet d’une discussion sur la pertinence du modèle rongeur
en raison de l’absence de régulation du taux d’HT libres par
la TBG. En conséquence, le même type d’étude a été réalisé
chez les ovins qui expriment la TBG avec une régulation
thyroïdienne proche de celle de l’être humain. Le fipronil
(5 mg/kg tous les 4 jours
per os) chez les béliers
n’induit pas de modifications des taux de T3 et T4 libre et
liée et TSH (Leghait et coll.,
2010

). Chez des brebis
thyroïdectomisées de type euthyroïdienne, l’effet de ce
traitement est limité à une augmentation modérée de la
clairance de T4L. Contrairement au rat, le traitement au
fipronil n’a aucun effet sur la clairance de l’antipyrine,
marqueur de l’activité de CYP hépatique, chez les
brebis.
La différence de réponse entre rongeurs et ovins quant au
potentiel perturbateur thyroïdien du fipronil pourrait être
liée à la différence d’exposition au toxique ultime, le
fipronil sulfone, dont la concentration plasmatique est plus
faible chez le mouton que chez le rat.
L’absence d’effet chez les ovins et probablement chez l’être
humain en exposition environnementale repose aussi sur des
différences interspécifiques bien connues au niveau du
domaine de liaison des récepteurs CAR/PXR entre l’être
humain et les rongeurs (Kretschmer et Baldwin,
2005

). L’absence d’effet inducteur
enzymatique hépatique du fipronil chez les ovins pourrait
s’expliquer par l’absence de liaison du fipronil aux
récepteurs ovins CAR/PXR.
In vitro
Lu et coll. ont comparé l’effet perturbateur endocrinien du
fipronil à celui de son métabolite principal, le fipronil
sulfone. Les auteurs ont montré que ce dernier (et non le
fipronil) présente une activité dose dépendante antagoniste
de TRβ analysée à l’aide d’une lignée cellulaire CHO-K1
exprimant le gène rapporteur pGal4-L-hTRβ (Lu et coll.,
2015

). Ce résultat souligne à nouveau
la nécessité d’étudier les métabolites des pesticides qui
peuvent se révéler plus actifs que la molécule mère.
En résumé, même si des associations ont été mises en évidence
dans deux études menées chez l’être humain et des études
réalisées expérimentalement sur les animaux et cellules, il
est encore trop tôt pour évoquer un lien entre une
exposition au fipronil et la baisse des HT car la qualité et
le nombre des études épidémiologiques sont insuffisants et
les effets qui sont rapportés le sont chez les rongeurs à
haute dose. Toutefois, il est démontré que ce pesticide lie
les récepteurs CAR et PXR humain, il a donc une toxicité
potentielle en lien avec une augmentation du métabolisme.
Comme le fipronil est inducteur d’enzymes hépatiques, une
étude d’hépatotoxicité a récemment été réalisée chez le rat
Wistar exposé pendant 3 mois à des doses de fipronil (par
gavage) et a conclu avec certitude à une hépatotoxicité aux
plus fortes doses et montré des résultats plus ambigus à la
plus faible dose d’exposition (Kartheek et David,
2018

). Ces résultats mériteraient
d’être confirmés.
Néonicotinoïdes
Les résultats les plus intéressants concernent l’imidaclopride,
un des néo-nicotinoïdes les plus utilisés dans le monde.
In vivo
L’exposition du bengali rouge (
A. amandava) à
l’imidaclopride (0,5 % de la DL
50)
per os
pendant 30 jours provoque une altération du colloïde et une
perturbation de l’axe HPT avec une diminution des niveaux de
T4, T3 et TSH (Pandey et Mohanty,
2015

). Cependant les auteurs ont
utilisé une formulation contenant du 1-méthyl-2-pyrrolidone
qui peut induire des malformations comme une ossification
incomplète chez le rat (Saillenfait et coll.,
2002

) et cette formulation est
10 fois plus toxique que le principe actif (imidaclopride)
(Mesnage et coll., 2014

). Les doses toxiques des
formulations et les effets délétères ne correspondent pas à
ceux des principes actifs et si les organismes sont exposés
aux formulations et produits de dégradation dans
l’environnement la réglementation concerne les principes
actifs. L’effet de l’imidaclopride pourrait cependant
refléter une spécificité particulière au sein de la famille
des néonicotinoïdes comme le montrent des résultats
in
vitro.
In vitro
L’effet de sept agents de la famille des néonicotinoïdes a
ainsi été testé sur la prolifération de cellules
hypophysaires GH3 sensibles à l’action de la T3. Il est
observé une absence d’effet des néonicotinoïdes testés :
thiaméthoxame, imidaclopride, clothianidine,
flupyradifurone, dinotéfurane, nitenpyrame, thiaclopride
(Mesnage et coll., 2018

). En revanche, l’imidaclopride
exerce un effet agoniste à très faible dose (2 x
10
-10 M) d’après un essai luciférase sur
cellules GH3-TRE exprimant un gène rapporteur sensible à
l’action des TR activés par un ligand (Xiang et coll.,
2017

). Ce résultat qui semble en
opposition du précédent, peut en fait provenir du faible
effet agoniste (moins de 2 fois) qui ne se traduirait pas en
réponse physiologique observable ; il pourrait également
refléter un effet agoniste partiel, c’est-à-dire agoniste en
l’absence d’autres ligands mais antagoniste vis-à-vis de
l’action de ligands naturels comme la T3. Ainsi, les
vitesses d’association et dissociation du ligand de TRβ sont
semblables à celles obtenues avec T3 d’après une
expérimentation en résonance plasmonique de surface (Xiang
et coll., 2017

). Ce résultat démontrerait qu’un
effet de compétition est possible d’autant que la
concentration utilisée pour lier le récepteur est
infra-nanomolaire. L’effet compétiteur semble confirmé par
une analyse
in silico de «
docking » conduite
sur TRα et TRβ, bien que l’affinité de l’imidaclopride soit
plus faible que celle de la T3 (Bhaskar et Mohanty,
2014

).
En résumé, si la plupart des néonicotinoïdes testés ne
semblent pas influencer l’axe HPT (données à reproduire avec
d’autres modèles, d’autres protocoles), l’un des plus
utilisés, l’imidaclopride, semble exercer un effet de type
agoniste partiel, potentiellement compétiteur avec la T3,
vis-à-vis des TR et donc susceptible d’interférer avec les
boucles de rétrocontrôle.
Inhibiteurs de la succinate
déshydrogénase
Le fluopyram, un fongicide à large spectre, est inducteur d’une
hyperplasie folliculaire chez les souris mâles et femelles mais
est inducteur d’adénome de la thyroïde seulement chez les mâles
(Rouquié et coll., 2014

). De plus, des souris mâles exposées
à 750 ppm de fluopyram pendant 28 jours montrent une
augmentation d’élimination de la T4-glucuronidé, une baisse de
T4 sérique et une augmentation de TSH. L’évènement moléculaire
initial est une activation de CAR/PXR qui induit les enzymes de
phase I et II dont les UGT (Rouquié et coll.,
2014

) soulignant que la prise en compte des mécanismes
cataboliques d’élimination des HT au niveau hépatique est
essentielle.
Autres dérivés
L’exposition chronique à la trifluraline (un herbicide de la
famille des dinitro-anilines) pendant 2 ans chez les rats induit
des tumeurs de la thyroïde (Emmerson et coll.,
1996

). Des rats mâles exposés à la trifluraline à la même dose
(325 mg/kg/j) dans l’aliment pendant deux semaines montrent une
induction d’UGT avec une élimination accrue de T4 conjuguée
(Saghir et coll., 2008

). Les taux sériques de T3 et T4 sont
diminués avec une augmentation de TSH probablement en rapport
avec l’induction d’une hyperplasie de la thyroïde conduisant au
développement tumoral.
Conclusion – données
mécanistiques
Pour un certain nombre de pesticides, les résultats de tests
in
vivo et
in vitro (tableau 17.II

, voir en fin de ce chapitre)
confirment la dérégulation thyroïdienne, très souvent associée à des
signes histopathologiques. D’après les tests chez les rongeurs, le
seul dosage de TSH n’est pas le biomarqueur de choix pour mettre en
évidence une pathologie thyroïdienne et presque toutes les cibles
avec des spécificités de tissus peuvent être touchées. L’exposition
de rats, souvent à forte dose, aboutit généralement à une
augmentation de la conjugaison de T4 (voire T3) et son élimination
biliaire sous forme T4-UDG avec une augmentation compensatrice de
TSH générant une stimulation de la thyroïde qui peut aboutir au
développement tumoral.
Le dossier toxicologique des pesticides est basé sur les
recommandations réglementaires et les rongeurs ont été le modèle
classiquement utilisé malgré ses limites pour évaluer des THDC chez
l’être humain. Les modèles reposant sur la métamorphose des poissons
ou batraciens devraient désormais remplacer les rongeurs après une
étape de criblage in vitro. Les modèles in vivo
(rongeurs, batraciens, poissons) révèlent assez souvent un
dimorphisme sexuel quant à l’expression de gènes dans différents
tissus, dont certains peuvent être co-régulés par l’axe HPG avec des
conséquences phénotypiques ou physiopathologiques.
Par ailleurs, les pesticides perturbant la régulation thyroïdienne
peuvent interagir avec le foie avec comme cible initiale
l’activation de CAR, d’AhR... ou à un niveau intégratif de modifier
la régulation de l’axe HPT comme par exemple certains
pyréthrinoïdes, dont la perméthrine qui interagit avec le récepteur
ERα . D’autre part, parmi les pistes à explorer trois d’entre elles
méritent un intérêt particulier : i) peu d’expérimentations
concernent l’évaluation de pesticides comme potentiels perturbateurs
du système immunitaire lequel peut représenter un évènement initial
amplifié par les interférences sur les cibles de l’axe HPT ;
ii) peu d’expérimentations se sont intéressées à la
régulation non génomique de l’axe HPT suite à une exposition aux
pesticides ; iii) peu d’expérimentations sont orientées vers
les mélanges qui évaluent les effets spécifiques de différents
principes actifs en comparaison de combinaisons classiquement
retrouvées en agriculture et élevage.
Enfin des pesticides présentant une activité THDC devraient être
suivis par les enquêtes épidémiologiques et réciproquement les
associations trouvées sur des populations exposées devraient
provoquer des recherches sur les mécanismes d’action. Ce domaine
toxicologique manquait jusqu’à très récemment d’une approche
AOP
5
« Adverse Outcome Pathway » : une
construction conceptuelle assemblant les connaissances sur
le lien entre un évènement moléculaire et un effet néfaste à
un niveau pertinent pour une évaluation de
risque.
qui lèvera les ambiguïtés et controverses générées
par des tests
in vivo avec leurs limites.
Tableau 17.I Études de cohortes portant sur le lien entre les
pathologies thyroïdiennes et l’exposition aux
pesticides
Référence Pays
|
Type d’étude
|
Population
|
Nombre de sujets
|
Exposition Pesticides
|
Résultats
|
Exposition
professionnelle
|
Shrestha et coll.,
2018b
États-Unis
|
Cohorte prospective
|
Applicateurs
|
35 150
|
Environ cinquante pesticides des
familles de OC, OP, carbamates, Pyr
|
Augmentation de risque
d’hypothyroïdie
|
Shrestha et coll.,
2018a
États-Unis
|
Idem
|
Épouses des applicateurs
|
24 092
|
Idem
|
Fongicides (bénomyl, manèbe/mancozèbe,
métalaxyl), herbicides (pendiméthaline), et parmi
les plus de 60 ans : insecticides (parathion,
perméthrine) : Hypothyroïdisme : HR
[1,56-2,44] Insecticides (diazinon),
fongicides (manèbe, mancozèbe), herbicides
(métolachlore) : Hyperthyroïdisme : HR
[1,35-2,01]
|
Lerro et coll.,
2018b
États-Unis
|
Idem
|
Applicateurs
|
679
|
Idem
|
Aldrine : Hypothyroïdie sous-clinique,
augmentation de TSH et diminution de
T4 Pendiméthaline : Hypothyroïdie
sous-clinique, augmentation de TSH et augmentation
anticorps anti-TPO Bromure de méthyl :
Augmentation de T4 et diminution de la
TSH Captane, EPTC : Augmentation de la
TSH
|
Lerro et coll.,
2015
États-Unis
|
Idem
|
Épouses des applicateurs
|
30 003
|
Utilisation de pesticides
OP
|
Malathion associé au risque de cancer
de la thyroïde : RR = 2,04 ; IC 95 %
[1,14-3,63]
|
Freeman et coll.,
2011
États-Unis
|
Cohorte prospective
|
Applicateurs d’atrazine
|
36 357
|
Utilisation d’atrazine
|
Augmentation de risque de cancer de la
thyroïde dans les 2eet
4equartiles d’exposition cumulée au
cours de la vie
|
McLean et coll.,
2009
Nouvelle
Zélande
|
Cohorte rétrospective
|
Employés d’une scierie
|
293
|
Pentachlorophénol
|
Association entre la durée d’emploi et
les désordres thyroïdiens
|
Nasterlack et coll.,
2007
Allemagne
|
Cohorte rétrospective
|
Employés d’une usine
d’herbicides
|
185
|
Poste de production de benzothiadiazine
versus registre de cas
|
Pas d’association (mais puissance trop
faible)
|
Toft et coll.,
2006
Danemark
|
Cohorte
|
Travailleurs de serres appliquant
pesticides
|
122
|
Pulvérisation de plus de 60
pesticides
|
Diminution de T4 libre, diminution de
la TSH, augmentation de T3, T3 libre, et T4 libre
dans la période la plus exposée versus la
moins exposée
|
Smith,
1984
Angleterre
|
Cohorte prospective
|
Mélangeurs de pesticides versus
travailleurs de procédés
|
45
|
Usine fabriquant de l’ETU
|
Diminution de T4 chez les mélangeurs,
pas chez les travailleurs
|
Exposition en population
générale
|
Mulder et coll.,
2019
Pays-Bas
|
Cohorte prospective
|
Femmes enceintes en population
générale
|
715 sang maternel + 482 sang de
cordon
|
Six métabolites de pesticides
OP
|
Pas d’association
|
Chevrier et coll.,
2019
Afrique du
sud
|
Cohorte prospective
|
Couples mères-enfants
|
717
|
DDT/E sériques et concentrations
urinaires de métabolites de
pyréthrinoïdes
|
Pyréthrinoïdes associés positivement à
la TSH, DDT associé négativement à T4
(garçons)
|
Cordier et coll.,
2015
Guadeloupe
|
Cohorte prospective
|
Jeunes enfants (3 mois)
|
111
|
Chlordécone mesuré dans le sang de
cordon et le lait
|
Cordon : augmentation de TSH chez les
garçons ; lait : diminution de T4 (filles) et T3
libres
|
Zhang et coll.,
2014a
Japon
|
Cohorte prospective
|
Couples mères-nouveau-nés
|
147
|
3-PBA au
1er trimestre
|
Pas d’association avec la T4 libre et
la TSH
|
Wohlfahrt-Veje et coll.,
2011
Danemark
|
Cohorte rétrospective
|
Enfants nés de femmes travaillant dans
les serres
|
145 dont 90 exposés
|
Exposition prénatale
|
Diminution de la TSH chez les
exposés
|
Exposition
résidentielle
|
Wang et coll.,
2002
États-Unis
|
Cohorte rétrospective
|
Femmes résidentes de fermes
|
6 310
|
Résidentes sur une ferme versus
non-résidentes
|
Tendance à l’augmentation des cas de
cancers de la thyroïde
|
3-PBA : acide 3-phénoxybenzoïque ; DDE :
dichlorodiphényldichloroéthylène ; DDT :
dichlorodiphényltrichloroéthane ; EPTC :
éthyl-dipropylthiocarbamate ; ETU : éthylène thiourée ; OC :
organochlorés ; OP : organophosphorés ; Pyr : pyréthrinoïdes ;
TSH : Thyroid-Stimulating Hormone (thyréostimuline ou
thyrotropine) ; TPO : thyroperoxydase
Tableau 17.II Récapitulatif des résultats d’études expérimentales
sur les effets perturbateurs thyroïdiens des
pesticides
Pesticide
|
Approche
|
Modèle
|
Paramètres
|
Références
|
Organophosphorés
|
Chlorpyrifos
|
in vitro
|
PCCl3
|
Thyréocytes : ↓ARNm Egr1, Hmga1,
Zfp36l2
|
Porreca et coll.,
2016
|
|
in vivo
|
souris
|
T4↓ Thyréocytes : ↑taille
|
De Angelis et coll.,
2009
|
|
in vivo
|
souris
|
TG↓ T4↓ Thyréocytes : ↓ARNm Egr1,
Hmga1, Zfp36l2
|
Porreca et coll.,
2016
|
|
in vivo
|
poisson larve
|
T3↓
|
Holzer et coll.,
2017
|
Diazinon
|
in vivo
|
poisson
|
TSH↓ T3↓ T4↓
|
Katuli et coll.,
2014
|
Malathion
|
in vitro
|
FRTL-5
|
TSHR↓ TG↓
|
Xiong et coll.,
2018
|
|
in vivo
|
rat
|
TSH↑ T3↓ T4↓
|
Akhtar et coll.,
1996
|
|
in vivo
|
poisson larve
|
T3↓ T4↓ TR↓ Thyréocytes :
↑taille
|
Ortiz-Delgado et coll.,
2019
|
Monocrotophos
|
in vivo
|
poisson
|
TRH↓ TSH↓ T3↓ TTR↑ D2↓, D1 et
D3↑ Thyréocytes : hyperplasie
|
Zhang et coll.,
2013b  ; Zhang et coll.,
2014b  ; Zhang et coll.,
2018
|
Carbamates
|
Mancozèbe
|
in vivo
|
oiseau
|
TSH↓ T3↓ T4↓ Hypertrophie thyroïdienne
et altération du colloïde
|
Pandey et Mohanty,
2015
|
|
in vivo
|
rat
|
T4↓
|
Axelstad et coll.,
2011
|
Thirame
|
in vivo
|
poisson
|
TPO↓ D3↑
|
Chen et coll.,
2019
|
Éthylène thiourée
|
in vitro
|
PCCl3
|
Thyréocytes : ↓ARNm Egr1, Hmga1,
Zfp36l2
|
Porreca et coll.,
2016
|
|
in vivo
|
souris
|
TG↓ T4↓ Thyréocytes : ↓ARNm Egr1,
Hmga1, Zfp36l2
|
Porreca et coll.,
2016
|
|
in vivo
|
rat
|
TSH↓ T3↓ T4↓ Thyréocytes :
vacuolisation, ↓colloïde
|
Maranghi et coll.,
2013
|
Organochlorés
|
DDT/DDE
|
in vitro
|
CHO
|
TSHR↓
|
Santini et coll.,
2003  ; De Gregorio et coll.,
2011
|
|
in vivo
|
rat
|
TSH↓ T3↓ T4↓ Thyréocytes : ↑taille et
↑transport vésiculaire
|
Yaglova et Yaglov,
2014  ; Yaglova et Yaglov,
2017
|
|
in vivo
|
rat
|
TSH↓ T3↓ T4↓ TTR↓ UGT↑ ↓D2
TR↑
|
Liu et coll.,
2011  ; Liu et coll.,
2014
|
|
in vivo
|
poisson (SNC)
|
TSH↓ TR↑
|
Mortensen et Arukwe,
2006
|
|
in vivo
|
batracien XETA
|
TH/bZIP:GFP↑(si T3)
|
Fini et coll.,
2007
|
Hexachlorobenzène
|
in vitro
|
FRTL-5
|
Thyréocytes : inhibition de
croissance
|
Chiappini et coll.,
2014
|
|
in vivo
|
rat
|
T4↓ UGT↑ D1↑
|
Alvarez et coll.,
2005
|
|
in vivo
|
rat
|
TSH↑ T4↓ TTR↑
|
van Raaij et coll.,
1993
|
|
in vivo
|
batracien XETA
|
TH/bZIP:GFP↑ (si T3)
|
Fini et coll.,
2007
|
Pentachlorophénol
|
in vitro
|
CHO
|
TR↓
|
Yu et coll.,
2019
|
|
in vitro
|
GH3
|
D1↓
|
Guo et Zhou,
2013
|
|
in vivo
|
poisson larve
|
TSH↑ NIS↑ T3↑ T4↓ D1 et D2↑
TR↑
|
Guo et Zhou,
2013  ; Cheng et coll.,
2015
|
|
in vivo
|
poisson adulte
|
TSH↓ T3↓ (M) T4↑ TTR↓ (M) ↑(F) SULT↓
(F) ↑ (M) UGT↑ D1↓D2↑(F) ↓(M) TR↓(M)
|
Yu et coll.,
2014
|
Endosulfan
|
in vivo
|
poisson
|
T4↓ D1↓ D3↑
|
Coimbra et coll.,
2005
|
Métolachlore
|
in vivo
|
poisson juvénile
|
TRH↑ D2↑ TR↑
|
Jin et coll.,
2011
|
Acétochlore
|
in vivo
|
poisson larve
|
NIS↓ D2 et D1↓ TR↓
|
Li et coll.,
2009
|
|
in vivo
|
poisson adulte
|
NIS↓ (F) T3↓ T4↓ D2↓ TR↑
|
Li et coll.,
2009
|
Pyréthrinoïdes
|
l-cyhalothrine
|
in vitro
|
CV-1
|
TR↓
|
Du et coll.,
2010
|
|
in vivo
|
poisson
|
TR↓
|
Zhang et coll.,
2017
|
|
in vivo
|
rat
|
TSH↑ T3↓ T4↓
|
Akhtar et coll.,
1996
|
|
in vivo
|
poisson
|
T3↑ T4↑ TTR↑ UGT↑ D2↑, D1↓
TR↑
|
Tu et coll.,
2016a
|
Fenvalérate
|
in vitro
|
CV-1
|
TR↓
|
Du et coll.,
2010
|
|
in vivo
|
souris
|
TR↓
|
Wang et coll.,
2017a
|
|
in vivo
|
rat
|
T3↑
|
Giray et coll.,
2010
|
|
in vivo
|
souris
|
T3↓ T4↓ Désiodases↓
|
Maiti et coll.,
1995
|
|
in vivo
|
poisson
|
TR↓
|
Zhang et coll.,
2017
|
Perméthrine
|
in vitro
|
CV-1
|
TR↓
|
Du et coll.,
2010
|
|
in vivo
|
poisson
|
TR↓
|
Zhang et coll.,
2017
|
|
in vivo
|
poisson
|
TSH↑ TPO↑ T3↑ T4↑ TTR↑ D1 et D2↑
TR↑
|
Tu et coll.,
2016b
|
Autres
|
Chlorothalonil
|
in vitro
|
CHO
|
TR↑
|
Zhang et coll.,
2016
|
Glyphosate
|
in vivo
|
rat
|
TSH↓ OATP↓ D2 et D3↓
|
de Souza et coll.,
2017
|
Trifluraline
|
in vivo
|
rat
|
TSH↑ T3↓ T4↓ UGT↑
|
Saghir et coll.,
2008
|
Fluopyram
|
in vivo
|
souris
|
TSH↑ T4↓ UGT↑ Thyréocytes :
hyperplasie
|
Rouquié et coll.,
2014
|
Imidaclopride
|
in vitro
|
GH3
|
TR↑
|
Xiang et coll.,
2017
|
|
in vivo
|
oiseau
|
TSH↓ T3↓ T4↓ Altération du
colloïde
|
Pandey et Mohanty,
2015
|
Fipronil
|
in vitro
|
CHO-K1
|
TR↓
|
Lu et coll.,
2015
|
|
in vivo
|
rat
|
TSH↑ T3↓ T4↓
|
Leghait et coll.,
2009
|
|
in vivo
|
rat
|
OATP↑ SULT↑ UGT↑
|
Roques et coll.,
2013
|
|
in vivo
|
brebis
|
TSH, T3 et T4 inchangés
|
Leghait et coll.,
2010
|
D1, D2, D3 : désiodase de type I, II et III ;
Egr1 : Early growth response protein 1 ; F : femelles ;
Hmga1 : High-mobility group AT hook 1 ; M : mâles ;
OAPT : organic anion transporting polypeptide ; SNC :
système nerveux central ; SULT : sulfotransférase ; T3 et T4 :
hormones thyroïdiennes ; TRH : Thyrotropin-Releasing
Hormone (l’hormone thyréotrope) ; TSH : thyroxine
stimulating hormone ; TSHR : récepteur de la TSH ; NIS :
symport iode-sodium ; TG : thyroglobuline ; TPO :
thyroperoxydase ; TTR : transthyrétine ; TR : récepteur des
hormones thyroïdiennes ; UGT : uridine
diphospho-glucuronosyltransférase ; Zfp36l2 : Zinc Finger
Protein 36, CH3 Type-Like 2
Addenda : Modèles et tests pour analyser l’effet
des perturbateurs de la fonction
thyroïdienne
Tests réglementaires des agences européennes
pour identifier les agents perturbateurs
endocriniens
L’Organisation de coopération et de développement économiques
(OCDE) a publié en 2014, et a révisé en 2018, un document guide
pour identifier les principes actifs phytopharmaceutiques et
biocides présentant une activité de perturbateur endocrinien
(régulations EU #528/2012 et EC #1107/2009) (OECD,
2014

; OECD, 2018

). Les tests ciblent les régulations
des voies EATS (
Estrogenic, Androgenic, Thyroidal,
Steroidogenic) et sont organisés en 5 niveaux décrits
ci-dessous (les essais réglementaires
européens
6
Organisation for Economic Co-operation
and Development Test Guideline (OECD TG) ou
Guidance Document (OECD
GD).
correspondants sont rapportés) :
Niveau 1 : recueil de données pour trier et
prioriser (inclus également (Q)SAR)
Tri et classement sur les informations existantes telles que
les propriétés physico-chimiques, données écotoxicologiques,
lecture croisée (prédire les caractéristiques toxicologiques
d’une substance à partir des connaissances disponibles sur
la base de la littérature pour d’autres molécules
similaires), famille chimique, relation entre une activité
et les propriétés physico-chimiques et structurales d’une
molécule ((Q)SAR ; (Quantitative) Structure-Activity
Relationship), modèles de prédiction des propriétés
ADME (absorption, distribution, métabolisme, excrétion).
Niveau 2 : tests in vitro sur cellules, à
visée mécanistique (criblage)
Ces tests sont destinés à dépister l’existence d’un danger,
et il est recherché un effet délétère, sans évaluer un
risque dans le cadre de l’utilisation prévue de la
substance. Les essais sont issus de modèles mammifères et
non mammifères. Certains de ces tests sont adaptés au
criblage haut débit. Les essais réglementaires évaluent la
liaison des œstrogènes (OECD TG 493), la trans-activation
des récepteurs aux œstrogènes (OECD TG 455, ISO 19040-3) ou
androgènes (OECD TG 458), le criblage d’une activité
œstrogène chez la levure recombinante (ISO
19040-1&2).
Niveau 3 : tests sur organismes entiers avec
un seul agent, reproduisant les mécanismes spécifiques des
critères de perturbation
Ces tests « court terme » ont pour but de confirmer
l’existence du danger, de fournir une première indication du
niveau de dose auquel le danger peut se réaliser in
vivo. Les essais réglementaires évaluent :
• chez les mammifères les effets œstrogéniques et
anti-œstrogéniques (OECD TG 440, OECD GD 71) ainsi
que les effets androgéniques et anti-androgéniques
(OECD TG 441, OECD GD 115) avec la possibilité d’un
dosage du niveau plasmatique de T3/T4 pour évaluer
l’effet sur le système thyroïdien ;
• chez les espèces non mammifères, la reproduction à
court terme chez les poissons (OECD TG 229, 230 et
OECD GD 148). Un essai de détection de molécules
actives sur les récepteurs aux œstrogènes utilise
des embryons de Danio rerio cyp19a1b :GFP
(promoteur de l’aromatase exprimée dans le cerveau
couplé au gène rapporteur Green Fluorescent
Protein, GFP) (EASZY assay, en cours
d’évaluation OECD). Chez les batraciens, un essai de
métamorphose chez Xenopus laevis, test AMA
(amphibian metamorphosis assay, OECD
TG 231), un essai d’identification de perturbateurs
de la fonction thyroïdienne, test XETA (xenopus
embryonic thyroid signaling assay, OECD
TG 248).
Niveau 4 : tests sur organismes entiers,
reproduisant l’effet néfaste spécifique des critères de
perturbation
Ces tests permettent d’approfondir la compréhension des
mécanismes d’action toxiques avec une exposition chronique
des organismes pour étudier la toxicité à long terme tout en
ouvrant l’analyse à des effets sur le développement et la
reproduction. Les essais réglementaires évaluent :
• chez les mammifères la toxicité chronique par voie
orale chez les rats (OECD TG 407, 408) ou un
non-rongeur (en général le chien : OECD TG 409), par
inhalation chez les rongeurs (28 jours : OECD TG 412
ou 90 jours OECD TG 413) le développement prénatal
chez les rats ou lapins (OECD TG 414) ou la toxicité
cutanée chez les rongeurs ou le lapin (21/28 jours :
OECD TG 410, 90 jours OECD TG 411) ; la reproduction
et le développement (OECD TG 421), la reproduction
sur une génération chez les rats ou souris (OECD
TG 415, 422) ; le développement et la neurotoxicité
chez les rats (OECD TG 426) ; la toxicité chronique
et cancérogenèse chez les rats ou souris (OECD
TG 451-3) ;
• chez les espèces non mammifères, un effet inhibiteur
œstrogène, androgène ou stéroïdogène testé sur le
développement et la différenciation sexuelle des
poissons (OECD TG 234) ; la toxicité sur des
poissons exposés au stade d’embryons (OECD TG 210) ;
la croissance et le développement de larves
d’amphibiens (LAGDA, Larval Amphibian Growth and
Development Assay, OECD TG 241) ; la
reproduction chez les oiseaux (OECD TG 206) ou chez
les mollusques (Potamopyrgus antipodarum :
OECD TG 242, Lymnaea stagnalis : OECD
TG 243).
Niveau 5 : tests sur organismes entiers
renseignant sur les effets perturbateurs endocriniens et autres
mécanismes, sur tout le cycle de vie
Les essais réglementaires évaluent :
• chez les mammifères la toxicité de la reproduction
sur deux générations chez les rongeurs (OECD TG 416,
443) ;
• chez les espèces non mammifères, la reproduction sur
une génération chez le médaka (Oryzias
latipes, OECD TG 240), une espèce de poissons
de la famille des Adrianichthyidae ; la
toxicité sur le cycle de vie des chironomes
(diptères d’eau douce) dans un système eau-sédiment
chargé ou eau chargée-sédiment (OECD TG 233).
Méthodes d’identification des agents
perturbateurs de la fonction thyroïdienne
Tests in vivo chez les
mammifères
Aucun test réglementaire chez les mammifères (principalement
le rat) n’est conduit spécifiquement pour dépister la
perturbation de la fonction thyroïdienne en première
intention. Les effets sur la fonction thyroïdienne sont
évalués par des tests de dosage des hormones thyroïdiennes
(HT) T3 et T4 et plusieurs essais
7
correspondant à des niveaux 3 ou 4
ci-dessus et qui sont orientés vers la reproduction et les
impacts sur la régulation des hormones sexuelles. Ces tests
correspondent à une question de toxicologie générale et
reposent en général sur trois doses d’exposition qui
correspondent à une faible, voire forte, toxicité générant
des effets non spécifiques. En outre, les THDC (
thyroid
hormone disrupting chemicals) peuvent être actifs à
différentes concentrations internes en rapport avec une
courbe effet non monotone, ce qui génère discussions et
confusion sur l’interprétation des résultats
expérimentaux.
Chez le rat, animal de référence pour la quasi-totalité des
tests validés par l’OCDE chez les mammifères, parmi les
organes analysés en histopathologie il est classiquement
indiqué dans les lignes directrices OCDE en toxicité
chronique d’examiner la thyroïde et l’hypophyse (parfois
sans la « pars distalis ») (Crissman et coll.,
2004

) mais non l’hypothalamus très
difficilement prélevable à l’autopsie. En biochimie les
dosages de la TSH (
thyroid stimulating hormone)
circulante et des hormones T3 et T4 (totale ou libre) sont
réalisés. Sur la base de ces analyses la différenciation est
cependant difficile entre une action centrale
versus
un effet se produisant spécifiquement sur les évènements en
aval de l’axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien
(
Hypothalamic-Pituitary-Thyroid ; HPT) (Dallot,
2015

).
Tests in vivo chez les
non-mammifères
Si le modèle rongeur, avec ses limites (Bianco et coll.,
2014

), participe à l’évaluation des
perturbateurs thyroïdiens, d’autres modèles ont été
développés principalement chez les poissons et les
batraciens. Les essais de niveau 3, OECD TG 229 (test de
reproduction court terme chez les poissons) OECD TG 230
(toxicité 21 jours chez les poissons) ne donnent pas
d’information spécifique d’une perturbation de la fonction
thyroïdienne. En revanche un essai, le test de métamorphose
AMA (OECD TG 231) chez les amphibiens intègre
potentiellement tous les mécanismes possibles de
perturbation de la fonction thyroïdienne puisque le
paramètre étudié, la métamorphose, est un effet apical des
HT. Cette approche est intéressante du fait de la grande
conservation de l’axe HPT entre les espèces (Paris et
Laudet, 2008

; Buchholz,
2017

). Le test XETA (Fini et coll.,
2007

), validé en 2019 (OECD TG 248),
utilise une lignée transgénique de
X. laevis
Tg(thibz :eGFP), qui exprime le gène rapporteur GFP sous le
contrôle d’un élément de réponse aux récepteurs thyroïdiens
(TRE) du promoteur du gène TH/bZIP, un facteur de
transcription hautement régulé par les HT (Furlow et Brown,
1999

). Le test est basé sur des
critères physiologiques de perturbation thyroïdienne tels
qu’ils sont définis par l’essai OECD TG 231. Les têtards ont
pour avantage de bénéficier de la grande conservation de la
signalisation thyroïdienne chez les vertébrés et d’autre
part de donner accès au suivi de l’organogenèse, un stade de
développement difficile à suivre pour les modèles
mammifères. La quantification des variations du signal GFP
est indicatrice de l’altération de la biodisponibilité des
HT.
Les essais de niveau 4, OECD TG 206 (test de reproduction
chez les oiseaux), OECD TG 210 (toxicité chez les embryons
des poissons), OECD TG 234 (développement sexuel chez les
poissons), OECD TG 242 (toxicité chez le mollusque
Potamopyrgus antipodarum), ou OECD TG 243
(toxicité chez le mollusque Lymnaea stagnalis)
n’apportent pas de données spécifiques d’une perturbation de
la fonction thyroïdienne. Le test LAGDA (OECD TG 241) avec
une exposition chronique chez le xénope sur une génération
permet d’évaluer des paramètres de la fonction
thyroïdienne ; les dosages de T4 et de TSH et l’analyse
histopathologique de la thyroïde sont inclus et la
connaissance du temps requis pour la métamorphose est un
paramètre d’un impact d’une perturbation thyroïdienne.
Les essais de niveau 5, OECD TG 233 (toxicité sur le cycle de
vie des chironomes) ou OECD TG 240 (essai sur une génération
étendue chez le poisson Oryzias latipes) permettent
de suivre voire quantifier des paramètres tels que
croissance, développement et comportement qui ne sont pas
spécifiques d’une perturbation de la fonction
thyroïdienne.
En conclusion, il serait utile d’ajouter des paramètres
additionnels dans le contexte de la neurotoxicité (OECD
TG 421, 422), tels que la migration et prolifération
neuronale, la différenciation des oligodendrocytes,
l’histogenèse du cervelet, «
endpoints » plus
pertinents pour évaluer une potentielle perturbation de la
fonction thyroïdienne (Dugas et coll.,
2012

; Picou et coll.,
2012

; Dezonne et coll.,
2015

; Préau et coll.,
2015

). Les essais reposant sur des
modèles d’embryons de poissons ou d’amphibiens se révèlent
d’un grand intérêt en raison de la conservation de la voie
de signalisation des HT illustrée par
i) le domaine
de liaison des TRα et β pour le ligand T3,
ii) le
domaine de liaison à l’ADN et
iii) la séquence de
liaison des TRE à l’ADN (Paris et Laudet,
2008

). La conservation est également
retrouvée au niveau de la glande thyroïde des vertébrés,
avec l’iodation et l’organification ainsi que les protéines
sériques de liaison et les désiodases.
Tests in
vitro
De nombreux tests
in vitro ciblant la fonction
thyroïdienne adaptés au criblage haut débit ont été intégrés
aux programmes ToxCast et Tox21 (Thomas et coll.,
2018

). Dans le cadre du développement
des méthodes d’évaluation d’effets perturbateurs
endocriniens, l’OCDE a publié en 2017 un guide des essais
d’évaluation des THDC (OECD,
2017

). Ces tests présentent les
limitations suivantes, outre la question du rapport entre
les données obtenues
in vivo et
in vitro :
i) contrairement aux organismes ou aux cellules
spécialisées telles que les hépatocytes, tous les modèles
in vitro ne disposent pas des capacités
métaboliques d’oxydation, de dégradation et/ou de
conjugaison des THDC ;
ii) en physiopathologie, un
effet peut être réversible et plusieurs cibles peuvent être
touchées ;
iii) parfois le toxique ultime n’est pas
le principe actif utilisé pour l’exposition qui interagit
avec ses cibles, mais un métabolite qui, s’il est connu,
doit être testé. En outre, une batterie de tests est
nécessaire pour caractériser une activité perturbatrice de
la fonction thyroïdienne.
Les nombreux tests construits tirent bénéfice des
connaissances acquises sur les cibles et leur fonctionnement
(revue dans Murk et coll.,
2013

). La perturbation de la fonction
thyroïdienne est mise en évidence par des essais ciblant la
signalisation HPT, la production des HT (perturbation du
symport Na
+/I
- (NIS), thyroperoxydase
ou TPO, désiodases), le transport avec la liaison à la
transthyrétine (TTR) ou à la
thyroxine-binding
globulin (TBG), la réponse cellulaire (par exemple
des essais de transactivation du récepteur des HT). Une
liste courte et non exhaustive des tests (niveau 2 dans
l’évaluation) illustre la possibilité d’étudier chacune des
cibles potentielles :
Régulation de l’axe
hypothalamo-pituitaro-thyroïdien
Deux hormones participent à la régulation de l’axe
thyréotrope : i) la TRH (thyrothropin
eleasing hormone-r) secrétée par le noyau
paraventriculaire de l’hypothalamus puis libérée dans le
système porte hypothalamo-hypophysaire se lie aux
récepteurs hypophysaires (récepteur transmembranaire
couplé aux protéines G) et régule la formation et
sécrétion de TSH ; et ii) la TSH produite par
l’antéhypophyse, libérée dans la circulation sanguine se
lie à son récepteur au niveau des thyréocytes (récepteur
transmembranaire couplé aux protéines G), a pour rôle le
contrôle et stimulation de la thyroglobuline, du symport
NIS et de la thyroperoxydase. De nombreux tests sont
utilisés pour étudier ces processus :
Production et régulation de
l’hormone thyréotrope (TRH)
La régulation négative de la transcription de la TRH
par la T3 (Koller et coll.,
1987

), a pu être reproduite
dans les modèles cellulaires suivants : la lignée de
cellules rénales de singe CV-1 (Ohba et coll.,
2011

) ou la lignée de cellules
placentaires humaines JEG-3 (Flynn et coll.,
1994

) transfectées avec le TRβ,
la lignée humaine de glioblastome-astrocytome (U-373
MG) et les cultures primaires de neurones
hypothalamiques de poussin (Lezoualc’h et coll.,
1992

) et de rat
(Carreón-Rodríguez et coll.,
2009

).
Activation du récepteur hypophysaire
de la TRH (TRH-R, couplé à l’influx de
Ca2+)
La lignée cellulaire hypophysaire de rat GH3 a pour
particularité une production de prolactine régulée
non seulement par la dopamine mais aussi par la TRH
via l’activation de la kinase ERK (
extracellular
signal-regulated kinase) (Mijiddorj et coll.,
2011

). Le suivi de production
de la prolactine est un indicateur de la stimulation
du récepteur membranaire TRH-R. La lignée Chem-1 est
utilisée pour mesurer indirectement la stimulation
du récepteur de la TRH humain par les variations de
flux de calcium intracellulaire (test commercial
ChemiScreen
TM TRH
Thyrotropin-Releasing Hormone Receptor Stable
Cell Line).
Fonctionnement du récepteur de la
TSH (TSH-R, couplé à la production
d’AMPc)
Des lignées transfectées permettent de suivre
l’activité ou les modifications du TSH-R suite à une
exposition à des produits chimiques. La lignée CHO
transfectée avec le récepteur de la TSH (Santini et
coll., 2003

; De Gregorio et coll.,
2011

) permet d’évaluer
l’activité du récepteur par dosage de la production
d’AMPc. Les lignées CHO, COS-7 et HeLa ont été
transfectées avec le TSH-R pour étudier l’effet de
pesticides sur le mécanisme d’internalisation du
récepteur et ont mis en évidence un effet inhibiteur
de cette réaction par le DDT (De Gregorio et coll.,
2011

). La lignée HEK293-TSH-R
(utilisée dans le cadre du programme ToxCast de
l’Agence américaine de protection de
l’environnement) est utilisée pour étudier
l’activation ou l’inhibition du TSH-R en utilisant
l’AMPc comme marqueur (Neumann et coll.,
2010

).
Entrée d’iode médiée par le symport
NIS
L’évaluation de l’activation du symport sodium/iodure
est classiquement mesurée par l’augmentation de la
radioactivité des cellules FRTL-5 mises en présence
d’iode radio-(
125I) (Schmutzler et coll.,
2007

). La mesure de
l’incorporation d’iode radiomarqué est également
documentée pour la lignée humaine hNIS-HEK293T-EPA
exprimant le NIS humain (Hallinger et coll.,
2017

).
Activité de la
TPO
La fonction de la TPO est classiquement évaluée
in
vitro sur extrait cellulaire ou microsomes de
thyroïde à l’aide d’un essai d’oxydation du guaiacol
(Paul et coll.,
2013

). Un test plus sensible
sur microsomes de thyroïde, le test AUR-TPO
(
Amplex UltraRed TPO Inhibition Assay)
utilise un excès de peroxyde d’hydrogène et de
substrat (
Amplex UltraRed), l’activité
peroxydase de la TPO étant mesurée par la perte de
fluorescence du substrat une fois oxydé (Paul et
coll., 2014

).
Production des
HT
La production des HT est mesurée par i) un
dosage soit immunologique soit en LC-MS/MS réalisé
sur des follicules isolés (ex vivo) ;
ii) des essais permettent de quantifier
l’expression de gènes impliqués dans la synthèse des
HT ou dans la prolifération des thyréocytes
(Tpo, Tg, Duox1,
Notch1, Pttg1, et Gtse1).
Liaison et transport sérique des
HT
Puisque les HT se lient aux transporteurs sériques TBG,
TTR et albumine, plusieurs essais ont été développés
pour quantifier ces interactions. Un essai de
déplacement de T4 pour TBG ou TTR est proposé à l’aide
par exemple d’une puce Biacore recouverte de T4 ; le
suivi de la T4 radiomarquée (
125I-T4) mesure
spécifiquement et quantitativement le déplacement de la
T4 endogène de la TTR avec séparation de la fraction
liée à cette dernière (Weiss et coll.,
2009

) ; la fixation d’un isotope
stable de la T4 (
13C
6-L-Thyroxine)
est déterminée sur la TBG et/ou la TTR avec un dosage en
LC-MS/MS ; le déplacement d’un marqueur fluorescent (sel
d’ammonium de l’acide 8-anilino naphtalène sulfonique)
des transporteurs est mesuré par spectrofluorométrie
(Cao et coll., 2010

).
Il est intéressant de noter que la TBG est quasiment
absente chez le rongeur adulte, ce qui pourrait
expliquer la différence de sensibilité à certains THDC
entre le rat et l’être humain. En conséquence, la TTR et
l’albumine transportent la quasi-totalité (99,9 %) des
HT chez le rongeur. Comme cela a été noté par Leghait,
les espèces dépourvues de TBG seraient donc plus
sensibles aux perturbateurs thyroïdiens, notamment à
ceux augmentant l’élimination des HT (Leghait,
2008

). Les perturbations
thyroïdiennes par augmentation du catabolisme des HT
observées chez le rat sont donc souvent considérées
comme une particularité d’espèce.
Métabolisme des
HT
Les HT sont déiodées dans les organes cibles avec
production de métabolites actifs ou inactifs (Bianco et
Kim, 2006

) et métabolisées au niveau
hépatique pour être excrétées après conjugaison ou
sulfatation (Visser,
1994

; Visser,
1996

; Wu et coll.,
2005

; Bianco et Kim,
2006

).
Induction d’UGT
(UPG-glucuronyltransférases) et de SULT
(sulfotransférases)
Ces enzymes interviennent dans la métabolisation et
l’excrétion des HT chez le rat. Leur induction dans
le foie, ainsi qu’une augmentation du poids du foie
peuvent refléter une perturbation de la fonction
thyroïdienne. Le suivi de l’expression des gènes
codant les UGT et SULT est réalisé in vitro
par RT-qPCR sur des cellules de la lignée HepaRG ou
sur hépatocytes de rats ou humains cryopréservés
(Liverbeads).
Déiodation
L’activité de déiodation peut être suivie en incubant
la T4 radiomarquée avec des extraits cellulaires
(par exemple de la lignée FTRL-5) ou de microsomes
suivis par la quantification de l’iode radioactif
libéré. L’utilisation du propylthiouracile comme
inhibiteur spécifique de la désiodase 1 permet la
comparaison avec les activités des désiodases 2 et 3
(Schmutzler et coll.,
2007

). Une technique
colorimétrique est proposée pour tester l’activité
des désiodases (Renko et coll.,
2012

). L’activité des
désiodases de type I, II ou II peut être suivie en
quantifiant l’expression des gènes dio1, 2, 3 ou les
protéines. L’expression des désiodases est une
source de variabilité des effets physiopathologiques
des perturbateurs de la fonction thyroïdienne entre
espèces, par exemple entre le rat et l’être humain
(Gereben et coll.,
2015

).
Distribution subcellulaire des
HT
Puisque le processus de diffusion passive des HT est
limité, le passage intracellulaire est réalisé via
différents transporteurs non spécifiques. Les cellules
cibles expriment avec quelques exceptions (intégrine
α
vβ
3, voir ci-après dans
« Réponses cellulaires aux HT ») des transporteurs
membranaires incluant MCT8 et 10 (
monocarboxylate
transporter), LAT1 et 2 (
L-type amino acid
transporter), OATP1C1 (
organic
anion-transporting polypeptide 1c1) (Visser et
coll., 2011

; Bernal et coll.,
2015

). Les transporteurs MCT8
et 10 ont une activité bidirectionnelle et sont
fortement exprimés dans le foie, le rein et la glande
thyroïde avec pour conséquence un influx et efflux de T3
et T4 assurant le maintien d’un équilibre. Le suivi de
ce transport est réalisé sur des cellules transfectées
(COS, HEK293, MDCK, JEG, HeLa, GH3...) exprimant
spécifiquement MCT8, MCT10, LAT1/2 ou OATP1C1.
Réponses cellulaires aux
HT
L’activité des HT est déterminée
via l’interaction
avec les TR nucléaires, des variants des TR, l’intégrine
α
vβ
3 et des changements de
l’architecture chromatinienne qui modifient
l’accessibilité des HT aux TRE (Sirakov et Plateroti,
2011

; Cioffi et coll.,
2013

). Les essais examinent soit
l’interaction ligand-récepteur, soit l’activité des
promoteurs ou bien l’interaction
récepteurs/corépresseurs ou autres « interactants ». Un
essai de prolifération cellulaire peut aussi détecter
les agonistes ou antagonistes des TR. Il est important
de noter que la liaison de T3 dans la poche de liaison
des TR est hautement spécifique ce qui implique que ce
mécanisme de dérégulation induit par des perturbateurs
thyroïdiens est peu illustré (Gauger et coll.,
2004

) en rapport avec la diversité
de structures chimiques des THDC (Mughal et coll.,
2018

).
Liaison aux récepteurs TRα ou
TRβ
Un essai de liaison compétitive est réalisé avec un
radio-ligand sur des cellules, par exemple la lignée
MtT/E-2 (cellules hypophysaires de rat) (Kitamura et
coll., 2005

). Des cellules ont été
transfectées transitoirement par des constructions
qui permettent le suivi de l’activité des récepteurs
par une réaction de luminescence : des cellules HeLa
exprimant les constructions entre le domaine de
liaison du récepteur (LBD :
Ligand Binding
Domain) pGAL4-TRα-puro et la luciférase sous
contrôle de GAL4, pGAL4RE-ERE-β Glob-Luc-SVNeo (Fini
et coll., 2012

) ; des cellules HepG2
exprimant les constructions Gal4-L-TRβ, pUAS-tk-luc
et phRL-tk (Sun et coll.,
2008

). La séquence du LBD peut
être exprimée en fusion avec la thymidilate
synthétase chez E. coli permettant d’associer la
croissance bactérienne à la liaison d’un agoniste
avec TRα1 ou TRβ 1 (Gierach et coll.,
2012

). Des essais utilisent la
transfection stable de constructions TRα ou TRβ en
fusion avec le gène codant pour la luciférase dans
différentes lignées cellulaires : cellules
pituitaires de rat GH3 testant TRα et TRβ (Freitas
et coll., 2011

), lignée de cellules de
xénope XL58 testant TRβ (Sugiyama et coll.,
2005

), lignée de
phéochromocytome de rat PC12 testant TRα1 (Jugan et
coll., 2007

).
Liaison au récepteur de type
intégrine
αvβ3
L’intégrine α
vβ
3,
originellement identifiée comme le récepteur de la
vitronectine, peut lier un grand nombre de ligands
protéiques ou non protéiques (Davis et coll.,
2005

) incluant les HT (Bergh et
coll., 2005

). L’activation de
l’intégrine α
vβ
3 par les HT
initie un signal qui induit différentes réponses
cellulaires impliquées dans l’angiogenèse, la
prolifération cellulaire (Stenzel et coll.,
2014

) et l’entrée du glucose
intracellulaire (Incerpi et coll.,
2014

). Un essai peut être
conduit sur la lignée CV-1 qui exprime l’intégrine
α
vβ
3 mais pas les récepteurs
nucléaires aux HT.
Co-activateurs ou
corépresseurs
Les co-activateurs SRC2 (
steroid receptor
coactivator-2) sont recrutés par le complexe
récepteur-hormone (TR-T3) alors que les
corépresseurs NCoR (
Nuclear receptor Co
Repressor) sont recrutés par les récepteurs
libres (TR). Ces corégulateurs interagissent avec le
LBD des TR via une séquence peptidique conservée qui
peut être utilisée pour tester le changement de
conformation du récepteur lors de la liaison. Le LBD
recombinant de TRα1 fusionné avec la glutathion
S-transférase est utilisé dans une réaction de
polarisation de fluorescence pour quantifier la
liaison de peptides fluorescents SRC2 ou NCoR.
L’activité du principe actif est testée en plaque
384 puits par dissociation du peptide corégulateur
fluorescent du LBD TRα1 seul ou en présence de T3
(Lévy-Bimbot et coll.,
2012

).
Prolifération cellulaire induite par
les HT
La prolifération des cellules GH3 qui expriment
fortement les TR est dépendante de la présence de
T3. Un essai, désigné « T-Screen », détecte des
agonistes ou antagonistes sur le critère de la
prolifération cellulaire (Ghisari et
Bonefeld-Jorgensen,
2005

). Cependant, de nombreux
faux positifs par un mécanisme indépendant de
l’effet prolifératif des HT représentent une limite
de cet essai.
Conclusion
La complexité de la fonction thyroïdienne est illustrée par son
implication dans de nombreuses voies de régulations métaboliques
via l’interaction des hormones avec les TR des tissus cibles
mais aussi via des réponses non génomiques (Liu et Brent,
2010

; Hammes et Davis, 2015

; Little,
2018

). Ces actions non génomiques des HT sont initiées au niveau
de récepteurs membranaires, du cytoplasme ou d’organelles qui
peuvent être les récepteurs classiques TR ou de leurs variants
ou bien l’intégrine α
vβ
3 (Hammes et Davis,
2015

). Au niveau du système nerveux central, celui-ci pourrait
moduler le traitement de l’information reçue par les tissus
périphériques induisant une régulation des actions locales
dépendantes des HT. Enfin, une perturbation d’un niveau de
régulation peut être compensée via des actions à un autre niveau
(Di Cosmo et coll., 2013

).
Bien que l’axe HPT et les processus physiologiques de base
régulant la synthèse et la libération des HT soient
qualitativement similaires d’une espèce à l’autre, il existe
toutefois des différences quantitatives spécifiques pour chaque
espèce (Janssen et Janssen,
2017

). Ces différences complexifient la relation entre les
changements de taux sérique des HT, y compris ceux induits par
les différences de métabolisme. En outre, les capacités
métaboliques d’une espèce et les différences de sensibilité dues
à l’âge, doivent être prises en considération. En conséquence,
la différence entre espèces quant à la sensibilité à certaines
maladies du développement induites par des modifications des
niveaux d’HT ne peut pas être exclue.
Dans l’objectif de clarifier les critères sur lesquels se fonde
une évaluation du risque des effets perturbateurs endocriniens,
la Commission européenne a confié aux autorités réglementaires
l’élaboration de lignes directrices pour l’interprétation des
données provenant des études expérimentales sur les animaux.
L’Echa et l’Efsa (2018

) ont conclu, premièrement, que les
substances induisant des modifications histopathologiques de la
thyroïde (hypertrophie des cellules folliculaires, hyperplasie,
néoplasie...), avec ou sans modification des niveaux circulants
de HT, posent un risque d’insuffisance d’HT chez l’être humain
adulte, ainsi que sur le développement neurologique pré- et
post-natal de sa progéniture. De plus, les substances qui
modifient les niveaux circulants de T3 et/ou T4, sans signes
histopathologiques, présentent une préoccupation potentielle
pour le neurodéveloppement. Finalement, en absence de données
spécifiques sur la substance prouvant le contraire, les êtres
humains et les rongeurs sont considérés comme étant également
sensibles à la perturbation de la thyroïde (y compris dans les
cas où l’induction hépatique est responsable de la clairance
accrue de la HT).
L’évaluation du risque par les agences repose sur les résultats
d’études épidémiologiques et d’expérimentations réalisées
quasi-exclusivement chez les rongeurs avec quelques tests sur
des lignées cellulaires. L’expérimentation chez les rongeurs n’a
pas été organisée pour identifier un dysfonctionnement
thyroïdien car à l’analyse histopathologique de la thyroïde,
seuls les dosages de TSH, T4 et T3 ont été ajoutés. En outre, il
est peu fréquent de trouver des résultats de tests
transgénérationnels alors que le neurodéveloppement fœtal est
sous la dépendance de perturbations de la régulation
thyroïdienne.
En raison d’une part de différences entre l’être humain et les
rongeurs (TBG, métabolisme et clairance hépatique...) et d’autre
part de la conservation de la régulation thyroïdienne chez les
vertébrés, il apparaît urgent de favoriser le développement
d’essais chez les poissons ou batraciens et de bénéficier du
processus de métamorphose de ces organismes qui dépend du
contrôle thyroïdien (l’utilisation des larves étant rapide est
une excellente alternative au modèle rongeur) mais aussi de
tests in vitro spécifiques sur les cibles potentielles
des THDC.
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