Pesticides et effets sur la santé
IV. Focus sur des substances actives
2021
19-
Glyphosate et formulations à base de glyphosate
Préambule
Le glyphosate a été synthétisé en 1950 en tant que composé
pharmaceutique potentiel (IARC,
2017

).
Les propriétés herbicides du glyphosate ont été découvertes par la
société Monsanto en 1970 et la première formulation commerciale
contenant du glyphosate a été mise sur le marché en 1974 sous
l’appellation Roundup (Farmer, 2010

). Ce produit a bénéficié d’une
autorisation de mise sur le marché en 1975 en France sous le
n
o AMM 7400057 (Anses,
2019a

).
La protection par brevet a expiré en dehors des États-Unis en 1991,
et aux États-Unis en 2000 (Székács et Darvas,
2012

).
Depuis, le glyphosate et les formulations à base de glyphosate
(
glyphosate-based herbicides ; GBH) sont commercialisés
par de nombreuses autres sociétés.
Le glyphosate est un herbicide total, foliaire et systémique, ce qui
signifie
i) qu’il est efficace sur pratiquement toutes les
adventices (également désignées par « mauvaises herbes ») annuelles
ou vivaces et qu’il n’est pas sélectif des cultures,
ii) qu’il est absorbé par les feuilles et
iii) qu’après absorption il est véhiculé par la sève à
travers toute la plante (les feuilles, la tige, jusqu’à l’extrémité
des racines et des rhizomes) (ACTA,
2019

).
Le glyphosate entre dans la composition de plusieurs centaines de
préparations commerciales à usage herbicide. Les produits formulés
se présentent le plus souvent sous forme de concentré soluble qui
est généralement dilué entre 1 et 3 % en milieu aqueux avant
épandage. Une formulation « représentative » utilisée par les
agences chargées de l’évaluation des risques sanitaires, le
Roundup Ultra, présente la composition partielle
suivante : sel isopropylammonium de glyphosate 485 g/l (équivalent à
360 g/l de glyphosate comme principe actif
1
Les concentrations du glyphosate sont indiquées
dans ce texte en mg/l d’équivalent acide pour faciliter
l’interprétation des résultats, avec une correspondance de
5,9 µM équivalent à 1 mg/l.
) et le polyoxyéthylène amine (POEA ; à 16 %) comme
surfactant.
L’analyse du potentiel cancérogène du glyphosate a généré en 2015 une
différence d’interprétation entre le Centre international de
recherche sur le cancer (Circ) et l’Autorité européenne de sécurité
des aliments (
European Food Safety Authority ; Efsa). Le Circ
a classé le glyphosate en catégorie 2A comme « cancérogène
probable » (IARC, 2017

), alors que l’évaluation par des agences
européennes, coordonnée par l’Institut fédéral allemand d’évaluation
des risques (
Bundesinstitut für Risikobewertung ; BfR) a
conclu à une absence de classement (BfR,
2015a

),
conclusion reprise par l’Efsa et l’Agence européenne des produits
chimiques (
European Chemicals Agency ; Echa). Des agences
extérieures à l’Union européenne ont partagé l’avis de l’Efsa : le
Joint Meeting on Pesticide Residues (JMPR) de
l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations
Unies et de l’Organisation mondiale de la santé, l’autorité
australienne pour les pesticides et la médecine vétérinaire,
l’agence néo-zélandaise de protection de l’environnement, l’agence
canadienne de réglementation de la lutte antiparasitaire et l’Agence
américaine de protection de l’environnement (EPA). En France,
l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de
l’environnement et du travail (Anses) a conclu en 2016 que :
• le niveau de preuve de cancérogénicité chez l’animal et chez
l’être humain était considéré comme relativement limité et
ne permettait pas de proposer un classement 1A ou 1B
(cancérogène avéré ou présumé pour l’être humain) dans le
cadre de l’application des critères du règlement (CE)
no 1272/2008 relatif à la classification, à
l’étiquetage et à l’emballage des substances et mélanges
(Classification, Labelling and Packaging of
substances and mixtures ; CLP) ;
• au vu du niveau de preuve limité, la classification en
catégorie 2 (substances suspectées d’être cancérogènes pour
l’être humain) peut se discuter, sans que l’Agence ne puisse
se prononcer en l’absence d’une analyse détaillée de
l’ensemble des études.
L’Anses a donc, en juillet 2019, établi un cahier des charges pour la
réalisation d’études complémentaires sur le potentiel génotoxique du
glyphosate sur la base du test des comètes in vivo.
Cet écart dans l’évaluation du potentiel cancérogène du glyphosate
entre les agences d’évaluation des risques sanitaires et le Circ
repose, notamment, sur les aspects suivants :
• une disparité entre les bases de données avec un corpus de
données réglementaires non connues du Circ et réciproquement
des articles scientifiques non intégrés dans la base de
données du BfR ;
• une différence sur les critères d’interprétation des
résultats des études toxicologiques (in vivo et in
vitro) et prise en compte de modèles (huître, moule,
poisson, reptile, ver de terre) par le Circ généralement non
pris en compte par les agences ;
• une différence sur l’objectif (force de l’évidence et
mécanismes d’action pour le Circ versus évaluation du
risque pour le BfR). Par exemple, l’induction d’un stress
oxydatif et la positivité de tests de cancérogenèse chez les
rongeurs ont été pris en compte par le Circ pour aboutir au
classement 2A.
L’objectif de cette expertise collective n’a pas pour vocation
d’analyser les différents facteurs impliqués dans cette controverse
qui a généré de nombreuses publications tant dans les revues
scientifiques (Portier et coll.,
2016

;
Mesnage et Antoniou, 2017

; Tarazona et coll.,
2017

;
Benbrook, 2018

; Clausing et coll., 2018

; Douwes et coll.,
2018

;
Tarone, 2018

) que les médias.
Ce chapitre a pour objectif de présenter et analyser les données
d’expologie disponibles sur le glyphosate (utilisation,
contamination des milieux et de la population), les données
d’épidémiologie publiées depuis 2013 et les mécanismes d’action
toxiques du glyphosate et des GBH sur la base de la littérature
récente.
Utilisation, contamination des milieux, et
biosurveillance
Le glyphosate est probablement l’herbicide le plus utilisé dans le
monde (Benbrook, 2016

). Il a été enregistré dans plus de
130 pays en 2010 avec une production mondiale annuelle de matière
active estimée à environ 600 000 tonnes de substances actives en
2008, 650 000 en 2011 et 720 000 en 2012 (IARC,
2017

).
Avec l’arrivée dans les années 1990 de plantes génétiquement
modifiées (OGM) résistantes à cet herbicide (les plantes
«
Roundup Ready » non cultivées en France),
principalement maïs, soja et coton, une forte augmentation mondiale
de l’utilisation du glyphosate a été constatée (Beckert et coll.,
2011

).
Ainsi, sa consommation mondiale passe de 56 000 tonnes en 1994 à
plus de 820 000 tonnes en 2014 (tableau 19.I

), avec un usage principalement agricole
(76 % du volume en 1994 et 90 % en 2014).
Tableau 19.I Utilisation mondiale du glyphosate dans les milieux
agricoles et non agricoles entre 1994 et 2014
|
1994
|
1995
|
2000
|
2005
|
2010
|
2012
|
2014
|
Glyphosate (kg x 1 000)
|
56 296
|
67 078
|
193 485
|
402 350
|
652 486
|
718 600
|
825 804
|
Agricole
|
42 868
|
51 078
|
155 367
|
339 790
|
578 124
|
648 638
|
746 580
|
Non agricole
|
13 428
|
16 000
|
8 118
|
2 560
|
74 362
|
69 962
|
79 224
|
Part agricole ( %)
|
76
|
76
|
80
|
84
|
89
|
90
|
90
|
Part non agricole ( %)
|
24
|
24
|
20
|
16
|
11
|
10
|
10
|
Quantités de substance active, données de Benbrook,
2016
.
Utilisation en France
Comme l’ensemble des produits phytopharmaceutiques de synthèse,
le glyphosate est interdit dans les espaces publics en France
depuis le 1er janvier 2017 et, depuis le
1er janvier 2019, sa vente est interdite aux
particuliers. En octobre 2020, l’Anses annonce que l’utilisation
du glyphosate sera interdite en agriculture pour les situations
où ce traitement peut être substitué par une solution non
chimique (labour, désherbage manuel ou mécanique, etc.). Par
ailleurs, les doses homologuées seront réduites pour certains
usages (viticulture, arboriculture fruitière, grandes cultures
et forêt). Ces décisions ont pour objectif de limiter la
quantité de glyphosate utilisée en agriculture en 2021,
l’interdiction de ce pesticide ayant été annoncée par le
Gouvernement à l’horizon 2023.
En France, en mars 2018, 75 préparations commerciales contenant
du glyphosate disposaient d’une AMM en tant que produits
phytopharmaceutiques (Anses,
2019b

). En décembre 2019, en France, l’Anses a notifié le retrait
des autorisations de 36 produits à base de glyphosate et le
refus d’autoriser 4 nouveaux produits. Ces produits
représentaient en 2018 près des trois quarts des tonnages de
produits à base de glyphosate vendus en France, pour des usages
agricoles et non agricoles
2
.
En France, comme dans la plupart des pays européens, le
glyphosate n’est pas utilisé sur les cultures en place mais pour
préparer le terrain avant leur implantation. Il est donc
préférentiellement utilisé entre deux cultures agricoles soit
pour la destruction des repousses de la culture précédente soit
pour désherber la parcelle restée nue et envahie par les
« mauvaises herbes ». Le glyphosate est aussi utilisé, dans une
moindre mesure, en agriculture pour le désherbage des bords de
parcelle, des chemins ou des bâtiments. L’Inra a mené des
recherches dans l’objectif de proposer des alternatives à
l’usage du glyphosate (Reboud et coll.,
2017

). Une dépendance au glyphosate a été mise en lumière selon
les systèmes agricoles. Par exemple, les systèmes suivants ont
montré une forte dépendance au glyphosate : grandes cultures peu
diversifiées et sur de grandes surfaces, fruits et légumes de
plein champ, betteraves. De même, des systèmes très dépendants
voire inféodés au glyphosate ont été mis en évidence :
l’agriculture de conservation, c’est-à-dire sans travail du sol
(sans labour, et donc sans destruction mécanique des mauvaises
herbes), représentant 3 à 4 % des surfaces agricoles, la
production de noisettes (environ 200 producteurs et 10 tonnes de
glyphosate utilisées pour cet usage en 2017), le rouissage du
lin (les tiges de lin sont laissées à décomposer au champ par
les microorganismes présents afin de ne récolter ensuite que la
fibre, ce qui interdit tout travail du sol ; la France est le
premier producteur mondial de lin textile), les vignes en
terrain difficile (pente ou cailloux, rendant peu praticable le
désherbage mécanique : Banyuls, Maury, Côte-Rôtie, Condrieu,
soit environ 3 000 ha), la canne à sucre.
Comme le souligne l’Inra (Reboud et coll.,
2017

), le glyphosate est un herbicide plébiscité par la profession
agricole grâce à son large spectre d’efficacité, son faible coût
et sa facilité d’utilisation. Son utilisation a eu plusieurs
conséquences : en permettant de meilleurs débits de chantiers,
il a permis d’étendre les surfaces cultivées par exploitation,
l’arrêt des labours a fait évoluer le parc d’agroéquipements,
certaines cultures ont pu être implantées sur des terrains peu
propices...
Entre 2009 et 2017, le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé
en France et, selon les années, la première (ou la deuxième)
substance active phytopharmaceutique (Anses,
2019b

). La figure 19.1

montre
l’évolution des ventes de glyphosate entre 2009 et 2017. Au
cours de cette période, les quantités annuelles vendues passent
de 6 421 tonnes (en 2009) à 10 070 tonnes (en 2014) (Reboud et
coll., 2017

; Anses,
2019b

). Une partie de ces quantités est vendue sous forme de
produits commerciaux autorisés pour le grand public (les
non-professionnels) : entre 13,9 % (2017) et 23,7 % (2013).
Si les quantités de glyphosate vendues annuellement au niveau
national entre 2009 et 2017 n’évoluent que modestement, les
ventes au niveau départemental varient fortement et de manière
très hétérogène. Ainsi, selon l’Inra (Reboud et coll.,
2017

), entre 2012 et 2016 les ventes nationales augmentent de
1,4 % (8 980 à 9 110 tonnes) alors que dans 10 départements la
quantité de glyphosate vendue par hectare de surface agricole
utile augmente de plus de 75 %. Les auteurs de l’étude
expliquent ces variations par la destruction de prairies
permanentes au Nord et l’implantation de nouveaux vergers et
vignes au Sud.
Le ministère de l’agriculture mène régulièrement des enquêtes sur
les pratiques culturales des agriculteurs
3
. Il s’agit d’enquêtes par échantillonnage de
parcelles agricoles sur certaines cultures d’intérêt, réalisées
à différents intervalles de temps. L’exploitation des données
issues de ces enquêtes a été réalisée par l’Anses (Anses,
2019b

). Il en ressort que, sur les grandes cultures en 2014, la
part des superficies traitées au moins une fois par du
glyphosate a été de 55,1 % pour la canne à sucre, 29 % pour le
tournesol, 21,8 % pour le pois protéagineux, 18,9 % pour le
colza, 16,8 % pour l’orge, 13,3 % pour le blé tendre, 12,9 %
pour le maïs grain, 11,9 % pour le triticale, 10,7 % pour le blé
dur, 10,6 % pour le maïs fourrage, 10,3 % pour la betterave
sucrière et 5,9 % pour la pomme de terre. Pour la viticulture en
2013-2014, la part des surfaces traitées au moins une fois est
estimée à 72,3 %. Pour l’arboriculture en 2012, cette part est
de 60,6 % pour la prune, 49,4 % pour la pomme et 44,9 % pour la
cerise. Enfin, concernant le maraîchage en 2013, cette part est
de 10,1 % pour les carottes et de 9,2 % pour les melons, les
autres cultures maraichères étudiées étant moins concernées
(moins de 3,6 % des surfaces traitées). Notons, à la lumière de
ces résultats, que les cultures pérennes sont de fortes
utilisatrices de glyphosate. Concernant les grandes cultures, le
glyphosate est généralement utilisé en interculture,
c’est-à-dire entre deux successions de cultures. L’Inra (Reboud
et coll., 2017

) souligne que l’utilisation de
glyphosate est sensiblement plus fréquente sur les parcelles
recevant des successions de colza et céréales à paille, ou de
tournesol et céréales à paille et que, compte tenu des
variations d’assolement, l’utilisation du glyphosate varie d’une
région à l’autre. Les systèmes de cultures mis en place dans
l’agriculture française ont pour conséquence un besoin important
de désherbage des parcelles. Celui-ci est réalisé
préférentiellement de manière chimique (limitant le besoin en
machine et en main d’œuvre) et à base de glyphosate car il
s’agit d’un herbicide efficace et d’un coût relativement
modéré.
Contamination des milieux et des
denrées
Le glyphosate est une molécule très polaire, insoluble dans les
solvants organiques et amphotère (à la fois une base et un
acide) (figure 19.2

).
Appartenant à la famille des aminophosphonates, il est présent
sous forme de sels glyphosate-isopropylammonium,
glyphosate-potassium, glyphosate-monoammonium,
glyphosate-diméthylammonium selon les nombreuses formulations
commerciales.
Comme la plupart des pesticides, des résidus de glyphosate sont
présents dans les différents compartiments environnementaux
(l’air, le sol, l’eau, les denrées alimentaires) qui peuvent
être des sources d’exposition pour la population générale.
Le glyphosate est rapidement et fortement adsorbé dans les sols
(notamment ceux qui sont à pH acide, riche en minéraux ou faible
en phosphate) où il est métabolisé et rendu inactif par les
organismes microbiens (Mamy,
2004

). La dégradation du glyphosate conduit à la formation de
plusieurs métabolites. La voie de dégradation principale (99 %)
implique l’activité de l’enzyme glyphosate oxydoréductase qui
décompose le glyphosate en amino-méthyl-phosphonique (l’AMPA,
figure 19.2

) et en acide
glyoxylique qui sont finalement minéralisés en CO
2 et
en phosphate inorganique. L’AMPA est également produit par des
plantes résistantes au glyphosate exprimant cette même enzyme et
peut aussi provenir de la dégradation des phosphonates présents
notamment dans les détergents. Une moindre proportion de
glyphosate est dégradée par d’autres bactéries en
N-méthyl-glycine (sarcosine), en glycine et finalement en
CO
2.
Une étude récente des terres arables en Europe a montré que le
glyphosate et l’AMPA sont présents dans presque la moitié de
plus de 300 échantillons testés à des concentrations supérieures
à 0,05 mg/kg (Silva et coll.,
2018

). En France, les concentrations médianes du glyphosate et de
l’AMPA dans les sols provenant de dix régions agricoles étaient
respectivement 0,08 et 0,13 mg/kg. L’AMPA est plus persistant
dans les sols que son composé parent, avec une demi-vie qui
varie considérablement selon le degré d’adsorption et de
dégradation (de quelques jours à quelques années) (Efsa,
2015a

; ATSDR, 2019

).
Techniques de
dosage
Les caractéristiques physicochimiques du glyphosate rendent
délicates les procédures analytiques quantitatives et
exigent des méthodologies rigoureuses et validées d’autant
que d’autres métabolites secondaires peuvent se former
(suite à des N-acétylations). Des procédures robustes
d’extraction et de purification poussée sont nécessaires
pour éviter, entre autres, des effets de matrice (influence
de l’environnement du produit analysé).
Différentes méthodes de dosages ont été rapportées pour la
quantification du glyphosate dans l’eau, les céréales et
autres aliments, les sols... Ces méthodes utilisent en
grande majorité une détection par spectrométrie de masse
(MS) avec comme première étape, un traitement des
échantillons, adapté à chacune des matrices considérées
(eau, aliments...). Pour répondre à la question de
l’exposition, la technique de dosage doit être assez
sensible pour suivre des variations de concentration de
glyphosate en fonction de la dose ou du temps. Les
caractéristiques des dosages correspondent à la justesse
(absence de biais), la fidélité (répétabilité,
reproductibilité intra- et inter-laboratoires) et la
quantification (limite de détection, limite de
quantification et linéarité du modèle) (Anses,
2015

). Les limites de détection (LOD)
et de quantification (LOQ) sont des valeurs systématiquement
rapportées dans les dossiers de validation. Des
réglementations, lignes directrices ou normes proposent des
méthodes d’estimation de la LOD. Ces méthodes ont pour
objectif de déterminer la limite en dessous de laquelle
l’analyte est considéré comme « non détecté ». Généralement,
la LOQ représente la plus faible concentration dans un
échantillon qui puisse être quantifiée avec une fidélité et
une justesse acceptables dans des conditions expérimentales
indiquées.
Le dosage du glyphosate dans les urines est communément
réalisé pour mesurer les expositions de diverses
populations ; il repose sur des méthodes soit de chimie
analytique soit d’immunologie, alors que celles-ci ont été
en première intention développées pour le suivi de la
contamination des eaux, sols et denrées alimentaires. L’Efsa
a proposé que la somme des concentrations de glyphosate,
AMPA, N-acétyl AMPA et N-acétyl glyphosate soit utilisée
pour une évaluation du risque, ce qui oriente
préférentiellement vers des méthodes de dosage en chimie
analytique car une détection reposant sur des anticorps peut
être plus délicate du fait de la diversité des métabolites
formés (Efsa, 2019a

). Pour le dosage du glyphosate en
chimie analytique, les techniques de détection incluent
l’électrophorèse capillaire (Lanaro et coll.,
2015

), la chromatographie liquide et
détection en fluorescence (Wang et coll.,
2016

) et la chromatographie liquide
et spectrométrie de masse en tandem (LC-MS/MS) actuellement
la méthode la plus utilisée (Bernal et coll.,
2012

; Liao et coll.,
2018

). Comme le glyphosate est
hautement hydrophile, non volatile, de faible masse molaire
et sans groupe chromophore
4
Un chromophore est un groupe d’atomes
comportant une ou plusieurs doubles liaisons,
formant une séquence de doubles liaisons conjuguées
avec le reste de la molécule, ce qui lui confère
généralement une couleur facilement
analysable.
, il est difficile à analyser par HPLC
(chromatographie en phase liquide à haute performance) avec
une détection UV ou en fluorescence ou bien en GC
(chromatographie en phase gazeuse)-MS sans une étape
préalable de dérivation (Yoshioka et coll.,
2011

). Il s’agit alors de greffer un
agent chromophore facilitant une séparation soit par
chromatographie gazeuse soit par chromatographie liquide
tout en sachant que chacune de ces procédures présente des
contraintes spécifiques à prendre en considération. L’étape
de dérivation est généralement conduite avec le
9-fluorenylméthyl chloro-formate afin d’obtenir un temps de
rétention acceptable dans les colonnes de chromatographie
(Botero-Coy et coll., 2013

). Les analystes ont récemment
développé des méthodes en spectrométrie de masse (MS ou
MS/MS) avec électrospray et proposé plusieurs méthodes de
dosage en LC-MS/MS adaptées à différentes matrices
(Martins-Junior et coll.,
2009

). De nombreux articles rendent
compte de dosages en détection par MS sur des échantillons
d’eau et d’aliments et seulement quelques articles
rapportent celui-ci dans des fluides biologiques comme les
urines. Les échantillons urinaires sont généralement traités
par une solution aqueuse acide (0,1 % acide formique). Les
dosages urinaires du glyphosate et de l’AMPA ont été
réalisés en LC-MS/MS avec l’ajout de standards internes
marqués (0,05 mg/ml
D
213C
15N-AMPA et
13C3
15N-glyphosate). Selon cette
méthode la linéarité de dosage est obtenue de 0,05 à
1 000 µg/l avec une valeur de LOQ de 0,1 µg/l (Jensen et
coll., 2016

). La LOD pour le glyphosate est
établie à 0,05 µg/l basée sur un rapport signal : bruit
supérieur à 3 : 1. Il faut noter que la linéarité du dosage
peut être obtenue sur un intervalle plus important de
concentration, entre 0,1 et 10 µg/l (Conrad et coll.,
2017

).
La technique de dosage d’immunoabsorption par enzyme liée
(
Enzyme-Linked ImmunoSorbent Assay ; ELISA) est
une méthode utilisée en routine pour le dosage de pesticides
dans diverses matrices avec une faible réactivité croisée
pour d’autres substances (Byer et coll.,
2011

). Un test ELISA largement utilisé
pour doser le glyphosate, commercialisé par la société
Eurofins-Abraxis, repose sur une compétition entre le
glyphosate présent dans l’échantillon et un complexe
glyphosate-enzyme vis-à-vis de la liaison avec un anticorps
polyclonal anti-glyphosate révélé par un dérivé coloré.
L’échelle de quantification d’un échantillon dans l’eau est
de 0,075 à 4 µg/l. Les réactions croisées vis-à-vis de
l’AMPA ou du glufosinate sont faibles de l’ordre de
< 0,1 %.
La technique LC-MS/MS permet de quantifier le glyphosate et
l’AMPA et sa sensibilité est supérieure à celle du test
ELISA (LOD = 0,025 µg/l
versus 0,1 µg/l) (Byer et
coll., 2008

). Cependant, il existe une forte
corrélation entre les résultats produits par ces deux
techniques (R
2 = 0,88), bien que la méthode ELISA
tende à surestimer la concentration de glyphosate. Cette
surestimation peut reposer sur une interférence avec des
ions, des sels et/ou des phosphates (Clegg et coll.,
1999

). La technique ELISA a été
comparée à la technique de dosage en GC/MS et un coefficient
de corrélation de 0,87 a été estimé pour les urines (Krüger
et coll., 2014

). Le dosage dans l’eau de
glyphosate par technique HPLC a été comparé à une technique
ELISA de première génération (Rubio et coll.,
2003

). Pour le test immunologique, la
LOD était de 1 µg/l voire 0,1 µg/l si une étape préalable de
dérivation était réalisée. L’interférence avec le
glufosinate ou l’AMPA était très faible avec une réactivité
croisée < 0,01 %. Pour la méthode HPLC, la LOD était de
50 µg/l. Plus récemment, le test ELISA d’Eurofins-Abraxis a
été utilisé pour le suivi de la contamination des eaux
fluviales, de boissons et des urines d’agriculteurs exposés
au glyphosate (Rendon-von Osten et Dzul-Caamal,
2017

). Pour un dosage du glyphosate
dans l’eau, la valeur de la LOQ était de 0,13 µg/l et la
concentration maximale détectable de 4 µg/l.
En résumé, la sensibilité pour le glyphosate est similaire
entre les deux méthodes de dosage avec un effet faible de
réaction croisée dû à la matrice. En revanche, la gamme de
linéarité du dosage est supérieure pour les techniques
analytiques (MS) et elles permettent aussi de doser l’AMPA
ce qui n’est pas le cas pour le test ELISA.
Surveillance dans l’air
ambiant
Le glyphosate, en raison de sa pression de vapeur
négligeable
5
de l’ordre de 9,8 x 10
-8 à 1,94
x 10
-7 mmHg n’est pas susceptible de se
volatiliser à partir des surfaces traitées et sa présence
dans l’atmosphère est liée à la dérive des gouttelettes de
pulvérisation. L’Anses a recensé l’ensemble des mesures
effectuées par les Associations agréées de surveillance de
la qualité de l’air (AASQA) disponibles entre 2012 et 2015
(Anses, 2019b

). Aucune AASQA n’a analysé le
glyphosate dans l’air ambiant. Cependant, selon une étude
réalisée en région PACA, sur 83 analyses effectuées entre
2015 et 2016, le glyphosate a été détecté 5 fois, soit un
taux de détection de 7 %. Sur les 4 sites de mesures, 3 ont
détecté du glyphosate dans l’air au moins une fois. Les
prélèvements ont été effectués pendant 24 h avec un débit de
30 m
3/h et les concentrations en glyphosate
variaient entre 0,18 et 1,04 ng/m
3 (Ravier et
coll., 2019

). La surveillance des pesticides
dans l’air n’est pas réglementée et ces concentrations sont
actuellement difficilement interprétables.
Surveillance dans le milieu
aquatique
La réglementation sur la qualité de l’eau est issue de la
directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du
23 octobre 2000. Elle établit un cadre pour une politique
communautaire dans le domaine de l’eau
6
Directive 2000/60/CE du Parlement
européen et du Conseil du 23 octobre 2000
établissant un cadre pour une politique
communautaire dans le domaine de
l’eau.
. Ainsi, en France, un programme de
surveillance de la qualité de l’eau a été mis en place pour
les différentes catégories d’eau (eaux douces de surface,
eaux souterraines, eaux côtières et de transition). Pour les
cours d’eau et les canaux, le réseau de contrôle de
surveillance est constitué de 1 500 sites pérennes « cours
d’eau » répartis sur le territoire (métropole), auxquels se
rajoutent les sites pour les canaux, les sites
internationaux, ainsi que les sites pour les départements
ultramarins
7
Circulaire du 13 juillet 2006 relative
à la constitution et la mise en œuvre du programme
de surveillance pour les eaux douces de surface en
application de la directive 2000/60/CE du
23 octobre 2000 du Parlement et du Conseil
établissant un cadre pour une politique
communautaire dans le domaine de
l’eau.
. Les eaux souterraines sont surveillées par
2 356 stations (en 2015)
8
. Le choix des sites est réalisé de manière
à fournir une image cohérente et globale de l’état chimique
des eaux souterraines et à fournir des données de contrôle
représentatives
9
Directive no 2006/118/CE du
12/12/06 sur la protection des eaux souterraines
contre la pollution et la
détérioration.
. Il en est de même pour les eaux de
surface. Les mesures de contamination par les pesticides ne
sont pas identiques pour toutes les stations. Si certains
pesticides doivent systématiquement être étudiés (atrazine,
diuron...), d’autres en revanche, comme le glyphosate et son
métabolite l’AMPA, ne peuvent être recherchés que sur une
partie des stations (mais sur au moins 25 % d’entre elles).
Les recherches des différents pesticides sont surtout liées
au contexte local et au risque potentiel de contamination du
milieu. Les toutes premières données disponibles concernant
le glyphosate
10
datent de juillet 2000. Sur l’ensemble de
l’année 2000, 117 stations ont analysé le glyphosate. Elles
étaient 2 038 en 2010 et 3 272 en 2018.
Le glyphosate sous sa forme acide
(N-(phosphonométhyl)glycine) est relativement peu soluble
dans l’eau (10,5 g/l à 20 °C, pH = 1,9). Il est utilisé
généralement sous forme de sel afin d’augmenter
considérablement sa solubilité (< 1 kg/l pour le sel
d’isopropylamine), avec comme conséquence la possibilité
d’une contamination des milieux aquatiques. Le milieu
aquatique est le compartiment de l’environnement le plus
surveillé pour ce qui est de la contamination par les
pesticides. Il bénéficie de normes réglementaires et de
plans de surveillance nombreux et
réguliers
11
Directive 2000/60/CE du Parlement
européen et du Conseil du 23 octobre 2000
établissant un cadre pour une politique
communautaire dans le domaine de
l’eau.
. L’arrêté du 11/01/2007 (relatif aux
limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux
destinées à la consommation humaine mentionnées aux articles
R. 1321-2, R. 1321-3, R. 1321-7 et R. 1321-38 du code de la
santé publique), fixe : i) pour les pesticides dans les eaux
brutes de toute origine, utilisées pour la production d’eau
destinée à la consommation humaine, une norme de 0,5 µg/l
pour chaque pesticide pris individuellement et de 2 µg/l
pour la somme de tous les pesticides individualisés détectés
et quantifiés (ainsi que leurs métabolites) ; ii) pour les
pesticides dans les eaux destinées à la consommation humaine
une norme de 0,1 µg/l pour chaque pesticide pris
individuellement et de 0,5 µg/l pour la somme de tous les
pesticides individualisés détectés et quantifiés (ainsi que
leurs métabolites). Ces valeurs sont valables pour le
glyphosate. Seuls 4 pesticides font l’objet de normes plus
sévères à 0,03 µg/l : l’aldrine, la dieldrine, l’heptachlore
et l’époxyde d’heptachlore. Ces normes, en vigueur dans
l’Union européenne
12
Directive 98/83/CE du Conseil du
3 novembre 1998 relative à la qualité des eaux
destinées à la consommation
humaine.
, ont été fixées sur la base des limites
analytiques de détection à l’époque où elles ont été
établies et ne correspondent, en aucun cas, à des valeurs
sanitaires de référence. De ce fait, elles ne peuvent être
comparées – d’un point de vue de risque sanitaire – à des
concentrations constatées dans d’autres milieux ou matrices
biologiques (par exemple les urines). Les valeurs limites du
glyphosate dans l’eau potable au Canada
13
et aux États-Unis
14
sont plus élevées, soit respectivement de
280 et 700 µg/l.
Concernant les eaux de surface, l’Anses (Anses,
2019b

) a comparé les données issues des
plans de surveillance à la norme de qualité
environnementale
15
Les normes de qualité environnementales
(NQE) sont utilisées pour déterminer des valeurs
limites de concentrations moyennes annuelles pour
protéger les organismes d’une possible exposition
prolongée aux polluants dans les milieux aquatiques.
La NQE pour les eaux douces non destinées à la
production d’eau potable est déterminée en
appliquant un facteur de sécurité sur la plus faible
dose avec un effet toxique aigu. L’Institut national
de l’environnement industriel et des risques
(Ineris) indique pour le glyphosate une NQE de
28 µg/l, calculée à partir de la NOEC (
No
Observed Effect Concentration) chez une
diatomée (
https://substances.ineris.fr/fr/substance/cas/1071-83-6/3
[consulté le 10 janvier 2020]). Pour l’AMPA, la NQE
est 452 µg/l, calculée à partir de l’EC
50
chez une algue verte.
https://substances.ineris.fr/fr/substance/cas/1066-51-9/3
[consulté le 10 janvier 2020].
qui est fixée à 28 µg/l pour le glyphosate
et à 452 µg/l pour son métabolite l’AMPA. En métropole,
entre 2007 et 2017, le glyphosate a été recherché dans
36,7 % (2007) à 94,7 % (2017) des points de mesure pour
lesquels au moins un pesticide a été recherché. Le
glyphosate a été quantifié dans 22,2 % (2007) à 49,7 %
(2017) de ces points. Un seul point, en 2014, présente une
moyenne annuelle des concentrations de glyphosate
(70,2 µg/l) supérieure à la norme de qualité pour les eaux
de surface. Notons que le taux de
quantification
16
Le nombre d’analyses sur lesquelles le
pesticide concerné a été quantifié rapporté à
l’ensemble des analyses de ce
paramètre.
augmente régulièrement entre 2007 et 2017
mais que parallèlement les limites de quantification
s’améliorent au cours de cette période. Il n’est donc pas
possible de relier directement l’augmentation du taux de
quantification à une augmentation de la contamination du
milieu par le glyphosate sans connaître les valeurs
individuelles des dosages. Concernant l’AMPA, le taux de
recherche parmi les points de mesure est similaire. Il est
quantifié dans 43,1 % (2007) à 74,4 % (2017) de ces points
et aucun dépassement des normes n’est noté. Dans les
départements et régions d’Outre-mer (DROM), le glyphosate
est recherché dans 44,6 % (2007) à 100 % (2011) des points
de mesure. Il est quantifié dans 2,1 % (2008) à 16 % (2007)
des cas et aucun point ne présente de moyenne annuelle
supérieure à la norme. Concernant l’AMPA, le taux de
recherche varie de 41,9 % (2007) à 100 % (2011), le taux de
quantification de 9,2 % à 28 % (2013) et aucune
non-conformité n’est constatée.
Concernant les eaux souterraines, les données présentées par
l’Anses (Anses, 2019b

) sont comparées à la norme de
0,1 µg/l, soit celle de l’eau destinée à la consommation
humaine. En métropole entre 2007 et 2017, le glyphosate est
quantifié dans 0,5 % (2009) à 3,4 % (2017) des analyses
effectuées et la moyenne annuelle des concentrations est
supérieure à la limite de 0,1 µg/l pour 0,4 % (2012) à 1,5 %
(2007) des points de mesure. Concernant l’AMPA, la
quantification concerne 0,8 % (2009) à 4,7 % (2012) des
analyses effectuées et le dépassement de la norme est
constaté pour 0,5 % (2013/2014/2016) à 1,4 % (2012) des
points de mesure. Dans les DROM, le glyphosate est quantifié
dans 0 % (2010 à 2014) à 4,2 % (2007) des analyses et la
norme est dépassée pour 0 % (2010 à 2014) à 7,4 % (2007) des
points de mesures.
Concernant les eaux destinées à la consommation humaine, le
taux de non-conformité (> 0,1 µg/l) varie de 0,05 % (2017) à
0,26 % (2007) pour le glyphosate et de 0,04 % (2017) à
0,29 % (2011) pour l’AMPA. Aucune mesure ne dépasse la
valeur de référence dérivée des valeurs toxicologiques (soit
un seuil sanitaire) qui est fixée à 900 µg/l pour la somme
des concentrations en glyphosate et AMPA (Afssa,
2007

).
En résumé, le glyphosate et l’AMPA sont présents dans
l’ensemble des compartiments aquatiques, de manière plus
importante dans les eaux de surface et dans une moindre
mesure dans les eaux souterraines et l’eau destinée à la
consommation humaine. Ainsi, dans les eaux de surface, le
Commissariat général au développement durable
(2015

) notait qu’entre 2009 et 2013 les
concentrations totales les plus importantes retrouvées
étaient pour les herbicides, le glyphosate et l’AMPA, puis
l’atrazine, le métolachlore, le S-métolachlore, le
chlortoluron, l’isoproturon, le bentazone et leurs produits
de dégradation ; pour les fongicides, le boscalide ; et pour
les insecticides, l’imidaclopride. Aucun dépassement du
seuil d’écotoxicité n’est observé pour le glyphosate et
l’AMPA. Alors que dans les eaux souterraines, les substances
les plus répandues, certaines interdites depuis au moins une
décennie, sous leur forme d’origine ou partiellement
dégradée étaient : l’atrazine (atrazine éthyl présente dans
plus de 51 % des points de mesures en 2017), le
diméthachlore, le métolachlore, le métazachlore, la
simazine, le bentazone, l’oxadixyl, l’alachlore, le
chlortoluron et le glyphosate (ministère de la Transition
écologique et solidaire,
2019

).
Surveillance dans les denrées
alimentaires
Le glyphosate et son métabolite l’AMPA sont des contaminants
retrouvés dans les produits alimentaires, des produits
agricoles bruts ou des produits transformés. Des limites
maximales de résidus (LMR) pour ces composés sont fixées par
réglementation, qui diffèrent selon les denrées. Pour les
denrées alimentaires humaines, les LMR sont de 0,05 mg/kg
pour le lait, les œufs et la viande, 0,1 mg/kg pour la
plupart des plantes à usage alimentaire et 10 à 20 mg/kg
pour les graines, tandis que pour les fourrages d’animaux,
elles sont de l’ordre de 500 mg/kg. Ces valeurs sont issues
des bonnes pratiques agricoles et n’ont pas été fixées comme
une limite au-delà de laquelle on observerait un effet
toxique chez l’être humain. Elles sont a priori
conservatrices et bien inférieures à celles correspondant à
une exposition inductrice de toxicité.
Le glyphosate a été trouvé, à l’état de traces, comme un
contaminant d’un maïs génétiquement modifié pour être
tolérant au glyphosate (variété NK603 cultivée au Canada)
qui était traité ou non avec l’herbicide (16 µg/kg pour le
maïs traité) (Chereau et coll.,
2018

). En revanche, pour le soja
transgénique, la contamination par le glyphosate et l’AMPA
est retrouvée avec une valeur de l’ordre de 10 mg/kg alors
qu’il n’est pas détectable dans le soja issu d’agriculture
biologique (Bohn et coll.,
2014

).
Le rapport de 2017 de l’Union européenne sur les résidus de
pesticides dans les aliments présente les résultats issus de
l’ensemble des États membres ainsi que de l’Islande et la
Norvège soit 88 247 échantillons (Efsa,
2019b

). Le glyphosate a été analysé en
2017 par 25 pays sur 8 672 échantillons ; 71 d’entre eux
étaient des échantillons d’aliments pour bébés et 306 des
échantillons d’aliments d’origine animale (y compris le
miel). Dans 97,5 % des échantillons, le glyphosate n’était
pas quantifié. Dans 2,2 % des échantillons
(191 échantillons), le glyphosate a été quantifié à des
niveaux supérieurs à la limite de quantification, mais
inférieurs à la LMR et dans seulement 21 échantillons
(0,2 %), les concentrations de résidus ont dépassé la LMR.
Les résidus de glyphosate n’ont été détectés dans aucun des
échantillons d’aliments pour bébés. Des dépassements de LMR
ont été identifiés dans des échantillons provenant
d’Allemagne (7 échantillons de miel), d’Italie
(1 échantillon d’asperges et 1 échantillon de seigle), de
Pologne (1 échantillon de sarrasin et 1 échantillon de
poires), d’Autriche (1 échantillon de miel), de France
(1 échantillon de riz) et 8 échantillons d’origine inconnue
(5 de seigle et 3 de sarrasin).
Toxicocinétique humaine
Peu d’études permettent de décrire avec précision les données
toxicocinétiques du glyphosate chez l’être humain. L’absorption
cutanée est considérée comme la principale voie d’exposition aux
pesticides chez les professionnels (Lavy et coll.,
1992

; Connolly et coll., 2019a

). Les études chez le singe ont montré
que l’absorption cutanée, tant pour le Roundup concentré que
pour une dose diluée correspondant à un usage agricole, est de
2,2 % pour la plus forte concentration testée
(270 µg/cm
2). Pour les études
in vitro
menées sur des échantillons de peau humaine, un taux inférieur à
2 % est constaté après 16 h de contact (Wester et coll.,
1991

). L’exposition par inhalation est considérée comme une voie
d’exposition mineure (Jauhiainen et coll.,
1991

; Johnson et coll., 2005

; IARC,
2017

).
Dans le profil toxicologique du glyphosate, l’Agence pour le
registre des substances toxiques et maladies (ATSDR) des
États-Unis ne recense aucune donnée humaine ou animale
concernant la distribution du glyphosate après contamination par
inhalation (ATSDR, 2019

). Des données humaines limitées ont
été trouvées concernant la distribution du glyphosate après
absorption par voie orale. La détection de glyphosate dans des
échantillons de sérum et/ou d’urine d’individus qui avaient
ingéré – intentionnellement ou non – des produits contenant du
glyphosate confirme l’absorption par le tractus
gastro-intestinal (Hori et coll.,
2003

; Sribanditmongkol et coll.,
2012

; Zouaoui et coll., 2013

). Le taux d’absorption du glyphosate
dans le cas d’ingestion par voie orale, estimé à partir des
données sur les rats, est de l’ordre de 20 à 30 % (ATSDR,
2019

). Récemment, des études ont été réalisées chez des hommes
volontaires ayant consommé un repas dont le contenu en
glyphosate était connu (Zoller et coll.,
2020

) ou ingéré du glyphosate dissous dans de l’eau à une
concentration connue (Faniband et coll.,
2021

). Ces deux études montrent que les quantités excrétées de
glyphosate dans les urines représentent entre 1 et 6 % de la
dose ingérée. Concernant le métabolite AMPA, il ne représente
qu’entre 0,01 et 0,3 % de la dose ingérée en glyphosate sur une
base molaire. Ces observations conduisent à penser
raisonnablement que le taux d’absorption du glyphosate dans le
tractus gastro-intestinal chez l’être humain est bien inférieur
à celui observé chez le rat. Après son absorption, le glyphosate
est facilement distribué par le sang sans accumulation
significative dans aucun tissu particulier.
Le glyphosate ne subit pas de métabolisation significative chez
l’être humain ou les rongeurs et seule une fraction réduite
(< 1 %) est métabolisée en AMPA (ATSDR,
2019

). Les travaux récents de Zoller et coll.
(2020

) et Faniband et coll. (2021

) confirment cette très faible
métabolisation du glyphosate chez l’être humain. Des résultats
d’études animales identifient les matières fécales et l’urine
comme les principales voies d’élimination du glyphosate ; les
quantités urinaires excrétées reflétant la quantité de
glyphosate absorbée et les quantités fécales reflétant la
quantité de glyphosate non absorbée après l’exposition par voie
orale (ATSDR, 2019

). Le Circ a estimé la demi-vie
sérique de glyphosate chez le rat exposé par voie orale à 33 h
(IARC, 2017

), alors que la demi-vie retenue par
Roberts et coll. est de 3 à 4 h pour l’élimination du glyphosate
du sang de patients qui avaient intentionnellement ingéré des
quantités importantes de produits contenant du glyphosate
(Roberts et coll., 2010

). Dans d’autres cas
d’empoisonnement, les concentrations plasmatiques de glyphosate
ont chuté rapidement (en 2 à 3 jours) après le début de
l’observation (Talbot et coll.,
1991

). Connolly et coll. ont récemment rapporté une demi-vie
moyenne du glyphosate comprise entre 5 h 30 et 10 h, selon que
les concentrations sont ou non corrigées par la créatinine ou
tiennent compte du taux d’excrétion urinaire (Connolly et coll.,
2019b

).
Biosurveillance
L’estimation des niveaux d’imprégnation au glyphosate de la
population générale et des professionnels agricoles entre dans
le champ de la biosurveillance. Une étude de biosurveillance
implique la quantification d’un agent chimique ou d’un
biomarqueur dans un compartiment biologique (sang, urine, sueur,
cheveu, lait, cordon ombilical...) avec pour objectif d’évaluer
l’exposition à cet agent. Le développement de méthodes de
biosurveillance implique une stratégie de prélèvement et de
conservation de l’échantillon, de prise en compte de la
toxicocinétique du produit avec ses variations inter-espèces et
de sélection de la matrice (sang, urine...) (Barr et coll.,
2006

).
Le glyphosate absorbé par voie orale est essentiellement excrété
inchangé dans les urines, ce qui valide la quantification de ce
pesticide dans les urines pour l’évaluation d’une exposition
récente en comparaison d’autres matrices (sang, salive...)
(Curwin et coll., 2006

). Les urines sont donc considérées
comme la meilleure matrice pour des études de biosurveillance
(Acquavella et coll., 2004

; Curwin et coll.,
2006

; Krüger et coll., 2014

; Niemann et coll.,
2015

). Les recommandations sont d’ajuster la concentration
urinaire des agents chimiques à la créatinine dans le cas d’une
étude d’exposition environnementale (Barr et coll.,
2005

). Idéalement, les urines de 24 h devraient être collectées
dans une étude de biosurveillance, mais la demi-vie
d’élimination du glyphosate
17
Le temps nécessaire pour que la
concentration sanguine de glyphosate dans l’organisme
diminue de moitié lors de sa phase
d’élimination.
permet d’estimer l’exposition récente au
glyphosate à l’aide d’un recueil d’échantillons par spot au
cours d’une journée (Connolly et coll.,
2018

; Connolly et coll., 2019b

).
En France, peu d’études fournissent des données de
biosurveillance sur l’exposition au glyphosate. Les pesticides
les plus souvent mesurés sont ceux de la famille des
organochlorés, des organophosphorés, des pyréthrinoïdes ou des
triazines (Chevrier et coll.,
2011

; Fréry et coll., 2013

; Dereumeaux et coll.,
2016

).
La cohorte PELAGIE a été mise en place en Bretagne entre 2002 et
2006 pour étudier l’impact de contaminants de l’environnement
sur le développement intra-utérin et de l’enfant (Chevrier et
coll., 2009

). Une étude exploratoire de mesures
urinaires prénatales d’herbicides (par chromatographie en phase
liquide couplée à un spectromètre de masse triple quadripole ;
LOQ = 50 ng/l) a été réalisée chez 47 femmes de la cohorte en
début de grossesse ayant déclaré avoir utilisé des herbicides
sur les pelouses ou sur les allées de leur habitation. Le
glyphosate a été quantifié chez 43 % des femmes à un taux médian
de 0,20 µg/l, et l’AMPA chez 36 % des femmes à un taux médian de
0,31 µg/l (Vandentorren et Guldner,
2013

; Anses, 2019b

). Les auteurs soulignent qu’aucun
facteur lié aux modes d’usage de désherbant (fréquence, forme du
produit...) n’apparaît déterminant du taux de détection ou du
niveau urinaire de cette exposition.
Santé publique France met en œuvre un Programme national de
biosurveillance décliné en deux volets complémentaires, dont un
volet périnatal (Dereumeaux et coll.,
2016

). Ce dernier concerne 4 145 femmes enceintes ayant accouché
en France en 2011 et participant à la cohorte ELFE (Vandentorren
et coll., 2009

; Pirus et coll.,
2010

) avec la mesure urinaire de 130 biomarqueurs d’exposition
(dont des pesticides) dans des échantillons d’urine. Le
glyphosate a été mesuré par LC-MS/MS (LOD = 15 ng/l ;
LOQ = 50 ng/l) dans les urines de 1 036 femmes collectées au
moment de l’admission à la maternité. Les quantifications de
celui-ci et de son métabolite sont rares : 0,3 % des
échantillons avaient un taux de glyphosate au-dessus de la LOQ
et 0,1 % pour l’AMPA.
Au niveau européen, depuis les débats concernant le glyphosate,
la mesure de cette substance est intégrée dans les dosages
urinaires de xénobiotiques dans les programmes de
biosurveillance, et en particulier dans le programme européen de
biosurveillance HBM4EU
18
.
Au niveau international, une revue de la littérature récente a
recensé les études documentant les niveaux d’exposition chez les
travailleurs (8 études) et en population générale (14 études)
(Gillezeau et coll., 2019

). Parmi la population
professionnelle, les sujets étaient soit des forestiers
(Jauhiainen et coll., 1991

), soit des horticulteurs (Connolly
et coll., 2017

; Connolly et coll.,
2018

), soit des agriculteurs et leur famille (Acquavella et coll.,
2004

; Curwin et coll., 2006

; Mesnage et coll.,
2012

; Jayasumana et coll., 2015b

; Rendon-von Osten et Dzul-Caamal,
2017

). Une étude complémentaire a été ajoutée ultérieurement
(Perry et coll., 2019

) portant le total à 9 études. Les
mesures ont toutes été réalisées à partir d’échantillons
d’urines sur un total de 423 sujets dont 73 conjointes et
148 enfants. Les études ont été réalisées aux États-Unis
(n = 3), en Irlande (n = 2) en Finlande (n = 1), en France
(n = 1), au Mexique (n = 1) et au Sri Lanka (n = 1). Les dosages
urinaires du glyphosate varient de 0,26 µg/l à 73,5 µg/l. Ils
sont difficilement comparables car les tâches et les moments des
prélèvements sont assez hétérogènes. Ces résultats n’apportent
qu’une information limitée sur les variations des niveaux
d’imprégnation au cours du temps. Concernant l’étude française
recensée (Mesnage et coll.,
2012

), les résultats concernent 5 personnes : un agriculteur, sa
conjointe et leurs 3 enfants. Les concentrations de glyphosate
mesurées chez le travailleur atteignent 9,5 µg/l après
l’épandage de glyphosate et 2 µg/l deux jours après. Cette revue
de la littérature recense également 14 études réalisées en
population générale, totalisant un effectif de 3 298 sujets. Les
matrices biologiques sont l’urine (n = 11), le lait maternel et
l’urine (n = 1), le sang ombilical et maternel (n = 2). Les
femmes enceintes font l’objet de quatre études. Les dosages
urinaires varient de 0,16 µg/l à 7,6 µg/l.
Une autre revue de la littérature datant de 2015 (Niemann et
coll., 2015

) rapporte les résultats de 7 études
en Europe et aux États-Unis documentant le niveau d’exposition
au glyphosate dans les urines. Dans ces études réalisées aux
États-Unis, la concentration urinaire moyenne est de 2 à 3 µg/l
avec d’importantes variations dont un maximum à 233 µg/l, alors
qu’elle est de 1 µg/l en moyenne avec un maximum de 5 µg/l dans
les études réalisées en Europe. Les auteurs ont comparé les
niveaux de contamination à certaines valeurs de référence et
concluent que les estimations de l’exposition sont de niveau
inférieur à la dose journalière admissible (DJA ; la quantité
qui peut théoriquement être ingérée quotidiennement sans risque
pour la santé) et au niveau d’exposition acceptable pour
l’opérateur (
Acceptable Operator Exposure Level) et que
les travailleurs ou les consommateurs n’étaient pas exposés à
des niveaux susceptibles d’entraîner des risques sanitaires.
Une concentration de l’ordre du µg/l d’urine pourrait-elle
néanmoins être associée à un potentiel effet toxique ? Pour
répondre à cette question, il est nécessaire de calculer la
concentration de glyphosate dans les urines pour une personne
exposée à la dose maximale sans effet toxique. Chez l’être
humain, la DJA suite à une exposition par voie orale est
actuellement fixée à 0,5 mg/kg pc/j (Efsa,
2015a

; maintenue en 2018). Cette valeur est calculée sur la base
de la dose sans effet nocif (
Non Observed Adverse Effect
Level ; NOAEL) établie à 50 mg/kg pc/j à partir d’études
chez le rat et le lapin. En effet, la DJA est obtenue en
divisant la NOAEL par un facteur de sécurité égal à 100,
correspondant aux incertitudes inter (10) et intra espèce (10)
(qui sont donc multipliées, 10 x 10 = 100). Ainsi, pour une
personne d’un poids corporel de 60 kg, présentant un taux
d’absorption de 20 % du glyphosate (Niemann et coll.,
2015

) et une élimination rapide urinaire avec un volume d’urine de
1,5 à 2,0 l/j, le calcul aboutit à : 0,5 x 60 x 0,2/1,5
à 2 = 3,0 à 4,0 mg/l de glyphosate dans les urines de 24 h (ou
3 000 à 4 000 µg/l). Cette valeur est bien supérieure (3 000 à
4 000 fois) à celle retrouvée dans les urines qui est de l’ordre
de 1 µg/l d’urine pour la population générale en Europe. Même si
la valeur de la DJA est sous-estimée d’un facteur 10, le facteur
de sécurité serait égal à 300-400 ce qui est en faveur, en
l’état actuel des connaissances et des méthodes expérimentales
utilisées, d’une absence de risque. Par ailleurs, d’après des
analyses de dosages urinaires chez des travailleurs exposés,
l’exposition correspondait en moyenne à 0,4 % de la DJA avec un
maximum de 2 %, soit en moyenne 2 µg/kg/j (Niemann et coll.,
2015

). Les travaux récents montrant que l’absorption intestinale
du glyphosate serait inférieure (1 à 6 %, Zoller et coll.,
2020

; Faniband et coll., 2021

) à celle estimée initialement (20 à
30 %, ATSDR, 2019

) ne modifient pas la DJA, dans la
mesure où celle-ci est construite en étudiant le lien entre la
dose externe et la survenue d’un effet toxique.
Les études de biosurveillance décrites ci-dessus renseignent sur
les niveaux d’imprégnation au glyphosate et ses métabolites.
L’interprétation des données expérimentales repose sur des
considérations pratiques et théoriques (variabilités
interindividuelles, chronicité de l’exposition, effets des
mélanges, différences intra-espèces) et on ne peut exclure, sur
la base de ces études, que l’exposition au glyphosate ne
présente aucun risque pour l’être humain. Cela souligne
l’importance d’évaluer les risques potentiels pour la santé de
l’exposition au glyphosate à travers des études épidémiologiques
qui sont examinées ci-dessous.
Données épidémiologiques
Les études épidémiologiques portant sur l’exposition au glyphosate
concernent plusieurs pathologies cancéreuses, comme les cancers
solides ou hémato-logiques (en particulier les lymphomes non
hodgkiniens ; LNH), ainsi que des pathologies non cancéreuses comme
des pathologies respiratoires, la maladie de Parkinson, des troubles
endocriniens, des troubles anxio-dépressifs et des troubles du
développement.
Si les agences réglementaires évaluent la toxicité pour l’être humain
et l’environnement de matières actives comme le glyphosate, les
organismes vivants ne sont pas exposés qu’à celles-ci mais également
aux coformulants. Cette remarque est aussi valable pour la très
grande majorité des pesticides qui sont présents sous forme de
mélanges contenant des adjuvants de diverses natures. Bien que peu
d’études épidémiologiques sur le glyphosate aient pris en compte les
formulations, elles permettent néanmoins d’apporter des arguments
sur les risques sanitaires potentiellement associés à l’exposition
professionnelle ou environnementale au glyphosate.
Lymphomes non
hodgkiniens
Données provenant de l’expertise collective
de 2013
Lors de l’expertise collective sur les pesticides réalisée
par l’Inserm en 2013 (Inserm,
2013

), le glyphosate était associé à
un excès de risque significatif de LNH avec une présomption
faible ou moyenne selon les populations exposées
(agriculteurs, exposition professionnelle englobant toute
catégorie d’emploi : applicateurs, éleveurs). Il en était de
même de l’association glyphosate et malathion
(tableau 19.II

).
Tableau 19.II Exposition au glyphosate et survenue de LNH :
expertise collective de 2013
|
Aminophosphonate glycine
|
Populations exposées Présomption
d’un lien
|
Glyphosate
|
Agriculteurs
|
±
|
|
Exposition professionnelle
|
+
|
Glyphosate + malathion
|
Exposition professionnelle
|
±
|
| | |
+ d’après quatre études cas-témoins
±
d’après les résultats d’une cohorte (agriculteurs) ou
une étude cas-témoins (glyphosate +
malathion)
Le point de la littérature en 2013 montrait une hétérogénéité
des résultats entre les études de cohorte et de
cas-témoins : il n’y avait pas d’association entre
l’exposition au glyphosate et le risque de LNH dans l’étude
de cohorte AHS (
Agricultural Health Study) aux
États-Unis, ce qui contrastait avec les résultats des études
cas-témoins en particulier celles menées aux États-Unis, au
Canada et en Suède. Dans ces études, des augmentations
significatives de risque de LNH étaient observées et
persistaient après ajustement sur l’exposition aux autres
pesticides mais reposaient sur des effectifs faibles. Une
des études cas-témoins (Eriksson et coll.,
2008

) avait rapporté une association
statistiquement significative avec certains sous-types de
lymphomes à cellules B comme le lymphome
lymphocytique/leucémie lymphoïde chronique. Une étude
cas-témoins menée au Canada avait montré que l’exposition au
glyphosate seul n’augmentait pas le risque de LNH alors que
son utilisation en combinaison avec le malathion induisait
une augmentation significative du risque (OR = 2,10 ;
IC 95 % [1,31-3,37]) (Hohenadel et coll.,
2011

).
Nouvelles données
Méta-analyses
Une revue systématique de la littérature accompagnée
d’une méta-analyse basée sur 44 articles originaux a
évalué les associations entre le LNH et l’exposition à
21 familles de pesticides et 80 substances actives, dont
le glyphosate (Schinasi et Leon,
2014

). Le risque de LNH était
associé positivement à l’exposition professionnelle au
glyphosate (mRR = 1,5 ; IC 95 % [1,1-2,0]), résultat
observé à partir d’études publiées antérieurement et
déjà prises en compte dans la précédente expertise
collective (cinq études cas-témoins et la cohorte AHS
dans son analyse publiée en 2005). L’association était
renforcée lorsqu’on considérait le lien entre
l’exposition au glyphosate et les lymphomes à cellules B
(mRR = 2,0 ; IC 95 % [1,1-3,6]) sans hétérogénéité entre
les résultats des études.
Une méta-analyse des cohortes d’agriculteurs, récemment
publiée par le consortium Agricoh (Leon et coll.,
2019

) étudiait le rôle de
l’exposition (de façon binaire : oui/non) entre
14 familles de pesticides et 33 substances actives dont
le glyphosate et le risque de LNH et de ses principaux
sous-types. Ce travail reposait sur les données de trois
cohortes de travailleurs agricoles : AHS (États-Unis),
AGRICAN (France) et CNAP (Norvège), totalisant plus de
300 000 sujets, 2 430 cas et 3,5 millions de
personnes-années à risque. Parmi les associations
testées, peu apparaissaient significatives mais une
association positive statistiquement significative était
observée entre l’exposition au glyphosate et le risque
de lymphome diffus à grandes cellules B (LDGCB, l’un des
sous-types de LNH le plus fréquent), après ajustement
sur les autres pesticides (mRR = 1,4 ; IC 95 %
[1,0-1,9]). Aucune hétérogénéité entre les résultats des
trois cohortes n’est objectivée. Cette élévation
statistiquement significative du risque reposait
principalement sur les données de la cohorte norvégienne
(CNAP) avec un risque de LDGCB associé à l’exposition au
glyphosate RR = 1,7 ; IC 95 % [1,1-2,7] (100 cas
exposés), tandis que les risques étaient légèrement
élevés mais non significatifs dans les cohortes
américaine (AHS) et française (AGRICAN) avec
respectivement : RR = 1,2 ; IC 95 % [0,7-2,0] (93 cas
exposés) et RR = 1,1 ; IC 95 % [0,5-2,2] (28 cas
exposés). Le glyphosate était utilisé respectivement par
38 %, 83 % et 36 % des agriculteurs et ouvriers
agricoles des cohortes CNAP, AHS et AGRICAN.
Entre 2013 et 2019, deux autres méta-analyses (Chang et
Delzell, 2016

; Zhang et coll.,
2019

) et une analyse « poolée »
(Pahwa et coll., 2019

) ont étudié la relation
entre une exposition professionnelle au glyphosate et le
risque de LNH en agrégeant les mêmes études que Schinasi
et Leon (2014

). Les méta-analyses
reposaient sur les mêmes cinq études cas-témoins
antérieurement publiées (entre 2001 et 2009) et les
données de la cohorte AHS. L’étude de Zhang et coll. a
inclus l’analyse la plus récente de la cohorte AHS
publiée en 2018 (Andreotti et coll.,
2018

), tandis que celle de Chang
et Delzell était basée sur une analyse de l’AHS publiée
en 2005 (de Roos et coll.,
2005

). La première méta-analyse
(Chang et Delzell, 2016

), mettait en évidence un
risque augmenté de LNH statistiquement significatif chez
les agriculteurs exposés au glyphosate mRR = 1,3 ;
IC 95 % [1,0-1,6] avec peu d’hétérogénéité dans les
résultats des études (I
2 = 0 %) et pas de
biais de publication détecté. Cette association était
robuste à plusieurs analyses secondaires selon la
méthode statistique, la permutation des résultats par
ceux d’une analyse plus récente, ou les deux à la fois.
La seconde méta-analyse (Zhang et coll.,
2019

) se concentrait sur les
sujets les plus exposés au glyphosate (en durée et en
intensité) et rapportait un risque légèrement plus
élevé : mOR = 1,4 ; IC 95 % [1,1-1,8]. Une analyse
complémentaire à partir des données de l’AHS de 2005 et
des groupes les plus fortement exposés montrait un
risque de LNH comparable : mOR = 1,5 ; IC 95 %
[1,1-1,9]. Plusieurs analyses de sensibilité utilisant
différentes catégorisations de l’exposition, selon les
sous-types de LNH inclus, le lieu géographique de
l’étude, l’exposition à d’autres pesticides, le type
d’analyse statistique, ou l’exclusion tour à tour d’une
des six études, ont retrouvé des risques comparables. Au
total, cette dernière étude rapporte un risque
légèrement plus élevé que les deux autres méta-analyses
(Schinasi et Leon, 2014

; Chang et Delzell,
2016

). Cette étude est la seule à
aborder l’analyse des groupes les plus exposés au
glyphosate. Une autre différence notable est l’inclusion
des cas de myélome multiple dans le groupe des LNH dans
la dernière version de l’analyse de l’AHS (conformément
à la classification OMS et à une publication du
consortium
InterLymph qui placent ces hémopathies
malignes dans le groupe des hémopathies lymphoïdes à
cellules B matures car dérivant d’une prolifération
monoclonale de plasmocytes). Cependant, une analyse de
sensibilité montrait que les résultats n’étaient pas
expliqués par la prise en compte des myélomes. En effet,
une association entre le myélome multiple et le
glyphosate, si elle existait, aurait pu être à l’origine
de cette élévation du risque, mais cela n’était pas
démontré dans la dernière analyse de la cohorte AHS et
repose aujourd’hui sur un faible niveau de preuve.
Aucune analyse par sous-type de LNH n’était disponible
dans la méta-analyse de Zhang et coll. Les deux seuls
résultats allant dans le même sens et étant spécifiques
d’un sous-type de lymphome (le LDGCB et plus largement
le lymphome B) était donc ceux publiés respectivement
par Leon et coll. en
2019

et Schinasi et Leon en
2014

, déjà évoqués ci-dessus.
Enfin, une analyse poolée (méta-analyse sur données
individuelles) publiée en 2019 examinait le rôle
spécifique de l’exposition au glyphosate sur le risque
de LNH et ses principaux sous-types (Pahwa et coll.,
2019

). Elle utilisait les études
cas-témoins menées aux États-Unis et au Canada (
North
American Pooled Project), études dont la
majorité étaient prises en compte dans les méta-analyses
décrites plus haut. Les auteurs montraient que les
sujets ayant utilisé du glyphosate avaient un risque
augmenté de LNH (OR = 1,4 ; IC 95 % [1,1-1,8]) mais,
après ajustement sur l’exposition aux pesticides 2,4-D,
dicamba et malathion, le risque était atténué et non
significatif (OR = 1,1 ; IC 95 % [0,8-1,5]). Les auteurs
faisaient les mêmes observations concernant l’analyse
par sous-type de LNH. Cependant, une association
positive statistiquement significative avec le risque de
LNH était observée chez les sujets du
3
e tercile c’est-à-dire ayant utilisé du
glyphosate plus de deux jours par an (OR = 1,7 ; IC 95 %
[1,0-2,9] ; p de tendance = 0,2) de même que chez les
sujets atteints de LDGCB (OR = 2,1 [1,1-4,3] ; p de
tendance = 0,2) ce qui était concordant avec les
méta-analyses présentées plus haut, en particulier celle
de Zhang et coll. Ces risques augmentés n’étaient
toutefois pas retrouvés avec la durée de l’exposition en
années. La tendance vie entière était significative
uniquement pour le lymphome lymphocytique lorsqu’on
analysait la variable d’exposition en continu, alors que
le risque était augmenté mais non significatif lorsque
l’exposition était étudiée de façon binaire (exposé
oui/non).
Cohortes
L’analyse la plus récente de la cohorte AHS a été publiée
de manière isolée (Andreotti et coll.,
2018

) et portait spécifiquement
sur l’exposition au glyphosate en utilisant les données
de suivi les plus à jour (extension du suivi de
l’incidence des cancers jusqu’en 2012 en Caroline du
Nord et jusqu’en 2013 dans l’Iowa avec 7 290 cas de
cancer incidents, et incluant des informations
supplémentaires sur l’exposition à partir d’un
questionnaire de suivi). Cette analyse ne mettait pas en
évidence de risque augmenté avec les LNH ou ses
principaux sous-types. Les données de la cohorte AHS ont
été en 2019 analysées conjointement à celles de deux
autres cohortes dans une analyse menée par le consortium
Agricoh (voir ci-dessus).
En résumé, des nouvelles données renforcent la
présomption d’un lien entre glyphosate et le risque de
LNH dans des populations d’agriculteurs (présomption
moyenne ; tableau 19.III

). Cette conclusion repose
d’une part sur la méta-analyse récemment publiée par le
consortium de cohortes d’agriculteurs, Agricoh (Leon et
coll., 2019

) qui, à partir des données
des cohortes française et norvégienne (mais pas celles
de la cohorte américaine (AHS)) montre une association
entre le lymphome diffus à grandes cellules B et
l’exposition au glyphosate, et d’autre part, les trois
méta-analyses et analyses poolées récentes réalisées à
partir d’études plus anciennes montrant systématiquement
un risque augmenté (Chang et Delzell,
2016

; Pahwa et coll.,
2019

; Zhang et coll.,
2019

) en particulier chez les
agriculteurs les plus exposés. Cependant, cette synthèse
doit également prendre en compte le fait que plusieurs
études dont une cohorte (AHS dans sa dernière analyse
réalisée en 2018 et publiée isolément) ne montraient pas
d’association et qu’aucun effet dose n’a été mis en
évidence. À notre connaissance, aucune donnée
supplémentaire n’a été publiée depuis l’expertise
collective de 2013 pouvant conforter une augmentation de
risque de LNH dans le cas d’exposition combinée au
glyphosate et malathion.
Tableau 19.III Exposition au glyphosate et survenue de
LNH : nouvelles données
Aminophosphonate glycine
|
Populations exposées
|
Présomption d’un lien
|
Glyphosate
|
Agriculteurs,
professionnels
|
+
|
d’après les résultats de trois
méta-analyses (analyses nouvelles mais d’études
connues), d’une méta-analyse associant les données
de trois cohortes (Agricoh) en plus des quatre
études cas-témoins prises en compte en
2013.
Myélome multiple
Historiquement, le myélome multiple a été étudié séparément car
c’est une entité reconnue de longue date et considérée comme
distincte, c’est pourquoi un chapitre séparé pour cette maladie
a été maintenu dans cette mise à jour de l’expertise collective.
Pour autant, certaines études récentes se focalisant sur l’effet
d’un principe actif de pesticide en particulier, ont regroupé
les cas de myélome multiple avec le groupe des LNH comme dans la
dernière analyse de la cohorte AHS dans son analyse centrée sur
l’exposition au glyphosate (Andreotti et coll.,
2018

).
Données provenant de l’expertise collective
de 2013
Les cohortes de travailleurs exposés principalement à une
classe de pesticides ou à un pesticide bien spécifique, sont
peu nombreuses. Elles portent généralement sur un nombre de
cas très limité ce qui rend extrêmement difficile l’étude de
l’existence éventuelle d’une relation entre ce type
d’exposition et les myélomes multiples. Les résultats de
l’AHS disponibles en 2013 montraient toutefois une tendance
à l’augmentation de risque avec certaines intensités
d’exposition au glyphosate sans être toutefois
statistiquement significative. C’est également le cas de
trois études cas-témoins (canadienne, américaine, française)
montrant une augmentation non significative de risque chez
les sujets les plus fortement exposés sans ajustement sur
l’exposition aux autres pesticides.
Nouvelles données
Depuis l’expertise collective de l’Inserm publiée en 2013,
une méta-analyse a été publiée sur l’exposition au
glyphosate (Chang et Delzell,
2016

) ainsi qu’une mise à jour récente
de la cohorte AHS portant spécifiquement sur cette
exposition (Andreotti et coll.,
2018

).
La méta-analyse sur le glyphosate de Chang et Delzell en 2016
repose sur trois études cas-témoins publiées entre 1993 et
2013 et deux analyses différentes des mêmes données de la
cohorte AHS publiées en 2005 (de Roos et coll.,
2005

) puis en 2015 (Sorahan,
2015

). Un risque augmenté de myélome
multiple, statistiquement significatif, était observé chez
les agriculteurs exposés au glyphosate (mRR = 1,54 ; IC 95 %
[1,0-2,19]) en utilisant l’analyse de 2005 de la cohorte AHS
et un risque de magnitude comparable (mRR = 1,4 ; IC 95 %
[1,0-1,9]), en utilisant l’analyse de Sorahan publiée en
2015. Cette méta-analyse montrait une absence
d’hétérogénéité des effets entre les études
(I
2 = 0 %) et une absence de biais de publication
identifiable. Cette association était robuste à plusieurs
autres analyses secondaires.
Une ré-analyse de la cohorte AHS a été publiée seule plus
récemment. Elle repose sur les données avec le suivi le plus
long (Andreotti et coll.,
2018

) et s’adresse spécifiquement à
l’exposition au glyphosate. Cette dernière ne met pas en
évidence d’association avec le myélome multiple.
Au regard de ces résultats, la présomption d’un lien entre le
risque de myélome multiple et l’exposition au glyphosate est
faible (±). Elle repose sur un faible niveau de preuves :
risque élevé mais à la limite de la signification
statistique dans une méta-analyse de trois études
cas-témoins et une étude de cohorte.
Lymphome de Hodgkin
Depuis la précédente édition de l’expertise collective de
l’Inserm publiée en 2013, une méta-analyse spécifiquement
centrée sur l’exposition au glyphosate a été publiée. De même,
une mise à jour de la cohorte AHS a également été publiée sur
l’exposition au glyphosate. Aucune information spécifique sur le
lien entre glyphosate et le lymphome de Hodgkin n’était présente
dans l’édition 2013 de l’expertise collective.
Nouvelles données
Une méta-analyse portant spécifiquement sur le glyphosate,
publiée en 2016 (Chang et Delzell,
2016

), étudie conjointement deux
études cas-témoins publiées entre 2009 et 2012 et ne met pas
en évidence d’association entre le risque de lymphome de
Hodgkin et l’exposition au glyphosate chez les agriculteurs
(mRR = 1,1 ; IC 95 % [0,7-1,6]). Pour autant, les données
disponibles reposent sur de faibles effectifs.
La ré-analyse la plus récente de la cohorte AHS (Andreotti et
coll., 2018

) s’adresse spécifiquement à
l’exposition au glyphosate et ne met pas en évidence
d’association avec le lymphome de Hodgkin. L’effectif des
cas exposés est faible et reflète la relative rareté de la
maladie (10 % des lymphomes).
La littérature scientifique publiée depuis 2013 est
relativement peu abondante avec trois études dont une
méta-analyse (basée sur deux études cas-témoins) et une mise
à jour de la cohorte AHS, toutes deux centrées sur
l’exposition au glyphosate. Ces études, qui sont basées sur
un faible nombre de cas, n’ont pas observé un excès de
risque de survenue de lymphome de Hodgkin. Au regard de ces
résultats, aucune présomption d’un lien entre le risque de
lymphome de Hodgkin et l’exposition au glyphosate n’est mise
en évidence.
Leucémies
Lors de l’expertise collective de 2013, une étude de la cohorte
AHS a rapporté un risque augmenté non significatif d’association
entre l’exposition au glyphosate (tercile intermédiaire
uniquement) et le risque de leucémie. Les auteurs de l’étude
concluaient à une absence d’association entre exposition au
glyphosate et le risque de leucémies.
Depuis 2013, trois méta-analyses ont été publiées dont deux
réalisées à partir des données de trois cohortes d’agriculteurs
(AHS, AGRICAN, CNAP) et portant sur l’exposition à plusieurs
familles de pesticides (El-Zaemey et coll.,
2019

; Leon et coll., 2019

), tandis que la troisième portait
spécifiquement sur l’exposition au glyphosate à partir de trois
études cas-témoins (Chang et Delzell,
2016

). Une mise à jour de la cohorte AHS a été publiée et portait
spécifiquement sur l’exposition professionnelle au glyphosate.
On distinguera les leucémies lymphoïdes (souvent étudiées avec
les lymphomes et représentées par l’entité la plus fréquente, la
leucémie lymphoïde chronique ; LLC) des leucémies myéloïdes
(l’entité étudiée la plus fréquente est la leucémie aiguë
myéloïde ; LAM).
Méta-analyses
Les méta-analyses de cohortes d’agriculteurs du
consortium Agricoh ne montraient pas d’association entre
l’exposition au glyphosate et la LLC (à noter : aucune
analyse n’a concerné le risque de leucémie myéloïde dans
ces études) (El-Zaemey et coll.,
2019

; Leon et coll.,
2019

). Une méta-analyse publiée
en 2016 portait spécifiquement sur le glyphosate (Chang
et Delzell, 2016

). Elle analysait
conjointement les données de trois études cas-témoins
publiées entre 1990 et 2009 et ne mettait pas en
évidence d’association entre le risque de LLC et
l’exposition au glyphosate chez les agriculteurs
(mRR = 1,0 ; IC 95 % [0,6-1,5]). En revanche, une
méta-analyse de deux études évaluant l’association entre
l’utilisation de glyphosate et le risque de leucémie à
tricholeucocytes montrait un risque augmenté, mais non
significatif (mRR = 2,5 ; IC 95 % [0,9-7,3]).
Cohortes
Une ré-analyse récente de la cohorte AHS a été publiée de
manière isolée (Andreotti et coll.,
2018

) et portait spécifiquement
sur l’exposition au glyphosate en utilisant les données
de suivi les plus à jour (extension du suivi de
l’incidence des cancers jusqu’en 2012 en Caroline du
Nord et jusqu’en 2013 en Iowa avec 7 290 cas de cancer
incidents, et inclusion des informations supplémentaires
sur l’exposition à partir d’un questionnaire de suivi).
Cette analyse ne mettait pas en évidence de risque
augmenté avec la LLC. En revanche, le risque de LAM
était augmenté parmi les applicateurs classés dans le
quartile d’exposition le plus élevé (exposition en
nombre de jours évalué sur la vie entière, ajusté sur un
score d’intensité d’utilisation) par rapport aux
non-utilisateurs (RR = 2,4 ; IC 95 % [0,9-6,3], p de
tendance = 0,1), bien que cette association ne soit pas
statistiquement significative. Les résultats étaient
comparables en appliquant une fenêtre de latence
d’exposition de cinq ans (RR
4
e quartile = 2,3 ; IC 95 % [1,0-5,5], p de
tendance = 0,07) et de 20 ans (RR
3
e tercile = 2,0 ; IC 95 % [1,0-4,0], p de
tendance = 0,04).
La présomption d’un lien entre l’exposition au glyphosate
et la leucémie est faible (±), et repose actuellement
uniquement sur les derniers résultats de la cohorte AHS
qui devront être confirmés.
Cancers urogénitaux
L’exposition au glyphosate avait fait l’objet d’une analyse lors
d’un premier suivi de la cohorte AHS en 2001 portant sur
2 088 cas incidents de cancer de la prostate et aucune
association n’avait été observée (de Roos et coll.,
2005

). Lors d’un suivi ultérieur de la cohorte, jusqu’en 2012 ou
2013, selon l’État de résidence des participants, portant sur
2 844 cas incidents, aucune association n’a été observée avec le
risque de survenue de ce cancer (Andreotti et coll.,
2018

).
De même, au sein de l’AHS, les cancers de la vessie survenus
entre l’inclusion dans la cohorte (entre 1993 et 1997) et 2011
ont été étudiés en lien avec l’usage d’une cinquantaine de
molécules – dont le glyphosate – recueilli par questionnaire à
l’inclusion (Koutros et coll.,
2016

). L’analyse a permis d’inclure 321 cas de cancer de la vessie
chez les hommes (à noter que les femmes ont été exclues de
l’analyse car un seul cas a été identifié). Lorsque le nombre de
jours d’exposition cumulés au cours de la vie était pris en
compte, une augmentation non significative du risque était
observée avec le glyphosate (RR = 1,93 ; IC 95 %
[0,95-3,91]).
Pathologies
respiratoires
Dans l’AHS, la plus grande étude à avoir évalué le lien entre des
expositions à des matières actives spécifiques et différents
paramètres de la fonction respiratoire, le glyphosate apparaît
associé dans plusieurs analyses :
i) il est associé au
risque de sifflements allergiques (OR = 1,56 ; IC 95 %
[1,19-2,03]) et non allergiques (OR = 1,24 ; IC 95 %
[1,07-1,44]) après ajustement sur l’indice de masse corporelle
(IMC), l’asthme actif, l’âge, le statut tabagique, l’État, la
fréquence d’utilisation de pesticides et la fréquence
d’utilisation de tracteur diesel chez plus de
22 000 agriculteurs, avec une relation dose-réponse observée
pour les sifflements allergiques (Hoppin et coll.,
2017

) ;
ii) avec les sifflements chez 2 255 applicateurs
industriels dans un modèle ajusté sur l’âge, le statut
tabagique, l’asthme/allergie et l’IMC (OR = 1,38 ; IC 95 %
[1,03-1,86]), mais une association qui était diminuée et non
plus statistiquement significative après inclusion dans le
modèle de l’exposition au chlorimuron-éthyle (Hoppin et coll.,
2006

), et
iii) avec l’asthme allergique chez les femmes
agricultrices dans un modèle ajusté sur l’âge, l’État, le statut
tabagique, l’IMC et le fait de « grandir dans une ferme »
(OR = 1,31 ; IC 95 % [1,02-1,67]) (Hoppin et coll.,
2008

).
Quant à l’étude de l’impact de l’exposition aux pesticides sur
l’aggravation de l’asthme, une étude transversale portant sur
926 agriculteurs avec un asthme actif dans la cohorte AHS
(Henneberger et coll., 2014

) a mis en évidence un risque
d’exacerbation d’asthme diminué avec l’utilisation de deux
herbicides incluant le glyphosate (OR = 0,5 ; IC 95 % [0,3-0,8]
dans un modèle ajusté sur âge, État, statut tabagique, allergie,
âge de début d’asthme (enfant
versus adulte)) suggérant
un possible biais du travailleur sain (les asthmatiques sujets à
des exacerbations pourraient éviter les expositions qui
déclenchent les symptômes).
Une étude de Patel et coll. portant sur une population de plus de
11 000 exploitants agricoles, a montré un risque d’asthme actif
augmenté avec l’utilisation de pesticides, d’herbicides et
d’insecticides sans distinction. Aucune association n’était
retrouvée avec les matières actives considérées
individuellement, à l’exception d’une association positive
proche de la significativité statistique pour le glyphosate
(OR = 1,3 ; IC 95 % [0,97-1,8]), après ajustement sur sexe et
région (Patel et coll., 2018

).
En Colombie, un programme gouvernemental vise à lutter contre la
culture illicite de coca par des pulvérisations aériennes
d’herbicides (principalement le glyphosate). Sur la base des
données de pulvérisation de l’herbicide et de données
médico-administratives, une étude a mis en évidence une
augmentation statistiquement significative du nombre de
consultations médicales pour problèmes respiratoires dans les
15 jours suivant la pulvérisation de pesticides. Cette étude
suggère un effet à court terme de cette exposition dans une
situation d’usage massif sur la santé respiratoire (Camacho et
Mejía, 2017

).
En résumé, la présomption d’un lien entre glyphosate et santé
respiratoire est faible, avec un nombre limité d’études (la
plupart issues de la cohorte AHS) qui montrent un excès de
risque de sifflements (allergiques ou non) et d’asthmes.
Maladie de Parkinson
Deux études, menées dans les États américains de Washington
(Caballero et coll., 2018

) et Nebraska (Wan et Lin,
2016

), ont mis en évidence une augmentation de risque
significative pour la maladie de Parkinson et l’exposition
environnementale au glyphosate. La première a estimé la relation
entre l’exposition aux pesticides au domicile et la mortalité
prématurée par la maladie (définie comme < 75 ans) entre 2011
et 2015. Les auteurs ont combiné des données géospatiales
d’utilisation des sols et des données d’application de
pesticides obtenues par enquête auprès d’agriculteurs pendant
cette période pour définir une matrice culture-exposition
(Caballero et coll., 2018

). Les personnes habitant au moment du
décès à moins de 1 000 mètres d’un terrain traité par pesticides
étaient considérées exposées. Les auteurs ont sélectionné
4 pesticides : glyphosate, diazinon, atrazine, paraquat. Les
analyses ont été ajustées sur le sexe, l’origine ethnique, le
statut marital et le niveau d’éducation. Les expositions des
décès précoces (≤ 74 ans, n = 659) ont été comparées à celles
des décès tardifs (≥ 75 ans, n = 3 932). Aucune association
significative n’a été mise en évidence entre l’exposition aux
pesticides (tous types confondus) et la mortalité prématurée par
maladie de Parkinson (OR = 1,19 ; IC 95 % [0,98-1,44]).
L’association était significative pour l’exposition
résidentielle au glyphosate (RR = 1,33 ; IC 95 % [1,06-1,67])
mais pas pour les autres pesticides évalués. Des modèles
multivariés tenant compte de l’exposition à plusieurs pesticides
n’ont pas été réalisés. La principale limite de cette étude est
le recours aux certificats de décès pour identifier les cas de
maladie de Parkinson, car de manière générale, le diagnostic est
indiqué sur les certificats de décès pour seulement environ 50 %
des cas (Paulson et Gill, 1995

; Goldacre et coll.,
2010

; Benito-León et coll., 2014

). De plus, la comparaison des taux de
décès par âge nécessiterait de prendre en compte des facteurs de
confusion (tabagisme, activité physique) dont la fréquence a
considérablement changé au cours du temps.
Un registre de population collectant les nouveaux cas de maladie
de Parkinson au Nebraska a permis d’identifier 6 557 cas
incidents entre 1997 et 2008 et de réaliser une analyse
écologique (Wan et Lin, 2016

). L’occupation du sol pour
19 cultures agricoles a été déterminée à partir d’images
satellites (2005) et 5 d’entre elles ont été retenues car
majoritaires dans cet État. L’utilisation de pesticides pour
chaque culture a été déterminée à partir de plusieurs types de
sources, incluant des données publiques (
US Geological
Survey, National Center for Food and Agricultural
Policy) et des enquêtes auprès d’agriculteurs. Vingt
pesticides (15 herbicides, 5 insecticides dont 2 carbamates et
3 organophosphorés), pour lesquels les données étaient
considérées suffisamment complètes par les auteurs, ont été
retenus pour les analyses. Un système d’information géographique
a été utilisé pour ensuite déterminer la distribution spatiale
de l’exposition à ces pesticides. Après ajustement sur l’âge,
l’incidence de la maladie de Parkinson dans les comtés de l’État
n’était pas associée à l’exposition aux pesticides. Toutefois,
après exclusion du groupe de référence des comtés qui
présentaient l’incidence la plus élevée de maladie de Parkinson
et étaient caractérisés par une faible exposition aux
pesticides, l’incidence était plus élevée dans les comtés
fortement exposés à l’atrazine, le bromoxynil, l’alachlore, la
métribuzine et le glyphosate. Dans un modèle multi-ajusté qui
prenait en compte les cinq produits et la densité des cultures,
seul l’alachlore était associé significativement à l’incidence
de la maladie de Parkinson. L’analyse écologique au niveau des
comtés, qui sont des unités géographiques de relativement grande
taille, et l’absence d’ajustement sur des facteurs de confusion
autres que l’âge, sont des limites de cette étude. Les relations
mises en évidence n’apparaissaient qu’après exclusion
a
posteriori des comtés qui présentaient l’incidence la
plus élevée et qui d’après les auteurs sont des comtés
caractérisés par une forte présence d’élevage mais pas d’autres
cultures. Toutefois, l’incidence élevée dans ces comtés demeure
inexpliquée.
Dans une étude publiée en 2007 à partir des données de l’AHS
(Kamel et coll., 2007

), les auteurs ont identifié, à
partir d’un diagnostic auto-déclaré de maladie de Parkinson,
83 cas prévalents à l’inclusion (1993-1997) et 78 cas incidents
à la fin du suivi (1999-2003). Leur diagnostic n’avait pas été
validé par un examen neurologique standardisé. L’exposition
professionnelle des cas a été comparée à celle des participants
sans maladie de Parkinson (79 557 à l’inclusion et 55 931 à la
fin du suivi). Les auteurs ont étudié l’exposition à
43 pesticides spécifiques dont le glyphosate ; il n’existait pas
d’association entre cette molécule et la maladie de Parkinson
prévalente (OR = 1,0 ; IC 95 % [0,6-1,7]) ou incidente
(OR = 1,1 ; IC 95 % [0,6-2,0]).
En France, une étude cas-témoins (224 cas dont 118 hommes,
557 témoins dont 291 hommes), a été réalisée auprès des affiliés
de la Mutualité sociale agricole (Elbaz et coll.,
2009

). L’exposition professionnelle aux pesticides a été évaluée
en utilisant une procédure en deux étapes : entretiens avec des
médecins du travail puis expertise au cas par cas des
questionnaires d’exposition. L’association entre 29 familles de
pesticides et la maladie de Parkinson a été évaluée, en
particulier pour le glyphosate qui était le seul pesticide
inclus dans la famille des herbicides organophosphorés ; il
n’existait pas d’association significative chez les hommes
(OR = 1,5 ; IC 95 % [0,8-2,7]).
En résumé, deux études écologiques s’intéressent à la maladie de
Parkinson et à son lien avec l’exposition résidentielle au
glyphosate. L’une conclut à un excès de risque et l’autre, après
ajustement à d’autres pesticides, à une absence de risque. La
nature écologique de ces études ne permet pas d’inférer un lien
de causalité. Deux études sur l’exposition professionnelle au
glyphosate n’ont pas rapporté d’association significative.
Troubles
anxio-dépressifs
Une association a été mise en évidence entre les symptômes
dépressifs et l’exposition aux pesticides chez 220 travailleurs
agricoles d’une région à forte activité agricole caféière au
Brésil (Conti et coll., 2018

). L’exposition aux pesticides (sans
distinction de familles chimiques ou de matières actives) était
associée à un risque multiplié par 5 de présenter un score élevé
de symptômes dépressifs (OR = 5,5 ; IC 95 % [1,2-25,9]). Par
contre, l’exposition spécifique au glyphosate (concernant 38,6 %
des travailleurs) n’était pas associée au risque de développer
des symptômes dépressifs.
Une étude cas-témoins en France a évalué de manière transversale
le lien entre les pesticides et l’existence d’une dépression
auto-déclarée et traitée ou prise en charge à l’hôpital
(Weisskopf et coll., 2013

). Seuls les individus ayant
travaillé en agriculture ont été retenus (n = 567). Les analyses
portent sur les familles de pesticides identifiées chez plus de
5 % des personnes non dépressives. Treize familles d’herbicides
ont été évaluées, parmi lesquelles les organophosphorés
comprenant le glyphosate et herbicides apparentés. L’analyse
portant sur 83 patients met en évidence une élévation du risque
de dépression en lien avec l’utilisation d’herbicides
(HR = 1,93 ; IC 95 % [0,95-3,91]), plus marquée et devenant
significative lorsque cette utilisation dépassait 19 années
(HR = 2,31 ; IC 95 % [1,05-5,10]) ou lorsqu’on prenait en compte
le nombre d’heures d’exposition. Les analyses restreintes aux
familles d’herbicides ont révélé des associations significatives
seulement pour les carbamates, les dinitrophénols et l’acide
picolinique. Il n’était donc pas mis spécifiquement en évidence
de lien avec le glyphosate et les molécules apparentées.
Pathologies de la
thyroïde
Dans la cohorte AHS (Shrestha et coll.,
2018b

), l’auto-déclaration d’une hypothyroïdie à l’inclusion
(n = 829) a été étudiée en relation avec l’utilisation d’une
liste de 50 pesticides au cours de la vie, ainsi qu’avec un
indicateur d’exposition cumulée (nombre de jours d’utilisation
au cours de la vie, pondéré par l’intensité ; classé en trois ou
quatre catégories selon les effectifs). Cette mesure
d’exposition par questionnaire était réalisée au moment de
l’inclusion chez 35 150 applicateurs professionnels
(98 % hommes) avec un suivi de 20 ans. Des analyses de
sensibilité ont été réalisées pour évaluer l’impact de
l’attrition (nombre de sujets perdus de vue lors du suivi), qui
se sont révélées sans impact sur la mesure de l’association.
Dans cette étude, après ajustement sur sexe, âge, région et
tabagisme, le risque d’hypothyroïdie était augmenté chez les
participants qui avaient utilisé quatre insecticides
organochlorés (aldrine, heptachlore et lindane parmi les
participants de plus de 62 ans ; chlordane chez l’ensemble des
participants), quatre insecticides organophosphorés (coumaphos
chez les plus âgés ; diazinon, dichlorvos, et malathion chez
l’ensemble des participants) et trois herbicides (dicamba,
glyphosate, et 2,4-D chez l’ensemble). Les HR (
Hazard
ratio) étaient compris entre 1,21 ; IC 95 % [1,04-1,41]
pour le chlordane et 1,54 ; IC 95 % [1,23-19,4] pour le lindane
chez les plus de 62 ans ; pour le glyphosate il était de 1,28 ;
IC 95 % [1,07-1,52]. Lorsque l’usage de glyphosate était modulé
par la durée et l’intensité d’exposition, seules les personnes
exposées dans le premier et deuxième tercile (comparé au groupe
de référence constitué par les non-utilisateurs) présentaient un
risque significativement augmenté (HR = 1,27 ; IC 95 %
[1,03-1,69] et HR = 1,38 ; IC 95 % [1,12-1,69] respectivement).
Le risque n’était plus significatif chez les personnes les plus
exposées (HR = 1,17 ; IC 95 % [0,94-1,45]) et la relation
dose-réponse non significative (p = 0,95).
Dans une autre étude de la cohorte AHS (Lerro et coll.,
2018

), une association modérée et non significative était observée
entre l’exposition au glyphosate et une augmentation de la TSH
(
thyroid-stimulating hormone) circulante pour le
4
e quartile d’exposition comparé au groupe de
référence non exposé (OR = 1,14 ; IC 95 % [0,99-1,33]). Toutes
les associations était ajustées sur l’âge, la région, l’IMC, le
tabagisme et sur les autres pesticides associés au pesticide
étudié.
Chez les épouses des applicateurs de cette même cohorte, une
analyse longitudinale a été menée après un suivi de 20 ans
(Shrestha et coll., 2018a

). Elle incluait 1 627 cas rapportés
d’hypothyroïdie et 531 d’hyperthyroïdie. L’utilisation de
glyphosate en particulier n’était pas associée au risque
d’hypothyroïdie (HR = 1,07 ; IC 95 % [0,95-1,20]).
En résumé, les données sur l’exposition au glyphosate proviennent
toutes de la cohorte AHS. Un excès de risque d’hypothyroïdie
chez les hommes applicateurs de pesticides est observé mais
n’est pas retrouvé chez leurs épouses applicatrices de
pesticides.
Anomalies de la grossesse et maladies chez les
enfants
Une étude de cohorte réalisée chez 71 femmes en Inde a rapporté
une corrélation négative entre les concentrations urinaires en
glyphosate mesurées au cours de la grossesse et la durée de
gestation (Parvez et coll.,
2018

). Aucune corrélation n’a été observée avec le poids de
naissance ou le périmètre crânien.
Une revue systématique de la littérature explorant le lien entre
une exposition au glyphosate et des anomalies de grossesse, des
maladies chez les enfants ou une modification du sexe ratio a
été récemment conduite (De Araujo et coll.,
2016

). Aucune association entre le glyphosate et des anomalies sur
la grossesse et la descendance n’a été trouvée à l’exception
d’un syndrome d’hyperactivité (
Attention Deficit
Hyperactivity Disorder) avec un OR = 3,6 ; IC 95 %
[1,3-9,6] chez les enfants nés de parents applicateurs de
glyphosate. L’étude qui rapportait cette association a été menée
chez des enfants âgés d’un an et plus dont les parents étaient
agriculteurs dans la
Red River Valley (Minnesota) exposés
aux herbicides incluant des GBH (Garry et coll.,
2002

).
Une étude cas-témoins réalisée dans la région de la vallée
centrale de Californie aux États-Unis (von Ehrenstein et coll.,
2019

) a montré un risque augmenté de survenue de troubles du
spectre autistique chez les enfants en lien avec une exposition
prénatale à certains pesticides estimés par la présence d’une
exploitation agricole employant des pesticides à moins de
2 000 m de la résidence maternelle. Parmi les pesticides
associés à cette augmentation de risque figure le glyphosate
(OR = 1,16 ; IC 95 % [1,06-1,27]).
Une étude cas-témoins réalisée en Caroline du Nord aux États-Unis
s’est intéressée aux liens entre une exposition prénatale à des
pesticides estimés par leur emploi à moins de 500 m du lieu de
résidence maternelle et le risque de survenue de malformations
(Rappazzo et coll., 2019

). Un risque augmenté de
malformations cardiaques septales a été constaté en lien avec la
proximité à des exploitations agricoles employant du glyphosate
mais aussi de la cyhalothrine, du S-métolachlore, du mépiquat,
ou de la pendiméthaline.
Dans une étude écologique réalisée en Colombie, les auteurs ont
rapporté une augmentation de consultations pour fausses-couches
en lien avec des campagnes d’épandage d’herbicides dans la lutte
contre les cultures illicites (Camacho et Mejía,
2017

).
Maladie rénale chronique d’étiologie
inconnue
L’hypothèse du rôle du glyphosate dans la survenue de maladies
rénales chroniques a été évoquée à partir des années 1990, plus
particulièrement dans des zones tropicales (Sri Lanka, Inde,
Égypte, Amérique Centrale), suite à des épidémies de ces
affections chez des travailleurs agricoles. Ces maladies rénales
chroniques de cause inconnue surviennent chez des personnes
jeunes, plus souvent des hommes, travaillant en agriculture, et
elles auraient entraîné la mort prématurée de plusieurs dizaines
voire centaines de milliers d’entre elles. Dans certaines de ces
zones tropicales, la prévalence de ces maladies serait de
l’ordre de 15 % chez les adultes de moins de 70 ans (Jayasumana
et coll., 2015a

), et ne s’explique pas par la
présence de diabète, d’hypertension ou de glomérulonéphrite. Des
explorations biologiques ont mis en évidence une élévation de la
créatinine plasmatique dans une phase préclinique, évoquant une
atteinte de la filtration glomérulaire et les lésions
anatomopathologiques chez les patients sont en faveur d’une
néphropathie toxique. Diverses hypothèses ont été émises pour
expliquer la survenue de ces atteintes rénales : la déshydration
liée au travail physique en zone chaude, l’exposition à des
métaux (comme le cadmium ou le plomb), des pesticides, des
mycotoxines (comme l’ochratoxine A, la citrinine).
Une étude cas-témoins a été menée au Sri Lanka (125 cas et
180 témoins hospitaliers) et a identifié, après ajustement sur
l’âge, le sexe, le niveau d’études et les antécédents familiaux
de cette maladie, un lien avec la consommation d’eau du puits
(OR = 2,52 ; IC 95 % [1,12-5,70]) atteignant un quintuplement du
risque lorsque l’eau provenait d’un puits abandonné (le
glyphosate y était plus souvent détecté ; OR = 5,43 ; IC 95 %
[2,88-10,26]), ainsi qu’avec l’usage de glyphosate (OR = 5,12 ;
IC 95 % [2,33-11,26]). Des élévations de risque étaient
observées pour d’autres pesticides (MCPA, bispyribac, mancozèbe)
mais les niveaux de risque apparaissaient moins élevés qu’avec
le glyphosate (Jayasumana et coll.,
2015a

).
En 2014, une étude prospective incluant 350 hommes et femmes
travaillant en agriculture (canne à sucre et banane) âgés de 18
à 30 ans, a été mise en place au Nicaragua, afin de suivre tous
les 6 mois leur fonction rénale et d’objectiver leurs
expositions. Des mesures dans les urines à l’inclusion et à
6 mois ont été réalisées pour les éléments suivants : aluminium,
arsenic, cadmium, chrome, cobalt, cuivre, plomb, manganèse,
mercure, sélénium, silicone et strontium ainsi que pour
l’ochratoxine A et la citrinine. Pour les pesticides, les
dosages urinaires ont porté sur : 2,4-D, MCPA, glyphosate, des
métabolites d’insecticides dont les pyréthrinoïdes, et des
métabolites de fongicides triazoles, pyrimidines, et
dithiocarbamates. Le glyphosate a été détecté dans environ 30 %
des échantillons urinaires (limite de détection 0,1 µg/l). Bien
qu’environ 10 % des hommes et 3 % des femmes aient présenté une
chute rapide de la fonction rénale après 2 ans de suivi, il n’a
pas été mis en évidence de différence entre leurs niveaux
urinaires pour les différents contaminants mesurés et ceux des
personnes dont la fonction rénale était restée stable (Smpokou
et coll., 2019

).
En résumé, il n’est pas aujourd’hui possible de conclure sur
l’étiologie de cette maladie rénale devenue un important
problème de santé publique dans plusieurs pays tropicaux, même
si des facteurs liés aux activités agricoles ou au mode de vie
rural ont été retrouvés dans la plupart des endroits.
L’implication de pesticides reste une piste d’intérêt mais il
existe aujourd’hui trop peu d’éléments pour conclure au rôle
spécifique du glyphosate.
Données toxicologiques
Le mode d’action du glyphosate en tant qu’herbicide consiste en une
inhibition de la 5-énolpyruvyl-shikimic acid-3-phosphate synthase
(EPSPS) qui participe à la synthèse d’acides aminés aromatiques chez
les plantes, les champignons et certaines bactéries (voie du
shikimate) mais aussi à une inhibition de la phosphoénolpyruvate
carboxylase (plantes en C4 et crassulacées) et de l’activité
nitrogénase (qui permet chez certaines bactéries, la formation de
NH3 à partir de l’azote atmosphérique). Contrairement
aux plantes, bactéries et champignons, les animaux ne possèdent pas
de gène codant l’EPSPS.
Un des objectifs de cette contribution consiste à qualifier les
différents mécanismes de toxicité du glyphosate chez les animaux.
L’abondante littérature sur les essais in vitro ou in
vivo rapporte souvent des études avec des niveaux de
traitement ou d’exposition élevés. Cette pratique est utilisée par
les toxicologues des essais réglementaires qui utilisent des gammes
de concentrations (élevées à moins élevées) pour mettre en évidence
un effet critique. En conséquence, nous n’avons pas pris en compte
de nombreuses publications issues d’expérimentations in vitro
réalisées à forte dose. Par exemple, des essais de génotoxicité
in vitro sont difficilement interprétables si le
pourcentage de mort cellulaire est élevé.
Études de cancérogenèse chez
l’animal
Des études de cancérogénicité à 2 ans chez le rat et 18 mois ou
2 ans chez la souris, exposés par voie orale (sauf une par voie
dermale), ont été réalisées et les résultats analysés par
différentes agences. L’agence européenne dans le cadre d’une
réévaluation de l’autorisation du glyphosate a mandaté un comité
d’expertise coordonné par l’Institut fédéral allemand
d’évaluation des risques (BfR). Le nombre d’études retenues par
ce comité sont, pour le modèle souris et rat respectivement de 6
et 10. Le Circ a évalué 3 et 7 études pour le modèle souris et
rat parmi celles rapportées dans le document du BfR
(tableau 19.IV

,
voir en fin de ce chapitre). Le comité d’experts du Circ conclut
à une augmentation d’incidence de tumeurs pour certaines études
à la fois chez la souris et le rat alors que le BfR considère
que les résultats de cancérogenèse chez les rongeurs sont
négatifs. Les deux instances s’accordent sur 1 étude mal
conduite chez les souris et 3 chez les rats ainsi que
2 résultats négatifs chez les rats. Quels sont les arguments
scientifiques avancés par l’Efsa et l’Echa pour invalider les
résultats considérés comme positifs par le Circ ?
Chez la souris
• Excès d’hémangiosarcomes chez les mâles (Atkinson et coll.,
1993a

) à forte dose avec cependant une
absence de différence significative en comparant les valeurs
par paire (test Fisher). Ce résultat est considéré comme
négatif par l’Echa et l’Efsa avec une incidence observée qui
relèverait d’un effet spontané non relié au traitement. Le
test de tendance est significatif chez les mâles, il reste
donc difficile d’interpréter ce résultat et d’occulter
complètement cette augmentation.
• Excès d’adénomes rénaux chez les mâles de la souche CD-1
observé à la plus forte dose d’exposition (4 841 mg/kg pc/j)
(Knezevich et Hogan, 1983

), ceci n’est pas retrouvé chez
les femelles. Ce résultat est considéré comme négatif pour
les tumeurs rénales par l’Echa et l’Efsa considérant que
l’augmentation n’est retrouvée qu’à forte dose et qu’un seul
sexe est concerné. De plus, un autre pathologiste (EPA,
1985b

) a ré-évalué les lames et conclu
à la présence d’une tumeur dans le groupe contrôle et
indiqué que la nature des tumeurs (adénome ou carcinome)
était difficile à évaluer.
• Excès de lymphomes malins chez les mâles et les femelles
dans une étude de cancérogénicité orale sur la souris Swiss
(Kumar, 2001

). La preuve d’effet cancérogène
a été jugée limitée. Par ailleurs, l’Efsa remet en question
la validité de l’étude en raison d’une infection virale pour
tous les groupes de souris, considérant que cette infection
peut retentir sur la survie et l’incidence des tumeurs,
notamment des lymphomes (Efsa,
2015a

). Cependant, la conclusion de
l’Efsa a été remise en cause par l’Echa qui n’a pas pu
mettre en évidence une infection virale (Echa,
2016

). De plus, les résultats varient
en fonction de l’analyse statistique, il est donc difficile
d’exclure un résultat positif.
• L’étude de Wood et coll., non considérée par le Circ, est
rapportée comme négative par l’Echa et l’Efsa (Wood et
coll., 2009b

). Cependant, l’analyse de
l’incidence des lymphomes donne un résultat positif
uniquement chez les mâles, résultat non retenu par le BfR.
On peut noter un résultat positif pour les mâles, difficile
à interpréter.
Chez le rat
• Excès d’adénomes des îlots pancréatiques (différence
significative pour un ou plusieurs lots sans progression
vers la malignité) chez les mâles dans une étude de
cancérogénicité orale (Stout et Ruecker,
1990

). Un excès de l’incidence
combinée des adénomes et carcinomes à la plus faible dose
est également observé. Les résultats étaient considérés
comme positifs pour l’adénome par l’Echa et l’Efsa aux doses
élevées.
• Excès d’adénomes thyroïdiens à cellules C chez les
femelles, sans évolution vers le carcinome (Stout et
Ruecker, 1990

). Ce résultat est considéré
comme positif pour les adénomes et comme négatif pour les
adénocarcinomes. Cependant, l’incidence spontanée de cette
tumeur bénigne est assez élevée (de l’ordre de 4-10 %) chez
les rates de la souche Sprague-Dawley avec une évolution
très rare vers l’adénocarcinome (ATSDR,
2019

).
La discussion sur le test statistique à utiliser, la prise en
compte des témoins historiques ainsi que le développement de
certaines tumeurs bénignes qui n’évoluent pas vers le cancer
constituent la base de l’argumentaire du BfR. On notera que
les valeurs observées pour les témoins historiques sont
fonction du lieu d’expérimentation, de la souche, de la
date, du nombre d’animaux et en conséquence ne sont pas
généralisables (Clausing et coll.,
2018

).
En résumé, les données de cancérogenèse expérimentale entre
l’exposition au glyphosate et l’occurrence de quelques types
de tumeurs établissent un lien mais généralement limité à un
seul sexe et selon les cas sur des lignées sensibles ou à
très fortes doses d’exposition. Au vu de cet ensemble de
résultats, le niveau de preuve de cancérogénicité chez le
rongeur est non nul mais relativement limité.
Études de génotoxicité
Une batterie de tests in vitro et in vivo est
utilisée par les agences suivant les lignes directrices de
l’OCDE pour caractériser un effet génotoxique c’est-à-dire
conduisant à un ou plusieurs types de dommages de l’ADN comme
des cassures (évaluées par le test des comètes), d’aberrations
chromosomiques (test des micronoyaux, test d’échange de
chromatides sœurs, test d’aberrations chromosomiques) ou
d’adduits à l’ADN (test de synthèse non programmée de l’ADN
[Unscheduled DNA Synthesis test ; UDS]). Ces
modifications de l’ADN sont susceptibles de conduire à des
mutations soit ponctuelles, soit de réarrangements
chromosomiques.
Un des tests actuellement très utilisé, notamment dans les études
décrites ci-dessous, pour caractériser un effet « cassures de
l’ADN » (c’est-à-dire clastogène) induit par un agent
génotoxique (ou lors de processus comme l’apoptose ou suicide
cellulaire) est le test des comètes. Il s’agit d’une technique
d’électrophorèse sur agarose, conduite très souvent en condition
alcaline, réalisée sur différents types cellulaires en culture
(in vitro) ou provenant d’animaux (in vivo)
exposés par exemple au glyphosate ou aux GBH. Les cellules sont
incluses dans un gel d’agarose à bas point de fusion puis lysées
par incubation avec un détergent en condition alcaline, leurs
noyaux libérés sont alors soumis à une électrophorèse puis l’ADN
est révélé après neutralisation par un agent intercalant
fluorescent. En l’absence de dommages, l’ADN forme une sphère
compacte. En cas de dommages, des comètes atypiques sont
produites pour des concentrations cytotoxiques et le test doit
être réalisé dans une gamme de concentrations in vitro
dont la plus élevée correspond à environ 20 % de mortalité
cellulaire (DL20). L’essai des comètes en condition
alcaline a pour conséquence de quantifier non seulement la
présence de cassures simple ou double-brin d’ADN mais aussi de
sites alcali-labiles. Enfin, l’utilisation d’endonucléases
reconnaissant les bases oxydées telles que la Fpg
(Formamidopyrimidine-DNA glycosylase) ou l’endo III
(endonucléase III) produites par E. coli ou encore la
hOGG1 (8-oxoguanine DNA N-glycosylase 1) produite par les
cellules humaines permet de quantifier les bases oxydées de
l’ADN, un des signes de production d’un stress oxydant. Cette
technique est utilisée par les laboratoires académiques et en
toxicologie réglementaire car elle est non invasive, sensible,
rapide et quantificative. Par contre, il est particulièrement
délicat de comparer des résultats si les électrophorèses n’ont
pas été réalisées en parallèle (par exemple d’études
différentes).
Des résultats positifs et négatifs ont été obtenus sur la base de
tests in vitro ou in vivo d’exposition au
glyphosate et aux GBH et sont présentés ci-dessous. Pour rappel,
nous n’avons pas pris en compte de nombreuses publications
issues d’expérimentations in vitro réalisées à forte
dose, car des essais de génotoxicité de ce type sont
difficilement interprétables si le pourcentage de mort
cellulaire est élevé.
Mise en évidence d’un effet
génotoxique
Tests in vitro sur des cellules
sanguines leucocytaires
De nombreuses publications rapportent des évènements
clastogènes sur des systèmes animaux ou végétaux.
Quelques exemples récents de mise en évidence
d’induction de cassures de l’ADN sont mentionnés
ci-après.
L’exposition de cellules mononuclées de sang périphérique
(plus connues sous le nom de «
peripheral blood
mononuclear cells », ou PBMC, constituées de
lymphocytes et monocytes) au glyphosate à la
concentration de 42,3 mg/l (0,25 mM) provoque la
formation de dommages à l’ADN détectés par le test des
comètes en conditions alcalines, qui ne sont pas tous
réparables (Kwiatkowska et coll.,
2017

). Une deuxième étude
utilisant le même modèle avec une gamme de produits
(glyphosate, AMPA ou Roundup 360 PLUS) plus élargie a
été conduite plus récemment (Woźniak et coll.,
2018

) et montre que la
formulation Roundup 360 PLUS induit des comètes en
milieu alcalin dès 5 µM pour une concentration de
glyphosate 50 à 100 fois inférieure à celles obtenues
respectivement avec le glyphosate pur (0,25 mM, égal à
42,3 mg/l) et l’AMPA (0,5 mM, égal à 55,5 mg/l). Ces
résultats ne s’expliquent pas par une cytotoxicité
générale, car la viabilité des cellules exposées au
glyphosate à 169 mg/l (1 mM) est de 98,8 % (Woźniak et
coll., 2018

). La nature des cassures a
été caractérisée dans cette étude ; ainsi, des cassures
double-brins sont observées à 1,69 mg/l (10 µM) de
glyphosate sous forme de Roundup 360 PLUS et 169 mg/l
(1 mM) pour le glyphosate pur. Parmi les pistes
mécanistiques explorées pour expliquer ces cassures, les
auteurs constatent une augmentation de production
d’espèces réactives de l’oxygène (ERO ou
Reactive
Oxygen Species ; ROS) suite à l’exposition au
Roundup 360 PLUS et au glyphosate (Woźniak et coll.,
2018

) dont les potentiels effets
mécanistiques seront détaillés plus loin. La comparaison
de ces deux études montre que la formulation conduit à
un effet génotoxique bien plus prononcé que le
glyphosate seul.
D’autres modèles cellulaires sanguins proches peuvent
être utilisés. Les effets cytotoxiques et génotoxiques
ont été évalués à l’aide respectivement du test MTT (qui
mesure l’activité de déshydrogénases intracellulaires)
et du test des comètes sur des cellules de lymphome de
Burkitt (lignée Raji) exposées au glyphosate pendant 20
à 120 min à des concentrations entre 0,017 et 2 535 mg/l
(0,1 µM et 15 mM). La cytotoxicité est observée à
1 690 mg/l (10 mM) alors que des cassures sont
quantifiées à 169 et 845 mg/l (1 et 5 mM) à des temps
courts, et absentes pour des temps longs indiquant une
capacité de réparation de ces cassures par les cellules.
Les auteurs concluent que pour des concentrations allant
jusqu’à 16,9 mg/l (100 µM), le glyphosate n’est pas
cytotoxique et ne produit pas de cassures de l’ADN
détectables (Townsend et coll.,
2017

) probablement en raison d’un
mécanisme efficace de réparation des cassures
simple-brin (dépendant de XRCC1/PARP/Lig3) et/ou
double-brin (dépendant de Ku70-80/DNA-PK/Lig4). Ce
résultat est différent de celui obtenu avec les PBMC et
peut s’expliquer par le fait que ces dernières ne
répliquent pas leur ADN et de ce fait, présentent une
activité de réparation des cassures faible ou absente
alors que les cellules Raji se divisent rapidement et
possèdent des mécanismes efficaces de réparation des
dommages à l’ADN (la réplication étant un processus
potentiellement génotoxique). Ces résultats montrent
donc que le choix du modèle cellulaire est clé pour
évaluer la génotoxicité (et la cytotoxicité).
Le choix de l’espèce peut également être important. Par
exemple, l’exposition de lymphocytes de tatou
(
Chaetophractus villosus) au glyphosate à des
concentrations de 65, 97,5, 130 et 260 mg/l (sous forme
de Roundup Full II) induit un effet génotoxique avec des
aberrations chromosomiques (130 mg/l), et des échanges
de chromatides sœurs (65 mg/l) (Luaces et coll.,
2017

). Ces concentrations de
glyphosate sont beaucoup plus importantes que celles
identifiées avec les PBMC (mais le produit utilisé est
aussi différent).
Enfin, l’AMPA induit des cassures de l’ADN sur des
lymphocytes humains exposés à 200 mg/l (1,8 mM) (Mañas
et coll., 2009a

), concentration sans effet
sur la valeur de l’index mitotique. Cette activité
génotoxique de l’AMPA pourrait être importante à prendre
en compte car les plantes et les microorganismes du sol
sont capables de métaboliser le glyphosate en AMPA et
qu’il se retrouve dans les sols, les résidus des plantes
et dans l’eau (Mamy et coll.,
2016

; Tong et coll.,
2017

).
Tests in vitro sur d’autres
modèles cellulaires
D’autres modèles que les cellules sanguines leucocytaires
pré-décrites ont été étudiés, compte tenu de la
distribution du glyphosate dans l’organisme qui peut
affecter aussi bien les cellules sanguines que
l’ensemble des organes.
Des cellules épithéliales humaines buccales (lignée
TR146) ont été exposées au glyphosate ou au Roundup
Ultramax (Koller et coll.,
2012

). Des effets génotoxiques
significatifs en test des comètes sont observés dès
20 mg/l de glyphosate pur et pour le test des
micronoyaux (un autre test de génotoxicité) dès 20 mg/l
de glyphosate sous forme du GBH Roundup Ultramax (sans
atteinte de l’intégrité cellulaire) avec des marqueurs
activés de la mort cellulaire dès 20 mg/l pour ces
formulations (nécrose pour les deux, apoptose avec le
glyphosate pur).
Des cellules hépatiques humaines de la lignée HepG2 ont
été exposées à 0,5, 2,91 et 3,5 mg/l de glyphosate
pendant 4 ou 24 h. La dose de 0,5 mg/l induit des
dommages oxydatifs et des cassures de l’ADN après 24 h
d’exposition (Kauba et coll.,
2017

).
Des cellules Hep-2 exposées au glyphosate donnent un
résultat positif en test des comètes à partir de 3 mM
(500 mg/l) (Mañas et coll.,
2009b

). Sur ces mêmes cellules,
l’effet génotoxique de l’AMPA a été analysé par le test
des comètes ; il provoque des cassures à l’ADN à partir
de 2,5 mM (277 mg/l) (Mañas et coll.,
2009a

).
L’exposition de cellules ovariennes de hamster (CHO-K1) à
l’AMPA conduit à la production de micronoyaux à une dose
1 000 fois inférieure à celle du glyphosate nécessaire
pour obtenir le même effet (Roustan et coll.,
2014

). Cependant la très faible
métabolisation hépatique (< 1 %) explique le faible
effet mutagène observé avec le glyphosate (BfR,
2015a

).
Tests in
vivo
Différents modèles in vivo peuvent être utilisés
pour évaluer des effets génotoxiques (souris, poissons,
crustacés...).
Des effets génotoxiques sont observés sur des cellules
rénales et hépatiques de souris traitées par deux
injections intra-péritonéales de 300 mg/kg de glyphosate
(concentration élevée) après 4 h d’exposition (mais pas
après 24 h), ainsi que la formation de micronoyaux dans
la moelle (Bolognesi et coll.,
1997

). Cet effet est aussi relevé
par Mañas et coll. qui montre un effet génotoxique à
200 mg/kg du glyphosate (deux injections
intra-péritonéales à 24 h d’intervalle) chez la souris
(Mañas et coll., 2009b

). Avec des doses plus
faibles (25 et 50 mg/kg), la présence d’aberrations
chromosomiques et de micronoyaux est observée dans la
moelle osseuse de souris exposées par voie
intra-péritonéale après 24, 48, et 72 h (Prasad et
coll., 2009

). Les résultats sont
positifs pour les deux doses et les différents
temps.
L’exposition de poissons (
Channa punctatus) au
Roundup (41 % glyphosate) à des doses sub-létales donc
très élevées (1/10
e, 1/8
e et
1/5
e de la DL
50) provoque des
cassures de l’ADN observées dans les hématies et les
cellules branchiales dès 3,25 mg/l de glyphosate
(1/10
e de la DL
50) (Nwani et
coll., 2013

). Les activités enzymatiques
antioxydantes CAT et SOD sont diminuées dans le sang et
les branchies dès la plus faible dose d’exposition.
L’induction de cassures de l’ADN est aussi détectée par
le test des comètes dans les érythrocytes d’un autre
type de poissons (
Oreochromis niloticus) exposés
au glyphosate à la dose environnementale de 0,12 mg/l.
Des résultats similaires sont obtenus sur des cellules
branchiales d’anguilles exposées (
Anguilla
anguilla) au glyphosate ou au Roundup Ultra
(Guilherme et coll.,
2010

; Guilherme et coll.,
2012

; Guilherme et coll.,
2014

) avec la mise en évidence de
la production de dommages oxydatifs (8-oxoG) et la
diminution des défenses antioxydantes au niveau des
branchies et du foie.
Deux modèles de crustacés ont également fait l’objet
d’études génotoxiques : l’exposition de crabes
(
Eriocheir sinensis) au glyphosate pendant
96 h aux concentrations de 4,4, 9,8, 44 et 98 mg/l
(DL
50 = 98 mg/l), donc très élevées,
provoque des cassures de l’ADN (test des comètes) dès
4,4 mg/l (Hong et coll.,
2017

). Un stress oxydatif avec
présence de dommages génotoxiques est également observé
pour des hématies de crevettes exposées au Roundup (41 %
glyphosate) pendant 96 h à des doses sub-létales (0,35,
0,70, 1,40, 2,80 et 5,60 mg/l ;
DL
50 = 11,2 mg/l) (Hong et coll.,
2018

). L’essai des comètes est
positif dès la plus faible concentration et l’induction
de micronoyaux dès 1,4 mg/l. Ces effets reposent non
exclusivement sur une baisse des défenses antioxydantes
(SOD, CAT) dès 0,35 mg/l comme sur le modèle de poisson
Channa punctatus. Des évènements clastogènes
tels que l’induction de cassures de l’ADN d’aberrations
chromosomiques sont aussi rapportés chez les plantes
(Lioi et coll., 1998

; Alvarez-Moya et coll.,
2011

; Frescura et coll.,
2013

).
En résumé, sur différents modèles expérimentaux, de
nombreux résultats sont positifs en test des comètes
in vitro et
in vivo. Toutefois, les
protocoles sont très variables en matière de modèles, de
temps d’exposition, de types de produits utilisés
(glyphosate ou formulations) et de doses. Lorsque les
études sont réalisées en parallèle, les effets
génotoxiques sont obtenus pour de plus faibles
concentrations de glyphosate utilisées sous forme de GBH
par comparaison au principe actif seul. En comparaison
des niveaux d’exposition, plusieurs tests
in
vitro observent des effets génotoxiques à des
concentrations proches de celles qui peuvent être
détectées dans l’environnement. À titre d’exemple, en
France, les concentrations de glyphosate ne dépassent
pas 0,07 mg/l dans les eaux de surface, cette valeur est
donc proche de celle induisant des effets génotoxiques
sur
Oreochromis niloticus (soit 0,12 mg/l)
(Alvarez-Moya et coll.,
2014

).
Pas de mise en évidence d’un effet
génotoxique
Tests in
vitro
Deux études ont rapporté que les hépatocytes de rat
exposés
in vitro au glyphosate montrent une
absence d’induction de synthèse non programmée de l’ADN
(test UDS) (Li et Long,
1988

; Rossberger,
1994

). Néanmoins, cette méthode
est aujourd’hui considérée comme insuffisamment sensible
et la ligne directrice de l’OCDE correspondante (OCDE
essai n
o 486) n’a pas été mise à jour et
d’autres tests tels que l’essai des comètes sont
recommandés (OECD, 2015

). De plus, ce test
correspond au marquage d’une réplication suite à un
évènement d’excision de lésions de l’ADN et le
glyphosate n’a pas été démontré comme producteur
d’adduits à l’ADN directement ou indirectement. Ces
résultats n’apportent donc pas d’informations
utilisables sur le plan de l’évaluation du potentiel
génotoxique.
Des résultats négatifs ont été mentionnés par le BfR sur
la base d’études produites par les industriels, non
disponibles pour les experts, car non rendues
publiques.
Tests in
vivo
Chez les plantes, une absence d’induction d’aberrations
chromosomiques est observée suite à l’exposition des
bulbes d’oignons (
Allium cepa) à des
concentrations de glyphosate isopropylamine jusqu’à
2,88 mg/l, (IC
50 = 5,5 mg/l), mais le test
est positif pour une exposition à 1,44 et 2,88 mg/l du
principe actif sous forme de Roundup
(IC
50 = 1,2 mg/l) avec cependant une absence
d’effet dose qui peut être due à l’effet toxique (Rank
et coll., 1993

). Une absence d’induction de
micronoyaux est observée lorsque des fèves (
Vicia
faba) sont exposées pendant 4 jours au
glyphosate (De Marco et coll.,
1992

).
Chez les rongeurs, on observe une absence d’effet chez la
souris dans le test du dominant létal (EPA,
1980

), une absence d’induction de
micronoyaux dans la moelle osseuse chez la souris après
une exposition unique par voie intrapéritonéale soit de
glyphosate sel d’isopropylamine (100-200 mg/kg) soit de
glyphosate sel d’isopropylamine sous forme de Roundup
(133 et 200 mg/kg) (Rank et coll.,
1993

) et une absence d’induction
d’aberration chromosomique suite à une exposition unique
par voie intrapéritonéale chez le rat (Li et Long,
1988

).
En résumé, les études montrant une absence de
génotoxicité du glyphosate semblent moins importantes
tant sur le plan qualitatif ou quantitatif que celles
suggérant un effet positif. Si une comparaison est
effectuée entre deux études assez similaires montrant
des résultats opposés, comme par exemple chez la souris
(exposition intrapéritonéale à 200 mg/kg de glyphosate)
(Rank et coll., 1993

; Mañas et coll.,
2009b

), il est très intéressant de
noter que l’étude de Mañas intègre une deuxième
injection 24 h après la première suggérant que la
répétition de l’exposition (phénomène plausible) est
importante à considérer. La chronicité de l’exposition
au glyphosate ou aux GBH représenterait donc un
paramètre important. De plus, la réponse positive est
plus prononcée avec les préparations commerciales par
comparaison au principe actif lorsque les études sont
menées en parallèle (et donc comparables). Cette
augmentation des effets induits par les préparations
commerciales est due aux surfactants ajoutés.
Avec le test des micronoyaux sur modèles vertébrés,
différent de celui des comètes classiquement utilisé
dans un grand nombre d’études, une méta-analyse de la
littérature conclut également à un effet génotoxique
(Ghisi Nde et coll.,
2016

). Enfin, un dimorphisme
sexuel est observé avec un effet plus marqué chez les
rongeurs mâles que les femelles.
Parmi ceux présentant des résultats positifs, les doses
utilisées sont parfois cohérentes (bien que supérieures)
sur le plan de l’exposition environnementale. Les effets
génotoxiques relevés sur des modèles expérimentaux moins
classiques (poissons, crustacés) ont été mis en évidence
par certains auteurs (Alvarez-Moya et coll.,
2014

; Hong et coll.,
2017

).
Effets mutagènes
Un test de mutagenèse chez les bactéries (test d’Ames) est
négatif avec le glyphosate et ce résultat est retrouvé avec les
tests de mutagenèse sur des cellules eucaryotes : mutations au
site
Hprt de cellules CHO ou au locus
Tk de
cellules de lymphome de souris (ensemble des résultats rapportés
dans le rapport de l’Echa (Echa,
2016

). Toutefois, des résultats positifs ont aussi été rapportés
sur un test d’échange de chromatides sœurs réalisé sur des
lymphocytes bovins dès 2,87 mg/l (17 µM) (Lioi et coll.,
1998

).
En conclusion, si les résultats obtenus avec les tests de
génotoxicité et mutagénicité sont pris en compte dans leur
globalité, de nombreux travaux ont été publiés avec des
résultats plutôt positifs quant à un effet génotoxique. Par
contre, les essais
in vitro de mutagenèse chez les
bactéries ou cellules eucaryotes sont négatifs pour la
quasi-totalité des résultats rapportés. Cependant, l’induction
directe ou indirecte d’un stress oxydant potentiellement
impliqué dans un processus d’instabilité génétique (et
susceptible d’expliquer les observations génotoxiques) a été
retrouvée pour différentes espèces et systèmes cellulaires. Ce
résultat est par exemple retrouvé pour les poissons à des doses
d’exposition compatibles avec une exposition environnementale
(Nwani et coll., 2013

).
Mécanismes de toxicité
Bien que le glyphosate soit sélectif pour les plantes, ce principe
actif peut provoquer des dysfonctionnements aboutissant
potentiellement à des pathologies chroniques chez les animaux en
rapport avec des modes d’action différents de l’inhibition de la
voie métabolique du shikimate. Ainsi, de nombreuses publications
rapportent de potentiels effets cancérogènes ou non cancérogènes
incluant des effets de type perturbations endocriniennes (PE). Par
ailleurs, de nombreuses pathologies des vertébrés dont l’être
humain, sont associées à des modifications du microbiote, et on sait
que certaines bactéries expriment l’EPSPS, qui est l’enzyme touché
par le glyphosate dans son mode d’action en tant qu’herbicide.
Le croisement des termes « cancer » et « glyphosate » dans des
recherches bibliographiques permet d’extraire un certain nombre
d’études mécanistiques apparaissant parfois contradictoires mais
souvent réalisées dans des conditions expérimentales différentes.
Par ailleurs, malgré des doses qui sont parfois relativement
élevées, les GBH commercialisés contiennent un pourcentage variable
de glyphosate. Par exemple, le « Roundup ready » (360 g/l de
glyphosate) est dilué entre 1 et 3 % pour une concentration
effective d’usage comprise entre 3,6 et 10,8 g/l (soit
21-64 mM).
Plusieurs marqueurs de toxicité (aiguë/chronique, organites/noyau
cellulaire, multi-générations...) peuvent être hiérarchiquement
abordés pour présenter le versant mécanistique à commencer par les
phénomènes de cytotoxicité.
Cytotoxicité
Parmi les premières études réalisées, l’utilisation de cultures
de tissus d’hépatome de rat (lignée HTC) traitées par des doses
élevées de Roundup comprises entre 1 et 10 mM (169 et 1690 mg/l)
pour 4 à 48 h (Malatesta et coll.,
2008

) ne montre pas d’effet sur la viabilité cellulaire mais
révèle des modifications de certaines caractéristiques
nucléaires, cytoplasmiques et mitochondriales (taille et nombre
des vacuoles cytoplasmiques, nombre de lysosomes, modifications
structurales chromatiniennes, diminution du ratio de longueur
membrane interne/externe de la mitochondrie).
Plus récemment, une libération significative de lactate
déshydrogénase (LDH, marqueur de viabilité cellulaire
normalement uniquement cytoplasmique) dans le milieu
extracellulaire a été constatée sur des cellules épithéliales
humaines buccales (lignée TR146), pour des concentrations
supérieures à 10 mg/l de glyphosate dans le Roundup et à partir
de 200 mg/l avec le glyphosate seul. Ces concentrations sont
bien inférieures à celles des solutions pulvérisées qui peuvent
se retrouver en contact avec ce type de cellules au niveau
buccal ou plus généralement cutané. Une altération des fonctions
mitochondriales évaluées par le test XTT est observée avec le
Roundup à partir de 60 et 100 mg/l respectivement (mais pas avec
le glyphosate). Enfin, le test au rouge neutre est positif avec
le Roundup à partir de 100 mg/l de glyphosate (Koller et coll.,
2012

).
L’utilisation de la microscopie à force atomique (et du «
Peak
Force Tapping ») sur d’autres cellules épithéliales de
peau (lignée HaCaT) traitées avec 2 535 ou 5 070 mg/l (15-30 mM)
de glyphosate (donc à des doses élevées mais également
compatibles avec les solutions pulvérisées) pendant de courtes
périodes (< 24 h) révèlent aussi des modifications
membranaires (aplatissement, changement de la nature des
protubérances cellulaires) (Heu et coll.,
2012

).
La question d’une toxicité cellulaire différentielle entre le
glyphosate et les GBH était attendue en raison de la faible
toxicité du glyphosate par rapport à celle des agents
surfactants, présents parfois à des concentrations élevées
(Mesnage et coll., 2013

; Mesnage et coll.,
2015

; Vanlaeys et coll., 2018

). Une analyse du transcriptome de
cellules HepaRG exposées au glyphosate à 600 µM, ne montre pas
de modifications par rapport au contrôle alors que le GBH peut
être 1 000 fois plus efficace sur la réponse transcriptionnelle
(Mesnage et coll., 2018

).
Sur des cellules de Sertoli (lignée TM4) le Roundup Bioforce est
plus toxique que le glyphosate avec un impact mitochondrial
délétère dû au coformulant POEA (Vanlaeys et coll.,
2018

). Le coformulant POEA est rapporté génotoxique à des
concentrations non toxiques pour les cellules et potentiellement
reprotoxique (Efsa, 2015a

). Malgré un manque de données de
tests (court et long terme) toxicologiques, cet agent a été
interdit
19
Commission européenne 2016/1313, règlement
d’exécution paru au JO de l’UE du
2 août.
.
Au-delà des modèles 2D, l’utilisation des nouveaux modèles 3D
peut permettre de produire des résultats certes
in vitro
mais plus proches de la biologie cellulaire. Les effets du
glyphosate ont ainsi été testés sur des organoïdes hépatiques
révélant une cytotoxicité potentielle dès 42,3 mg/l (0,25 mM).
Ce seuil est à 423 mg/l (2,5 mM) pour des organoïdes cardiaques
avec des IC
50 sur la production d’ATP (révélateur de
la viabilité cellulaire) de l’ordre de 1 690 mg/l (10 mM) et des
perturbations des battements des organoïdes cardiaques à partir
de 42,3 mg/l (0,25 mM) (Forsythe et coll.,
2018

). Ces résultats sont relativement cohérents avec ceux obtenus
ex vivo par Gress et coll. qui ont étudié les effets
du Roundup, à des concentrations équivalentes à celles mesurées
dans le sang suite à une intoxication aiguë, et du glyphosate
sur la fonction cardiaque (rats mâles, lapines). Des
dysfonctions cardiaques (arythmies, défauts de conduction) ont
en effet été rapportées dans cette étude (Gress et coll.,
2015

).
Mitotoxicité
La mitotoxicité, ou perturbations de la fonction mitochondriale,
conduisant par exemple à une apoptose ou à la génération
d’espèces oxygénées réactives (ERO ou ROS), est associée à de
nombreuses pathologies comme évènements initiateurs ou
contributeurs. Différents essais évaluant la mitotoxicité in
vitro ou in vivo sont classiquement utilisés par
les laboratoires académiques mais il n’existe pas de systèmes
validés par les instances réglementaires. Les résultats de ces
études sont présentés ci-dessous.
Une exposition de
Caenorhabditis elegans, un nématode
(petit ver transparent non parasitaire), pendant 24 h au GBH
TouchDown (52,3 % glyphosate) provoque une inhibition de la
respiration mitochondriale associée à une perturbation du
gradient de proton et une diminution de production d’ATP (Bailey
et coll., 2018

). Cette inhibition de respiration est
accompagnée de la production d’H
2O
2 (une
espèce réactive de l’oxygène) mais à une dose d’exposition de
9,8 % de glyphosate, concentration plus élevée que la dose
d’utilisation en traitement au champ (0,4 à 2,2 %) (Bailey et
coll., 2018

) mais de l’ordre de la valeur de la
CL
50 en exposition aiguë (Negga et coll.,
2011

).
Le GBH Scout (720 g/kg glyphosate) impacte le fonctionnement de
la chaîne respiratoire mitochondriale en inhibant les
complexes I et IV et induisant une hyperpolarisation membranaire
des mitochondries du système nerveux central dès 0,065 mg/l de
glyphosate (7 jours d’exposition) chez
Danio rerio (le
poisson zèbre) (Pereira et coll.,
2018

). L’inhibition des complexes I et IV provoque la formation de
ROS responsables de l’effet neurotoxique (Abramov et coll.,
2010

). Ainsi, dès 0,065 mg/l (soit une dose inférieure à
0,12 mg/l, concentration génotoxique chez
Oreochromis
niloticus et correspondant à des doses de 0,3 µM), les
poissons montrent un changement comportemental et à 1 mg/l ils
restent au fond de l’aquarium. Cette modification du
comportement des poissons a déjà été observée (Bridi et coll.,
2017

).
Une diminution de l’activité mitochondriale ainsi que celle de
plusieurs glutathion-S-transférases est observée avec une lignée
hépatocytaire de poisson zèbre (ZF-L) pour des doses
d’exposition du Roundup et glyphosate respectivement de 0,65 et
3,25 mg/l (Lopes et coll., 2018

).
En résumé, une toxicité mitochondriale peut être observée avec
des doses environnementales (0,065 mg/l étant une valeur
inférieure à la plus forte concentration détectée dans les eaux
de surface 0,070 mg/l). Il existe un décalage temporel entre les
questionnements fondamentaux de la biologie sur les mécanismes
d’action de toxicité, en particulier sur la mitotoxicité, et les
outils validés par les agences réglementaires qui pourrait
expliquer pour partie certaines controverses, en particulier sur
le glyphosate.
Cancérogenèse
Il convient en premier lieu de définir si le composé peut
influencer l’initiation et/ou la promotion tumorale (s’il
influence les deux, on parle de cancérogène complet). En second
lieu, l’analyse de la cancérogénèse ne se limite pas à la
génotoxicité (associée à l’initiation) et doit être évaluée sur
la base d’effets non génotoxiques (comme c’est le cas avec la
prolifération cellulaire d’un clone cancéreux ou étape de
promotion tumorale).
Sur le plan mécanistique en lien avec la génotoxicité, une étude
originale menée à l’aide de deux lignées cellulaires humaines
(BEAS-2B, épithéliale bronchique humaine ; SHSY-5Y neuronale) a
mis en évidence une inhibition d’activité de réparation à l’ADN
après une exposition (10-100 µM, 24 h) au glyphosate (Alleva et
coll., 2016

). Un extrait de miel riche en polyphénols (support d’une
activité anti-oxydante) restaure l’activité mitochondriale et
inhibe la formation de ROS dans les deux lignées
cellulaires.
Chez la souris, une étude protéomique réalisée sur le modèle de
carcinogenèse cutanée sur une durée de 32 semaines (avec
différentes conditions de traitement, agents initiateurs,
promoteurs...) montre que le glyphosate n’a pas d’effet
initiateur ou complet propre. Par contre, associé à un agent
initiateur, il présente un effet promoteur à des doses beaucoup
plus faibles que celles préalablement testées (25 mg/kg pc ;
deux fois par semaine), d’autant que le profil protéomique
modifié par le glyphosate ressemble à celui du
12-O-tétradécanoylphorbol-13-acétate (TPA), un ester de phorbol
modèle utilisé comme agent promoteur (George et coll.,
2010

). Malgré l’effet génotoxique rapporté précédemment en rapport
avec un stress oxydatif, un effet promoteur tumoral pourrait
être envisagé et reposerait sur d’autres mécanismes.
Le glyphosate est-il un composé
œstrogéno-mimétique ?
Dès le début des années 2000, Lin et coll. ont étudié
différents paramètres cellulaires après traitement par le
Roundup et le glyphosate sur la lignée cellulaire humaine
MCF-7. Ils ont observé que le glyphosate stimule la
prolifération des cellules dès 0,228 mg/l et le Roundup dès
1 mg/l, indépendamment d’un effet de stimulation
œstrogénique classique (les concentrations qui entraînent
une prolifération maximale étaient respectivement de
2,28 mg/l et 10 mg/l) (Lin et Garry,
2000

). La question des propriétés
œstrogéniques du glyphosate a donc été posée de façon
récurrente dans plusieurs études comme celle de Hokanson et
coll., qui par une analyse «
microarrays » également
réalisée avec des MCF-7, montre une modification de
l’expression de gènes sensibles aux œstrogènes après
exposition au glyphosate 15 mg/l
20
La dose est calculée en considérant une
solution de glyphosate à 15 %.
pendant 18 h en présence ou non d’estradiol
(3 x 10
-10 M) (Hokanson et coll.,
2007

). Ces résultats sont à mettre en
parallèle avec ceux de Thongprakaisang et coll. en 2013 qui
montrent que le glyphosate, dès 0,169 ng/l
(10
-12 M), induit un effet prolifératif dans la
lignée mammaire humaine T47D (lignée cellulaire de cancer du
sein hormonodépendant) probablement en lien avec une
stimulation de la voie des œstrogènes (car non observée dans
la lignée ER-négatif MDA-MB-231, une lignée cellulaire de
cancer du sein non hormono-dépendant) (Thongprakaisang et
coll., 2013

). Une étude récente rapporte un
effet sur des marqueurs de la prolifération du glyphosate
dès 10
-11 M (1,69 ng/l) testé sur des lignées de
cholangiocarcinomes exprimant ou non le récepteur aux
œstrogènes ERα. L’effet prolifératif (augmentation des
cellules en phase S) est observé sur des cellules exprimant
ERα avec une prolifération cellulaire bloquée par un agent
antagoniste de ERα (Sritana et coll.,
2018

). Des cellules MDA-MB-468
(ER-négatif) et MCF-7 (ER-positive) ont été exposées à
186 mg/l (1,1 mM) de glyphosate sous forme de Roundup
Original ou à 1 110 mg/l (10 mM) d’AMPA pendant 48 h afin
d’analyser le transcriptome (Stur et coll.,
2019

). Le Roundup et l’AMPA induisent
une dérégulation de gènes œstrogéno-dépendants et de onze
réseaux de régulation, parmi lesquels le cycle cellulaire et
la réponse aux dommages de l’ADN pour les cellules triple
négatives.
Compte tenu de l’importance de la dose en toxicologie, il
peut être intéressant de comparer les résultats obtenus à
des doses beaucoup plus élevées : le glyphosate, mais pas
les composants utilisés pour les GBH (certains connus comme
le POEA et d’autres inconnus en raison du secret de
fabrication des formulations), peut activer ERα à forte
concentration (Mesnage et coll.,
2017

). Li et coll. ont testé
l’influence du glyphosate à des concentrations entre 15 et
50 mM (2 535 et 8 450 mg/l) sur la croissance de 8 lignées
cellulaires et identifient des inhibitions de croissance
pour certaines dès 15 mM, phénomène non observé sur deux
lignées épithéliales prostatiques normales mais
immortalisées (Li et coll.,
2013

). Ceci est aussi observé avec
l’AMPA, avec un même intervalle de concentrations (Parajuli
et coll., 2015

). Des processus apoptotiques
sont aussi stimulés par l’AMPA dès 50 mM (5 552 mg/l) (Li et
coll., 2013

). Ces études ont été conduites
avec des modèles cellulaires différents et suggèrent que le
glyphosate activerait le récepteur aux œstrogènes, une voie
d’activation associée à la prolifération cellulaire. De plus
l’« effet dose » semble jouer ici un rôle prédominant avec
une activation de ERα observée à forte dose (Mesnage et
coll., 2017

).
Par ailleurs, au-delà des effets passant par les récepteurs
aux œstrogènes, plusieurs études rapportent un effet
inhibiteur sur l’aromatase du glyphosate : le Roundup
Bioforce a été testé sur les lignées de cellules
embryonnaires 293 et placentaires (choriocarcinome) JEG-3
pour évaluer une potentielle activité hormonale (Benachour
et coll., 2007

). Le Roundup Bioforce à la
dilution de 0,01 % (égale à 35,5 mg/l ou 210 µM de
glyphosate) pendant 24 h exerce un effet inhibiteur de
l’activité aromatase, enzyme chargée de la transformation de
certains précurseurs androgéniques en œstrogènes. Un effet
inhibiteur de l’aromatase, a aussi été rapporté sur des
cellules JEG3
in vitro suite à une exposition à deux
GBH différents (Glyphos et Médallon) et aux ingrédients :
glyphosate et surfactants. Les concentrations utilisées sont
1,2 à 3 fois inférieures aux NOEC (
No Observed Effect
Concentration, dose sans effet) du Glyphos (75 mg/l)
et Médallon (500 mg/l). Le glyphosate (NOEC = 3 100 mg/l)
seul n’a pas d’effet alors que les co-formulants et les GBH
inhibent l’aromatase de 25 à 40 %, ce qui est en faveur d’un
effet des coformulants et non du glyphosate (Defarge et
coll., 2016

). L’effet inhibiteur
(IC
50) du glyphosate sur l’aromatase est
observé sur des cellules JEG3 et sur une préparation
microsomale
in vitro pour une concentration de
Roundup de 0,04 % (équivalent à 144 mg/l de glyphosate) et
0,6 % (équivalent à 2,16 g/l de glyphosate), respectivement.
Le Roundup testé sur les préparations microsomales est
4 fois plus actif que le principe actif (à concentration
équivalente en glyphosate, probablement du fait de la
présence de coformulants) (Richard et coll.,
2005

).
Ces résultats sont intéressants car ils suggèrent des effets
pro-œstrogéniques via les récepteurs aux œstrogènes
constatés à de fortes mais aussi à de faibles doses.
L’inhibition de l’aromatase ajoute un élément complexe à
l’interprétation des données qui peut être éclairé par les
informations qui suivent.
Qu’en est-il du mécanisme d’action
biochimique et d’une liaison directe avec
ERα ?
La recherche d’une interaction entre le glyphosate et les
voies de régulation des hormones sexuelles a été évalué par
l’EPA sur la base de la série de tests EDSP niveau I
(
Endocrine Disruptor Screening Program)
aboutissant à un résultat négatif pour les récepteurs aux
œstrogènes, androgènes et thyroïdiens (EPA,
2015

). Une étude récente rend compte
du même résultat en excluant une liaison du glyphosate au
récepteur ERα. Elle suggère en revanche une activation de ce
récepteur par des mécanismes non génomiques (Mesnage et
coll., 2017

). Dans cette étude, menée à
l’aide de systèmes rapporteurs et d’outils à grande échelle
(omiques), les auteurs montrent que le glyphosate n’est
probablement pas un ligand efficace du récepteur aux
œstrogènes α mais favorise bien néanmoins une voie de
transactivation non-œstrogénique (protéine kinase A). Plus
précisément, le glyphosate stimule la prolifération des
MCF-7 et T47D à 59 µM (> 10 mg/l).
Si on tient compte de l’ensemble de ces résultats, le
glyphosate et les GBH pourraient activer la voie de
signalisation du ERα, par le biais de mécanismes
n’impliquant pas une liaison au récepteur
(œstrogéno-indépendant, ERα-dépendant), ce qui serait
cohérent avec l’inhibition de l’aromatase qui est aussi
observée. Ces effets sont aussi cohérents avec d’éventuelles
propriétés de promoteur tumoral.
Le glyphosate est-il un perturbateur
endocrinien ?
Si le potentiel cancérogène du glyphosate reste une question
ouverte, les quelques résultats récents en épidémiologie et
génotoxicité ne permettent pas de conclure. Le fait de centrer
la polémique sur un potentiel effet cancérogène pourrait
occulter d’autres mécanismes possibles de toxicité, en
particulier un effet de perturbation endocrinienne.
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances capables
d’interférer avec le système hormonal. Depuis 2017 (règlements
UE 2017/2100 et UE 2018/605), une substance phytopharmaceutique
est identifiée comme PE si : i) la substance ou un
mélange de substances a un mode d’action qui altère les
fonctions du système endocrinien ; ii) elle produit un
effet indésirable chez un organisme intact ou ses descendants ;
et iii) l’effet indésirable est une conséquence de ce
mode d’action.
Bien que les données de la littérature soient contradictoires,
l’Efsa a publié en 2017 (Efsa,
2017

) que le glyphosate n’était probablement pas un PE, laissant
cependant le débat ouvert. Cette analyse reposait pour partie
sur les résultats négatifs suivants :
• le test
EDSP niveau 1 de l’EPA aboutissait à un
résultat négatif (EPA,
2015

) ;
• pas d’effet sur la stéroïdogenèse sur la lignée MA-10 de
souris (Forgacs et coll.,
2012

) ;
• pas d’effet sur la synthèse de vitellogénine (Xie et
coll., 2005

) ;
• pas d’effet sur la régulation de PXR dans les cellules
COS-7 (Kojima et coll.,
2011

) ni sur le récepteur Ah dans
les cellules Hepa1c1c7 (Takeuchi et coll.,
2008

).
Ces différents tests ne permettent pas de déterminer si d’autres
voies de signalisation hormonale sont perturbées. Ainsi, nous
avons décrit plus haut que le glyphosate semble présenter des
propriétés d’activation œstrogénique sans liaison directe au
récepteur ERα. Ainsi, la littérature récente suggère un mode
d’action PE qui pourrait agir au niveau des fonctions
développementales ou de reproduction.
Perturbation du développement en lien avec
une dérégulation hormonale
Le glyphosate et les GBH affectent différentes fonctions de
l’organisme : métabolisme, fonctions reproductrices, système
nerveux... En 2010, un effet du GBH (Roundup Classic,
contenant 48 % de sel de glyphosate) est rapporté sur le
développement de la grenouille et du poulet (Paganelli et
coll., 2010

) ; cet effet semble être lié à
une perturbation du système rétinoïque ; en effet, le GBH
entraîne une altération du développement de la crête
neurale, qui peut être médiée par une augmentation de
l’acide rétinoïque endogène puisque des antagonistes du
récepteur de l’acide
trans-rétinoïque sont capables
de réverser l’effet tératogène du glyphosate. D’autres
expériences rapportent une embryotoxicité chez des rates
exposées au GBH pendant la grossesse (Dallegrave et coll.,
2003

; Dallegrave et coll.,
2007

).
Perturbation de la fonction de
reproduction
Beaucoup d’études ont testé un potentiel effet du glyphosate
ou plus fréquemment des GBH sur la reproduction,
principalement chez les rongeurs.
Effet du glyphosate et des GBH chez les
mâles
Une altération des spermatozoïdes est retrouvée dans
plusieurs études utilisant différents modèles
cellulaires (rats, humains) et in vivo (souris,
rats).
Une récente méta-analyse réalisée à l’aide d’études sur
un ensemble de rongeurs, conclut à une association entre
l’exposition au glyphosate et la diminution de la
concentration de spermatozoïdes
(- 2,774 x 10
6/spermatozoïdes/g/testicule ;
IC 95 % [- 0,969 à - 4,579]) (Cai et coll.,
2017

). Celle-ci est complétée par
des études récentes avec du glyphosate ou différentes
formulations de GBH et les trois espèces pré-décrites ;
ainsi, un dysfonctionnement des fonctions reproductives
est observé chez des rats exposés par voie orale pendant
12 semaines au Roundup contenant du glyphosate sous la
forme de sel de potassium à des doses de 3,6, 50,4 et
248,4 mg/kg pc/j (Owagboriaye et coll.,
2017

). Une diminution du taux de
testostérone, de l’hormone lutéinisante (LH), de
l’hormone folliculo-stimulante (FSH) et une augmentation
du taux de prolactine sont rapportées ainsi qu’une
réduction de la concentration de spermatozoïdes et de
leur mobilité, et une augmentation du pourcentage
d’anomalies morphologiques des spermatozoïdes. Ces
résultats sont cohérents avec ceux d’une autre étude
plus ancienne dans laquelle l’exposition de rates
gravides au GBH à des doses de 50, 150 ou 450 mg/kg de
glyphosate pendant la gestation (21-23 jours) et la
lactation (21 jours) n’induit pas de toxicité
maternelle. En revanche, un effet adverse est observé
sur la fonction de reproduction de la descendance mâle :
diminution du nombre de spermatozoïdes, augmentation du
nombre de spermatozoïdes anormaux et diminution du taux
de testostérone sérique (Dallegrave et coll.,
2007

). Certains de ces effets
pourraient être liés à une modification de la fonction
non pas des spermatozoïdes, mais de cellules importantes
pour leur développement : ainsi, une exposition aiguë au
Roundup Original (360 g/l) pendant 30 min induit un
stress oxydant et active des réponses multiples dont une
mortalité de cellules de Sertoli dans des testicules de
rats prépubères (De Liz Oliveira Cavalli et coll.,
2013

). Cet effet est retrouvé avec
le glyphosate aux mêmes conditions d’exposition et
contrecarré par un prétraitement avec des antioxydants.
Plus récemment, des souris gestantes ont été exposées au
Roundup 3 Plus ou au glyphosate dans l’eau de boisson
aux doses de 0,5 (correspondant à la DJA), 5 et
50 mg/kg/j du jour embryonnaire 10,5 à 20 jours
post-partum. Les résultats montrent chez la descendance
mâle (sacrifiés à 5, 20, 35 jours et 8 mois d’âge) que
le nombre de spermatozoïdes diminue fortement aux doses
de 0,5 et 5 mg/kg/j (GBH et glyphosate respectivement).
Les spermatogonies indifférenciées diminuent en nombre
de 60 % à la dose de 5 mg/kg/j dans le groupe glyphosate
(Pham et coll., 2019

). Par ailleurs, des souris
exposées au Roundup (360 g/l de glyphosate et 18 %
(masse/volume) de surfactant POEA) par gavage
(concentrations de glyphosate de 60, 180 et
540 mg/kg pc/j) présentent une diminution de la mobilité
et du nombre de spermatozoïdes ainsi qu’une augmentation
des anomalies morphologiques des spermatozoïdes. Une
apoptose excessive des cellules germinales est
accompagnée d’une surexpression de
XAF1
21
X-linked inhibitor of
apoptosis-associated factor
1.
aux doses élevées de 180 et 540 mg/kg
(Jiang et coll., 2018

). Enfin, la mobilité et la
fragmentation d’ADN de spermatozoïdes humains ont été
testés
in vitro suite à une exposition de
0,36 mg/l de glyphosate (Anifandis et coll.,
2018a

). La motilité est réduite
après une heure d’incubation mais sans effet sur la
fragmentation de l’ADN, un effet dont le mécanisme
pourrait être dépendant d’un dysfonctionnement
mitochondrial (Anifandis et coll.,
2018b

).
Une altération de la glande mammaire (compatible avec une
altération des fonctions œstrogéniques) est également
observée dans deux études : ainsi, des rats mâles
exposés à la naissance au Roundup FULL II à 2 mg/kg de
glyphosate par voie sous-cutanée tous les deux jours
entre le premier et le septième jour après la naissance
(
post-natal day 1 à 7 ; PND1 à PND7), et
sacrifiés au PND21 ou PND60, présentent un développement
de la glande mammaire avec une augmentation du stroma et
des bourgeons terminaux à l’âge de 21 jours ainsi qu’une
infiltration de mastocytes à 60 jours (féminisation)
(Altamirano et coll.,
2018

). Lors d’une exposition de
rates gravides à un GBH (3,5 ou 350 mg/kg pc/j) du
9
e jour de gestation jusqu’au sevrage,
une atrophie du développement de la glande mammaire est
notée chez les descendants mâles à PND60 (Gomez et
coll., 2019

). Ces effets sont certes
différents, mais les protocoles d’exposition sont très
différents tout comme l’intervention des systèmes
hormonaux en fonction des différents stades. Ainsi, la
perturbation du processus de masculinisation est aussi
observée suite à une exposition pendant la grossesse au
GBH, chez des rats nouveau-nés qui présentent à l’âge
adulte une hypersécrétion d’androgènes et une
augmentation d’activité des gonades (Romano et coll.,
2012

).
Effet du GBH chez les
femelles
L’exposition de rates au GBH (Roundup FULL II ;
2 mg/kg pc/j de glyphosate) par voie sous-cutanée en
période post-natale (PND1 à 7) augmente la prolifération
cellulaire de l’utérus à PND8 mais non à PND21 (Guerrero
Schimpf et coll., 2017

). La voie ERα est ainsi
activée à PND8 dans le compartiment stromal et réprimée
à PND21 dans le compartiment luminal. Par ailleurs,
quand les rates sont ovariectomisées à PND21 et traitées
avec le 17β-œstradiol jusqu’à PND60, une hyperplasie de
l’épithélium utérin est observée chez les rates exposées
au GBH pendant la première semaine après la naissance
suggérant qu’une exposition précoce au GBH augmente la
sensibilité de l’utérus à l’œstradiol (Guerrero Schimpf
et coll., 2018

). Ces résultats sont
compatibles avec l’hypothèse mécanistique d’une
stimulation œstrogénique (bien qu’indépendante d’une
liaison au ERα, voir plus haut).
Parmi les mécanismes qui pourraient être proposés pour
expliquer ces dysfonctionnements, une modification de la
stéroïdogenèse (ou des hormones la régulant) peut être
suspectée du fait de données expérimentales rapportées
par plusieurs études.
Comme décrite précédemment, une diminution du taux de
testostérone, de la LH, de la FSH et une augmentation du
taux de prolactine (associées à une réduction de la
concentration de spermatozoïdes et de leur mobilité)
sont constatées chez des rats mâles exposés par voie
orale pendant 12 semaines au Roundup (Owagboriaye et
coll., 2017

). Plus récemment, une étude
à long terme montre à la fois des effets des GBH et du
glyphosate. Dans cette étude, des rates sont exposées
soit à 1,75 mg/kg pc/j de glyphosate (pur à > 99,5 %) ou
à la même dose de matière active sous la forme de
Roundup Bioflow (41,5 % glyphosate sel d’isopropylamine)
dans l’eau de boisson à partir du 6
e jour de
gestation jusqu’à PND120 (Manservisi et coll.,
2019

). Cette exposition provoque
une altération du système endocrinien chez la
descendance, accompagnée :
i) d’une augmentation
de la distance ano-génital à PND4 chez les mâles et les
femelles traités au Roundup et chez les mâles traités au
glyphosate ;
ii) d’un retard de l’âge du premier
œstrus et une augmentation de la concentration de
testostérone chez les femelles (qui est logique avec les
effets d’inhibition de l’aromatase précédemment
décrits) ;
iii) d’une augmentation de la
concentration plasmatique de TSH chez les mâles traités
au glyphosate ainsi qu’une diminution de
dihydrotestostérone et une augmentation de BDNF
(
brain-derived neurotrophic factor) chez les
mâles traités au Roundup. Dans l’étude de Pham et coll.,
l’exposition de souris gestantes au Roundup 3 Plus ou au
glyphosate dans l’eau de boisson aux doses de 0,5
(correspondant à la DJA), 5 et 50 mg/kg/j à partir du
jour embryonnaire 10,5 jusqu’aux 20 jours après la mise
bas, montre chez la descendance mâle (sacrifiés à 5, 20,
35 jours et 8 mois d’âge) que l’exposition au glyphosate
mais non au GBH, affecte d’une part le poids
(diminution) des testicules et la morphologie de
l’épithélium des tubes séminifères à 20 jours et d’autre
part diminue la concentration sérique de testostérone à
35 jours. Chez les souris de 8 mois, une diminution du
niveau de testostérone est observée dans le groupe GBH
(Pham et coll., 2019

). Enfin, l’exposition de la
lignée MA-10 (cellules de Leydig de souris) au Roundup
conduit à une inhibition de la stéroïdogenèse à une
concentration non cytotoxique alors que le glyphosate
n’a pas d’effet. Ce résultat illustre de nouveau la plus
forte toxicité des formulations et indique que des
agents ont une activité PE (Walsh et coll.,
2000

).
Qu’en est-il d’un effet du glyphosate ou
des GBH sur la fonction
de
reproduction ?
Des GBH ont été utilisés dans la majorité de ces études
d’où la question sur la contribution du glyphosate aux
perturbations constatées. En outre, les formulations
peuvent présenter des toxicités variables sans rapport
avec la concentration en glyphosate comme il a été
rapporté sur des systèmes invertébrés (Niemeyer et
coll., 2018

). Est-ce un effet spécifique
de certains coformulants, un effet mélange entre les
composés dont le glyphosate ? Ceci est à rapprocher de
publications plus anciennes indiquant que le mode
d’action PE pourrait ne pas être relié au seul principe
actif mais plutôt aux coformulants (Mesnage et coll.,
2013

; Defarge et coll.,
2016

). En fait, plusieurs études
rapportent à la fois des effets du glyphosate et des
GBH. L’étude de Manservisi et coll. dans laquelle des
rates sont exposées soit à 1,75 mg/kg pc/j de glyphosate
(pur à > 99,5 %) soit la formulation Roundup Bioflow
(41,5 % glyphosate) dans l’eau de boisson à partir du
6
e jour de gestation jusqu’à 120 jours
après la mise bas, montre que chaque traitement altère
le système endocrinien (avec certes des différences mais
aussi des points communs comme une modification de la
distance ano-génital chez les mâles) (Manservisi et
coll., 2019

).
De même, l’étude de Pham et coll. montre que l’exposition
de souris gestantes au Roundup 3 Plus ou au glyphosate
dans l’eau de boisson aux doses de 0,5 (correspondant à
la DJA), 5 et 50 mg/kg/j de E10,5 à 20 jours
post-partum, montre une diminution du nombre de
spermatozoïdes (Pham et coll.,
2019

).
En résumé, un mode d’action PE est observé suite à une
exposition aux GBH mais aussi au glyphosate à des doses
faibles, c’est-à-dire inférieures à 50 mg/kg/j (valeur
correspondant à la NOAEL chez le rat). Des effets
phénotypiques de PE par le GBH et le glyphosate sont
fortement suspectés à la suite des nombreuses études
menées sur la fonction androgénique et œstrogénique mais
avec des effets complexes, qui pourraient s’expliquer
par exemple pour les œstrogènes à la fois par leur
action sur l’aromatase (anti-œstrogénique) et par
l’hypersensibilisation à l’action de l’œstradiol
(pro-œstrogénique).
Effets intergénérationnels et modifications
épigénétiques
Les études épigénétiques permettent de déterminer les mécanismes
d’action modifiant de manière réversible, transmissible et
adaptative, l’expression des gènes sans en changer la séquence
nucléotidique (c’est-à-dire celle de l’ADN). Ce type de
modification par exemple au niveau d’un promoteur de gènes, peut
conduire à son extinction ou à l’inverse à son expression. Bien
que grandement débattue, la possibilité d’une transmission au
travers des générations de ce type de modifications, est de plus
en plus acceptée. Au niveau expérimental, il devient de plus en
plus fréquent de trouver des publications explorant l’effet d’un
contaminant utilisé pour traiter la génération 0 (et seulement
celle-ci) au stade gestationnel, au-delà de la
3e génération, qui n’a donc jamais vu le contaminant,
contrairement aux générations F1 (fœtus exposés) ou F2 (gamètes
du fœtus exposés). C’est dans ce contexte que les effets du
glyphosate et des GBH commencent à être explorés.
Une étude de 2018 montre que des rates (F0) exposées par voie
orale à 2 ou 200 mg/kg pc/j de glyphosate sous forme de GBH
(Magnum Super II contenant 66,2 % de glyphosate sel de
potassium) entre le 9
e jour de gestation et le jour
du sevrage (21 jours après la naissance) ne présentent pas
d’effet toxique aux deux doses testées sur les caractéristiques
reproductives (durée de gestation, taille de la portée, poids de
naissance...). L’exposition à 2 mg/kg pc/j de glyphosate de la
mère (F0) induit une anomalie de la fonction reproductive
(diminutions des sites d’implantation, fausses couches) pour la
génération F1. Dans la génération F2, sont observés des retards
de croissance fœtale et des anomalies du développement
(malformations fœtales) (Milesi et coll.,
2018

). Cette héritabilité suggère un effet inter-générationnel qui
pourrait s’expliquer par l’exposition au GBH
in utero
pour la génération F1, ou de leurs cellules germinales (pour la
génération F2) (figure 19.3

). Cependant, il aurait été intéressant dans cette étude
d’examiner la génération F3 afin de potentiellement identifier
des effets en absence d’exposition au GBH (des effets dits
« transgénérationnels »).
L’effet intergénérationnel laisse supposer une transmission
d’information épigénétique (c’est-à-dire n’impliquant pas
d’altération de la séquence de l’ADN) liée à l’exposition au
GBH. Les processus impliqués dans la régulation épigénétique
incluent les modifications post-traductionnelles des histones,
de la structure de la chromatine, la méthylation de l’ADN, les
ARN non codants et la méthylation des ARN. Trois études récentes
viennent étayer certains de ces mécanismes.
Dans l’objectif de mieux comprendre les mécanismes biologiques
sous-tendant ces résultats, les mêmes auteurs ont exposé des
rates gravides (F0) à 350 mg/kg pc/j de glyphosate (sous la
forme de GBH Magnum Super II) par voie orale pendant la
gestation et la lactation. Leurs descendants femelles (F1) ont
été accouplées et sacrifiées au 5
e jour de gestation
(stade préimplantatoire). Les utérus sont collectés et il est
observé une diminution de la méthylation du promoteur du ERα
ainsi que des modifications post-traductionnelles des histones
en parallèle d’une augmentation du niveau de messager de ERα
(Lorenz et coll., 2019

). Cette diminution de la méthylation
du promoteur du ERα pourrait conduire à une augmentation
d’expression du récepteur ce qui expliquerait l’augmentation de
sensibilité vis-à-vis des œstrogènes, phénomène décrit ci-dessus
bien que dans un autre contexte.
Des rates (F0) ont été exposées au glyphosate entre les jours 8
et 14 de gestation à une dose de 25 mg/kg pc/j par voie
intra-péritonéale. La F1 (exposition fœtale) produit une F2
(exposition des cellules germinales) laquelle engendre une
génération F3 (aucune exposition au glyphosate). Les différentes
générations sont euthanasiées à l’âge d’un an et l’analyse des
évènements épigénétiques des spermatozoïdes est conduite. Les
profils de méthylation de l’ADN (
Differentially Methylated
Regions ; DMR) sont différents pour les F1, F2 et F3 en
comparaison du contrôle F0. La majorité des DMR n’est pas
associée aux gènes, mais aux régions intergéniques. Parmi les
gènes associés aux DMR, ils sont majoritairement impliqués dans
la signalisation, le métabolisme, les récepteurs et les
cytokines (Kubsad et coll.,
2019

; Ben Maamar et coll., 2020

). Il n’est pas observé d’augmentation
de fréquence de pathologies pour les F0 et F1 alors que cette
fréquence augmente pour F2 et F3. Ce résultat suggère une
héritabilité épigénétique transgénérationnelle.
Le glyphosate induit une diminution globale de la méthylation de
l’ADN pour les lymphocytes périphériques exposés
in vitro
à 42,3 mg/l (0,25 mM) de glyphosate (Kwiatkowska et coll.,
2017

). Aux concentrations de 0,25 et 0,5 mM, le glyphosate
augmente la méthylation du promoteur de p53 sans changement pour
le promoteur de p16.
En résumé, un mode d’action épigénétique du glyphosate et des GBH
est observé dans plusieurs études dont une pour des valeurs
d’exposition inférieures à la NOAEL sur une dose d’exposition
courte.
Effets neurotoxiques
Il a été rapporté qu’une exposition aux GBH pouvait affecter le
développement et la physiologie de vertébrés (Dallegrave et
coll., 2007

; Paganelli et coll.,
2010

; Zhang et coll., 2017

). Parmi les perturbations induites
par le glyphosate, des altérations de l’homéostasie du système
nerveux central (SNC) et du comportement, sont discutées.
Des études récentes montrent ainsi que des GBH induisent une
altération de concentration de plusieurs neurotransmetteurs
comme la dopamine, la norépinephrine, la sérotonine ou le
glutamate dans différentes régions cérébrales telles que
l’hippocampe, la substance noire et le cortex préfrontal chez
des rongeurs (Hernandez-Plata et coll.,
2015

; Cattani et coll., 2017

; Gallegos et coll.,
2018

; Yu et coll., 2018

). Cependant les doses d’exposition
sont souvent élevées (> 50 mg/kg/j) et les effets du glyphosate
versus les GBH, sont rarement comparés dans la même
étude. Ainsi, Cattani et coll. ont montré un effet de stress
oxydant (déplétion du pool de glutathion réduit (GSH),
diminution de l’expression des GST et SOD dans les cellules de
l’hippocampe) affectant la neurotransmission cholinergique et
glutamatergique chez des rats (PND15 ou PND60) dont les mères
ont été exposées à 1 % GBH dans l’eau de boisson (correspondant
à 0,36 % de glyphosate soit 3 600 mg/l ; une souris de 35 g boit
environ 5 ml par jour donc elle est exposée à une dose de
18 mg/j ou 514 mg/kg/j) à partir du 5
e jour de
gestation jusqu’au jour 15 ou 60 après la mise bas (donc F1
exposés continuellement pendant la gestation et la durée de vie
via lactation et boisson) (Cattani et coll.,
2017

). Les effets neurotoxiques du GBH sont accompagnés d’un état
dépressif et d’une diminution de mobilité. Ceci permet de noter
que ces diminutions de concentrations des neurotransmetteurs
pourraient expliquer les déficits locomoteurs ou un syndrome
d’anxiété-dépression également observés dans d’autres études
récentes, chez des rongeurs exposés au glyphosate ou au GBH
(Bridges, 2016

; Ait Bali et coll.,
2017

; Cattani et coll., 2017

; Ait Bali et coll.,
2018

; Gallegos et coll., 2018

).
Par ailleurs, d’autres modèles sont désormais utilisés dans ce
domaine de la neurotoxicologie des GBH et du glyphosate. Ainsi,
Pereira et coll. ont montré chez le poisson zèbre qu’une
altération de la chaîne respiratoire mitochondriale (complexes I
et IV) de certains neurones était induite par une exposition au
glyphosate ou GBH (doses 0,065, 1,0 et 10,0 mg/l) (Pereira et
coll., 2018

). Il est largement accepté qu’un
stress oxydatif et/ou une perturbation de la physiologie
mitochondriale participent au développement de pathologies
neurodégénératives (Rugarli et Langer,
2012

). De manière cohérente avec ce constat, un effet
neurocomportemental est observé chez le poisson zèbre après
7 jours à la plus faible dose d’exposition de GBH (0,065 mg/l)
correspondant à une activité exploratoire seulement en surface
de l’aquarium en comparaison du groupe contrôle (Pereira et
coll., 2018

). Par ailleurs, chez des larves
(après 3 jours post-fertilisation) et des adultes exposés à
0,01, 0,065 et 0,5 mg/l de glyphosate ou Roundup pendant 96 h,
il est observé une diminution de la locomotion chez les adultes
(exposés à 0,5 mg/l de glyphosate et 0,065 ou 0,5 mg/l de
Roundup), une altération de la mémoire chez les adultes (exposés
à 0,5 mg/l de Roundup) et une diminution de la distance
interoculaire pour les larves (exposées à 0,5 mg/l de
glyphosate). De plus, l’exposition au glyphosate et Roundup
réduit le comportement agressif des adultes (Bridi et coll.,
2017

).
Logiquement, ces études se sont concentrées sur les effets du
glyphosate ou des GBH sur le développement du cerveau de la
descendance suite à une exposition périnatale en raison de la
neuroplasticité du SNC au cours du développement. Néanmoins,
récemment, une étude a considéré l’exposition de rates au
glyphosate ou Roundup 3 Plus à faible dose de glyphosate
(5 mg/kg pc/j soit le 1/10
ede la NOAEL) du
10
ejour de gestation jusqu’au 21
e jour
post-partum (PND21) (Dechartres et coll.,
2019

). Cette faible dose d’exposition affecte le comportement de
léchage de la mère ainsi que la neurogenèse en période
post-partum illustrée par une augmentation de la population de
neurones immatures post-mitotiques dans le gyrus denté dorsal.
Bien qu’un effet neurotoxique direct n’ait pas été démontré, il
est intéressant de noter que le glyphosate ou la formulation
modifient le rapport
Bacteroïdetes et
Firmicutes
du microbiote intestinal de la mère.
À propos des mécanismes inducteurs d’effets neurotoxiques, la
propriété chélatrice de métaux du glyphosate a très peu été
étudiée et pourrait contribuer à la neurotoxicité observée avec
différents modèles expérimentaux (Mertens et coll.,
2018

).
Ces effets neurotoxiques plus marqués avec le GBH en comparaison
du glyphosate, sont associés à une dysbiose du microbiote
intestinal. Le lien entre dysbiose du microbiote intestinal
(avec ces bactéries exprimant l’EPSPS) et de nombreuses
pathologies incluant le cancer et les maladies psychiatriques
(Galland, 2014

; Kosumi et coll.,
2018

) devraient inciter à tester plus en détail l’effet du
glyphosate sur les populations microbiennes.
Le glyphosate induit-il une dysbiose du
microbiote intestinal ?
Le glyphosate est utilisé chez les plantes pour son activité
inhibitrice de la voie shikimate, voie de biosynthèse qui est
retrouvée chez de nombreuses bactéries avec en conséquence un
effet potentiel sur les microbiotes animaux ou environnementaux.
Nous limiterons l’analyse aux microbiotes symbiotiques des
animaux et en particulier le microbiote intestinal.
Un essai de toxicité
in vitro du glyphosate sur le
microbiote des poules avait pour objectif d’évaluer son impact
sur les bactéries qui peuvent protéger de bactéries pathogènes
(Shehata et coll., 2013

). Les bactéries pathogènes comme
Salmonella enteritidis,
S. gallinarum,
S.
typhimurium,
Clostridium perfringens et
C.
botulinum sont résistantes au glyphosate. En revanche,
les bactéries protectrices comme
Enterococcus faecalis,
E. faecium,
Bacillus badius,
Bifidobacterium adolescentis et
Lactobacillus
spp. sont modérément ou hautement sensibles au
glyphosate. On peut donc poser l’hypothèse que le glyphosate en
perturbant l’équilibre du microbiote prédispose à des
pathologies en lien avec des dysbioses bactériennes.
Lors d’une fermentation
in vitro du microbiote du rumen de
bovin, il est observé l’induction d’une dysbiose par le
glyphosate laquelle favorise le développement de
Clostridium
botulinum (bactérie pathogène, résistante au glyphosate,
voir ci-dessus) et la production de la neurotoxine botulinique
dans le rumen (Ackermann et coll.,
2015

).
Sur les modèles rongeurs, l’exposition au Roundup Grand Travaux
Plus (450 g/l glyphosate) présent dans l’eau de boisson aux
doses de 50 ng/l (0,1 ppb), 100 mg/l (400 ppm) ou 2 250 mg/l
(5 000 ppm) induit une dysbiose du microbiote intestinal du rat
avec une augmentation de la famille
Bacteroïdetes et une
diminution de la famille
Lactobacillaceae (Lozano et
coll., 2018

). L’exposition des rats par voie
orale à 1,75 mg/kg/j de glyphosate à partir du
6
e jour de gestation jusqu’à 13 semaines n’altère pas
la survie des animaux, le poids ou le comportement alimentaire
(Panzacchi et coll., 2018

). Les mêmes résultats sont obtenus
pour une dose équivalente de glyphosate sous forme de Roundup
Bioflow (contenant 41,5 % de glyphosate sel d’isopropylamine),
ce qui correspondait, lors de la publication de l’étude, à la
dose chronique de référence (
Chronic Reference Dose)
établie par l’Agence de protection de l’environnement des
États-Unis. En revanche, pour le même schéma expérimental, si
des rates (F0) sont exposées à partir du 6
e jour de
gestation jusqu’au 125
e jour après les naissances
(PND125), les rats de la génération F1 présentent à PND31
(correspondant à la pré-puberté chez les humains) une
modification importante de la composition du microbiote
intestinal : le rapport
Bacteroïdetes/
Firmicutes
est augmenté avec le glyphosate et le Roundup Bioflow (Mao et
coll., 2018

). Cette augmentation de la
proportion de
Bacteroïdetes est cohérente avec l’étude de
Lozano et coll. Chez la souris, deux études montrent un effet
perturbateur du Roundup sur le microbiote intestinal associé à
un syndrome d’anxiété ou de dépression après exposition à des
doses élevées (250 et 500 mg/kg pc/j) (Ait Bali et coll.,
2017

; Ait Bali et coll., 2018

).
Ces effets rapportés sur des modèles animaux, mis en place pour
étudier des mécanismes en rapport avec la santé humaine, ne
doivent pas faire oublier la toxicité du glyphosate sur les
écosystèmes. En effet, il a été quelques fois mentionné un effet
toxique sur les insectes et tout particulièrement les abeilles.
Des abeilles ont été exposées par voie orale (sirop) au
glyphosate à 5 et 10 mg/l (Motta et coll.,
2018

), des doses qui correspondent à une exposition
environnementale (Herbert et coll.,
2014

). L’exposition au glyphosate pendant la colonisation précoce
de l’intestin augmente la mortalité des abeilles adultes
lorsqu’elles sont exposées à des pathogènes opportunistes (Motta
et coll., 2018

). Une exposition à une dose
sub-létale de Roundup (Roundup Original-glyphosate/nourriture
artificielle dans un rapport 2,16 mg/g) chez les nurses produit
des modifications ultrastructurales des glandes hypopharyngées,
une dégénérescence du réticulum endoplasmique et des changements
structuraux des mitochondries de ces cellules. Cet impact sur
l’histologie des glandes hypopharyngées a pour conséquence une
altération de production de gelée royale avec un effet sur le
développement et la survie des colonies d’abeilles (Faita et
coll., 2018

).
Enfin, les GBH pourraient ainsi favoriser la génération d’une
co-résistance de bactéries coliformes au glyphosate et aux
antibiotiques, une hypothèse récemment discutée (Kurenbach et
coll., 2015

; van Bruggen et coll.,
2018

). Cette hypothèse pose également la question d’un effet de
sélection de plantes adventices résistantes au glyphosate mais
aussi de modifications des microbiotes symbiotiques des plantes
et animaux.
Conclusion
Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé dans le monde et le
plus employé en France. Du fait de ses modalités et circonstances
d’application, l’absorption cutanée est considérée comme la
principale voie d’exposition chez les utilisateurs professionnels ou
non. Par ailleurs, la contamination des denrées alimentaires peut
entraîner l’exposition des consommateurs par voie orale. Le
glyphosate est très peu métabolisé dans l’organisme (moins de 1 %)
et il est éliminé dans les urines sous forme inchangée. Sans
potentiel d’accumulation notoire, sa demi-vie chez l’être humain est
estimée entre 5 et 10 h.
La quantification du glyphosate dans les urines représente la méthode
la plus appropriée pour estimer et suivre au cours du temps
l’exposition des populations. Néanmoins, cela exige des méthodes
analytiques rigoureuses (techniques d’extraction, de séparation et
de détection). Les concentrations urinaires fréquemment retrouvées
dans les populations exposées professionnellement ou en population
générale sont de l’ordre du µg/l. Ces valeurs sont inférieures d’un
facteur 100 à 1 000 à celles attendues pour une exposition chronique
correspondant à la DJA actuellement déterminée par l’Efsa, soit
0,5 mg/kg/j (Efsa, 2015a

). Pour autant, cette valeur de référence,
basée sur des données expérimentales chez l’animal de laboratoire,
ne permet pas d’exclure tout risque chez l’être humain, en
particulier lors d’expositions répétées et sur le long terme. C’est
ainsi que de nombreuses études épidémiologiques se sont intéressées
aux conséquences sanitaires des expositions professionnelles (et
dans une moindre mesure dans des circonstances d’exposition
résidentielles) à des préparations à base de glyphosate. Ces études
se sont intéressées à la survenue de pathologies tumorales et non
tumorales.
En 2013, l’expertise collective Inserm avait conclu que l’exposition
au glyphosate était associée à un excès de risque de lymphomes non
hodgkiniens (LNH) avec une présomption faible d’un lien s’agissant
des agriculteurs et une présomption de lien moyenne s’agissant des
populations exposées professionnellement sans distinction de leur
catégorie d’emploi. De nouvelles données ont été acquises depuis
2013. Le suivi de la cohorte AHS aux États-Unis n’a pas montré
d’associations entre le fait d’appliquer du glyphosate dans un cadre
professionnel et le risque de survenue de LNH ou de ses principaux
sous-types. Néanmoins, une méta-analyse publiée par le consortium
Agricoh, regroupant la cohorte AHS ainsi que deux autres cohortes de
travailleurs agricoles (AGRICAN en France et CNAP en Norvège) et
totalisant plus de 300 000 sujets dont 2 430 cas de LNH, a montré
une association statistiquement significative entre le risque de
survenue d’un lymphome diffus à grandes cellules B et l’exposition
au glyphosate. De ce fait, la présomption de lien entre l’exposition
au glyphosate et le risque de survenue de LNH a été considérée comme
moyenne quelle que soit la catégorie d’emploi (agriculteur ou
autres).
Concernant le myélome multiple, l’expertise collective Inserm 2013
n’avait pas pu établir de lien de présomption entre l’exposition au
glyphosate et le risque de survenue de cette pathologie car les
quelques études cas-témoins, françaises et nord-américaines, ainsi
que la cohorte AHS s’appuyait sur un nombre de cas limité.
Récemment, un nouveau suivi de la cohorte AHS n’a pas mis en
évidence d’association avec le myélome multiple. Cependant, une
méta-analyse reprenant des études cas-témoins antérieures y compris
certaines données issues de la cohorte AHS a montré un risque
augmenté, à la limite de la significativité statistique, chez des
agriculteurs exposés au glyphosate. Tenant compte de ces nouvelles
données, la présomption de lien au regard du risque de survenue du
myélome multiple est considérée comme faible (±). Elle repose sur un
faible niveau de preuves : risque élevé mais à la limite de la
significativité statistique dans une méta-analyse de trois études
cas-témoins et d’une cohorte.
Très peu d’informations étaient disponibles concernant l’exposition
au glyphosate et la survenue de lymphome de Hodgkin lors de
l’expertise collective Inserm de 2013. La littérature scientifique
publiée depuis cette date est peu abondante avec trois études dont
une méta-analyse (basée sur deux études cas-témoins antérieures) et
un suivi de la cohorte AHS. Aucune association entre l’exposition au
glyphosate et la survenue de lymphome de Hodgkin n’a été observée.
Au regard de ces résultats, aucune présomption de lien ne peut être
établie.
En 2013, l’expertise collective Inserm rapportait une seule étude
concernant l’exposition professionnelle au glyphosate et le risque
de survenue de leucémies. Cette étude, basée sur la cohorte AHS,
suggérait une augmentation du risque dans le deuxième tercile
d’exposition au glyphosate. De ce fait, aucune présomption de lien
n’a pu être établie et cette étude n’incluait pas les leucémies
aiguës myéloïdes. Depuis 2013, deux méta-analyses ont été publiées à
partir des données issues du consortium Agricoh et ont conclu à
l’absence d’association avec le risque de survenue de leucémie
lymphoïde chronique (LLC). Une troisième analyse a porté sur trois
études cas-témoins et a également conclu à l’absence d’association
avec la LLC. Deux des trois études cas-témoins ayant évalué le
risque de survenue de leucémie à tricholeucocytes (un sous-type de
LLC) ont montré une augmentation du risque, bien que non
significative, en lien avec l’exposition au glyphosate. Un suivi
récent de la cohorte AHS n’a pas confirmé la tendance à l’élévation
de risque de LLC mise en évidence antérieurement. Enfin, ce nouveau
suivi de l’étude AHS, à partir d’un nombre de cas limité, a pointé
pour la première fois une augmentation de risque, de plus du double,
de leucémie aiguë myéloïde chez les sujets les plus exposés, qui
n’atteignait pas la signification statistique. Tenant compte tout
particulièrement des derniers résultats de la cohorte AHS, la
présomption de lien entre l’exposition au glyphosate et le risque de
survenue de leucémies est considérée comme faible. Cette présomption
repose sur une seule étude bien faite (cohorte AHS), nécessitant
cependant d’être confirmée.
Le cancer de la prostate et le cancer de la vessie ont fait l’objet
d’études en lien avec l’exposition au glyphosate au sein de la
cohorte AHS. S’agissant du cancer de la prostate, les différents
suivis de la cohorte au cours du temps n’ont pas montré d’excès de
risque. Quant au cancer de la vessie, les auteurs ont constaté un
excès de risque mais non statistiquement significatif. Actuellement
et sur la base des études disponibles, il n’est pas possible
d’établir une présomption de lien entre l’exposition au glyphosate
et la survenue de cancers de la prostate et de la vessie.
Concernant les pathologies non tumorales, quelques études,
majoritairement au sein de la cohorte AHS, indiquent que
l’exposition professionnelle dans le secteur agricole à de multiples
pesticides, dont le glyphosate, est associée à un risque augmenté de
sifflements respiratoires (avec ou sans composante allergique) chez
les hommes agriculteurs et applicateurs industriels et d’asthme
allergique chez les conjointes applicatrices de pesticides. Compte
tenu du nombre limité d’études et du fait que les résultats reposent
principalement sur une seule cohorte (AHS), la présomption de lien
sur la santé respiratoire est qualifiée de faible.
D’autres travaux, provenant exclusivement de la cohorte AHS, ont
signalé un excès de risque d’hypothyroïdie chez les hommes
applicateurs de glyphosate, sans pouvoir mettre en évidence une
relation dose-effet. Chez les conjointes, elles-mêmes applicatrices
de glyphosate, aucune association avec le risque d’hypothyroïdie n’a
été observée.
Finalement, différentes études se sont intéressées à la survenue de
troubles anxio-dépressifs, de la maladie de Parkinson, de maladies
rénales chroniques d’étiologie inconnue chez l’adulte, à la durée de
grossesse, aux caractéristiques staturo-pondérales des nouveau-nés,
à des malformations congénitales ou à la survenue de troubles
neurocomportementaux chez le jeune enfant en lien avec une
exposition professionnelle ou résidentielle au glyphosate.
Cependant, la nature des études (écologiques), l’imprécision des
mesures d’exposition, les faibles effectifs ou l’incohérence des
conclusions, ne permettent pas à ce jour de conclure et donc
d’établir de présomption de lien avec une exposition au
glyphosate.
Qu’en est-il de la plausibilité biologique des associations
observées ? De nombreuses études expérimentales ont été réalisées et
celles-ci se sont intéressées au développement de pathologies
cancéreuses mais aussi non cancéreuses en regard des données
récentes en épidémiologie.
Le glyphosate a fait l’objet ces dernières années d’une focalisation
très importante et d’un débat au sujet de sa cancérogénicité. À
l’origine se trouvent les conclusions divergentes entre le Circ et
d’autres agences, nationales ou internationales, chargées du
classement et de la réglementation des substances chimiques. Ces
divergences de conclusions s’expliquent en grande partie par les
différentes approches et critères employés.
S’agissant des essais de cancérogénicité chez l’animal de laboratoire
tout comme des études de mutagénicité, le niveau de preuve est
relativement limité. Cependant, de nombreuses études mettent en
évidence des dommages génotoxiques (cassures de l’ADN ou
modifications de sa structure). Ces dommages, s’ils ne sont pas
réparés sans erreur par les cellules, peuvent conduire à
l’apparition de mutations et déclencher ainsi un processus de
cancérogenèse. De tels effets sont cohérents avec l’induction
directe ou indirecte d’un stress oxydant par le glyphosate, observée
chez différentes espèces et systèmes cellulaires, parfois à des
doses d’exposition compatibles avec celles auxquelles les
populations peuvent être confrontées.
Au-delà de la capacité du glyphosate à induire la production
d’espèces réactives de l’oxygène, d’autres caractéristiques
toxicologiques ont été décrites. Le glyphosate est utilisé pour
bloquer la synthèse des acides aminés chez les plantes. Son mode
d’action principal repose sur le blocage d’une enzyme essentielle
exprimée par les plantes mais aussi par les champignons et certaines
bactéries. Contrairement à ces organismes, les animaux et l’être
humain ne possèdent pas le gène codant cette enzyme. Or, des études
expérimentales suggèrent des effets délétères en lien avec un
mécanisme de perturbation endocrinienne, une toxicité mitochondriale
(mitotoxicité associée à des perturbations comportementales dans des
modèles comme le poisson zèbre), une activation des voies
œstrogéniques sans liaison aux récepteurs de l’œstradiol ou une
altération de la stéroïdogenèse. De nouvelles études publiées depuis
2013, qui demanderont à être confirmées, indiquent également une
dérégulation de la concentration de neurotransmetteurs (compatibles
avec des altérations comportementales), mais aussi du microbiote du
système digestif chez plusieurs espèces animales (dont l’humain),
cible logique du glyphosate puisque certaines bactéries expriment
l’enzyme ciblée chez les plantes. De tels mécanismes mériteraient
d’être approfondis et davantage pris en considération dans les
procédures d’évaluation réglementaires.
La question environnementale et ses retentissements indirects sur la
santé humaine via l’hypothèse d’un effet de l’utilisation du
glyphosate sur les écosystèmes et leur régulation dépassent le cadre
de cette expertise. Elle mériterait d’être abordée dans le cadre de
l’approche intégrée et systémique « One Health » et devrait
être intégrée par les décideurs au même titre que les aspects
sociaux et économiques pour la prise de décision.
Tableau 19.IV Comparaison des analyses entre le Circ et le
BfR/Efsa/Echa sur les tests de cancérogenèse chez les
rongeurs1
Références Souche, sexe,
durée
|
Substance et
doses2
|
Résultats3
|
Analyse des données par le
Circ
|
Analyse des données par le
BfR/Efsa/Echa
|
Études chez la
souris
|
Knezevich et Hogan,
1983  (EPA,
1985a  ; EPA,
1985b  ; EPA,
1986  ; EPA,
1991d  ) CD-1 ; (M/F) ;
24 mois ; TOX9552381 (Monsanto)
|
Glyphosate (99,7 %) à 0, 1 000, 5 000,
30 000 ppm (égal à 0, 157/190, 814/955,
4 841/5 874 mg/kg pc/j) ; exposition voie orale
(croquettes)
|
Mâles : adénome tubulaire rénal (0/49,
0/49, 1/50, 3/50 animaux) ; pas de données sur le
rein pour les femelles Réexamen des coupes
(EPA, 1986  ) : adénome tubulaire rénal
(1/49, 0/49, 0/50, 1/50 animaux) [NS] ; carcinome
rénal (0/49, 0/49, 1/50,
2/50 animaux) [p = 0,037] ; adénome tubulaire ou
carcinome rénal combiné (1/49, 0/49, 1/50,
3/50 animaux) [p = 0,034]
|
Le rapport des pathologistes en 1986
confirme l’absence d’augmentation d’incidence en
comparant les groupes traités au contrôle ;
cependant le test de tendance donne une valeur de
p = 0,016.
|
Analyse par paires résultat négatif.
Contrôles historiques pour adénome ou carcinome
rénal valeur jusqu’à 6 %. Toxicité ne peut être
exclue à forte dose. Tumeur rénale résultat
considéré comme négatif
|
Atkinson et coll.,
1993a  (JMPR,
2006  ) CD-1 ; (M/F) ;
24 mois ; TOX9552382 (Cheminova)
|
Glyphosate (98,6 %) à 0, 100, 300,
1 000 ppm ; exposition voie orale
(croquettes)
|
Mâles : hémangiosarcome (0/50, 0/50,
0/50, 4/50) ; histiosarcome dans tissu
hématopoïétique (0/50, 2/50, 0/50, 2/50) ;
lymphome (4/50, 2/50, 1/50, 6/50) Femelles :
hémangiosarcome (0/50, 2/50, 0/50, 1/50) ;
histiosarcome dans tissu hématopoïétique (0/50,
3/50, 3/50, 1/50) ; lymphome (14/50, 12/50, 9/50,
13/50)
|
Test de tendance p < 0,001 pour
hémangiosarcome chez les mâles (non significatif
pour les femelles et les autres tumeurs chez les
deux sexes)
|
Analyse par paires résultat négatif.
L’incidence basale pour l’hémangiosarcome est de
12 % si tous les organes sont considérés.
L’incidence observée relève d’un effet spontané
non relié au traitement.
|
George et coll.,
2010
Swiss ; (M) ;
32 semaines ; ASB2012-11829, étude
initiation-promotion
|
GBH (Roundup Original : 41 %
glyphosate, 15 % POEA) ; 25 mg/kg pc ; exposition
cutanée
|
Tumeurs cutanées (papillomes) :
contrôles : 0/20 ; GBH (3 fois par semaine) :
0/20 ; GBH (1 ou 9 doses) puis TPA : 0/20 ; DMBA
puis GBH (3 fois par semaine) : 8/20
|
Durée de traitement courte, pas de
contrôle des solvants, pas d’évaluation
histopathologique, âge de début d’expérimentation
non renseigné. Conclusion : étude non
pertinente
|
Étude inadéquate pour tester un effet
carcinogène du glyphosate
|
Wood et coll.,
2009b
CD-1 ; (M/F) ;
18 mois ; ASB2012-11492 (Nufarm)
|
Glyphosate (95,7 %) : 0, 500, 1 500,
5 000 ppm (égal à 71/98 ; 234/299 ;
810/1 081 mg/kg pc/j) ; exposition voie
orale
|
Pas d’augmentation d’incidence de
tumeur, cependant mâles : lymphome : (0/51, 1/51,
2/51, 5/51) ; femelles : lymphome : (11/51, 8/51,
10/51, 11/51)
|
Analyse réalisée pour le Circ par un
expert externe a conclu à une association
significative pour les mâles (p = 0,004) ; étude
non considérée
|
Résultat négatif
|
Kumar,
2001
Swiss albino ; (M/F) ;
18 mois ; ASB2012-11491 (ADAMA)
|
Glyphosate (95,14 %) : 0, 100, 1 000,
10 000 ppm (égal à 15 ; 151 ; 1 460 mg/kg pc/j
pour les mâles et femelles)
|
Augmentation d’incidence de lymphome à
dose élevée chez les mâles, modification
histologique de l’estomac ; mâles : lymphome
(10/50, 15/50, 16/50, 19/50) ; femelles : lymphome
(18/50, 20/50, 19/50, 25/50)
|
Analyse réalisée pour le Circ par un
expert externe a conclu à une association
significative pour les mâles (p = 0,05) ; étude
non considérée
|
Tenant compte des contrôles historiques
(18 à 27 % de lymphomes chez les mâles, voire
jusqu’à 50 % mais l’étude rapporte cette valeur à
une infection virale de la souche « CFW Swiss »),
quelques indications de cancérogenèse mais non
suffisante pour être prise en compte pour une
classification
|
Sugimoto,
1997
CD-1 ; (M/F) ;
18 mois ; ASB2012-11493 (Arysta)
|
Glyphosate (97,56 % et 94,61 %) : 0,
1 600, 8 000, 40 000 ppm (égal à 165/153 ;
838/787 ; 4 348/4 116 mg/kg pc/j)
|
Pas de réponse positive en
cancérogénicité ; mâles : lymphome (2/50, 2/50,
0/50, 6/50) ; femelles : lymphomes (6/50, 4/50,
8/50, 7/50)
|
Étude non considérée
|
Résultat négatif
|
Études chez le rat
|
Séralini et coll.,
2014
Sprague-Dawley ;
(M/F) ; 24 mois
|
GBH : 0, 1,1 x 10-8 %,
0,09 %, 0,5 % (égal à 0, 50 ng/l, 400 mg/l,
2,25 g/l glyphosate) ; exposition par l’eau de
boisson
|
Mâles : pas d’augmentation d’incidence
de tumeurs ; femelles : tumeurs mammaires (5/10,
9/10, 10/10, 9/10), anomalies hypophysaires (6/10,
8/10, 7/10, 7/10)
|
Pas d’information sur la composition de
la formulation, histopathologie peu décrite et non
discutée, nombre d’animaux trop faible.
Conclusion : étude non pertinente
|
Taille des groupes trop faible (10 M et
10 F), non pris en compte dans l’évaluation
CLP
|
Chruscielska et coll.,
2000
Wistar ; (M/F) ;
24 mois
|
Glyphosate (sel d’ammonium) : 0, 300,
900, 2 700 mg/l ; exposition par l’eau de
boisson
|
Pas d’augmentation d’incidence de
tumeurs (55 M et 55 F)
|
Peu d’information sur les régimes,
l’histopathologie et l’incidence des
tumeurs
|
Sel testé et non l’acide, protocole
discutable, non pris en compte dans l’évaluation
CLP
|
Milburn,
1996  (JMPR,
2006  ) Wistar ; (M/F) ;
12 mois
|
Glyphosate (95,6 %) : 0, 2 000, 8 000,
20 000 ppm ; exposition voie orale
(croquettes)
|
Pas d’augmentation d’incidence de
tumeurs (24 M et 24 F)
|
Durée limitée d’exposition
|
Pas mentionnée
|
Atkinson et coll.,
1993b  (JMPR,
2006  ) Sprague-Dawley ;
(M/F) ; 24 mois ; TOX9750499
(Cheminova)
|
Glyphosate (98,7 % et 98,9 %) : 0, 10,
100, 300, 1 000 mg/kg pc/j ; exposition voie orale
(croquettes)
|
Pas d’augmentation d’incidence de
tumeurs
|
Résultat négatif
|
Résultat négatif
|
Brammer,
2001  (JMPR,
2006  ) Wistar ; (M/F) ;
24 mois ; ASB2012-11488 (Syngenta)
|
Glyphosate (97,6 %) : 0, 2 000, 6 000,
20 000 ppm ; exposition voie orale
(croquettes)
|
Pas d’augmentation d’incidence de
tumeurs
|
Résultat négatif
|
Résultat négatif
|
Stout et Ruecker,
1990  (EPA,
1991d  ; EPA,
1991b  ; EPA,
1991c  ; EPA,
1991a  ) Sprague-Dawley ;
(M/F) ; 24 mois ; TOX9300244
(Monsanto)
|
Glyphosate (96,5 %) : 0, 2 000, 8 000,
20 000 ppm ; exposition voie orale
(croquettes)
|
Mâles : adénome pancréatique (1/58,
8/57, 5/60, 7/59), carcinome pancréatique (1/58,
0/57, 0/60, 0/59), adénome et carcinome combinés
(2/58, 8/57, 5/60, 7/59), adénome hépatique (2/60,
2/60, 3/60, 7/60), carcinome hépatique (3/60,
2/60, 1/60, 2/60) Femelles : adénome
pancréatique (5/60, 1/60, 4/60, 0/59), carcinome
pancréatique (0/60, 0/60, 0/60, 0/59), adénome et
carcinome combinés (5/60, 1/60, 4/60, 0/59),
adénome thyroïdien (2/60, 2/60, 6/60, 7/60) et
carcinome thyroïdien (0/60, 0/60, 1/60,
0/60)
|
Contrôles historiques adénome
pancréatique 1,8 à 8,5 % Analyses statistiques
additionnelles (EPA,
1991a  ) : mâles : adénome
pancréatique p < 0,05, test de tendance
p = 0,016, pas de progression vers carcinome ;
adénome hépatique test de tendance p = 0,016, pas
de progression vers carcinome ; femelles : adénome
thyroïdien test de tendance p = 0,031, pas
d’évolution vers carcinome
|
Résultat positif pour tumeur du
pancréas considéré comme fortuit à faible dose.
Adénome hépatique chez le rat et de la thyroïde
chez les femelles mais sans évolution vers le
carcinome
|
Lankas,
1981  (EPA,
1991d  ; EPA,
1991b  ; EPA,
1991c  ; EPA,
1991a  ) Sprague-Dawley ;
(M/F) ; 26 mois ; TOX2000-595 et TOX2000-1997
(Monsanto)
|
Glyphosate (98,7 %) : 0, 30, 100,
300 ppm ; exposition voie orale
(croquettes)
|
Mâles : adénome pancréatique (0/50,
5/49, 2/50, 2/50), carcinome pancréatique (0/50,
0/49, 0/50, 1/50), adénome et carcinome combinés
0/50, 5/49, 2/50, 3/50) Femelles : adénome
pancréatique (2/50, 1/50, 1/50, 0/50), carcinome
pancréatique (0/50, 1/50, 1/50, 1/50), adénome et
carcinome combinés (2/50, 2/50, 2/50,
1/50)
|
Absence de tendance positive
d’incidence de tumeur pancréatique et absence
d’évolution vers un carcinome mais augmentation
dans un des groupes de mâles (30 ppm, test Fisher
exact p < 0,05)
|
Pas d’augmentation incidence de
tumeur
|
Wood et coll.,
2009a
Wistar ; (M/F) ; 24
mois ; ASB2012-11490 (Nufarm)
|
Glyphosate (95,7 %) : 0, 1 500, 5 000,
15 000 ppm avec augmentation jusqu’à 24 000 ppm
(égal à 86/105, 285/349, et 1 077/1 382 mg/kg
pc) ; exposition voie orale
(croquettes)
|
Pas d’augmentation incidence de
tumeur
|
Étude non considérée
|
Résultat négatif
|
Enomoto,
1997
Sprague-Dawley ;
(M/F) ; 24 mois ; ASB2012-11484
(Arysta)
|
Glyphosate (94,61 % et 97,56 %) : 0,
3 000, 10 000, 30 000 ppm (égal à 104/115,
354/393, 1 127/1 247 mg/kg) ; exposition voie
orale (croquettes)
|
Pas d’augmentation incidence de
tumeur
|
Étude non considérée
|
Résultat négatif
|
Suresh,
1996
Wistar ; (M/F) ; 24
mois ; TOX9651587 (ADAMA)
|
Glyphosate (96,0 % et 96,8 %) : 0, 100,
1 000, 10 000 ppm (égal à 6,3/8,6, 59,4/88,5,
595,2/886 mg/kg) ; exposition voie orale
(croquettes)
|
Pas d’augmentation d’incidence de
tumeurs
|
Étude non considérée
|
Résultat négatif
|
1 : les données dans ce tableau
récapitulatif proviennent d’une analyse des approches
réglementaires (Clausing et coll.,
2018
) et des rapports sur le glyphosate publiés par des agences
nationales et européennes (BfR,
2015a
; BfR, 2015b
; Efsa,
2015b
; EPA, 2017
; IARC,
2017
). Les références des études non publiées des industriels sont
fournies par souci de clarté.
2 : les doses
séparées par une barre oblique sont les données pour les mâles
et les femelles.
3 : les chiffres séparés par une
barre oblique correspondent, pour chaque groupe d’exposition, au
nombre d’animaux démontrant la pathologie par rapport au
total.
Abréviations : CLP : classification, l’étiquetage et
l’emballage des substances et mélanges (Classification,
Labelling and Packaging) ; DMBA :
7,12-diméthylbenz[a]anthracène ; GBH : Glyphosate-based
herbicide ; JMPR : Joint Meeting on Pesticide
Residues de l’Organisation pour l’alimentation et
l’agriculture des Nations Unies et de l’Organisation mondiale de
la santé ; POEA : polyoxyéthylène amine ; TPA :
12-O-tétradécanoylphorbol-13-acétate.
Références
• Étude industrielle pour les dossiers d’évaluations
réglementaires
•• Étude financée par un industriel des phytosanitaires
••• Un ou plusieurs auteurs sont affiliés à une industrie des
phytosanitaires
•••• Étude où un lien d’intérêt a été identifié
[1] Abramov AY, Smulders-Srinivasan TK, Kirby DM, et al . Mechanism of neurodegeneration of neurons
with mitochondrial DNA mutations.
Brain. 2010;
133:797
-807
[2] Ackermann W, Coenen M, Schrödl W, et al . The influence of glyphosate on the
microbiota and production of botulinum neurotoxin during
ruminal fermentation.
Curr Microbiol. 2015;
70:374
-82
[3] Acquavella JF, Alexander BH, Mandel JS, et al . Glyphosate biomonitoring for farmers and
their families: results from the Farm Family Exposure
Study.
Environ Health Perspect. 2004;
112:321
-6

•••
[4]ACTA. Index ACTA phytosanitaire
2019 :.
Acta Éditions;
2019.
1040 p.
[5]Afssa. Saisine n
o 2004-SA-0069 : Avis
de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments
relatif à l’évaluation des risques sanitaires liés au
dépassement de la limite de qualité des pesticides dans
les eaux destinées à la consommation
humaine.
Maisons-Alfort:Afssa;
2007;
31 p. consulté le 13/01/20 :
https://www.anses.fr/fr/system/files/EAUX2004sa0069.pdf.
[6] Ait Bali Y, Ba-M’hamed S, Elhidar N, et al . Glyphosate based- herbicide exposure
affects gut microbiota, anxiety and depression-like
behaviors in mice.
Neurotoxicol Teratol. 2018;
67:44
-9
[7] Ait Bali Y, Ba-Mhamed S, Bennis M. Behavioral and immunohistochemical study
of the effects of subchronic and chronic exposure to
glyphosate in mice.
Front Behav Neurosci. 2017;
11: 146p.
[8] Alleva R, Manzella N, Gaetani S, et al . Organic honey supplementation reverses
pesticide-induced genotoxicity by modulating DNA damage
response.
Mol Nutr Food Res. 2016;
60:2243
-55
[9] Altamirano GA, Delconte MB, Gomez AL, et al . Postnatal exposure to a glyphosate-based
herbicide modifies mammary gland growth and development
in Wistar male rats.
Food Chem Toxicol. 2018;
118:111
-8
[10] Alvarez-Moya C, Silva MR, Ramirez CV, et al . Comparison of the in vivo and in vitro
genotoxicity of glyphosate isopropylamine salt in three
different organisms.
Genet Mol Biol. 2014;
37:105
-10
[11] Alvarez-Moya C, Silva MR, Arambula AR, et al . Evaluation of genetic damage induced by
glyphosate isopropylamine salt using Tradescantia
bioassays.
Genet Mol Biol. 2011;
34:127
-30
[12] Andreotti G, Koutros S, Hofmann JN, et al . Glyphosate use and cancer incidence in
the Agricultural Health Study.
J Natl Cancer Inst. 2018;
110:509
-16
[13] Anifandis G, Katsanaki K, Lagodonti G, et al . The effect of glyphosate on human sperm
motility and sperm DNA fragmentation.
Int J Environ Res Public
Health. 2018a;
15: 1117p.
[14] Anifandis G, Amiridis G, Dafopoulos K, et al . The in vitro impact of the herbicide
Roundup on human sperm motility and sperm
mitochondria.
Toxics. 2018b;
6: 2p.
[15]Anses. E-phy, le catalogue des produits
phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières
fertilisantes et des supports de culture autorisés en
France.
2019a;
consulté le 11/11/19 :
https://ephy.anses.fr/.
[18] Atkinson C, Martin T, Hudson P, et al . Glyphosate: 104 week combined chronic
feeding/oncogenicity study in rats with 52 week interim
kill (results after 104 weeks.). Inveresk Research
International, Tranent, Scotland. Submitted to WHO by
Cheminova A/S, Lemvig, Denmark. report No. 7867, IRI
project No. 438623, dated 7 April 1993,
[unpublished].
1993a.

•
[19] Atkinson C, Strutt A, Henderson W, et al . Glyphosate: 104 week dietary
carcinogenicity study in mice. Inveresk Research
International, Tranent, Scotland. Submitted to WHO by
Cheminova A/S, Lemvig, Denmark.MRID 49631702. IRI
project No. 438618, Report No. 7793 dated 12 April 1991,
[unpublished].
1993b.

•
[20]ATSDR. Toxicological profile for glyphosate :
draft for public comment [Internet]:.
Agency for Toxic Substances and Disease
Registry, U.S. Department of Health and Human Services,
Public Health Service.
2019;
257 p. consulté le 13/01/20 :
https://www.atsdr.cdc.gov/toxprofiles/tp214.pdf.
[21] Bailey DC, Todt CE, Burchfield SL, et al . Chronic exposure to a
glyphosate-containing pesticide leads to mitochondrial
dysfunction and increased reactive oxygen species
production in Caenorhabditis elegans.
Environ Toxicol Pharmacol. 2018;
57:46
-52
[22] Barr DB, Thomas K, Curwin B, et al . Biomonitoring of exposure in farmworker
studies.
Environ Health Perspect. 2006;
114:936
-42

•••
[23] Barr DB, Wilder LC, Caudill SP, et al . Urinary creatinine concentrations in the
U.S. population: implications for urinary biologic
monitoring measurements.
Environ Health Perspect. 2005;
113:192
-200
[25] Ben Maamar M, Beck D, Nilsson EE, et al . Epigenome-wide association study for
glyphosate induced transgenerational sperm DNA
methylation and histone retention epigenetic biomarkers
for disease.
Epigenetics. 2020;
1
-18
[26] Benachour N, Sipahutar H, Moslemi S, et al . Time- and dose-dependent effects of
Roundup on human embryonic and placental
cells.
Arch Environ Contam Toxicol. 2007;
53:126
-33
[27] Benbrook CM. Why regulators lost track and control of
pesticide risks: lessons from the case of
glyphosate-based herbicides and genetically
engineered-crop technology.
Curr Environ Health Rep. 2018;
5:387
-95
[28] Benbrook CM. Trends in glyphosate herbicide use in the
United States and globally.
Environ Sci Eur. 2016;
28: 3p.
[29] Benito-León J, Louis ED, Villarejo-Galende A, et al . Under-reporting of Parkinson’s disease on
death certificates: a population-based study
(NEDICES).
J Neurol Sci. 2014;
347:188
-92
[30] Bernal J, Martin MT, Soto ME, et al . Development and application of a liquid
chromatography-mass spectrometry method to evaluate the
glyphosate and aminomethylphosphonic acid dissipation in
maize plants after foliar treatment.
J Agric Food Chem. 2012;
60:4017
-25
[33] Bohn T, Cuhra M, Traavik T, et al . Compositional differences in soybeans on
the market: glyphosate accumulates in Roundup Ready GM
soybeans.
Food Chem. 2014;
153:207
-15
[34] Bolognesi C, Bonatti S, Degan P, et al . Genotoxic activity of glyphosate and its
technical formulation Roundup.
J Agric Food Chem. 1997;
45:1957
-62
[35] Botero-Coy AM, Ibáñez M, Sancho JV, et al . Improvements in the analytical
methodology for the residue determination of the
herbicide glyphosate in soils by liquid chromatography
coupled to mass spectrometry.
J Chromatogr A. 2013;
1292:132
-41
[36] Brammer A. Glyphosate acid: two year dietary toxicity
and oncogenicity study in rats. Zeneca Agrochemicals,
Central Toxicology Laboratory, Alderley Park,
Macclesfield, Cheshire, England. Submitted to WHO by
Syngenta Crop Protection AG, Basel, Switzerland report
No. CTL/PR1111, study No. PR1111, dated 15 March 2001,
[Unpublished].
2001;

•
[37] Bridges RS. Long-term alterations in neural and
endocrine processes induced by motherhood in
mammals.
Horm Behav. 2016;
77:193
-203
[38] Bridi D, Altenhofen S, Gonzalez JB, et al . Glyphosate and Roundup((R)) alter
morphology and behavior in zebrafish.
Toxicology. 2017;
392:32
-9
[39] Byer JD, Struger J, Sverko E, et al . Spatial and seasonal variations in
atrazine and metolachlor surface water concentrations in
Ontario (Canada) using ELISA.
Chemosphere. 2011;
82:1155
-60
[40] Byer JD, Struger J, Klawunn P, et al . Low cost monitoring of glyphosate in
surface waters using the ELISA method: an
evaluation.
Environ Sci Technol. 2008;
42:6052
-7
[41] Caballero M, Amiri S, Denney JT, et al . Estimated residential exposure to
agricultural chemicals and premature mortality by
Parkinson’s disease in Washington
State.
Int J Environ Res Public
Health. 2018;
15: 2885p.
[42] Cai W, Ji Y, Song X, et al . Effects of glyphosate exposure on sperm
concentration in rodents: A systematic review and
meta-analysis.
Environ Toxicol Pharmacol. 2017;
55:148
-55
[43] Camacho A, Mejía D. The health consequences of aerial
spraying illicit crops: The case of
Colombia.
J Health Econ. 2017;
54:147
-60
[44] Cattani D, Cesconetto PA, Tavares MK, et al . Developmental exposure to
glyphosate-based herbicide and depressive-like behavior
in adult offspring: Implication of glutamate
excitotoxicity and oxidative stress.
Toxicology. 2017;
387:67
-80
[45] Chang ET, Delzell E. Systematic review and meta-analysis of
glyphosate exposure and risk of lymphohematopoietic
cancers.
J Environ Sci Health B. 2016;
51:402
-34

••
[46] Chereau S, Rogowsky P, Laporte B, et al . Rat feeding trials: A comprehensive
assessment of contaminants in both genetically modified
maize and resulting pellets.
Food Chem Toxicol. 2018;
121:573
-82
[47] Chevrier C, Limon G, Monfort C, et al . Urinary biomarkers of prenatal atrazine
exposure and adverse birth outcomes in the PELAGIE birth
cohort.
Environ Health Perspect. 2011;
119:1034
-41
[48] Chevrier C, Petit C, Limon G, Monfort C, et al . Biomarqueurs urinaires d’exposition aux
pesticides des femmes enceintes de la cohorte Pélagie
réalisée en Bretagne (2002-2006).
Bull Epidemiol Hebd (Paris). 2009;
23p.
[49] Chruscielska K, Brzezinski J, Kita K, et al . Glyphosate – evaluation of chronic
activity and possible far-reaching effects: Part 1.
Studies on chronic toxicity.
Pestycydy (Warsaw). 2000;
11
-20
[50] Clausing P, Robinson C, Burtscher-Schaden H. Pesticides and public health: an analysis
of the regulatory approach to assessing the
carcinogenicity of glyphosate in the European
Union.
J Epidemiol Community Health. 2018;
72: 668p.
[51] Clegg BS, Stephenson GR, Hall JC. Development of an enzyme-linked
immunosorbent assay for the detection of
glyphosate.
J Agric Food Chem. 1999;
47:5031
-7
[53] Connolly A, Coggins MA, Galea KS, et al . Evaluating glyphosate exposure routes and
their contribution to total body burden: a study among
amenity horticulturalists.
Ann Work Expo Health. 2019a;
63:133
-47
[54] Connolly A, Jones K, Basinas I, et al . Exploring the half-life of glyphosate in
human urine samples.
Int J Hyg Environ Health. 2019b;
222:205
-10
[55] Connolly A, Basinas I, Jones K, et al . Characterising glyphosate exposures among
amenity horticulturists using multiple spot urine
samples.
Int J Hyg Environ Health. 2018;
221:1012
-22
[56] Connolly A, Jones K, Galea KS, et al . Exposure assessment using human
biomonitoring for glyphosate and fluroxypyr users in
amenity horticulture.
Int J Hyg Environ Health. 2017;
220:1064
-73
[57] Conrad A, Schroter-Kermani C, Hoppe HW, et al . Glyphosate in German adults – Time trend
(2001 to 2015) of human exposure to a widely used
herbicide.
Int J Hyg Environ Health. 2017;
220:8
-16
[58] Conti CL, Barbosa WM, Simao JBP, et al . Pesticide exposure, tobacco use, poor
self-perceived health and presence of chronic disease
are determinants of depressive symptoms among coffee
growers from Southeast Brazil.
Psychiatry Res. 2018;
260:187
-92
[59] Curwin BD, Hein MJ, Sanderson WT, et al . Urinary pesticide concentrations among
children, mothers and fathers living in farm and
non-farm households in Iowa.
Ann Occup Hyg. 2006;
51:53
-65
[60] Dallegrave E, Mantese FD, Oliveira RT, et al . Pre- and postnatal toxicity of the
commercial glyphosate formulation in Wistar
rats.
Arch Toxicol. 2007;
81:665
-73
[61] Dallegrave E, Mantese FD, Coelho RS, et al . The teratogenic potential of the
herbicide glyphosate-Roundup
® in Wistar
rats.
Toxicol Lett. 2003;
142:45
-52
[62] De Araujo JSA, Delgado IF, Paumgartten FJR. Glyphosate and adverse pregnancy
outcomes, a systematic review of observational
studies.
BMC Public Health. 2016;
16: 472p.
[63] De Liz Oliveira Cavalli VL, Cattani D, Heinz Rieg CE, et al . Roundup disrupts male reproductive
functions by triggering calcium-mediated cell death in
rat testis and Sertoli cells.
Free Radic Biol Med. 2013;
65:335
-46
[64] De Marco A, Simone C de, Raglione M, et al . Importance of the type of soil for the
induction of micronuclei and the growth of primary roots
of Vicia faba treated with the herbicides atrazine,
glyphosate and maleic hydrazide.
Mutation Research/Genetic
Toxicology. 1992;
279:9
-13
[65] de Roos AJ, Blair A, Rusiecki JA, et al . Cancer incidence among glyphosate-exposed
pesticide applicators in the Agricultural Health
Study.
Environ Health Perspect. 2005;
113:49
-54
[66] Dechartres J, Pawluski JL, Gueguen MM, et al . Glyphosate and glyphosate-based herbicide
exposure during the peripartum period affects maternal
brain plasticity, maternal behaviour and
microbiome.
J Neuroendocrinol. 2019;
31: e12731p.
[67] Defarge N, Takacs E, Lozano VL, et al . Co-Formulants in glyphosate-based
herbicides disrupt aromatase activity in human cells
below toxic levels.
Int J Environ Res Public
Health. 2016;
13: 264p.
[68] Dereumeaux C, Guldner L, Saoudi A, et al . Imprégnation des femmes enceintes par les
polluants de l’environnement en France en 2011 : Volet
périnatal du programme national de biosurveillance mis
en œuvre au sein de la cohorte Elfe. Tome 1 : polluants
organiques.
Saint-Maurice: France.
Institut de veille
sanitaire;
2016;
261 p.
[69] Douwes J, ’t Mannetje A, McLean D, et al . Carcinogenicity of glyphosate: why is New
Zealand’s EPA lost in the weeds?.
N Z Med J. 2018;
131:82
-9
[70]Echa. CLH report for glyphosate. Proposal for
harmonised classification and labelling. Substance name:
N-(phosphonomethyl)glycine ;
Glyphosate(ISO).
2016.
169 p.
[71]Efsa. Review of the existing maximum residue
levels for glyphosate according to Article 12 of
Regulation (EC) No 396/2005 – revised version to take
into account omitted data.
EFSA J. 2019a;
17: 5862p.
[72]Efsa. Scientific report on the 2017 European
Union report on pesticide residues in
food.
EFSA J. 2019b;
17: 5743p.
[73]Efsa. Conclusion on the peer review of the
pesticide risk assessment of the potential endocrine
disrupting properties of glyphosate.
EFSA J. 2017;
15: 4979p.
[74]Efsa. Conclusion on the peer review of the
pesticide risk assessment of the active substance
glyphosate.
EFSA J. 2015a;
13: 4302p.
[75]Efsa. Peer Review Report on
glyphosate.
2015b;
1929 p.
[76] Elbaz A, Clavel J, Rathouz PJ, et al . Professional exposure to pesticides and
Parkinson disease.
Ann Neurol. 2009;
66:494
-504
[77] El-Zaemey S, Schinasi LH, Ferro G, et al . Animal farming and the risk of
lymphohaematopoietic cancers: a meta-analysis of three
cohort studies within the AGRICOH
consortium.
Occup Environ Med. 2019;
76:827
-37
[78] Enomoto A. HR-001: 24-month oral chronic toxicity and
oncogenicity study in rats, The Institute of
Environmental Toxicology, Arysta Life Sciences,
Kodaira-shi, Tokyo, Japan
[Unpublished].
1997.

•
[83]EPA. Peer review on glyphosate. Document No.
008527.
Washington (DC):US Environmental Protection Agency,
Office of Pesticides and Toxic
Substances;
1991c.
[89] Eriksson M, Hardell L, Carlberg M, et al . Pesticide exposure as risk factor for
non-Hodgkin lymphoma including histopathological
subgroup analysis.
Int J Cancer. 2008;
123:1657
-63
[90] Faita MR, Oliveira EdM, Alves VV, et al . Changes in hypopharyngeal glands of nurse
bees (Apis mellifera) induced by pollen-containing
sublethal doses of the herbicide
Roundup
®.
Chemosphere. 2018;
211:566
-72
[91] Faniband MH, Norén E, Littorin M, et al . Human experimental exposure to glyphosate
and biomonitoring of young Swedish
adults.
Int J Hyg Environ Health. 2021;
231: 113657p.
[92] Farmer D. Chapter 92 – Inhibitors of aromatic acid
biosynthesis.
In: Krieger R, editors.
Hayes’ Handbook of Pesticide Toxicology
(Third Edition).
Boston:Elsevier;
2010.
p.
[93] Forgacs AL, Ding Q, Jaremba RG, et al . BLTK1 murine Leydig cells: a novel
steroidogenic model for evaluating the effects of
reproductive and developmental
toxicants.
Toxicol Sci. 2012;
127:391
-402
[94] Forsythe SD, Devarasetty M, Shupe T, et al . Environmental toxin screening using
human-derived 3D bioengineered liver and cardiac
organoids.
Front Public Health. 2018;
6: 103p.
[95] Fréry N, Guldner L, Saoudi A, et al . Exposition de la population française aux
substances chimiques de l’environnement. Tome 2 :
Polychlorobiphényles (PCB-NDL) et
pesticides.
Saint-Maurice: France.
Institut de veille
sanitaire;
2013;
178 p. [consulté le 13/01/20 :
https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/182197/2306215].
[96] Frescura VD, Kuhn AW, Laughinghouse HD 4th, et al . Post-treatment with plant extracts used
in Brazilian folk medicine caused a partial reversal of
the antiproliferative effect of glyphosate in the Allium
cepa test.
Biocell. 2013;
37:23
-8
[97] Galland L. The gut microbiome and the
brain.
J Med Food. 2014;
17:1261
-72
[98] Gallegos CE, Baier CJ, Bartos M, et al . Perinatal glyphosate-based herbicide
exposure in rats alters brain antioxidant status,
glutamate and acetylcholine metabolism and affects
recognition memory.
Neurotox Res. 2018;
34:363
-74
[99] Garry VF, Harkins ME, Erickson LL, et al . Birth defects, season of conception, and
sex of children born to pesticide applicators living in
the Red River Valley of Minnesota,
USA.
Environ Health Perspect. 2002;
110 Suppl 3:441
-9
[100] George J, Prasad S, Mahmood Z, et al . Studies on glyphosate-induced
carcinogenicity in mouse skin: a proteomic
approach.
J Proteomics. 2010;
73:951
-64
[101] Ghisi Nde C, de Oliveira EC, Prioli AJ. Does exposure to glyphosate lead to an
increase in the micronuclei frequency? A systematic and
meta-analytic review.
Chemosphere. 2016;
145:42
-54
[102] Gillezeau C, van Gerwen M, Shaffer RM, et al . The evidence of human exposure to
glyphosate: a review.
Environ Health. 2019;
18: 2p.
[103] Goldacre MJ, Duncan M, Griffith M, et al . Trends in death certification for
multiple sclerosis, motor neuron disease, Parkinson’s
disease and epilepsy in English populations
1979-2006.
J Neurol. 2010;
257:706
-15
[104] Gomez AL, Altamirano GA, Leturia J, et al . Male mammary gland development and
methylation status of estrogen receptor alpha in Wistar
rats are modified by the developmental exposure to a
glyphosate-based herbicide.
Mol Cell Endocrinol. 2019;
481:14
-25
[105] Gress S, Lemoine S, Puddu PE, et al . Cardiotoxic electrophysiological effects
of the herbicide Roundup
® in rat and rabbit
ventricular myocardium in vitro.
Cardiovasc Toxicol. 2015;
15:324
-35
[106] Guerrero Schimpf M, Milesi MM, Luque EH, et al . Glyphosate-based herbicide enhances the
uterine sensitivity to estradiol in
rats.
J Endocrinol. 2018;
239: 197p.
[107] Guerrero Schimpf M, Milesi MM, Ingaramo PI, et al . Neonatal exposure to a glyphosate based
herbicide alters the development of the rat
uterus.
Toxicology. 2017;
376:2
-14
[108] Guilherme S, Santos MA, Gaivão I, et al . Are DNA-damaging effects induced by
herbicide formulations (Roundup
® and
Garlon
®) in fish transient and reversible
upon cessation of exposure?.
Aquat Toxicol. 2014;
155:213
-21
[109] Guilherme S, Gaivao I, Santos MA, et al . DNA damage in fish (Anguilla anguilla)
exposed to a glyphosate-based herbicide -- elucidation
of organ-specificity and the role of oxidative
stress.
Mutat Res. 2012;
743:1
-9
[110] Guilherme S, Gaivao I, Santos MA, et al . European eel (Anguilla anguilla)
genotoxic and pro-oxidant responses following short-term
exposure to Roundup--a glyphosate-based
herbicide.
Mutagenesis. 2010;
25:523
-30
[111] Henneberger PK, Liang X, London SJ, et al . Exacerbation of symptoms in agricultural
pesticide applicators with asthma.
Int Arch Occup Environ Health. 2014;
87:423
-32
[112] Herbert LT, Vázquez DE, Arenas A, et al . Effects of field-realistic doses of
glyphosate on honeybee appetitive
behaviour.
J Exp Biol. 2014;
217: 3457p.
[113] Hernandez-Plata I, Giordano M, Diaz-Munoz M, et al . The herbicide glyphosate causes
behavioral changes and alterations in dopaminergic
markers in male Sprague-Dawley rat.
Neurotoxicology. 2015;
46:79
-91
[114] Heu C, Berquand A, Elie-Caille C, et al . Glyphosate-induced stiffening of HaCaT
keratinocytes, a Peak Force Tapping study on living
cells.
J Struct Biol. 2012;
178:1
-7
[115] Hohenadel K, Harris SA, McLaughlin JR, et al . Exposure to multiple pesticides and risk
of non-Hodgkin lymphoma in men from six Canadian
provinces.
Int J Environ Res Public
Health. 2011;
8:2320
-30
[116] Hokanson R, Fudge R, Chowdhary R, et al . Alteration of estrogen-regulated gene
expression in human cells induced by the agricultural
and horticultural herbicide
glyphosate.
Hum Exp Toxicol. 2007;
26:747
-52
[117] Hong Y, Yang X, Huang Y, et al . Assessment of the oxidative and genotoxic
effects of the glyphosate-based herbicide roundup on the
freshwater shrimp, Macrobrachium
nipponensis.
Chemosphere. 2018;
210:896
-906
[118] Hong Y, Yang X, Yan G, et al . Effects of glyphosate on immune responses
and haemocyte DNA damage of Chinese mitten crab,
Eriocheir sinensis.
Fish Shellfish Immunol. 2017;
71:19
-27
[119] Hoppin JA, Umbach DM, Long S, et al . Pesticides are associated with allergic
and non-allergic wheeze among male
farmers.
Environ Health Perspect. 2017;
125:535
-43
[120] Hoppin JA, Umbach DM, London SJ, et al . Pesticides and atopic and nonatopic
asthma among farm women in the Agricultural Health
Study.
Am J Respir Crit Care Med. 2008;
177:11
-8
[121] Hoppin JA, Umbach DM, London SJ, et al . Pesticides and adult respiratory outcomes
in the Agricultural Health Study.
Ann N Y Acad Sci. 2006;
1076:343
-54
[122] Hori Y, Fujisawa M, Shimada K, et al . Determination of the herbicide glyphosate
and its metabolite in biological specimens by gas
chromatography-mass spectrometry. A case of poisoning by
Roundup herbicide.
J Anal Toxicol. 2003;
27:162
-6
[123]IARC. Some organophosphate insecticides and
herbicides.
IARC Monographs on the evaluation of carcinogenic
risks to humans, Volume 112. Lyon:IARC, IARC Working Group on the
Evaluation of Carcinogenic Risks to
Humans;
2017;
464 p.
[124]Inserm. Pesticides : Effets sur la
santé.
Collection Expertise collective. Paris:Inserm;
2013;
1001 p.
[125] Jauhiainen A, Räsänen K, Sarantila R, et al . Occupational exposure of forest workers
to glyphosate during brush saw spraying
work.
Am Ind Hyg Assoc J. 1991;
52:61
-4
[126] Jayasumana C, Paranagama P, Agampodi S, et al . Drinking well water and occupational
exposure to herbicides is associated with chronic kidney
disease, in Padavi-Sripura, Sri
Lanka.
Environ Health. 2015a;
14: 6p.
[127] Jayasumana C, Gunatilake S, Siribaddana S. Simultaneous exposure to multiple heavy
metals and glyphosate may contribute to Sri Lankan
agricultural nephropathy.
Bmc Nephrology. 2015b;
16: 103p.
[128] Jensen PK, Wujcik CE, McGuire MK, et al . Validation of reliable and selective
methods for direct determination of glyphosate and
aminomethylphosphonic acid in milk and urine using
LC-MS/MS.
J Environ Sci Health B. 2016;
51:254
-9

•••
[129] Jiang X, Zhang N, Yin L, et al . A commercial Roundup? formulation induced
male germ cell apoptosis by promoting the expression of
XAF1 in adult mice.
Toxicol Lett. 2018;
296:163
-72
[131] Johnson PD, Rimmer DA, Garrod AN, et al . Operator exposure when applying amenity
herbicides by all-terrain vehicles and controlled
droplet applicators.
Ann Occup Hyg. 2005;
49:25
-32
[132] Kamel F, Tanner C, Umbach D, et al . Pesticide exposure and self-reported
Parkinson’s disease in the agricultural health
study.
Am J Epidemiol. 2007;
165:364
-74
[133] Kauba V, Mili’c M, Rozgaj R, et al . Effects of low doses of glyphosate on DNA
damage, cell proliferation and oxidative stress in the
HepG2 cell line.
Environ Sci Pollut Res. 2017;
24:19267
-81
[134] Knezevich A, Hogan GK. A chronic feeding study of glyphosate in
mice. Bio/Dynamic Inc. Report No. 77-2011. EPA Accession
No. 251007 – 251009, and 251014. EPA Accession no.
251007-09, 251014 dated July 21, 1983
[Unpublished].
1983;

•
[135] Kojima H, Sata F, Takeuchi S, et al . Comparative study of human and mouse
pregnane X receptor agonistic activity in 200 pesticides
using in vitro reporter gene assays.
Toxicology. 2011;
280:77
-87
[136] Koller VJ, Furhacker M, Nersesyan A, et al . Cytotoxic and DNA-damaging properties of
glyphosate and Roundup in human-derived buccal
epithelial cells.
Arch Toxicol. 2012;
86:805
-13
[137] Kosumi K, Mima K, Baba H, et al . Dysbiosis of the gut microbiota and
colorectal cancer: the key target of molecular
pathological epidemiology.
J Lab Precis Med. 2018;
3: 76p.
[138] Koutros S, Silverman DT, Alavanja MC, et al . Occupational exposure to pesticides and
bladder cancer risk.
Int J Epidemiol. 2016;
45:792
-805
[139] Krüger M, Schledorn P, Schrödl W, et al . Detection of glyphosate residues in
animals and humans.
J Environ Anal Toxicol. 2014;
04: 210p.
[140] Kubsad D, Nilsson EE, King SE, et al . Assessment of glyphosate induced
epigenetic transgenerational inheritance of pathologies
and sperm epimutations: generational
toxicology.
Sci Rep. 2019;
9: 6372p.
[141] Kumar DPS. Carcinogenicity study with glyphosate
technical in Swiss albino mice, Toxicology Department
Rallis Research Centre, Rallis India Limited. Study No.
TOXI: 1559.CARCI-M. MRID 49987403.
[Unpublished].
2001;

•
[142] Kurenbach B, Marjoshi D, Amabile-Cuevas CF, et al . Sublethal exposure to commercial
formulations of the herbicides dicamba,
2,4-dichlorophenoxyacetic acid, and glyphosate cause
changes in antibiotic susceptibility in Escherichia coli
and Salmonella enterica serovar
Typhimurium.
mBio. 2015;
6:e00009
-15
[143] Kwiatkowska M, Reszka E, Woźniak K, et al . DNA damage and methylation induced by
glyphosate in human peripheral blood mononuclear cells
(in vitro study).
Food Chem Toxicol. 2017;
105:93
-8
[144] Lanaro R, Costa JL, Cazenave SO, et al . Determination of herbicides paraquat,
glyphosate, and aminomethylphosphonic acid in marijuana
samples by capillary electrophoresis.
J Forensic Sci. 2015;
60 Suppl 1:S241
-7
[145] Lankas GP. A lifetime study of glyphosate in rats. Bio
Dynamics, Inc. Report No. 77-2062 EPA Accession. No.
247617 247621. December 23, 1981. MRID 00093879.
[unpublished].
1981.

•
[146] Lavy TL, Cowell JE, Steinmetz JR, et al . Conifer seedling nursery worker exposure
to glyphosate.
Arch Environ Contam Toxicol. 1992;
22:6
-13
[147] Leon M, Schinasi LH, Lebailly P, et al . Pesticide use and risk of non-Hodgkin
lymphoid malignancies in agricultural cohorts from
France, Norway and the USA: a pooled analysis from the
AGRICOH consortium.
Int J Epidemiol. 2019;
48:1519
-35
[148] Lerro CC, Beane Freeman LE, DellaValle CT, et al . Occupational pesticide exposure and
subclinical hypothyroidism among male pesticide
applicators.
Occup Environ Med. 2018;
75:79
-89
[149] Liao Y, Berthion JM, Colet I, et al . Validation and application of analytical
method for glyphosate and glufosinate in foods by liquid
chromatography-tandem mass
spectrometry.
J Chromatogr A. 2018;
1549:31
-8
[150] Li AP, Long TJ. An evaluation of the genotoxic potential
of glyphosate.
Fundam Appl Toxicol. 1988;
10:537
-46

•••
[151] Lin N, Garry V. In vitro studies of cellular and
molecular developmental toxicity of adjuvants,
herbicides, and fungicides commonly used in Red River
Valley, Minnesota.
J Toxicol Environ Health A. 2000;
60:423
-39
[152] Lioi MB, Scarfi MR, Santoro A, et al . Genotoxicity and oxidative stress induced
by pesticide exposure in bovine lymphocyte cultures in
vitro.
Mutat Res. 1998;
403:13
-20
[153] Li Q, Lambrechts MJ, Zhang Q, et al . Glyphosate and AMPA inhibit cancer cell
growth through inhibiting intracellular glycine
synthesis.
Drug Des Devel Ther. 2013;
7:635
-43
[154] Lopes FM, Sandrini JZ, Souza MM. Toxicity induced by glyphosate and
glyphosate-based herbicides in the zebrafish hepatocyte
cell line (ZF-L).
Ecotoxicol Environ Saf. 2018;
162:201
-7
[155] Lorenz V, Milesi MM, Schimpf MG, et al . Epigenetic disruption of estrogen
receptor alpha is induced by a glyphosate-based
herbicide in the preimplantation uterus of
rats.
Mol Cell Endocrinol. 2019;
480:133
-41
[156] Lozano VL, Defarge N, Rocque L-M, et al . Sex-dependent impact of Roundup on the
rat gut microbiome.
Toxicol Rep. 2018;
5:96
-107
[157] Luaces JP, Rossi LF, Chirino MG, et al . Genotoxic effects of Roundup Full
II
® on lymphocytes of Chaetophractus
villosus (Xenarthra, Mammalia): In vitro
studies.
PLoS One. 2017;
12: e0182911p.
[158] Malatesta M, Perdoni F, Santin G, et al . Hepatoma tissue culture (HTC) cells as a
model for investigating the effects of low
concentrations of herbicide on cell structure and
function.
Toxicol in Vitro. 2008;
22:1853
-60
[159] Mamy L, Barriuso E, Gabrielle B. Glyphosate fate in soils when arriving in
plant residues.
Chemosphere. 2016;
154:425
-33
[160] Mamy L. Comparaison des impacts environnementaux
des herbicides à large spectre et des herbicides
sélectifs : caractérisation de leur devenir dans le sol
et modélisation.
Grignon: France.
Doctorat;
2004;
[161] Mañas F, Peralta L, Raviolo J, et al . Genotoxicity of AMPA, the environmental
metabolite of glyphosate, assessed by the Comet assay
and cytogenetic tests.
Ecotoxicol Environ Saf. 2009a;
72:834
-7
[162] Mañas F, Peralta L, Raviolo J, et al . Genotoxicity of glyphosate assessed by
the comet assay and cytogenetic
tests.
Environ Toxicol Pharmacol. 2009b;
28:37
-41
[163] Manservisi F, Lesseur C, Panzacchi S, et al . The Ramazzini Institute 13-week pilot
study glyphosate-based herbicides administered at
human-equivalent dose to Sprague Dawley rats: effects on
development and endocrine system.
Environ Health. 2019;
18: 15p.
[164] Mao Q, Manservisi F, Panzacchi S, et al . The Ramazzini Institute 13-week pilot
study on glyphosate and Roundup administered at
human-equivalent dose to Sprague Dawley rats: effects on
the microbiome.
Environ Health. 2018;
17: 50p.
[165] Martins-Junior HA, Lebre DT, Wang AY, et al . An alternative and fast method for
determination of glyphosate and aminomethylphosphonic
acid (AMPA) residues in soybean using liquid
chromatography coupled with tandem mass
spectrometry.
Rapid Commun Mass Spectrom. 2009;
23:1029
-34
[166] Mertens M, Höss S, Neumann G, et al . Glyphosate, a chelating agent–relevant
for ecological risk assessment?.
Environ Sci Pollut Res Int. 2018;
25:5298
-317
[167] Mesnage R, Biserni M, Wozniak E, et al . Comparison of transcriptome responses to
glyphosate, isoxaflutole, quizalofop-p-ethyl and
mesotrione in the HepaRG cell line.
Toxicol Rep. 2018;
5:819
-26
[168] Mesnage R, Phedonos A, Biserni M, et al . Evaluation of estrogen receptor alpha
activation by glyphosate-based herbicide
constituents.
Food Chem Toxicol. 2017;
108:30
-42
[169] Mesnage R, Antoniou MN. Facts and fallacies in the debate on
glyphosate toxicity.
Front Public Health. 2017;
5: 316p.
[170] Mesnage R, Defarge N, Spiroux de Vendomois J, et al . Potential toxic effects of glyphosate and
its commercial formulations below regulatory
limits.
Food Chem Toxicol. 2015;
84:133
-53
[171] Mesnage R, Bernay B, Seralini GE. Ethoxylated adjuvants of glyphosate-based
herbicides are active principles of human cell
toxicity.
Toxicology. 2013;
313:122
-8
[172] Mesnage R, Moesch C, Le Grand RG, et al . Glyphosate exposure in a farmer’s
family.
JEP. 2012;
03:1001
-3
[173] Milburn GM. Glyphosate acid: one year dietary toxicity
study in rats. Unpublished report No. CTL/P/5143, study
No. PR 1012, dated 2 October 1996, from Zeneca
Agrochemicals, Central Toxicology Laboratory, Alderley
Park, Macclesfield, Cheshire, England. Submitted to WHO
by Syngenta Crop Protection AG, Basel,
Switzerland.
1996.

•
[174] Milesi MM, Lorenz V, Pacini G, et al . Perinatal exposure to a glyphosate-based
herbicide impairs female reproductive outcomes and
induces second-generation adverse effects in Wistar
rats.
Arch Toxicol. 2018;
92:2629
-43
[176] Motta EVS, Raymann K, Moran NA. Glyphosate perturbs the gut microbiota of
honey bees.
Proc Natl Acad Sci USA. 2018;
115: 10305p.
[177] Negga R, Rudd DA, Davis NS, et al . Exposure to Mn/Zn
ethylene-bis-dithiocarbamate and glyphosate pesticides
leads to neurodegeneration in Caenorhabditis
elegans.
Neurotoxicology. 2011;
32:331
-41
[178] Niemann L, Sieke C, Pfeil R, et al . A critical review of glyphosate findings
in human urine samples and comparison with the exposure
of operators and consumers.
J Verbr Lebensm. 2015;
10:3
-12
[179] Niemeyer JC, de Santo FB, Guerra N, et al . Do recommended doses of glyphosate-based
herbicides affect soil invertebrates? Field and
laboratory screening tests to risk
assessment.
Chemosphere. 2018;
198:154
-60
[180] Nwani CD, Nagpure NS, Kumar R, et al . DNA damage and oxidative stress
modulatory effects of glyphosate-based herbicide in
freshwater fish, Channa punctatus.
Environ Toxicol Pharmacol. 2013;
36:539
-47
[181]OECD. Guidance document on revisions to OECD
genetic toxicology test guidelines.
2015;
58 p.
[182] Owagboriaye FO, Dedeke GA, Ademolu KO, et al . Reproductive toxicity of Roundup
herbicide exposure in male albino
rat.
Exp Toxicol Pathol. 2017;
69:461
-8
[183] Paganelli A, Gnazzo V, Acosta H, et al . Glyphosate-based herbicides produce
teratogenic effects on vertebrates by impairing retinoic
acid signaling.
Chem Res Toxicol. 2010;
23:1586
-95
[184] Pahwa M, Beane Freeman LE, Spinelli JJ, et al . Glyphosate use and associations with
non-Hodgkin lymphoma major histological sub-types:
findings from the North American Pooled
Project.
Scand J Work Environ Health. 2019;
45:600
-9
[185] Panzacchi S, Mandrioli D, Manservisi F, et al . The Ramazzini Institute 13-week study on
glyphosate-based herbicides at human-equivalent dose in
Sprague Dawley rats: study design and first in-life
endpoints evaluation.
Environ Health. 2018;
17: 52p.
[186] Parajuli RK, Zhang Q, Liu S, et al . Aminomethylphosphonic acid and
methoxyacetic acid induce apoptosis in prostate cancer
cells.
Int J Mol Sci. 2015;
16: 11750p.
[187] Parvez S, Gerona RR, Proctor C, et al . Glyphosate exposure in pregnancy and
shortened gestational length: a prospective Indiana
birth cohort study.
Environ Health. 2018;
17: 23p.
[188] Patel O, Syamlal G, Henneberger PK, et al . Pesticide use, allergic rhinitis, and
asthma among US farm operators.
J Agromedicine. 2018;
23:327
-35
[189] Paulson GW, Gill WM. Are death certificates reliable to
estimate the incidence of Parkinson’s
disease?.
Mov Disord. 1995;
10: 678p.
[190] Pereira AG, Jaramillo ML, Remor AP, et al . Low-concentration exposure to
glyphosate-based herbicide modulates the complexes of
the mitochondrial respiratory chain and induces
mitochondrial hyperpolarization in the Danio rerio
brain.
Chemosphere. 2018;
209:353
-62
[191] Perry MJ, Mandrioli D, Belpoggi F, et al . Historical evidence of glyphosate
exposure from a US agricultural
cohort.
Environ Health. 2019;
18: 42p.
[192] Pham TH, Derian L, Kervarrec C, et al . Perinatal exposure to glyphosate and a
glyphosate-based herbicide affect spermatogenesis in
mice.
Toxicol Sci. 2019;
169:260
-71
[193] Pirus C, Bois C, Dufourg M-N, et al . Constructing a cohort: experience with
the French Elfe Project.
Population (Engl Ed). 2010;
65:543
-74
[194] Portier CJ, Armstrong BK, Baguley BC, et al . Differences in the carcinogenic
evaluation of glyphosate between the International
Agency for Research on Cancer (IARC) and the European
Food Safety Authority (EFSA).
J Epidemiol Community Health. 2016;
70:741
-5
[195] Prasad S, Srivastava S, Singh M, et al . Clastogenic effects of glyphosate in bone
marrow cells of swiss albino mice.
J Toxicol. 2009;
2009: 308985p.
[196] Rank J, Jensen AG, Skov B, et al . Genotoxicity testing of the herbicide
Roundup and its active ingredient glyphosate
isopropylamine using the mouse bone marrow micronucleus
test, Salmonella mutagenicity test, and Allium
anaphase-telophase test.
Mutat Res. 1993;
300:29
-36
[197] Rappazzo KM, Warren JL, Davalos AD, et al . Maternal residential exposure to specific
agricultural pesticide active ingredients and birth
defects in a 2003-2005 North Carolina birth
cohort.
Birth Defects Res. 2019;
111:312
-23
[198] Ravier S, Désert M, Gille G, et al . Monitoring of glyphosate,
glufosinate-ammonium, and (aminomethyl)phosphonic acid
in ambient air of Provence-Alpes-Côte-d’Azur Region,
France.
Atmos Environ. 2019;
204:102
-9
[199] Reboud X, Blanck M, Aubertot JN, et al . Usage et alternatives au glyphosate dans
l’agriculture française – Rapport :.
Inra;
2017;
88 p.
[200] Rendon-von Osten J, Dzul-Caamal R. Glyphosate residues in groundwater,
drinking water and urine of subsistence farmers from
intensive agriculture localities: a survey in Hopelchén,
Campeche, Mexico.
Int J Environ Res Public
Health. 2017;
14: 595p.
[201] Richard S, Moslemi S, Sipahutar H, et al . Differential effects of glyphosate and
roundup on human placental cells and
aromatase.
Environ Health Perspect. 2005;
113:716
-20
[202] Roberts DM, Buckley NA, Mohamed F, et al . A prospective observational study of the
clinical toxicology of glyphosate-containing herbicides
in adults with acute self-poisoning.
Clin Toxicol (Phila). 2010;
48:129
-36

•••
[203] Romano MA, Romano RM, Santos LD, et al . Glyphosate impairs male offspring
reproductive development by disrupting gonadotropin
expression.
Arch Toxicol. 2012;
86:663
-73
[204] Rossberger S. Glyphosate: DNA repair test with primary
rat hepatocytes Report: 931564, TOX9400697/ TOX9551099
[unpublished].
1994;

•
[205] Roustan A, Aye M, De Meo M, et al . Genotoxicity of mixtures of glyphosate
and atrazine and their environmental transformation
products before and after
photoactivation.
Chemosphere. 2014;
108:93
-100
[206] Rubio F, Veldhuis LJ, Clegg BS, et al . Comparison of a direct ELISA and an HPLC
method for glyphosate determinations in
water.
J Agric Food Chem. 2003;
51:691
-6
[207] Rugarli EI, Langer T. Mitochondrial quality control: a matter
of life and death for neurons.
EMBO J. 2012;
31:1336
-49
[208] Schinasi L, Leon M. Non-Hodgkin lymphoma and occupational
exposure to agricultural pesticide chemical groups and
active ingredients: a systematic review and
meta-analysis.
Int J Environ Res Public
Health. 2014;
11:4449
-527
[209] Séralini G-E, Clair E, Mesnage R, et al . Republished study: long-term toxicity of
a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically
modified maize.
Environ Sci Eur. 2014;
26: 14p.
[210] Shehata AA, Schrödl W, Aldin AA, et al . The effect of glyphosate on potential
pathogens and beneficial members of poultry microbiota
in itro.
Curr Microbiol. 2013;
66:350
-8
[211] Shrestha S, Parks CG, Goldner WS, et al . Incident thyroid disease in female
spouses of private pesticide
applicators.
Environ Int. 2018a;
118:282
-92
[212] Shrestha S, Parks CG, Goldner WS, et al . Pesticide use and incident hypothyroidism
in pesticide applicators in the Agricultural Health
Study.
Environ Health Perspect. 2018b;
126: 97008p.
[213] Silva V, Montanarella L, Jones A, et al . Distribution of glyphosate and
aminomethylphosphonic acid (AMPA) in agricultural
topsoils of the European Union.
Sci Total Environ. 2018;
621:1352
-9
[214] Smpokou ET, Gonzalez-Quiroz M, Martins C, et al . Environmental exposures in young adults
with declining kidney function in a population at risk
of Mesoamerican nephropathy.
Occup Environ Med. 2019;
76:920
-6
[215] Sorahan T. Multiple myeloma and glyphosate use: a
re-analysis of US Agricultural Health Study (AHS)
data.
Int J Environ Res Public
Health. 2015;
12:1548
-59

••
[216] Sribanditmongkol P, Jutavijittum P, Pongraveevongsa P, et al . Pathological and toxicological findings
in glyphosate-surfactant herbicide fatality: a case
report.
Am J Forensic Med Pathol. 2012;
33:234
-7
[217] Sritana N, Suriyo T, Kanitwithayanun J, et al . Glyphosate induces growth of estrogen
receptor alpha positive cholangiocarcinoma cells via
non-genomic estrogen receptor/ERK1/2 signaling
pathway.
Food Chem Toxicol. 2018;
118:595
-607
[218] Stout L, Ruecker PA. Chronic study of glyphosate administered in
feed to albino rats. MRID No. 41643801; Historical
Controls. MRID 41728700. [Unpublished].
1990;

•
[219] Stur E, Aristizabal-Pachon AF, Peronni KC, et al . Glyphosate-based herbicides at low doses
affect canonical pathways in estrogen positive and
negative breast cancer cell lines.
PLoS One. 2019;
14: e0219610p.
[220] Sugimoto K. HR-001: 18-Month oral oncogenicity study in
mice, Vol. 1 and 2. The Institute of Environmental
Toxicology, 2-772, Suzuki-cho, Kodaira-shi, Tokyo, 187,
Japan, Study No.: IET 94-0151. MRID 50017108, 50017109.
[unpublished].
1997;

•
[221] Suresh TP. Combined chronic toxicity and
carcinogenicity study with glyphosate technical in
Wistar rats. Toxicology Department Rallis Research
Centre, Rallis India Limited, TOXI-1559,
002/1-GPT-CARCI-M. MRID 49987401.
[Unpublished].
1996;

•
[222] Székács A, Darvas B. Chapter 14 – Forty years with
glyphosate.
In: In : Mohammed Naguib Abd El-Ghany Hasaneen,
ed, editors.
Herbicides: Properties, synthesis and
control of weeds:.
IntechOpen;
2012;
[223] Takeuchi S, Iida M, Yabushita H, et al . In vitro screening for aryl hydrocarbon
receptor agonistic activity in 200 pesticides using a
highly sensitive reporter cell line, DR-EcoScreen cells,
and in vivo mouse liver cytochrome P450-1A induction by
propanil, diuron and linuron.
Chemosphere. 2008;
74:155
-65
[224] Talbot AR, Shiaw MH, Huang JS, et al . Acute poisoning with a
glyphosate-surfactant herbicide (« Roundup »): a review
of 93 cases.
Hum Exp Toxicol. 1991;
10:1
-8
[225] Tarazona JV, Court-Marques D, Tiramani M, et al . Glyphosate toxicity and carcinogenicity:
a review of the scientific basis of the European Union
assessment and its differences with
IARC.
Arch Toxicol. 2017;
91:2723
-43
[226] Tarone RE. On the International Agency for Research
on Cancer classification of glyphosate as a probable
human carcinogen.
Eur J Cancer Prev. 2018;
27:82
-7

••••
[227] Thongprakaisang S, Thiantanawat A, Rangkadilok N, et al . Glyphosate induces human breast cancer
cells growth via estrogen receptors.
Food Chem Toxicol. 2013;
59:129
-36
[228] Tong M, Gao W, Jiao W, et al . Uptake, translocation, metabolism, and
distribution of glyphosate in nontarget tea plant
(Camellia sinensis L.).
J Agric Food Chem. 2017;
65:7638
-46
[229] Townsend M, Peck C, Meng W, et al . Evaluation of various glyphosate
concentrations on DNA damage in human Raji cells and its
impact on cytotoxicity.
Regul Toxicol Pharmacol. 2017;
85:79
-85
[230] van Bruggen AHC, He MM, Shin K, et al . Environmental and health effects of the
herbicide glyphosate.
Sci Total Environ. 2018;
616-617:255
-68
[231] Vandentorren S, Guldner L. Dosage des biomarqueurs en maternité dans
le cadre de l’enquête pilote Elfe (Étude longitudinale
française depuis l’enfance), octobre
2007.
Saint-Maurice: France.
Institut de veille
sanitaire;
2013;
47 p. [consulté le 13/01/20 :
https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/182199/2306221].
[232] Vandentorren S, Bois C, Pirus C, et al . Rationales, design and recruitment for
the Elfe longitudinal study.
BMC Pediatr. 2009;
9: 58p.
[233] Vanlaeys A, Dubuisson F, Seralini G-E, et al . Formulants of glyphosate-based herbicides
have more deleterious impact than glyphosate on TM4
Sertoli cells.
Toxicol In Vitro. 2018;
52:14
-22
[234] von Ehrenstein OS, Ling C, Cui X, et al . Prenatal and infant exposure to ambient
pesticides and autism spectrum disorder in children:
population based case-control study.
BMJ. 2019;
364: l962p.
[235] Walsh LP, McCormick C, Martin C, et al . Roundup inhibits steroidogenesis by
disrupting steroidogenic acute regulatory (StAR) protein
expression.
Environ Health Perspect. 2000;
108:769
-76
[236] Wang S, Liu B, Yuan D, et al . A simple method for the determination of
glyphosate and aminomethylphosphonic acid in seawater
matrix with high performance liquid chromatography and
fluorescence detection.
Talanta. 2016;
161:700
-6
[237] Wan N, Lin G. Parkinson’s disease and pesticides
exposure: new findings from a comprehensive study in
Nebraska, USA.
J Rural Health. 2016;
32:303
-13
[238] Weisskopf MG, Moisan F, Tzourio C, et al . Pesticide exposure and depression among
agricultural workers in France.
Am J Epidemiol. 2013;
178:1051
-8
[239] Wester RC, Melendres J, Sarason R, et al . Glyphosate skin binding, absorption,
residual tissue distribution, and skin
decontamination.
Fundam Appl Toxicol. 1991;
16:725
-32
[240] Wood E, Dunster J, Watson P, et al . Glyphosate technical: dietary combined
chronic toxicity/carcinogenicity study in the rat.
Harlan Laboratories Limited, Shardlow Business Park,
Shardlow, Derbyshire DE72 2GD, UK. Study No. 2060-012.
April, 23, 2009. MRID 49957404.
[Unpublished].
2009a;

•
[241] Wood E, Dunster J, Watson P, et al . Wood, glyphosate technical: dietary
carcinogenicity study in the mouse. Harlan Laboratories
Limited, Shardlow Business Park, Shardlow, Derbyshire
DE72 2GD, UK. Study No. 2060-011. MRID 49957402.
[unpublished].
2009b.

•
[242] Woźniak E, Sicińska P, Michałowicz J, et al . The mechanism of DNA damage induced by
Roundup 360 PLUS, glyphosate and AMPA in human
peripheral blood mononuclear cells – genotoxic risk
assessement.
Food Chem Toxicol. 2018;
120:510
-22
[243] Xie L, Thrippleton K, Irwin MA, et al . Evaluation of estrogenic activities of
aquatic herbicides and surfactants using an rainbow
trout vitellogenin assay.
Toxicol Sci. 2005;
87:391
-8
[244] Yoshioka N, Asano M, Kuse A, et al . Rapid determination of glyphosate,
glufosinate, bialaphos, and their major metabolites in
serum by liquid chromatography-tandem mass spectrometry
using hydrophilic interaction
chromatography.
J Chromatogr A. 2011;
1218:3675
-80
[245] Yu N, Tong Y, Zhang D, et al . Circular RNA expression profiles in
hippocampus from mice with perinatal glyphosate
exposure.
Biochem Biophys Res Commun. 2018;
501:838
-45
[246] Zhang L, Rana I, Shaffer RM, et al . Exposure to glyphosate-based herbicides
and risk for non-Hodgkin lymphoma: A meta-analysis and
supporting evidence.
Mutat Res. 2019;
781:186
-206
[247] Zhang S, Xu J, Kuang X, et al . Biological impacts of glyphosate on
morphology, embryo biomechanics and larval behavior in
zebrafish (Danio rerio).
Chemosphere. 2017;
181:270
-80
[248] Zoller O, Rhyn P, Zarn JA, et al . Urine glyphosate level as a quantitative
biomarker of oral exposure.
Int J Hyg Environ Health. 2020;
228: 113526p.
[249] Zouaoui K, Dulaurent S, Gaulier JM, et al . Determination of glyphosate and AMPA in
blood and urine from humans: about 13 cases of acute
intoxication.
Forensic Sci Int. 2013;
226:e20
-5
→ Aller vers SYNTHESE