Pesticides et effets sur la santé : Nouvelles données
2021
2-
Exposition aux pesticides de la population
française
1
Chapitre rédigé avec la participation de Noriane Cognez
à partir de sa thèse intitulée « Exposition résidentielle aux
pesticides pendant la grossesse et santé du jeune enfant », menée
sous la direction de Cécile Chevrier et Rémi Béranger, et soutenue à
l’Université Rennes 1 le 10 juillet 2020.
Les données sont aujourd’hui suffisantes pour dresser le constat d’une
contamination ubiquitaire de l’environnement par les pesticides et leurs
produits de dégradation en France, ainsi que dans de nombreuses autres
régions du monde. Cette contamination concerne de nombreux compartiments
environnementaux (par exemple eau, sol, air) et s’explique à la fois par les
usages professionnels et domestiques, multiples et variés, passés ou
actuels, de produits contenant des pesticides. Il en résulte ainsi une
exposition continue et régulière de la population générale française à de
multiples pesticides, correspondant à des scénarios d’exposition qui peuvent
être très divers (Anses, 2010a

).
Dans ce chapitre, les données d’imprégnation de la population française
seront décrites à travers les études de biosurveillance
(« biomonitoring ») et l’interprétation de leurs résultats sera
discutée et mise en perspective. Après un bilan des résultats sur la
contamination des différents compartiments environnementaux en France, les
données les plus récentes sur les sources d’exposition possibles de la
population française seront décrites, notamment la contamination des
aliments et des eaux de consommation, de l’air intérieur des domiciles et
des zones riveraines des terres agricoles. Enfin, la méthodologie s’appuyant
sur les systèmes d’information géographique permettant de caractériser
l’environnement des populations riveraines de zones agricoles et d’estimer
l’exposition environnementale aux pesticides sera présentée, et son
utilisation dans les études épidémiologiques sera discutée.
Mesurage biologique pour évaluer les expositions
aux pesticides
L’exposition de la population générale aux pesticides et à leurs
métabolites est complexe à estimer, car cela nécessite de tenir compte
de leur grande diversité et de la multiplicité des circonstances
d’emploi. L’hétérogénéité géographique et l’évolution temporelle de
leurs usages sont des difficultés supplémentaires. À cela s’ajoutent les
connaissances insuffisantes concernant les sources d’émission et de
dispersion et les voies de pénétration dans l’organisme. Cependant,
grâce aux développements de méthodes de chimie analytique, un grand
nombre de substances pesticides et leurs métabolites, ou produits de
dégradation dans l’environnement, peuvent être identifiés et leurs
concentrations mesurées dans le cadre de la surveillance
environnementale, dans des prélèvements d’air ou de poussières par
exemple, ou dans le cadre de la biosurveillance dans des prélèvements
biologiques humains ou provenant d’autres organismes (Yusa et coll.,
2015

).
L’évaluation des expositions aux pesticides par la mesure de leurs
concentrations dans un fluide ou un tissu biologique donné (matrice
biologique) est considérée comme l’estimation de référence. Cette mesure
représente un substitut (surrogate) ou un indicateur de la charge
corporelle. Les matrices biologiques possèdent en effet l’avantage de
pouvoir intégrer l’ensemble des voies d’exposition et de ce fait les
sources d’exposition, même lorsqu’elles ne sont pas toutes identifiées.
Cependant, chaque matrice présente des limites qu’il faut prendre en
compte au moment d’interpréter les mesures réalisées, notamment au
regard des principes qui régissent la toxicocinétique : absorption,
distribution, métabolisme et élimination. Contrairement aux expositions
par voie orale, les expositions cutanées et par voie respiratoire se
retrouvent directement dans la circulation systémique et
court-circuitent le premier passage hépatique. Dans certains cas, cela
peut faire une importante différence dans la concentration de
contaminants réactifs dans les organes cibles. De plus, il ne faut pas
sous-estimer l’absorption lymphatique intestinale suite à une exposition
par voie orale pour certains contaminants lipophiles, cette route
d’absorption n’étant pas impactée par l’effet du premier passage
hépatique.
Certaines matrices correspondent à des compartiments internes d’un
organisme (sang, tissu adipeux...) pour lesquels prendre en compte
l’absorption, la distribution et le métabolisme est essentiel et
d’autres à des compartiments que l’on peut qualifier d’externes et qui
sont principalement concernés par l’élimination (fèces, urines,
phanères...).
D’une manière générale, les matrices internes présentent un intérêt plus
particulièrement pour les composés dont la demi-vie dans l’organisme est
relativement longue (dits persistants, de plusieurs semaines à plusieurs
années comme c’est le cas notamment pour les pesticides organochlorés)
ou encore des composés ubiquitaires à demi-vie plus faible traduisant
une certaine capacité à s’accumuler dans des compartiments de
l’organisme. Cependant, leur obtention oblige à des procédures
invasives. Néanmoins, le sang est fréquemment utilisé car il est
relativement facile à obtenir (ponction veineuse périphérique), mais
aussi parce qu’il est le principal fluide qui transporte et distribue
les composés aux divers tissus de l’organisme. La mesure de la
concentration d’un composé dans le sang est considérée comme un bon
indicateur de sa charge corporelle à un instant (t) à l’état d’équilibre
(body burden at steady state). D’autres tissus, qui peuvent
être potentiellement intéressants, sont moins fréquemment employés, car
ils requièrent des méthodes invasives lourdes (biopsies, chirurgie). Les
mesurages réalisés dans ces tissus peuvent refléter la capacité à
accumuler les composés chimiques, par exemple le tissu adipeux est
capable de concentrer des substances lipophiles. Toutefois, c’est au cas
par cas, en tenant compte des propriétés intrinsèques de chaque composé
et de la nature des tissus cibles, que les concentrations observées
peuvent être utilisées comme un indicateur reflétant la charge
corporelle. Un cas particulier concerne les mesurages réalisés dans le
sang de cordon. Les concentrations dans cette matrice constituent un bon
indicateur de l’exposition fœtale au moment de la naissance. Toutefois,
il faut garder à l’esprit la possibilité d’une importante variabilité
des résultats, car les systèmes enzymatiques et les organes intervenant
dans la distribution ou la rétention des composés dans les divers
compartiments fœtaux ne sont pas toujours complètement matures à la
naissance.
S’agissant des compartiments externes, dont la collecte ne requiert pas
de procédures invasives, la matrice la plus employée est l’urine bien
qu’elle ne puisse être utilisée que pour des composés (parents ou
métabolites) qui sont éliminés, en partie ou totalement, par cette voie.
D’une manière générale, cette matrice est surtout employée pour le
mesurage des composés à demi-vie plutôt courte (dits semi-persistants ou
non persistants, de plusieurs jours à quelques heures). Au moment
d’interpréter une mesure urinaire comme indicateur de la charge
corporelle, il est nécessaire de tenir compte de la diurèse, mais aussi,
et surtout, de la cinétique d’élimination du composé, laquelle dépend de
sa demi-vie dans l’organisme. Ces aspects conditionnent le type idoine
de prélèvement urinaire : prélèvement ponctuel ou spot, premières
mictions du matin ou urines de 24 heures. Plusieurs mesures répétées
dans le temps sont indispensables s’il est nécessaire de contrôler la
variabilité intra-individuelle des concentrations urinaires, qui sont
également le reflet de la variabilité de l’exposition. Dans la pratique,
l’urine est la matrice adaptée pour estimer l’exposition à diverses
familles chimiques de pesticides et/ou leurs métabolites tels que les
organophosphorés et les pyréthrinoïdes.
Au cours de ces dernières années, un intérêt croissant est apparu pour
des matrices externes alternatives à l’urine pour estimer l’exposition à
des pesticides. La détection de substances chimiques dans les cheveux
est depuis longtemps utilisée à des fins médicolégales, par exemple pour
identifier des consommations de substances illicites ou médicamenteuses.
De par leur croissance (de l’ordre d’environ un cm par mois), l’analyse
des cheveux permet également d’estimer la ou les périodes d’exposition
en fonction de la longueur de cheveux disponible. C’est ainsi que
l’analyse des cheveux en fin de grossesse peut présenter un intérêt pour
reconstituer les expositions au cours d’une séquence temporelle
correspondant aux 9 derniers mois. Bien que les cheveux représentent une
matrice prometteuse, de par leur facilité d’obtention et leur capacité à
conserver la mémoire d’une exposition pendant de nombreux mois,
l’interprétation des données recueillies reste encore délicate (Kempson
et Lombi, 2011

;
Appenzeller et Tsatsakis, 2012

). En effet, les processus qui conditionnent le
passage des contaminants organiques du sang vers la matrice pilaire et
l’efficacité de ce passage en fonction de leurs caractéristiques
physico-chimiques et structurales sont encore mal connus. Il est
également important de tenir compte de la structure et de la composition
des cheveux qui varient selon les origines ethno-géographiques des
populations (quantité de kératine, réseau vasculaire du follicule
pileux...), ainsi que de la dégradation possible des contaminants dans
la matrice pilaire (Kempson et Lombi,
2011

). Il en
résulte des interrogations sur la validité de ces mesures comme
indicatrices de la charge corporelle.
Le méconium est une autre matrice externe qui suscite un grand intérêt
pour estimer l’exposition fœtale aux substances chimiques, dont les
pesticides (Ostrea et coll., 2008

). Le méconium, premières selles du nouveau-né,
correspond à l’ensemble des sécrétions intestinales, des cellules
desquamées présentes dans le tube digestif et des substances provenant
du liquide amniotique ingéré pendant la vie fœtale. La production de
méconium s’initie vers le début du deuxième trimestre de grossesse et
s’accumule dans le côlon jusqu’à la naissance. Facile à obtenir, cette
matrice est confrontée aux mêmes difficultés que les cheveux, car on
ignore les processus pharmacocinétiques qui conditionnent l’accumulation
des pesticides ou de leurs métabolites dans le méconium.
Une matrice externe particulière est le lait maternel. Les concentrations
en composés chimiques correspondent bien à celles qui vont être ingérées
par le nourrisson au cours de la période d’allaitement. Cependant, il
est important de distinguer le colostrum du lait définitif tenant compte
de leur différence de composition, qui peut conduire à des variations
importantes en matière de concentrations de pesticides.
Les progrès de la chimie analytique font que la détection de nombreux
composés par des procédures ciblées et dans de multiples compartiments
biologiques ne représentent plus une limite. Cependant, si la détection
de ces composés témoigne bien d’une exposition réelle (présence ou non),
l’interprétation des concentrations observées au regard de l’exposition
globale de l’organisme doit tenir compte de la nature de la matrice, des
propriétés physico-chimiques, des caractéristiques de toxicocinétique et
du métabolisme de la substance. Il est également important de préciser
que les concentrations effectivement mesurées dans une matrice donnée ne
correspondent pas toujours à celles présentes au niveau de l’organe
ciblé par l’effet toxique. Cet aspect est à considérer dans les études
épidémiologiques visant à établir des associations entre l’exposition à
un pesticide (composé parent ou métabolite) et un évènement de
santé.
Une autre difficulté majeure du mesurage biologique est que la nature des
substances auxquelles la population suivie est exposée, ou leurs
produits de dégradation ou métabolites, doit être connue et anticipée.
Les méthodes et les processus analytiques permettant de rechercher un
grand nombre de molécules de propriétés physico-chimiques variées à des
niveaux de contamination environnementale se développent et connaissent
depuis quelques années des progrès importants. Ces méthodes incluent les
approches non ciblées, à ce jour à l’état de preuve de concept pour
caractériser l’exposition aux pesticides. Elles peuvent aussi
représenter un coût important en termes de financements et de temps
d’analyses lorsqu’elles sont déployées à large échelle.
En résumé, la mesure des concentrations dans le sang des pesticides
organiques persistants, pour la plupart aujourd’hui interdits en France,
constitue de bons indicateurs rétrospectifs de l’exposition sur de
longues périodes, utilisables dans les études épidémiologiques à visée
étiologique. L’exposition aux pesticides non- ou semi-persistants se
mesure généralement à partir de matrices biologiques externes, telles
que les urines ou plus récemment les cheveux et le méconium.
L’interprétation des résultats des mesures biologiques pour estimer
l’exposition d’un individu à un pesticide va dépendre de la nature de la
matrice et des mécanismes de bio-accessibilité, de métabolisation et de
pharmaco-cinétique de la substance. La pertinence du choix de la matrice
et des substances à y mesurer offre encore un champ d’investigation
important, incluant l’identification de nombreux métabolites des
substances-mères encore inconnus, qu’ils soient spécifiques ou non.
Enfin, la multiplicité des substances doit être davantage considérée
dans ces mesurages.
Données françaises de biomesurage de
pesticides
Les connaissances sur l’exposition professionnelle des travailleurs
agricoles français aux pesticides ont été décrites dans le chapitre
intitulé « Exposition aux pesticides » de l’expertise collective de 2013
(Inserm, 2013

) et
ont fait l’objet d’une revue systématique de la littérature récente
(Anses, 2016b

).
Elles ne seront pas abordées ici en détail. Les études analysées
visaient généralement à mesurer les contaminations cutanées et
respiratoires ou les concentrations urinaires pour certains pesticides
pour les mettre en lien avec des observations de terrain sur les
pratiques et le matériel. Ces enquêtes permettent de mieux comprendre
les déterminants professionnels de l’exposition aux pesticides et ainsi
de proposer des mesures de réduction de cette exposition à travers la
modification des pratiques, du matériel et des équipements. Alors qu’il
est logique que l’usage agricole d’un produit soit associé à une
exposition aux pesticides, d’autres tâches agricoles, hors manipulation
directe de pesticides, ont elles aussi été associées à des niveaux
d’exposition importants et parfois même plus élevés que ceux des
utilisateurs (Anses, 2016b

). C’est le cas par exemple de la ré-entrée dans
des parcelles traitées. La production de données dans ce domaine est
encore insuffisante et reste une nécessité.
Les pesticides et leurs produits de dégradation peuvent pénétrer
l’organisme par différentes voies d’exposition : i) par
inhalation lorsqu’ils sont présents dans l’air à l’état gazeux ou en
aérosol (liquide sous la forme de fines gouttelettes ou solide sous la
forme de poudre), ii) par ingestion lorsqu’ils contaminent les
aliments ou qu’ils sont fixés aux particules que l’on ingère
involontairement (par exemple dans les poussières) par les contacts
main-bouche, ou iii) par contact cutané direct avec les produits
utilisés ou par les molécules présentes dans tout l’environnement,
notamment les composés déposés sur les surfaces. Les études qui
s’intéressent à mesurer les niveaux des pesticides contemporains ou de
leurs métabolites dans les matrices biologiques humaines (le sang, les
urines, les cheveux, le lait maternel ou encore le méconium pour le
nouveau-né) en population générale française existent depuis une
quinzaine d’années. Elles sont peu nombreuses mais montrent toutes une
exposition répandue à de multiples substances.
Plusieurs initiatives d’envergure nationale ont permis d’améliorer les
connaissances sur l’exposition aux pesticides de la population générale,
mais cette connaissance est limitée à quelques familles chimiques
particulières et était initialement orientée vers l’exposition
alimentaire. Il s’agit, par exemple, de l’Étude nationale nutrition
santé menée en 2006-2007 qui avait pour objectifs d’évaluer les apports
alimentaires, l’état nutritionnel et l’activité physique de la
population française en lien avec les données de santé (Fréry et coll.,
2013

).
L’étude comprenait un volet environnemental, dont l’objectif était de
décrire, pour la première fois, l’exposition de la population française
à certains pesticides par l’analyse de prélèvements sanguins et
urinaires. Les résultats montraient que les niveaux d’exposition aux
pesticides organochlorés sont comparables aux niveaux observés à
l’étranger, mais concernant d’autres pesticides plus contemporains, les
niveaux français sont notablement plus élevés que ceux observés aux
États-Unis ou en Allemagne : principalement les insecticides
pyréthrinoïdes (concentration urinaire médiane du métabolite 3-PBA :
0,63 µg/g créatinine) et dans une moindre mesure les pesticides
organophosphorés. Le volet périnatal de la stratégie nationale de
biosurveillance de la population française, s’appuyant sur la cohorte
nationale ELFE (Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance) ayant
inclus en 2011 près de 18 000 femmes lors de l’accouchement sur toute la
France métropolitaine (Charles et coll.,
2020

), a
permis de contribuer à cette connaissance. Les études de la cohorte ELFE
ont confirmé la présence ubiquitaire des métabolites de pesticides
pyréthrinoïdes dans les urines de femmes françaises (concentration
médiane du métabolite 3-PBA : 0,36 µg/l ou 0,50 µg/g créatinine), ce qui
pourrait s’expliquer par leur usage domestique et leur usage accru en
substitution aux insecticides organophosphorés, sw5et ont montré
également une exposition peu fréquente ou absente aux pesticides
organophosphorés (cohérent avec la diminution des usages des
organophosphorés) et aux herbicides de la famille swdes triazines
(Dereumeaux et coll., 2016a

; Dereumeaux et coll.,
2016b

;
Dereumeaux et coll., 2018

). Enfin, l’étude ESTEBAN (étude de santé sur
l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la
nutrition)
2
est une étude nationale mise en place en 2014-2016,
conduite sur un échantillon représentatif de la population générale
composée de 1 104 enfants et 2 503 adultes, et construite pour être
répétée tous les 7 ans environ, notamment pour mesurer l’exposition de
la population à certaines substances de l’environnement et suivre son
évolution à partir de divers prélèvements biologiques. Les premiers
résultats concerneront une liste de pesticides appartenant
principalement à des familles déjà étudiées et devraient être publiés au
cours de l’année 2021.
D’autres études françaises menées au niveau régional et réalisées dans le
cadre d’activités de recherche se sont intéressées à des mesures de
l’exposition aux pesticides sur des populations particulières, telles
que les enfants et les femmes pendant la grossesse. Dès 2004, l’étude
EXPOPE (Évaluation de l’exposition de la population aux pesticides dans
l’environnement) a mesuré les métabolites dialkylphosphates (DAP)
d’insecticides organophosphorés dans les urines, sur la peau et dans
l’air à l’intérieur des logements dans une population résidant en
Île-de-France. Les concentrations urinaires médianes des DAP retrouvées
dans cet échantillon de 130 enfants et de 41 adultes étaient de
154 nmol/g créatinine et 241 nmol/g créatinine, respectivement (Bouvier,
2005

).
En 2008, l’étude PELAGIE (Perturbateurs endocriniens : Étude
longitudinale sur les anomalies de la grossesse, l’infertilité et
l’enfance), avait pour objectif d’évaluer les conséquences des
expositions environnementales aux substances chimiques pendant la
grossesse sur le déroulement de celle-ci et la santé de l’enfant à
partir d’une approche de cohorte mère-enfant. Elle a montré la présence
ubiquitaire de métabolites de pesticides organophosphorés (concentration
médiane des métabolites DAP : 42 nmol/g créatinine) et pyréthrinoïdes
chez la femme enceinte sur la période 2002-2005 et l’enfant de 6 ans sur
la période 2009-2012 en Bretagne, complétés par des prélèvements dans
l’environnement intérieur (Chevrier et coll.,
2009

;
Glorennec et coll., 2017

). Cette étude a également montré la présence
chez environ 30 % des femmes enceintes de métabolites urinaires des
triazines, famille d’herbicides utilisés jusqu’au début des années 2000
mais qui sont rémanents en particulier dans les eaux (Chevrier et coll.,
2011

).
Plus récemment, une étude réalisée en Picardie a effectué des dosages de
11 pesticides ou métabolites de pesticides dans des prélèvements de
méconium collectés en maternité entre 2011 et 2014 (Haraux et coll.,
2018

). Les
résultats ont permis d’observer des pesticides dans la majorité des
prélèvements des 58 nouveau-nés (groupe témoins). Les molécules les plus
présentes étaient les insecticides organophosphorés (métabolites
diéthylthiophosphates (DETP), chlorpyrifos, diazinon ; concentrations
médianes respectives : 82,4 ng/g, 6,6 ng/g et 1,6 ng/g), le propoxur
(concentration médiane : 12,1 ng/g) et l’isoproturon (concentration
médiane : 7,0 ng/g).
Une analyse d’une sous-cohorte de l’étude ELFE (311 femmes résidant dans
les régions Nord-Est et Sud-Ouest) a également apporté de nouvelles
connaissances sur l’exposition aux pesticides des femmes enceintes
françaises à partir de mesures dans les mèches de cheveux collectées à
la naissance de l’enfant (Béranger et coll.,
2018

). Parmi
les 140 molécules recherchées, 122 (87 %) ont été détectées au moins une
fois dans les mèches de cheveux. Un minimum de 25 molécules a été
retrouvé dans chaque mèche de cheveux. Pour la moitié des femmes, plus
de 43 molécules pesticides ont été détectées dans les mèches de cheveux
(maximum : 65). L’ensemble des 18 familles chimiques étudiées est
retrouvé, objectivant la présence de mélanges complexes de pesticides.
Les molécules avec les concentrations médianes les plus élevées sont
d’origine à la fois agricole et non agricole. Par ordre décroissant, les
concentrations médianes observées sont égales à 37,9 ng/g de cheveu pour
la perméthrine, 10,0 ng/g pour le pentachlorophénol, 7,5 ng/g pour le
métabolite DEP (famille des pesticides organophosphorés), 3,5 ng/g pour
le métabolite Cl
2CA (famille des pesticides pyréthrinoïdes),
2,7 ng/g pour le métabolite TCPγ (spécifique du chlorpyrifos, famille
des pesticides organophosphorés), 2,3 ng/g pour le métabolite fipronil
sulfone, 1,7 ng/g pour le métabolite 3-PBA (famille des pesticides
pyréthrinoïdes), 1,6 ng/g pour le lindane, et 1,1 ng/g pour la
cyperméthrine (famille des pesticides pyréthrinoïdes). Parmi les
20 molécules les plus fréquemment détectées, la moitié sont des
pesticides ou des métabolites de pesticides classés cancérogènes,
mutagènes ou toxiques pour la reproduction et 14 sont des perturbateurs
endocriniens, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la
Commission européenne. Enfin, les corrélations observées entre les
concentrations des pesticides ou des métabolites mesurées dans les
cheveux sont généralement modestes à faibles, en dehors des corrélations
observées entre la substance-mère et ses métabolites ou entre substances
d’une même famille chimique. Ces résultats suggèrent que la population
générale serait exposée à une grande diversité de mélanges de
pesticides, complexifiant l’étude des risques associés à ces
mélanges.
En résumé, les études qui s’intéressent à mesurer les niveaux des
pesticides contemporains ou de leurs métabolites dans les matrices
biologiques humaines en population générale française existent depuis
une quinzaine d’années. Elles sont peu nombreuses mais montrent toutes
une exposition répandue à de multiples substances. Elles sont pour
certaines d’envergure nationale mais jusqu’à présent limitées à quelques
familles chimiques, et pour d’autres d’envergure régionale, portées par
des travaux de recherche, à la fois plus complètes en matière de
couverture de molécules d’intérêt pour le contexte français mais plus
exploratoires compte tenu d’incertitudes liées aux matrices biologiques
choisies. Il est important de rappeler que la détection d’un pesticide,
d’un métabolite de pesticide, ou d’un mélange de ces substances dans une
matrice biologique humaine atteste très certainement d’une exposition,
mais ne peut conduire immédiatement à une interprétation de toxicité ou
d’effet sanitaire sans l’analyse de toutes les données associées et
disponibles de toxicologie et d’épidémiologie.
Contamination environnementale par les pesticides
en France et sources possibles d’exposition de la population
générale
Bref aperçu de la contamination environnementale en
France
La contamination de l’eau est la mieux documentée depuis plus de
vingt ans car la réglementation impose des contrôles sanitaires
réguliers pour l’eau de consommation, ainsi des mesures sont
effectuées à la fois dans les eaux superficielles et souterraines.
D’après le dernier rapport sur l’état de l’environnement en France,
publié en 2019 par le ministère de la Transition écologique et
solidaire
3
, un total de 80 % des masses d’eaux souterraines du
territoire français est contaminé par les pesticides : en 2017, près
de 300 substances ont été détectées parmi plus de 700 recherchées.
Parmi elles, la majorité (57 %) sont des herbicides ou leurs
produits de dégradation et 40 % sont des substances actuellement
interdites mais rémanentes dans les systèmes d’eau. Le seuil de
qualité de 0,5 µg/l pour la concentration totale de pesticides n’est
pas respecté pour plus d’un quart (27 %) de la superficie des masses
d’eau souterraine. La contamination des cours d’eau en France est
également généralisée, et elle est bien
documentée
4
. En considérant la limite de qualité réglementaire
de 0,1 µg/l pour un pesticide pris isolément, 84 % des points de
mesures des eaux de surface dépassent au moins une fois ce seuil sur
la période (au moins un échantillon > 0,1 µg/l) avec des différences
marquées selon les régions : 100 % des points de mesure dans le
bassin Artois-Picardie
versus 60 % en
Rhône-Méditerranée-Corse. Les dépassements réguliers (plus de
3 échantillons > 0,1 µg/l sur la période) concernent, au niveau
national, plus de 25 % des points de mesure.
La contamination par les pesticides des milieux marins et littoraux
ne bénéficie pas d’obligation réglementaire de contrôle. Des données
compilées par l’Institut français de recherche pour l’exploitation
de la mer (Ifremer) existent cependant depuis plus de 40 ans pour
quelques pesticides, pour les eaux mais aussi pour les organismes
filtreurs tels que les huîtres ou les moules capables d’accumuler
les polluants, et servent ainsi d’indicateur quantitatif de la
contamination (programme «
Mussel watch »). Elles permettent
de montrer que les niveaux de concentration en organochlorés (par
exemple le lindane) ont été réduits jusqu’à un facteur 5 sur
l’ensemble de la façade littorale française entre les périodes
1979-1993 et 2001-2004 (Ifremer,
2006

).
Aux Antilles françaises, la présence du chlordécone dans le milieu
marin est régulièrement contrôlée et a poussé les autorités à
interdire certaines activités de pêche dans les zones les plus
contaminées.
La contamination de l’air extérieur par les pesticides a été
documentée depuis quelques décennies pour l’essentiel par les
données ponctuelles collectées localement et sous l’initiative des
Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA).
Une base de données, PhytAtmo, regroupant ces données pour la
période 2002-2017 a été rendue publique récemment (Atmo-France,
2019

). Le
nombre des pesticides recherchés chaque année par l’ensemble des
AASQA en France évolue entre 150 et 250 en fonction des usages
régionaux. Entre 40 et 90 substances actives (herbicides,
fongicides, insecticides) sont détectées annuellement dans les
prélèvements d’air, à des concentrations qui montrent une forte
variabilité spatiale et temporelle. Certains composés peu volatils
ou interdits sont également retrouvés. Les zones rurales et urbaines
sont concernées par une contamination de l’air par des pesticides,
suggérant une contribution possible des usages non agricoles ou bien
du transport à des distances importantes de molécules utilisées sur
les champs. La Campagne nationale exploratoire des pesticides (CNEP)
a été initiée en 2018 dans un partenariat entre l’Agence nationale
de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du
travail (Anses), l’Institut national de l’environnement industriel
et des risques (Ineris) et le réseau AASQA, promettant des résultats
harmonisés sur l’ensemble du territoire français (métropole et
outre-mer) pour 75 substances actives analysées sur 50 sites de
prélèvements. Ces substances entrent, selon le cas, dans la
composition de produits phytopharmaceutiques, de produits biocides,
de médicaments vétérinaires et antiparasitaires à usage humain. Les
résultats de cette campagne montrent que seulement 6 substances
n’ont jamais été détectées en métropole, contre 43 dans les DROM,
reflétant une moindre variété de substances utilisées. Les
prélèvements d’air réalisés en zones « urbaines », « périurbaines »
ou « rurales » rapportent des résultats similaires. Parmi l’ensemble
des substances recherchées, les molécules les plus détectées dans
les prélèvements d’air sont le chlorothalonil, le
chlorpyrifos-méthyl, le glyphosate, le lindane, le prosulfocarbe, le
S-métolachlore, le folpel, la pendiméthaline, et le triallate. Cette
campagne a permis dans un premier temps de prioriser la conduite
d’investigations plus approfondies sur le lindane (cancérogène et
reprotoxique avéré) car il est retrouvé dans près de 80 % des
échantillons d’air, et de nouvelles mesures plus systématiques dans
l’air pour une liste de 32 substances (dont 9 interdites) (Anses,
2020

). Il
n’existe pas actuellement de valeurs réglementaires concernant les
niveaux de pesticides présents dans l’air.
Les sols sont également concernés par la contamination par des
résidus de pesticides et leurs métabolites, mais en l’absence de
surveillance réglementaire les données sont parcellaires en France.
Des niveaux localement élevés de lindane et d’atrazine ont été mis
en évidence dans le Nord de la France en 2008 (Anses,
2010a

).
Plus récemment, à partir d’une zone atelier dans les Deux-Sèvres,
les échantillons de sol de prairies et de cultures de céréales
rapportent une présence fréquente (> 80 % des échantillons de sol)
de diflufénican, d’imidaclopride, de boscalide et d’époxiconazole,
qu’il s’agisse d’agriculture conventionnelle ou biologique, les
concentrations observées étant plus faibles dans le cas
d’agriculture biologique (Pelosi et coll.,
2021

).
Contamination alimentaire en
France
Les denrées alimentaires contaminées par les pesticides sont une
source d’exposition de la population qui est actuellement encadrée
en France par divers dispositifs réglementaires de contrôle et de
surveillance. Il existe en effet une réglementation européenne sur
les teneurs en pesticides des produits destinés à l’alimentation
humaine, qui définit les limites maximales de résidus de pesticides
(LMR) (CE/396/2005). Ces limites maximales résiduelles sont fixées,
non seulement de manière à ne pas présenter de danger en restant
bien en deçà des seuils toxicologiques, mais également pour
correspondre au niveau le plus faible raisonnablement atteignable
compatible avec des « bonnes pratiques agricoles » pour chaque
pesticide. Les niveaux de contamination en résidus de pesticides des
denrées végétales et animales font l’objet d’une surveillance
régulière en France, dont l’objectif est de s’assurer du
non-dépassement des LMR mais aussi de vérifier que des produits
pesticides interdits ne sont pas encore utilisés. Des mesures
administratives ou pénales peuvent être prises à la suite des
enquêtes réalisées en cas de non-conformité.
Les mesures au niveau de la production primaire sont prises en charge
en France par la DGAL (Direction générale de l’alimentation). La
surveillance s’applique également aux niveaux supérieurs de la
chaîne alimentaire jusqu’au consommateur, et est prise en charge par
la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation
et de la répression des fraudes).
Les plans nationaux de contrôle et de surveillance de l’ensemble des
pays de l’Espace économique européen (EEE) font l’objet d’un rapport
commun. Dans le rapport basé sur les données de 2016 (Efsa,
2018

),
6 773 échantillons végétaux et animaux ont été analysés sur le
marché français : 6,4 % des échantillons étaient non conformes et
présentaient un dépassement de la LMR pour au moins un pesticide, et
près de la moitié (48,3 %) présentaient des résidus de pesticides
quantifiables. L’origine des échantillons était à 45,7 % française,
20,6 % étaient issus de l’EEE, 25,5 % de pays tiers et 8,2 %
d’origine inconnue. Au niveau européen, le taux de dépassement des
LMR s’élève à 4,5 % pour les légumes (7,7 % pour les légumineuses
fraîches ; 7,9 % pour les légumes feuilles-herbes fraîches), 4 %
pour les fruits et noix (4,6 % pour les agrumes ; 5,8 % pour les
fruits tropicaux et subtropicaux), 1,4 % pour les céréales, 8,1 %
pour les autres produits végétaux (11 % pour les épices ; 12,1 %
pour le houblon ; 16,2 % pour les thé-café-infusion-cacao), 1,9 %
pour les produits animaux (2,2 % pour le lait-produits laitiers et
12,6 % pour le foie) et 1,9 % pour les aliments pour nourrissons et
jeunes enfants. Sur les 84 657 échantillons analysés au niveau
européen, les pesticides les plus quantifiés (en nombre absolu
d’analyses égales ou supérieures à la limite de quantification) sont
le boscalide (6 815 dosages), le fludioxonil (4 255 dosages),
l’imazalil (4 061 dosages), le cyprodinil (3 721 dosages),
l’acétamipride (3 578 déterminations), l’azoxystrobine
(3 526 dosages) et le chlorpyrifos (3 371 dosages). Le rapport de
l’Efsa a conclu que, d’un point de vue d’une exposition aiguë aux
pesticides, la probabilité d’être exposé à des résidus de pesticides
dépassant des concentrations susceptibles d’entraîner des effets
négatifs sur la santé est faible. De même, l’Efsa a conclu que,
selon les connaissances scientifiques actuelles, l’exposition
alimentaire à long terme aux pesticides couverts était peu
susceptible de présenter un risque pour la santé des consommateurs.
Il faut cependant noter que ces études scientifiques sont peu
nombreuses et particulièrement complexes à réaliser.
La connaissance de la contamination de l’alimentation est complétée
par des études de l’alimentation totale (EAT), mises en place par
l’Anses, qui s’appuient sur une méthode standardisée recommandée par
l’OMS et visent à rechercher différentes substances susceptibles
d’être présentes dans les aliments « tels que consommés » et non
plus seulement bruts comme c’est le cas avec les plans de contrôle
et de surveillance des aliments. En associant aux résultats
analytiques des données de consommations alimentaires, ces études
permettent en particulier d’identifier les aliments qui contribuent
le plus aux expositions et de caractériser des risques pour la
population en tenant compte des apports totaux de chaque substance
dans l’alimentation. L’Étude de l’alimentation totale 2 (EAT2 ;
Anses, 2011

)
présente en 2011 des résultats concernant les résidus de
283 pesticides recherchés. « Parmi les 1235 échantillons composites
alimentaires analysés (194 items distincts), 37 % présentent au
moins un résidu détecté et 30 % au moins un résidu
quantifié
5
La limite de détection (LOD – Limit of
Detection) est la plus petite concentration du
composé à doser que la méthode analytique est capable de
détecter avec un bon niveau de confiance. À partir de cette
concentration, on peut affirmer que le composé est présent
(le risque que cette affirmation soit fausse est faible). En
dessous de cette concentration, le signal est trop proche du
bruit de fond analytique.La limite de quantification (LOQ – Limit of
Quantification) est la plus petite concentration du
composé à doser pour laquelle la méthode analytique est
capable de donner une valeur quantifiée avec une bonne
précision (c’est-à-dire une faible
incertitude).
. Parmi les 463 échantillons présentant des
détections (100 items alimentaires distincts), 50 % contiennent une
seule substance, 41 % de 2 à 5 substances, 8 % de 6 à 10 substances
et 1 % plus de 10 substances. Au maximum, 16 substances ont été
détectées dans un même échantillon composite. Considérant l’ensemble
des substances, 73 (26 %) ont été détectées, dont 55 (19 %)
quantifiées à des teneurs variant de 0,003 mg/kg (chlorpyrifos-éthyl
dans un échantillon composite de merguez) à 8,7 mg/kg (soufre dans
un échantillon composite de salades) ». Rappelons que les limites de
détection et de quantification sont définies par les méthodes
chimiques analytiques mises en œuvre, et sont très supérieures aux
LMR, élaborées pour la protection de la santé humaine. D’après
l’analyse des risques pour la population, seul le diméthoate
présente une probabilité non nulle de dépassement de la dose
journalière admissible avec un risque chronique pour les grands
consommateurs de cerises qui ne peut être écarté. Le diméthoate sera
par la suite interdit en 2016 en France, en 2019 en Europe et la LMR
portée au minimum en 2020
6
.
Dans la continuité de ces résultats, l’Étude de l’alimentation
infantile (EATi ; Anses, 2016a

) présente également en 2016 des mesures de
résidus de pesticides dans l’alimentation, avec un focus sur les
aliments destinés à l’alimentation des enfants de moins de trois
ans : il s’agit d’aliments courants ou alors de préparations
spéciales infantiles avec un plus grand nombre de pesticides et de
métabolites recherché (n = 469) et une amélioration importante des
limites analytiques. « Parmi les 309 échantillons composites
analysés, 208 (67 %) présentent au moins un résidu détecté. [...]
Parmi les échantillons présentant des détections, 17 % contiennent
une seule substance active, 61 % de 2 à 5 substances et 22 % plus de
5 substances. Au maximum, 20 substances ont été détectées dans un
même échantillon composite. Parmi les 469 substances et métabolites
recherchés, 78 (17 %) ont été détectés, dont 37 (8 %) quantifiés. »
L’analyse des risques pour la population suite à ces nouvelles
données n’identifie aucun pesticide en particulier.
Les eaux destinées à la consommation humaine représentent le
compartiment de l’environnement le plus surveillé en termes de
contamination par les pesticides. Il bénéficie de normes
réglementaires. L’arrêté du 11/01/2007 (articles R. 1321-2,
R. 1321-3, R. 1321-7 et R. 1321-38 du code de la santé publique)
fixe :
i) pour les pesticides dans les eaux brutes de toute
origine, utilisées pour la production d’eau destinée à la
consommation humaine, une norme de 0,5 µg/l pour chaque pesticide
pris individuellement et de 2 µg/l pour la somme de tous les
pesticides individualisés détectés et quantifiés (ainsi que leurs
métabolites) ;
ii) pour les pesticides dans les eaux
destinées à la consommation humaine une norme de 0,1 µg/l pour
chaque pesticide pris individuellement et de 0,5 µg/l pour la somme
de tous les pesticides individualisés détectés et quantifiés (ainsi
que leurs métabolites). Ces normes, en vigueur dans l’Union
européenne, ont été fixées sur la base des limites analytiques de
détection de l’époque et ne correspondent pas à des valeurs
sanitaires de référence. Quatre pesticides font l’objet de normes
plus sévères à 0,03 µg/l : l’aldrine, la dieldrine, l’heptachlore et
l’époxyde d’heptachlore. Le dépassement de ces valeurs mesurées dans
les points de captage entraîne la non-conformité de l’eau de
consommation et des contrôles plus fréquents, mais n’est pas
considéré par l’Anses comme un risque sanitaire donc n’entraîne pas
de restriction d’usage pour les populations. En 2018, c’est 90,6 %
de la population française qui a été alimentée par une eau conforme
en permanence ; les dépassements des limites de qualité au moins une
fois au cours de l’année ont concerné la quasi-totalité des
départements français (DGS, 2019

). Depuis 2010 les chiffres ne montrent pas
d’amélioration, bien que les comparaisons doivent être faites avec
précaution en raison de la variabilité des conditions de mise en
œuvre. Il n’existe pas de liste de pesticides définie au niveau
national à rechercher dans le cadre du contrôle sanitaire, et le
choix des molécules recherchées relève donc de la responsabilité des
Agences régionales de santé qui priorisent les substances les plus
susceptibles d’être présentes en raison des spécificités locales et
notamment des usages agricoles connus. L’amélioration récente des
techniques d’analyse en laboratoire permet de rechercher de plus en
plus de molécules (entre 100 et 200 molécules dans chaque
échantillon d’eau, voire jusqu’à plus de 400 molécules). Pour
l’année 2018, la grande majorité des cas de dépassement des limites
de qualité de l’eau était causée par cinq molécules herbicides dont
l’atrazine et ses métabolites, dont les usages sont interdits au
niveau européen depuis 2003 mais qui, rémanents, persistent dans les
eaux.
En résumé, les denrées alimentaires et l’eau destinée à la
consommation humaine contaminées par les pesticides représentent une
source évidente d’exposition possible de la population générale.
Divers dispositifs réglementaires de contrôle et de surveillance de
cette contamination existent en France et permettent de détecter
régulièrement des non-conformités réglementaires ou des
contaminations de ces denrées. Dans l’ensemble et selon les
connaissances actuellement disponibles, il n’y a pas de risques
identifiés associés à ces contaminations pour la santé humaine. Pour
un certain nombre de pesticides, il existe un besoin urgent
d’acquisition de données pour une évaluation de risque appropriée ;
ce manque de connaissances est encore plus important dans le cas de
mélanges de pesticides présents dans l’alimentation ou les pratiques
agronomiques.
Contamination des environnements intérieurs
français
Il existe très peu de données sur la contamination de l’air intérieur
par les pesticides, qui peut être le résultat des usages directs de
produits pesticides dans le logement, de l’émanation des substances
à partir de biens et matériaux traités (meubles, bois, tapis,
matelas...) et de la contamination de l’air extérieur.
Contaminations par
l’air
Les résultats de quatre études menées entre 2001 et 2006
rapportés par l’Observatoire des résidus de pesticides font état
de 38 substances pesticides détectées au moins une fois sur un
total de 84 recherchées (Anses,
2010b

). Cinq substances ont été systématiquement mesurées, il
s’agissait du chlorpyrifos, de l’α-endosulfan, du fenthion, du
lindane et du propoxur. Sur une période similaire, entre 2003 et
2005, l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) a
réalisé sa première campagne « logements » et a confirmé la
présence d’insecticides organochlorés tels que le DDT, son
métabolite DDE, et le lindane, dans plus de la moitié des
logements (phase particulaire de l’air, avec utilisation de
filtres PM10). Les deux insecticides organophosphorés
(chlorpyrifos, diazinon) étaient peu détectés, alors que la
perméthrine était très détectée (76 %) et la molécule-pesticide
avec la plus forte concentration parmi les
17 molécules-pesticides recherchées (Mandin et coll.,
2016

).
Contamination par les
poussières
La contamination de l’environnement intérieur par les pesticides
a également été étudiée
via les poussières domestiques
(déposées ou en suspension dans l’air). Dans le cadre du projet
Ecos-POUSS
7
Le projet Ecos-POUSS est un projet du Plan
national de recherche sur les perturbateurs endocriniens
(2011-2014) qui consiste à évaluer la contamination des
poussières d’habitation en composés perturbateurs
endocriniens dans des logements représentatifs de
l’habitat français dont dix-sept
pesticides.
, une campagne de prélèvements dans des
logements français représentatifs accueillant des enfants en
2008-2009 a conclu à la présence dans les poussières de plus
d’un tiers des logements de : perméthrine (99 %), lindane
(66 %), DDE (52 %), cyperméthrine (47 %), et chlorpyrifos
(35 %). Les concentrations les plus élevées (P75 : présentes
dans au moins 25 % des logements) étaient observées pour la
cyperméthrine, le lindane, le chlorpyrifos, et l’oxadiazon (Le
Bot et coll., 2014

; Mandin,
2015

). Enfin, plus récemment, l’OQAI fait état d’un profil
similaire de contamination par les pesticides dans les écoles du
territoire français entre 2013 et 2017 : avec dans l’air, le
lindane et son isomère (α-HCH), l’α-endosulfan, le diazinon, la
dieldrine, et le chlorpyrifos, et dans les poussières la
perméthrine, le lindane et son isomère, le DDT et son métabolite
DDE, et la dieldrine (Wei et coll.,
2021

). Enfin plus récemment, une équipe de recherche a conduit une
campagne de prélèvements de poussières en 2012 dans 239 foyers
de la région Auvergne-Rhône-Alpes et a permis de détecter au
moins une fois 125 pesticides distincts, parmi les 276
recherchés (Béranger et coll.,
2019

).
Contaminations liées aux usages domestiques de
produits pesticides
Les usages domestiques de produits pesticides par les Français
sont décrits et quantifiés pour la première fois avec une portée
nationale en 2019 par l’étude Pesti’home pilotée par l’Anses
(Anses, 2019

). L’enquête repose sur un échantillonnage stratifié parmi les
ménages de France métropolitaine (n = 1 507) interrogés en 2014
pour renseigner les caractéristiques de l’habitat et les
utilisations de pesticides au cours des 12 derniers mois. Un
inventaire des produits pesticides présents au domicile a permis
également de fournir des informations précises sur les produits
et les substances actives présentes dans les foyers français.
Dans les 12 derniers mois, 75 % des ménages interrogés
rapportent des usages domestiques de produits pesticides, pour
majorité des traitements à l’intérieur des logements. Les
utilisations sont différentes selon les régions et les
caractéristiques des logements, et certaines caractéristiques
individuelles des ménages. Le rapport conclut que les ménages
qui utilisent le plus fréquemment des produits pesticides sont
aussi souvent ceux qui en utilisent un nombre plus important,
notamment en traitement des jardins. L’étude montre que
10 familles chimiques différentes sont retrouvées dans les
produits stockés dans les foyers français. Les substances
actives les plus présentes et utilisées par la population sont :
trois insecticides pyréthrinoïdes (cyperméthrine, perméthrine,
et tétraméthrine), un herbicide (glyphosate) et un endectocide
ou insecticide (fipronil). Enfin, l’étude met en évidence que
plus d’un quart des ménages stocke au moins un produit interdit
au moment de l’enquête, soulignant un manquement d’information
concernant l’évolution rapide des réglementations de ces
produits domestiques. L’étude Pesti’home a également été mise en
place dans des DROM (Guadeloupe, Martinique, La Réunion) ; la
publication des résultats est prévue en 2021.
Les usages domestiques entraînent à la fois une exposition
directe des personnes occupant le domicile lors de l’utilisation
mais aussi la contamination de l’environnement intérieur puisque
certaines substances peuvent subsister dans l’air ou les
poussières des logements. En effet, plusieurs études françaises
montrent que les niveaux d’exposition mesurés dans les
poussières des logements sont corrélés aux usages domestiques
(Glorennec et coll., 2017

; Béranger et coll.,
2019

). Ces résultats sont également observés par les études
nord-américaines (Deziel et coll.,
2017

). D’autres travaux français montrent également que les
concentrations de métabolites urinaires d’insecticides
pyréthrinoïdes sont corrélées aux usages domestiques déclarés de
produits pesticides (Dereumeaux et coll.,
2018

), suggérant une contribution de ces usages domestiques à
l’exposition des populations.
En résumé, la contamination de l’environnement intérieur par les
pesticides est retrouvée dans l’ensemble des études. Elle est
particulièrement bien étudiée par l’OQAI qui s’intéresse
également à d’autres polluants et aux mélanges entre tous ces
contaminants. Les sources de ces contaminations peuvent être
variées et méritent d’être étudiées de façon plus approfondie.
Les usages domestiques de produits pesticides dans le logement
ou l’émanation des substances à partir de biens et matériaux
traités (meubles, bois, tapis, matelas...) sont les premières
sources possibles de contamination, ainsi que l’air extérieur.
La contribution des usages domestiques de produits-pesticides à
l’exposition aux pesticides a longtemps été négligée mais grâce
aux données récentes des dix dernières années, on s’aperçoit
qu’elle apparaît pourtant non négligeable pour la population
française. Ceci incite par précaution à plus de vigilance et
d’information auprès du grand public quant à l’usage et le
stockage de ces produits.
Contaminations liées à la proximité des lieux de vie
aux zones agricoles
Études utilisant des mesures dans les
compartiments biologiques
et
environnementaux
En France, quelques études réalisées en population générale à des
échelles régionales se sont intéressées à évaluer en zones
riveraines d’activités agricoles, la contamination des
environnements intérieurs des habitations par les pesticides ou
l’exposition des habitants aux pesticides. Il existe en effet
une dérive aérienne des pesticides au moment du traitement et
après l’application (par la volatilisation ou par l’érosion
éolienne) sur des distances plus ou moins longues selon le mode
d’application, les propriétés physico-chimiques des pesticides
et les conditions météorologiques (Gurial et coll.,
2016

). Ces études ont permis de détecter la présence de produits
correspondant à des pesticides agricoles dans les poussières
domestiques ou les urines de ces habitants ; elles ne permettent
cependant pas de conclure que l’activité agricole voisine
contribue fortement à cette exposition (Chevrier et coll.,
2014

; Glorennec et coll., 2017

; Béranger et coll.,
2019

). Ces études n’ont toutefois pas été conduites spécifiquement
pour cette question limitant la capacité méthodologique déployée
pour étudier la dérive des pesticides pendant/après application,
et ainsi la portée de ces résultats. Ces études s’appuient en
effet sur une approche spatiale précise, mais sans toutefois
bénéficier d’une précision temporelle pourtant nécessaire à ce
type d’étude. De la même façon, la CNEP (décrite ci-dessus),
réalisée à l’échelle nationale en 2018-2019, a permis de fournir
des mesures de pesticides dans l’air ambiant couvrant des zones
urbaines, péri-urbaines et rurales sur 12 mois (Anses,
2020

;
Ineris et coll., 2020

), et n’observe pas de différence
significative de fréquences de quantification et de
concentrations moyennes annuelles entre ces différentes
zones.
La littérature scientifique sur cette question dans le contexte
nord-américain est similaire et aboutit au même constat (Deziel
et coll., 2015

). Une revue de la littérature sur
l’exposition aux pesticides des femmes en zones agricoles,
recense en particulier 16 études qui s’intéressent au rôle de la
dérive des pesticides dans la contamination des habitations, par
la mesure de concentrations de pesticides dans les poussières
domestiques, en fonction de la proximité aux parcelles
agricoles. La moitié des études n’ont pas observé de corrélation
entre la distance aux cultures et les concentrations en
pesticides dans les poussières des habitations.
En 2017, Deziel et coll. ont réalisé une méta-analyse de
10 études afin d’évaluer les associations (et de quantifier les
différences observées) entre les concentrations de pesticides
dans les poussières des habitations et trois indicateurs des
principales voies d’exposition aux pesticides : l’utilisation de
pesticides dans le cadre professionnel par un membre de la
famille (forte ou faible selon la fréquence et l’ancienneté), la
distance aux cultures et l’utilisation domestique de pesticides.
En se basant sur 7 études (incluses dans la revue de Deziel et
coll., 2015

), les auteurs de la revue ont extrait 52 mesures de
pesticides (moyennes géométriques des mesures faites dans chaque
étude pour chaque type de pesticides), associées à des distances
allant de 10 à 3 690 pieds (soit 3 à 1 100 m environ), avec un
écart interquartile allant de 75 à 820 pieds (23 à 250 m). Ces
données ont permis de mettre en évidence une association
négative non linéaire entre les concentrations de pesticides
dans les poussières des habitations et la distance aux cultures,
qui correspondait à une diminution de 64 % de la concentration
de pesticides dans les habitations situées à 250 m des cultures
par rapport aux concentrations dans les habitations situées à
moins de 23 m. Cette diminution était estimée à 78 % pour les
concentrations en herbicides et fongicides, 51 % pour les
concentrations en insecticides. Par ailleurs, les concentrations
en pesticides étaient estimées à des niveaux 2,3 fois plus
élevés dans les habitations des agriculteurs utilisant des
pesticides de manière importante par rapport aux niveaux mesurés
dans les habitations des autres agriculteurs, et 1,3 fois plus
élevés dans les habitations avec une utilisation domestique de
pesticides par rapport aux autres habitations. Ces résultats
donnent des informations quantitatives sur les associations
entre les différents indicateurs d’exposition aux pesticides et
la concentration mesurée dans les poussières des habitations.
Cependant, ces résultats doivent être considérés avec prudence
pour plusieurs raisons, outre l’absence de prise en compte de
l’échelle temporelle :
i) le biais de publication est
probablement important puisque plusieurs études ayant des
résultats non statistiquement significatifs n’ont pu être
incluses par manque d’information sur les concentrations de
pesticides mesurées ou sur les indicateurs de distances et
d’utilisation professionnelle ou domestique de pesticides ;
ii) la difficulté de prendre en compte simultanément
les différentes voies d’exposition ;
iii) les
associations sont parfois estimées à partir d’un petit nombre de
mesures de pesticides ;
iv) les études incluses ont été
réalisées principalement dans quelques États du Nord-Ouest des
États-Unis, les résultats ne sont donc peut-être pas
généralisables à d’autres régions/pays.
D’autres études, réalisées en Europe, ont utilisé une
méthodologie intégrant à la fois des données spatiales et
temporelles, pour apporter des connaissances sur l’exposition
aux pesticides des populations riveraines des activités
agricoles.
En 2011 et 2012, au Royaume-Uni, des mesures ont été effectuées
dans les urines de personnes résidant à moins de 100 m de
parcelles de terres arables ou de vergers traités avec des
pesticides (Galea et coll.,
2015

). Quatre substances pouvant être détectées dans les urines à
l’aide de biomarqueurs et qui ont pu être appliquées sur les
parcelles sélectionnées ont été retenues dans l’étude : captane,
cyperméthrine, chlorméquat et chlorpyrifos. Les prélèvements des
urines ont été réalisés jusqu’à 48 h après une application de
pesticides sur les parcelles et à d’autres moments pendant et en
dehors de la période habituelle d’application (de mars à août).
Au total, 156 habitations et 140 participants (non exposés
professionnellement aux pesticides) ont été inclus, et
1 518 échantillons d’urines analysés. Pour deux des quatre
pesticides d’intérêt, le captane et la cyperméthrine, plus de
80 % des concentrations urinaires étaient inférieures à la
limite de détection, quel que soit le moment du prélèvement. Les
concentrations urinaires en chlorméquat 48 h après une
application étaient comparables à celles mesurées plus tard dans
la période d’application de pesticides et un peu plus élevées
que celles mesurées en dehors de cette période. Les
concentrations en chlorpyrifos mesurées moins de 48 h après une
application étaient quant à elles un peu plus faibles que les
concentrations mesurées plus tardivement (pendant ou en dehors
des périodes d’application). Il n’y avait pas de différences
statistiquement significatives entre les concentrations
urinaires en pesticides des hommes et des femmes et entre celles
des enfants et des adultes. Dans l’ensemble, pour les pesticides
étudiés, cette étude ne montre donc pas d’augmentation des
concentrations urinaires chez les riverains de cultures dans les
deux jours qui suivent le traitement des parcelles. Par
ailleurs, les différences observées selon les périodes de
prélèvements ne semblaient pas être expliquées par des facteurs
tels que l’âge, le sexe, le statut tabagique, la consommation
d’aliments issus de l’agriculture biologique, l’utilisation
domestique de pesticides, ou le temps passé à l’intérieur et à
l’extérieur de l’habitation 48 h avant l’application de
pesticides sur les parcelles agricoles.
En Wallonie, l’étude PROPULPPP
8
coordonnée par l’Institut scientifique de
service public a permis d’estimer les concentrations en
pesticides dans l’air et les poussières à proximité des cultures
(< 50 m), ainsi qu’à plus longue distance de l’application
(> 100 m). Les mesures ont été effectuées en 2018 dans les
heures et les jours qui suivent des pulvérisations à proximité
de parcelles expérimentales (7 pulvérisations, 19 substances),
puis dans des écoles et chez des particuliers (540 substances).
L’étude a mis en évidence une diminution des dépôts de
pesticides au sol en fonction de la distance à la zone traitée,
particulièrement dans les 10 premiers mètres, ainsi qu’une
diminution en fonction du temps. Les concentrations de
pesticides dans l’air ne montraient pas de tendance nette à la
diminution en fonction de la distance à la parcelle traitée et
du temps, les profils de variations étant différents selon les
substances. L’effet positif de la présence d’une barrière-écran
(buse anti-dérive et filet anti-insecte) autour des parcelles
sur la diminution des concentrations en pesticides au sol, en
bordure du champ quelques heures après la pulvérisation, a
également été noté.
L’exposition aux pesticides des personnes habitant à proximité
des champs de fleurs aux Pays-Bas a été évaluée dans l’étude OBO
(
Onderzoek Bestrijdingsmiddelen en Omwonenden) qui
portait sur 80 habitations (164 participants) situées à moins de
250 m de 9 parcelles traitées avec les pesticides par une
technique de pulvérisation dirigée vers le bas (Gooijer et
coll., 2019

). La population « contrôle » était constituée de
28 participants résidant dans 16 habitations situées à plus de
500 m des parcelles agricoles et dans des zones non urbaines.
Des prélèvements d’air ont été testés pour 48 pesticides
d’intérêt appliqués sur les parcelles voisines, et
l’imprégnation des participants a été évaluée par l’analyse des
prélèvements d’urine pour 5 substances actives (asulame,
métabolites de chlorprophame, prochloraze, tébuconazole et
carbendazime). Les mesures ont été faites au moment des
applications de pesticides (pendant 7 jours, en commençant le
jour de l’application) et en dehors de ces périodes. La plupart
des pesticides ont été retrouvés avec des concentrations plus
importantes à moins de 250 m des champs de bulbes qu’à plus de
500 m, surtout à l’extérieur des habitations mais également à
l’intérieur, et de façon plus marquée pendant les périodes
d’application. Les niveaux de concentrations dans l’air étaient
globalement plus importants dans les habitations des
cultivateurs que dans celles d’autres riverains de champs de
bulbes, les habitations des cultivateurs étant généralement plus
proches des champs. Enfin, deux pesticides (chlorprophame et
tébuconazole) ont été retrouvés chez plus de la moitié des
participants (riverains des champs ou résidents des zones
témoins), sans qu’il y ait de lien linéaire entre la distance
aux champs et les concentrations urinaires.
En résumé, plusieurs études se sont intéressées à la
contamination des lieux de vie par les pesticides à proximité de
parcelles agricoles, en considérant les concentrations dans et à
l’extérieur des habitations ou les concentrations urinaires des
populations résidentes. Les résultats de ces études sont assez
hétérogènes. Lorsque les périodes d’applications de pesticides
ne sont pas prises en compte, il est difficile de faire le lien
avec l’utilisation de pesticides sur les parcelles voisines.
Plus récemment, quelques études ont été mises en place afin
d’étudier plus précisément les variations de concentrations de
pesticides à proximité de parcelles agricoles après application,
en fonction de la distance et du temps. Ces études rapportent
des concentrations plus importantes de pesticides pendant les
périodes d’application sur les parcelles et une diminution en
fonction de la distance. Comme cela est attendu, ces profils de
variations dépendent des substances actives considérées et du
type de mesure effectué (dans l’air, au sol, dans les urines des
habitants).
Études utilisant des indicateurs indirects de
l’exposition aux pesticides
pour caractériser le danger pour
les populations riveraines
Depuis quelques années, les épidémiologistes se sont intéressés à
la population riveraine de cultures en considérant la proximité
de l’habitation aux champs agricoles comme un proxy de
l’exposition aux pesticides. Les études dites « écologiques »
visent à évaluer la corrélation spatiale entre un indicateur de
santé (taux de mortalité, taux d’incidence ou de prévalence
d’une maladie) mesuré dans des unités géographiques et un
indicateur d’activité agricole défini pour ces mêmes unités
(densité de fermes, surface en cultures, quantité de pesticides
utilisée sur les cultures...). Les indicateurs d’activité
agricole reposent principalement sur des bases de données
agricoles locales ou nationales (voir addenda en fin de
chapitre). En France, par exemple, les données du recensement
général agricole ont été utilisées dans plusieurs études
écologiques afin d’estimer la part de surface en culture dans
les communes ou cantons, globalement et pour plusieurs grands
types de cultures (céréales, oléagineux, arboriculture,
viticulture, pommes de terre, légumes...). Cet indicateur
d’activité agricole a été mis en relation avec plusieurs
évènements de santé, notamment la croissance fœtale (Petit et
coll., 2010

), la maladie de Parkinson (Kab et coll.,
2017

)
ou les leucémies aiguës de l’enfant (Coste et coll.,
2020

).
Des études cas-témoins se sont également intéressées à la
présence de cultures à proximité des lieux de résidence des
participants en s’appuyant sur la géolocalisation des adresses
et en considérant des zones circulaires centrées sur ces
adresses (
buffer ou en français zone tampon), et de
taille différente selon les études (rayon entre 100 m et 1 500 m
principalement). Plusieurs types de données intégrés dans des
systèmes d’information géographique sont utilisés afin de
caractériser l’activité agricole dans les zones tampons :
registre de parcelles agricoles, données d’occupation du sol
provenant d’images satellitaires ou de vues aériennes, données
de ventes ou d’utilisation de pesticides... Ces données
permettent de déterminer la présence de cultures et d’estimer la
surface en culture dans les zones tampons. Ces indicateurs
indirects de l’exposition aux pesticides sont utilisés, par
exemple, dans le projet Geocap Agri
9
Geocap Agri est un projet de recherche mis
en place par l’équipe de recherche Inserm EPICEA
(épidémiologie des cancers de l’enfant et de
l’adolescent, UMR-S 1153 équipe 7) en collaboration avec
Santé publique France afin de répondre à une saisine de
la Direction générale de la santé sur « pesticides
agricoles et cancers de l’enfant »
https://rnce.inserm.fr [consulté le
12 janvier 2021].
afin d’étudier le lien entre la présence de
cultures et l’utilisation de pesticides agricoles à proximité du
domicile, et la survenue de cancers chez les enfants. Les
parcelles agricoles sont localisées à partir de plusieurs
sources de données présentées plus en détail dans l’addenda en
fin de chapitre (registre parcellaire graphique, base de données
BD Topo de l’Institut géographique national, données
satellitaires de
Corine Land Cover...). Lorsque
l’historique résidentiel des participants aux études cas-témoins
est connu, il est également possible de calculer des scores
cumulés d’exposition aux pesticides. Cette approche a été suivie
dans l’étude cas-témoins CERENAT (Carles et coll.,
2017

)
sur le risque de tumeurs cérébrales chez l’adulte dans
4 départements français (Gironde, Calvados, Manche et Hérault),
dont les résultats sont détaillés dans le chapitre « Tumeurs du
système nerveux central » de la présente expertise collective.
Les données satellitaires de la base
Corine Land Cover et
les données communales du recensement général agricole ont été
utilisées afin de définir plusieurs indicateurs de présence de
cultures à proximité des lieux de résidence des participants,
les adresses ayant été recueillies par questionnaire et
géolocalisées :
i) la distance à la culture la plus
proche,
ii) le pourcentage de surface en culture dans des
zones tampons de 500 m de rayon, centrées sur les adresses de
résidence,
iii) la somme des surfaces en cultures dans
les communes de résidence à partir des historiques
résidentiels.
En plus de la distance aux cultures, des études ont pris en
compte des paramètres qui peuvent influencer le transport des
pesticides des parcelles agricoles vers des zones non traitées.
Ainsi, une étude s’intéressant à la présence de symptômes
respiratoires à l’âge de 7 ans chez les enfants de la cohorte
CHAMACOS (enfants nés de familles latino-américaines de faible
revenu vivant dans la vallée Salinas en Californie) a pris en
compte la direction des vents la semaine qui suivait
l’application de pesticides afin de mieux caractériser les
niveaux d’exposition à 4 substances particulières dans des zones
tampons de 3, 5 et 8 km (Gunier et coll.,
2018

). L’apport de cette variable et l’impact de sa prise en
compte sur les résultats ne sont toutefois pas discutés. En
France, dans le cadre du projet POPEYE (Exposition aux
pesticides dans la cohorte mères-enfants ELFE et issues de
grossesse), une équipe de recherche Irset-Inserm s’intéresse à
l’exposition aux pesticides agricoles des femmes enceintes
incluses dans la cohorte nationale ELFE, en considérant en
particulier la proximité aux zones agricoles comme source
d’exposition (projet en cours).
À l’heure actuelle, seules les études réalisées en Californie ont
pu associer à la proximité des cultures des informations sur les
usages de pesticides. En effet, depuis 1972, l’État de
Californie possède un registre des pesticides utilisés sur les
parcelles agricoles (
pesticide use report, PUR), avec en
particulier des informations précises sur la localisation de ces
parcelles, les substances et les quantités utilisées, le type de
culture et la surface traitée, la méthode et la date
d’application. Les données sont présentées pour des sections de
1 mile
2 soit environ 2,6 km
2. Elles
ont été utilisées dans plusieurs études écologiques réalisées à
différentes échelles géographiques (
county, census block, zip
code) ainsi que dans plusieurs études cas-témoins
s’appuyant sur la géolocalisation des adresses de résidence.
Pour ces dernières études, les données de cette base ont été
combinées dans un système d’information géographique avec les
données des études d’occupation des sols, les
Land Use
Surveys (LUS), réalisées tous les 7-10 ans à l’échelle
nationale, afin d’associer les données sur les quantités de
pesticides provenant des PUR aux différentes parcelles
agricoles. Des développements méthodologiques récents ont par
ailleurs montré l’intérêt de prendre en compte également les
données des satellites de la NASA et de l’institut américain de
surveillance géologique (
U.S. Geological Survey) pour
identifier et caractériser les parcelles agricoles, notamment
pour les années non couvertes par les LUS (VoPham et coll.,
2015

). Des travaux méthodologiques similaires sont en cours de
développement dans plusieurs équipes de recherche
françaises.
Précaution et limites de ces
études
Les études écologiques et les études cas-témoins basées sur la
géolocalisation des lieux de résidence présentent l’avantage de
pouvoir être menées à grande échelle, et de couvrir ainsi une
large population, et sont généralement moins coûteuses que les
études cas-témoins dans lesquelles les informations sur les
expositions sont recueillies par questionnaires et/ou
prélèvements environnementaux ou biologiques. En revanche, les
informations sur d’éventuels facteurs de confusion individuels
sont généralement plus limitées dans ces études, ce qui peut
être problématique si des facteurs individuels sont associés à
la pathologie étudiée et à l’indicateur de présence de culture
ou d’exposition aux pesticides agricoles considéré. La précision
du géocodage des adresses de résidence est un point important
également lorsqu’on s’intéresse à la proximité des cultures
comme proxy de l’exposition aux pesticides agricoles, ou à tout
autre facteur d’exposition qui varie de manière importante sur
de courtes distances. Il a été montré, par exemple, que la
précision du géocodage peut dépendre de la méthode utilisée
(Faure et coll., 2017

) et que, de manière générale, le
géocodage est plus précis en zone urbaine qu’en zone rurale.
Pour construire un indicateur d’exposition cumulée aux
pesticides, ou évaluer une exposition ancienne, il est important
également de disposer de l’historique complet des lieux de
résidence des participants, ce qui peut être très compliqué pour
les maladies avec une longue période de latence. Ces aspects ne
sont pas toujours pris en compte dans les études et sont peu
abordés dans les articles. De même, la précision de l’indicateur
d’exposition (présence de culture ou quantité de pesticides
utilisée) mérite d’être discutée (Chang et coll.,
2014

). En effet, dans les études de type géographique, les
informations sur l’exposition proviennent souvent de bases de
données qui ont été mises en place afin de répondre à des
objectifs différents et parfois à des échelles géographiques
différentes de celles considérées dans les études (par exemple,
caractérisation du territoire à l’échelle européenne pour
Corine Land Cover, déclaration des surfaces en
cultures afin d’obtenir une aide financière dans le cadre de la
politique agricole commune pour le registre parcellaire
graphique). Ces bases de données sont souvent incomplètes et/ou
peu précises. Elles sont réalisées avec des pas de temps parfois
longs (10 ans pour les recensements agricoles en France), et ne
remontent pour certaines qu’à quelques années (2007 pour le
registre parcellaire graphique) ne permettant pas des analyses à
la parcelle pour les expositions anciennes.
Pour pallier ce manque d’information historique, une équipe du
centre Léon Bérard a développé récemment un algorithme afin
d’automatiser l’interprétation de photos aériennes anciennes
pour caractériser l’occupation du sol (Ratajczak et coll.,
2019

). Des données satellitaires historiques avaient également été
utilisées par cette équipe pour l’étude TESTIS sur les tumeurs
germinales du testicule (Béranger et coll.,
2014

).
Conclusion
Les données disponibles sur la contamination des différents compartiments
de l’environnement (air, eaux, sols) en France indiquent une présence
ubiquitaire de pesticides, que ce soient des substances actives ou leurs
produits de dégradation. Il peut s’agir de pesticides autorisés au
niveau européen ou interdits, y compris depuis plusieurs années car
ayant une rémanence importante.
Les études qui mesurent les niveaux de pesticides ou de leurs métabolites
dans les matrices biologiques humaines en population générale française
montrent toutes une exposition répandue à de multiples substances.
Les origines actuelles ou passées de ces molécules sont multiples :
utilisation dans le cadre agricole (pour les cultures, les animaux – y
compris la pisciculture – ou les bâtiments d’élevage ou de stockage),
entretien des infrastructures de transport (routes, chemins de fer,
aéroports...), parcs publics et espaces verts, usages domestiques
(jardins, antiparasitaires...). À noter que l’utilisation des produits
phytopharmaceutiques de synthèse est interdite depuis 2017 pour les
collectivités pour l’entretien des espaces verts et la voirie, et depuis
2019 pour les particuliers (potagers, jardins et plantes
d’intérieur).
Depuis quelques années, la contamination des environnements intérieurs
par les usages domestiques de pesticides ou par l’épandage de pesticides
sur des surfaces proches des lieux de vie a concentré les efforts de
recherche. Elles ont pu dans certains cas corréler la concentration de
pesticides dans les poussières d’habitations à l’utilisation de
pesticides au domicile ou dans des zones autour de la résidence, en
fonction de la distance ou des périodes d’application des pesticides.
Les résultats de ces études et l’utilisation de méthodes d’évaluation de
l’exposition telles que les systèmes d’information géographique
devraient permettre de progresser dans l’évaluation de l’exposition aux
pesticides des personnes au sein même de leur domicile et l’estimation
des risques pour la santé comme cela est illustré dans le cas de
certaines pathologies (résultats présentés dans les chapitres
correspondants).
Addenda : Principales sources de données disponibles
en France
Les principales sources de données actuellement disponibles en France, à
l’échelle nationale, pour les études basées sur la géolocalisation des
adresses de résidence et la construction de buffers autour de ces
adresses à l’échelle nationale, sont :
• la base Corine Land Cover : données sur l’occupation du
sol provenant d’images satellitaires, disponibles pour les
années 1990, 2000, 2006, 2012, 2018 sur des polygones de 25 ha
minimum ;
• le registre parcellaire graphique, qui rassemble les informations
déclarées par les agriculteurs lors des demandes d’aide
financière dans le cadre de la politique agricole commune. Ces
données sont disponibles depuis 2007, à l’échelle des îlots de
culture (avant 2015) ou des parcelles (depuis 2015) ;
• la base de données BD Topo de l’Institut géographique national
qui permet de localiser les parcelles en vignes et vergers (sur
une période autour de 2010-2015) ;
• le casier viticole informatisé géré par la Direction générale des
douanes et droits indirects. Il fournit depuis 2016 des
informations sur les parcelles en vignes à partir des
déclarations de récoltes faites par les viticulteurs ;
• la banque nationale des ventes de produits phytopharmaceutiques
par les distributeurs agréés (BNV-d) rassemble, depuis 2009, les
informations sur les ventes de produits phytosanitaires que les
distributeurs agréés déclarent annuellement aux agences et
offices de l’eau dans le cadre de la loi sur l’eau et les
milieux aquatiques. Actuellement ces données sont disponibles à
l’échelle de la commune (code postal du distributeur, et plus
récemment de l’acheteur).
Ces données sont disponibles (mais difficilement accessibles parfois)
pour différentes périodes avec des degrés de précision variables. Des
réflexions sont en cours, en particulier à Santé publique France, pour
combiner au mieux l’ensemble de ces informations dans un système
d’information géographique afin de décrire finement l’espace agricole
français et de localiser précisément les parcelles en culture.
Sur le modèle californien, l’utilisation de données satellitaires pourra
certainement être envisagée à court terme pour identifier plus
précisément les parcelles agricoles en France et pour prendre en compte
les variations temporelles, notamment les rotations de cultures sur
certaines parcelles. Les matrices cultures-pesticides, par exemple
Matphyto mis en place par Santé publique France (Spinosi et Févotte,
2008) ou PESTIMAT de l’Inserm-Isped (Baldi et coll.,
2017

),
permettent d’associer à différents types de cultures des informations
sur les pesticides utilisés, en tenant compte de l’évolution temporelle
des pratiques sur plusieurs dizaines d’années et des différences
régionales. Comme cela été fait dans une étude récente en Caroline du
Nord (Rappazzo et coll., 2019

), ces matrices pourront être utilisées
également pour estimer les quantités de pesticides appliquées à
proximité des habitations.
Références
• Étude financée par un industriel des phytosanitaires
[1]Anses. Campagne nationale exploratoire des pesticides
dans l’air ambiant : Premières interprétations
sanitaires.
2020;
146 pp.
[2]Anses. Étude Pesti’home : Enquête nationale sur les
utilisations domestiques de pesticides.
2019;
282 pp.
[3]Anses. Exposition alimentaire des enfants de moins 3
ans à certaines substances – EAT infantile Tome 2 – Partie 4
– Résultats relatifs aux résidus de
pesticides.
2016a;
378 pp.
[4]Anses. Exposition des travailleurs agricoles aux
pesticides – Volume 2 : Analyse de la littérature pour les
situations françaises.
Anses:Maisons-Alfort;
2016b.
180 pp.
[5]Anses. Avis de l’Anses Rapport d’expertise Étude de
l’alimentation totale française 2 – (EAT 2) – Tome 2 –
Résidus de pesticides, additifs, acrylamide, hydrocarbures
aromatiques polycycliques.
2011.
405 pp.
[6]Anses. Exposition de la population générale aux
résidus de pesticides en France : Synthèse des données
d’utilisation, de contamination des milieux et
d’imprégnation de la population.
2010a;
365 pp.
[7]Anses. Recommandations et perspectives pour une
surveillance nationale de la contamination de l’air par les
pesticides : Synthèse et recommandations du comité
d’orientation et de prospective scientifique de
l’observatoire des résidus de pesticides.
2010b;
55 pp.
[8] Appenzeller BMR, Tsatsakis AM. Hair analysis for biomonitoring of
environmental and occupational exposure to organic
pollutants: state of the art, critical review and future
needs.
Toxicol Lett. 2012;
210:119
-40
[9]Atmo-France. Dossier de presse relatif à l’ouverture de la
base de données PhytAtmo.
2019.
10 pp.
[10] Baldi I, Carles C, Blanc-Lapierre A, et al . A French crop-exposure matrix for use in
epidemiological studies on pesticides :
PESTIMAT.
J Expo Sci Environ Epidemiol. 2017;
27:56
-63
[11] Béranger R, Billoir E, Nuckols JR, et al . Agricultural and domestic pesticides in house
dust from different agricultural areas in
France.
Environ Sci Pollut Res Int. 2019;
26:19632
-45
[12] Béranger R, Hardy EM, Dexet C, et al . Multiple pesticide analysis in hair samples
of pregnant French women: Results from the ELFE national
birth cohort.
Environ Int. 2018;
120:43
-53
[13] Béranger R, Perol O, Bujan L, et al . Studying the impact of early life exposures
to pesticides on the risk of testicular germ cell tumors
during adulthood (TESTIS project): study
protocol.
BMC Cancer. 2014;
14: 563p.
[14] Bouvier G. Contribution à l’évaluation de l’exposition de
la population francilienne aux pesticides.
Université Réné Descartes, Paris V. Paris:Doctorat;
2005;
[15] Carles C, Bouvier G, Esquirol Y, et al . Residential proximity to agricultural land
and risk of brain tumor in the general
population.
Environ Res. 2017;
159:321
-30
[16] Chang ET, Adami H-O, Bailey WH, et al . Validity of geographically modeled
environmental exposure estimates.
Crit Rev Toxicol. 2014;
44:450
-66

•
[17] Charles MA, Thierry X, Lanoe J-L, et al . Cohort Profile: The French national cohort of
children (ELFE): birth to 5 years.
Int J Epidemiol. 2020;
49:368
-369j
[18] Chevrier C, Serrano T, Lecerf R, et al . Environmental determinants of the urinary
concentrations of herbicides during pregnancy: the PELAGIE
mother-child cohort (France).
Environ Int. 2014;
63:11
-8
[19] Chevrier C, Limon G, Monfort C, et al . Urinary biomarkers of prenatal atrazine
exposure and adverse birth outcomes in the PELAGIE birth
cohort.
Environ Health Perspect. 2011;
119:1034
-41
[20] Chevrier C, Petit C, Limon G, Monfort C, et al . Biomarqueurs urinaires d’exposition aux
pesticides des femmes enceintes de la cohorte Pélagie
réalisée en Bretagne (2002-2006).
Bull Epidemiol Hebd (Paris). 2009;
23p.
[21] Coste A, Goujon S, Faure L, et al . Agricultural crop density in the
municipalities of France and incidence of childhood
leukemia: An ecological study.
Environ Res. 2020;
187: 109517p.
[22] Dereumeaux C, Saoudi A, Goria S, et al . Urinary levels of pyrethroid pesticides and
determinants in pregnant French women from the Elfe
cohort.
Environ Int. 2018;
119:89
-99
[23] Dereumeaux C, Saoudi A, Pecheux M, et al . Biomarkers of exposure to environmental
contaminants in French pregnant women from the Elfe cohort
in 2011.
Environ Int. 2016a;
97:56
-67
[24] Dereumeaux C, Guldner L, Saoudi A, et al . Imprégnation des femmes enceintes par les
polluants de l’environnement en France en 2011 : Volet
périnatal du programme national de biosurveillance mis en
œuvre au sein de la cohorte Elfe. Tome 1 : polluants
organiques.
Saint-Maurice: France.
Institut de veille
sanitaire;
2016b;
261 pp.
[25] Deziel NC, Freeman LEB, Graubard BI, et al . Relative contributions of agricultural drift,
para-occupational, and residential use exposure pathways to
house dust pesticide concentrations: meta-regression of
published data.
Environ Health Perspect. 2017;
125:296
-305
[26] Deziel NC, Friesen MC, Hoppin JA, et al . A review of nonoccupational pathways for
pesticide exposure in women living in agricultural
areas.
Environ Health Perspect. 2015;
123:515
-24
[27]DGS. Bilan de la qualité de l’eau du robinet
vis-à-vis des pesticides. Données 2018.
Direction générale de la
Santé;
2019;
12 pp.
[28]Efsa. The 2016 European Union report on pesticide
residues in food.
Efsa;
2018;
139 pp.
[29] Faure E, Danjou AMN, Clavel-Chapelon F, et al . Accuracy of two geocoding methods for
geographic information system-based exposure assessment in
epidemiological studies.
Environ Health. 2017;
16: 15p.
[30] Fréry N, Guldner L, Saoudi A, et al . Exposition de la population française aux
substances chimiques de l’environnement : Tome 2 –
Polychlorobiphényles (PCB-NDL) et
pesticides.
Saint-Maurice:Institut de veille
sanitaire;
2013.
178 pp.
[31] Galea KS, MacCalman L, Jones K, et al . Urinary biomarker concentrations of captan,
chlormequat, chlorpyrifos and cypermethrin in UK adults and
children living near agricultural land.
J Expo Sci Environ Epidemiol. 2015;
25:623
-31
[32] Glorennec P, Serrano T, Fravallo M, et al . Determinants of children’s exposure to
pyrethroid insecticides in western
France.
Environ Int. 2017;
104:76
-82
[34] Gunier RB, Raanan R, Castorina R, et al . Residential proximity to agricultural
fumigant use and respiratory health in 7-year old
children.
Environ Res. 2018;
164:93
-9
[35] Gurial C, Bedos C, Ruelle B, et al . Les émissions de produits phytopharmaceutiques
dans l’air : Facteurs d’émissions, outils d’estimation des
émissions, évaluations environnementales et perspectives de
recherche.
Agence de l’Environnement et de la Maîtrise
de l’Energie (ADEME);
2016;
47 pp.
[36] Haraux E, Tourneux P, Kouakam C, et al . Isolated hypospadias : The impact of prenatal
exposure to pesticides, as determined by meconium
analysis.
Environ Int. 2018;
119:20
-5
[37]Ifremer. Surveillance du Milieu Marin. Travaux du Réseau
National d’Observation de la qualité du milieu
marin.
Ifremer et Ministère de l’Écologie et du
Développement Durable;
2006;
56 pp. [consulté le 13/01/21].
[38]Ineris.LCSQA. Marliere F, et al . Résultats de la Campagne Nationale Exploratoire
de mesure des résidus de Pesticides dans l’air ambiant
(2018-2019).
2020: 535 pp. [consulté le 17/02/21].
[39]Inserm. Pesticides : Effets sur la
santé.
Collection Expertise collective. Paris:Inserm;
2013;
1001 pp.
[40] Kab S, Spinosi J, Chaperon L, et al . Agricultural activities and the incidence of
Parkinson’s disease in the general French
population.
Eur J Epidemiol. 2017;
32:203
-16
[41] Kempson IM, Lombi E. Hair analysis as a biomonitor for toxicology,
disease and health status.
Chem Soc Rev. 2011;
40:3915
-40
[42] Le Bot B, Mandin C, Mercier F, et al . Exposition cumulée aux composés organiques
semi-volatils dans l’habitat (Projet ECOS-habitat) :
évaluation de la contamination des poussières sédimentées
(ECOS-POUSS). Programme PNRPE 2010.
2014;
62 pp. [consulté le 18/02/21].
[43] Mandin C, Mercier F, Ramalho O, et al . Semi-volatile organic compounds in the
particulate phase in dwellings: A nationwide survey in
France.
Atmospheric Environment. 2016;
136:82
-94
[44] Mandin C. Contamination des logements français en
composés organiques semi-volatils en phase
particulaire.
Université Rennes 1. Médecine humaine et
pathologie. 2015;
[45] Ostrea EM, Bielawski DM, Posecion NC, et al . A comparison of infant hair, cord blood and
meconium analysis to detect fetal exposure to environmental
pesticides.
Environ Res. 2008;
106:277
-83
[46] Pelosi C, Bertrand C, Daniele G, et al . Residues of currently used pesticides in
soils and earthworms: A silent threat?.
Agriculture, Ecosystems &
Environment. 2021;
305: 107167p.
[47] Petit C, Chevrier C, Durand G, et al . Impact on fetal growth of prenatal exposure
to pesticides due to agricultural activities: a prospective
cohort study in Brittany.
France.
Environ Health. 2010;
9: 71p.
[48] Rappazzo KM, Warren JL, Davalos AD, et al . Maternal residential exposure to specific
agricultural pesticide active ingredients and birth defects
in a 2003-2005 North Carolina birth
cohort.
Birth Defects Res. 2019;
111:312
-23
[49] Ratajczak R, Crispim-Junior CF, Faure E, et al . Automatic land cover reconstruction from
historical aerial images : an evaluation of features
extraction and classification algorithms.
IEEE transactions on image processing: a
publication of the IEEE Signal Processing
Society. 2019;
28:3357
-71
[50] Spinosi J, Févotte J. Le programme Matphyto – Matrices
cultures-expositions aux produits
phytosanitaires.
Institut de veille sanitaire. Saint-Maurice: France.
2008;
19 pp. [consulté le 13/01/21].
[51] VoPham T, Wilson JP, Ruddell D, et al . Linking pesticides and human health: a
geographic information system (GIS) and Landsat remote
sensing method to estimate agricultural pesticide
exposure.
Appl Geogr. 2015;
62:171
-81
[52] Wei W, Dassonville C, Sivanantham S, et al . Semivolatile organic compounds in French
schools: Partitioning between the gas phase, airborne
particles and settled dust.
Indoor Air. 2021;
31:156
-69
[53] Yusa V, Millet M, Coscolla C, et al . Analytical methods for human biomonitoring of
pesticides. A review.
Analytica Chimica Acta. 2015;
891:15
-31
→ Aller vers SYNTHESE