Pesticides et effets sur la santé
IV. Focus sur des substances actives
2021
20-
Fongicides inhibiteurs
de la succinate déshydrogénase
Préambule
Les fongicides inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHi) sont
devenus ces dernières années un sujet de préoccupation pour les
autorités sanitaires comme pour le grand public à la suite d’une
alerte
1
lancée par un collectif de chercheurs et de
médecins, incluant notamment des spécialistes de la fonction
mitochondriale, des cancérologues, et des toxicologues. Ce collectif
s’appuie sur le mécanisme d’action de ces pesticides pour avancer
l’hypothèse qu’ils pourraient, en raison de leur capacité à
perturber la fonction mitochondriale des espèces non-cibles,
présenter un risque pour la santé humaine ou l’environnement.
Cette hypothèse repose sur des publications scientifiques remontant
au début des années 1990 qui montrent que des déficiences dans
l’activité de la SDH, génétiquement déterminées, sont responsables
de maladies humaines rares. Ces maladies, qui ont pour étiologie des
dysfonctionnements mitochondriaux à l’origine de certaines formes de
cancer et de pathologies neurologiques, sont décrites en détail dans
ce chapitre. Ceci permet de mieux comprendre l’hypothèse selon
laquelle l’inhibition chimique de cette enzyme pourrait avoir des
conséquences néfastes sur la santé humaine dans le cas de
l’exposition professionnelle ou environnementale aux fongicides
SDHi.
Cette alerte a conduit à une autosaisine de l’Agence nationale de
sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du
travail (Anses) dont l’objectif était de déterminer s’il y avait une
alerte sanitaire au regard des données scientifiques disponibles. Le
résultat de cette expertise, sur la base des données issues de la
littérature scientifique, des évaluations européennes des substances
et de la phytopharmacovigilance, concluait à l’absence « d’éléments
en faveur de l’existence d’une alerte sanitaire qui conduirait au
retrait des autorisations de mise sur le marché » des fongicides
SDHi (Anses, 2019

).
Afin d’apporter des éléments complémentaires pour éclairer et
apprécier les dangers liés aux fongicides SDHi, l’expertise de
l’Inserm consacre un chapitre spécifique à ces substances pour
analyser l’ensemble des données scientifiques disponibles de façon
interdisciplinaire. Parmi ces disciplines figurent
i) l’expologie qui prend en compte des facteurs tels que la
dégradation, la concentration ou la transformation des SDHi qui
déterminent leur devenir et leur persistance dans l’environnement et
donc l’exposition des populations, ii) la toxicologie qui
permet d’aborder les effets d’une exposition à une substance sur des
modèles in silico, in vitro et in vivo en
tenant compte de la toxicocinétique des substances (processus
d’absorption, de distribution, de métabolisme et d’excrétion), et
iii) l’épidémiologie afin d’aborder l’estimation du
risque associé à l’exposition aux SDHi chez des populations qui
peuvent différer en fonction de leur sensibilité, et où les effets
peuvent parfois prendre des années à se manifester. Cette évaluation
s’inscrit pleinement dans la mission de l’expertise collective
Inserm d’apporter un éclairage scientifique indépendant sur des
questions précises de santé, dans une perspective d’aide à la
décision publique.
Introduction
Les pesticides sont largement utilisés en agriculture pour améliorer
les rendements, la qualité et l’aspect des produits, en détruisant
des organismes jugés nuisibles tels que des insectes (insecticides),
des champignons (fongicides) ou des plantes adventices (herbicides).
Ils agissent sur des fonctions vitales des organismes cibles,
entraînant un dysfonctionnement létal ou une incapacité à se
reproduire. Ils varient selon leur mode d’application (traitements
aériens ou de semences) et peuvent être classés selon leur structure
chimique (organochlorés, organophosphorés, thiocarbamates,
pyréthrinoïdes, phénylamides, acides phénoxy-alcanoïques, triazines,
phtalimides, pyridines...), ou leur organisme
cible
2
Des informations générales présentées dans
l’introduction et l’annexe de ce texte sont reprises à
partir de la thèse de docteur en médecine de Marie CADET. Sa
thèse, menée sous la direction de Fabrice HERIN et intitulée
«
Exposition professionnelle aux inhibiteurs de la
succinate déshydrogénase (toxicité aiguë et chronique).
Une revue systématique de la littérature », a été
soutenue à l’Université Toulouse III en octobre 2019,
disponible en ligne à :
http://thesesante.ups-tlse.fr/2810 [consulté
le 11 mai 2020].
.
De par leur usage, les pesticides peuvent constituer une source de
contamination environnementale de l’air, de l’eau et des sols, et
par conséquent des faunes et des flores associées. Ces
contaminations environnementales engendrent une exposition humaine
qui varie aussi selon les propriétés chimiques des molécules et
leurs modes d’absorption. L’évolution de l’agriculture en France
(spécialisation des exploitations, mécanisation, recherche et
développement...) a conduit à une augmentation de leur usage et, par
conséquent, de la contamination de ces compartiments
environnementaux, avec parfois une rémanence de nombreuses années
après l’arrêt de leur utilisation en raison de la faible dégradation
biotique ou abiotique de certaines molécules (Aubertot et coll.,
2005

).
Les inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (
succinate
dehydrogenase inhibitors, SDHi), qui font l’objet de ce
chapitre, sont des fongicides utilisés pour lutter contre la
prolifération de moisissures dans les productions agricoles. Les
moisissures ont des effets néfastes sur la santé humaine et
animale : elles sont responsables d’infections (généralement de type
opportuniste) et peuvent provoquer des allergies, des irritations,
et des symptômes respiratoires. Certaines synthétisent des
métabolites (par exemple, aflatoxines, ochratoxines...) ayant des
effets hépatotoxiques (notamment cancérogènes), immunotoxiques,
néphrotoxiques ou neurotoxiques, en particulier dans le cas
d’ingestion à long terme (Afssa,
2009

). La
contamination par les moisissures des cultures, des fruits et des
légumes est un enjeu de santé publique (Lee et Ryu,
2017

),
particulièrement dans un contexte de réchauffement climatique de
nature à favoriser leur développement (Battilani et coll.,
2016

).
L’usage des fongicides est croissant et tend à s’élargir, d’autant
que l’on découvre que certains possèdent, en plus de leurs
propriétés antifongiques, des propriétés insecticides et
antiparasitaires (Sakai et coll.,
2012

;
Inaoka et coll., 2015

; Ren et coll.,
2018

).
L’usage important des fongicides a conduit au développement de
champignons résistants, nécessitant une utilisation encore accrue,
la production de nouvelles molécules ou l’association de plusieurs
fongicides pour le traitement des cultures et produits de
l’agriculture (Lucas et coll., 2015

).
Il existe une grande variété de modes d’action des
fongicides
3
. Certains fongicides, dont plusieurs qui sont
utilisés depuis des décennies, sont « multi-sites », c’est-à-dire
qu’ils visent plusieurs cibles biochimiques au sein de la cellule
fongique. Parmi cette catégorie figurent des fongicides minéraux à
base de soufre ou de cuivre (largement employés en agriculture
biologique) ainsi que des fongicides organiques de synthèse, par
exemple ceux appartenant à la famille des dithiocarbamates
(mancozèbe, zirame...). La plupart des fongicides sont « uni-site »
et agissent en induisant les réactions de défense de la plante hôte
ou en perturbant un processus biologique essentiel à la vie
cellulaire ; par exemple la respiration, le métabolisme des acides
nucléiques, la dynamique du cytosquelette, la synthèse protéique, la
transduction de signaux, la synthèse ou le transport des lipides,
l’intégrité ou la fonction des membranes, la biosynthèse de la paroi
cellulaire ou des stérols destinés aux membranes.
Environ un quart des fongicides recensés par le Fungicide
Resistance Action Committee (FRAC) ciblent la respiration
cellulaire, un ensemble de réactions qui permettent la production
d’ATP, la molécule clef de l’énergétique cellulaire, et qui ont lieu
dans les mitochondries (la structure et la fonction des
mitochondries sont présentées en détail dans l’addenda en fin de
chapitre : paragraphe « Mitochondrie et chaîne respiratoire »). Ils
sont représentés par environ 60 substances actives, classées en huit
sous-groupes selon leur site d’action : agents affectant la
biodisponibilité de l’ATP, inhibiteurs du complexe I, II ou III de
la chaîne respiratoire (ce dernier constitué de trois sous-groupes
ciblant différents sites) et les découplants ou inhibiteurs de la
phosphorylation oxydative. Les fongicides visant le complexe II de
la chaîne respiratoire exercent leurs effets en inhibant directement
l’activité succinate : ubiquinone oxydoréductase, ci-après dénommée
« succinate déshydrogénase » (SDH) et décrite ci-dessous.
La succinate déshydrogénase : enzyme clé de la
chaîne respiratoire
Complexe II de la chaîne
respiratoire
Les succinate-ubiquinone oxydoréductases (SQR) sont regroupées
dans 5 classes (A à E) d’après le nombre de sous-unités
hydrophobes et de groupements héminiques (Lemos et coll.,
2002

). La SQR mitochondriale (complexe II) appartient à la
classe C avec un groupe hème et deux sous-unités
transmembranaires. Le complexe II, localisé dans la membrane
interne de la mitochondrie, participe à deux processus
métaboliques interconnectés assurant la production d’énergie :
la respiration cellulaire où elle permet le transfert
d’électrons vers l’ubiquinone ou coenzyme Q, et le cycle de
Krebs où elle catalyse l’oxydation du succinate en fumarate. Le
complexe II est composé de quatre sous-unités protéiques SDHA,
B, C, D et de quatre cofacteurs d’assemblage SDHAF1, SDHAF2,
SDHAF3 et SDHAF4 tous exclusivement codés par le génome
nucléaire (Ackrell, 2000

; Moosavi et coll.,
2019

). Les facteurs d’assemblage SDHAF2 et SDHAF4 facilitent la
maturation de la sous-unité SDHA, alors que les facteurs SDHAF1
et SDHAF3 participent à la réaction d’insertion du centre
fer-soufre dans la sous-unité SDHB. Les sous-unités SDHA et B
sont localisées dans le compartiment matriciel de la
mitochondrie (figure 20.1

).
La SDHA humaine est une flavoprotéine de 72 kDa (664 acides
aminés ; aa) comportant un groupe prosthétique flavine adénine
dinucléotide (FAD) fixé par liaison covalente. La SDHB est une
protéine fer-soufre de 32 kDa (280 aa) qui comporte trois
centres fer-soufre ([2Fe-2S]
2+/1+,
[4Fe-4S]
2+/1+ et [3Fe-4S]
2+/0). Les
sous-unités SDHC et SDHD sont des protéines de respectivement
19 kDa (169 aa) et 17 kDa (159 aa), qui possèdent un groupement
hème enchâssé entre leurs hélices transmembranaires. Intégrées à
la membrane interne mitochondriale, elles ancrent les
sous-unités A et B dans la membrane, conférant à la SDH une
structure tétramérique. Concernant les aspects mécanistiques du
fonctionnement de la SQR mitochondriale (complexe II), le
succinate est oxydé en fumarate par la SDHA, ce qui s’accompagne
de la réduction du FAD en FADH
2. Puis le
FADH
2 transfère les électrons aux centres
fer-soufre de la SDHB et le coenzyme Q est à son tour réduit.
Les inhibiteurs spécifiques d’activité du complexe II se lient
au site de liaison soit du succinate (SDHA), soit de
l’ubiquinone (dénommé Q-site). Les composés agissant comme
inhibiteurs compétitifs en se liant au Q-site ont été utilisés
pour des études structurales du complexe II tels que le
thénoyltrifluoroacétone (TTFA), et l’atpenin (Miyadera et coll.,
2003

; Sun et coll., 2005

), groupe dans lequel se trouvent les
fongicides inhibiteurs de la succinate déshydrogénase.
Chez l’être humain, quatre gènes codent les quatre sous-unités du
complexe II :
SDHA (15 exons, chromosome 5p15),
SDHB (8 exons, chromosome 1p35),
SDHC
(6 exons, chromosome 1q23) et
SDHD (4 exons, chromosome
11q23). Les sites de reconnaissance pour les facteurs de
transcription NRF-1, NRF-2 et Sp1, sont communs à la plupart des
promoteurs des gènes nucléaires codant les composants de la
chaîne respiratoire, ainsi qu’à certaines des enzymes
anti-oxydantes, plusieurs des enzymes biosynthétiques hémiques
et certains composants de l’appareil mitochondrial. Bien que les
sites de liaison à NRF-1 se trouvent dans la région promotrice
des quatre gènes SDH, les sites de liaison de NRF-2 et de Sp1 ne
sont pas présents dans les promoteurs
SDHA et
SDHC, respectivement. Les promoteurs des gènes
SDHA et
SDHB possèdent également des éléments
de réponse au fer (IRE ou «
Iron Responsive Element »)
dans leur région promotrice, ce qui suggère leur implication
potentielle dans l’homéostasie du fer cellulaire et/ou
mitochondrial (Brière et coll.,
2005

).
Pathologies liées à des mutations dans des gènes
codant pour la succinate déshydrogénase
Chez l’être humain, le déficit héréditaire dans l’une des
sous-unités de la SDH dont les premiers cas ont été décrits dans
les années 1990, est une cause de maladie mitochondriale, avec
de façon fréquente des atteintes neuro-logiques de l’enfant. Il
est également rapporté des cas de cardiopathies (Courage et
coll., 2017

), de leucodystrophies (Alston et
coll., 2012

), d’encéphalopathies (Ma et coll.,
2014

), ainsi que des cancers (Baysal et coll.,
2000

; Habano et coll., 2003

; Neumann et coll.,
2004

; Malinoc et coll., 2012

; Dwight et coll.,
2013b

; Dwight et coll., 2013a

; Killian et coll.,
2013

; Letouzé et coll., 2013

; Ni et coll.,
2015

; Bausch et coll., 2017

; Calió et coll.,
2017

; Lussey-Lepoutre et coll.,
2017

) (tableau 20.I

).
Tableau 20.I Maladies associées aux mutations dans les gènes
codant les sous-unités de la SDH (d’après Bénit et coll.,
2018
)
Gène
|
Phénotype tumoral
|
Maladies non cancéreuses
|
SDHA
|
Adénome hypophysaire,
Paragangliome/Phéochromocytome, Carcinome
rénal
|
Syndrome de Leigh, Atrophie
optique, Ataxie, Cardiomyopathie,
Encéphalopathie
|
SDHB
|
Paragangliome/Phéochromocytome, Carcinome
rénal, Tumeur gastro-intestinale, Syndrome
de Carney-Stratakis, Syndrome de
Cowden
|
Leucodystrophie
|
SDHC
|
Cancer du rein à cellules
claires, Paragangliome/Phéochromocytome, Syndrome
de Carney-Stratakis
| |
SDHD
|
Paragangliome/Phéochromocytome, Syndrome
de Carney-Stratakis, Cancer du
rein, Syndrome de Cowden
|
Encéphalomyopathie
|
Chez les patients présentant une mutation constitutionnelle
hétérozygote sur l’un des gènes codant une sous-unité de la SDH
(dans toutes les cellules de leur organisme) et porteurs d’une
tumeur, l’inactivation complète de la SDH (dans la cellule
cancéreuse) peut se produire suite à une perte d’hétérozygotie,
le plus souvent liée à la perte de la région chromosomique
incluant l’allèle sauvage (Gimenez-Roqueplo et coll.,
2003

; Burnichon et coll., 2010

). Ces deux évènements génétiques sont
responsables d’une perte de l’activité SDH, conduisant à une
accumulation massive de succinate (Pollard et coll.,
2005

).
Longtemps essentiellement associées à des maladies neurologiques
(encéphalopathies, leucodystrophies) (Parfait et coll.,
2000

; Alston et coll., 2012

; Ohlenbusch et coll.,
2012

) et des cardiomyopathies (Levitas et coll.,
2010

), les mutations des gènes
SDHx (
SDHA,
SDHB,
SDHC, ou
SDHD) ont été
identifiées dans des formes familiales de phéochromocytomes
(PCC) et paragangliomes (PGL) au début des années 2000 (Baysal
et coll., 2000

; Neumann et coll.,
2004

). Les PCC et PGL sont des tumeurs rares, dérivées des
cellules chromaffines, qui se développent dans les glandes
médullo-surrénales et dans les ganglions des systèmes nerveux
parasympathique et sympathique au niveau de la tête, du cou et
du pelvis (Gimenez-Roqueplo,
2006

). Comparés aux autres cancers, les PCC et les PGL sont
caractérisés par un déterminisme génétique très particulier. À
ce jour, plus de 15 gènes de susceptibilité ont été identifiés
incluant 2 oncogènes (
RET et
HIF2A) et des gènes
suppresseurs de tumeur (
NF1,
VHL,
SDHA,
SDHB,
SDHC,
SDHD,
SDHAF2,
FH,
TMEM127,
MAX,
MDH2,
SLC25A11,
GOT2,
DNMT3A). Plus de 40 %
des patients porteurs d’un PGL ou un PCC possèdent une mutation
germinale sur l’un de ces gènes (Dahia,
2014

). De plus, les mutations constitutionnelles affectant les
gènes codant la SDHB ou la fumarate hydratase sont associées à
un risque augmenté de métastases (Gimenez-Roqueplo et coll.,
2003

; Amar et coll., 2007

; Castro-Vega et coll.,
2014

). Les gènes codant les sous-unités SDHB, SDHC et SDHD sont
les gènes majeurs de susceptibilité des PGL et PCC. Sur une
cohorte de 1 832 patients référencés avec un dépistage génétique
en raison d’une histoire familiale de PGL ou PCC, 876 d’entre
eux présentaient une mutation dans les gènes
SDHB,
SDHC et
SDHD pour 673, 43 et 160 cas,
respectivement (Andrews et coll.,
2018

). Parmi les 876 mutations, il est observé une minorité de
délétions ou de duplications et une majorité de mutations
ponctuelles intragéniques dont 44 % de faux-sens. Il est à noter
que la pénétrance des mutations dans le gène
SDHB est
incomplète. Par ailleurs, des mutations « perte de fonction »
dans les gènes codant NF1 ou VHL, ainsi que des mutations
activant les oncogènes RET, HIF2A ou HRAS ont été décrites au
niveau somatique dans environ 30 % de ces tumeurs (Burnichon et
coll., 2012

; Favier et coll.,
2012

; Crona et coll., 2013

; Oudijk et coll.,
2014

).
D’autres types de tumeurs impliquant des mutations
SDHx
ont été décrites, incluant des tumeurs stromales
gastro-intestinales (GIST) (Miettinen et Lasota,
2014

), des tumeurs rénales, des tumeurs thyroïdiennes, des
mélanomes, des sarcomes, des tumeurs coliques, des
neuroblastomes (Dubard Gault et coll.,
2018

; Gill, 2018

), des tumeurs neuroendocrines
pancréatiques, des ganglioneuromes et des triades de Carney
(Bezawork-Geleta et coll., 2017

).
Dans la pathologie cancéreuse, les déficits en SDH ne sont pas
uniquement liés à l’inactivation d’une sous-unité de l’enzyme
par mutation. Il est ainsi rapporté quelques cas de déficits en
SDH chez des patients présentant une GIST ou un PGL sans aucune
mutation dans les gènes
SDHx mais impliquant une
régulation négative du niveau d’expression de l’ARNm codant la
SDHC
via une hyperméthylation de l’ADN affectant le
promoteur de ce gène dans la tumeur, mais pas dans les tissus
sains (Urbini et coll., 2015

; Casey et coll.,
2019

). La diminution du niveau d’ARNm peut également être liée à
l’augmentation d’expression de microARN (miARN) ciblant les ARNm
codant les différentes sous-unités de la SDH, notamment miR-210
(SDHD), miR-31 (SDHA) et miR-378 (SDHB) (Eichner et coll.,
2010

; Puisségur et coll., 2011

; Kelly et coll.,
2013

; Tsang et coll., 2014

; Lee et coll.,
2016

; Merlo et coll., 2017

).
Enfin, dans le but de générer des modèles animaux de PGL et PCC,
plusieurs groupes ont utilisé une approche d’invalidation
génique pour inactiver les gènes codant les sous-unités de la
SDH chez les souris (Piruat et Millán-Uclés,
2014

; Lepoutre-Lussey et coll.,
2016

) ou les rats (Siebers et coll.,
2018

; Powers et coll., 2020

). À ce jour, les résultats de ces
études montrent que les animaux porteurs d’une mutation
hétérozygote ne présentent aucune prédisposition au cancer
comparable à celle décrite chez l’être humain.
Les fongicides inhibiteurs de la succinate
déshydrogénase (SDHi)
Les fongicides SDHi sont des agents à large spectre utilisés pour
lutter contre les basidiomycètes, adélomycètes et ascomycètes. Ils
sont représentés par une vingtaine de molécules partageant un même
mécanisme d’action plutôt qu’une même structure. Néanmoins, ces
fongicides SDHi sont tous des dérivés de structure amide
(R1-CO-HN-R2) avec un groupement acide (R1) et un groupement amine
(R2). Sept classes peuvent être définies sur la base de leur
structure chimique et du groupement acide de la molécule : les
benzamides (fluopyram, flutolanil), les furane carboxamides
(fenfurame), les oxathiine carboxamides (carboxine, oxycarboxine),
les pyrazole carboxamides (bixafène, penthiopyrade...), pyridine
carboxamides (boscalide), thiazole carboxamides (thifluzamide) et
pyrazine carboxamides (pyraziflumid). Les benzamides peuvent être
subdivisés en deux sous-groupes sur la base du groupement amine :
phényle benzamides (flutolanil) et pyridinyl éthylbenzamides
(fluopyram). Les structures de quelques substances actives
représentatives sont illustrées dans la figure 20.2

.
Utilisation des SDHi en
France
Le FRAC recense 23 substances actives SDHi (FRAC,
2020

). Parmi elles, 12 sont autorisées en France en octobre 2020
avec des utilisations en traitement des parties aériennes, des
semences, des sols ou des plants/tubercules
(tableau 20.II

). À
noter que deux substances actives, la carboxine et le
penflufène, sont autorisées sans que des spécialités
commerciales les contenant ne soient autorisés en France ; au
total, 42 formulations commerciales contenant de la carboxine et
précédemment autorisées en France (premiers usages à la fin des
années 1960) ont été retirées en 2018
4
D’après la base de données E-Phy de
l’Agence nationale de sécurité sanitaire de
l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)
disponible à l’adresse :
https://ephy.anses.fr/ [consulté le
11 mai 2020].
. Les produits correspondants ne sont plus
distribués depuis mi-2019 et ne doivent plus être utilisés
depuis fin janvier 2020. L’autorisation de quatre substances
actives SDHi, le bénodanil, le fenfurame, le mépronil et
l’oxycarboxine, a été retirée par le règlement (CE)
n
o 2076/2002 de la Commission du 20 novembre
2002
5
(tableau 20.III

). Le bénodanil a été autorisé sur
les cultures ornementales entre 1983 et 1987. Le fenfurame a été
autorisé pour la protection des plaies de taille et le
traitement des semences entre 1983 et 1997. Le mépronil a été
autorisé pour le traitement des sols, le traitement des semences
et les cultures légumières entre 1986 et 2003 et l’oxycarboxine
a été autorisée sur les cultures ornementales entre 1973 et
2002
6
Les informations sur l’usage de bénodanil,
fenfurame, mépronil et d’oxycarboxine proviennent de la
base CIPA (Compilation des index phytosanitaires ACTA),
un outil du programme Matphyto disponible à l’adresse
http://matphyto.acta-informatique.fr/
[consulté le 1
er avril
2020].
. Il existe neuf substances actives appartenant
à la famille des SDHi non autorisées au niveau européen mais
autorisées dans d’autres pays (voir addenda en fin de chapitre :
tableau A20.I

).
Parmi ces substances actives, quatre sont en cours d’examen dans
le processus d’autorisation de mise sur le marché au niveau
européen : le pydiflumétofène, l’isoflucyprame, l’inpyrfluxame
et le fluindapyr
7
L’avancée des procédures d’autorisation de
mise sur le marché peut notamment être suivie au travers
de l’agenda et des résumés des réunions du Comité
permanent des végétaux, des animaux, des denrées
alimentaires et de l’alimentation animale, section
produits phytopharmaceutiques, à l’adresse
https://ec.europa.eu/food/horizontal-topics/committees/appeal-committees/phytopharmaceuticals_en
[consulté
le 1
er avril 2020]. Ainsi, les résumés des
réunions du 11-12 juillet 2016, du 19-20 juillet 2018,
du 20-21 mai 2019 et du 16-17 juillet 2019 font
respectivement part de l’admissibilité des dossiers du
pydiflumétofène, de l’isoflucypram, de l’inpyrfluxame et
du fluindapyr. Le pydiflumétofène, pour lequel la
procédure est la plus avancée, était récemment à
l’agenda des réunions du 21-22 octobre 2019 et du
5-6 décembre 2019 suite à l’avis rendu par l’Efsa en
septembre 2019 (Efsa, 2019).
. Deux substances actives SDHi, le furametpyr et
le thifluzamide, ont fait l’objet d’une demande d’enregistrement
préalable auprès de l’Agence européenne des produits chimiques
(
European Chemicals Agency ; Echa) au titre de la
directive REACH
8
. Elles ne sont pas autorisées pour une
utilisation en tant que produit phytopharmaceutique. Enfin,
aucun renseignement n’est disponible au niveau européen sur le
pyraziflumid, qui a été homologué en mars 2018 par le Japon et
dont l’examen par la réunion conjointe FAO/OMS sur les résidus
de pesticides était prévu en 2020
9
.
Selon les données de la Banque nationale des ventes de
distributeurs, les ventes de SDHi en France se situent entre 500
et 700 tonnes de substance active par an depuis
2008
10
. Le boscalide, qui représentait près de
600 tonnes en 2009 (Anses, 2019

), reste le plus vendu en 2018 avec
230 tonnes, sa part ayant progressivement diminué au profit
d’autres SDHi, notamment le fluopyram, le fluxapyroxade, et le
bixafène, avec respectivement 185, 161 et 97 tonnes de substance
active vendues en 2018.
D’après les données des enquêtes « Pratiques culturales »
réalisées par le ministère français de l’Agriculture et de
l’Alimentation
11
(qui donnent des informations sur les
utilisations de substances actives hors traitements de semence),
les SDHi sont utilisés sur des cultures diverses. Ainsi, pour
les années enquêtées, le boscalide est appliqué au moins une
fois sur environ 80 % des surfaces de colza (données 2014), 51 %
des surfaces de carottes (données 2013), 30 % des surfaces de
fraises, salades (données 2013) et pommes (données 2012), 20 %
des surfaces de vigne (données 2014) (11 % en 2011), melons et
poireaux (données 2013), et 10 % des surfaces de blé tendre et
orge (données 2014) (30 % en 2011). Le fluxapyroxade est associé
à 38 % des surfaces en blé tendre traitées avec le moins une
fois en 2014 et 24 % des surfaces en orge la même année. Le
bixafène est associé à 38 % des surfaces en orge traitées au
moins une fois en 2014 et 22 % des surfaces en blé tendre la
même année. Ces données (obtenues sur un échantillon de
parcelles agricoles) ne montrent pas de surfaces traitées avec
le fluopyram (surtout vendu après 2014, date de la dernière
enquête qui était disponible début 2019), le sédaxane, le
benzovindiflupyr ou le penthiopyrade (Anses,
2019

).
Parmi les 149 spécialités commerciales autorisées en
France
12
contenant une substance active SDHi, la plupart
le sont au titre de leur seule fonction fongicide. Deux
spécialités commerciales contenant le fluopyram comme unique
substance active sont autorisées également pour leur fonction
nématicide
13
. Quatre spécialités contenant du boscalide en
association avec la pyraclostrobine (famille des strobilurines),
sont autorisées à la fois pour leur fonction fongicide et pour
leur fonction de régulateur de croissance
14
. La littérature scientifique récente montre que
le complexe SDH représente une cible pour la sélection de
nouveaux insecticides (Ren et coll.,
2018

), et nématicides utilisés en médecine vétérinaire (Sakai et
coll., 2012

; Inaoka et coll.,
2015

). En effet, la résistance aux nématicides a abouti à des
résistances, voire des multi-résistances, chez les animaux et
donc la recherche de nouveaux principes actifs ciblant le
complexe SDH a été entreprise (Inaoka et coll.,
2015

; Myung et Klittich, 2015

; Mathew et coll.,
2016

). En médecine humaine, un fongicide SDHi (ME1111) pour le
traitement de la mycose des ongles a été proposé (Takahata et
coll., 2016

), ainsi qu’un médicament à activité
anti-tumorale (lonidamine) (Nath et coll.,
2016

) mais sans autorisation de mise sur le marché à ce jour en
France.
Tableau 20.II Principaux types d’usages des fongicides SDHi
autorisés en France
Substances actives (SA)
|
Principaux types de
traitement
|
Cultures
|
Spécialité contenant la SA autorisée en
France
|
Date de la 1re autorisation
en France d’une spécialité contenant la
SA
|
Benzovindiflupyr
|
Parties aériennes
|
Céréales, terrains de golf
|
Oui
|
22/07/2016
|
Bixafène
|
Parties aériennes
|
Céréales
|
Oui
|
15/08/2011
|
Boscalide
|
Parties aériennes
|
Céréales, vigne, arboriculture,
crucifères oléagineuses, tournesol,
légumes
|
Oui
|
14/06/2005
|
Carboxine
|
Semences
|
Céréales
|
Non
|
01/12/1968
|
Fluopyram
|
Parties aériennes
|
Céréales, vigne, arboriculture,
cultures légumières, oléagineux, banane, terrains
de golf
|
Oui
|
15/10/2013
|
Flutolanil
|
Semences
|
Pomme de terre
|
Oui
|
01/06/1992
|
Fluxapyroxade
|
Semences et parties
aériennes
|
Céréales, arboriculture,
légumes
|
Oui
|
04/10/2011
|
Isofétamide
|
Semences et parties
aériennes
|
Vigne, arboriculture, crucifères
oléagineuses, pêches, prunes, abricots, cerises,
laitues
|
Oui
|
10/08/2018
|
Isopyrazam
|
Parties aériennes
|
Plantes ornementales
|
Oui
|
18/12/2017
|
Penflufène
|
Parties aériennes
|
Céréales (blé, orge), légumes,
riz
|
Non
|
–
|
Penthiopyrade
|
Parties aériennes
|
Céréales, tomates, fruits à pépins,
concombres, courgettes, aubergines,
cucurbitacées
|
Oui
|
27/11/2014
|
Sédaxane
|
Semences
|
Céréales et maïs
|
Oui
|
01/07/2011
|
Sources : Anses,
2019
; Pesticide Properties
DataBase (https://sitem.herts.ac.uk/aeru/ppdb/
[consulté le 14 mai 2020]) ; rapports Efsa et Echa (EU
Pesticide Database : https://ec.europa.eu/food/plant/pesticides/eu-pesticides-database
[consulté le 14 mai 2020]). Les données correspondent aux
règlements en vigueur à la date de consultation des bases de
données.
Tableau 20.III Principaux types d’usages des fongicides SDHi
anciennement autorisés en France
Substances actives
|
Cultures
|
Dates d’autorisation
d’utilisation
|
Durée d’utilisation
|
Bénodanil
|
Cultures ornementales
|
1983 à 1987
|
4 ans
|
Fenfurame
|
Plaies de taille (cultures fruitières,
viticulture), traitement de semences
|
1983 à 1997
|
14 ans
|
Mépronil
|
Cultures légumières, traitement de
sols, traitement de semences
|
1986 à 2003
|
17 ans
|
Oxycarboxine
|
Cultures ornementales
|
1973 à 2002
|
29 ans
|
Source : Base CIPA (Compilation des Index
phytosanitaires ACTA), un outil du programme Matphyto
disponible à l’adresse http://matphyto.acta-informatique.fr/
[consulté le 14 mai 2020].
Contamination des milieux et des denrées
alimentaires
De par la diversité de leurs usages, les SDHi peuvent être
retrouvés comme contaminants dans les denrées alimentaires ainsi
que dans différents compartiments environnementaux (air, sols et
eaux).
Surveillance dans les différents
milieux
Concernant la contamination de l’air ambiant en France, le
boscalide est le seul fongicide SDHi parmi 321 substances
actives recherchées dans le cadre d’un programme national de
mesures des résidus de pesticides dans l’air mené par les
Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air
(AASQA). Les résultats pour la période 2002-2017, obtenus à
partir de 6 837 prélèvements effectués sur 176 sites en
France métropolitaine et outre-mer, sont compilés dans la
base PhytAtmo
15
. Le boscalide, qui n’a été recherché qu’à
partir de 2012, a été détecté dans 95 prélèvements
sur 2 528, soit un taux de détection de 3,8 % avec une
concentration moyenne de 0,087 ng/m
3 (maximum
0,532 ng/m
3). Le boscalide a été recherché
sur 50 communes et détecté sur 14 d’entre-elles (28 %).
Une étude récente sur les résidus de pesticides dans les
terres agricoles en Europe a montré que le boscalide est
détecté dans 27 % des 317 échantillons testés à une
concentration médiane de 0,04 mg/kg (maximum 0,41 mg/kg)
(Silva et coll., 2019

). Une autre étude plus
restreinte menée en Allemagne sur des sols sableux a détecté
le boscalide, 3 ans après son application, à une
concentration moyenne de 0,2 µg/kg (Karlsson et coll.,
2016

). La demi-vie (DT
50)
des fongicides SDHi dans les sols varie selon les substances
actives, les types d’études (études de laboratoire ou de
terrain), les conditions environnementales (température,
humidité) et les types de sol. Dans le rapport Anses de
2019, le groupe d’experts a compilé les données sur les
DT
50 des fongicides SDHi dans les sols à
partir des évaluations de risques publiées par l’Autorité
européenne de sécurité des aliments (
European Food Safety
Authority ; Efsa). Ont été rapportées les données
obtenues sur l’ensemble des substances actives autorisées au
niveau européen en janvier 2019 (à l’exception du
penflufène). Les valeurs les plus faibles sont retrouvées
pour la carboxine avec une DT
50 moyenne de
0,28 jours (DT
50 maximum 11 jours), l’isofétamide
avec 37 jours et le sédaxane avec 100 jours. La persistance
des autres substances SDHi est plus élevée comme par exemple
le benzovindiflupyr, le flutolanil et le bixafène avec des
DT
50 respectivement de 184, 190 et 203 jours.
Dans le dernier rapport d’évaluation européenne du
boscalide, les DT
50 rapportées sont de 108 à
384 jours à partir des études de laboratoire (moyenne
232 jours), et de 27 à 208 jours dans les études de terrain
(C.E., 2008

). Des valeurs du même ordre
(entre 182 et 572 jours) ont été rapportées dans des
dossiers de l’agence américaine de la protection de
l’environnement (EPA, 2010

). Enfin, des données sont
disponibles pour quelques fongicides SDHi qui font l’objet
d’une demande d’autorisation au niveau européen, dont
l’inpyrfluxame avec une demi-vie dans les sols de 121 à
1 720 jours (EPA, 2020

), l’isoflucyprame avec une
demi-vie de 224 à 630 jours dans les études de laboratoire
et de 16,5 à 177 jours dans les études de terrain (Echa,
2018

), et le pydiflumétofène avec une
demi-vie moyenne de 1 334 jours (maximum de 8 540 jours)
(Anses, 2019

). La quasi-totalité des fongicides
SDHi répondent donc aux critères d’une substance dite
« persistante » dans les sols selon la réglementation
européenne
16
Une demi-vie dans le sol supérieure à
120 jours. Règlement (CE) no 1107/2009 du
21/10/09 concernant la mise sur le marché des
produits phytopharmaceutiques et abrogeant les
directives 79/117/CEE et
91/414/CEE.
et leur utilisation à long terme peut ainsi
conduire à leur accumulation, un phénomène qui a été montré
par modélisation pour le boscalide (JMPR,
2009

).
Les aquifères sont le réceptacle final de nombre de
pesticides, ainsi, en France en 2013, des pesticides ont été
détectés dans plus de 90 % des points de suivi des cours
d’eau métropolitains par les agences de surveillance de
l’eau (Commissariat général au développement durable,
2015

). Les molécules les plus
fréquemment détectées dans les cours d’eau (eau de surface)
sont des herbicides. Parmi les 15 molécules les plus
fréquemment détectées en 2013, le boscalide est en
8
e position. Il est le seul fongicide de ce
top 15. Le taux de détection est inférieur à 20 % en 2012 et
2013. Parmi les 1 580 points de surveillance le concernant,
aucun n’a dépassé le seuil d’écotoxicité
(11,6 µg/l)
17
Valeur guide environnementale (VGE)
pour les eaux douces non destinées à la production
d’eau potable. L’Institut national de
l’environnement industriel et des risques (Ineris)
indique pour le boscalide une VGE de 11,6 µg/l
(moyenne annuelle)
https://substances.ineris.fr/fr/substance/cas/188425-85-6/3
[consulté le 24 juin 2020].
. La plupart des autres SDHi n’étant pas
recherchés, la présence de ces molécules dans les
hydrosystèmes n’est pas connue (Commissariat général au
développement durable, 2015

).
Surveillance dans les denrées alimentaires
(végétales ou animales)
D’après le rapport de l’Anses
(2019

), les substances SDHi faisant
l’objet d’une surveillance dans les denrées alimentaires
destinées à la consommation humaine en France sont : le
boscalide, le flutolanil, la carboxine, le bixafène, le
fluopyram, le fluxapyroxade, le penthiopyrade et le
benzovindiflupyr. Les résultats des programmes de
surveillance et de contrôles mis en œuvre par les ministères
de l’Agriculture et de la Consommation entre 2013 et 2016
montrent que le boscalide est quantifié
18
Concentration égale ou supérieure aux
taux de quantification équivalent habituellement à
3 fois le taux de détection.
dans 4,4 % à 8,7 % des échantillons de
denrées prélevées à la distribution et dans 9,2 % à 12,7 %
de denrées directement à la production. Concernant le
flutolanil, le taux de quantification est de 0,02 % pour les
denrées distribuées, et de 0,7 % pour les denrées à la
production. Un seul dépassement de la limite maximale de
résidus (LMR) est constaté sur un échantillon de carotte
issu des denrées prélevées à la distribution. La carboxine
n’a pas été quantifiée dans les denrées prélevées à la
distribution et l’a été une seule fois sur les denrées à la
production (sur 800 à 1 400 analyses annuelles) sans
dépasser la LMR. Concernant les autres substances, le
bixafène et le fluopyram sont quantifiés dans moins de 2,5 %
des échantillons (sans dépassement de la LMR sauf pour un
cas pour des kiwis et le fluopyram), le fluxapyroxade, le
penthiopyrade et le benzovindiflupyr ne sont pas
quantifiés.
Le boscalide a été mesuré dans des études de l’alimentation
totale française menées par l’Anses dont l’EAT2 réalisée
entre 2006 et 2011, et aussi plus récemment avec la
carboxine, le flutolanil et le mépronil dans l’EATi,
réalisée entre 2010 et 2016 et qui portait sur
l’alimentation infantile. Dans l’EAT2, le boscalide a été
quantifié dans 20 % des échantillons de fruits (n = 75) à
des concentrations comprises entre 0,01 et 0,09 mg/kg et
dans 1,5 % des échantillons de légumes (n = 263) à des
concentrations comprises entre 0,03 et 0,250 mg/kg, sans
aucun dépassement de la LMR (Nougadère et coll.,
2012

). Dans l’EATi, le boscalide a
été quantifié dans 5 sur 305 des produits analysés (1,6 %) à
des taux faibles, de l’ordre de 0,001 mg/kg, alors que la
carboxine, le flutolanil et le mépronil n’ont pas été
quantifiés (Nougadère et coll.,
2020

).
Au niveau européen, l’Efsa compile les données des programmes
de contrôle nationaux menés par les États membres de l’UE,
l’Islande et la Norvège. Concernant les données de 2018
(Efsa, 2020

), 16 substances actives SDHi ont
été étudiées (tableau 20.IV

) : le boscalide et le
fluopyram sont quantifiés dans respectivement 8,96 % et
6,75 % des échantillons analysés, un groupe de 7 substances
sont quantifiées dans moins de 0,5 % des échantillons (le
benzovindiflupyr, le bixafène, la carboxine, le flutolanil,
le fluxapyroxade, l’isopyrazam et le penthiopyrade) et
7 substances ne sont quantifiées dans aucun des échantillons
(le bénodanil, le fenfurame, l’isofétamide, le mépronil,
l’oxycarboxine, le penflufène et le sédaxane). Seul le
boscalide dépasse sur certains échantillons la LMR : sur
75 008 échantillons analysés pour cette substance, 61
(0,08 %) dépassent la LMR (8 sont des produits d’origine
européenne, 53 d’origine extra-européenne).
Tableau 20.IV Analyse des niveaux de résidus de pesticides
SDHi dans les aliments sur le marché européen : nombre
d’échantillons analysés et nombre de
quantifications
Substance active
|
Nombre d’échantillons
analysés
|
Nombre de quantifications
(> LQ)
|
% de quantification
|
Nombre de pays concernés
|
Bénodanil
|
9 689
|
0
|
0
|
7
|
Benzovindiflupyr
|
11 841
|
1
|
0,01
|
10
|
Bixafène
|
40 458
|
11
|
0,03
|
26
|
Boscalide
|
75 008
|
6 720
|
8,96
|
30
|
Carboxine
|
52 926
|
1
|
0
|
27
|
Fenfurame
|
6 713
|
0
|
0
|
4
|
Fluopyram
|
61 161
|
4 131
|
6,75
|
30
|
Flutolanil
|
61 478
|
18
|
0,03
|
28
|
Fluxapyroxade
|
45 507
|
208
|
0,46
|
26
|
Isofétamide
|
1 409
|
0
|
0
|
1
|
Isopyrazam
|
32 079
|
3
|
0,01
|
17
|
Mépronil
|
37 440
|
0
|
0
|
21
|
Oxycarboxine
|
14 049
|
0
|
0
|
14
|
Penflufène
|
21 455
|
0
|
0
|
19
|
Penthiopyrade
|
33 021
|
23
|
0,07
|
20
|
Sédaxane
|
5 035
|
0
|
0
|
6
|
LQ : Limite de quantification. Source :
Efsa, 2020
L’Efsa a également évalué les risques liés à l’exposition
alimentaire chronique en prenant en compte la concentration
moyenne mesurée de pesticides dans les différents aliments,
la consommation journalière moyenne de ces produits par
habitant et la dose journalière admissible de la substance
(DJA). Ces calculs ont été réalisés pour 182 pesticides (ou
types de pesticides) dont 2 substances SDHi. L’exposition
chronique au boscalide est estimée entre 1,6 % et 2,5 % de
la DJA (selon un scénario minorant ou majorant) et
l’exposition au fluopyram est estimée entre 0,91 % et 4 % de
la DJA (selon les mêmes scénarios).
Enfin, une étude académique a examiné les résidus de
plusieurs fongicides dont le boscalide dans les vins de
différents pays. Le boscalide a été retrouvé dans 19,2 % de
250 vins testés à une concentration maximale de 0,136 mg/l
(moyenne 0,03 mg/l) (Esteve-Turrillas et coll.,
2016

).
Biosurveillance humaine et sources
d’exposition
L’Anses indique qu’il n’existe pas de données de biosurveillance
humaine pour les SDHi, ces molécules n’ayant notamment pas été
identifiées comme prioritaires lors de l’établissement de la
liste des substances à inclure dans le programme national de
biosurveillance (Anses, 2019

).
Dans une étude académique analysant un échantillon de 311 femmes
de la cohorte ELFE recrutées en maternité en 2011 en France
métropolitaine, le boscalide a été détecté dans les cheveux de
195 femmes (63 %) avec une concentration médiane de 0,55 pg/mg
de cheveux (Béranger et coll.,
2018

; Béranger et coll., 2020

). Parmi un échantillon de
16 individus participant à une étude interventionnelle portant
sur l’impact de l’alimentation d’origine biologique sur
l’imprégnation urinaire aux États-Unis, aucune mesure réalisée
avant et après l’intervention ne rapportait la présence du
boscalide dans les urines (Hyland et coll.,
2019

).
Dans une d’étude académique préliminaire, chez les fleuristes en
Belgique sur un faible effectif (n = 14), le boscalide a été
détecté dans les urines à des concentrations comprises entre
0,49 et 0,82 µg/l (Toumi et coll.,
2020

). D’autres auteurs ont évalué, par modélisation, l’exposition
à la carboxine par voie cutanée et par inhalation chez les
personnes travaillant en floriculture sous serres en Colombie
(Lesmes-Fabian et Binder, 2013

) ou, dans une étude menée aux
États-Unis, chez des personnes traitant les semences (Grey et
coll., 1983

).
Toxicocinétique
Les processus d’absorption, de distribution, de métabolisation et
d’excrétion (ADME) des SDHi sont décrits dans les fiches
techniques produites par les firmes pour les demandes de mise
sur le marché et publiées par l’Anses, l’Echa et l’Efsa. Elles
sont principalement obtenues chez le rat après une exposition
par voie orale.
Ces études résumées dans le rapport de l’Anses en 2019, décrivent
une absorption orale rapide et importante (> 80 %) pour la
plupart des substances actives (benzovindiflupyr, bixafène,
carboxine, fluopyram, isofétamide, penflufène, penthiopyrade,
sédaxane, pydiflumétofène). Il est observé une large
distribution dans le foie et le rein (benzovindiflupyr,
bixafène, sédaxane, pydiflumétofène), ainsi que dans d’autres
organes, glandes et tissus : tissus adipeux, thyroïde
(boscalide) ; érythrocytes, surrénales, thyroïde et ovaires
(fluopyram) ; surrénales (isopyrazam) ; érythrocytes, surrénales
et tissus adipeux (penflufène). Le fluxapyroxade se retrouve
dans le foie, tissu adipeux et surrénales.
Ces études montrent une absence d’accumulation et une excrétion
rapide (benzovindiflupyr, bixafène, boscalide, carboxine,
flutolanil, penflufène, sédaxane, pydiflumétofène), qui pour
certaines substances est complète après 24 à 72 h
(fluxapyroxade, isofétamide, isopyrazam, penthiopyrade) ou à une
semaine (fluopyram). L’élimination est principalement par voie
biliaire et/ou urinaire.
Elles indiquent que les SDHi sont métabolisés par :
• déméthylation, hydroxylation et glucurono-,
sulfo-conjugaison : benzovin-diflupyr ;
• déméthylation, hydroxylation et conjugaison (acide
glucuronique et glutathion) et minoritairement par
clivage de la fonction amide : bixafène ;
• hydroxylation du noyau biphényle et glucurono-, sulfo- et
glutathion-conjugaison : boscalide ;
• déméthylation, hydroxylation, oxydation puis glucurono-,
sulfo- et glutathion-conjugaison : sédaxane ;
• clivage de la molécule conduisant d’une part au
métabolite majeur trichlorophénol et d’autre part à des
métabolites pyrazolés. Autres voies : déméthylation,
hydroxylation, oxydation puis conjugaison :
pydiflumétofène ;
• N-déméthylation et hydroxylation de la chaîne alkyle
suivie par une oxydation en acides carboxyliques et
glucurono-conjugaison, oxydation du cycle thiényle et
glutathion-conjugaison : penthiopyrade ;
• oxydation, hydroxylation, clivage de la fonction amide et
glucurono-conjugaison : carboxine, fluopyram ;
• hydroxylation du noyau biphényle, perte d’un atome de
fluor, N-déméthylation, conjugaison et clivage
minoritaire de la fonction amide : flutolanil,
fluxapyroxade ;
• hydroxylation du groupement bicycle-isopropyle,
oxydation, N-déméthylation et conjugaison :
isopyrazam ;
• hydroxylation, N-déméthylation, oxydation puis
conjugaison : penflufène ;
• O-désalkylation, oxydation, hydroxylation puis
conjugaison : isofétamide.
Conséquences biologiques d’une altération de la
fonction
de la succinate déshydrogénase
Une mutation d’une ou plusieurs sous-unités de la SDH engendre une
perte de fonction en condition de normoxie avec pour conséquence
primaire une accumulation de succinate dans la mitochondrie,
susceptible d’entraîner une augmentation de la production d’espèces
réactives de l’oxygène (Reactive Oxygen Species, ROS). À la
suite de son accumulation intra-mitochondriale, le succinate peut
migrer dans le compartiment cytosolique en utilisant un transporteur
membranaire VDCA (Voltage-Dependent Anion-Selective Channel
Protein 1, ou pore anionique voltage-dépendant) et induire
la mise en place d’un phénotype de pseudo-hypoxie par inhibition des
enzymes permettant la dégradation de HIF-1α, le facteur de
transcription régulant la réponse à cette hypoxie (voir ci-dessous).
De plus, l’excès de succinate induit des modifications épigénétiques
avec pour conséquence la dérégulation de l’expression de centaines
de gènes, notamment certains de ceux impliqués dans la transition
épithélio-mésenchymateuse.
Succinate et production d’espèces réactives de
l’oxygène
Bien que les complexes I et III de la chaîne respiratoire soient
des sites majeurs de production de ROS, le complexe II peut
également y participer suite au blocage de son activité. Ainsi
lorsque le complexe II est perturbé au niveau des sous-unités de
la SDH (voir aussi ci-dessous), l’oxydation du succinate et le
transfert d’électrons au groupement flavine de la SDHA
pourraient se produire normalement, tandis que le transfert
ultérieur des électrons vers les centres fer-soufre de la SDHB
et l’ubiquinone est altéré, favorisant la production de
superoxyde par l’auto-oxydation du groupement flavine réduit par
l’oxygène dans la matrice (Rustin et Rötig,
2002

). La production de ROS par ciblage du complexe II par des
agents chimio-thérapeutiques serait dépendante des modifications
du pH intracellulaire et mitochondrial matriciel, et
entraînerait la mort cellulaire par apoptose (Lemarie et coll.,
2011

). Le stress oxydant peut être associé à des syndromes
neurodégénératifs, comme la maladie de Parkinson, d’Alzheimer ou
de Huntington (Ebadi et coll.,
2001

; Lin et Beal, 2006

; Niedzielska et coll.,
2016

; Trist et coll., 2019

). Il peut aussi faciliter la
promotion et la progression tumorale (Liou et Storz,
2010

) en altérant la signalisation cellulaire et en causant des
dommages oxydatifs à l’ADN (Tamura et coll.,
2014

; Galadari et coll., 2017

; Prasad et coll.,
2017

).
Des études fonctionnelles dans des modèles de levure présentant
des délétions ou des mutations ponctuelles dans les orthologues
des gènes
SDHA,
SDHB,
SDHC et
SDHD
humains ont pu démontrer que l’inactivation de la SDH est
associée à une augmentation de la production de ROS qui
s’accompagne d’une instabilité génomique (Smith et coll.,
2007

; Szeto et coll., 2007

; Goffrini et coll.,
2009

). D’autres études suggèrent que des mutations dans les
sous-unités B, C et D pourraient également influencer la
production d’anion superoxyde au niveau du site de liaison de
l’ubiquinone sur la SDHD (Guo et Lemire,
2003

; Szeto et coll., 2007

). Plus récemment, il a été montré
que l’inactivation de la SDHC dans des cellules humaines
d’hépatocarcinome conduit à une augmentation de la production de
ROS (Li et coll., 2019

). De manière similaire, dans des
lignées cellulaires humaines d’hépatome Hep3B, de carcinome
pulmonaire A549 et d’ostéosarcome dans lesquelles la SDHB a été
inactivée par ARN interférence ou « pharmacologiquement » (par
traitement avec le TTFA), on observe un stress oxydant associé à
la stabilisation nucléaire du facteur de transcription HIF-α
(
Hypoxia Inducible Factor alpha) en conditions
normoxiques (Guzy et coll.,
2008

). Dans des cellules de hamster exprimant une version normale
ou une version mutée du gène
SDHC humain, il se produit
une augmentation des niveaux d’anion superoxyde et de peroxyde
d’hydrogène qui s’accompagne d’une activation de la superoxyde
dismutase et du métabolisme du glutathion, cohérente avec la
mise en place des mécanismes de défense contre le stress
oxydant. Ce phénomène est associé à un stress métabolique
caractérisé par une augmentation de la consommation de glucose.
L’ensemble de ces désordres sont prévenus par une réexpression
du gène
SDHC (Slane et coll.,
2006

). Enfin, l’inhibition de la SDH par l’atpenin A5, un
inhibiteur pharmacologique du complexe II de la chaîne
respiratoire, doté de propriétés antifongiques et nématicides
(Selby et coll., 2010

; Lee et coll.,
2019

), induit également un stress oxydant dans les cellules
tumorales coliques humaines HT29 et DLD-1 mais pas dans des
fibroblastes normaux (Paranagama et Kita,
2017

). La production de ROS résultant d’un déficit en SDH peut
également favoriser la transduction d’un signal de stabilisation
du facteur de transcription d’HIF-1α en oxydant le
Fe
2+ en Fe
3+, car le Fe
2+
est un cofacteur critique des prolyl-hydroxylases responsables
de l’hydroxylation d’HIF1 (Zhao et coll.,
2017

).
Succinate, HIF1 et
pseudo-hypoxie
L’une des conséquences de l’accumulation de succinate dans le
cytosol est l’inhibition de l’activité des HIF
prolyl-hydroxylases (PHD) qui contrôlent la stabilité de HIF-1α
et donc le devenir du facteur de transcription HIF1 responsable
de la réponse à l’hypoxie (Selak et coll.,
2005

). La fonction physiologique d’HIF1 est de favoriser
l’adaptation des cellules à la fluctuation du niveau de
dioxygène (O
2). En situation de normoxie, le complexe
HIF1 est maintenu à un faible niveau grâce à sa dégradation
régulière par le protéasome, après son hydroxylation par les PHD
dont l’activité est dépendante du dioxygène.
Au cours de la tumorigenèse, l’accroissement du volume tumoral
entraîne une hypoxie transitoire au centre de la tumeur, qui
favorise la stabilisation d’HIF1 (dimère de HIF1α et HIF1β). Ce
facteur de transcription sensible à l’hypoxie va alors stimuler
l’expression des gènes impliqués dans la néovascularisation
comme le
VEGF (Bernaudin et coll.,
2002

) ou dans le transport du glucose et la glycolyse (Vander
Heiden et coll., 2009

) et favoriser une reprogrammation
métabolique propice à la promotion et à la progression tumorale.
Ce remodelage métabolique, connu sous le nom d’effet Warburg,
constitue un marqueur du phénotype tumoral commun à la plupart
des cellules cancéreuses. Il favorise la glycolyse aux dépens de
l’activité du cycle de Krebs couplé à la chaîne respiratoire des
mitochondries, pour fournir les métabolites nécessaires à une
prolifération rapide des cellules cancéreuses, ainsi que les
cofacteurs nécessaires à leur lutte contre le stress oxydant
(Vander Heiden et coll., 2009

). Le succinate est un inhibiteur
compétitif des PHD (Xiao et coll.,
2012

; Her et coll., 2015

; Peters et coll.,
2015

). En bloquant l’hydroxylation d’HIF1 par les PHD, une
élévation du succinate pourrait induire la stabilisation de ce
facteur de transcription même dans des conditions de normoxie,
avec des conséquences sur le développement du phénotype
tumoral.
Dans des tumeurs de type PGL et PCC présentant une augmentation
du niveau de succinate liée à une inactivation complète de l’un
des gènes SDH, il a été mis en évidence une surexpression d’HIF1
(Pollard et coll., 2005

; Gimenez-Roqueplo,
2006

), liée à une inhibition de l’activité des PHD par le
succinate. C’est également le cas dans des cellules transfectées
avec un siARN dirigé contre
SDHB (cellules hépatiques
Hep3b et cellules d’adénocarcinome gastrique AGS) (Cervera et
coll., 2009

) et dans des fibroblastes de patients
présentant une inactivation complète du gène
SDHA (Brière
et coll., 2005

). HIF1 concourt à l’activation de
processus favorables à la cancérogenèse, notamment par la
promotion d’une reprogrammation métabolique propice à la
prolifération cellulaire. Ces caractéristiques ont conduit à
considérer que l’inactivation des gènes
SDHx entraîne la
mise en place d’un phénotype de pseudo-hypoxie et à qualifier
ces gènes de suppresseurs de tumeur. On peut également noter que
l’accumulation de succinate observée dans des macrophages
humains THP1 en réponse à une exposition à l’inhibiteur
pharmacologique du complexe II atpenin A5 est également associée
à une augmentation du niveau d’HIF-1α (Fuhrmann et coll.,
2019

).
Succinate et régulation
épigénétique
Le succinate, comme le fumarate et le 2-hydroxyglutarate,
appartient à la famille des « oncométabolites ». Une
augmentation de leur concentration cellulaire entraîne une
dérégulation de l’homéostasie métabolique au sein du cycle de
Krebs qui favorise la reprogrammation métabolique propice à la
cancérogenèse évoquée plus haut (Nowicki et Gottlieb,
2015

).
Le succinate joue un rôle crucial dans les régulations
épigénétiques, en particulier en inhibant l’activité de
déméthylases de l’ADN (figure 20.3

). La méthylation de l’ADN est une
modification chimique qui affecte les bases C au sein de
dinucléotides CpG. Cette modification épigénétique, lorsqu’elle
affecte les régions promotrices des gènes, permet de contrôler
l’activité des gènes dans différents tissus et en réponse à
différents stimuli nutritionnels, hormonaux ou environnementaux,
sans modifier la séquence primaire d’ADN. La méthylation de
l’ADN affecte la structure de la chromatine et est fréquemment
associée à une répression des gènes. Elle peut être réversée par
des enzymes possédant une activité déméthylase de la famille TET
(
ten-eleven-translocation) qui catalysent l’oxydation
des 5-méthyl-cytosines en 5-hydroxy-méthyl-cytosine. Ce signal
moléculaire de déméthylation est alors associé à une activation
de la transcription des gènes (Vasanthakumar et Godley,
2015

). Le succinate est un inhibiteur des déméthylases de la
famille TET, avec une concentration inhibitrice médiane
(IC
50) de l’ordre de 550 µM (Laukka et coll.,
2016

), une valeur compatible avec le niveau de succinate dans les
tumeurs SDHx qui peut atteindre plusieurs millimolaires (Pollard
et coll., 2005

; Xiao et coll.,
2012

). Son accumulation est donc susceptible de modifier la
méthylation de l’ADN et il est connu que les altérations du
profil de méthylation des gènes sont souvent impliquées dans le
processus de cancérogenèse.
Dans les tumeurs PGL et PCC associées aux mutations des gènes
SDHx, un phénotype hyperméthylé de l’ADN au niveau du
génome entier a été observé, affectant les promoteurs de plus de
4 000 gènes. Ces altérations du méthylome ont des conséquences
importantes sur le répertoire transcriptionnel des tumeurs, avec
la diminution du niveau d’expression d’environ 200 gènes
hyperméthylés. Parmi ces gènes, ont été identifiés des gènes
suppresseurs de tumeurs ou encore des gènes associés à la
transition épithélio-mésenchymateuse, un processus crucial qui
permet aux cellules cancéreuses de quitter leur tissu d’origine
et de migrer vers d’autres organes pour former des métastases.
L’extinction de ces gènes en réponse à l’hyperméthylation de
leurs régions promotrices pourrait expliquer, au moins en
partie, la dédifférenciation des cellules chromaffines au sein
des PGL et PCC et le caractère invasif des tumeurs associées à
une mutation du gène
SDHB (Letouzé et coll.,
2013

). En accord avec cette hypothèse, l’inactivation génétique de
SDHB dans des cellules chromaffines de souris
entraîne une accumulation de succinate qui agit comme un
inhibiteur compétitif des déméthylases de la famille TET,
conduisant à une accumulation progressive de cytosines
méthylées. Le phénotype hyperméthylé qui en résulte reproduit
celui observé dans les tumeurs humaines portant une mutation
SDHB à l’état homozygote et est associé à des
capacités migratoires augmentées des cellules chromaffines ainsi
modifiées (Letouzé et coll.,
2013

).
Le succinate est aussi un inhibiteur compétitif des histones
déméthylases dépendantes de l’α-cétoglutarate avec un
IC
50 de l’ordre de 0,8 mM (Xiao et coll.,
2012

). L’accumulation de succinate est donc également associée à
une augmentation de la méthylation des histones
(figure 20.3

). Les
histones sont les protéines formant les nucléosomes de la
chromatine. Elles subissent des modifications
post-traductionnelles qui modulent l’accessibilité de l’ADN,
donc des gènes, à la machinerie transcriptionnelle. C’est
principalement l’extrémité N-terminale de la chaîne
polypeptidique des histones qui émerge des nucléosomes, qui
subit ces nombreuses modifications post-traductionnelles. La
nature de ces modifications est diverse incluant notamment la
phosphorylation, l’acétylation, l’ubiquitinylation et la
méthylation. Concernant ce dernier type de modulation, les
histones peuvent être mono-, di-, ou triméthylés. La méthylation
des lysines 9 et 27 de l’histone H3 (H3K9 et H3K27,
respectivement) est associée à une répression de la
transcription.
Dans les tumeurs impliquant une inactivation de la SDH, plusieurs
travaux ont montré que l’accumulation de succinate modifie
l’épigénome via une hyperméthylation des histones. Ainsi, dans
les tumeurs humaines associées à une inactivation du gène
SDHB, les cellules chromaffines de souris et les
cellules tumorales ovariennes de souris dans lesquelles le gène
Sdhb a été inactivé, une augmentation du niveau de
méthylation des histones H3K9 triméthylés et H3K27 di- et
triméthylés a été mise en évidence (Letouzé et coll.,
2013

; Aspuria et coll., 2014

). Dans les cellules embryonnaires
rénales humaines HEK293T, l’inactivation de
SDHA ou
SDHB par ARN interférence (utilisation de siARN)
entraîne une augmentation du niveau des histones H3K4 mono-, di-
et triméthylés, et H3K79 diméthylés. Cette hyperméthylation des
histones est retrouvée dans les cellules humaines
d’hépatocarcinome Hep3B, de fibrosarcome HT1080 et de
phéochromo-cytome de rat PC12 suite à une inhibition de la SDH
par un traitement avec 0,5 mM de TTFA pendant 24 h (Cervera et
coll., 2009

), avec des profils d’hyperméthylation
de l’histone H3 différents selon les lignées cellulaires
utilisées.
Bien que les données sur l’inactivation partielle ou totale de la
SDH par mutations génétiques soient plus étayées que celles sur
l’inhibition chimique, il est important de noter que les
inhibiteurs pharmacologiques de la SDH (notamment le TTFA,
l’atpenin) ou la présence de succinate (notamment sous forme de
diméthyl-succinate) entraînent, dans le contexte particulier
d’expérimentations sur des modèles cellulaires, des effets
similaires à ceux décrits dans le cas des altérations génétiques
de la SDH. En effet, ces molécules sont capables d’induire
in
vitro une pseudo-hypoxie par changement de l’activité de
la PHD ainsi qu’un stress oxydant, une hyperméthylation des
îlots CpG et une hyperméthylation des histones (Guzy et coll.,
2008

; Cervera et coll., 2009

; Lemarie et coll.,
2011

; Wentzel et coll., 2017

).
Succinate, SDH et transition
épithélio-mésenchymateuse
La plupart des décès imputables aux tumeurs malignes solides
(90 %) sont liés à l’apparition et la croissance de métastases
disséminées responsables de dysfonctions d’organes vitaux. D’un
point de vue mécanistique, la capacité d’une tumeur primaire à
former des métastases requiert plusieurs étapes, incluant la
capacité de dégrader la matrice extracellulaire, de migrer dans
le flux sanguin, de s’ancrer puis de proliférer dans un tissu
différent.
La transition épithélio-mésenchymateuse
(
Epithelial-Mesenchymal Transition ; EMT) constitue
l’une des premières étapes nécessaires au processus
métastatique. Ce phénomène dynamique et réversible repose sur
des modifications morphologiques et fonctionnelles complexes de
la cellule tumorale, nécessaires à l’acquisition d’un phénotype
invasif (figure 20.4

). L’EMT
se caractérise par la perte des propriétés de polarité et
d’adhérence caractéristiques des cellules épithéliales, et
l’acquisition de propriétés de mobilité et d’invasion propres
aux cellules mésenchymateuses (Thiery et coll.,
2009

).
Ce processus est caractérisé par de profonds changements
transcriptionnels (Lamouille et coll.,
2014

) et épigénétiques (McDonald et coll.,
2011

; Tam et Weinberg, 2013

), liés à un remodelage métabolique
affectant le métabolisme du glucose, des lipides, de la
glutamine et des nucléotides (Sciacovelli et Frezza,
2017

). La connexion étroite entre l’EMT et le métabolisme
mitochondrial a notamment été établie par la démonstration d’une
signature moléculaire caractéristique de l’EMT dans des tumeurs
porteuses de mutations dans des gènes codant des enzymes du
cycle de Krebs, dont la SDH (Loriot et coll.,
2012

). Certains travaux mettent également en évidence que l’EMT
peut être impliquée dans l’émergence de propriétés
caractéristiques des cellules souches cancéreuses (Puisieux et
coll., 2014

; Ye et Weinberg,
2015

), incluant la chimiorésistance avec une surexpression de
gènes codant des pompes d’efflux de médicaments (Du et Shim,
2016

), et la dormance tumorale (Giancotti,
2013

).
Loriot et coll. ont montré que les PCC et les PGL métastatiques
humains porteurs de mutations du gène
SDHB sont invasifs
et présentent une activation des facteurs de transcription
Snail 1 et Snail 2 qui gouvernent la mise en place de l’EMT
suggérant l’induction d’une EMT dans ces tumeurs (Loriot et
coll., 2012

). Confirmant cette hypothèse,
l’inactivation du gène
SDHB dans les cellules
chromaffines de souris induit l’expression de ces facteurs de
transcription et conduit à une augmentation des capacités
migratoires, partiellement bloquée par la décitabine, un
inhibiteur de la méthylation de l’ADN (Letouzé et coll.,
2013

; Loriot et coll., 2015

). Le lien entre le déficit en SDHB
et l’EMT a également été démontré dans le cancer colorectal, où
l’inactivation du gène
SDHB favorise la migration et
l’invasion cellulaires
via un mécanisme impliquant le
TGF-β et le facteur de transcription Snail1 (Wang et coll.,
2016

), ainsi que dans le cancer ovarien (Aspuria et coll.,
2014

).
Une autre observation est que les gènes
SDHA et
SDHB sont fréquemment sous-exprimés dans les
carcinomes hépatocellulaires humains (Shimizu et coll.,
2014

). Chez les patients présentant des tumeurs hépatocellulaires,
cette atténuation de l’expression de la SDH est associée à la
progression tumorale et à une diminution de la survie des
patients (Li et coll., 2019

). Dans des cellules
d’hépatocarcinome, l’inactivation du gène
SDHC induit une
augmentation du niveau de succinate et favorise la prolifération
cellulaire et la mise en place d’une EMT, avec la diminution des
marqueurs épithéliaux (E-cadhérine et zonula occludens-1) et une
augmentation des marqueurs mésenchymateux (vimentine et
N-cadhérine). Ces observations s’accompagnent d’une augmentation
des capacités de migration et d’invasion des cellules tumorales
(Li et coll., 2019

). De manière similaire,
l’inactivation du gène
SDHB dans les cellules
d’hépatocarcinome Hep3B induit une EMT caractérisée par une
diminution du marqueur épithélial E-cadhérine et une
augmentation des marqueurs mésenchymateux N-cadhérine, vimentine
et des facteurs de transcription contrôlant l’EMT (Twist, Slug
et Snail). La mise en place de cette EMT s’accompagne d’une
augmentation des capacités de prolifération et de migration des
cellules tumorales (Tseng et coll.,
2018

).
Bien que l’ensemble de ces études ne se soient pas spécifiquement
axées sur l’accumulation de succinate comme médiateur de l’EMT,
il a été récemment montré que le succinate, tout comme le
fumarate, peut induire la suppression épigénétique de miARN de
la famille miR-200 et leur induction ultérieure dans les
cellules rénales épithéliales déficientes en SDHB (Sciacovelli
et coll., 2016

).
Données toxicologiques concernant les fongicides
SDHi
Les contaminants environnementaux sont susceptibles de nuire à la
santé humaine et à la biodiversité via divers mécanismes (par
exemple via des effets génotoxiques, mutagéniques ou
perturbateurs endocriniens). Les études épidémiologiques ont permis
d’associer l’exposition à des polluants environnementaux à la
survenue ou la progression de certaines pathologies mais les
mécanismes moléculaires et cellulaires impliqués restent en grande
partie inconnus.
Ces dernières années, il est apparu que l’exposition à des
contaminants environnementaux incluant certains pesticides pouvait
favoriser un dysfonctionnement mitochondrial. C’est le cas pour le
paraquat (Tawara et coll., 1996

; Cochemé et Murphy,
2008

),
le manèbe (Zhang et coll., 2003

; Domico et coll.,
2006

),
et la roténone (Betarbet et coll.,
2000

;
Navarro et coll., 2010

) qui perturbent la respiration
cellulaire en bloquant l’activité des complexes I et/ou III de la
chaîne respiratoire des mitochondries et sont suspectés de jouer un
rôle dans le développement de la maladie de Parkinson (Costello et
coll., 2009

; Tanner et coll., 2011

; Wang et coll.,
2011

).
Malgré une littérature académique croissante portant sur les SDHi,
les données publiées concernent essentiellement leur écotoxicité.
Des données de toxicité sont essentiellement retrouvées dans les
dossiers d’autorisation de mise sur le marché des substances actives
communiqués par les firmes qui les commercialisent, mais ces
rapports ne passent pas par une procédure d’évaluation indépendante
par les pairs. Comme c’est souvent aussi le cas pour les études
académiques, elles ne permettent pas d’accéder aux données brutes
(c’est-à-dire les résultats primaires qui n’ont été soumis à aucun
traitement ou transformation).
Une analyse de la littérature académique portant sur la toxicologie
des SDHi implique la prise en considération des résultats obtenus à
partir de diverses approches expérimentales (in vitro ou
in vivo) et différents organismes modèles. Afin de mieux
comprendre comment les SDHi interagissent avec le complexe II
mitochondrial pour perturber son fonctionnement dans les différents
organismes, les analyses moléculaires et structurales sont
brièvement décrites ci-dessous. Ensuite, les études d’inhibition
in vitro de l’activité SDH, puis les études de toxicité
et de cancérogénicité sur les modèles animaux (rongeurs et poissons)
sont analysées.
Inhibition de la succinate déshydrogénase :
analyses structurales
(in silico) et fonctionnelles
(in vitro)
Structure protéique de la SDH et site de
fixation des SDHi
L’analyse des séquences nucléotidiques des sous-unités de la
SDH montre une identité/similarité très importante entre les
espèces (champignons, levure, l’être humain), notamment pour
SDHA et B et plus faible pour SDHC et D (Huang et Millar,
2013

). Non seulement les séquences
mais aussi les structures déterminées par cristallographie
aux rayons X sont semblables et, en premier lieu, le site de
liaison de l’ubiquinone et des fongicides SDHi (Q-site).
L’étude de mutations spontanées ou induites (ciblées ou non)
apporte des informations sur l’activité du complexe II
mitochondrial. Le site de liaison du succinate est localisé
dans la sous-unité SDHA et le Q-site implique des acides
aminés des sous-unités SDHB, SDHC et SDHD (Cecchini,
2003

; Lalève et coll.,
2014

).
Récemment, une analyse d’identité/similarité des séquences
SDHx a été réalisée dans une étude expérimentale
in
vitro qui avait pour objectif d’explorer les effets
potentiels des SDHi chez les espèces non-cibles. L’analyse
bio-informatique des séquences d’acides aminés des
sous-unités SDHB, SDHC et SDHD de 22 espèces a abouti à la
même conclusion quant à un fort degré de conservation. Douze
acides aminés sont importants pour la fixation des SDHi
(figure 20.5

),
5 d’entre eux sont identiques entre les espèces comparées
alors que les autres sont différents mais les changements
sont conservatifs (Bénit et coll.,
2019

).
L’identification de mutations qui confèrent un phénotype de
résistance de champignons parasites aux fongicides SDHi, des
approches par mutagenèse ciblée pour identifier les sites de
liaison des SDHi ainsi que des données de cristallographie
aux rayons X apportent des éléments pour déterminer la
structure du complexe seul ou associé à un inhibiteur
d’activité.
Parmi les mutations responsables d’un phénotype de résistance
au boscalide, il est très souvent identifié chez
Botrytis
cinerea les mutations du gène
Sdhb touchant
les acides aminés Pro225 et His272 (Yin et coll.,
2011

) (dénommées ci-après SdhB-Pro225
et SdhB-His272 ; locus et acides aminés correspondant chez
l’être humain ou le porc à respectivement SDHB-Pro197 et
SDHB-His249). Une trentaine de mutations ont été identifiées
comme responsables de la résistance aux fongicides et les
plus fréquentes chez
B. cinerea sont, comme
précédemment, SdhB-Pro225 et SdhB-His272 avec de plus
SdhB-Asn230 (Sierotzki et Scalliet,
2013

), locus et acide aminé de ce
dernier correspondant chez l’être humain (ou le porc) à
SDHB-Asn202. Ces mutations sont pour partie dans la région
du Q-site identifié en radiocristallographie (Yankovskaya et
coll., 2003

; Sun et coll.,
2005

). Il est intéressant de noter
que des mutations de l’acide aminé SdhB-Pro225 chez
B.
cinerea (correspondant à SDHB-Pro197 chez l’être
humain), conduisant à une résistance aux SDHi ont été
retrouvées chez des patientes atteintes de PCC/PGL (Andrews
et coll., 2018

).
La structure cristallographique du complexe II de
mitochondries de cœur de porc a été résolue ainsi que le
complexe en présence du TTFA, un inhibiteur classique de la
réduction de l’ubiquinone qui se loge dans le Q-site (Sun et
coll., 2005

). Le Q-site est formé par
l’hélice 2L (SDHC ; aa 38-52), l’hélice 2S (SDHD ; aa 77-91)
et les sites de liaison des complexes Fe-S (SDHB ;
aa 166-175 et 214-219). Une similarité structurale entre le
Q-site du complexe SQR d’
E. coli et de mitochondries
de porc renforce la notion de permanence structurale du
complexe entre les organismes (Yankovskaya et coll.,
2003

; Sun et coll.,
2005

; Horsefield et coll.,
2006

; Ruprecht et coll.,
2009

). Cependant, peu de structures
cristallographiques du complexe mitochondrial SQR ont été
publiées et de nombreux articles portent sur des
comparaisons de séquences non validées au plan d’une
structure à résolution atomique. Ainsi si les structures
sont semblables, elles peuvent différer légèrement entre
espèces avec des affinités différentes pour les inhibiteurs
au site de liaison de l’ubiquinone.
Inhibition in vitro de l’activité de
la succinate déshydrogénase de différentes espèces par les
SDHi
Plusieurs études ont mesuré des valeurs des constantes de
liaisons des inhibiteurs dans le Q-site du complexe II chez
différents organismes et les résultats permettent de
vérifier expérimentalement l’hypothèse d’une absence de
spécificité des SDHi.
Récemment, les IC
50 de huit SDHi ont été mesurées
dans des préparations enrichies en mitochondries obtenues à
partir de cellules humaines, de lombric, d’abeille, et de
champignon. Ces mesures montrent un potentiel inhibiteur des
SDHi sur l’activité de la SDH, de l’ordre du micromolaire
chez le champignon et l’être humain, avec des variations en
fonction du SDHi utilisé (figure 20.6

) (Bénit et coll.,
2019

). Cependant, il faut noter que la
préparation des extraits varie en fonction de l’espèce,
allant d’une purification de mitochondries (
B.
cinerea,
Apis mellifera), sans indication de
critères de qualité des préparations mitochondriales, à un
lysat (
Lumbricus terrestris,
Homo sapiens) et
réalisée à partir d’une seule préparation par organisme.
Une autre étude a mesuré les valeurs d’IC
50 du
flutolanil sur l’activité SDH entre l’ascaris et son hôte,
le porc, et a montré qu’elles sont très différentes,
respectivement de 0,058 µM et 45,9 µM alors qu’il y a
conservation de la structure du complexe II (Inaoka et
coll., 2015

). Cette différence (facteur
d’environ 800 fois) est expliquée par la liaison plus forte
du flutolanil dans la structure de la SDH d’ascaris évaluée
d’après des données cristallographiques (Inaoka et coll.,
2015

). D’autres études, publiées par
des industriels des phytosanitaires, ont comparé les
IC
50 des SDHi entre espèces. Nakano et coll.
ont montré que les IC
50 du pyflubumide pour la
SDH d’un acarien (
Tetranychus urticae), du rat et de
la truite présentent une variabilité importante, de l’ordre
de 400 fois (Nakano et coll.,
2015

). Une deuxième étude a montré
des différences d’IC
50 entre 7 800 et 17 700 fois
entre la souris et deux champignons (
B. cinerea et
Sclerotinia sclerotiorum) respectivement pour le
pyraziflumid, mais cet article ne précise pas la nature des
échantillons biologiques sur lesquels les mesures ont été
réalisées (Kikutake et coll.,
2020

). Les études disponibles
suggèrent donc que les valeurs d’IC
50 pourraient
être très différentes d’une espèce à l’autre mais ne
permettent pas d’évaluer objectivement la spécificité des
SDHi vis-à-vis des champignons au regard d’espèces
non-cibles. Cette caractérisation requiert des études
supplémentaires rigoureuses, en particulier quant à la
nature, l’homogénéité et la préparation des échantillons
biologiques sur lesquels sont mesurées les
IC
50.
La comparaison des IC50 entre études est
problématique en raison des facteurs influençant les
résultats des essais d’activité enzymatique (nature des
extraits, présence d’inhibiteurs, quantité de l’enzyme
présente dans la réaction...). Les résultats sur les
différents SDHi et espèces ne permettent pas de conclure
définitivement à une action des SDHi sur la respiration
cellulaire chez les organismes non-cibles à des
concentrations représentatives de l’exposition
environnementale à ces fongicides. D’autres études,
réalisées avec des contrôles expérimentaux rigoureux sur des
échantillons de nature homogène (par exemple des
préparations de mitochondries isolées) et incluant des
contrôles sur la qualité des préparations, sont nécessaires
pour lever les incertitudes et mieux caractériser ces
effets. En particulier, la détermination d’IC50in vitro sur des extraits cellulaires devrait être
complétée par des mesures de la respiration cellulaire après
une exposition aux SDHi sur cellule intacte.
Par ailleurs, l’estimation d’un effet toxique sur les
organismes (c’est-à-dire in vivo sur un organisme
entier) devra prendre en compte les différentes
caractéristiques de toxicocinétique (absorption,
distribution, métabolisme, excrétion), de toxicodynamique ou
de biotransformation entre les organismes, et également des
différences fines de structure de la SDH et du contexte
lipidique en interaction avec les sous-unités SDHC et
SDHD.
Sensibilité aux SDHi de cellules de patients
présentant un dysfonctionnement de la chaîne
respiratoire
Dans les fibroblastes de patients présentant une altération
de la chaîne respiratoire liée ou non à un déficit d’origine
génétique en SDH (un patient avec un syndrome de Leigh
porteur d’une mutation homozygote du gène
SDHA, un
patient avec une ataxie de Friedreich et un patient avec une
maladie d’Alzheimer familiale), il a été observé une
sensibilité accrue au bixafène et au fluxapyroxade par
rapport à des fibroblastes de sujets contrôles, avec une
augmentation significative du stress oxydant et de la mort
cellulaire (Bénit et coll.,
2019

). Les auteurs de cette étude, à
partir de ces données limitées soulèvent l’hypothèse que les
personnes atteintes d’un dysfonctionnement mitochondrial, en
particulier touchant la chaîne respiratoire, pourraient
présenter une susceptibilité accrue aux éventuels effets
toxiques des SDHi.
Génotoxicité et
cancérogénicité
La plupart des données disponibles sur les effets cancérogènes
des SDHi proviennent des dossiers techniques soumis par les
firmes au moment de la demande d’autorisation de mise sur le
marché européen des substances actives.
Les tests effectués incluent des essais de génotoxicité et de
mutagenèse
in vitro (sur cellules bactériennes et
cellules de mammifères en culture) et
in vivo (sur des
cellules somatiques et germinales de mammifères prélevées sur
des animaux exposés), ainsi que des tests de cancérogénicité sur
des modèles animaux (généralement rongeurs). Ces premiers tests
concluent pour la majorité des SDHi à une absence de
génotoxicité (tableau 20.V

). Une étude provenant d’une équipe de recherche académique
s’intéressant à l’effet du bénodanil sur des lymphocytes humains
rapporte un résultat négatif pour l’essai du micronoyau qui
évalue un effet de cassure ou d’anomalie de répartition des
chromosomes entre les cellules filles (effet clastogène ou
aneugène, respectivement) (Akyil et coll.,
2016

).
En ce qui concerne l’évaluation réglementaire de la
cancérogénicité au niveau européen, les tests sont réalisés
in vivo après une administration répétée pendant
2 ans chez le rat et 18 mois à 2 ans chez la souris suivant la
ligne directrice OCDE TG 451 ou une combinaison entre
cancérogenèse (2 ans) et test de toxicité chronique (TG 453).
Les données publiées par l’Efsa et l’Echa montrent que la
plupart des SDHi augmentent l’incidence des adénomes et des
carcinomes dans différents organes, principalement le foie mais
aussi la thyroïde, le poumon et l’utérus
(tableau 20.V

), avec
pour certains un dimorphisme sexuel puisque les atteintes ne
sont pas les mêmes chez les animaux mâles et les femelles
(tumeurs hépatiques et thyroïdiennes, astrocytomes).
Tableau 20.V Génotoxicité, cancérogénicité et classification
cancérogène des fongicides SDHi autorisés au niveau européen
(d’après Anses, 2019
; rapports Efsa, site de
l’Echa1)
Substance active
|
Génotoxicité
|
Cancérogénicité
|
Proposition de classification
Efsa
|
Classification Echa
|
Benzovindiflupyr
|
Non
|
Tumeurs thyroïdiennes (rat)
|
Non classé
|
Non classé
|
Bixafène
|
Non
|
Non
|
Non classé
|
Non classé
|
Boscalide
|
Non
|
Non
|
Non classé
|
Non classé
|
Carboxine
|
Oui in vitro
Non in
vivo
|
Hépatocarcinomes (rat) ; adénomes
pulmonaires (souris)
|
Carc 32
|
Non classé
|
Fluopyram
|
Non
|
Adénomes et carcinomes hépatiques (rats
femelles) ; adénomes folliculaires de la thyroïde
(souris mâles)
|
Carc 33
|
Non classé
|
Flutolanil
|
Non
|
Non
|
Non classé
|
Non classé En cours
|
Fluxapyroxad
|
Non
|
Tumeurs hépatiques (rat) ; adénomes
folliculaires de la thyroïde (rats
mâles)
|
Carc 2
|
Non classé
|
Isofétamide
|
Non
|
Non
|
Non classé
|
Non classé
|
Isopyrazam
|
Non
|
Adénomes hépatocellulaires (rat) et
adénocarcinomes utérins (rat)
|
Carc 2
|
En cours
|
Penflufène
|
Non
|
Adénome hépatique (rats mâles) ;
carcinome hépatique (rat) ; adénomes ovariens
(rat) ; astrocytomes (rats mâles) ; sarcomes
histiocytaires (rats mâles)
|
Carc 2
|
Carc 2
|
Penthiopyrade
|
Non
|
Adénomes folliculaires de la thyroïde
(rats mâles) ; adénomes hépatiques et
hépatocarcinomes (souris mâles)
|
Carc 2
|
Non classé
|
Sédaxane
|
Non
|
Adénomes hépatiques et thyroïdiens
(rats mâles), adénocarcinomes utérins (rat) ;
adénomes hépatiques (souris mâles)
|
Carc 2
|
Carc 2
|
Classification harmonisée (Règlement CE
no 1272/2008) Carc 2 : « susceptible de
provoquer le cancer » ; Carc 3 : « effet cancérogène
suspecté, preuves insuffisantes ». Le cyflumétofène, un
insecticide SDHi autorisé au niveau européen, est classé par
Echa comme non génotoxique et fait l’objet d’une
classification Carc 2.
1 https://www.echa.europa.eu/fr/information-on-chemicals
[consulté le 1er avril
2020].
2 Source : https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.2903/j.efsa.2010.1857
[consulté le 27 août 2020]. À noter que la classification
Efsa indiquée dans l’avis de l’Anses est « Carc 2 » (Anses,
2019
).
3 Source :
https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.2903/j.efsa.2013.3052
[consulté le 27 août 2020]. À noter que la classification
Efsa indiquée dans l’avis de l’Anses est « Carc 2 » (Anses,
2019
).
Ces observations ont conduit l’Efsa à proposer le classement de
certains SDHi comme cancérogènes de catégorie 2 mais ces
propositions n’ont pas toujours été retenues par l’Echa. Sur la
base de publications scientifiques réalisées par les firmes
(Rouquié et coll., 2014

; Tinwell et coll.,
2014

; Peffer et coll., 2018

; Plummer et coll.,
2018

) ou d’études non publiées mais référencées en interne lors de
l’évaluation réglementaire, le mécanisme d’action rapporté pour
rendre compte des effets cancérigènes des SDHi évoque
l’activation du récepteur nucléaire CAR (
constitutive
androstane receptor). Principalement considéré comme un
récepteur de xénobiotiques (par exemple des pesticides et des
médicaments) très exprimé dans le foie et l’intestin, mais se
liant également à des molécules endogènes, l’activation de CAR
déclenche la régulation transcriptionnelle d’enzymes (de la
famille des cytochromes, des uridine diphospho
glucuronyltransférases...) et de transporteurs intervenant dans
la métabolisation et l’élimination de substances exogènes et
endogènes. Son activation dans les hépatocytes de souris ou de
rats stimule la synthèse de l’ADN et la prolifération
cellulaire, favorisant ainsi le développement de lésions
prénéoplasiques focales (nodules hyperplasiques) qui peuvent
conduire à des tumeurs du foie bénignes (adénomes) ou malignes
(carcinomes). Toutefois, ce mécanisme est considéré comme
spécifique aux rongeurs car de nombreuses études
in vitro
et
in vivo montrent que l’activation de CAR dans les
cellules humaines n’induit pas la synthèse de l’ADN, comme il a
été largement documenté pour l’hépato-cancérogenèse
différentielle du phénobarbital entre le rat et l’être humain
(Elcombe et coll., 2014

). La problématique de la pertinence
de ce mécanisme d’action pour l’être humain, et donc plus
généralement du recours à des modèles de rongeurs dans le cadre
de l’évaluation du potentiel cancérogène des substances
chimiques fait encore l’objet de débat (Felter et coll.,
2018

). Par ailleurs, les études de cancérogénicité réalisées
révèlent aussi l’apparition de tumeurs dans des tissus exprimant
peu ce récepteur (thyroïde, utérus, ovaire...).
Toutefois, un mécanisme d’action impliquant CAR est également
évoqué pour expliquer la survenue des tumeurs de la thyroïde
chez les rongeurs observées en lien avec l’exposition à certains
SDHi, notamment le sédaxane (Rouquié et coll.,
2014

), le fluopyram, le fluxapyroxade et le penthiopyrade sur la
base d’un mécanisme reliant le métabolisme hépatique et la
fonction thyroïdienne
19
. L’activation de CAR induit en effet
l’expression hépatique de l’enzyme UGT1A1
(
UDP-glucurunosyltransférase 1 polypeptide A1) qui
intervient dans la clairance des hormones thyroïdiennes (HT) en
stimulant la conjugaison et l’élimination biliaire de la
thyroxine. Ce mécanisme de clairance exerce un rétrocontrôle sur
l’axe hypothalamo-hypophysaire thyroïdien lequel conduit à une
production compensatrice de TSH (
thyroxin stimulating
hormone). La TSH, en stimulant la thyroïde, participe à
un processus d’hyperplasie qui, dans le cas d’une activation
chronique, peut conduire à une tumeur. Ce mécanisme n’est pas
transposable à la régulation du taux d’HT chez l’être humain qui
exprime la
thyroxine binding globulin (TBG) sérique,
absente chez le rat, avec pour conséquence une demi-vie des HT
plus courte chez le rat. De plus, la glande thyroïde stocke une
quantité de thyroglobuline bien plus élevée chez l’être humain
ce qui limite le recours à un état d’hyperplasie compensatrice
(Hurley, 1998

). Le cas particulier de l’association
entre l’exposition à ces SDHi et la survenue de cancer de la
thyroïde chez les rongeurs n’a pas été jugé pertinent pour
l’être humain par les agences réglementaires, selon la mise en
application du principe de déclassification «
mode of
action » en se référant aux critères établis par le
WHO/IPCS (
World Health Organization/International Programme
on Chemical Safety) (Boobis et coll.,
2006

; Meek et coll., 2014

).
Effets sur le développement et le système
endocrinien
Le poisson zèbre (Danio rerio) est un modèle expérimental
intéressant pour étudier les mécanismes par lesquels les
facteurs de stress externes, dont les contaminants, sont
susceptibles de perturber les fonctions biologiques chez les
vertébrés. Ils présentent de nombreux avantages (leur facilité
de manipulation, rapidité de l’embryogénèse, cycle de vie
court...), qui ont conduit à leur utilisation répandue en
toxicologie. Une vingtaine d’études portant sur la toxicité des
SDHi chez les poissons zèbres ont été identifiées. Ces études,
menées essentiellement par des groupes de chercheurs chinois,
ont été réalisées sur les embryons et larves sur des temps
courts d’exposition (la majorité sur 96 h), ou sur les poissons
adultes dans des conditions d’exposition chronique (généralement
28 ou 60 jours).
Toutes les substances testées sur les embryons (bixafène,
boscalide, flutolanil, fluxapyroxade, isopyrazam, penthiopyrade,
sédaxane, et thifluzamide) ont des effets toxiques et induisent
des malformations et des anomalies de développement (œdème
péricardique, scoliose, pigmentation, développement cérébral
anormal) et de comportement. Ces effets sont associés, dans
plusieurs de ces études, à des anomalies structurelles et
fonctionnelles des mitochondries, à l’induction d’un stress
oxydant et à une induction de l’apoptose et des altérations du
métabolisme des lipides (Yang et coll.,
2016b

; Yang et coll., 2016a

; Qian et coll.,
2018a

; Teng et coll., 2018

; Yao et coll.,
2018b

; Yao et coll., 2018a

; Qian et coll.,
2019a

; Yang et coll., 2019c

; Yang et coll.,
2019b

; Li et coll., 2020a

; Li et coll.,
2020b

; Wang et coll., 2020

). À ces études s’ajoute une étude
française récente qui montre que l’exposition des embryons au
bixafène à des concentrations ≥ 0,2 µM (≥ 0,083 mg/l) provoque
des anomalies du développement cérébral et une inhibition de la
croissance des motoneurones spinaux (Brenet et coll.,
2020

).
Deux SDHi semblent aussi avoir des effets de perturbation
endocrinienne chez les embryons : le thifluzamide qui conduit à
une diminution de l’hormone de croissance dans des extraits
d’embryons entiers à des concentrations ≥ 0,19 mg/l (Yang et
coll., 2019b

), et le flutolanil qui augmente la
production des hormones thyroïdiennes tri-iodothyronine et
thyroxine, et perturbe l’expression de plusieurs gènes
intervenant dans la fonction thyroïdienne (
TRH,
TSHR,
TPO,
Dio1,
TRα, et
UGT1ab) à des concentrations ≥ 0,5 mg/l (Teng et
coll., 2018

). Ces deux SDHi augmentent également
l’expression de la mélatonine et perturbent le cycle circadien
(Yang et coll., 2019c

; Yang et coll.,
2019b

).
Tous les SDHi testés sur les poissons adultes ont un effet
hépatotoxique avec des lésions (dégénérescence graisseuse et
vacuolisation des hépatocytes) observées à partir de 21 jours
d’exposition à 0,19 mg/l de thifluzamide (Yang et coll.,
2016b

; Yang et coll., 2017

; Yang et coll.,
2018a

; Yang et coll., 2018b

), après 28 jours d’exposition à
0,1 mg/l de boscalide (Qian et coll.,
2019b

) et après 60 jours d’exposition à 0,05 mg/l de flutolanil
(Teng et coll., 2019

). Une induction d’un stress oxydant
et de l’apoptose et une altération du métabolisme des glucides
et des lipides ont également été mises en évidence dans ces
conditions expérimentales. Plus récemment, Qian et coll. ont
montré que les poissons zèbres adultes exposés à 1 mg/l de
boscalide pendant 21 jours présentent des anomalies
histopathologiques de la rétine et du cerveau, ainsi qu’une
diminution de la locomotion et de la capacité de prédation (Qian
et coll., 2021

). En outre, cette étude a mis en
évidence des effets neurotoxiques chez les larves à partir de
4 jours d’exposition à 1,2 mg/l de boscalide.
Enfin, certains SDHi semblent avoir des effets de perturbation
endocrinienne chez les poissons adultes. C’est le cas pour le
thifluzamide qui stimule l’expression de l’hormone de croissance
dans le foie et inhibe la sécrétion de la leptine (Yang et
coll., 2019a

). Le flutolanil, quant à lui, a un
effet œstrogénique. Les poissons mâles exposés au flutolanil à
des concentrations faibles (≥ 0,25 µg/l) pendant 60 jours
montrent une augmentation de la concentration plasmatique de
17β-estradiol et une diminution de celle de testostérone (Teng
et coll., 2020

). L’exposition des poissons femelles
au flutolanil conduit à une augmentation de la concentration
plasmatique de 17β-estradiol et une perturbation du profil de
méthylation génomique dans l’ovaire. Ces modifications ont pour
conséquence des effets néfastes sur la reproduction. Les
embryons issus des croisements des animaux exposés sont plus
petits et ont un taux de mortalité plus élevé. Plus récemment,
ce même groupe a montré que l’exposition pendant 21 jours à
1 mg/l de boscalide est associée à un effet oestrogénique chez
les poissons mâles et que, contrairement au flutolanil, il
possède une activité anti-oestrogénique chez les femelles
(diminution du taux plasmatique de 17β-estradiol et peturbation
de la fertilité) à des concentrations ≥ 0,01 mg/l (Qian et
coll., 2020).
Ces effets toxiques semblent donc indiquer que les SDHi
perturbent le développement, le métabolisme et certaines
fonctions hormonales, et suggèrent que ces fongicides pourraient
être considérés, au moins chez les poissons, comme des
perturbateurs endocriniens. Cependant, il est à noter que les
résultats
in vivo suggérant une perturbation
endocrinienne proviennent seulement de deux groupes et doivent
être confirmés. Des données dans d’autres espèces et modèles
expérimentaux n’ont pas été identifiées, sauf pour le boscalide
qui inhibe l’expression de la prostaglandine D2 dans une lignée
de cellules de souris (Kugathas et coll.,
2016

). Il est à noter que les rapports d’évaluation des risques de
l’Efsa rapportent des effets perturbateurs endocriniens
potentiels chez les rats pour le benzovindiflupyr (effets sur la
reproduction), et pour le fluopyram et le penflufène, des
lacunes dans les données n’ont pas permis à l’agence de conclure
définitivement à l’absence d’effets perturbateurs endocriniens
(Efsa, 2013

; Efsa,
2015

; Efsa, 2016

).
Données d’écotoxicologie
Il existe un certain nombre d’études d’écotoxicologie démontrant des
effets délétères de l’exposition aux SDHi sur les écosystèmes et la
biodiversité
20
L’analyse des données d’écotoxicologie dépasse
le cadre de cette expertise et la composition du groupe
d’experts, ciblant les effets sanitaires, n’est pas adaptée
pour en faire une analyse exhaustive. Cependant, il est
apparu fondamental de mentionner et d’explorer cet aspect
qui pourrait faire l’objet d’une expertise
multidisciplinaire plus complète.
. Outre le fait que les effets mis en évidence
peuvent avoir des éventuelles répercussions sur la santé humaine,
ces travaux sont importants pour mieux comprendre les processus
biologiques qui pourraient être altérés par les SDHi.
SDHi et abeilles
Les abeilles mellifères peuvent être exposées aux pesticides
pendant de longues périodes, à travers l’eau contaminée, le
pollen et le nectar. Certaines plantes affichées comme
favorisant les pollinisateurs se retrouvent contaminées par
des pesticides dont des SDHi comme le boscalide ; une étude
de 2017 utilisant la spectrométrie de masse, a détecté le
boscalide dans les feuilles de 14 sur 29 espèces ou variétés
de plantes mellifères à une concentration moyenne de 37 ng/g
(Lentola et coll., 2017

). Dans une étude conduite dans
la région Rhône-Alpes, le boscalide est l’un des pesticides
les plus détectés chez les abeilles, à des fréquences au
moins aussi élevées que les néonicotinoïdes (14 %), et à des
concentrations de 1 à 47,6 ng de boscalide/g de poids
corporel (Daniele et coll.,
2018

). La cire ainsi que le pain
d’abeille (nourriture des larves) sont également fréquemment
contaminés par le boscalide par rapport à d’autres
pesticides, avec des niveaux dans le pain d’abeille pouvant
atteindre plus de 700 ng/g de pain (Daniele et coll.,
2018

). Dans la cire, le boscalide est
détecté dans 39 % des échantillons avec des concentrations
supérieures à 300 ng de boscalide/g de cire (Daniele et
coll., 2018

).
Dans une autre étude, concernant cette fois la région de
l’East Sussex au Royaume-Uni, David et coll. ont décrit la
présence de résidus de boscalide dans le pollen de colza
(jusqu’à 25 ng/g) et le pollen de fleurs de bords de champs
(jusqu’à 38 ng/g) (David et coll.,
2016

). Ces travaux mettent également
en évidence que les abeilles qui collectent ce pollen
rapportent les résidus à la ruche (jusqu’à 21 ng/g), bien
que les quantités de boscalide détectées dans les abeilles
soient moindres, de 0,24 à 9,8 ng/g de poids corporel (David
et coll., 2016

). Ces variations soulignent les
différences de contamination des abeilles en fonction des
régions et donc des cultures et traitements des parcelles.
Dans une étude subséquente menée dans la même région, ces
auteurs ont montré également une haute fréquence de
détection du boscalide dans 35 % des bourdons sauvages, à
des concentrations allant jusqu’à 54,5 ng/g et une
variabilité de la contamination en fonction des espèces de
bourdons et en fonction de la saison (Botias et coll.,
2017

). Il est à noter que bien que le
niveau de contamination soit globalement plus élevé dans les
zones arables (jusqu’à 31,7 ng/g de poids corporel), le
boscalide est aussi détecté dans des bourdons collectés en
zone urbaine (jusqu’à 54 ng/g de poids corporel). Enfin, une
exposition de larves à la Pristine (une formulation
contenant du boscalide) affecte leur survie à l’âge adulte,
avec un effet significativement potentialisé en mélange avec
d’autres résidus d’insecticides à faible dose (Wade et
coll., 2019

).
Un test de toxicité chronique des produits chimiques chez
l’abeille est défini dans les lignes directrices de l’OCDE.
Ce test (OCDE essai n
o 245), utilisé pour générer
des données à des fins réglementaires, implique l’exposition
des ouvrières adultes à une substance chimique (par exemple
un pesticide) par voie orale pendant une période de 10 jours
au cours de laquelle la mortalité et les anomalies de
comportement sont mesurées quotidiennement. En 2018,
Simon-Delso et coll. ont montré que la mortalité des
abeilles exposées au boscalide est faible avant 10 jours
d’exposition (Simon-Delso et coll.,
2018

). Le temps létal 50 %
(TL
50 ; temps d’exposition pour lequel la
mortalité de la population d’abeilles est de 50 % à une
concentration de substance active donnée) est de 25 jours
pour la concentration de boscalide la plus faible testée
(1,125 mg/l). De plus, la concentration létale 50 %
(CL
50 ; concentration de substance active
pour laquelle 50 % de la population d’abeilles est morte
après une période d’exposition donnée) est dix fois plus
élevée à 8 jours qu’à 25 jours (respectivement 14,7 et
1,17 mg/l). Ces observations, qui méritent d’être
reproduites, soulignent le fait que les approches
« exposition jusqu’à la mort » sont plus pertinentes que les
approches « exposition à durée fixe », en particulier pour
les doses d’exposition faibles (Simon-Delso et coll.,
2018

).
L’exposition des abeilles au boscalide peut également altérer
certaines fonctions physiologiques. Ainsi, il a été démontré
que des abeilles nourries avec du pollen dont les cultures
ont été traitées à la Pristine digéraient moins le pollen et
présentaient une plus forte charge virale, et une baisse des
concentrations en ATP, évoquant une dérégulation métabolique
possiblement liée à une malnutrition (DeGrandi-Hoffman et
coll., 2015

; Campbell et coll.,
2016

). Il est important de noter que
de tels symptômes rendent les abeilles vulnérables à
d’autres stresseurs environnementaux, comme les parasites
(
Nosema ceranae) et les pathogènes. Ainsi,
associé à
N. ceranae, le boscalide impacte la
composition du microbiote intestinal des abeilles
(alpha-protéobactéries et gamma-protéobactéries) dont
l’importance dans la régulation de la fonction du système
nerveux est de plus en plus soulignée (Paris et coll.,
2020

). À titre d’exemple, une étude
récente démontre que le boscalide réduit la fréquence de
battement d’ailes des butineuses pendant le vol, sans
modifier toutefois la durée du vol, ainsi que l’efficacité
des butineuses au niveau de la colonie (Liao et coll.,
2019

). De plus, la Pristine modifie
le comportement relatif à la reconnaissance du nid chez les
abeilles solitaires (Artz et Pitts-Singer,
2015

).
SDHi et écosystèmes
aquatiques
Les effets délétères des pesticides sur les organismes
aquatiques et plus particulièrement les poissons, sont
aujourd’hui de plus en plus documentés (Bony et coll.,
2008

; Gandar et coll.,
2017

). En plus de constituer un modèle
de choix pour les études de toxicologie (voir ci-dessus),
les poissons sont des indicateurs sensibles de la qualité
des écosystèmes aquatiques.
Chez l’amphibien
Xenopus tropicalis, l’exposition au
bixafène ou à l’iso-pyrazam à des concentrations ≥ 1 mg/l
conduit à des effets tératogènes avec des microcéphalies,
des défauts de mise en place des somites et des
hypo-pigmentations (Wu et coll.,
2018

). De nombreux fongicides SDHi
sont commercialisés sous forme de formulations contenant,
outre la ou les substances actives, d’autres composés
(tensioactifs, solvants, stabilisants, antimoussants,
conservateurs...) qui peuvent posséder leur propre toxicité
et/ou interférer avec les substances actives. Ces
formulations peuvent contenir plus d’une substance active
SDHi, ou un SDHi avec un fongicide de la famille des
triazoles qui inhibe la synthèse des stérols. D’autres
contiennent des fongicides de la famille des strobilurines
(pyraclostrobine, dimoxystrobine, fluoxastrobine,
krésoxime-méthyle) qui inhibent la respiration cellulaire en
agissant sur le complexe III de la chaîne respiratoire et
qui pourraient donc potentialiser les effets des SDHi sur la
fonction mitochondriale. En effet, l’exposition des embryons
de xénope à un mélange de deux SDHi (bixafène et
l’isopyrazam) ou d’un SDHi et une strobilurine entraîne des
effets toxiques synergiques (Wu et coll.,
2018

). Cela souligne l’importance de
tester non seulement les substances actives mais aussi les
formulations dans des études de toxicologie.
Parmi les espèces aquatiques, on peut également citer les
micro-algues comme
Chlorella vulgaris dont la
photosynthèse et la croissance sont altérées par la présence
du boscalide dans l’eau (1,6 mg/l) (Qian et coll.,
2018b

).
Enfin, les fongicides pourraient également avoir un effet
négatif sur les écosystèmes d’eau douce en altérant la
décomposition des feuilles mortes réalisée par des
champignons aquatiques (présents dans les ruisseaux par
exemple), ce qui réduirait la formation d’un substrat
nutritif essentiel pour la flore microbienne et les
amphipodes (crustacés). En effet, Elskus et coll. ont montré
que la Pristine (contenant le boscalide) entraîne une baisse
de la croissance microbienne et par conséquence de la
biomasse des amphipodes (Elskus et coll.,
2016

).
SDHi et écosystèmes du
sol
Certains SDHi sont vendus pour leurs propriétés nématicides,
par exemple sous la formulation
Indemnify, utilisé
pour les gazons, terrains de football ou de golf. Le
fluopyram qu’il contient affecte la viabilité des nématodes
ainsi que leur comportement d’attraction pour les racines
(Oka et Saroya, 2019

). Mais, ils présentent aussi
l’inconvénient de détruire de nombreux organismes vivants
utiles. En effet, les travaux récemment publiés par Bénit et
coll. montrent que les principaux SDHi bloquent la SDH du
ver de terre (Bénit et coll.,
2019

). Le fluopyram et la carboxine
sont fortement toxiques pour le ver de terre
Eisenia
andrei, avec un blocage des mécanismes de
détoxication qui concourt à la rétention de ces pesticides
dans les organismes (Velki et coll.,
2019

). Le thifluzamide inhibe la
croissance et la reproduction des vers à des doses de
10 mg/kg de sol après 28 jours. Cela est associé à un
blocage de la SDH dès 1 mg/kg de sol (Yao et coll.,
2020

). Des études sur le polychète
estuarien
Simplisetia aequisetis en Australie
montrent que des doses sub-létales de boscalide modifient
précocement (48 h) le métabolome du ver, avec une forte
altération du cycle de Krebs, et des voies de détoxication
impliquées dans la synthèse de glutathion, probablement
mobilisées pour éliminer le boscalide. Cela se traduit
ensuite au niveau physiologique par une baisse de réserves
énergétiques lipidiques et une augmentation de la mortalité
après 336 h d’exposition (Sinclair et coll.,
2019

). Par ailleurs, la carboxine
associée au thirame, un fongicide non-SDHi, à des doses
supérieures à 50 mg/kg de sol inhibe la reproduction et
modifie le comportement d’évitement du ver
E. andrei
(Alves et coll., 2013

).
Données épidémiologiques : exposition aux SDHi
et survenue de pathologies
Dans le cadre de cette expertise, une recherche bibliographique
détaillée a été menée afin d’identifier des études épidémiologiques
ayant porté sur les effets de ces fongicides sur la santé humaine. À
défaut d’une connaissance structurée, suivie et contrôlée des usages
réels de pesticides en France ainsi que dans d’autres régions du
monde, il est difficile d’analyser à travers des études
épidémiologiques le rôle d’une substance active spécifique dans la
survenue d’une maladie. La reconstitution rétrospective des
expositions est rendue complexe par la multiplicité des produits
utilisés par les professionnels, par la fréquence des associations
de produits au cours d’une journée, d’une saison et encore plus
d’une vie, par la variation de leurs usages selon les cultures, les
périodes, et les zones géographiques, par la fréquente
méconnaissance des travailleurs vis-à-vis des substances auxquelles
ils ont été exposés et la difficulté à fournir a posteriori des
calendriers de traitement. Or, pour les effets chroniques tels que
des cancers ou des pathologies dégénératives, une latence d’une à
plusieurs décennies doit être prise en compte dans l’évaluation.
Concernant les fongicides SDHi, environ la moitié des matières
actives a été introduite sur le marché après 2010, ce qui ne permet
pas à ce jour de disposer d’un recul suffisant pour l’étude d’effets
chroniques possibles. Une seule molécule de cette famille est
actuellement sur le marché français depuis plus de 50 ans, la
carboxine, une autre depuis plus de 25 ans, le flutolanil, et une
dernière depuis 14 ans, le boscalide. Les autorisations des produits
contenant la carboxine ont été retirées fin 2018 en France, alors
que le flutolanil et le boscalide sont toujours autorisés. Il est
notable que deux de ces molécules (carboxine et flutolanil)
l’étaient dans des usages spécifiques : la carboxine pour le
traitement de semences de céréales, et le flutolanil pour le
traitement des tubercules de pommes de terre. Le boscalide pour sa
part est utilisé en application sur diverses cultures (vignes,
céréales, colza, légumes...).
Dans le cadre de cette expertise, plusieurs algorithmes de recherche
bibliographique ont été construits pour identifier des études
épidémiologiques portant sur les effets sanitaires possibles de ces
molécules (voir addenda en fin de chapitre : paragraphe
« Algorithmes de recherche bibliographique »). En premier lieu les
noms des matières actives ont été introduits dans des algorithmes en
les conjuguant avec des termes relatifs aux études épidémiologiques.
De la même manière, le mécanisme « inhibition de la succinate
déshydrogénase » a été associé aux termes relatifs aux études
épidémiologiques. Les noms des familles chimiques (carboxamides et
benzamides) de ces molécules ont également été utilisés, en ajoutant
des termes relatifs aux usages (pesticides, fongicides,
insecticides, acaricides, herbicides). Enfin, compte tenu des usages
spécifiques de certaines de ces substances, des algorithmes ont
inclus des termes relatifs au traitement de semences ou à la culture
de pommes de terre.
L’ensemble de ces recherches n’a pas permis d’identifier d’étude
épidémiologique ayant analysé de manière spécifique le lien entre
l’exposition à un fongicide SDHi et un évènement de santé, à
l’exception de celle publiée par Béranger et coll.
(2020

).
Cette étude réalisée au sein de la cohorte ELFE en France a révélé
la présence de boscalide dans les cheveux des mères
(195 échantillons positifs pour la présence de boscalide sur
311 échantillons de cheveux de mères testés) mais n’a pas montré
d’association entre l’exposition maternelle au boscalide (estimée
par la mesure de sa concentration dans les cheveux, médiane des
concentrations mesurées de 0,55 pg/mg de cheveu) et les paramètres
anthropométriques des enfants à la naissance (poids, taille et
périmètre crânien), suggérant l’absence d’association de
l’exposition au boscalide pendant la grossesse sur la croissance
intra-utérine.
Nous avons également examiné les articles renseignant de façon
indirecte les expositions professionnelles aux substances actives
les plus anciennement mises sur le marché, notamment à travers des
activités liées aux traitements des tubercules de pommes de terre ou
cultures de pommes de terre (flutolanil), de cultures variées
(boscalide), ou aux traitements de semences (carboxine par
exemple).
Exposition potentielle au flutolanil lors de la
culture de pommes de terre
Il n’a pas été identifié d’étude portant sur la santé des
personnes réalisant le traitement des tubercules de pommes de
terre, potentiellement exposées au flutolanil. De manière plus
large, peu d’études ont exploré spécifiquement la santé des
cultivateurs de pommes de terre, dont certains auraient pu
réaliser ces traitements et/ou être au contact de la substance
par manipulation de tubercules traités. Au sein de la cohorte
AGRICAN, des analyses ont été menées selon le type de cultures
produites par les agriculteurs pour les cancers de la prostate,
du poumon, de la vessie, du cerveau, les lymphomes malins non
hodgkiniens et les myélomes multiples, et pour les sarcomes des
tissus mous. Pour le cancer de la prostate, une élévation de
risque était observée chez les cultivateurs de pommes de terre
qui avaient été exposés aux pesticides (OR = 1,21 ; IC 95 %
[1,02-1,44]) (Lemarchand et coll.,
2016

). De même, pour les tumeurs cérébrales, les cultivateurs de
pommes de terre présentaient une élévation de risque, plus
marquée chez ceux qui utilisaient des pesticides (HR = 2,11 ;
IC 95 % [1,19-3,75]) et ceux qui traitaient les semences/plants
(HR = 2,84 ; IC 95 % [1,34-6,03]) (Piel et coll.,
2017

). Cependant, il n’a pas été mené d’analyse spécifiquement sur
le flutolanil, et diverses autres molécules ont été utilisées
pour ces traitements.
Exposition potentielle au
boscalide
Compte tenu de l’autorisation du boscalide sur des cultures
variées et très répandues en France (vigne, colza, pois et
haricots, betterave sucrière et fourragère, céréales...), et du
fait de son usage classique en tant que traitement des parties
aériennes des cultures, il n’apparaît pas simple d’identifier
des groupes d’agriculteurs ou des tâches spécifiques permettant
de cibler les effets possibles de cette substance. Le lien entre
cette substance et la survenue de maladies chroniques comme les
pathologies cancéreuses ou les maladies neurodégénératives n’a
pas été étudié à ce jour dans AGRICAN. Seuls les suivis de la
cohorte pourront réellement être informatifs car la molécule a
été mise sur le marché en France au moment de l’inclusion dans
la cohorte (2005). Dans la cohorte américaine Agricultural
Health Study, la molécule n’a pas non plus été
spécifiquement étudiée à ce jour car elle ne faisait pas partie
des 50 molécules intégrées au questionnaire d’inclusion dans la
cohorte. On ne dispose donc à ce jour d’aucune étude ayant porté
sur les effets spécifiques possibles du boscalide sur la santé
des agriculteurs, ni même d’indicateurs indirects qui
permettraient d’approcher l’exposition à cette substance.
Exposition potentielle à la carboxine par le
traitement de semences
Pour les traitements de semences, qui ont pu être réalisés avec
la carboxine à partir de 1968, il n’a pas été identifié d’étude
portant spécifiquement sur la santé des personnes exposées à
cette substance. Il est à noter que le traitement de semences
par la carboxine a été autorisé pour un nombre assez important
de cultures, en particulier pour diverses céréales mais aussi le
maïs, le soja et les pois. Cependant, de nombreuses autres
substances ont été utilisées pour le traitement des semences, et
la carboxine elle-même n’était plus utilisée seule dès les
années 1970. Elle était toujours associée à d’autres molécules
entrant dans la composition des produits de traitement de
semences comme le cuivre, le lindane, l’anthraquinone, le
thirame, le captane... Ces différents éléments rendent complexes
l’étude des effets potentiels spécifiques de la carboxine dans
les populations humaines, même à partir d’indicateurs indirects.
De manière plus large, alors que de nombreuses études ont porté
sur l’impact des traitements de semences (comme les
néonicotinoïdes) sur les insectes pollinisateurs, il n’existe
que peu d’études sur la santé des agriculteurs réalisant
eux-mêmes le traitement de leurs semences ou manipulant des
semences traitées avant leur achat. Dans la cohorte AGRICAN, la
réalisation de traitements de semences faisait l’objet de
questions auprès des participants dans le questionnaire
d’inclusion. Une élévation modérée du risque a été observée
entre le traitement des semences de céréales et le cancer de la
prostate (HR = 1,16 ; IC 95 % [1,01-1,34]) (Lemarchand et coll.,
2016

). Une augmentation de risque, non statistiquement
significative, a également été retrouvée pour le traitement des
semences et le cancer de la vessie (HR = 1,24 ; IC 95 %
[0,77-1,99]) (Boulanger et coll.,
2017

). Il n’est pas possible de déterminer le rôle spécifique de
la carboxine dans ces élévations de risque.
Conclusion
Les SDHi constituent une famille de fongicides, dont certains, comme
la carboxine et le flutolanil sont utilisés depuis plus de trente
ans, et d’autres, tels que ceux de seconde génération, depuis une
dizaine d’années (boscalide, benzovindiflupyr, isopyrazam,
penthiopyrade, sédaxane...). Alors que l’utilisation de la première
génération de ces pesticides en France a diminué ces dix dernières
années, celle des SDHi de nouvelle génération est en hausse et
s’élargit à d’autres spectres d’activité (par exemple pour le
traitement contre les nématodes sur les gazons).
La population française est potentiellement exposée aux SDHi par
l’air, l’alimentation, l’eau, et le sol (utilisation sur les
pelouses de stades ou de golfs), ou en milieu professionnel lors de
la manipulation et l’épandage des produits. En France, les
programmes de surveillance dans les différents milieux s’intéressent
à plusieurs SDHi, notamment le boscalide (le plus vendu) qui est
surveillé et détecté dans le compartiment aérien et les systèmes
aquatiques. Le boscalide, avec le flutolanil et la carboxine ont été
inclus dans les études françaises de l’alimentation totale (EAT) qui
visent à évaluer le risque pour la santé du consommateur et ils font
l’objet (avec le bixafène, le fluopyram, le fluxapyroxade, le
penthiopyrade et le benzovindiflupyr) d’une surveillance dans les
denrées alimentaires. Au niveau européen, les fongicides SDHi ont
été quantifiés dans 2,2 % de plus de 500 000 analyses des
échantillons d’aliments réalisées en 2018. Parmi seize SDHi mesurés,
le fluopyram et le boscalide étaient, de loin, les plus souvent
quantifiés et le boscalide a dépassé la limite maximale en résidus
dans 0,08 % des échantillons testés. Les SDHi ne figurent pas dans
les programmes existants de surveillance biologique humaine en
France ; par conséquent, il existe très peu de données sur
l’imprégnation de la population générale par ces substances. En
France, une seule étude académique, portant sur 311 femmes enceintes
de la cohorte ELFE, a quantifié le boscalide avec une fréquence de
détection de 63 % dans les cheveux. Aucune étude n’a été retrouvée
permettant d’évaluer l’exposition des professionnels aux SDHi.
Le mécanisme d’action des fongicides SDHi est basé sur la
perturbation du fonctionnement mitochondrial par l’inhibition de
l’activité SDH, un complexe enzymatique impliqué dans la respiration
cellulaire (complexe II) et donc essentiel à la vie. Chez l’être
humain, les conséquences d’une inactivation génétique de la SDH
(mutation de l’un des quatre gènes codant les sous-unités de
l’enzyme) sont bien documentées avec le développement de pathologies
neurologiques et cancéreuses, notamment liées à l’accumulation du
substrat de la SDH, le succinate. Un niveau élevé de cet
« oncométabolite » peut entraîner des processus associés à la
tumorigenèse comme une dérégulation de l’homéostasie métabolique, un
stress oxydant induisant un état de « pseudo-hypoxie » cellulaire,
des modifications épigénétiques, et la mise en place d’une
transition épithélio-mésenchymateuse impliquée dans le processus
métastatique. Si les perturbations mitochondriales d’origine
génétique chez l’être humain prédisposent à de nombreuses
pathologies, cela ne signifie pas ipso facto qu’une
inhibition partielle ou totale de l’activité de la SDH, par exemple
dans le cas d’une exposition chronique aux SDHi, entraînerait les
mêmes effets physiopathologiques.
Néanmoins, le complexe SDH est fortement conservé entre espèces. En
effet, des études de cristallographie et de génétique ont montré que
la structure de la SDH est conservée d’une espèce à l’autre avec des
séquences peptidiques homologues au niveau du site catalytique. Tout
ceci conduit à s’interroger légitimement sur les conséquences
délétères des expositions aux SDHi sur la santé humaine et sur la
biodiversité. Malgré la conservation de la structure de la SDH au
cours de l’évolution, certains travaux suggèrent une variabilité
importante du profil d’inhibition de son activité par différents
SDHi selon les espèces. Toutefois, les résultats de ces études sont
difficiles à comparer du fait de différences voire de lacunes
méthodologiques. Les données actuellement disponibles sont donc
insuffisantes pour conclure à une spécificité des SDHi pour la SDH
des champignons et à leur innocuité pour les espèces non-cibles.
Pour cela, il est nécessaire d’une part de produire in vitro
des données d’IC50 à partir d’échantillons de nature
homogène et d’autre part de générer des données expérimentales in
vivo dans des modèles animaux, prenant en compte les
caractéristiques de toxicocinétique, de toxicodynamique et de
biotransformation des SDHi dans les organismes entiers.
Concernant les effets toxiques potentiels des SDHi sur différentes
espèces, une série d’études sur les poissons-zèbres, dont la moitié
ont été publiées par le même groupe de recherche, montrent que
l’exposition aux SDHi pourrait entraîner des anomalies de
développement et de nombreuses malformations ainsi que des
perturbations du métabolisme, de la fonction thyroïdienne, ou de la
reproduction. Ces effets suggèrent que ces fongicides pourraient
être considérés, au moins chez cette espèce, comme des perturbateurs
endocriniens.
Quelques études ont exploré les effets des SDHi sur les écosystèmes.
Elles ont montré que, chez les abeilles, l’exposition au boscalide
modifie la composition du microbiote intestinal et a un impact sur
le comportement. D’autres études ont mis en évidence des effets
délétères sur des organismes du sol (toxicité et effets sur le
comportement chez les nématodes et lombrics) et les organismes
aquatiques (toxicité chez les algues et effets tératogènes chez des
amphibiens). Ces études mériteraient d’être poursuivies afin de
documenter les impacts des SDHi sur la biodiversité et
éventuellement sur la régulation des écosystèmes et leurs
répercussions sur la santé humaine.
Les données de cancérogénicité sur les SDHi, analysées ici,
proviennent exclusivement des rapports des agences sanitaires
européennes qui publient les conclusions des évaluations des
dossiers de demande d’autorisation de mise sur le marché élaborés
par les entreprises. Selon ces conclusions, la majorité des SDHi ne
présentent aucune génotoxicité. Cependant, pour la majorité des
SDHi, les études chez les rongeurs montrent une augmentation de
l’incidence des adénomes et des carcinomes dans différents organes :
principalement le foie mais aussi la thyroïde, le poumon et l’utérus
avec pour certains un dimorphisme sexuel. En dépit de ces
observations, la grande majorité des SDHi autorisés au niveau
européen ne sont pas classifiés par les instances réglementaires
comme des substances susceptibles ou suspectées de provoquer le
cancer. Ces conclusions ont été tirées sur la base du mode d’action
rapporté par des études industrielles pour rendre compte des effets
cancérigènes des SDHi chez le rongeur qui implique l’activation du
récepteur nucléaire CAR (constitutive androstane receptor).
Ce mode d’action est considéré comme spécifique aux rongeurs et n’a
pas été jugé pertinent pour l’être humain par les agences
sanitaires. Ces problématiques concernant le mode d’action ainsi que
les modèles expérimentaux utilisés font encore l’objet de débat au
sein de la communauté scientifique et au sein-même des agences et il
n’est pas possible d’exclure actuellement que d’autres mécanismes
d’action mis en jeu dans la transformation tumorale que celui
concernant le récepteur CAR soient impliqués, et pertinents pour
l’être humain.
Concernant les tests réglementaires, des réflexions sont en cours au
sein de l’OCDE sur l’évaluation du potentiel cancérogène des
substances non reconnues comme étant génotoxiques (Jacobs et coll.,
2020

)
telles que les SDHi. Le groupe d’experts international de l’OCDE a
reconnu dans cette déclaration de consensus le besoin d’élargir
l’évaluation avec des essais
in vitro/
ex vivo, selon
une approche intégrative basée sur le concept des voies d’effets
indésirables (
adverse outcome pathway), qui consiste à
décrire une séquence logique d’évènements liés de façon causale à
différents niveaux d’organisation biologique. Certains mécanismes
identifiés par l’OCDE sont pertinents pour les SDHi, dont le stress
oxydant et l’épigénotoxicité, alors que d’autres mécanismes
d’intérêt qui n’ont pas été retenus, pourraient inclure notamment la
mitotoxicité et la transition épithélio-mésenchymateuse. Les tests
visant à établir le caractère cancérogène ou non d’une substance
pourraient également intégrer la notion d’impact sur la progression
tumorale (promotion/métastase), le processus d’initiation criblé
notamment par les tests de génotoxicité et de mutagénicité n’étant
pas le seul impliqué dans la cancérogenèse. Cependant, faire des
recommandations précises sur l’amélioration des essais et des
modèles en toxicologie réglementaire nécessiterait d’analyser
l’ensemble des processus et des essais utilisés, ce qui dépasse
largement le cadre de cette expertise.
Enfin, comme pour tous les pesticides, la toxicologie réglementaire
évalue les substances actives et pas les formulations. Or, pour les
SDHi, certaines formulations contiennent des fongicides de la
famille des strobilurines qui inhibent la respiration cellulaire au
niveau du complexe III de la chaîne respiratoire et qui pourraient
donc potentialiser les effets sur la fonction mitochondriale. Cela
souligne l’importance de tester non seulement les substances actives
mais aussi les formulations dans les études de toxicologie.
Concernant les effets chez l’être humain, il n’existe à ce jour
pratiquement aucune donnée épidémiologique portant sur les effets
possibles des substances actives SDHi sur la santé des agriculteurs
ou de la population générale. La seule étude ayant examiné cette
question, menée sur les participants de la cohorte ELFE, n’a pas
montré d’association entre l’exposition au boscalide pendant la
grossesse et la croissance intra-utérine. En utilisant une
estimation indirecte de l’exposition aux SDHi, c’est-à-dire en
considérant les tâches ou activités agricoles potentiellement
exposantes aux SDHi, présents sur le marché depuis plusieurs
décennies et compatible avec les délais d’apparition de pathologies
(par exemple cancéreuses ou dégénératives), les rares données
disponibles ne révèlent pas de signal laissant supposer un
sur-risque spécifique dans ces populations agricoles. Très peu de
données sont donc disponibles chez l’être humain pour évaluer le
risque lié à l’utilisation des SDHi. Un renforcement de la
biosurveillance humaine, l’exploitation de cohortes existantes
(AGRICAN, ELFE...) à court terme et à plus long terme, la mise en
place de nouvelles études épidémiologiques, pourraient permettre de
mieux cerner les conséquences potentielles d’une exposition
professionnelle ou non professionnelle aux SDHi sur la santé
humaine.
Addenda
Mitochondrie et chaîne
respiratoire
La mitochondrie est un organite dont la taille varie de 1 à 10 µm
de long et de 0,5 à 1 µm de large. La forme des mitochondries,
leur localisation subcellulaire et leur nombre (qui peut
atteindre plusieurs centaines par cellule) dépendent de la
fonction et de l’activité métabolique des cellules. Les rôles de
la mitochondrie sont multiples, incluant la production d’énergie
sous forme d’ATP, l’homéostasie calcique, la thermogenèse, et la
mort cellulaire.
L’organisation structurale de la mitochondrie est représentée
dans la figure A20.1

. Elle
comporte deux compartiments séparés par une membrane externe et
une membrane interne : la matrice et l’espace intermembranaire.
La membrane interne forme des invaginations qui apparaissent
sous forme de crêtes ou replis qui augmentent la surface de la
membrane et dont le nombre varie selon l’activité mitochondriale
(respiration cellulaire, oxydation des acides gras...). Les
complexes de la chaîne respiratoire sont situés au niveau de ces
crêtes.
Parmi les fonctions mitochondriales, la respiration cellulaire
tient une place prépondérante dans la production d’énergie. Elle
est assurée grâce à une étroite connexion entre la glycolyse et
la β-oxydation des acides gras qui se produisent dans le
cytoplasme, et le cycle de Krebs dans la matrice
mitochondriale.
La chaîne respiratoire, localisée dans la membrane interne
mitochondriale, est composée d’une centaine d’éléments,
protéiques et lipidiques, organisés en 4 complexes (I à IV)
(figure A20.2

). Elle
est couplée avec l’ATP synthase (parfois appelée complexe V),
également localisée dans la membrane interne, qui accomplit la
phosphorylation oxydative de l’ADP en ATP. La chaîne
respiratoire est reliée au cycle de Krebs, qui lui fournit une
partie des équivalents réduits (NADH, FADH
2)
nécessaire à la synthèse d’ATP. Les électrons provenant du NADH
et FADH
2 sont respectivement transmis aux complexes I
et II, puis transitent par les complexes III et IV pour être
enfin transmis au dioxygène, accepteur final. L’énergie ainsi
libérée par le passage des électrons d’un complexe au suivant
est utilisée pour pomper des protons (H
+) par
l’intermédiaire des complexes I, III et V, depuis la matrice
mitochondriale vers l’espace intermembranaire. Ce mouvement de
protons crée un gradient de pH de part et d’autre de la membrane
interne mitochondriale (le pH devient plus acide dans l’espace
intermembranaire que dans la matrice) et engendre un potentiel
de membrane (Δψm) à travers la membrane interne de la
mitochondrie dû au déséquilibre de charges positives. La
résultante de ces deux forces constitue un gradient
électrochimique qui est employé par l’ATP synthase qui catalyse
la conversion d’ADP + Pi en ATP.
Pathologies liées à un déficit de la chaîne
respiratoire
Les maladies mitochondriales, quelles que soient leurs causes,
sont toutes des pathologies liées à un déficit de la chaîne
respiratoire. Elles ont pour conséquences une déplétion en ATP,
une surproduction d’espèces réactives de l’oxygène (ROS pour
«
reactive oxygen species »), un désordre de
l’homéostasie des cations (Fe
2+, Ca
2+) et
une acidose lactique. Elles peuvent survenir à tout âge de la
vie, et toucher tous les organes, isolément ou en association,
avec notamment des atteintes cardiaques, musculaires,
ophtalmologiques, hématologiques, hépatiques, ou encore rénales.
Elles ont des présentations cliniques très variées, allant
d’atteintes localisées (cardiomyopathies, surdité,
paragangliomes), à des syndromes multi-viscéraux (ataxie de
Friedreich ; MELAS : encéphalo-myopathie mitochondriale avec
acidose lactique et pseudo-accidents vasculaires cérébraux ;
MERRF : épilepsie myoclonique avec fibres rouges déchiquetées ;
MNGIE : encéphalopathie gastro-intestinale myoneurogénique ;
NARP : ataxie neurogénique avec rétinite pigmentaire)
(figure A20.3

).
L’atteinte des organes dépend des besoins des tissus et des
cellules en ATP, métabolites, ions (Fe2+,
Ca2+), et de la sensibilité de ces tissus et
cellules au stress oxydant et à l’accumulation de certains
métabolites. Ces pathologies sont particulièrement difficiles à
diagnostiquer, car un même phénotype peut être causé par des
mutations dans différents gènes et une mutation identique peut
causer des phénotypes différents. Elles sont également
difficiles à pronostiquer, ne disposant pour le moment d’aucune
thérapie.
Pesticides SDHi non autorisés au niveau
européen
Tableau A20.I Les pesticides SDHi non autorisés au niveau
européen
Substances actives
|
Type de pesticide
|
Principaux types de traitement,
cultures
|
Régions/pays où la SA est utilisée,
date d’autorisation
|
Statut réglementaire
européen
|
Cyenopyrafène
|
Insecticide
|
Arboriculture, vigne
|
Japon (2009)
|
–
|
Inpyrfluxame
|
Fongicide
|
Parties aériennes ; arboriculture,
légumes
|
Japon (2020)
|
Demande d’autorisation en cours
d’examen
|
Isoflucyprame
|
Fongicide
|
Céréales
|
Nouvelle Zélande (2019)
|
Demande d’autorisation en cours
d’examen
|
Fluindapyr
|
Fongicide
|
–
|
–
|
Demande d’autorisation en cours
d’examen
|
Furametpyr
|
Fongicide
|
Riz
|
Japon (1996)
|
Objet d’une demande d’enregistrement
préalable auprès de l’Echa
|
Pydiflumétofène
|
Fongicide
|
Parties aériennes ; céréales, maïs,
cacahuètes, pommes de terre, vigne, melon, plantes
ornementales
|
Argentine (2016), Uruguay,
Australie
|
Demande d’autorisation en cours
d’examen
|
Pyflubumide
|
Insecticide
|
–
|
Japon (2015), Corée
|
–
|
Pyraziflumid
|
Fongicide
|
Fruits, légumes
|
Japon (2018), Corée
|
–
|
Thifluzamide
|
Fongicide
|
Parties aériennes ; riz, pommes de
terre, maïs, cacahuètes, coton, café
|
1997, Amérique du Sud, Asie
|
L’objet d’une demande d’enregistrement
préalable auprès de l’Echa
|
Sources : Anses,
2019
; Pesticide Properties
DataBase (https://sitem.herts.ac.uk/aeru/ppdb/
[consulté le 14 mai 2020]), rapports Efsa et Echa (EU
Pesticide Database : https://ec.europa.eu/food/plant/pesticides/eu-pesticides-database
[consulté le 14 mai 2020]) et les sites des entreprises
agrochimiques.
Algorithmes de recherche bibliographique pour
identifier des études portant sur les effets sanitaires des
fongicides SDHi
SDHi et pesticides
(PubMed/Scopus/WoS)
((sdhi OR succinate dehydrogenase inhibitor OR succinate
deshydrogenase inhibitor) and (pesticide* OR fungicide* OR
insecticide OR acaricid* OR nematicid* OR herbicid*)) NOT
(resistance OR synthesis)
Nom des familles SDHi et pesticides
(PubMed/Scopus/WoS)
((‘Pyridine carboxamide’ OR ‘Oxathiin carboxamide’ OR ‘Furan
carboxamide’ OR ‘Pyrazol carboxamide’ OR ‘Thiazole
carboxamide’ OR ‘Phenyl benzamide OR carboxamide OR
benzamide’) AND (pesticide* OR fungicide* OR insecticide OR
acaricid* OR nematicid* OR herbicid*)) NOT (resistance OR
synthesis)
SDHi et épidémiologie
(PubMed)
(sdhi OR succinate dehydrogenase inhibitor OR succinate
deshydrogenase inhibitor) AND (Epidemiolog*[tw] OR
Epidemiologic Studies[mh] OR “Epidemiology”[Mh] OR
epidemiology[sh] OR frequenc*[tw] OR prevalenc*[tw] OR
Prevalence[mh] OR incidenc*[tw] OR trends[tw] OR
mortalit*[tw] OR statistic*[tw] OR “statistics and numerical
data”[Sh] OR estima*[tw] OR rate[tw] OR survey[tw] OR
“prospective studies”[MeSH Terms] OR prospective stud*[tw]
OR “cohort studies”[MeSH Terms] OR cohort*[tw] OR “follow-up
studies”[MeSH Terms] OR follow-up[tw] OR “case-control
studies”[MeSH Terms] OR “case-control”[tw] OR “Retrospective
studies”[MeSH Terms] OR Retrospective stud*[tw] OR
“longitudinal studies”[MeSH Terms] OR longitudinal[tw] OR
“Cross-Sectional studies”[MeSH Terms] OR cross-sectional
stud*[tw] OR “pilot projects”[MeSH Terms] OR pilot
project*[tw] OR pilot stud*[tw] OR “multicenter
study”[Publication Type] OR “Meta-Analysis”[Publication
Type] OR “risk factors”[MeSH Terms] OR risk factor*[tw] OR
associated factor*[tw] OR predict*[tw])
Nom des familles SDHi et épidémiologie
(PubMed)
(‘Pyridine carboxamide’ OR ‘Oxathiin carboxamide’ OR ‘Furan
carboxamide’ OR ‘Pyrazol carboxamide’ OR ‘Thiazole
carboxamide’ OR ‘Phenyl benzamide’) AND (Epidemiolog*[tw] OR
Epidemiologic Studies[mh] OR “Epidemiology”[Mh] OR
epidemiology[sh] OR frequenc*[tw] OR prevalenc*[tw] OR
Prevalence[mh] OR incidenc*[tw] OR trends[tw] OR
mortalit*[tw] OR statistic*[tw] OR “statistics and numerical
data”[Sh] OR estima*[tw] OR rate[tw] OR survey[tw] OR
“prospective studies”[MeSH Terms] OR prospective stud*[tw]
OR “cohort studies”[MeSH Terms] OR cohort*[tw] OR “follow-up
studies”[MeSH Terms] OR follow-up[tw] OR “case-control
studies”[MeSH Terms] OR “case-control”[tw] OR “Retrospective
studies”[MeSH Terms] OR Retrospective stud*[tw] OR
“longitudinal studies”[MeSH Terms] OR longitudinal[tw] OR
“Cross-Sectional studies”[MeSH Terms] OR cross-sectional
stud*[tw] OR “pilot projects”[MeSH Terms] OR pilot
project*[tw] OR pilot stud*[tw] OR “multicenter
study”[Publication Type] OR “Meta-Analysis”[Publication
Type] OR “risk factors”[MeSH Terms] OR risk factor*[tw] OR
associated factor*[tw] OR predict*[tw])
Nom des substances actives
SDHi116 et épidémiologie
(PubMed)
(Benzovindiflupyr OR Solatenol OR Bixafen OR Boscalid OR
Nicobifen OR Pristine OR Carboxin OR Fluopyram OR Flutolanil
OR Fluxapyroxad OR Isofetamid OR Penflufen OR Penthiopyrad
OR Sedaxane OR Isopyrazam OR Pydiflumetofen OR Fenfuram OR
Mepronil) AND (Epidemiolog*[tw] OR Epidemiologic Studies[mh]
OR “Epidemiology” [Mh] OR epidemiology[sh] OR frequenc*[tw]
OR prevalenc*[tw] OR Prevalence[mh] OR incidenc*[tw] OR
trends[tw] OR mortalit*[tw] OR statistic*[tw] OR “statistics
and numerical data”[Sh] OR estima*[tw] OR rate[tw] OR
survey[tw] OR “prospective studies”[MeSH Terms] OR
prospective stud*[tw] OR “cohort studies”[MeSH Terms] OR
cohort*[tw] OR “follow-up studies”[MeSH Terms] OR
follow-up[tw] OR “case-control studies”[MeSH Terms] OR
“case-control”[tw] OR “Retrospective studies”[MeSH Terms] OR
Retrospective stud*[tw] OR “longitudinal studies”[MeSH
Terms] OR longitudinal[tw] OR “Cross-Sectional studies”[MeSH
Terms] OR cross-sectional stud*[tw] OR “pilot projects”
[MeSH Terms] OR pilot project*[tw] OR pilot stud*[tw] OR
“multicenter study”[Publication Type] OR
“Meta-Analysis”[Publication Type] OR “risk factors”[MeSH
Terms] OR risk factor*[tw] OR associated factor*[tw] OR
predict*[tw])
SDHi et exposition des agriculteurs
(PubMed/Scopus/WoS)
(sdhi OR succinate dehydrogenase inhibitor OR succinate
deshydrogenase inhibitor) AND (farm* or worker*)
Traitement des semences et épidémiologie
(PubMed)
Treat* seed AND (farmer* or agricultural practice* or
personal exposure or farm work or worker exposure) AND
(Epidemiolog*[tw] OR Epidemiologic Studies[mh] OR
“Epidemiology”[Mh] OR epidemiology[sh] OR frequenc*[tw] OR
prevalenc*[tw] OR Prevalence[mh] OR incidenc*[tw] OR
trends[tw] OR mortalit*[tw] OR statistic*[tw] OR “statistics
and numerical data”[Sh] OR estima*[tw] OR rate[tw] OR
survey[tw] OR “prospective studies”[MeSH Terms] OR
prospective stud*[tw] OR “cohort studies”[MeSH Terms] OR
cohort*[tw] OR “follow-up studies”[MeSH Terms] OR
follow-up[tw] OR “case-control studies”[MeSH Terms] OR
“case-control”[tw] OR “Retrospective studies”[MeSH Terms] OR
Retrospective stud*[tw] OR “longitudinal studies”[MeSH
Terms] OR longitudinal[tw] OR “Cross-Sectional studies”[MeSH
Terms] OR cross-sectional stud*[tw] OR “pilot projects”[MeSH
Terms] OR pilot project*[tw] OR pilot stud*[tw] OR
“multicenter study”[Publication Type] OR
“Meta-Analysis”[Publication Type] OR “risk factors”[MeSH
Terms] OR risk factor*[tw] OR associated factor*[tw] OR
predict*[tw])
Traitement des semences et exposition des
agriculteurs (PubMed)
Treat* seed AND (farmer* OR agricultural practice* OR
personal exposure OR farm work OR worker exposure) AND
(pesticide* OR fungicide* OR insecticide OR acaricid* OR
nematicid* OR herbicid*)
Exposition des agriculteurs lors du
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(PubMed/Scopus/WoS)
potato* AND (farm* or worker*) AND exposure
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