Pesticides et effets sur la santé
I. Pathologies neurologiques et atteintes
neuropsychologiques
2021
3-
Développement neuropsychologique de l’enfant
Il est aujourd’hui établi que l’exposition pendant la grossesse ou la
jeune enfance à certaines substances chimiques, telles que le mercure,
le plomb, les polychlorobiphényles, et certains solvants incluant
l’alcool, peut avoir des conséquences plus ou moins importantes sur le
développement psychomoteur et intellectuel et le comportement de
l’enfant. Ces conséquences ne sont pas toujours visibles cliniquement
sur l’individu, mais ces déficits cognitifs ou ces troubles de
comportements, même sous-cliniques, ont un impact sur l’apprentissage et
la qualité de vie de l’individu et de son entourage, et finalement sur
la société dans son ensemble.
L’expertise collective Inserm de 2013 identifiait les insecticides
organophosphorés comme un groupe de molécules ayant ce potentiel de
neurotoxicité développementale à partir de la compilation d’études
observationnelles réalisées dans la population nord-américaine et
d’études sur les mécanismes d’action neurotoxiques (Inserm,
2013

). Il
n’est pas apparu utile de mettre à jour l’analyse de ces mécanismes dans
cette nouvelle expertise. En résumé, des données sur des modèles murins,
ou
in vitro montrent que l’exposition prénatale ou néo-natale à
un organophosphoré, le chlorpyrifos, s’accompagne de modifications des
performances locomotrices ou cognitives (hyperactivité motrice,
apprentissage, mémoire). L’exposition de rates gestantes provoque chez
les descendants des déficits du nombre de cellules cérébrales, des
projections neurales et de la communication synaptique, ou perturbe
l’expression des récepteurs sérotoninergiques et la connexion des
neurones correspondants avec leurs cibles, ce qui est à l’origine de
symptômes évoquant un déficit en sérotonine. Les anomalies provoquées
par le chlorpyrifos au cours de la période prénatale (induction de
l’apoptose neuronale) sont parfois observées à des doses inférieures à
celles nécessaires pour inactiver l’acétylcholine estérase (l’enzyme de
dégradation de l’acétylcholine qui joue un rôle fondamental au niveau
synaptique pour éviter une accumulation du neurotransmetteur et une
sur-stimulation des récepteurs cholinergiques). Plusieurs études
suggèrent donc comme mécanisme d’action du chlorpyrifos, une
perturbation du système sérotoninergique indépendante de son effet sur
l’acétylcholine estérase.
La littérature épidémiologique récente sur les organophosphorés, analysée
dans ce chapitre, s’est poursuivie depuis 2013 avec des études de suivi
de trois cohortes américaines et elle s’est enrichie avec des nouvelles
études de cohortes conduites en Europe et en Asie. L’exposition à
d’autres pesticides d’usage récent/contemporain, agricole ou domestique,
en particulier les pesticides de la famille des pyréthrinoïdes, ayant
une faible persistance dans l’environnement, et ses conséquences
possibles sur le développement neuropsychologique de l’enfant sont
également décrits dans ce chapitre. Une attention particulière est
portée aux schémas d’étude présentant des outils robustes et fiables de
mesures de l’exposition et des paramètres de santé, une cohérence
temporelle entre les moments de l’exposition d’intérêt et les évènements
de santé, et la prise en compte de facteurs de confusion majeurs ; il
s’agit souvent de suivis longitudinaux de femmes enceintes et de leurs
enfants, appelés cohortes mères-enfants (tableau 3.I

, voir en fin de ce chapitre).
En cohérence avec ces nouvelles études épidémiologiques, une analyse des
données récentes a été réalisée sur les mécanismes d’action possiblement
neurotoxique des insecticides pyréthrinoïdes en période de
développement.
Enfin, il est apparu utile de mettre à jour l’analyse de la littérature
étudiant le lien possible entre l’exposition à des pesticides par la
proximité résidentielle aux zones agricoles et les atteintes
neurodéveloppementales chez l’enfant, pour laquelle en 2013 l’expertise
collective Inserm ne concluait à aucune présomption de lien.
Exposition des femmes enceintes et des enfants
aux insecticides organophosphorés
Conclusion de l’expertise
2013
L’expertise collective Inserm de 2013 concluait à la présomption
forte (++) d’un lien entre l’exposition prénatale aux
insecticides organophosphorés et les atteintes du
neurodéveloppement de l’enfant. Les substances actives
identifiées étaient principalement le chlorpyrifos puis le
malathion et le méthyl parathion avec une présomption moyenne
(+) d’un lien.
Cette conclusion s’appuyait principalement sur les premiers
résultats de trois cohortes prospectives mères-enfants conduites
aux États-Unis dans des minorités ethniques ou des populations à
faibles revenus. À partir d’inclusion de femmes pendant leur
grossesse, ces cohortes ont mesuré de façon prospective
l’exposition aux pesticides à différents stades de la grossesse
à l’aide de biomarqueurs urinaires ou sanguins, et ont suivi le
développement psychomoteur, cognitif et le comportement de
l’enfant à différents âges.
Des « déficits de développement cognitif ont été observés chez
les enfants de 2-3 ans, associés à des altérations de la
motricité fine et de l’acuité visuelle, à une réduction de la
mémoire à court terme ainsi qu’à des difficultés
attentionnelles, des troubles du comportement, principalement de
type hyperactivité, et à la présence de comportements évocateurs
de troubles autistiques. Les études ayant évalué le
développement des enfants jusqu’à l’âge de 7 ans montrent une
diminution du QI global et de la mémoire de travail. L’existence
d’une susceptibilité génétique (impliquant le gène PON1)
de la mère ou de l’enfant semble moduler la force de ces
associations ».
Nouvelles données
épidémiologiques
Résultats complémentaires des trois cohortes
initiales
En poursuivant le suivi des enfants, ces cohortes ont depuis
confirmé la présence d’altération des capacités sociales
évoquant les troubles du spectre autistique jusqu’à l’âge de
14 ans des enfants en association avec l’exposition
prénatale (c’est-à-dire chez la mère) évaluée par les
mesures urinaires de métabolites dialkylphosphates (DAP)
d’insecticides organophosphorés (deux sous-groupes : diéthyl
et diméthyl) :
i) Sagiv et coll.,
2018

pour la cohorte CHAMACOS
Center
for the Health Assessment of Mothers and Children of
Salinas et
ii) Furlong et coll.,
2014

pour la cohorte multiethnique CEHS
Children’s Environmental Health Study de
l’hôpital Mount Sinaï à New York (tableau 3.I

, voir en fin de ce chapitre).
Dans l’étude CHAMACOS (Vallée de Salinas, Californie,
1999-2000, 601 femmes enceintes), la diminution des points
de QI à l’âge de 7 ans en lien avec les concentrations
urinaires prénatales de métabolites d’insecticides
organophosphorés était plus importante ou parfois seulement
observée lorsque le niveau d’adversité sociale, éducative
et/ou économique de la famille était plus élevé (Stein et
coll., 2016

). Par exemple, chez les garçons,
la concentration urinaire de DAP maternelle (nmoles/l ;
échelle log
10) était associée à une perte de
13,3 points de QI (IC 95 % [- 19,9 ; - 6,7]) chez les
familles caractérisées par un environnement d’apprentissage
faible, et à un gain, non statistiquement significatif, chez
les familles ayant un meilleur milieu d’apprentissage
(+4,2 points de QI ; IC 95 % [- 4,2 ; 12,5]). L’exposition
pendant l’enfance aux insecticides organophosphorés évaluée
à différents âges n’a pas été associée de façon cohérente
aux performances cognitives de l’enfant suggérant
l’importance particulière de la période d’exposition
(Bouchard et coll., 2011

).
Une analyse récente d’une sous-population de la cohorte
multiethnique CEHS a montré à la fois une diminution du
score standardisé de l’indice de mémoire de travail
(β = - 0,17 ; IC 95 % [- 0,33 ; - 0,03]) et une amélioration
du score standardisé des fonctions exécutives (β = 0,18 ;
IC 95 % [0,04 ; 0,31]) parmi huit domaines cognitifs chez
les enfants de 7 ans en lien avec la somme des
concentrations urinaires (nmoles/l) de métabolites diéthylés
(DEP, DETP et DEDTP) ou diméthylés (DMP, DMTP et DMDTP) dans
les urines maternelles, respectivement. Une augmentation des
troubles du comportement de l’enfant, dits « internalisés »
tels que l’anxiété (β = - 0,13 ; IC 95 % [- 0,26 ; 0,00]) a
également été mise en évidence en lien avec la somme des
métabolites diméthylés (Furlong et coll.,
2017a

).
L’autre cohorte mise en place à New York par l’Université
Columbia (1998-2006, 725 femmes enceintes) et ayant mesuré
l’exposition prénatale au chlorpyrifos à partir de mesures
sanguines a observé une possible modification de la
macrostructure cérébrale des enfants entre 6 et 12 ans en
lien avec l’exposition prénatale, à partir d’imagerie à
résonnance magnétique réalisée sur 40 enfants de la cohorte
(Rauh et coll., 2012

). Alors qu’il s’agissait d’une
étude-pilote, à notre connaissance ce résultat n’a encore
jamais été reproduit. Cette même cohorte a plus récemment
suggéré une atteinte de la fonction motrice fine avec la
présence de tremblements graphiques (lors d’un exercice
d’écriture ou de dessin) pour le quart des enfants âgés
entre 9 et 13 ans ayant les niveaux d’exposition prénatale
au chlorpyrifos les plus élevés (Rauh et coll.,
2015

).
Autres cohortes
mères-enfants
D’autres cohortes mères-enfants utilisant des outils
similaires ont depuis fourni de nouveaux résultats qui ne
confirment pas toujours les associations observées
antérieurement.
Cohortes
états-uniennes
La cohorte HOME (
Health Outcomes and Measures of the
Environment) a inclus entre 2003 et 2006 un
total de 398 femmes enceintes à Cincinnati (Ohio,
États-Unis) dont la grossesse a abouti à une naissance
vivante. La plupart de ces femmes sont d’origine
caucasienne, de niveaux socio-économiques variés, et
habitant en région urbaine, semi-urbaine ou rurale.
L’exposition aux insecticides organophosphorés a été
mesurée à deux reprises pendant la grossesse (à environ
16 et 26 semaines de grossesse) par les concentrations
urinaires de DAP ; les niveaux étaient assez proches de
ceux observés dans la précédente cohorte multiethnique
de New York et inférieurs à ceux de la cohorte CHAMACOS.
À l’aide d’outils standardisés adaptés à chaque âge, le
développement psychomoteur, les performances cognitives
et les capacités sociales ont été mesurés à différents
âges (5 semaines, 1, 2, 3, 4, 5 et 8 ans). Aucune
association n’a été rapportée avec l’exposition
prénatale pour l’ensemble de ces évaluations
neurodéveloppementales (Yolton et coll.,
2013

; Donauer et coll.,
2016

; Millenson et coll.,
2017

).
Une autre cohorte conduite à Central Ohio, a inclus
174 femmes enceintes entre 2002 et 2005 avec une
collecte d’urines aux 2
e et
3
e trimestres de grossesse (n = 140) et a pu
suivre le développement cognitif et moteur de
118 enfants à l’aide du BSID-II
Bayley Scales of
Infant Development à l’âge de 3 mois (Fluegge et
coll., 2016

). Les femmes incluses étaient
majoritairement d’origine caucasienne (85 %) et le
revenu moyen observé dans cette cohorte correspondait au
niveau de classe moyenne nord-américaine. Cette étude a
observé une diminution des performances motrices en
association avec les niveaux urinaires du métabolite
spécifique au chlorpyrifos (TCPγ) mesurés au
3
e trimestre de grossesse. Aucune
association n’était observée avec le développement
cognitif global, ni avec les concentrations urinaires du
métabolite spécifique au diazinon (IMPy).
Cohortes
européennes
La cohorte française PELAGIE a inclus 3 421 femmes
enceintes en région Bretagne en début de grossesse
(< 19 semaines de grossesse) entre 2002 et 2006 avec
la collecte d’un prélèvement urinaire dans lequel les
DAP ont été mesurés, et a suivi le développement
neuropsychologique de 231 enfants âgés de 6 ans
(sous-cohorte de familles tirées aléatoirement) à l’aide
des mêmes échelles neuropsychologiques utilisées par la
majorité des études précédentes. Les femmes de la
cohorte étaient pour la plupart d’origine caucasienne et
avaient un niveau d’études plus élevé (84 % > bac) que
la population des femmes françaises (44 % > bac en
2003). Les concentrations urinaires de DAP étaient
similaires à celles observées dans la cohorte HOME.
Cette étude n’a pas observé d’association entre les
concentrations prénatales en DAP et les performances
cognitives des enfants à l’âge de 6 ans (Cartier et
coll., 2016

). Une altération de la
fonction visuelle (diminution de la sensibilité aux
contrastes) chez les garçons à l’âge de 6 ans a été
suggérée en lien avec l’exposition prénatale aux
insecticides organophosphorés (Cartier et coll.,
2018

). À notre connaissance, ce
résultat n’a pas encore été reproduit par d’autres
études.
La cohorte GENERATION R conduite dans la région de
Rotterdam aux Pays-Bas, a recruté 2083 femmes enceintes
entre 2004 et 2006 avec la collecte de prélèvements
urinaires à chaque trimestre de grossesse, dans lesquels
les DAP ont été dosés. La cohorte a pu évaluer le
développement neuro-psychologique de 708 enfants âgés de
6 ans, en particulier le QI non verbal. Les femmes
étaient d’une population multiethnique (42 % non
néerlandaises), pour la majorité urbaines et 55 %
d’entre elles avaient un niveau d’études au moins
universitaire. L’étude rapportait une association entre
les concentrations de DAP urinaires du
3
e trimestre de grossesse (nmol/g
créatinine ; échelle log
10) et des
performances cognitives non verbales diminuées des
enfants âgés de 6 ans (β = - 4,3 points de QI ;
IC 95 % [- 8,1 ; - 0,6]), tandis qu’aucune association
n’était observée avec les concentrations urinaires du
1
er ou du 2
e trimestre de
grossesse ou de la moyenne des trois trimestres (Jusko
et coll., 2019

). Les femmes de la cohorte
GENERATION R présentaient des concentrations urinaires
de DAP parmi les plus élevées en comparaison aux autres
cohortes nord-américaines et européennes
(tableau 3.I

,
voir en fin de chapitre).
La cohorte
Odense Child Cohort (OCC) conduite au
Danemark dans la région d’Odense, a inclus 2 874 femmes
enceintes entre 2010 et 2012, avec une collecte
d’échantillons urinaires maternels en fin de
2
e trimestre de grossesse, dans lesquels
le métabolite TCPγ du chlorpyrifos était dosé pour une
partie des participantes (Dalsager et coll.,
2019

). Les femmes étaient invitées
à remplir plusieurs questionnaires pendant la grossesse
et pendant les premiers mois et années de vie de
l’enfant renseignant par exemple le type d’allaitement
et sa durée. Elles étaient en majorité non fumeuses
(95 %) et avait moins de 30 ans pour la moitié d’entre
elles, et un niveau d’études > bac pour 70 % d’entre
elles. À l’âge de 2,5 ans de l’enfant, les familles
étaient invitées à remplir en ligne un questionnaire
standardisé mesurant les troubles de déficits
attentionnels, d’hyperactivité et d’impulsivité des
enfants (TDAH). Parmi les 948 familles participantes
avec une mesure de TCPγ réalisée dans les urines
maternelles prénatales, aucune association n’a été
observée entre les concentrations urinaires et le score
de TDAH.
Autres cohortes
Trois cohortes mères-enfants chinoises et la cohorte
mexicaine ELEMENT ont rapporté une association entre les
concentrations prénatales en métabolites urinaires
d’insecticides organophosphorés et un développement
psychomoteur et sensoriel altéré des jeunes enfants de
moins de 2 ans (Zhang et coll.,
2014

; Liu et coll.,
2016

; Silver et coll.,
2017

; Wang et coll.,
2017

; Silver et coll.,
2018

) ou un score plus élevé de
troubles de l’attention et d’hyperactivité entre
6-11 ans (Fortenberry et coll.,
2014

). Une cohorte chinoise n’a pas
reproduit l’association pour le TCPγ, métabolite
spécifique du chlorpyrifos, malgré des niveaux
d’exposition plus élevés que ceux observés en Europe et
Amérique du Nord (Guo et coll.,
2019

).
Autres études sur l’exposition pendant
l’enfance aux insecticides
organophosphorés
Les études évaluant le rôle possible des expositions pendant
l’enfance aux insecticides organophosphorés à l’aide de
biomarqueurs urinaires sur le développement de l’enfant ont
utilisé pour la plupart un schéma d’étude transversale.
Compte tenu de la non-persistance des insecticides
organophosphorés dans l’organisme (< quelques jours), ce
schéma d’étude ne permet pas de disposer de la cohérence
temporelle entre les moments de l’exposition passée
potentiellement responsable d’un trouble
neurodéveloppemental, rendant ainsi fragiles les conclusions
concernant une causalité possible de l’association. Ces
études ne sont donc pas commentées en détails ici. De façon
générale, les expositions maternelles pendant la grossesse
et celles mesurées pendant l’enfance étaient peu corrélées
entre elles. Deux études européennes ont suggéré une
diminution du QI des enfants âgés de 6-11 ans en lien avec
les concentrations en métabolites DAP mesurés dans les
urines recueillies le matin du jour de l’évaluation
neuropsychologique (Gonzalez-Alzaga et coll.,
2015

; Cartier et coll.,
2016

), alors que l’étude CHAMACOS
n’observait pas d’altération des performances cognitives à
l’âge de 7 ans en lien avec les expositions actuelles et
antérieures mesurées pendant l’enfance (Bouchard et coll.,
2011

).
Deux études nord-américaines (Bouchard et coll.,
2010

; Marks et coll., 2010

) et une étude taïwanaise (Yu et
coll., 2016

) ont suggéré un lien entre
l’exposition de l’enfant aux insecticides organophosphorés
et la présence de déficits attentionnels avec ou sans
troubles évoquant une hyperactivité, alors qu’une étude
canadienne de grande envergure (n = 779 enfants de 6-11 ans)
n’a pas reproduit ce résultat (Oulhote et Bouchard,
2013

).
En résumé, il existe à ce jour un grand nombre d’études de
bonne qualité, en particulier des cohortes de suivi de
femmes pendant la grossesse et de leurs enfants,
s’intéressant au rôle de l’exposition aux insecticides
organophosphorés pendant la grossesse sur le développement
neuropsychologique et le comportement de l’enfant. Plusieurs
travaux de revue et d’analyses « poolées » ont été conduits
(González-Alzaga et coll.,
2014

; Engel et coll.,
2016

; Sapbamrer et Hongsibsong,
2019

). Les déficits cognitifs observés
par les premières études jusqu’à l’âge de 7 ans en lien avec
l’exposition prénatale aux insecticides organophosphorés
n’ont pas été observés ni à des âges ultérieurs par ces
mêmes cohortes, ni par deux des quatre études européennes et
nord-américaines plus récentes. Une étude européenne ayant
parmi les niveaux d’exposition les plus élevés a observé une
diminution des performances cognitives des enfants
uniquement lorsque l’exposition a eu lieu en fin de
grossesse.
Les populations des études plus récentes représentent des
groupes plus éduqués et moins vulnérables à d’autres
facteurs de risque que celles des premières études conduites
dans des minorités ethniques ou des populations à faibles
revenus. Ainsi, l’apparente contradiction des résultats
pourrait s’expliquer par une ou plusieurs des hypothèses
suivantes : l’existence d’une vulnérabilité sociale face à
ces expositions (suggérée par Stein et coll.,
2016

), une réversibilité possible des
effets par des stimulations cognitives reçues de
l’environnement de l’enfant et/ou la disponibilité de
mécanismes de compensation mis en place lors d’un déficit
cognitif, et une susceptibilité génétique des populations
noires et hispaniques. Aussi, l’usage des insecticides
organophosphorés ayant diminué ces deux dernières décennies
en Europe et Amérique du Nord, les sources d’exposition
et/ou les combinaisons (mélanges) d’insecticides
organophosphorés présents dans les produits agricoles et
domestiques ont varié. Il est possible que les
concentrations urinaires en DAP observées dans les études
les plus récentes soient en majorité d’origine alimentaire
alors que les populations des études initiales,
californiennes et new-yorkaises, étaient selon les auteurs
fortement exposées via les usages agricoles voisins et les
usages domestiques fréquents. Les molécules
organophosphorées peuvent être converties en DAP à la
surface ou à l’intérieur des fruits et légumes par
hydrolyse, photolyse ou les enzymes du métabolisme des
plantes. Les concentrations urinaires de cette forme
dégradée
non toxique des insecticides
organophosphorés (DAP) pourraient ainsi représenter pour les
études les plus récentes un moins bon marqueur d’exposition
à des insecticides organophosphorés.
Les résultats suggérant des altérations du développement
psychomoteur et de l’acuité visuelle chez le jeune enfant en
lien avec une exposition prénatale aux insecticides
organophosphorés sont confirmés par la plupart des nouvelles
études chinoises.
Enfin, malgré une compilation de résultats encore
hétérogènes, une attention particulière peut être portée sur
une atteinte possible des capacités sociales des enfants
avec des comportements évocateurs du spectre autistique,
observée jusqu’à un âge adolescent, en lien avec
l’exposition prénatale aux insecticides
organophosphorés.
Un rôle de l’exposition aux insecticides organophosphorés
pendant l’enfance sur le développement neuropsychologique et
le comportement de l’enfant n’a pas été observé, excepté par
des études transversales dont les conclusions concernant une
causalité possible de l’association sont fragiles.
Finalement, l’ensemble de ces résultats est en accord avec
une présomption forte (++) d’un lien entre l’exposition
prénatale aux organophosphorés et une altération des
capacités motrices, cognitives et des fonctions sensorielles
chez l’enfant.
Exposition des femmes enceintes et des enfants
aux insecticides pyréthrinoïdes
Depuis l’expertise de 2013, la littérature scientifique s’intéressant
aux insecticides pyréthrinoïdes et à leur neurotoxicité
développementale, est grandissante. Ces molécules sont très
présentes dans les produits, matériaux et biens de consommation à
usage agricole et domestique pour lutter contre les insectes et
parasites ; dans les pays occidentaux, la perméthrine est la
molécule pyréthrinoïde la plus communément retrouvée dans les
environnements intérieurs (poussières).
L’une des premières études évaluant cette question est la cohorte
new-yorkaise conduite par l’Université Columbia dans un contexte
d’usage domestique fréquent de produits pour lutter contre les
parasites des logements de milieux défavorisés. L’étude proposait de
mesurer la perméthrine et la molécule synergique des pyréthrinoïdes,
le butoxyde de pipéronyle (PBO), dans le sang maternel, de cordon et
dans l’air (48 h) des logements occupés pendant la grossesse. Le PBO
est utilisé dans les formulations des insecticides pyréthrinoïdes,
mais pas dans celles des insecticides organophosphorés ou
carbamates, ce qui en fait un indicateur de l’utilisation des
insecticides pyréthrinoïdes. Seul le PBO apparaissait suffisamment
détecté dans l’air des logements (> 75 %) pour pouvoir être étudié
en association avec les performances neurodéveloppementales des
enfants évaluées à 36 mois par le BSID-II. Ce résultat s’explique
par la très courte demi-vie de ces composés dans l’organisme
(< 24 h) et la faible volatilité de la perméthrine. L’étude
rapportait une diminution des performances cognitives globales à
3 ans par le
Mental Developmental Index du BSID-II en lien
avec les niveaux de PBO mesurés dans l’air pendant la grossesse
(Horton et coll., 2011

). Les auteurs évoquaient plusieurs
hypothèses explicatives : une inhibition de l’activité enzymatique
des cytochromes P450 par le PBO retardant la détoxication des
molécules actives pyréthrinoïdes présentes simultanément ou d’autres
molécules neurotoxiques, donc amplifiant leurs effets toxiques
possibles ; des troubles olfactifs et moteurs en lien avec le PBO
suggérés par une étude chez l’animal (Tanaka,
2003

), ou
la production d’espèces réactives de l’oxygène (ERO) et de stress
oxydatif par le PBO (Muguruma et coll.,
2007

).
L’autre cohorte new-yorkaise de l’hôpital Mount Sinaï (CEHS) a
apporté également quelques indices suggérant une augmentation de
troubles du comportement de l’enfant entre 4 et 9 ans en lien avec
l’exposition prénatale aux pyréthrinoïdes (Furlong et coll.,
2017b

).
Il s’agissait du comportement évalué par l’échelle du
Behavior
Assessment System for Children (BASC) de type externalisé
(par exemple agressivité et hyperactivité ; β = - 4,74 ;
IC 95 % [- 9,37 ; - 0,10]) en lien avec le métabolite
cis-DCCA (métabolite de la perméthrine, cyperméthrine, et la
cyfluthrine), et de type internalisé (par exemple anxiété ;
β = - 4,50 ; IC 95 % [- 8,05 ; - 0,95]) en lien avec le 3-PBA, un
métabolite commun à de nombreux insecticides pyréthrinoïdes.
L’exposition mesurée par la concentration de trois métabolites de
molécules pyréthrinoïdes dans les urines maternelles collectées
pendant la grossesse était considérée de façon binaire (détecté
versus non détecté) limitant la portée de ces
résultats.
La cohorte de Central Ohio observait une diminution des performances
cognitives globales à l’âge de 3 mois en association avec les
niveaux urinaires de métabolites de pyréthrinoïdes (3-PBA et
trans-DCCA, métabolites de la perméthrine, cyperméthrine,
et la cyfluthrine) mesurés pendant le 3
e trimestre de
grossesse, en tenant compte des concentrations de ces mêmes
métabolites mesurées dans les urines des enfants de 3 mois (pas
d’association observée avec ces mesures urinaires à 3 mois). Aucune
association n’était observée avec le développement psychomoteur
(Fluegge et coll., 2016

).
À partir de la mesure de 5 métabolites distincts de molécules
pyréthrinoïdes dans les urines maternelles recueillies en début de
grossesse et de l’évaluation de deux domaines cognitifs des enfants
à l’âge de 6 ans, la cohorte française PELAGIE n’a pas rapporté
d’altération des performances cognitives des enfants de 6 ans en
lien avec l’exposition prénatale aux pyréthrinoïdes, excepté pour la
mémoire de travail et le
trans-DCCA (p de tendance = 0,18 ;
β (86-209 ng/l
versus < 86 ng/l) = - 4,86 ;
IC 95 % [- 10,48 ; 0,76], β (> 209 ng/l
versus < 86 ng/l)
= - 6,44 ; IC 95 % [- 11,92 ; - 0,97]) (Viel et coll.,
2015

).
En revanche, avec un schéma d’étude transversale, cette cohorte
observait une diminution des scores de compréhension verbale et de
mémoire de travail des enfants à 6 ans en association avec les
concentrations urinaires en 3-PBA (p de tendance = 0,04 et 0,05,
respectivement), et en
cis-DBCA, métabolite spécifique de la
deltaméthrine (p de tendance < 0,01 et < 0,01, respectivement)
mesurées dans les urines des enfants le matin du jour de
l’évaluation neuropsychologique (Viel et coll.,
2015

).
L’ensemble des modèles statistiques tenait compte simultanément des
concentrations urinaires de DAP prénatales et de celles mesurées à
6 ans. Un risque augmenté de troubles élevés de comportement
internalisé évalué à l’âge de 6 ans par l’échelle du
Strength and
Difficulties Questionnaire (échelle auto-rapportée par la
mère sur le comportement des six derniers mois de l’enfant), était
associé aux concentrations urinaires prénatales de
cis-DCCA
(p de tendance = 0,05 ; β (67-137 ng/l
versus
< 67 ng/l) = 1,47 ; IC 95 % [0,50-4,28], β (> 137 ng/l
versus < 67 ng/l) = 2,33 ; IC 95 % [0,76-7,17]) ;
aucune association n’était observée avec le comportement externalisé
(Viel et coll., 2017

). Avec les concentrations urinaires
mesurées chez l’enfant, une augmentation des troubles externalisés
rapportés à 6 ans était observée avec le 3-PBA et une diminution
avec le
trans-DCCA, sans explication évidente.
La cohorte
Odense Child Cohort (OCC) conduite au Danemark a
également mesuré ces mêmes 5 métabolites de molécules pyréthrinoïdes
dans les urines maternelles recueillies en fin de
2
e trimestre de grossesse (Dalsager et coll.,
2019

).
Avec un effectif plus important (n = 948) que la cohorte PELAGIE,
elle observait une augmentation des troubles de déficit d’attention
et d’hyperactivité chez l’enfant à 2,5 ans en lien avec les
concentrations urinaires maternelles de 3-PBA, traduite par une
augmentation de 3 % du score de TDAH à chaque doublement du niveau
urinaire (1,03 ; IC 95 % [1,00 ; 1,07]). Une association était
également observée entre la présence du
trans-DCCA dans les
urines maternelles et un score de TDAH de l’enfant parmi les 10 %
les plus élevés (OR = 1,76 ; IC 95 % [1,08 ; 2,86]). Malgré la
possibilité d’évaluer les troubles internalisés avec l’échelle CBCL
(
Childhood Behavior CheckList) utilisée dans cette
cohorte, ces associations n’ont pas été rapportées.
La cohorte mexicaine ELEMENT observait une diminution des
performances cognitives globales à 24 mois, mais pas à 36 mois, en
lien avec les niveaux urinaires de 3-PBA mesurés pendant la
grossesse (Watkins et coll., 2016

). Aucune association n’était observée
pour le développement psychomoteur.
Une cohorte mères-enfants plus récente, VHEMBE (
Venda Health
Examination of Mothers, Babies and the Environment),
conduite dans la province de Limpopo en Afrique du Sud a inclus
752 femmes entre 2012 et 2013. Un prélèvement urinaire, dans lequel
étaient mesurés 5 métabolites d’insecticides pyréthrinoïdes, était
recueilli juste avant l’accouchement pour la majorité d’entre elles
(62 %), ou après la naissance et avant de quitter l’hôpital pour les
autres. Pour chaque augmentation d’un facteur dix, des
concentrations maternelles urinaires (en µg/l, ajusté sur la gravité
spécifique, échelle log
10), de
cis-DCCA,
trans-DCCA et 3-PBA, étaient associées à une diminution
du score de développement socio-émotionnel de l’enfant à 1 an
de l’échelle BSID (respectivement, β = - 0,63 ; IC 95 % [- 1,14 ;
- 0,12],ƒ β = - 0,48 ; IC 95 % [- 0,92 ; 0,05] et β = - 0,58 ;
IC 95 % [- 1,11 ; - 0,06]). La concentration en
cis-DBCA,
métabolite spécifique de la deltaméthrine, était également associée
à une diminution du score BSID de développement du langage à l’âge
de 2 ans (β = - 1,74 ; IC 95 % [-3,34 ; -0,13]), résultat porté
principalement par la sous-échelle de communication expressive
(Eskenazi et coll., 2018

). Ces résultats tenaient compte de la
présence ou non de symptômes dépressifs maternels. En restreignant
les analyses aux femmes ayant eu une collecte d’urine avant
l’accouchement seulement, dont la mesure a plus de chance de
refléter l’exposition de l’environnement et du domicile occupé
pendant la grossesse, les auteurs ont rapporté des niveaux urinaires
plus élevés mais des résultats d’association similaires.
Une cohorte mères-enfants japonaise (n = 102) a rapporté un meilleur
développement de l’enfant à 18 mois en lien avec les concentrations
urinaires de 3-PBA mesurées au 1
er trimestre de grossesse
(Hisada et coll., 2017

).
Enfin, trois études transversales s’appuyant sur des suivis nationaux
de surveillance de la santé et des expositions de la population
générale ont observé :
i) parmi 779 enfants canadiens de
6-11 ans, une augmentation des troubles comportementaux en lien avec
leurs concentrations urinaires de
cis-DCCA (aucune
association avec le 3-PBA) (Oulhote et Bouchard,
2013

),
ii) parmi 1 660 enfants états-uniens de 6-15 ans, aucune
association avec les troubles de comportement externalisés
(Quiros-Alcala et coll., 2014

), et
iii) parmi 687 enfants
états-uniens de 8-15 ans une augmentation du risque de déficit
attentionnel avec/sans hyperactivité, plus prononcée chez les
garçons, en lien avec les concentrations urinaires de 3-PBA
(Wagner-Schuman et coll., 2015

).
En résumé, la littérature épidémiologique s’intéressant au rôle des
insecticides pyréthrinoïdes sur la santé neurodéveloppementale est
récente et fait suite à l’augmentation de leurs usages en
substitution aux insecticides organophosphorés. Il s’agit pour
l’essentiel des mêmes cohortes, de bonne qualité pour la plupart,
ayant pu s’intéresser aux insecticides organophosphorés.
Une concordance de résultats entre les études, quel que soit le
contexte, est observée et suggère une augmentation des troubles du
comportement de l’enfant, notamment de type internalisé (par exemple
anxiété), en lien avec l’exposition prénatale aux insecticides
pyréthrinoïdes (présomption forte ++). En revanche, les études
actuelles s’intéressant à son rôle possible sur les capacités
cognitives des enfants rapportent des résultats variables et ne
permettent pas de conclure.
Un rôle de l’exposition aux insecticides pyréthrinoïdes pendant
l’enfance sur le développement neuropsychologique et le comportement
de l’enfant a été rapporté par des schémas d’études transversales
pour lesquelles les conclusions concernant une causalité possible de
l’association sont limitées sans pouvoir toutefois exclure la
possibilité d’un effet neurotoxique à court terme et réversible.
Exposition des femmes enceintes et des enfants
aux pesticides liée à la proximité résidentielle aux activités
agricoles et aux usages de produits domestiques
À partir de quatre études (dont trois de petite taille), l’expertise
collective Inserm réalisée en 2013 ne concluait à aucune preuve d’un
lien entre l’exposition à des pesticides par la proximité
résidentielle aux zones agricoles ou par les usages domestiques et
des atteintes neurodéveloppementales chez l’enfant. Depuis, huit
publications scientifiques, dont 5 concernent des études réalisées
dans la région californienne, ont apporté de nouveaux résultats.
La cohorte mères-enfants INMA conduite en Espagne entre 2003 et 2008
a inclus 2 644 femmes enceintes en début de grossesse et a pu suivre
et évaluer le développement neuropsychologique de 2 360 enfants vers
l’âge de 14 mois avec le
Bayley Scales of Infant Development
(BSID-I). Des interviews des mères avec un questionnaire standardisé
étaient organisées pendant la grossesse et pendant l’enfance. Deux
tiers des femmes de la cohorte avaient un niveau d’études inférieur
au bac, et presque un quart un niveau d’études inférieur au
secondaire. Un total de 54 % des foyers avaient déclaré un usage de
produits à domicile pour lutter contre les insectes pendant la
grossesse ; 34 % utilisaient des sprays et 33 % des diffuseurs
passifs. L’usage de sprays à domicile pour lutter contre les
insectes pendant la grossesse était associé à des scores diminués du
développement moteur de l’enfant à 14 mois (β = - 1,9 ;
IC 95 % [- 3,4 ; - 0,5]). Aucune association n’était observée pour
le développement cognitif ou pour les autres usages, y compris ceux
pendant l’enfance (Llop et coll.,
2013

).
Les auteurs notent que les principaux insecticides contenus dans les
produits sprays étaient ceux de la famille des pyréthrinoïdes.
L’étude cas-témoins CHARGE (
Childhood Autism Risks from Genetics
and the Environment) conduite en population générale en
Californie entre 2000 et 2007 a inclus 466 enfants âgés de 2-5 ans
atteints et 340 non atteints de troubles du spectre autistique,
selon une échelle quantitative et confirmé pour les cas par d’autres
batteries de tests de développement. Une interview au moment du
diagnostic était réalisée pour collecter de façon rétrospective les
usages domestiques de produits pesticides pendant la grossesse. Une
association était observée entre les usages domestiques de
pesticides pendant la grossesse (46 %), en particulier sous la forme
de sprays et de diffuseurs, et le risque d’avoir un enfant atteint
de troubles du spectre autistique. Cette association était diminuée
lorsque les mères au moment de la conception avaient un apport en
acide folique > 800 mg/j (Schmidt et coll.,
2017

).
Les auteurs n’émettent aucune hypothèse sur les familles de
pesticides possiblement incriminées dans cette association.
La Californie bénéficie depuis les années 1990 d’un système
obligatoire répertoriant l’ensemble des usages professionnels de
pesticides et rendant disponibles les données spatialisées (par mile
carré) de dates et quantités pour chaque molécule active utilisée.
Bénéficiant de ce système unique au monde, l’étude cas-témoins
CHARGE après avoir collecté et géocodé l’ensemble des résidences des
familles de cas et de témoins a observé que la proximité
résidentielle (rayon inférieur à 1,5 km) à des zones traitées avec
des insecticides organophosphorés ou avec des insecticides
pyréthrinoïdes pendant la grossesse (en particulier le
3
e trimestre) était associée à une augmentation du risque
d’avoir un enfant atteint de troubles du spectre autistique
(OR = 2,07 ; IC 95 % [1,23 ; 3,50] et OR = 1,87 ; IC 95 % [1,02 ;
3,43], respectivement) (Shelton et coll.,
2014

).
Une autre étude cas-témoins a été réalisée dans la vallée centrale de
Californie avec l’activité agricole la plus importante de la région
et sur une période d’étude plus étendue, de 1998 à 2010 (von
Ehrenstein et coll., 2019

). Les données des 2 961 cas et
35 370 témoins, incluant l’adresse au moment de la naissance, ont
été collectées à partir du registre de santé californien et de
certificats de naissance. L’étude a montré un risque augmenté de
survenue de troubles du spectre autistique chez les enfants en lien
avec une exposition prénatale ou dans la première année de vie à 7
des 11 pesticides d’intérêt appliqués sur des zones agricoles à
moins de 2 000 m de la résidence. Il s’agit de la perméthrine, du
diazinon, du glyphosate, et de l’avermectine, et à la limite de la
significativité statistique, de la bifenthrine, du malathion et du
chlorpyrifos. Ces résultats tiennent compte des usages possiblement
corrélés de ces pesticides entre eux, de facteurs
sociodémographiques et de la pollution liée au trafic routier.
La cohorte mères-enfants californienne CHAMACOS a rapporté des
diminutions de points de QI global chez les enfants de 7 ans (Rowe
et coll., 2016

) et 10,5 ans (Gunier et coll.,
2017

) en
association avec, respectivement,
i) des applications
agricoles d’insecticides organophosphorés et carbamates à proximité
de la résidence (rayon inférieur à 1 km) pendant la grossesse en
tenant compte des niveaux socio-économiques individuels et
contextuels (pas d’existence d’interaction), et
ii) des
applications agricoles d’insecticides organophosphorés, carbamates,
néonicotinoïdes, pyréthrinoïdes et de fongicides-manganèse à
proximité de la résidence (rayon inférieur à 1 km) pendant la
grossesse en tenant compte des concentrations prénatales de DAP
urinaires. En revanche, aucune association n’a été observée entre la
quantité d’insecticides organophosphorés utilisés à proximité de la
résidence prénatale (rayon inférieur à 1 km) et les capacités
sociales des enfants de la cohorte CHAMACOS évalués entre 7 et
14 ans (Sagiv et coll., 2018

). Il faut noter que contrairement aux
familles de l’étude CHARGE (30 % habitaient à proximité de zones
agricoles traitées), toutes les familles de la cohorte CHAMACOS
résidaient à moins d’1 km des zones traitées.
Enfin deux autres études observant les performances cognitives
d’enfants entre 4 et 11 ans, sur deux périodes, avec puis sans
risque d’usage ou d’exposition aux pesticides, ont observé une
amélioration dans le temps des performances de certains domaines
cognitifs. Elles suggèrent ainsi un impact possible des expositions
résidentielles pendant l’enfance et potentiellement réversible
(Gonzalez-Alzaga et coll., 2015

; Suarez-Lopez et coll.,
2017

).
En résumé, l’exposition aux pesticides par les applications agricoles
à proximité des lieux de vie est particulièrement difficile à
évaluer. Dans le contexte californien, qui possède un système unique
rendant disponibles les déclarations obligatoires des usages de
pesticides, plusieurs études ont rapporté des déficits intellectuels
et une augmentation du risque de comportement évocateur des troubles
du spectre autistique chez les enfants en lien avec la proximité
résidentielle (rayon inférieur à 1,5 km) à des insecticides pendant
la grossesse. En particulier, ont été incriminées les familles
organophosphorées, carbamates et pyréthrinoïdes, en cohérence avec
les études utilisant des biomarqueurs d’exposition.
Deux études ont rapporté des atteintes neurodéveloppementales
possibles en lien avec l’usage pendant la grossesse de produits
domestiques pour lutter contre des insectes ou autres nuisibles,
sans toutefois pouvoir exclure l’influence de facteurs de confusion
non identifiés. Malgré la bonne qualité de ces études, le niveau de
preuve apporté reste faible tant que l’exposition aux pesticides via
les usages domestiques ne sera pas mieux objectivée et
caractérisée.
Pyréthrinoïdes et neurotoxicité développementale :
approche mécanistique
Les pyréthrinoïdes sont des insecticides dérivés des pyréthrines
naturelles extraites des chrysanthèmes, notamment
Chrysanthemum
cinerariaefolium. Ils ont historiquement remplacé les
organochlorés et plus récemment les organophosphorés. Bien que moins
persistants, leur demi-vie est très variable dans l’environnement
avec une bioaccumulation potentielle dans les organismes aquatiques
du fait de leur lipophilie (ATDSR,
2003

). Ils
sont ainsi abondamment utilisés partout dans le monde en
agriculture, pour la protection du bois ou via les pratiques
ménagères (dont celles des hôpitaux) ; ainsi, ils sont retrouvés
dans 88,5 % des habitations. Ils sont aussi beaucoup utilisés comme
antipuces en pratique vétérinaire (Bouvier et coll.,
2005

). En
milieu intérieur, ils sont protégés des UV, des variations de
température et persistent plus longtemps notamment dans les
poussières des habitacles (Leng et coll.,
2005

).
Toxicocinétique et
métabolisme
Les molécules originelles de pyréthrinoïdes sont particulièrement
lipophiles (leur métabolisme conduisant à un gain de solubilité
majeur et à leur élimination dans les urines, les fèces) ; ainsi
la perméthrine après absorption, est rapidement distribuée vers
les organes riches en lipides comme le tissu adipeux et le
cerveau et une partie (avant métabolisation par les cytochromes
P450 ou les carboxylestérases) peut donc s’y accumuler. Pour les
expériences présentées dans la suite de ce document, il est
important de préciser que l’élimination chez l’être humain de
certains pyréthrinoïdes est beaucoup plus lente que chez les
rongeurs (jusqu’à 10 fois plus lente) (Scollon et coll.,
2009

). Les doses conduisant à une mortalité de 50 % chez les
rongeurs (également connues sous le nom de dose létale 50 ou
DL
50) sont très élevées et dépendent de la voie
d’administration (400 mg/kg chez le rat, 650 mg/kg chez la
souris pour la perméthrine par voie orale) (Personne, 2019

).
Dans le cadre de ce chapitre consacré aux effets
neurodéveloppementaux, l’exposition humaine est donc
particulièrement importante à analyser même de façon indirecte,
et des expériences de modélisation pour comprendre les relations
entre les concentrations sanguines et cérébrales (le cerveau
étant le site principalement suspecté comme étant sensible à
l’action des pyréthrinoïdes) sont donc nécessaires. Une étude
utilisant des rats Long-Evans mâles, et un mélange représentatif
de pyréthrinoïdes (avec 7 doses différentes), montre que la
cyperméthrine et la
cis-perméthrine sont les plus
facilement retrouvées dans le sang et le cerveau et surtout
qu’il existe une relation linéaire entre les deux compartiments.
Pour la
cis-perméthrine, par exemple, les ratios moyens
cerveau/sang varient entre 0,2 et 5,2, selon la dose administrée
(Hughes et coll., 2016a

).
Les mêmes auteurs se sont aussi focalisés sur la bifenthrine pour
réaliser une étude de distribution plus générale (plus grand
nombre d’organes analysé) et montrent que ce pyréthrinoïde,
après administration de 0,3 ou 3 mg/kg (par gavage), atteint un
pic sanguin ou hépatique après seulement 1 à 2 h avant d’être
rapidement éliminé de ces compartiments. En revanche, le pic est
plus bas mais plus tardif pour le cerveau avec aussi une
élimination plus lente (phénomène également observé avec le
tissu adipeux) (Hughes et coll.,
2016b

). Ces caractéristiques de distribution sont retrouvées pour
la cyfluthrine, dont l’élimination est plus lente, notamment au
niveau cérébral (Rodriguez et coll.,
2018

).
Jusqu’à récemment, ces études de distribution utilisaient
principalement des rongeurs adultes. Or, dans le cadre d’une
analyse neurodéveloppementale, il est également important de
comprendre ces phénomènes au cours de la période périnatale. Le
Dr Stéphane Personne, avec l’équipe qui encadrait sa thèse (Pr
Véronique Bach et Dr Florence Zeman) de l’unité PériTox
(UMR-I 01), a récemment développé un modèle toxicocinétique pour
étudier la redistribution de la perméthrine chez la rate
gestante après exposition. Ses travaux analytiques confirment
bien que la
cis-perméthrine ou la
trans-perméthrine présentent une concentration très
stable dans certains organes (tissus adipeux, glandes mammaires,
cerveau) à la fois après injection et après modélisation
(Personne, 2019

). Or, il a été montré chez des rats
que l’immaturité de la barrière hémato-encéphalique (BHE)
entraîne une plus grande perméabilité aux
cis- et
trans-perméthrines et peut ainsi contribuer à
augmenter la susceptibilité aux insecticides chez les rats
pré-sevrés (Mortuza et coll.,
2019

). De plus, l’immaturité du système de détoxification, avec
une dégradation plus lente des composés parents (dont la
molécule clé est la deltaméthrine ou par extension des
cis- et
trans-perméthrines), pouvait entraîner
une toxicité plus importante, les métabolites étant moins
toxiques que les molécules parentes (Anand et coll.,
2006

;
Hedges et coll., 2019

). Cette immaturité du système de
détoxification pouvait expliquer certains déficits
neurocomportementaux chez le rat (Anand et coll.,
2006

;
Hedges et coll., 2019

; Mortuza et coll.,
2019

).
Modes d’action
Les pyréthrinoïdes peuvent être classés selon deux nomenclatures,
soit en fonction des signes d’intoxication, soit en fonction de
leur nature chimique (figure 3.1

, ceux possédant un radical cyano étant
classés en type II). Chez les insectes (leur principale cible),
les modes d’action principaux sont la liaison à des canaux
sodiques voltage-dépendants qui, maintenus ouverts, provoquent
une hyperexcitabilité neuronale (Klaassen,
2002

). Cette dépolarisation permanente est à l’origine d’une
paralysie chez l’insecte (et à sa mort). Une des causes de la
résistance de certains insectes aux pyréthrinoïdes est la
mutation de ces canaux (Hirata,
2016

).
Les pyréthrinoïdes de synthèse de type II (comme
l’α-cyperméthrine et la cyperméthrine) peuvent aussi inhiber
certains récepteurs du GABA (acide γ-aminobutyrique) ainsi que
des canaux chlore, renforçant cette hyper-excitabilité (Burr et
Ray, 2004

) et affecter la fonction de canaux calciques ou de la
Ca
2+-ATPase (Clark et Symington,
2008

).
Plus généralement, les pyréthrinoïdes sont suspectés d’être des
perturbateurs endocriniens (Brander et coll.,
2016

)
du fait de nombreux mécanismes d’action alternatifs qui seront
présentés tant sur le plan cellulaire que moléculaire parfois en
association avec des déficits neurocomportementaux.
Excitabilité
neuronale
Compte tenu du mode d’action des pyréthrinoïdes chez les
insectes, de nombreuses études se sont intéressées à l’effet
de ces molécules sur l’électrophysiologie des neurones et à
leurs effets sur différents canaux ioniques (canaux sodiques
et canaux calciques).
Un grand nombre de pyréthrinoïdes (Type I : bifenthrine,
perméthrine ; Type II : β-cyfluthrine, cyperméthrine,
deltaméthrine, et λ-cyhalothrine) affectent les paramètres
électrophysiologiques des cellules neuronales de rat à des
concentrations qui s’échelonnent entre 1 et 100 µM (Baskar
et Murthy, 2018

). Les auteurs ont montré que tous
les pyréthrinoïdes, aux plus faibles concentrations,
provoquent une augmentation de la fréquence élevée des
décharges (
mean burst rate), ce qui peut être
considéré comme un effet caractéristique des pyréthrinoïdes
sur l’excitabilité neuronale.
L’esfenvalérate a été testé à différentes concentrations
(5-40 µM) sur des coupes de cerveau de rat : la plus faible
concentration conduit à la formation de profils
électrophysiologiques épileptiques (surexcitabilité et
fréquence élevée des décharges) tandis qu’une inhibition de
l’excitabilité est observée à partir de 40 µM (Varro et
coll., 2017

). En présence de plusieurs types
cellulaires (neurones, cellules gliales), la mesure de la
fréquence des potentiels d’action montre qu’une inhibition
est aussi observée pour des concentrations de différents
pyréthrinoïdes (deltaméthrine, cyperméthrine, β-cyfluthrine
et esfenvalérate) supérieures à 10 µM. Une augmentation de
l’excitabilité est néanmoins observée avec la perméthrine
montrant que les effets des pyréthrinoïdes peuvent être
spécifiques de chaque molécule. En conséquence, peu d’effets
sont observés avec un mélange des 5 composés
(52 % perméthrine, 28,8 % cyperméthrine, 12,9 %
β-cyfluthrine, 3,4 % deltaméthrine et 2,7 % esfenvalérate)
du fait probablement de l’additivité des effets (la
perméthrine ayant un effet contraire aux autres) (Johnstone
et coll., 2017

).
Ainsi, la deltaméthrine affecte différents canaux sodiques
voltage-dépendants de mammifères (Hirata,
2016

) selon plusieurs mécanismes :
i) une liaison directe provoquant leur ouverture
forcée,
ii) une diminution de l’expression des ARNm
codant deux de ces canaux (Magby et Richardson,
2015

). Il est tentant de poser
l’hypothèse que l’ouverture forcée des canaux par le
deltaméthrine provoque une adaptation neuronale limitant cet
effet chronique par la diminution d’expression de ces canaux
(liée à celle de leur ARNm). En plus de la deltaméthrine, la
bifenthrine exerce sur ces mêmes canaux sodiques, un effet
d’ouverture prolongé conduisant également à une
dépolarisation (obtenue avec des doses de 10 µM) (Yang et
Li, 2015

).
Toutefois, assez rapidement, d’autres ions comme le
Ca
2+ (ion calcium) ont été suspectés de jouer
un rôle dans le mode d’action des pyréthrinoïdes, suite à
l’utilisation de chélateurs calciques bloquant l’effet des
pyréthrinoïdes (Magby et Richardson,
2015

), parfois sur d’autres types
cellulaires que les neurones. Une étude récente de 2018,
montre que 4 pyréthrinoïdes (perméthrine, cyperméthrine,
α-cyperméthrine, bioalléthrine) modifient le fonctionnement
de canaux calciques intracellulaires (libération de calcium
par la fraction microsomiale) probablement par liaison de
haute affinité à la pompe calcique ATPase SERCA
(
Sarco/endoplasmic reticulum Ca2+
ATPase) comme le montre la co-utilisation d’un
inhibiteur de cette protéine (thapsigargine) (Dusza et
coll., 2018

). L’utilisation de λ-cyhalothrine,
mélange d’isomères du pyréthrinoïde cyhalothrine, sur des
astrocytes humains (
Gibco Human Astrocytes) montre
qu’à des concentrations de 10-15 µM, une cytotoxicité est
observée, associée à une élévation des [Ca
2+]i
(concentrations de Ca
2+ intracellulaires)
probablement liée à l’ouverture de canaux calciques
membranaires (Hsu et coll.,
2018

). Les auteurs relient ce phénomène
à une apoptose astrocytaire (comme le montre l’effet
bloquant de chélateurs). Les effets décrits apparaissent
toutefois plus complexes que ceux observés avec les canaux
sodiques. En effet, l’α-cyperméthrine et la cyperméthrine
inhibent des canaux calciques voltage-dépendants à des
concentrations relativement basses (concentration
inhibitrice de 50 % de l’activité des canaux ou
IC
50respectivement de 239 et 78 nM en
20 minutes soit inférieures à 1 µM) avec pour conséquence un
blocage de la dépolarisation (Meijer et coll.,
2014

). Ces concentrations sont plus
faibles que celles précédemment décrites pour d’autres modes
d’action notamment pour la cyperméthrine. L’utilisation de
neurones corticaux murins pour mesurer la perturbation des
potentiels d’action en réponse à une exposition à la
deltaméthrine à seulement 30 nM, montre que
l’α-cyperméthrine et la cyperméthrine sont susceptibles
d’exercer leurs effets via la liaison aux récepteurs de la
ryanodine (RyR) en augmentant globalement leur probabilité
d’ouverture et le passage des ions Ca
2+. Les RyR
interviennent dans le passage de l’ion Ca
2+ des
stocks du réticulum endoplasmique vers le cytoplasme. Ils
jouent un rôle particulièrement important au niveau
neuronal. De par leur ouverture, la deltaméthrine pourrait
provoquer une augmentation de la [Ca
2+]i. Ce
phénomène est associé à une stimulation de la croissance
axonale (là encore à des concentrations faibles de
10-300 nM) et à une complexification de l’arborescence
dendritique (100 nM) (Zheng et coll.,
2019

). Au niveau neuronal, de faibles
modifications des [Ca
2+]i peuvent provoquer des
symptômes marqués (Toescu et Verkhratsky,
2007

).
En résumé, les pyréthrinoïdes agissent sur les cellules
neuronales, en altérant certains paramètres
électrophysiologiques des cellules neuronales
(surexcitabilité, inhibition de l’excitabilité, ouverture
des canaux sodiques voltage-dépendants) selon les
concentrations et les molécules utilisées. L’action de
certains pyréthrinoïdes, en altérant la [Ca2+]i
peut induire des modifications sur les cellules neuronales
(croissance axonale) ou des effets cytotoxiques sur les
astrocytes (apoptose astrocytaire). Cette altération de la
concentration de Ca2+ peut également indiquer que
les pyréthrinoïdes pourraient être associés à une
modification de la fonction mitochondriale.
Mitochondrie et stress
oxydant
Comme nous l’avons vu précédemment, au sein du système
nerveux central, d’autres types cellulaires que les neurones
peuvent être affectés par les pesticides. Certains auteurs
décrivent ainsi des perturbations de la fonction des
astrocytes et de la BHE. Les astrocytes jouant un rôle
fondamental dans l’homéostasie de cette barrière.
Des astrocytes de rat en culture traités pour 48 h avec de la
cyperméthrine (> 50 µM) présentent une viabilité réduite
(Maurya et coll., 2014

). Néanmoins, dans cette étude la
viabilité cellulaire était analysée uniquement avec le
Microculture Tetrazolium Test (MTT) mesurant
l’activité de déshydrogénases mitochondriales et donc
susceptible de révéler une atteinte de la fonction de ces
organites et pas nécessairement de la viabilité cellulaire.
Le traitement était aussi associé à une altération de la
morphologie révélée par microscopie et marquage pour
Glial Fibrillary Acidic Protein, un filament
intermédiaire de l’astrocyte. Ce phénomène observé à très
hautes doses entraîne aussi une altération de
[Ca
2+]i mais également une augmentation de la
production d’ERO, des niveaux de phosphorylation de deux
kinases de stress, p38 et JNK (effet rapide entre 10 min et
1 h, 100 µM) et de plusieurs protéines susceptibles
d’intervenir dans la fonction migratoire des astrocytes
comme la métalloproteinase matricielle 2, Disabled-1, la
reeline (une protéine jouant un rôle clé dans les couches
granulaires externe et interne du cervelet) et
l’α
3β
1-intégrine. Ces résultats
obtenus
in vitro sont corroborés
in vivo sur
des rats en cours de développement chez lesquels une
altération de la fonction de la BHE est observée (traitement
journalier pendant 3 semaines de 10 mg/kg).
Cette action des pyréthrinoïdes sur la mitochondrie
conduisant à un éventuel stress oxydant est corroborée par
d’autres études. Une étude périnatale menée sur des souris
exposées à la cyperméthrine (5-20 mg/kg, de la gestation au
15
e jour suivant la naissance) montre que les
déficits moteurs sont les premiers à se manifester suivis de
défauts d’adaptation plus tard dans la vie des souriceaux
(Laugeray et coll., 2017

). Parallèlement, des analyses
transcriptomiques ont permis de révéler que les principaux
processus cellulaires affectés sont la fonction
mitochondriale et l’homéostasie protéique. Ces dérégulations
sont compatibles avec un rôle potentiel pro-oxydant des
pyréthrinoïdes. En effet, une production excessive d’ERO
peut affecter le fonctionnement de la chaîne respiratoire et
la structure des protéines. Ce ciblage de la mitochondrie
est aussi évoqué par Gasmi et coll. dans une étude
intéressante car réalisée à faible dose d’exposition à la
deltaméthrine (0,32 mg/kg/j) sur des rats Wistar ; celle-ci
montre en effet une diminution des défenses anti-oxydantes
mitochondriales, associée à une augmentation de biomarqueurs
pro-oxydants comme le malondialdéhyde dans l’hippocampe et
le striatum (Gasmi et coll.,
2017

). Sur le plan métabolique, la
dysfonction mitochondriale est associée à une diminution de
la consommation de dioxygène (O
2) et de la
libération de cytochrome C (une molécule dont l’action est
pro-apoptotique, associée à l’augmentation d’activité de la
caspase 3). Sur le plan comportemental, le traitement,
pourtant à une dose relativement basse, conduit à une
altération des capacités d’apprentissage et de mémorisation
ainsi qu’un niveau d’anxiété plus élevé. Ces effets
pro-apoptotiques de la deltaméthrine sont aussi observés à
des doses d’exposition plus fortes comme par exemple sur des
cellules neuronales corticales de rat (12,5 mg/kg, dose
unique) (Khalatbary et coll.,
2015

).
Ces effets pro-oxydatifs des pyréthrinoïdes sont aussi
communément décrits sur des modèles cellulaires,
généralement à des doses supérieures à 25 µM pour des temps
de traitement de plus de 24 h (Maurya et coll.,
2014

; Sooresh et coll.,
2015

). Par exemple, la bifenthrine
(1-20 µM, 4-24 h) provoque sur des cellules microgliales
primaires de rats Sprague-Dawley, une augmentation de la
production d’ERO associée à des niveaux élevés de
prostaglandine E2 (liée à une augmentation de l’expression
de la cyclooxygénase 2), de TNF-α (
Tumor Necrosis
Factor-α), de la peroxydation lipidique et
d’oxydation protéique, tout en diminuant les défenses
anti-oxydantes (superoxyde dismutase, catalase, glutathion
peroxydase). Il en résulte une activation de l’expression de
marqueurs de défense anti-oxydante (Nrf2, facteur de
transcription régulant l’expression de « défenses »
anti-oxydantes) ou de facteurs pro-inflammatoires (NF-κB,
facteur de transcription activé par des cytokines
pro-inflammatoires). À des doses équivalentes, une
augmentation des caractéristiques de mort cellulaire est
aussi observée sur des cultures organotypiques d’hippocampe
et cet effet est amplifié par l’élimination des astrocytes
de ce type de culture, suggérant que les astrocytes
constituent un rempart de défense efficace contre les
pesticides pour les neurones (Gargouri et coll.,
2018a

).
L’effet pro-oxydatif de l’α-cyperméthrine a été analysé sur
la lignée de neuroblastome humain, SH-SY5Y.
L’IC
50 est comprise entre 70 et 80 µM en
fonction du test utilisé pour estimer la cytotoxicité. Un
traitement des cellules avec des doses croissantes entre 1
et 100 µM entraîne donc l’activation de la mort cellulaire
sous-tendue par l’augmentation d’expression de gènes de
l’apoptose, de la nécrose et de l’autophagie (Romero et
coll., 2017a

).
Ces effets sont aussi observés
in vivo ; ainsi,
l’exposition de rates durant la gestation et jusqu’au
sevrage à des doses assez élevées de pyréthrinoïdes
(bifenthrine, 3,6 mg/kg et β-cyfluthrine, 43 mg/kg) conduit
à des défauts comportementaux généraux chez la descendance,
ainsi que pour les descendants spécifiquement exposés à la
β-cyfluthrine, à une élévation du taux de mortalité et une
diminution du gain de poids. Ceci se traduit au niveau
moléculaire par des réductions d’activités enzymatiques
anti-oxydantes et par conséquent par un stress oxydant dans
le striatum, le cervelet et l’hippocampe (Syed et coll.,
2016

). Cet effet est aussi observé en
cas d’administration de la bifenthrine à des rats Wistar
adultes (3,5 ou 7 mg/kg quotidiennement pendant 30 jours) ou
à des souris femelles Swiss ayant reçu de la β-cyfluthrine,
associé dans certains cas à une diminution du niveau de
certains neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine, voir plus
loin également) (Syed et coll.,
2018

; Rajawat et coll.,
2019

). Ces effets sont néanmoins
confirmés avec des doses plus faibles (0,6 et 2,1 mg/kg de
bifenthrine, chroniques car administrées quotidiennement)
conduisant à des syndromes d’anxiété ou de dépression ainsi
qu’à une élévation des marqueurs métaboliques et géniques de
stress oxydant (COX2, NF-κB, TNF-α, ERO) ; l’expression de
l’acétylcholinestérase (AChE) est diminuée ainsi que celle
de la choline acétyltransférase et de certains récepteurs
muscariniques de l’acétylcholine dans le cortex frontal et
le striatum (Syed et coll.,
2016

; Gargouri et coll.,
2018b

; Gargouri et coll.,
2019

). Concernant la modulation
d’expression de l’AChE, l’utilisation d’embryons de poissons
zèbres montre que la cyperméthrine pourrait aussi moduler
l’activité de cette enzyme (Stengel et coll.,
2018

). Sur le même modèle, la
deltaméthrine (avec des doses très faibles, 0,01 µg/l, 24 h
après fertilisation) retarde le développement des embryons
impactant l’expression de gènes impliqués dans ce processus
comme
ntl,
shh et
krox20. À partir de
doses supérieures à 0,1 µg/l, une hyperactivité est
observée. Au-delà de 10 µg/l, des malformations apparaissent
(Liu et coll., 2018

).
L’importance de cet effet oxydatif des pyréthrinoïdes est
démontrée par l’utilisation d’antioxydants (quercétine,
Artemisia campestris, fruit du lotus Zizyphus,
Crataegus oxyacantha) pour contrer par exemple
l’action de la deltaméthrine ou de la cyperméthrine (Gasmi
et coll., 2017

; Abdelhafidh et coll.,
2018

; Saoudi et coll., 2019

).
La démonstration d’un rôle potentiel de l’AChE dans les
effets des pyréthrinoïdes soulève également l’hypothèse
d’une implication d’autres neurotransmetteurs comme la
dopamine ou la sérotonine.
Modulation des niveaux de plusieurs
neurotransmetteurs
Une étude computationnelle réalisée avec la base de données
ToxCast identifie des cibles originales pour les
pyréthrinoïdes dont les récepteurs nucléaires RAR (α, β, γ)
ou le transporteur dopaminergique SLC63 (identifiées en lien
avec plusieurs pyréthrinoïdes). D’autres cibles potentielles
sont citées comme le récepteur du GABA-α1 (GABRA1) ou les
récepteurs muscariniques cholinergiques CHMR1 et CHMR3
(Chushak et coll., 2018

).
Dopamine
La dopamine est un neurotransmetteur de type
catécholamine dérivé du métabolisme des acides aminés
aromatiques (comme la tyrosine ou la phénylalanine), qui
provoque une sensation de plaisir du fait de son
implication dans les systèmes comportementaux de la
récompense. Elle influence donc la motivation et la
prise de risques et donc, en cas d’excès, favorise les
conduites à risque. Elle est produite dans plusieurs
régions du cerveau dont la substance noire, dont la
dégénérescence conduit à la maladie de Parkinson.
Sur le plan expérimental, l’action des pyréthrinoïdes sur
le système dopaminergique et plus généralement la
synapse a été récemment démontrée. Richardson et coll.
ont administré de la deltaméthrine par voie orale à des
souris femelles de la souche C57BL/6J tous les 3 jours
pendant la gestation (Richardson et coll.,
2015

). Les doses utilisées (0,3, 1
et 3 mg/kg) ont été basées sur une modélisation des
niveaux d’exposition aux pyréthrinoïdes chez des femmes
enceintes. L’exposition pendant la période prénatale a
conduit à une augmentation dose-dépendante des niveaux
d’expression du transporteur de la dopamine (DAT) dans
le striatum qui était deux fois plus importante chez les
mâles que chez les femelles. Cet effet, qui n’était pas
observé pour d’autres transporteurs, a pour conséquence
une hypersensibilité à d’autres neurotoxiques (comme le
MPTP, un agent qui cause des symptômes parkinsoniens).
Logiquement, une baisse de la concentration synaptique
de dopamine, probablement capturée par le DAT,
spécifiquement chez les mâles, associée à une
hyperactivité et des déficits de mémoire et d’attention,
est observée. Cette étude très complète réalisée selon
un protocole pertinent sur le plan environnemental, se
conclut par une analyse épidémiologique complémentaire
montrant une association entre métabolites urinaires des
pyréthrinoïdes et syndromes de type autistique ou de
déficit de l’attention, corroborant l’étude
mécanistique. La recapture probable de dopamine médiée
par le DAT est aussi démontrée dans d’autres études,
toujours au niveau du striatum selon un protocole assez
similaire (Bloomquist et coll.,
2002

). D’autres pyréthrinoïdes ont
été étudiés dans ce contexte (Elwan et coll.,
2006

). Chez des souris C57BL/6 qui
sont exposées selon une large gamme de concentrations
(0,1-200 mg/kg, 1 fois par semaine, pendant 3 semaines)
à la perméthrine, on observe, comme pour la
deltaméthrine, une augmentation de l’expression du DAT
pour la faible dose de 0,8 mg/kg. Point important dans
cette dernière étude, malgré l’arrêt de l’exposition
(28 jours, temps maximal étudié), cette augmentation
persiste dans le temps (Gillette et Bloomquist,
2003

).
L’augmentation du DAT est confirmée à l’aide d’autres
protocoles et d’autres pyréthrinoïdes. Des rats adultes
Sprague-Dawley exposés quotidiennement pendant 60 jours
à une dose assez élevée de fenpropathrine (15 mg/kg)
présentent des diminutions de l’expression de la
tyrosine hydroxylase (TH, enzyme de la voie de synthèse
de la dopamine), d’un des transporteurs de la dopamine
VMAT2 mais aussi, de manière cohérente avec les autres
études, une augmentation de celle du DAT. Comme pour
l’étude de Gillette et Bloomquist, si l’exposition est
arrêtée, les effets sur la TH s’accentuent après
60 jours (Xiong et coll.,
2016

). Par ailleurs, la
cyfluthrine en exposition orale sur des rats mâles
(1-20 mg/kg/j pendant 6 j) provoque une diminution des
niveaux de dopamine et de ses métabolites (> 5 mg/kg) et
au-delà de 20 mg/kg, une augmentation du renouvellement
du neurotransmetteur, au niveau du striatum et du cortex
préfrontal (Rodriguez et coll.,
2016

). Dans cette étude, une
modulation des niveaux de la sérotonine (striatum), est
aussi constatée.
Sérotonine
La sérotonine est un neurotransmetteur impliqué dans la
régulation de nombreux comportements et fonctions
physiologiques fondamentaux comme la dépression, le
sommeil, les comportements agressifs ou sexuels...
Ainsi, une baisse de la concentration de la sérotonine a
été décrite dans la dépression ; cette baisse peut
également entraîner une augmentation des comportements
agressifs et de l’activité locomotrice alors qu’une
augmentation peut favoriser un comportement d’opposition
(Lucki, 1998

). Le système sérotoninergique
est une cible majeure dans les traitements
pharmacologiques de la dépression.
L’homéostasie de la sérotonine peut être sensible aux
effets neurotoxiques des pyréthrinoïdes. En effet, elle
peut être perturbée par un panel de pyréthrinoïdes
(alléthrine, cyhalothrine, deltaméthrine) au niveau
striatal chez le rat selon des profils parfois très
différents (Hossain et coll.,
2013

). Or, les liens entre systèmes
dopaminergique et sérotoninergique sont importants comme
l’illustre la forte innervation du striatum par des
neurones à sérotonine (Sourkes et Poirier,
1965

). Ainsi l’alléthrine
(10 mg/kg) réduit les niveaux extracellulaires de
sérotonine (46 %) tandis que des doses plus élevées (20
et 60 mg/kg) l’augmente franchement (respectivement
177 % et 243 %). La cyhalothrine l’augmente (145-204 %)
tandis que la deltaméthrine la diminue (32-58 %) de
manière dose-dépendante. Tous ces effets sont bloqués
par la tétrodotoxine (qui bloque les canaux sodiques
voltage-dépendants) et ceux de la deltaméthrine
spécifiquement par un antagoniste des canaux calciques
(Hossain et coll., 2013

).
Le stress est connu pour affecter les systèmes
sérotoninergique et dopaminergique. Les interrelations
entre ces deux systèmes de neurotransmetteurs sont aussi
suggérées indirectement par des études comportementales
menées sur des rats adultes après un traitement avec
10 mg/kg de deltaméthrine conduisant à un stress chez
les animaux caractérisé par la réduction de
l’interaction sociale et les taux élevés de
corticostérone (Habr et coll.,
2014

). La deltaméthrine augmente
ces effets chez les rats soumis à un stress
supplémentaire induit par un test de la nage forcée.
D’autres pyréthrinoïdes favorisent l’apparition de ce
type de symptômes ; ainsi, la neurotoxicité de la
λ-cyhalothrine a été investiguée à l’aide de modèles de
stress chez le rat (test d’immobilisation et de la nage
forcée) ; l’association du stress puis du traitement
(3 mg/kg,
per os, pendant 3 jours)
comparativement au stress seul ou traitement seul,
conduit à une augmentation élevée des niveaux de
corticostérone, une perturbation de la fonction de la
BHE (pouvant suggérer une possible perte de
perméabilité) et une altération des niveaux d’amines
biogéniques et de leurs métabolites dans l’hypothalamus,
le cortex frontal, l’hippocampe et le striatum (Shukla
et coll., 2017

).
Glutamate et
GABA
Bien que relativement stables dans leurs effets notamment
au niveau dopaminergique, la nature des pyréthrinoïdes
ou leur dose, peut avoir une influence sur
l’augmentation ou la diminution de niveaux de certains
neurotransmetteurs comme le glutamate et le GABA. Ainsi,
l’alléthrine augmente le relargage de glutamate dans
l’hippocampe à 10 et 20 mg/kg (administration
intrapéritonéale) et diminue celui-ci au-delà ; elle a
un effet totalement opposé sur le GABA. La cyhalothrine
a un effet inhibiteur dose-dépendant sur le glutamate et
là aussi totalement opposé sur les niveaux de GABA.
Enfin, la deltaméthrine a un effet dose-dépendant
activateur sur les niveaux extracellulaires de glutamate
et inhibiteur sur le GABA. Cet effet passerait là encore
par une action sur les canaux sodiques et calciques
voltage-dépendants (Hossain et coll.,
2008

). Une autre étude dédiée
spécifiquement au glutamate montre que la
β-cyperméthrine à des doses assez fortes (20-80 mg/kg,
dose unique mais exposition courte de 4 h seulement)
diminue les niveaux du neurotransmetteur dans le cortex
de souris (à 80 mg/kg) sans affecter les niveaux
d’activité enzymatique impliqués dans son métabolisme
(Cao et coll., 2015

). Ces traitements sont
associés à des symptômes comportementaux.
Ces résultats obtenus à des doses relativement élevées
pourraient être importants car l’équilibre entre les
concentrations extracellulaires de GABA (interneurones
inhibiteurs) et de glutamate dans l’hippocampe
influencent l’apprentissage et la mémoire.
Différenciation neuronale et croissance
neuritique
Plusieurs études
in vivo montrent que les
pyréthrinoïdes peuvent affecter la différenciation neuronale
notamment la croissance de l’extension neuritique. Une étude
de 2013 montre ainsi que l’exposition prénatale à la
deltaméthrine (par l’administration d’une dose de 0,75 mg/kg
chez les rates gravides pendant les jours 7-10 ou 11-14 de
la gestation) conduit à une surexpression de la reeline dans
la couche granulaire du cortex cérébelleux, entraînant un
défaut d’organisation des couches de cet organe et de la
croissance neuritique des cellules de Purkinje (Kumar et
coll., 2013

). Les effets ont été observés chez
la descendance exposée pendant les deux périodes de
développement embryonnaire. De même, chez les souris, la
perméthrine administrée une seule fois à des doses entre 2
et 75 mg/kg au 10
e jour de gestation, conduit à
des défauts de développement de l’arbre vasculaire cérébral
(dès 2 mg/kg), de l’épaisseur du néocortex et de
l’hippocampe associés à des défauts comportementaux
(locomoteur, équilibre) chez les souriceaux mâles de
8 semaines, pour certains dès 2 mg/kg (Imanishi et coll.,
2013

). Ces résultats ne sont cependant
pas confirmés
in vitro par l’utilisation de cellules
de phéochromocytome de rat PC-12, une lignée cellulaire
utilisée pour étudier les effets neurotoxiques
in
vitro du fait de leur potentialité à être
différenciées en cellules présentant des caractéristiques
neuronales, comme la présence de neurites (Westerink et
Ewing, 2008

). Après 5 jours d’exposition, la
λ-cyhalothrine, la cyfluthrine, la deltaméthrine et la
perméthrine (1-100 µM) ont peu d’effets (Christen et coll.,
2017

).
En résumé, de nombreux modes d’action sont décrits pour les
pyréthrinoïdes et il serait légitime de penser que le
ciblage des canaux sodiques voltage-dépendants chez les
insectes, rend ces cibles pertinentes chez les vertébrés qui
en expriment aussi de nombreuses isoformes. Si plusieurs
études démontrent effectivement un impact des pyréthrinoïdes
sur celles-ci, de nombreux autres modes d’action pertinents
car observés à faibles doses aussi bien
in vivo que
in vitro, ont aussi été identifiés
(figure 3.2

).
C’est le cas par exemple d’un dysfonctionnement de plusieurs
types de canaux calciques, entraîné par plusieurs
pyréthrinoïdes (deltaméthrine, cyperméthrine) ou de manière
très cohérente, d’une augmentation d’expression du
transporteur de la dopamine DAT entraînant probablement une
recapture de dopamine. La sensibilité des individus dans ces
modes d’action représente un élément clé ; ainsi, des études
menées sur la perméabilité de la BHE à différents stades de
développement montrent que l’imprégnation cérébrale en
deltaméthrine est inversement proportionnelle à l’âge,
suggérant que la BHE est hyperperméable chez les jeunes
organismes (Amaraneni et coll.,
2017

). Cette sensibilité des « jeunes » organismes est
démontrée sur de nombreux modèles expérimentaux (rongeurs en
exposition périnatale, embryons de poissons zèbres) (Liu et
coll., 2018

; Stengel et coll.,
2018

).
Des mécanismes d’action originaux (ciblage des protéines au
protéasome, modifications épigénétiques) pourraient
intervenir dans les effets des pyréthrinoïdes mais avec, à
l’heure actuelle, peu de publications et parfois des
protocoles utilisant de très hautes doses (Bordoni et coll.,
2019

; Huang et coll., 2019

; Vester et coll.,
2020

). Enfin, les pyréthrinoïdes sont
souvent utilisés en mélange et l’analyse des effets des
cocktails de pyréthrinoïdes est une voie de recherche en
développement. À titre d’exemple, un cocktail de
bifenthrine, téfluthrine, α-cyperméthrine et deltaméthrine
sur les fonctions cellulaires a été testé sur des cellules
non neuronales (astrocytome C6). Comparativement aux
molécules seules, les effets du mélange sont potentialisés
et observés pour des concentrations de l’ordre du
nanomolaire (Romero et coll.,
2017b

).
Conclusion
Il existe à ce jour un grand nombre d’études utilisant des
biomarqueurs d’exposition qui se sont intéressées aux effets de
l’exposition aux insecticides organophosphorés pendant la grossesse
sur le développement neuropsychologique de l’enfant. Les premières
cohortes de suivi de femmes pendant la grossesse et de leurs enfants
ont été décrites dans l’expertise précédente de 2013 ; ces cohortes
ont été conduites aux États-unis dans des minorités ethniques ou des
populations à faibles revenus et ont montré des déficits cognitifs
jusqu’à l’âge de 7 ans en lien avec l’exposition prénatale aux
insecticides organophosphorés.
Depuis, ces observations n’ont pas été rapportées ni à des âges
ultérieurs par ces mêmes cohortes, ni par deux des quatre études
plus récentes, européennes ou nord-américaines. La diminution des
performances cognitives des enfants d’âge scolaire et des
altérations du développement psychomoteur et de l’acuité visuelle
chez le jeune enfant ont été observées par les études récentes qui
présentaient les niveaux d’exposition parmi les plus élevés de la
littérature, pour la majorité asiatique et une étude européenne.
L’apparente contradiction des résultats peut être expliquée par une
ou plusieurs des hypothèses : une réversibilité possible des effets
par des mécanismes de compensation acquis avec l’âge ou par des
stimulations cognitives reçues par l’enfant ; l’existence d’une
vulnérabilité sociale et/ou ethnique face à ces expositions ; la
diminution de l’usage des insecticides organophosphorés au cours de
ces deux dernières décennies ; une variation des sources
d’exposition et/ou les combinaisons (mélanges) d’insecticides
organophosphorés présents dans les produits agricoles et
domestiques.
Quelques études de cohortes récentes montrent une atteinte possible
des capacités sociales des enfants avec des comportements évocateurs
du spectre autistique, observée jusqu’à un âge adolescent, en lien
avec l’exposition prénatale aux insecticides organophosphorés.
Les modèles animaux et mécanistiques étudiant la neurotoxicité
d’insecticides organophosphorés avaient été abordés dans l’expertise
précédente de 2013 (voir chapitre « Mécanismes d’action neurotoxique
des pesticides ») et confirmaient la plausibilité biologique d’une
neurotoxicité développementale, en particulier pour le
chlorpyrifos.
Il n’existe pas de nouvelles études chez l’être humain renforçant le
lien suggéré par la précédente expertise de 2013 spécifiquement pour
le malathion et le méthyl-parathion (famille des organophosphorés)
ainsi que le propoxur (famille des carbamates).
La littérature épidémiologique s’intéressant au rôle des insecticides
pyréthrinoïdes sur la santé neurodéveloppementale est récente et
fait suite à l’augmentation de leurs usages en substitution aux
insecticides organophosphorés. Ces études sont également pour la
plupart des cohortes de suivi de femmes pendant la grossesse et de
leurs enfants, et utilisent des biomarqueurs urinaires connus pour
la mesure de l’exposition. Une concordance de résultats entre les
études, quel que soit le contexte, est observée et suggère une
augmentation des troubles du comportement de l’enfant de type
internalisé (par exemple anxiété) en lien avec l’exposition
prénatale aux pyréthrinoïdes. Concernant son rôle sur une diminution
des capacités cognitives des enfants, les résultats sont moins
convaincants. Aucune molécule spécifique n’a pu être identifiée dans
cette littérature.
Si plusieurs études toxicologiques démontrent effectivement un impact
des molécules pyréthrinoïdes sur les canaux sodiques
voltage-dépendants, ciblés chez les insectes, de nombreux autres
modes d’action pertinents ont aussi été identifiés : un
dysfonctionnement de plusieurs types de canaux calciques ou une
augmentation d’expression du transporteur de la dopamine. Ces
mécanismes ont été observés à de faibles doses utilisées in
vivo ou in vitro et en lien avec un impact sur le
comportement animal. Des études animales menées à différents stades
de développement montrent que l’imprégnation cérébrale en
deltaméthrine est inversement proportionnelle à l’âge suggérant que
la barrière hémato-encéphalique est hyperperméable chez les plus
jeunes organismes, pouvant expliquer leur plus grande sensibilité.
La littérature toxicologique depuis 2013 rapporte d’autres
mécanismes d’action originaux (ciblage des protéines au protéasome,
modifications épigénétiques), ainsi que le rôle des mélanges qui
pourraient intervenir dans les mécanismes des molécules
pyréthrinoïdes mais qui restent à identifier. Finalement, l’ensemble
des données toxicologiques sur les mécanismes d’action apporte des
arguments en faveur du rôle de l’exposition prénatale aux
insecticides pyréthrinoïdes dans le développement de troubles
neuropsychologiques chez l’enfant.
Enfin, l’exposition de la population générale aux pesticides par les
applications agricoles à proximité des lieux de vie des populations
est particulièrement difficile à évaluer. Plusieurs études,
utilisant le géocodage des lieux de résidence pendant la grossesse
ou l’enfance pour estimer l’exposition, ont rapporté des déficits
intellectuels et un risque plus élevé de présence de troubles du
spectre autistique chez les enfants en lien avec la proximité
résidentielle (< 1,5 km) aux activités agricoles. En particulier,
ont été incriminées les familles organophosphorées, pyréthrinoïdes
et carbamates, en cohérence avec les études utilisant des
biomarqueurs d’exposition. Concernant l’usage pendant la grossesse
au domicile de produits pour lutter contre des insectes ou autres
nuisibles, le niveau de preuve d’une atteinte neurodéveloppementale
possible chez l’enfant reste faible.
Tableau 3.I Principales cohortes mères-enfants d’Europe et
d’Amérique du Nord, utilisant des marqueurs urinaires ou
sanguins d’exposition aux insecticides organophosphorés et
pyréthrinoïdes pendant la grossesse
Cohortes Références
|
Période et région
d’inclusion
|
Concentrations urinaires
maternelles/prénatales
|
Évaluations neuropsychologiques et
comportementales des enfants
|
Cohorte CHAMACOS Center for the
Health Assessment of Mothers and Children of
Salinas
|
Vallée de Salinas, Californie,
États-Unis
|
DAP
|
m(g) = 125 nmol/l m(g) = 144 nmol/g
créat
|
Comportement social/traits évocateurs
du spectre autistique : Social Responsiveness
Scale Version 2 (SRS-2), auto-rapporté par les
parents à 14 ans de l’enfant pour les 6 derniers
mois
Comportement général dont les capacités
sociales : Behavioral Assessment Scale for
Children Version 2 (BASC-2), auto-rapporté par
les parents et les enseignants à 7 ans, et par les
parents à 10,5 et 14 ans pour les derniers
mois
Performances intellectuelles (QI) :
The Wechsler Intelligence Scale,
4e édition (WISC-IV), par des
psychologues à 7 ans
Perception sociale/capacité à deviner
les émotions des autres : Evaluación
Neuropsicológica Infantil, Facial Expression
Recognition Test, par des psychologues à
9 ans ; et NEPSY-II affect Recognition, par des
psychologues à 12 ans
|
1999-2000
|
DMP
|
m(g) = 93 nmol/l m(g) = 106 nmol/g
créat
|
Bouchard et coll.,
2011
Stein et coll.,
2016
Sagiv et coll.,
2018
|
n = 601 (inclusion lors de visite
prénatale)
|
DEP
|
m(g) = 20 nmol/l m(g) = 24 nmol/g
créat
|
| |
(Sagiv et coll.,
2018  ; données imputées lorsque
< LOD)
|
Cohorte multiethnique CEHS
Children’s Environmental Health Study de
l’hôpital Mount Sinaï à New York
|
New York, États-Unis
|
DMP
|
m(g) = 37 nmol/l
|
Fonctions exécutives : Behavior
Rating Inventory of Executive Functioning
(BRIEF) auto-rapporté par les parents à 4, 6, 7-9
ans pour les 6 derniers mois
Comportement général : Behavioral
Assessment Scale for Children Version 2
(BASC-2), auto-rapporté par les parents à 4, 6,
7-9 ans pour les derniers mois
Performances intellectuelles (QI) :
Wechsler Preschool and Primary Scales of
Intelligence-III (WPPSI-III) par des
psychologues à 6 ans et Wechsler Intelligence
Scales-IV (WISC-IV) par des psychologues à
7-9 ans
|
1998-2001
|
DEP
|
m(g) = 17 nmol/l
|
|
(Furlong et coll.,
2017a  ; données imputées lorsque
< LOD)
|
n = 404 (inclusion lors de visite
prénatale)
| |
Furlong et coll.,
2017a  et
b
| |
3-PBA
|
30 % > LOD
|
| |
(75e
perc = 0,34 µg/l)
|
| |
cis-DCCA
|
14 % > LOD
|
| |
trans-DCCA
|
22 % > LOD
|
| |
(Furlong et coll.,
2017b  )
|
Cohorte CCCEH Columbia Center for
Children’s Environmental Health de
l’Université Columbia
|
New York, États-Unis
|
Sang de
cordon Chlorpyrifos
|
60 % > LOD
|
Développement cognitif et du langage
(Mental Developmental Index) et
moteur (Psychomotor Developmental Index) :
Bayley Scales of Infant Development, Second
Edition (Bayley-II), par des enquêteurs
formés, à 36 mois
Dessins de la spirale d’Archimède, à
l’âge de 11 ans ; avec un codage des tremblements
par un neurologue spécialisé dans les troubles
moteurs
|
1998-2006
| |
m(a) = 0,36 pg/g
|
n = 725 (inclusion lors de visite
prénatale)
|
cis-Perméthrine
|
7 % > LOD
|
Horton et coll.,
2011
Rauh et coll.,
2015
| |
trans-Perméthrine (Horton et
coll., 2011  )
|
5 % > LOD
|
Cohorte HOME Health Outcomes and
Measures of the Environment
|
Cincinnati, États-Unis
|
DAP
|
100 %
> LOD m(g) = 74 nmol/l m = 97 nmol/g
créat
|
Réflexes et réactions aux stimuli
sensoriels : NICU Network Neurobehavioral
Scale (NNNS) à 5 semaines de vie
Développement cognitif, du langage
(Mental Developmental Index) et
moteur (Psychomotor Developmental Index) :
Bayley Scales of Infant Development, Second
Edition (Bayley-II), par deux enquêteurs
formés, à 1, 2 et 3 ans
Développement du langage et de la
communication : Clinical Evaluation of Language
Fundamentals-Preschool, Second Édition, par
deux enquêteurs formés, à 4 ans
Performances intellectuelles (QI) :
Wechsler Preschool and Primary Scale of
Intelligence, Third Edition, par deux
enquêteurs formés, à 5 ans
Comportement social/traits évocateurs
du spectre autistique : Social Responsiveness
Scale Version 2 (SRS-2), auto-rapporté par les
parents à 8 ans de l’enfant pour les 6 derniers
mois
|
2003-2006
| |
Yolton et coll.,
2013
Donauer et coll.,
2016
Millenson et coll.,
2017
|
n = 398 (inclusion lors de visite
prénatale)
|
DMP
|
100 %
> LOD m(g) = 46 nmol/l m = 64 nmol/g
créat
|
| |
DEP
|
93 %
> LOD m(g) = 9 nmol/l m = 21 nmol/g
créat
|
| |
(Yolton et coll.,
2013  ; Donauer et coll.,
2016  )
|
Cohorte à Central Ohio
|
Central Ohio, États-Unis
|
TCPγ
|
m = 20 ng/kg/j
|
Développement cognitif, du langage
(Mental Developmental Index) et
moteur (Psychomotor Developmental Index) :
Bayley Scales of Infant Development, Second
Edition (Bayley-II) à 3 mois
|
Fluegge et coll.,
2016
|
2002-2005
|
IMPy
|
15 % > LOD
| |
|
n = 140 (inclusion lors de visite
prénatale)
|
3-PBA
|
96 % > LOD m = 8 ng/kg/j (sur
valeurs > LOD)
| |
| |
cis-DCCA
|
50 %
> LOD m = 0,01 ng/kg/j (sur valeurs
> LOD)
| |
| |
trans-DCCA
|
58 % > LOD m = 5,5 ng/kg/j (sur
valeurs > LOD)
| |
| |
4F3-PBA, DMCA1/2, CIAA et
DBCA
| |
| | |
< 15 % > LOD
| |
Cohorte PELAGIE Perturbateurs
endocriniens : étude longitudinale sur les
anomalies de la grossesse, l’infertilité et
l’enfance
|
Bretagne, France
|
DAP
|
91 %
> LOD m = 44 nmol/l
|
Performances intellectuelles (QI) :
Wechsler Intelligence Scales-IV (WISC-IV)
par deux psychologues à 6 ans
|
2002-2006
|
DMP
|
90 %
> LOD m = 34 nmol/l
|
Comportement général : Strength and
Difficulties Questionnaire, auto-rapporté par
les parents à 6 ans, pour les derniers
mois
|
n = 3 421 (inclusion lors de la
1re visite prénatale)
|
DEP
|
40 %
> LOD 75e perc = 13 nmol/l
| |
Viel et coll.,
2015  ,
2017
Cartier et coll.,
2016  ,
2018
| |
3-PBA
|
30 % > LOD
| |
| |
4F3-PBA
|
9 % > LOD
| |
| |
cis-DCCA
|
65 %
> LOD m = 0,09 µg/l
| |
| |
trans-DCCA
|
98 %
> LOD m = 0,14 µg/l
| |
| |
cis-DBCA
|
68 %
> LOD m = 0,10 µg/l
| |
| |
(Cartier et coll.,
2016  ; Viel et coll.,
2015  )
| |
Cohorte GENERATION R
|
Région de Rotterdam,
Pays-Bas
|
DAP
|
n.r. % > LOD m = 310 nmol/g
créat
|
Capacités non verbales visuospatiales
et de raisonnement abstrait : sous-tests
Mosaics et Categories du
Snijders-Oomen Nonverbal Intelligence
TestRevised, test développé aux Pays-Bas
indépendant du langage
|
Jusko et coll.,
2019
|
2002-2006
|
DMP
|
n.r. % > LOD m = 253 nmol/g
créat
| |
|
n = 9 778 (inclusion lors de visite
prénatale)
|
DEP
|
n.r. % > LOD m = 42 nmol/g
créat
| |
| |
(Pour les urines collectées > 25
semaines de grossesse ; médianes équivalentes pour
les 2 premiers trimestres de
grossesse)
| |
Cohorte OCC Odense Child
Cohort
|
Région d’Odense, Danemark
|
TCPγ
|
90 %
> LOD m = 1,61 µg/l
|
Comportement de l’enfant, indices
relatifs à des déficits attentionnels, de
l’hyperactivité, et de l’impulsivité : Child
Behavior Check List (CBCL) pour les âges de
1,5 an à 5 ans, auto-rapporté par les parents à
l’âge de 27 mois de leur enfant
|
Dalsager et coll.,
2019
|
2010-2012
|
3-PBA
|
94 %
> LOD m = 0,24 µg/l
|
|
n = 2 500 (inclusion lors de visite
prénatale)
|
4F3-PBA
|
0,1 % > LOD
| |
| |
cis-DCCA
|
2,8 % > LOD
| |
| |
trans-DCCA
|
11,4 % > LOD
| |
| |
cis-DBCA
|
3 % > LOD
| |
Cohorte ELEMENT
Early Life
Exposures in Mexico to Environmental
Toxicants
|
Mexique
|
TCPγ
|
90 % > LOD m = 1,8 µg/l
|
Comportement de l’enfant, indices
relatifs à des déficits attentionnels, de
l’hyperactivité, et de l’impulsivité : Conners’
Parental Rating Scales-Revised (CPRS-R),
Parental Rating Scales (PRS) du Behavior
Assessment System for Children (BASC),
auto-rapportés par les parents et le Continuous
Performance Test (CPT) sur ordinateur pour
l’âge de 6-11 ans de leur enfant
|
1997-2005
| | |
Fortenberry et coll.,
2014
Watkins et coll.,
2016
|
n = 187 (inclusion lors de visite
prénatale)
|
3-PBA
|
46 %
> LOD m(g) = 0,26 µg/l (sur valeurs
> LOD) 75e
perc = 0,34 µg/l
|
Cohorte VHEMBE Venda Health
Examination of Mothers, Babies and the
Environment
|
Limpopo, Afrique du Sud
|
3-PBA
|
100 %
> LOD m = 0,7 µg/l
|
Développement cognitif et du langage
(Mental Developmental Index) et
moteur (Psychomotor Developmental Index) :
Bayley Scales of Infant Development, Third
Edition (BSID-III), par des enquêteurs formés,
à 1 an (échelle complète) et 2 ans (sans le
domaine socio-émotionnel). Noter que la BSID
prévoit que la sphère socio-émotionnelle est
auto-rapportée par la mère
|
2012-2013
|
4F3-PBA
|
12 % > LOD
|
Eskenazi et coll.,
2018
|
n = 752 (inclusion à
l’accouchement)
|
cis-DCCA
|
100 % > LOD m = 0,30 µg/l
|
| |
trans-DCCA
|
100 %
> LOD m = 0,34 µg/l
|
| |
cis-DBCA
|
100 %
> LOD m = 0,22 µg/l
|
Cohorte LWBC Laizhou Wan Birth
Cohort
|
Shandong, Chine
|
DAP
|
n.r. % > LOD m = 353 nmol/g
créat
|
Quatre domaines de développement de
l’enfant (social, langage, adaptative, et
moteur) : Gesell Developmental Schedules,
par des pédiatres formés, à l’âge de 12 et 24 mois
de l’enfant
|
2011-2013
|
(DEP, DETP, DMP, DMTP)
|
Wang et coll.,
2017
|
n = 436 (inclusion à
l’accouchement)
| | |
Cohorte de Shenyang
|
Chine
|
DMP
|
n.r. %
> LOD m = 284 nmol/l
|
Comportement et tests de réflexes et
réactions du nouveau-né : Neonatal Behavioral
Neurological Assessment, par deux enquêteurs
formés, aux 3 jours de vie
|
Zhang et coll.,
2014
|
2011-2012
|
(DMP, DMTP)
|
|
n = 249 (inclusion à
l’accouchement)
|
DEP
|
n.r. %
> LOD m = 107 nmol/l
|
Cohorte de Fuyang
|
Région agricole de Zhejiang,
Chine
|
Sang de
cordon Chlorpyrifos
|
37 %
> LOD 75e perc = 0,56 ng/ml
|
Capacités motrices : Peabody
Developmental Motor Scales par un enquêteur
formé à l’âge de 6 semaines et 9 mois
Acuité visuelle du jeune enfant :
Teller acuity card, par un enquêteur formé
à l’âge de 6 semaines, 9 et 18 mois
Activité électrique cérébrale autour
des zones de fonction de l’audition : Auditory
brainstem response par un enquêteur formé à
l’âge de 6 semaines, 9 et 18 mois
|
Silver et coll.,
2017  ,
2018
|
2008-2011
|
(Silver et coll.,
2017  )
|
|
n = 359 (inclusion en visite prénatale
de fin de grossesse)
| | |
Cohorte Sheyang Mini Birth
Cohort
|
Région agricole de Sheyang,
Chine
|
DAP
|
100 %
> LOD m = 296 nmol/l
|
Quatre domaines de développement de
l’enfant (social, langage, adaptative, et
moteur) : Gesell Developmental Schedules,
par des pédiatres formés, à l’âge de 24 et 36 mois
de l’enfant
|
Liu et coll.,
2016
Guo et coll.,
2019
|
2009-2010
|
DMP
|
100 %
> LOD m = 128 nmol/l
|
n = 1 303 (inclusion à
l’accouchement)
|
DEP
|
100 %
> LOD m = 135 nmol/l
|
|
TCPγ
|
100 %
> LOD m = 5,4 µg/l m = 7,7 µg/g
créat
|
Cohorte à Tokyo
|
Tokyo, Japon
|
3-PBA
|
n.r. %
> LOD m = 0,39 ng/ml
|
Développement (social, langage, moteur)
et comportement de l’enfant : Kinder Infant
Development Scale, auto-rapporté par la mère
avant l’âge de 18 mois
|
Hisada et coll.,
2017
|
2009-2011
| | |
|
n = 194 (inclusion en début de
grossesse)
| | |
3-PBA : acide 3-phénoxybenzoïque (métabolite de
pyréthrinoïdes) ; 4F3-PBA : acide 4-fluoro-3-phénoxybenzoïque
(métabolite de pyréthrinoïdes) ; CIAA : acide
4-chlorophényl-2-isopropylacétique (métabolite de
pyréthrinoïdes) ; créat : créatinine ; DAP : dialkylphosphates
(métabolites des organophosphorés, somme de 6 métabolites de la
famille des DEP et DMP ; sauf quand précisé) ; DBCA : acide
3-(2,2-dibromovinyl)-2,2-diméthylcyclopropane-carboxylique
(métabolite de la deltaméthrine) ; DCCA : acide
3-(2,2-dichlorovinyl)-2,2-diméthylcyclopropane-carboxylique
(métabolite de la perméthrine, cyperméthrine, et la
cyfluthrine) ; DEP : diéthylphosphates (somme de 3 métabolites :
DEP, DETP, DEDTP) ; DMCA1/2 : acide
3-(2,2-diméthylvinyl)-2,2-diméthylcycplopropane-carboxylique
(métabolites de pyréthrinoïdes) ; DMP :
diméthylphosphates (somme de 3 métabolites : DMP, DMTP, DMDTP) ;
LOD : limite de détection ; m : médiane ; m(a) : moyenne
arithmétique ; m(g) : moyenne géométrique ; n.r. : non renseigné
dans les articles ; perc : percentile ; TCPγ :
3,5,6-trichloro-2-pyridinol (métabolite du chlorpyrifos) ;
IMPy : 2-isopropyl-4-méthyl-6-hydroxypyrimidine (métabolite du
diazinon)
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