Pesticides et effets sur la santé
I. Pathologies neurologiques et atteintes
neuropsychologiques
2021
5-
Troubles anxio-dépressifs
La dépression et l’anxiété, et leur possible association, sont parmi les
troubles mentaux les plus communs. Leur diagnostic est complexe à
établir en pratique clinique comme en recherche car il peut varier selon
les systèmes de classification, les méthodes d’évaluation
(auto-questionnaire, entretien) et les influences culturelles. On
distingue les troubles anxio-dépressifs des réactions émotionnelles, des
sautes d’humeur et du stress face aux problèmes habituels. En raison de
leur nature chronique, des comorbidités associées et de la
stigmatisation entourant les problèmes de santé mentale, les troubles
anxio-dépressifs peuvent engendrer une grande souffrance chez les
patients, pas toujours perceptible au premier abord, mais qui peut avoir
de sérieuses répercussions sur la vie professionnelle et
personnelle.
Les troubles anxio-dépressifs : quelques
repères
Selon l’OMS, la dépression est la maladie qui provoque le plus
d’incapacité dans le monde : elle est à l’origine de 7,5 % de la
charge mondiale de morbidité (années perdues pour cause
d’invalidité), alors que l’anxiété en représente 3,4 % (OMS,
2017

). Il
est estimé que 4,4 % de la population mondiale, soit 300 millions de
personnes, sont atteintes de dépression et cette prévalence serait
en hausse de 18 % entre 2005 et 2015, particulièrement dans les pays
à plus faibles revenus. Près d’une personne sur dix en France
déclare avoir vécu un épisode dépressif dans l’année précédente
(Léon et coll., 2018

). Le taux de prévalence national, qui
était stable entre 2005 et 2010, est en hausse de 1,8 % entre 2010
et 2017 et il est deux fois plus élevé chez les femmes (13 %
versus 6,4 % chez les hommes) et les inactifs. Une étude
qui reposait sur les données de 2010-2014 en France, a rapporté que
plus de 1,3 million de personnes ont été prises en charge pour les
troubles d’anxiété pendant cette période (Chan Chee et Badjadj,
2018

).
L’anxiété était le diagnostic principal dans environ 90 % des cas,
et les auteurs ont montré une augmentation significative des recours
aux soins pour l’anxiété de l’ordre de 3,6 %.
Les personnes atteintes de troubles anxio-dépressifs présentent un
risque accru de tentatives de suicide et de suicide. L’OMS estime
entre 5 et 20 % le taux de suicide des patients souffrant d’un
épisode dépressif majeur. Des études récentes ont évalué la
prévalence des pensées suicidaires et tentatives de suicide chez les
18-75 ans dans la population générale en France (Léon et coll.,
2019

)
ainsi que leur association avec le statut socio-économique et le
secteur d’activité (Delézire et coll.,
2019

).
Les résultats de plusieurs enquêtes, menées depuis 2010, ont montré
qu’entre 4 et 5 % des adultes ont eu des pensées suicidaires au
cours de la dernière année (Delézire et coll.,
2019

). La
prévalence est plus élevée chez les femmes et les inactifs, et est
fortement associée au fait d’avoir subi un épisode dépressif récent
(OR = 8,3 et 6,6 respectivement chez les hommes et les femmes).
De manière générale, les personnes travaillant dans le secteur
agricole ont un risque élevé de décès par suicide. Une étude en
France par Delézire et coll. a montré que le taux de prévalence des
pensées suicidaires est plus élevé chez les hommes exerçant comme
agriculteurs exploitants que dans d’autres catégories
socioprofessionnelles (cadres, employés, ouvriers...) et la majorité
(85,4 %) attribuent ces pensées à des raisons professionnelles, même
si les différences ne sont pas significatives à cause des faibles
effectifs (Delézire et coll., 2019

). Les pensées suicidaires sont un facteur
de risque majeur du suicide accompli. Dans la population française,
le taux de mortalité par suicide est de 15,8 pour 100 000 personnes
avec un taux 3 fois plus élevé chez les hommes (OMS,
2012

), ce
qui représente environ 9 000 décès par an (Léon et coll.,
2019

). Le
risque de mortalité par suicide chez les agriculteurs exploitants en
France, évalué entre 2008 et 2010, est supérieur d’environ 20 % à
celui de la population générale, et pour les hommes, il varie selon
l’âge, la région d’exploitation et la surface cultivée (Gigonzac et
coll., 2017

).
L’exposition aux pesticides n’a pas été évaluée dans les études
décrites ci-dessus, mais elle est considérée comme un facteur de
risque pour les troubles de santé mentale (anxiété, dépression) chez
les agriculteurs (Khan et coll.,
2019b

).
Les troubles anxio-dépressifs sont d’origine multifactorielle et
proviennent d’interactions complexes entre des facteurs biologiques,
psychologiques et environnementaux. Cependant, leurs déterminants
restent en grande partie méconnus. Seuls certains facteurs exogènes
sont clairement identifiés tels que les évènements de vie douloureux
(deuil, séparation, perte d’emploi, accident, maladie),
l’environnement social ou le contexte professionnel.
Les contraintes de la vie professionnelle sont reconnues comme un
facteur prédisposant et/ou aggravant des troubles anxio-dépressifs.
En ce qui concerne les agriculteurs, certaines caractéristiques de
l’environnement de travail (pression temporelle, fatigue physique,
longues journées, aléas saisonniers et météorologiques, isolement,
difficultés économiques) ont été associées à une élévation du risque
de suicide. De plus, des études menées depuis la fin des années 1970
ont suggéré un effet des pesticides sur l’humeur (symptômes
dépressifs, troubles du sommeil, anxiété et irritabilité) chez les
personnes ayant subi une intoxication aiguë. Des études
épidémiologiques réalisées au cours de ces dernières 20 années,
observent des effets comparables dans le cas de l’exposition
professionnelle chronique, notamment pour les insecticides
organophosphorés. Si l’ingestion de pesticides est un moyen de
suicide, l’hypothèse selon laquelle l’exposition aux pesticides
pourrait être un facteur de risque de suicide mérite également
d’être considérée compte tenu de l’importance de ce problème de
santé publique. Une revue systématique récente a montré que
restreindre l’accès aux pesticides, dans les pays développés comme
dans les pays en voie de développement, conduit à une réduction du
risque de suicide dans la population générale (Gunnell et coll.,
2017

).
Malgré des avancées sur ces questions, l’association entre
l’exposition aux pesticides et les troubles anxio-dépressifs ainsi
que les mécanismes neurobiologiques potentiellement impliqués
restent mal définis. Afin d’éclairer les connaissances sur ces
questions, ce chapitre fait la synthèse de la littérature publiée
sur ce sujet depuis 2013.
Résumé et conclusions de l’expertise collective
Inserm
de 2013
L’expertise collective précédente avait identifié une trentaine
d’études abordant la question des troubles anxio-dépressifs en lien
avec les expositions aux pesticides (Inserm,
2013

).
Celles-ci présentaient certaines limites méthodologiques en raison
d’effectifs souvent restreints, d’une hétérogénéité dans la
définition des troubles, et de l’existence de facteurs de confusion.
En particulier, en milieu agricole, d’autres facteurs comme
l’isolement social ou des difficultés économiques pouvaient
également expliquer les troubles. En dépit de ces limites, les
études publiées convergeaient vers une plus grande fréquence de
troubles anxieux et dépressifs chez les personnes exposées aux
pesticides, aussi bien dans les suites d’intoxications aiguës, que
pour des expositions modérées mais prolongées. Par ailleurs,
plusieurs études suggéraient un lien possible avec des tentatives de
suicide, sans qu’il soit réellement possible d’affirmer le rôle
spécifique des pesticides. La synthèse évoquait l’existence
d’arguments biologiques en faveur d’un possible effet de certaines
substances au niveau du système nerveux central, telles que des
perturbations des niveaux de la sérotonine, un neuromédiateur jouant
un rôle important dans la régulation de l’humeur, expliquées par des
expositions à certains pesticides, comme les organophosphorés.
Nouvelles données
épidémiologiques
Trois revues ont été publiées depuis 2013 sur le lien entre
exposition aux pesticides et santé mentale. Une revue de la
littérature sur le lien entre pesticides et dépression/suicide a été
réalisée à partir de l’ensemble des articles identifiés entre 1995
et 2011, en excluant les intoxications volontaires par les
pesticides, les études chez l’animal, les études de cas et les
revues, ainsi que les articles qui n’étaient ni en anglais, ni en
espagnol, ni en portugais (Freire et Koifman,
2013

).
Sur les 221 articles identifiés sur ces critères, 22 ont été
retenus, correspondant à 3 études longitudinales, 9 études
transversales, 5 études cas-témoins et 5 études écologiques. Onze
études traitaient du risque de dépression et quatorze de suicides.
Cinq études trouvaient un lien entre les intoxications aiguës par
des pesticides et la dépression, avec des niveaux de risque allant
d’un doublement à un quintuplement, alors que les études portant sur
les expositions chroniques trouvaient des risques plus faibles.
L’analyse concluait à l’existence d’un lien observé dans diverses
populations, qui nécessitait d’être confirmé par des études plus
larges et prospectives. Une seconde revue a été publiée en 2014,
portant sur le rôle des organophosphorés dans les atteintes
neurologiques chez l’être humain. Elle a inclus 24 articles publiés
entre 1980 et 2014, portant aussi bien sur des déficits cognitifs
que sur des troubles neuropsychiatriques (Takahashi et Hashizume,
2014

).
Compte-tenu de l’hétérogénéité des effets retenus, cette revue ne
permet pas d’apprécier spécifiquement le rôle des organophosphorés
dans les troubles anxio-dépressifs.
Une autre revue, non systématique, a porté sur le rôle des pesticides
sur la santé mentale des travailleurs agricoles en incluant
30 articles (parmi 972 initialement identifiés), à partir de sources
diverses et sans restriction de date. Elle met en évidence le rôle
des expositions à haute ou faible dose et souligne la nécessité de
mieux caractériser à la fois les troubles de santé et les
expositions (Khan et coll., 2019b

).
Troubles anxio-dépressifs et intoxication aiguë
par des pesticides
Depuis la précédente expertise collective, deux études de cohorte
(tableau 5.I

, voir en fin
de ce chapitre) sont venues compléter la littérature existante
relative aux troubles anxio-dépressifs pouvant survenir dans les
suites d’une intoxication aiguë par des pesticides. On dénombrait
auparavant 7 études sur cette question, dont une s’appuyait sur un
suivi longitudinal de 3 années et mettait en évidence un lien entre
les expositions aux pesticides et les symptômes dépressifs chez des
agriculteurs du Colorado (Beseler et Stallones,
2008

).
La première étude de cohorte est de nature rétrospective et a été
menée en Grande-Bretagne dans l’objectif d’identifier des troubles
neuropsychiatriques en lien avec des traitements insecticides
réalisés sur les moutons depuis les années 1970, et donc pouvant
potentiellement conduire à une exposition par des organophosphorés
(Povey et coll., 2014

). La population (1 748 répondants) a été
identifiée dans l’ensemble de la Grande-Bretagne à l’aide de listes
de syndicats et d’associations (effectif total : 18 958 personnes)
et les participants ont répondu à un questionnaire sur l’activité
professionnelle et sur des symptômes de dépression, la démence, la
maladie de Parkinson et les neuropathies. Concernant la dépression,
un risque multiplié par 10 a été mis en évidence chez les personnes
ayant été prises en charge pour une intoxication par un pesticide
(OR = 10,0 ; IC 95 % [4,8-20,8]). Cette association n’était pas
retrouvée chez les personnes ayant manipulé des pesticides sans
avoir subi d’intoxication. L’existence de troubles somatiques
n’expliquait pas les résultats obtenus.
La seconde est une cohorte prospective de 1 895 agriculteurs
sud-coréens, interrogés en face à face en 2011 et ayant complété une
échelle de dépression (
Geriatric Depression Scale ; GDS-15)
(Kim et coll., 2013

). Parmi eux, 197 étaient considérés comme
présentant une dépression à partir des résultats aux tests. Le
risque de dépression apparaissait plus élevé chez ceux qui
rapportaient un antécédent d’intoxication professionnelle par un
pesticide (OR = 1,61 ; IC 95 % [1,10-2,34]), plus encore quand la
description des symptômes liés à cette intoxication la classait
comme modérée ou sévère (OR = 2,81 ; IC 95 % [1,71-4,63]). Ces
troubles n’étaient pas associés avec l’exposition cumulée au cours
de la vie. Un lien était observé plus spécifiquement avec les
herbicides, et en particulier avec le paraquat.
Ainsi, les deux nouvelles analyses de cohorte renforcent le lien qui
était établi entre intoxication aiguë aux pesticides et troubles
dépressifs, chez des éleveurs de moutons notamment exposés aux
organophosphorés en Grande-Bretagne, et en lien avec des herbicides
dont le paraquat dans la cohorte coréenne d’agriculteurs (cultures
de riz, légumes et fruits).
Troubles anxio-dépressifs et exposition chronique
aux pesticides
Lors de l’expertise collective de 2013, la question du lien possible
entre les troubles neuropsychiatriques, en particulier le risque de
dépression, et l’exposition chronique aux pesticides était
émergente. Depuis cette précédente synthèse, qui rapportait les
résultats d’une dizaine d’études transversales et de deux études
longitudinales, de nouvelles études transversales (7) et
longitudinales (5) ont été produites (tableau 5.II

, voir en fin de ce chapitre).
Études transversales
Trois études transversales ont été menées en Amérique du Sud et
au Mexique, dans des contextes agricoles spécifiques (culture du
café et du tabac au Brésil et culture de légumes au Mexique), et
quatre autres en Angleterre, en Turquie, au Bangladesh et en
France.
Au Brésil, dans une zone fortement productrice de tabac, une
étude a mis en évidence une association entre l’exposition aux
pesticides et les symptômes dépressifs et anxieux rapportés par
869 résidents d’une municipalité, de l’ordre d’un doublement de
risque. Le lien apparaissait notamment avec l’exposition à
certains pesticides, tels que les alcools aliphatiques, les
pyréthrinoïdes, les sulfonylurées et les dinitroanilines (Campos
et coll., 2016

). Dans ce même pays, mais dans un
contexte de production de café, un lien fort a été mis en
évidence entre les symptômes dépressifs, mesurés par l’échelle
de Beck (score au-delà de 10) et l’exposition aux pesticides,
directe ou indirecte, chez 220 travailleurs. Les ouvriers
exposés au glyphosate et à au moins un autre pesticide avaient
un risque multiplié par 5 de présenter un score élevé de
symptômes dépressifs (Conti et coll.,
2018

).
Dans le Nord-Ouest du Mexique, la présence de troubles
psychiatriques, évaluée à l’aide de l’échelle de la MINI
(
Mini International Neuropsychiatric Interview), a
été comparée entre un groupe de 140 ouvriers agricoles impliqués
dans la récolte de légumes et un groupe de personnes vivant en
zone urbaine (Serrano-Medina et coll.,
2019

). En parallèle, l’activité anti-acétylcholinestérasique
sanguine a été mesurée. Les résultats montraient une fréquence
significativement plus élevée de troubles psychiatriques dans le
groupe exposé (en particulier dépression avec risque suicidaire
et dépression diagnostiquée par un médecin) et un lien
significatif entre l’importance des symptômes et la chute de
l’activité anti-acétylcholinestérasique mesurée dans le sang.
Cependant, les groupes de cette étude n’étaient pas strictement
comparables concernant l’âge et le niveau d’études.
En Angleterre, une étude portant sur 127 éleveurs de moutons,
exposés aux organophosphorés par le trempage de leurs animaux,
et des policiers ruraux non exposés (n = 78), présentée dans la
précédente expertise collective (Mackenzie Ross et coll.,
2010

), a été ré-analysée en utilisant une autre approche pour
l’évaluation des troubles psychiatriques (Harrison et Mackenzie
Ross, 2016

). En plus de deux échelles calculant des scores de dépression
et d’anxiété sur la base de questionnaires complétés par les
participants, le classement des sujets a été réalisé à l’aide
d’une grille d’examen clinique, considérée comme la référence
pour ce diagnostic. Les auteurs trouvent un lien entre
l’exposition aux pesticides et les scores de dépression et
d’anxiété sur la base de la déclaration des patients, mais ne
retrouvent un lien avec le diagnostic clinique que pour
l’anxiété.
En Turquie, une étude a été menée sur une large population
d’agriculteurs âgés de 18 à 55 ans (1 855 personnes dont
937 hommes), interrogés en face à face sur leur santé mentale et
sur leurs expositions agricoles. Des questions étaient posées
aux hommes sur leurs usages de pesticides et sur des troubles
ressentis lors des applications de pesticides. Un tiers de la
population mentionnait des symptômes psychiatriques, incluant
pour 2 % des hommes et 3 % des femmes des idées suicidaires.
L’exposition aux pesticides chez les hommes doublait le risque
d’être dépressif (OR = 1,8 ; IC 95 % [1,1-3,2]). D’autres
facteurs expliquaient également une mauvaise santé mentale : les
difficultés économiques, être migrant, se déclarer en mauvaise
santé, avoir une maladie chronique ou des antécédents de
traumatisme (Simsek et coll.,
2017

).
Au Bangladesh, une étude transversale a été menée sur
57 personnes, habitant dans une zone couverte par un système de
surveillance démographique et sanitaire, sélectionnées lors
d’une visite à l’hôpital (Khan et coll.,
2019a

). L’étude a inclus des adultes (de 30 à 55 ans), mariés,
actifs, non fumeurs et n’ayant pas participé à des travaux
agricoles au cours de leur vie. La distance entre les champs et
les lieux de résidence des sujets (moins ou plus de 200 mètres)
a été évaluée par un enquêteur, et ce paramètre a servi de proxy
pour l’exposition aux pesticides agricoles. Par ailleurs, une
évaluation de paramètres neurologiques a été réalisée : TMT
(
Trail Making Test), mesure du seuil vibratoire,
mesure de la vitesse de conduction nerveuse, symptômes
neurologiques. Une version modifiée de la CES-D (
Center for
Epidemiologic Studies-Depression Scale) a également été
proposée aux participants. Après ajustement sur de nombreux
facteurs individuels, les analyses montraient, chez les
personnes résidant à proximité des champs traités, une élévation
du seuil vibratoire, un ralentissement au TMT (partie B), mais
pas de différence de la vitesse de conduction nerveuse, de
l’auto-déclaration de symptômes neurologiques et des items
relatifs à la dépression.
En France, une étude cas-témoins menée sur la maladie de
Parkinson en lien avec la Mutualité sociale agricole en
1998-2000 a offert l’opportunité d’analyser de manière
transversale le lien entre les pesticides et l’existence d’une
dépression traitée ou prise en charge à l’hôpital, rapportée par
les participants (Weisskopf et coll.,
2013

). Seuls les individus ayant travaillé en agriculture ont été
retenus (n = 567). Quatre-vingt-trois patients ont mentionné une
dépression (33 hommes et 50 femmes). Une association a été mise
en évidence entre l’utilisation d’herbicides et l’existence
d’une dépression (HR = 1,93 ; IC 95 % [0,95-3,91]), devenant
significative lorsque cette utilisation dépassait 19 années
(HR = 2,31 ; IC 95 % [1,05-5,10]) ou en prenant en compte le
nombre d’heures d’exposition. Les herbicides les plus fortement
associés étaient les carbamates, les dinitrophénols et l’acide
picolinique. Aucune association n’a été observée avec les
fongicides ou les insecticides.
Les sept nouvelles analyses transversales menées dans les
différents pays vont dans le sens d’une augmentation du risque
de troubles anxio-dépressifs en lien avec des expositions
chroniques aux pesticides, globalement moins fortes que celles
mises en évidence avec les intoxications aiguës, mais pouvant
néanmoins atteindre un doublement. Trois de ces études ont
suggéré des liens avec des herbicides de natures différentes
(sulfonylurées, dinitroanilines, carbamates, dinitrophénols, le
glyphosate et l’acide picolinique...), mais pas avec les
pesticides organophosphorés.
Études longitudinales
Deux nouvelles analyses ont été menées au sein de
l’Agricultural Health Study (AHS) et trois autres
études longitudinales ont fourni des résultats : l’une au Canada
à partir d’une cohorte rétrospective de céréaliers, une cohorte
agricole prospective en Corée et une dernière dans l’Iowa.
Dans l’expertise de 2013, les publications de Beseler et coll.
sur les troubles anxio-dépressifs au sein de l’AHS étaient de
nature transversale, avaient montré des risques de dépression
doublés ou triplés en lien avec l’exposition aux pesticides, et
mettaient en évidence le rôle des intoxications aiguës (Beseler
et coll., 2006

; Beseler et coll.,
2008

;
Beseler et Stallones, 2008

). Au sein de cette même cohorte, des
analyses longitudinales ont depuis été menées, portant sur les
cas incidents entre l’inclusion et le suivi à 12 ans, d’une part
chez les hommes (Beard et coll.,
2014

)
et d’autre part chez les femmes (Beard et coll.,
2013

).
Douze années après l’inclusion dans la cohorte, un entretien
téléphonique mené en 2005-2010 et comportant des questions sur
la dépression, a permis de classer les 21 208 hommes éligibles
pour les analyses selon l’existence d’une dépression
diagnostiquée par un médecin avant l’inclusion (n = 306), à
l’inclusion et au suivi (n = 315) ou au suivi seulement
(n = 371) (Beard et coll., 2014

). L’existence d’une dépression chez les
hommes a été associée, de manière statistiquement significative,
avec l’utilisation de fumigants ou d’organochlorés, de phosphure
d’aluminium, de dibromure d’éthylène, de 2,4,5-T, de dieldrine,
de diazinon, de malathion et de parathion. Une relation avec
l’index cumulé au cours de la vie était observée pour le
dibromure d’éthylène, le captane et le lindane. Une association
forte était observée avec un antécédent d’intoxication,
principalement dans le groupe signalant une dépression à
l’inclusion (OR = 4,2 ; IC 95 % [2,7-6,6]) mais également dans
celui rapportant des symptômes à la fois à l’inclusion et au
suivi (OR = 2,5 ; IC 95 % [1,4-4,4]). L’analyse de la dépression
chez les femmes (n = 16 893) a été réalisée de la même manière
après un suivi de 12 années, en considérant les cas incidents
(n = 1 054), et en prenant en compte l’utilisation de pesticides
par la femme elle-même ou par son conjoint (Beard et coll.,
2013

).
Les auteurs ne mettaient pas en évidence de lien entre la
dépression et l’utilisation de pesticides au cours de la vie (en
oui/non ou en prenant en compte un index cumulé), et cette
absence de lien était également montrée en considérant l’usage
de pesticides chez les conjoints pour les femmes n’ayant pas
utilisé elles-mêmes de pesticides. En revanche, les femmes ayant
un antécédent d’intoxication aiguë par un pesticide étaient plus
fréquemment dépressives. La prise en compte d’un traitement
antidépresseur dans la définition de la dépression ne modifiait
pas ces résultats.
Au Canada, près de 2 500 agriculteurs céréaliers, identifiés à
partir d’une liste datant des années 1980 et une autre de 2002,
ont été interrogés sur la présence de symptômes
neuropsychiatriques et sur leurs expositions aux pesticides, à
l’aide d’un questionnaire incluant une centaine de spécialités
commerciales (Cherry et coll.,
2012

).
Le score de santé mentale élaboré à partir de leurs réponses
était associé négativement à l’utilisation de phénoxyherbicides,
mais ne montrait pas de lien avec d’autres substances, notamment
avec les organophosphorés. La prise en compte d’un antécédent
d’intoxication aiguë ne changeait pas les résultats. Dans un
sous-échantillon de la population, un croisement a pu être
réalisé avec les bases de l’Assurance maladie. Il montrait une
faible cohérence entre les prises en charge pour raisons
neuropsychiatriques et les déclarations des personnes. Dans cet
échantillon, un lien fort était observé entre une prise en
charge hospitalière pour des troubles neuropsychiatriques et une
exposition de plus de 35 ans aux phénoxyherbicides.
Dans une étude sud-coréenne, le questionnaire CES-D a été utilisé
pour mesurer la survenue de cas incidents de symptômes
dépressifs dans une cohorte de 2 151 agriculteurs sur une
période de 2,8 ans. Les symptômes dépressifs, avec un total de
115 cas recensés, était plus fréquents chez les hommes
présentant un score d’exposition élevé, estimé à l’aide de la
durée et d’un algorithme associant les caractéristiques des
tâches, du matériel et des équipements de protection (OR = 2,2 ;
IC 95 % [1,3-3,8] dans la catégorie haute de l’exposition) et
chez ceux qui avaient des antécédents d’intoxication aiguë
(OR = 5,8 ; IC 95 % [1,8-18,9]) (Koh et coll.,
2017

).
Une cohorte de 257 agriculteurs en Iowa (États-Unis) a été
établie pour mettre en place des études d’intervention dans le
cadre d’un programme de sécurité et de santé au travail, et a
permis d’analyser de manière prospective le lien entre l’humeur
dépressive et les expositions agricoles, incluant les usages de
pesticides (Onwuameze et coll.,
2013

). Dans cette cohorte, les agriculteurs étaient contactés par
téléphone chaque trimestre pour donner des informations sur
leurs activités professionnelles, leurs expositions et leur état
de santé – notamment leur humeur – soit à 10 reprises au cours
de l’étude. Un quart des personnes ont rapporté une humeur très
dépressive et ont été classées dans le groupe « dépression ».
Une association était mise en évidence entre l’usage des
pesticides et la « dépression » (OR = 1,27 ;
IC 95 % [1,06-1,53]), qui n’était pas modifiée par la prise en
compte d’autres paramètres associés à la dépression, à savoir
les antécédents de blessure, le stress (qui multipliait le
risque de dépression par 3) et avoir un autre emploi non
agricole.
L’ensemble des nouvelles analyses longitudinales menées depuis la
précédente expertise converge vers une association entre les
expositions chroniques aux pesticides et la survenue de troubles
anxio-dépressifs, avec des liens forts pour ceux qui ont un
antécédent d’intoxication aiguë. Trois de ces analyses évoquent
des liens avec des molécules variées.
Suicide et exposition aux
pesticides
Neuf études portant sur le risque de suicide en lien avec
l’exposition aux pesticides avaient été présentées dans l’expertise
collective précédente et suggéraient un lien possible entre
pesticides et suicide. Mais, ces études ne permettaient pas de
distinguer le rôle spécifique des pesticides de celui d’autres
facteurs de risque, ni d’argumenter la causalité du lien. Depuis,
trois études se sont ajoutées : des résultats provenant d’une
cohorte agricole sud-coréenne, une analyse transversale d’une
cohorte chinoise et une étude écologique au Brésil
(tableau 5.III

, voir en
fin de ce chapitre).
Au sein de la cohorte sud-coréenne d’hommes en milieu agricole, des
questions ont été posées sur des idées suicidaires dans l’année
précédant l’entretien (Kim et coll.,
2014

).
Celles-ci étaient rapportées chez près de 5 % des personnes. Un lien
était observé avec un antécédent d’intoxication aiguë par un
pesticide, atteignant un triplement de risque pour plus d’un
épisode, et plus marqué chez les personnes ayant été hospitalisées
lors de cet épisode (non significatif mais p de
tendance = 0,001).
Dans la province de Jilin en Chine, l’étude de 43 cas de personnes
ayant tenté de mettre fin à leurs jours avec des pesticides et de
43 témoins en population générale appariés sur le sexe et l’âge a
mis en évidence une plus grande fréquence de symptômes pouvant être
liés à des expositions aux organo-phosphorés (nausées, vomissements,
hypersudation...) et des scores plus élevés sur des échelles
mesurant l’agressivité et l’impulsivité (Lyu et coll.,
2018

).
Au Brésil, une étude écologique a analysé les taux de mortalité par
suicide dans des villes où la culture du tabac était implantée par
rapport à des villes ne disposant pas de cette culture, chez les
agriculteurs et chez les non-agriculteurs, en incluant des données
sur la part des exploitations utilisant des pesticides (Krawczyk et
coll., 2014

).
Une surmortalité par suicide est observée à la fois en lien avec le
métier d’agriculteur et avec le fait de résider dans une région où
la culture de tabac est présente. Ce résultat évoque le rôle
possible des pesticides d’une part et de la culture de tabac d’autre
part, possiblement en lien avec des intoxications à la nicotine.
Ces nouvelles études vont dans le sens d’un lien entre suicides et
exposition aux pesticides, mais présentent, comme les études
précédentes, une difficulté à écarter des facteurs de confusion liés
au milieu agricole.
Conclusion
Près d’une vingtaine de nouveaux articles ont traité du lien entre
pesticides et troubles anxio-dépressifs depuis la précédente
synthèse, portant à près d’une cinquantaine le nombre total de
publications sur cette question. Les articles récents s’orientent
plus fréquemment vers la question du rôle des expositions
chroniques, celui des expositions aiguës semblant admis – et
confirmé par les nouvelles analyses – et les analyses longitudinales
se font plus nombreuses, en particulier au sein de l’Agricultural
Health Study et de la cohorte agricole coréenne. Les études
restent hétérogènes aussi bien du point de vue de la mesure des
effets (diverses échelles de dépression) que de la mesure des
expositions. Pourtant, les résultats convergent vers l’existence
d’une association, avec des triplements ou quadruplements de risque
pour les expositions aiguës et des niveaux de risque plus modérés
pour les expositions chroniques mais atteignant des doublements.
Certaines molécules ont été associées aux troubles, et contrairement
aux publications antérieures, elles n’évoquent pas uniquement un
lien avec les organophosphorés : plusieurs d’entre elles suggèrent
des liens avec des herbicides de familles diverses. Quelques études
montrent également des liens avec les suicides mais elles restent
limitées sur la prise en compte des facteurs de confusion, et
interrogent sur la possibilité de causalité inverse. Ces résultats
éclairent néanmoins de manière plus large le constat répété dans de
nombreux pays et contextes d’un excès de suicides en milieu
agricole. Par ailleurs, compte-tenu de la fréquence des altérations
psychiques et des suicides dans nos sociétés, l’hypothèse du rôle
possible des pesticides soulève des questions de santé publique
importantes. En regard des constats épidémiologiques, le rôle de
certains pesticides sur le système nerveux central et les
interférences possibles avec des neuromédiateurs impliqués dans la
régulation de l’humeur doivent susciter des recherches
mécanistiques.
Tableau 5.I Études épidémiologiques portant sur le lien entre
intoxication aiguë par des pesticides et troubles
psychiatriques
Référence Pays Type
d’étude
|
Population étudiée
|
Définition de la maladie
|
Fréquence et durée
d’exposition
|
Méthodes d’estimation de
l’exposition
|
Tiers facteurs
|
Résultats et commentaires
|
Povey et coll.,
2014
Grande-Bretagne Cohorte
rétrospective
|
Agriculteurs (95 % hommes) actifs en
1970 en Grande-Bretagne, âgés de ≥ 13 ans en
1957 74,8 % résidents
d’Angleterre Identification à partir de listes
de syndicats et associations (n = 18 958) dont
4 635 décédés et 1 748 répondants
éligibles
|
PHQ-9 depression severity score
≥ 10 Questions sur démence, Parkinson,
maladies neurologiques
|
83 % ont élevé des moutons (46 %
> 31 années). 81 % ont trempé des
moutons. 75 % ont manipulé les
produits. 3 % pris en charge pour
intoxication
|
Questionnaire sur les tâches Nombre
d’années de travail avec des
moutons Classement en 4 groupes selon histoire
intoxication aiguë et/ou manipulation de
pesticides
|
Âge, sexe, région,
tabagisme
|
Association forte entre l’existence
d’une intoxication aiguë et la
dépression OR = 10,0 [4,8-20,8] Pas de
lien pour la dépression avec la simple
manipulation sans intoxication (mais lien avec
Parkinson et neuropathie)
|
Kim et coll.,
2013
Corée du Sud Cohorte
prospective
|
Agriculteurs, hommes Questionnaires
en face à face Inclusion en
2011 n = 1 895
|
Échelle de dépression gériatrique
(GDS-15) score ≥ 8
|
Principale culture : riz (43 %), puis
les légumes et les fruits Nombre de jours
médian d’exposition au cours de la vie :
129
|
ATCD d’intoxication aiguë en 2010.
Sévérité définie à partir des symptômes ≤ 48 h
après utilisation : sévères (paralysie, syncope)
ou modérés (diarrhée, vomissements, dyspnée,
vision floue, paresthésie, douleur poitrine,
troubles de la parole) Prise en charge :
aucune, automédication,
hospitalisation Pesticides en
cause
|
Âge, sexe, revenus, statut marital,
niveau d’études, alcool, tabagisme, santé perçue,
IMC, caractéristiques du travail
|
197 agriculteurs avec un score de
dépression élevé Élévation du risque de
dépression si histoire d’intoxication
professionnelle OR = 1,61 [1,10-2,34] Lien
avec la sévérité de l’intoxication. Si modérée ou
sévère OR = 2,81 [1,71-4,63] Pas de lien avec
la durée cumulée d’exposition Association avec
les herbicides, en particulier le
paraquat
|
ATCD : antécédents ; CES-D : Center for
Epidemiologic Studies-Depression Scale ; GDS :
Geriatric Depression Scale ; IMC : indice de masse
corporelle ; PHQ : Patient Health Questionnaire. Les
intervalles de confiance donnés sont les intervalles de
95 %.
Tableau 5.II Études épidémiologiques portant sur le lien entre
exposition chronique aux pesticides et troubles
psychiatriques
Référence Pays
|
Population étudiée
|
Définition de la maladie
|
Fréquence et durée
d’exposition
|
Méthodes d’estimation de
l’exposition
|
Tiers facteurs
|
Résultats et
commentaires
|
Études transversales
|
Conti et coll.,
2018
Brésil (Sud-Est)
|
220 hommes volontaires, 18-65 ans,
ouvriers agricoles Région de production du
café Robusta
|
Beck Depression Inventory (BDI ;
21 items appréciant les symptômes
dépressifs) Dichotomisé
(seuil = 10)
|
Glyphosate 77 % Flutriafol,
cyproconazole, thiaméthoxame
|
Questionnaire
|
Âge, statut marital, groupe ethnique,
niveau d’études, statut économique, alcool,
tabagisme, santé perçue, maladie
chronique
|
Exposition aux pesticides en général
est associée aux symptômes dépressifs (pas le
glyphosate seul, mais en association avec les
autres molécules) OR = 5,5 [1,2-25,9] Lien
également entre les symptômes et le tabagisme, la
santé perçue et les maladies
chroniques
|
Campos et coll.,
2016
Brésil (Sud)
|
Résidents en 2011-12 d’une municipalité
où le tabac est cultivé ; âgés ≥ 18 ans et parlant
portugais (n = 869)
|
Self Reporting Questionnaire
(SRQ-20 ; seuil = 8) Troubles mentaux et
symptômes dépressifs rapportés
|
72 % exposés aux pesticides dont 33 %
avant l’âge de 15 ans 28 % malades après
utilisation de pesticides 14 % utilisent des
EPI
|
Période de culture et de récolte du
tabac Intoxications aiguës Historique
agricole et d’exposition aux
pesticides EPI
|
Sexe, âge, niveau d’études, couleur de
peau, insécurité alimentaire, maladies
chroniques Dépendance ou abus d’alcool,
tabagisme Cotinine urinaire
|
Avoir été intoxiqué, risque de
dépression ou trouble mental : OR = 2,6
[1,6-4,3] Doublement de risque de troubles
rapportés avec les alcools aliphatiques et les
Pyr Lien avec dinitroaniline et sulfonylurée
pour expositions longues
|
Harrison et Mackenzie Ross,
2016
Angleterre (Nord et
Sud-Ouest)
|
Éleveurs de moutons, 18-70 ans d’âge,
exposés aux OP, actifs ou retraités, ayant changé
ou arrêté pour cause médicale (n = 127) Non
exposés : policiers (n = 78) Critères
inclusion : ≥ 5 ans exposition aux OP < 1991,
pas d’ATCD d’intoxication aiguë, neuro,
alcool
|
Hospital Anxiety and Depression
Scale (HADS) Beck Anxiety (BAI) and
Depression (BDI) Inventories-rmesurant l’anxiété
et la dépression, rapportées par les
individus Évaluation SCID (la référence pour
ce diagnostic)
|
> 20 ans d’exposition en moyenne, et
dernière exposition remonte en moyenne à
10 ans
|
Exposition professionnelle par trempage
des moutons Calendrier professionnel,
caractéristiques de l’exposition : fréquence et
durée Calcul du nombre de jours au cours de la
vie
|
Évènements de vie stressants au cours
des 12 derniers mois Santé physique
perçue Niveau d’études, sexe,
QI Ajustement sur âge, dépression,
anxiété
|
Association entre les scores de
dépression et d’anxiété (HADS ou BDI) et
l’exposition Lien moins clair avec la
dépression en utilisant l’évaluation clinique,
mais persistance du lien avec
l’anxiété
|
Serrano-Medina et coll.,
2019
Mexique (Basse-Californie)
|
140 ouvriers agricoles ≥ 18 ans
habitant ≥ 6 mois dans la région Récolteurs
des légumes dans des zones traitées Non
exposées : 100 personnes habitant en zone
urbaine
|
MINI test
|
OP utilisés dans la région : malathion,
dicofol, parathion, chlorpyrifos, phosmet,
azinphos-méthyl, méthamidophos
|
Mesure de l’inhibition de l’AChE
plasmatique, immédiatement après
prélèvement
|
Différences d’âge, de niveau d’études
et de statut marital entre les
2 groupes
|
Dépression + risque suicidaire 31,4 %
des exposés (versus 8 %) Dépression
avec diagnostic médical 14,3 % des exposés
(versus 3 %) Chute de l’AChE, d’autant
plus marquée que les troubles sont
importants
|
Simsek et coll.,
2017
Turquie (Anatolie)
|
Recrutement à partir des foyers :
éligibles si travail agricole
n = 1 071 foyers 1 855 individus entre
18-55 ans, dont 918 femmes et
937 hommes
|
General Health Questionnaire
GHQ-12 en face à face
|
74 % ont plus de 7 ans d’expérience en
agriculture 32 % de migrants
agricoles
|
Questions posées seulement aux
hommes : Avoir appliqué des
pesticides Avoir des troubles lors de
l’application
|
Âge, sexe, taille du foyer, niveau
d’études, langue, nombre d’années en agriculture,
résidence urbaine/rurale, maladies chroniques,
santé générale, niveau économique...
|
Problème de santé mentale chez 32 %.
Risque élevé chez les hommes exposés aux
pesticides : OR = 1,8 [1,1-3,2] Idées
suicidaires chez 2 % des hommes et 3 % des
femmes Autres facteurs associés chez les
hommes : situation économique, être migrant,
mauvaise santé perçue, maladie chronique, ATCD de
traumatisme
|
Khan et coll.,
2019a
Bangladesh
|
57 volontaires issus d’un système de
surveillance sanitaire, lors d’une visite à
l’hôpital, âgés de 30 à 55 ans, mariés, actifs,
non-fumeurs et n’ayant pas travaillé en
agriculture
|
Test cognitif : Trail Making Test
(TMT-A/B), vitesse de conduction nerveuse,
seuil vibratoire, symptômes neurologiques, échelle
de dépression adaptée de la CES-D
|
19 résidaient à plus de 200 m, et 38 à
moins de 200 m. Pesticides utilisés dans la
région : carbamates, OP, Pyr
|
Distance entre la résidence et les
champs (plus ou moins de 200 m) utilisé comme
proxy de l’exposition aux pesticides
|
Âge, sexe, IMC, pression sanguine,
revenus, métiers, composition du foyer
|
Après ajustements, chez les exposés :
élévation du seuil vibratoire, ralentissement au
TMT-B, mais pas de différence dans les symptômes
neurologiques, la vitesse de conduction ou les
items de dépression
|
Weisskopf et coll.,
2013
France
|
Participants d’une étude sur la maladie
de Parkinson, identifiés en 1998-2000 Analyse
restreinte aux cas (n = 177) et témoins (n = 390)
ayant travaillé sur des exploitations
|
Traitement ou hospitalisation pour
dépression Âge lors de l’épisode
dépressif
|
Fréquence d’exposition aux familles
d’herbicides : carbamates : 6 %, dinitrophénols :
18 %, acide picolinique : 11 %
|
Histoire professionnelle Entretien
détaillé sur usages de pesticides par un médecin
du travail Pesticides pour le
jardinage Analyse des familles de pesticides
pour les agents identifiés chez > 5 % des
personnes non dépressives
|
Sexe, maladie de Parkinson, niveau
d’études, tabac, trauma crânien avec perte
connaissance Histoire d’AVC et utilisation de
pesticides pour le jardinage Stratification
sur la période : < 1971, 1971-80, 1981-94,
> 1994
|
83 dépressifs (33 H, 50
F) Herbicides/dépression OR = 1,93
[0,95-3,91], plus marqué en restreignant aux seuls
témoins ou aux hommes. Effet durée et nombre
h Risque x3 pour les herbicides carbamates,
dinitrophénols et acide picolinique Pas de
lien avec les I et F
|
Études
longitudinales
|
Beard et coll.,
2014
États-Unis (Iowa,
Caroline du Nord) Cohorte
prospective
Agricultural Health
Study
|
Inclusion 1993-97 et suivi en 2005-10
avec un questionnaire incluant la
dépression Applicateurs, hommes (n = 21 208)
dont 1 702 avec un diagnostic de
dépression
|
Diagnostic par un médecin à l’inclusion
et au suivi (avec précision de la mise en place
d’un traitement) Âge de la
dépression
| |
Intoxication aiguë Exposition
cumulée à 50 pesticides oui/non et nombre de jours
au cours de la vie (quartiles) Catégories : I,
H, F, (fumigants) 6 familles : phénoxys,
triazines, carbamates, OC, OP, Pyr
|
Âge, État de résidence, niveau
d’études, statut marital, nombre d’enfants,
alcool, tabagisme, diabète, taille de
l’exploitation, port d’EPI, nombre de visites
médicales dans l’année écoulée, utilisation de
solvants
|
206 cas prévalents à l’inclusion, 315 à
l’inclusion et au suivi et 371 au suivi
seulement Association positive entre
dépression et certains pesticides : fumigants, OC,
phosphure d’aluminium, dibromure d’éthylène,
2,4,5-T, dieldrine, diazinon, malathion,
parathion. Relation avec l’index cumulé pour
dibromure d’éthylène, captane, lindane. Lien
avec les intoxications aiguës
|
Beard et coll.,
2013
États-Unis (Iowa,
Caroline du Nord Cohorte
prospective
Agricultural Health
Study
|
Inclusion 1993-97 et suivi en 2005-10
avec un questionnaire incluant la
dépression Épouses d’applicateurs (n = 16 893)
dont 1 054 avec un diagnostic de
dépression
|
Définitions de Beard et coll.,
2014
| |
Méthodes de Beard et coll.,
2014
Usage de pesticides par
la femme ou par son époux 7 familles de
pesticides : phénoxys, triazines,
chloroacétanilides, carbamates, OC, OP,
Pyr
|
Facteurs de Beard et coll.,
2014
|
Pas de lien entre la dépression
incidente et l’exposition aux pesticides (oui/non
ou cumulée) Lien entre la dépression et
l’intoxication aiguë par un pesticide Femmes
n’ayant jamais utilisé de pesticides : lien avec
l’utilisation de carbamate par l’époux Pas de
changement si on ajoute la prise d’un traitement à
la définition de la dépression
|
Cherry et coll.,
2012
Canada (Alberta) Cohorte
rétrospective
|
Cohorte A : inscrite dans une
association agricole en 1983
(n = 1 348) Cohorte B : identifiée auprès des
instances agricoles en 2002
(n = 1 078)
|
Questionnaire sur les maladies
diagnostiquées par un médecin : dont 12 symptômes
neuropsychiatriques Score de santé mentale
élaboré à partir des symptômes Croisement avec
les bases de données de l’assurance maladie codes
CIM-9 : 290-312 et CIM-10 : F00-F69 pour un
sous-échantillon
|
> 90 % d’utilisateurs de
pesticides 2,4-D ou MCPA : > 90 % ; Pyr :
16 % ; carbamates : 24 % ; OP :
< 50 %
|
Questionnaire sur des produits
commerciaux : 26 I, 48 H, 25 F avec les
durées Base de données sur les matières
1981-2003 Intoxication par un
pesticide Utilisation de pesticides au cours
du mois écoulé
|
Âge, sexe, niveau d’études
|
¾ des agriculteurs signalent ≥ 1
symptôme (34 % se réveillent fatigués, 27 %
troubles de mémoire, 27 % crampes) Lien score
santé mentale et phénoxyherbicides (OR 1,75 à
2,09) selon la durée. Pas de changement avec les
intoxications aiguës Assurance maladie : 1/3
ont une prise en charge psy. Peu de lien avec les
symptômes déclarés. Association forte
hospitalisation psy et exposition > 35 ans aux
phénoxys 20rv2(OR = 9,71
[0,85-111,39])
|
Koh et coll.,
2017
Corée du Sud Cohorte
prospective
|
Agriculteurs Questionnaires en face
à face Inclusion en 2005-08, suivi en 2008-12
(exclusion des cas prévalents de
dépression) n = 2 151
|
CES-D Échelle de dépression
gériatrique (SGDS) (seuil : 8)
| |
Algorithme AHS pour intensité (tâches,
matériel, EPI) Durée en nombre de jours/an et
années ATCD d’intoxication Pesticides pour
le jardinage
|
Âge, sexe, statut marital, niveau
d’études, revenus, alcool, tabac
|
115 cas de dépression incidents en
2,8 ans Plus de cas incidents parmi les
exposés, en lien avec le score durée x intensité
(OR = 2,2 [1,3-3,8] dans la catégorie haute) et
avec les ATCD d’intoxication (OR = 5,8
[1,8-18,9])
|
Onwuameze et coll.,
2013
États-Unis (Iowa) Cohorte
prospective
|
Agriculteurs volontaires, contactés par
le Ministère de l’Agriculture pour une étude
d’intervention n = 257
|
Entretien téléphonique trimestriel :
expositions professionnelles, accidents, maladies,
dépression (humeur rapportée fortement ou très
fortement dépressive) Questionnaire
professionnel et examen de santé
annuel
| |
Données sur les activités sur la ferme,
incluant les usages de pesticides, répétées à
chaque entretien (soit 10 fois)
|
Âge, niveau d’études, alcool, tabac,
santé perçue
|
Un quart des agriculteurs classés
dépressifs Exposition aux pesticides associée
à la dépression : OR = 1,27
[1,06-1,53] Autres facteurs associés à la
dépression : antécédent de blessure, stress
(multiplie le risque par 3) et avoir un autre
emploi non agricole. Pas de changement de
l’association avec les pesticides en ajustant sur
ces facteurs
|
AHS : Agricultural Health Study ; ATCD :
antécédents ; BDI : Beck Depression Inventory ; CES-D :
Center for Epidemiologic Studies-Depression Scale ;
DSM-IV : Diagnostic and Statistical Manual of Psychiatric
Disorders ; EPI : équipement de protection
individuelle ; F : fongicide ; HADS : Hospital Anxiety and
Depression Scale ; H : herbicide ; I : insecticide ;
MCPA : acide 4-chloro-2-méthylphénoxyacétique ; MINI : Mini
International Neuropsychiatric Interview ; OP :
organophosphoré ; OC : organochloré ; Pyr : pyréthrinoïdes ;
SCID : Structured Clinical Interview for DSM-IV. Les
intervalles de confiance donnés sont les intervalles de
95 %.
Tableau 5.III Études épidémiologiques portant sur le lien entre
exposition aux pesticides et suicide
Référence Pays
|
Types d’études
|
Population étudiée
|
Définition de la maladie
|
Fréquence et
durée d’exposition
|
Méthodes d’estimation de
l’exposition
|
Tiers facteurs
|
Résultats et commentaires
|
Kim et coll.,
2014
Corée du Sud
|
Cohorte prospective
|
Cohorte de Kim et coll.,
2013
|
Idées suicidaires à partir de la
question « au cours de l’année écoulée, avez-vous
pensé à vous faire du mal ou à mettre fin à vos
jours » Questions complémentaires en cas de
réponse positive Dépression mesurée avec le
GDS-15 (score > 8)
|
Principale culture : riz
|
Méthodes de Kim et coll.,
2013
|
Facteurs de Kim et coll.,
2013
|
92 (4,7 %) agriculteurs ont eu des
idées suicidaires au cours de l’année
écoulée. Lien entre les idées suicidaires et
l’intoxication modérée ou sévère, ou suscitant une
prise en charge hospitalière OR = 2,48
[1,26-4,91] Triplement du risque si > 1
intoxication (non significatif mais avec p de
tendance = 0,001)
|
Lyu et coll.,
2018
Chine (province de
Jilin)
|
Cas-témoins
|
Cas : tentatives suicide par pesticide,
identifiées à l’hôpital. État mental stable pour
l’étude (n = 43) Témoins : résidents d’un
village à même distance de l’hôpital, apparié sur
âge et sexe (n = 43)
|
Score d’impulsivité (Barratt
Impulsivity Scale) et d’agressivité
(Agression Inventory)
| |
Exposition aux OP et
symptômes
| |
Cas : rapportent plus de symptômes
d’exposition aux pesticides (compatibles avec OP)
et davantage d’exposition
professionnelle Scores d’agressivité et
d’impulsivité plus élevés chez les cas
|
Krawczyk et coll.,
2014
Brésil (Alagoas)
|
Étude écologique
|
Comparaison des taux de mortalité selon
les caractéristiques des villes : nombre
d’exploitations, présence de la culture tabac,
part de la culture tabac, part d’exploitations
produisant du tabac et utilisant des
pesticides
|
Données de mortalité entre 1996 et 2005
(codes CIM-10 : X60-X84) (n = 122 036 décès dont
15 671 agriculteurs)
|
Région de production de
tabac
|
Données du recensement agricole de
2006
| |
OR de l’ordre de 3 pour la mortalité
par suicide pour les agriculteurs Risque
doublé pour les agriculteurs dans des villes
produisant du tabac Risque accru pour les
non-agriculteurs dans les villes produisant du
tabac
|
ATCD : antécédents ; CIM-10 : Classification
internationale des maladies, 10e révision ; GDS :
Geriatric Depression Scale
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self-perceived health and presence of chronic disease
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