Pesticides et effets sur la santé
I. Pathologies neurologiques et atteintes
neuropsychologiques
2021
7-
Maladie de Parkinson
La maladie de Parkinson est la maladie neurodégénérative la plus
fréquente après la maladie d’Alzheimer. Elle est liée à la perte
progressive des neurones dopaminergiques d’une structure mésencéphalique
impliquée dans la régulation de l’activité des noyaux gris centraux, la
substantia nigra pars compacta, qui joue un rôle important
dans le contrôle de la motricité. Cette perte neuronale est caractérisée
par la présence d’inclusions neuronales typiques (corps de Lewy) et
l’agrégation de la protéine α-synucléine.
La maladie de Parkinson est caractérisée par l’association de quatre
symptômes moteurs cardinaux : tremblement de repos, rigidité
extrapyramidale, lenteur du mouvement, instabilité posturale. Ces signes
ont fréquemment un caractère asymétrique. Bien que le plus souvent
associés, certains d’entre eux peuvent être absents, en particulier au
début de l’évolution de la maladie. Des symptômes non moteurs sont
également fréquents (troubles de l’humeur, constipation, troubles du
sommeil paradoxal, perte de l’odorat, déclin cognitif...) (Chaudhuri et
coll., 2006

).
Certains peuvent apparaître au cours de l’évolution de la maladie (par
exemple, déclin cognitif), tandis que d’autres (par exemple, anosmie,
constipation, troubles de l’humeur ou du sommeil paradoxal) peuvent être
présents d’emblée voire des années avant l’apparition des signes moteurs
(Savica et coll., 2018

).
D’après les études d’imagerie cérébrale, l’apparition des signes moteurs
est précédée d’une période préclinique (estimée de 3 à 7 ans) pendant
laquelle la perte neuronale dopaminergique progresse au niveau de la
substantia nigra pour atteindre environ 70 % lorsque les
signes moteurs apparaissent. Plus récemment, des études de cohorte ont
montré que certains symptômes pré-moteurs (anosmie, constipation,
troubles du sommeil paradoxal), traduisant une atteinte d’autres
structures (respectivement : bulbe olfactif, tube digestif,
locus
cœruleus), peuvent exister longtemps avant l’apparition des
signes moteurs, même 20 ans d’après certaines études (Savica et coll.,
2018

).
Certains auteurs ont émis l’hypothèse d’une évolution ascendante de la
maladie au cours de la phase prodromique, avec une porte d’entrée
digestive ou à partir du bulbe olfactif et une extension ascendante de
l’agrégation de l’α-synucléine le long du nerf vagal jusqu’au cerveau
(Borghammer, 2018

; Scheperjans et coll., 2018

).
En dehors de rares formes familiales liées à des mutations de gènes
majeurs, les causes de la maladie de Parkinson sont inconnues. Elle est
généralement considérée comme étant une maladie multifactorielle,
résultant dans la majorité des cas de l’effet de facteurs multiples,
qu’ils soient génétiques (Chang et coll.,
2017

) ou
environnementaux. Il existe une association positive avec l’exposition
aux solvants ou la consommation de produits laitiers, tandis qu’il
existe une association inverse avec le tabagisme, la consommation de
café, l’uricémie, la cholestérolémie, ou encore l’activité physique
(Bellou et coll., 2016

). Toutefois, il n’est pas possible d’exclure
formellement un biais de causalité inverse pour expliquer certaines de
ces associations en raison de la longue période prodromique (Elbaz,
2016

). Enfin,
quelques études rapportent des interactions gène-environnement qui
illustrent l’hypothèse selon laquelle l’association avec certains
facteurs d’environnement pourrait, dans certains cas, dépendre du
patrimoine génétique (Polito et coll.,
2016

).
À partir des bases de données de l’Assurance maladie, on estime que près
de 170 000 personnes étaient traitées en France pour une maladie de
Parkinson en 2015 (prévalence = 2,50 pour 1 000 personnes) et qu’il y a
environ 25 000 nouveaux cas traités chaque année (incidence brute = 0,39
pour 1 000 personnes-années) (Moisan et coll.,
2018

).
L’incidence de la maladie de Parkinson est dans l’ensemble 1,5 fois plus
élevée chez les hommes que chez les femmes ; cette différence dépend de
l’âge : le ratio est proche de 1 avant 50 ans et augmente
progressivement avec l’âge jusqu’à 1,6 après 80 ans. Cette évolution
peut suggérer que des facteurs génétiques jouent un rôle plus important
chez les patients les plus jeunes, tandis que le poids de facteurs
environnementaux dont l’effet ou la fréquence dépend du sexe augmente
avec l’âge (Moisan et coll., 2016

). Compte tenu de l’allongement de l’espérance
de vie et d’après des projections réalisées sous l’hypothèse d’une
incidence constante, il est prévu que le nombre de cas prévalents
augmente progressivement pour atteindre 260 000 en 2030, soit environ 1
personne sur 120 parmi les plus de 45 ans (Wanneveich et coll.,
2018

).
Le lien entre l’exposition professionnelle aux pesticides et la maladie
de Parkinson a été présenté en détail dans l’expertise collective
« Pesticides : Effets sur la santé » en 2013 qui comprenait également un
chapitre consacré aux mécanismes d’action des pesticides dans la maladie
de Parkinson (Inserm, 2013

). Après un rappel des conclusions de
l’expertise réalisée en 2013, notre objectif a été de faire une mise à
jour à partir des études qui ont été publiées depuis. Tandis que la
précédente expertise portait principalement sur l’exposition
professionnelle, des études sur l’exposition non professionnelle sont
maintenant disponibles et les résultats sont présentés dans ce
chapitre.
Conclusions de l’expertise collective « Pesticides :
Effets sur la santé » de l’Inserm en 2013
L’expertise collective « Pesticides : Effets sur la santé » de
l’Inserm en 2013 avait principalement examiné la littérature sur la
relation entre l’exposition professionnelle aux pesticides et la
maladie de Parkinson. Elle concluait à l’existence d’une association
entre l’exposition professionnelle aux pesticides et la maladie de
Parkinson, mais il était plus difficile de conclure quant à l’effet
de pesticides spécifiques. Dans ses rapports de 2013 et 2016,
l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) arrivait à la
même conclusion (Ntzani et coll.,
2013

;
Choi et coll., 2016

).
Il existait toutefois une hétérogénéité des résultats des études en
fonction de la méthode d’évaluation de l’exposition. Quelques études
avec une évaluation plus détaillée de l’exposition aux pesticides
permettaient de montrer une relation dose-effet. D’après la
méta-analyse la plus complète et détaillée disponible à cette date
(van der Mark et coll., 2012

), l’association était plus
particulièrement présente pour les herbicides et les insecticides.
Parmi les insecticides, plusieurs études retrouvent des arguments en
faveur d’une association avec les insecticides organochlorés. Des
analyses réalisées dans le cadre de
l’Agricultural Health
Study montraient une association avec l’exposition aux
pesticides en les regroupant en fonction de deux mécanismes
impliqués dans la maladie de Parkinson, le stress oxydant et
l’inhibition du complexe I mitochondrial (Tanner et coll.,
2011

).
Dans chaque groupe, une association avec un pesticide spécifique a
été observée, le paraquat et la roténone respectivement. Quant aux
fongicides, bien que la méta-analyse n’ait pas retrouvé
d’association, peu d’études avaient porté sur ces produits et
l’expertise avait conclu au besoin d’études complémentaires.
Peu d’études avaient porté sur le rôle de l’exposition non
professionnelle aux pesticides mais des résultats obtenus en
Californie en combinant les lieux de résidence avec un registre de
ventes de pesticides grâce à des systèmes d’information géographique
étaient en faveur d’une augmentation du risque de maladie de
Parkinson chez les personnes vivant ou travaillant à proximité
(< 500 mètres) de champs traités par pesticides, le plus souvent
par voie aérienne (Costello et coll.,
2009

;
Wang et coll., 2011

).
La revue de la littérature toxicologique retrouvait des arguments en
faveur du rôle de certains pesticides (paraquat, roténone, manèbe)
ou familles de pesticides (insecticides organochlorés,
pyréthrinoïdes, organophosphorés) dans différents mécanismes
impliqués dans l’étiologie de la maladie de Parkinson (stress
oxydant et dysfonctionnement mitochondrial, activation du
métabolisme de la dopamine, formation d’agrégats cytoplasmiques
d’α-synucléine, apoptose).
Mise à jour des données
Revues et méta-analyses
Plusieurs revues (Freire et Koifman,
2012

; Mandel et coll., 2012

; Moretto et Colosio,
2013

; Hernandez et coll., 2016

; Nandipati et Litvan,
2016

; Cao et coll., 2018

; Kanthasamy et coll.,
2019

)
et méta-analyses (Allen et Levy,
2013

;
Pezzoli et Cereda, 2013

; Breckenridge et coll.,
2016

; Ahmed et coll., 2017

; Gunnarsson et Bodin,
2017

; Yan et coll., 2018

; Gunnarsson et Bodin,
2019

; Tangamornsuksan et coll.,
2019

; Vaccari et coll., 2019

) ont été publiées depuis la précédente
expertise collective (tableau 7.I

, voir en fin de ce chapitre). Des
critères d’inclusion différents dans les méta-analyses
expliquent quelques différences entre leurs résultats
quantitatifs mais, dans l’ensemble, toutes confirment
l’existence d’une association entre l’exposition aux pesticides,
principalement d’origine professionnelle, et la maladie de
Parkinson et n’apportent pas d’élément nouveau par rapport aux
méta-analyses discutées dans l’expertise collective de 2013
(Priyadarshi et coll., 2000

; van der Mark et coll.,
2012

; Van Maele-Fabry et coll.,
2012

). Les exceptions sont deux méta-analyses sur le paraquat
(Tangamornsuksan et coll., 2019

; Vaccari et coll.,
2019

)
qui montrent des associations significatives
(tableau 7.I

, voir en
fin de ce chapitre) ainsi qu’une revue également sur le paraquat
(Mandel et coll., 2012

) et une méta-analyse (Breckenridge et
coll., 2016

), toutes deux financées par l’industrie des produits
phytopharmaceutiques, qui étaient plus critiques et émettaient
des réserves sur cette association.
Exposition
professionnelle
Depuis l’expertise collective Inserm de 2013, six nouvelles
études ont porté sur la relation entre l’exposition
professionnelle aux pesticides et la maladie de Parkinson, trois
études françaises (une étude cas-témoins, deux études de
cohorte), deux études néerlandaises (cas-témoins et cohorte) et
une étude américaine (cas-témoins).
Études en France
En France, dans l’étude cas-témoins PARTAGE réalisée parmi
les affiliés à la Mutualité sociale agricole (MSA) de cinq
départements (Charente-Maritime, Côte-d’Or, Gironde,
Haute-Vienne, Mayenne), les cas (taux d’acceptation = 83 %)
ont été identifiés à partir des bases de consommation de
médicaments et d’affection longue durée (ALD
n
o 16) (Moisan et coll.,
2015

). Le diagnostic de maladie de
Parkinson a été validé après un examen clinique par des
neurologues spécialisés dans les mouvements anormaux. Chaque
cas a été apparié à deux témoins tirés au sort parmi les
affiliés à la MSA (taux d’acceptation = 76 %). Un
questionnaire portant sur l’historique professionnel, la
description des exploitations agricoles et les tâches
effectuées a été renseigné et expertisé par un hygiéniste
industriel et un ingénieur agricole en aveugle du statut cas
ou témoin, ce qui a permis d’explorer trois classes de
pesticides (herbicides, fongicides, insecticides) et
différents types de cultures, mais pas de substances actives
spécifiques. Les analyses ont porté sur les hommes
agriculteurs (exploitants et salariés) ayant personnellement
épandu des pesticides (133 cas, 298 témoins) et seules les
expositions ayant eu lieu plus de 5 ans avant la survenue de
la maladie de Parkinson ont été prises en compte. Les
analyses ont été ajustées sur des facteurs de confusion et
sur un indicateur de la fonction cognitive car les moins
bonnes performances cognitives des cas par rapport aux
témoins auraient pu entraîner un biais de rappel. En prenant
pour référence les participants exposés peu de temps et avec
une faible intensité, l’association la plus forte était
retrouvée pour les personnes exposées aux pesticides
longtemps (> 37 ans) et avec une intensité élevée (nombre
moyen annuel d’applications ≥ 6,04 : OR = 3,08 ;
IC 95 % [1,51-6,27]). L’association était moins forte pour
les personnes exposées avec une intensité élevée mais
pendant peu de temps (OR = 1,47 ; IC 95 % [0,72-3,00]),
tandis qu’il n’existait pas d’association pour les personnes
exposées longtemps mais de manière peu intense (OR = 0,75 ;
IC 95 % [0,37-1,53], p-interaction = 0,04). Pour un
indicateur d’exposition cumulée (nombre d’applications tout
au long de la vie), l’association était plus marquée pour
les insecticides et les fongicides alors qu’elle était
absente pour les herbicides, et leurs effets étaient
indépendants, avec à nouveau un effet plus important pour
l’intensité que la durée. En matière de cultures, les cas
étaient plus souvent exposés aux pesticides que les témoins
dans des exploitations dont l’activité principale était la
viticulture ; il n’existait pas de différence pour les
autres types de cultures. Les cas de maladie de Parkinson
ont été classés en 4 sous-types (tremblement prédominant,
tremblement non prédominant, début précoce, indéterminé).
Les associations décrites dans l’ensemble étaient présentes
et renforcées pour le sous-groupe « tremblement
prédominant » qui correspond à la forme la plus classique de
maladie de Parkinson. Une des limites de cette étude est de
ne pas avoir inclus de femmes en raison de la difficulté à
évaluer l’exposition aux pesticides chez ces dernières. De
plus, il s’agissait de cas prévalents avec une durée moyenne
d’évolution de 6 ans au moment de l’étude ; des analyses
limitées aux cas ayant moins de 3 ans de durée d’évolution
retrouvaient des résultats similaires. Enfin, l’exposition
aux pesticides était évaluée d’après le rappel des
participants, ce qui a pu conduire à des erreurs de
classement sur l’exposition, notamment en raison des
troubles cognitifs plus fréquents chez les patients
parkinsoniens ; toutefois, l’ajustement sur un test cognitif
ou des analyses limitées aux patients ayant une durée
d’évolution plus courte aboutissaient aux mêmes
conclusions.
Toujours en France, une étude de cohorte réalisée à partir
des bases de données de l’Assurance maladie ne s’est pas
intéressée spécifiquement à l’exposition aux pesticides mais
a eu pour objectif de comparer l’incidence de la maladie de
Parkinson parmi les affiliés à la MSA à celle observée parmi
les affiliés aux autres régimes d’Assurance maladie afin de
déterminer s’il existait une sur-incidence de la maladie de
Parkinson parmi les agriculteurs français (Kab et coll.,
2017b

). Les cas de maladie de Parkinson
ont été identifiés à l’aide d’un algorithme qui reposait
principalement sur les profils de prescriptions de
médicaments antiparkinsoniens et qui avait été validé par
rapport à un examen neurologique avec de bonnes performances
(aire sous la courbe = 0,953) (Moisan et coll.,
2011

). L’incidence corrigée pour la
sensibilité (92,5 %) et spécificité (86,4 %) de l’algorithme
a été estimée en 2011-2012 parmi les affiliés à la MSA (dans
l’ensemble et en tenant compte du statut exploitant ou
salarié) et aux autres régimes de l’Assurance maladie âgés
de 55 ans et plus. Chaque année, environ 2 500 (75 %
exploitants, 25 % salariés) et 20 000 cas incidents de
maladie de Parkinson ont été identifiés parmi les affiliés à
la MSA et aux autres régimes d’Assurance maladie
respectivement. Après ajustement sur l’âge et le sexe,
l’incidence était 1,09 ; IC 95 % [1,05-1,13] fois plus
élevée à la MSA que dans les autres régimes ; cette
différence était attribuable aux exploitants (RR = 1,13 ;
IC 95 % [1,08-1,17]) tandis qu’il n’y avait pas de
différence significative pour les salariés (RR = 1,03 ;
IC 95 % [0,96-1,09]). En conséquence, l’incidence de la
maladie de Parkinson était plus élevée chez les exploitants
que chez les salariés (RR = 1,10 ; IC 95 % [1,02-1,18]). Ces
différences diminuaient un peu mais demeuraient
significatives après ajustement externe sur le tabagisme.
Ces résultats sont cohérents avec une méta-analyse montrant
une association entre le métier d’agriculteur et la maladie
de Parkinson (Pezzoli et Cereda,
2013

). La différence entre exploitants
et salariés est probablement expliquée par le fait que les
salariés affiliés à la MSA représentent un groupe
hétérogène, comprenant les ouvriers agricoles et d’autres
travailleurs peu exposés aux pesticides (employés
administratifs notamment). De plus, en France, dans le passé
et pour la majorité des cultures, les exploitants agricoles
étaient traditionnellement plus impliqués dans la
réalisation des traitements pesticides que les salariés
agricoles (Baldi et coll.,
2012

; Anses, 2016

). Même si l’exposition
professionnelle aux pesticides peut contribuer à expliquer
cette association, on ne peut exclure que d’autres facteurs
liés au mode de vie, au métier ou à l’environnement agricole
pourraient être impliqués. Les principales limites de cette
étude sont liées au manque d’informations sur des facteurs
de confusion et à l’imprécision de certaines informations.
Par exemple, les bases de données de l’Assurance maladie ne
contiennent pas d’informations sur le type d’activités
agricoles des exploitants, et il n’est pas possible de
distinguer parmi les salariés, les ouvriers agricoles des
employés administratifs.
La cohorte française AGRICAN a inclus, entre 2005 et 2007,
181 842 affiliés à la MSA âgés de plus de 18 ans, ayant
cotisé pendant au moins 3 ans et qui résidaient dans un des
11 départements couverts par un registre général ou
spécialisé de cancers. Les cas prévalents de maladie de
Parkinson (n = 1 732) ont été identifiés à l’inclusion
d’après l’auto-déclaration (diagnostic de maladie de
Parkinson par un médecin) de 82,4 % des participants
(n = 149 810) (Pouchieu et coll.,
2018

). L’historique professionnel a été
recueilli par auto-questionnaire, avec notamment une
description des cultures et élevages pour les agriculteurs
(dates, tâches réalisées, comprenant le traitement des
cultures et les tâches de ré-entrées) et des antécédents
d’intoxication aiguë par des pesticides. L’exposition aux
pesticides a été évaluée à l’aide de la matrice
culture-exposition PESTIMAT (Baldi et coll.,
2017

). Elle fournit des estimations de la probabilité,
fréquence et intensité d’exposition en fonction des
principales cultures depuis 1950 qui ont été établies à
partir de 5 sur 22 régions françaises (correspondant à 25 %
de la surface agricole utile totale). Les auteurs se sont
intéressés à certains pesticides évoqués dans la littérature
sur la maladie de Parkinson : fongicides dithiocarbamates
(cuprèbe, ferbame, cuprobame, mancopper, mancozèbe, manèbe,
métirame, propinèbe, thirame, zinèbe, zirame), herbicides
bipyridyles (diquat, paraquat) et un insecticide (roténone).
Les indicateurs d’exposition calculés n’ont pas tenu compte
de la date de début de la maladie de Parkinson, mais
seulement 5,2 % des cas avaient développé la maladie avant
60 ans (âge de la retraite). Les analyses ont été ajustées
sur les facteurs de confusion suivants : âge, sexe, niveau
d’études, tabagisme et consommation d’alcool. Les cas
avaient été plus souvent exposés que les autres participants
à pratiquement toutes les cultures et élevages, et un risque
augmenté de maladie de Parkinson a été retrouvé pour les
participants exposés aux pesticides pour toutes les cultures
sauf le tabac. Des analyses limitées aux salariés
retrouvaient des résultats similaires. Dans les analyses
considérant les matières actives une à une, une association
existait pour les 14 pesticides. Lorsque les analyses
étaient ajustées sur le fait d’avoir été exposé à au moins
un autre des pesticides (sans distinction), une association
significative existait uniquement pour le zinèbe (1,48
[1,06-2,07] et le zirame (1,42 [1,02-1,97]). Dans des
analyses prenant en compte la durée d’exposition, une
tendance significative existait pour 7 des 14 matières
actives ; lorsque les analyses étaient ajustées sur
l’exposition à au moins un autre pesticide (sans
distinction), la tendance était significative pour le
mancopper (p = 0,04), il n’existait pas de tendance pour le
zinèbe et le zirame ; aucun des
odds ratios pour le
tercile supérieur n’était statistiquement significatif, mais
l’
odds ratio était à la limite de la
significativité (1,63 [0,99-2,67]) pour le mancopper.
Études en Europe et aux
États-Unis
Aux Pays-Bas (van der Mark et coll.,
2014

), une étude cas-témoins
hospitalière a inclus des cas incidents de maladie de
Parkinson (n = 444) suivis dans 5 hôpitaux, qui ont été
appariés à deux témoins chacun (n = 876) ; les témoins
étaient recrutés dans les services de neurologie parmi les
patients suivis pour un syndrome du canal carpien, une
compression du nerf cubital, une hernie discale ou une
sciatique. Le taux d’acceptation était de 45 % chez les cas
et de 35 % chez les témoins. Les participants ont été
interrogés par téléphone sur leur historique professionnel
et l’application de pesticides (insecticides, fongicides,
herbicides ; oui/non ; dates de début et fin ; nombre de
jours de traitement par an ; méthode d’application ;
matériel de protection ; types de cultures dans la ferme –
au maximum 3). À partir de 1955, l’exposition aux pesticides
a été déterminée de trois manières différentes :
i) utilisation d’une matrice emploi-exposition
déterminant la probabilité d’exposition aux pesticides,
insecticides, fongicides et herbicides pour chaque métier ;
des indices cumulés ont été calculés en multipliant ces
probabilités par la durée du métier ;
ii) pour les
agriculteurs et jardiniers uniquement, adaptation d’un
algorithme développé par
l’Agricultural Health Study
déterminant la probabilité d’exposition aux insecticides,
herbicides et fongicides ; cet algorithme a l’avantage de
prendre en compte l’exposition pendant les tâches de
ré-entrée ;
iii) exposition à des substances
spécifiques grâce à une matrice culture-exposition
construite à partir de l’avis d’experts (probabilité et
fréquence d’exposition) (Brouwer et coll.,
2018

) ; les substances prises en compte
étaient déterminées a priori sur la base d’études
antérieures sur la maladie de Parkinson : insecticides
(dichlorvos, lindane, parathion, perméthrine), herbicides
(2,4-D, atrazine, dinosèbe, paraquat), fongicides (bénomyl,
manèbe). L’exposition aux endotoxines a été évaluée grâce à
une autre matrice emploi-exposition et n’était pas associée
avec la maladie de Parkinson. Bien que les cas aient eu plus
souvent des niveaux élevés d’exposition que les témoins, il
n’existait pas d’association significative entre
l’exposition aux pesticides, quelle que soit la famille, et
la maladie de Parkinson d’après les approches 1 et 2
d’estimation de l’exposition. Avec la troisième approche,
une association significative était présente pour la
catégorie d’exposition au bénomyl la plus élevée
(OR = 2,47 ; IC 95 % [1,05-5,78]) ; les
odds ratios
étaient élevés pour la catégorie d’exposition la plus haute
pour plusieurs autres pesticides, mais de manière non
significative (par exemple, perméthrine : OR = 1,60 ;
IC 95 % [0,60-4,30] ; 2,4-D : OR = 1,68 ;
IC 95 % [0,81-3,49]). Les analyses pour une matière active
ne tenaient pas compte de l’exposition aux autres matières
actives. Deux études précédentes avaient étudié le bénomyl,
un inhibiteur de l’enzyme aldéhyde déshydrogénase qui induit
des lésions des neurones dopaminergiques
in vitro et
in vivo ; dans l’
Agricultural Health Study
(Tanner et coll., 2011

), l’
odds ratio était de 1,9
(IC 95 % [0,7-5,0]) tandis qu’une étude californienne
retrouvait une association pour l’exposition
environnementale sur le lieu de travail mais pas au domicile
(Fitzmaurice et coll., 2013

). Les auteurs mentionnent que leur
analyse est limitée par le faible nombre de sujets exposés,
notamment aux pesticides sélectionnés pour la troisième
approche, ce qui conduit à une faible puissance statistique.
L’utilisation des matrices conduit à un risque de classement
non-différentiel, contribuant possiblement à diminuer des
associations potentielles. Le taux de participation
relativement faible est également une limite ; les auteurs
rapportent que les
odds ratios étaient généralement
plus élevés dans des analyses réalisées chez les sujets âgés
de moins de 70 ans chez qui le taux d’acceptation était plus
élevé (66 % chez les cas et 39 % chez les témoins). Le choix
de témoins hospitaliers représente également une limite que
les auteurs ont prise en compte en réalisant des analyses de
sensibilité qui excluaient successivement les témoins qui
avaient l’une des pathologies, avec des résultats
similaires.
Également aux Pays-Bas, une cohorte nationale de
58 279 hommes et 62 573 femmes (
Netherlands Cohort Study
on diet and cancer) âgés de 55 à 69 ans à
l’inclusion et suivis pendant 17,3 ans a permis d’identifier
402 hommes et 207 femmes dont le certificat de décès
comportait comme cause principale ou secondaire la maladie
de Parkinson (Brouwer et coll.,
2015

). L’exposition aux pesticides a
été déterminée grâce à une matrice emploi-exposition. Après
ajustement sur l’âge, le tabagisme, l’activité physique et
l’indice de masse corporelle, parmi les hommes, il existait
une augmentation non significative du risque de décès avec
maladie de Parkinson pour les personnes ayant été exposées
faiblement (22 cas exposés ; RR = 1,35 ;
IC 95 % [0,81-2,26]) ou plus fortement (42 cas exposés ;
RR = 1,27 ; IC 95 % [0,86-1,88]) aux pesticides. Les risques
relatifs observés sont de l’ordre de celui estimé par une
méta-analyse des études de cohorte (RR = 1,39) (van der Mark
et coll., 2012

). Après prise en compte de la
durée d’exposition, il existait une association
significative pour le premier tercile, mais pas pour le
deuxième et le troisième, et le test de tendance n’était pas
statistiquement significatif (p = 0,44) ; l’association avec
le premier tercile était principalement expliquée par une
association significative avec l’exposition aux insecticides
dans cette catégorie. Le nombre de femmes exposées était
insuffisant pour ces analyses. Cette étude définit la
maladie de Parkinson à partir des certificats de décès, ce
qui conduit à sous-estimer le nombre de cas. En effet, le
diagnostic de maladie de Parkinson serait indiqué sur les
certificats de décès pour environ 50 % des patients
parkinsoniens (Paulson et Gill,
1995

; Goldacre et coll.,
2010

; Benito-León et coll.,
2014

). D’après les auteurs, le défaut de sensibilité de la
méthode d’identification des cas conduit à diminuer la
puissance statistique pour détecter une association.
L’utilisation d’une matrice emploi-exposition, même si elle
a des avantages, conduit également à des erreurs de
classement, probablement non différentielles, et à diminuer
la force d’une association potentielle.
En Californie, l’étude cas-témoins qui a été la première à
identifier une association entre l’exposition
environnementale aux pesticides et la maladie de Parkinson
(Costello et coll., 2009

; Wang et coll.,
2011

) s’est aussi intéressée au rôle de
l’exposition professionnelle aux pesticides (Narayan et
coll., 2017

). Les investigateurs ont recueilli
l’historique professionnel de 360 cas (ayant trois ans ou
moins de durée d’évolution et dont le diagnostic a été
confirmé après examen clinique par un neurologue) et
827 témoins ; il incluait notamment l’utilisation de
pesticides dans le cadre professionnel, le type
(insecticides, herbicides, fongicides) et le nom commercial
des produits, leur cible (culture, élevage), les tâches
effectuées et l’utilisation d’équipements de protection.
L’exposition environnementale au domicile ou sur le lieu de
travail à 4 familles de pesticides (organochlorés,
organophosphorés, dithiocarbamates, paraquat) (Costello et
coll., 2009

; Wang et coll.,
2011

) et l’exposition domestique (à
domicile, jardinage) (Narayan et coll.,
2013

) ont été prises en compte dans les
analyses, de même que l’âge, le sexe, le tabagisme, le
niveau d’études et l’origine ethnique. Il existait une
association avec l’exposition professionnelle aux pesticides
pendant plus de 10 ans (OR = 1,69 ; IC 95 % [1,01-2,83]) ;
cette association était plus forte pour les herbicides
(OR = 2,07 ; IC 95 % [1,12-3,85]) que pour les insecticides
(OR = 1,45 ; IC 95 % [0,79-2,65]) et fongicides (OR = 1,46 ;
IC 95 % [0,66-3,23]). Parmi trois catégories de pesticides
sélectionnés a priori, les auteurs ont retrouvé une
association pour les carbamates (OR = 3,15 ;
IC 95 % [1,07-9,25]), mais pas pour les insecticides
organochlorés (OR = 1,17 ; IC 95 % [0,51-2,68]) ou
organophosphorés (OR = 1,01 ; IC 95 % [0,52-1,95]) ;
toutefois, très peu de sujets étaient exposés à ces produits
(2,8 à 4,4 % des cas et 0,7 à 3,8 % des témoins) et les
analyses n’étaient pas ajustées sur l’utilisation d’autres
pesticides. Par rapport aux personnes non exposées
professionnellement aux pesticides, les personnes exposées
qui n’utilisaient pas d’équipement de protection (gants,
masques, combinaisons) avaient un risque de maladie de
Parkinson modérément élevé (OR = 1,33 ;
IC 95 % [0,80-2,21]), ainsi que celles qui en utilisaient
parfois (OR = 1,40 ; IC 95 % [0,79-2,45]) et celles qui en
utilisaient toujours un risque plus élevé (OR = 2,21 ;
IC 95 % [1,14-4,30]). Ces résultats ne sont pas cohérents
avec ceux de deux autres études sur la maladie de Parkinson
qui retrouvaient un effet protecteur (Furlong et coll.,
2015

) ou pas d’effet (Hancock et coll.,
2008

). L’une des limites de cette étude
est liée à l’évaluation de l’exposition aux pesticides qui
reposait sur le rappel des participants. Une autre limite
est que le taux de participation des témoins (38 %) était
considérablement inférieur à celui des cas (79 %).
Exposition
environnementale
L’expertise collective de 2013 avait pointé le manque d’études
sur le rôle de l’exposition non professionnelle aux pesticides
et depuis, huit études ont été réalisées (cas-témoins et
écologiques).
En 2013, seules les études cas-témoins à partir du registre de
ventes de pesticides en Californie étaient disponibles (Costello
et coll., 2009

; Wang et coll.,
2011

). L’exposition environnementale aux pesticides était évaluée
en combinant les lieux de résidence et de travail avec un
registre de ventes de pesticides, grâce à un système
d’information géographique (région de l’étude
Central Valley
of California). Les cas et témoins étaient considérés
exposés si des traitements pesticides étaient réalisés dans un
rayon de 500 mètres autour du lieu d’habitation. Les
participants (368 cas, 341 témoins) exposés à la fois au
paraquat (herbicide) et au manèbe (fongicide) avaient un risque
1,75 fois plus élevé de maladie de Parkinson par rapport aux
participants non exposés, tandis qu’il n’existait pas
d’association en cas d’exposition à un seul des deux produits
(Costello et coll., 2009

). Dans une autre étude, prenant en
compte l’exposition autour du lieu d’habitation et du lieu de
travail, les mêmes auteurs ont rapporté une association entre la
maladie de Parkinson et la co-exposition au paraquat, manèbe et
zirame (362 cas, 341 témoins), avec une association plus forte
pour les expositions à proximité du lieu de travail que pour
celles à proximité du domicile (Wang et coll.,
2011

).
D’autres pesticides ont été examinés depuis par les mêmes
auteurs. Dans une étude cas-témoins spécifique sur les
insecticides organophosphorés (357 cas, 752 témoins) (Wang et
coll., 2014

), 36 organophosphorés ont été considérés individuellement. Il
existait une association positive entre l’exposition et la
maladie de Parkinson pour 26 d’entre eux (10 n’ont pas été
inclus dans l’analyse car trop peu de participants avaient été
exposés) après ajustement sur l’exposition aux organochlorés,
aux dithiocarbamates et au paraquat. Les auteurs ont classé les
organophosphorés dans différents groupes non exclusifs selon
leurs mécanismes d’action (inhibiteurs de
l’acétylcholinestérase, toxicité aiguë importante, tératogènes,
perturbateurs endocriniens, carcinogènes, perturbation de la
fonction mitochondriale), et il existait une augmentation du
risque de maladie de Parkinson pour tous les groupes, ce qui
conduit les auteurs à conclure que les mécanismes qui
expliqueraient l’association entre l’exposition à ces composés
et la maladie de Parkinson demeurent inconnus.
Dans une autre étude, les auteurs ont mené des analyses en
sélectionnant les pesticides en fonction de leur capacité à
inhiber l’aldéhyde déshydrogénase, car cette enzyme détoxifie le
métabolite de la dopamine 3,4-dihydroxyphénylacétaldéhyde
(DOPAL) et son inhibition pourrait être impliquée dans la perte
des neurones dopaminergiques (Fitzmaurice et coll.,
2014

). Ils ont développé un test pour identifier les pesticides
inhibant l’aldéhyde déshydrogénase et ont testé 26 pesticides
qui reflètent l’étendue des structures chimiques des pesticides
disponibles dans le registre de ventes de pesticides californien
à une concentration de 10 µM. L’activité de l’aldéhyde
déshydrogénase a été étudiée dans des suspensions de neurones de
la
substantia nigra de rats nouveau-nés, en présence et
en absence des pesticides. Parmi les 26 pesticides testés,
11 pesticides, appartenant aux classes chimiques suivantes,
inhibaient l’aldéhyde déshydrogénase : ferbame, mancozèbe,
manèbe, thirame, zinèbe, zirame (dithiocarbamates), bénomyl,
triflumizole (imidazoles), captane, folpel (dicarboximide),
dieldrine (organochlorés) ; les autres n’avaient pas d’effet :
métam-sodium (dithiocarbamate), thiophanate-méthyl (imidazole),
vinclozoline (dicarboximide), endosulfan (organochloré),
aldicarbe, méthomyl (carbamates), chlorpyrifos, diméthoate,
méthidathion, parathion, phorate (organophosphorés), atrazine,
cyanazine (triazines), paraquat (bipyridiles), propargite. Parmi
ces 11 pesticides, suffisamment de sujets étaient exposés à leur
domicile ou lieu de travail pour 8 d’entre eux : bénomyl,
captane, dieldrine, mancozèbe, manèbe, triflumizole, zinèbe,
zirame. Dans les analyses suivantes, le groupe de référence
était constitué des personnes qui n’étaient exposées à aucun des
11 pesticides et les analyses étaient ajustées sur l’âge, le
sexe, le tabagisme et l’origine ethnique. Il existait une
élévation du risque de maladie de Parkinson pour les
participants exposés à ces pesticides à la fois à leur domicile
et sur leur lieu de travail, qui était significative pour
4 d’entre eux (dieldrine, mancozèbe, manèbe, zirame). Les
odds ratios étaient généralement plus faibles pour
l’exposition au domicile ou sur le lieu de travail seule ; il
existait néanmoins une association pour le bénomyl sur le lieu
de travail, la dieldrine au domicile et sur le lieu de travail,
le mancozèbe, manèbe et zirame sur le lieu de travail. Des
analyses multi-ajustées prenant en compte plusieurs pesticides
n’ont pas été conduites et il est donc difficile de conclure
quant à leur rôle individuel. Les auteurs, compte tenu de la
corrélation entre ces pesticides, ont défini des indicateurs
d’exposition à plusieurs d’entre eux et l’association la plus
forte correspondait à l’exposition à au moins 3 pesticides à la
fois au domicile et sur le lieu de travail (OR = 3,54,
IC 95 % [1,51-8,30]). Les auteurs ont ensuite examiné le rôle
modificateur du gène mitochondrial
ALDH2 et ont montré
que l’association avec les pesticides inhibiteurs de l’aldéhyde
déshydrogénase était limitée aux porteurs d’un haplotype
particulier dont la fonctionnalité n’est pas connue.
Quelques études, ayant employé d’autres méthodologies de mesure
de l’exposition, ont été publiées dans différents pays
permettant d’apporter des éléments d’information
complémentaires.
En France, une étude écologique a été réalisée en combinant les
données de l’Assurance maladie, permettant d’estimer l’incidence
cantonale de la maladie de Parkinson grâce à l’algorithme décrit
plus haut (Moisan et coll.,
2011

), et les données du recensement agricole de 1988, permettant
de caractériser le type d’agriculture des cantons (Kab et coll.,
2017a

). Elle repose sur 69 010 cas incidents de maladie de
Parkinson en France métropolitaine (2010-2012) ; parmi
l’ensemble des cas, 53 745 étaient âgés de plus de 50 ans et
affiliés au régime général de l’Assurance maladie. L’incidence
de la maladie de Parkinson augmentait progressivement avec la
proportion de la surface des cantons allouée à l’agriculture.
Après correction pour les tests multiples, ajustement sur l’âge,
le sexe, la densité de neurologues, un indice de défavorisation
et la prévalence du tabagisme, et en tenant compte de 18 types
d’activités agricoles (13 cultures, 5 élevages), l’association
la plus forte a été observée pour les cantons avec les
proportions de terres agricoles dédiées à la viticulture les
plus élevées, où l’incidence de la maladie était supérieure de
10 % à celle des cantons sans viticulture (RR = 1,10 ;
IC 95 % [1,05-1,16]). Des résultats similaires étaient observés
parmi les affiliés du régime général (c’est-à-dire dans des
analyses n’incluant pas les affiliés à la MSA), notamment pour
la viticulture (RR = 1,13 ; IC 95 % [1,07-1,19]). Une autre
approche a consisté à définir des clusters de cantons ayant des
caractéristiques agricoles similaires ; 6 clusters ont été
identifiés. L’incidence de la maladie de Parkinson était
significativement plus élevée dans le cluster caractérisé par
une forte densité de viticulture, le seul dont le taux
standardisé d’incidence était au-dessus de la moyenne nationale.
La principale limite de cette étude est l’approche écologique.
Toutefois, les cantons représentent une unité géographique de
relativement petite taille avec un nombre de cas suffisant et
les analyses étaient ajustées sur un certain nombre de facteurs
de confusion. Une autre limite est l’estimation de l’incidence
en fonction des cantons de résidence au moment du diagnostic.
Pour que la migration explique ces résultats, il faudrait que
les cas de maladie de Parkinson aient plus souvent déménagé dans
des régions rurales ou viticoles que des personnes non malades
et cela avant le début de la maladie puisque les analyses
reposent sur l’incidence. S’il n’existait pas de différence de
migration entre les patients et les sujets indemnes, la
migration induirait un biais de classement non différentiel et
conduirait théoriquement à sous-estimer les associations. Enfin,
dans des analyses de sensibilité, les cas incidents ayant
déménagé dans les cinq ans précédant le diagnostic étaient
exclus, avec des résultats similaires.
Afin d’évaluer l’association entre l’exposition environnementale
aux pesticides et la maladie de Parkinson, les auteurs de
l’étude cas-témoins hospitalière menée aux Pays-Bas décrite plus
haut (van der Mark et coll.,
2014

)
ont utilisé un modèle spatio-temporel construit en combinant des
données d’occupation du sol (1961-2010 ; grille de
25 x 25 mètres) et des probabilités d’exposition aux pesticides
pour chaque culture estimées par des experts (Brouwer et coll.,
2017

) ; les données d’occupation du sol étaient plus complètes à
partir de 1990. La surface potentiellement traitée par
pesticides dans un cercle de 100 mètres de rayon ayant pour
centre le domicile des participants a permis d’estimer
l’exposition environnementale, en lien avec la proximité
résidentielle aux zones d’épandage agricole, à 157 pesticides
utilisés aux Pays-Bas depuis 1961. Les indicateurs d’exposition
générés (oui/non, exposition cumulée exprimée en
hectares-années) tenaient compte des déménagements. Les analyses
reposent sur des indicateurs calculés pour les cas jusqu’à la
date de diagnostic et pour les témoins jusqu’à la date de
diagnostic du cas apparié ; un délai de latence de 5, 10 ou
15 ans a été pris en compte dans des analyses de sensibilité.
Les participants exposés aux pesticides dans le cadre de leur
profession étaient exclus et les analyses reposaient sur 352 cas
et 607 témoins. Après ajustement sur des facteurs de confusion,
il n’existait pas d’association entre l’exposition
environnementale aux 4 pesticides sélectionnés a priori compte
tenu des résultats d’études précédentes (paraquat, manèbe,
lindane, bénomyl). Après prise en compte d’un délai de latence
de 10 ou 15 ans, l’association devenait significative pour le
tercile supérieur d’exposition au paraquat (OR = 1,53 ;
IC 95 % [1,00-2,33] et OR = 1,60 ; IC 95 % [1,05-2,44],
respectivement) ; les auteurs précisent néanmoins qu’il existe
une forte corrélation entre l’utilisation de paraquat et de
manèbe, et que l’exposition au paraquat pourrait en fait
refléter une exposition combinée aux deux produits. Dans des
analyses limitées aux données d’exposition générées après 1990,
il existait une association pour l’exposition au lindane avec
une relation dose-effet positive (OR = 1,95 ;
IC 95 % [1,07-3,56]). Parmi les 153 pesticides restants (sans
correction pour des tests multiples), les auteurs ont identifié
une augmentation du risque de maladie de Parkinson pour
21 d’entre eux : 7 fongicides (anilazine, carbendazime,
cymoxanil, fenpropimorphe, pencycuron, prochloraz et
triadiménol), 10 herbicides (chlorotoluron, dinoterbe,
fluazifop, fluroxypyr, isoproturon, MCPA, mécoprop,
métobromuron, métribuzine et monolinuron), 3 insecticides
(1,3-dichloropropène, metam-sodium et oxamyl), 1 régulateur de
croissance (chlorméquat). Il s’agissait principalement de
pesticides utilisés pour les céréales et les pommes de terre.
Les associations étaient généralement plus fortes pour des
expositions entre 0 et 50 mètres du domicile que pour celles
entre 50 et 100 mètres. Les indicateurs d’exposition à ces
21 pesticides étaient fortement corrélés, ce qui n’a pas permis
de distinguer leur effet individuel. Lorsque l’exposition aux
types de cultures plutôt qu’aux pesticides était considérée, il
existait une association pour la culture de bulbes à une
distance de 100 à 500 mètres du domicile uniquement. Même si le
modèle permettant d’évaluer l’exposition environnementale aux
pesticides que les auteurs ont utilisé a des avantages,
notamment le fait de ne pas reposer sur la déclaration des
participants mais sur leur historique résidentiel, les
expositions ont uniquement été définies au domicile des
participants et pas à leur lieu de travail, ce qui pourrait
conduire à des erreurs de classement non différentielles. Il
conduit à des indicateurs d’exposition fortement corrélés, qui
ne permettent pas d’étudier le rôle des pesticides
individuellement mais les auteurs soulignent que l’analyse des
153 pesticides non sélectionnés a priori est génératrice
d’hypothèses. Enfin, il s’agit d’une étude cas-témoins
hospitalière et pas en population générale avec un taux
d’acceptation relativement faible.
Dans l’État du Colorado aux États-Unis, les données de Medicare
de 2007 ont été utilisées pour identifier 4 207 cas de maladie
de Parkinson parmi 332 971 bénéficiaires âgés de plus de 65 ans
et estimer les taux de prévalence au niveau du code ZIP (James
et Hall, 2015

). Les concentrations de pesticides
dans les eaux souterraines au lieu de résidence ont été estimées
grâce à un modèle spatial à partir de dosages de pesticides
(atrazine, simazine, alachlore, métolachlore) dans
286 prélèvements d’eau réalisés entre 2000 et 2007. Après
ajustement sur l’âge, le sexe et l’origine ethnique, la
prévalence de la maladie de Parkinson augmentait de 3 %
(OR = 1,03 ; IC 95 % [1,02-1,04]) pour une augmentation de
10 µg/l de pesticides dans les eaux souterraines. Cette étude
montre donc une relation entre l’importance de la contamination
des eaux souterraines par les pesticides et la prévalence de la
maladie de Parkinson, mais ne permet pas de suggérer un rôle
causal des pesticides mesurés compte tenu de l’estimation de
l’exposition. En effet, seuls quatre pesticides traceurs ont été
mesurés et des facteurs de confusion comme le tabagisme n’ont
pas été pris en compte. De plus, l’identification des cas de
maladie de Parkinson dans des bases médico-administratives avec
un algorithme très simple dont la validité n’est pas connue
expose à un risque d’erreur de classement sur le diagnostic ; la
prévalence qu’ils retrouvent est d’ailleurs plus faible
qu’attendue aux États-Unis et des algorithmes plus précis ont
été publiés récemment pour l’identification des cas de maladie
de Parkinson dans les données Medicare (Ton et coll.,
2014

; Searles Nielsen et coll.,
2017

). De plus, s’agissant de cas prévalents de maladie de
Parkinson, un biais de survie et la migration pourraient
influencer les résultats ; les auteurs précisent néanmoins que
les personnes de la tranche d’âge étudiée et vivant en zone
rurale ont peu migré sur cette période dans le Colorado. Enfin,
les concentrations des pesticides ont été estimées entre 2000 et
2007, soit après le début de la maladie pour de nombreux cas ;
les auteurs précisent qu’elles ont eu tendance à diminuer par
rapport à des périodes plus anciennes.
Dans l’État de Washington, également aux États-Unis, une étude a
estimé la relation entre l’exposition aux pesticides au domicile
et la mortalité prématurée par la maladie de Parkinson (définie
comme survenant avant 75 ans) entre 2011 et 2015. Les auteurs
ont combiné des données géospatiales d’utilisation des sols et
des données d’application de pesticides obtenues par enquête
auprès d’agriculteurs (2011-2015) pour définir une matrice
culture-exposition (Caballero et coll.,
2018

). Les personnes habitant au moment du décès à moins de
1 000 mètres d’un terrain traité par pesticides étaient
considérées exposées. Les auteurs ont sélectionné 4 pesticides :
glyphosate, diazinon, atrazine, paraquat. Les analyses ont été
ajustées sur le sexe, l’origine ethnique, le statut marital et
le niveau d’éducation. Les expositions des décès précoces
(≤ 74 ans, n = 659) ont été comparées à celles des décès tardifs
(≥ 75 ans, n = 3 932). Aucune association significative n’a été
mise en évidence entre l’exposition aux pesticides (tous types
confondus) et la mortalité prématurée par maladie de Parkinson
(OR = 1,19 ; IC 95 % [0,98-1,44]). L’association était
significative pour l’exposition résidentielle au glyphosate
(RR = 1,33 ; IC 95 % [1,06-1,67]) mais pas pour l’atrazine
(OR = 1,21 ; IC 95 % [0,84-1,74]), le diazinon (OR = 1,07 ;
IC 95 % [0,85-1,34]) ou le paraquat (OR = 1,22 ;
IC 95 % [0,99-1,51]) ; des modèles multivariés tenant compte de
l’exposition à plusieurs pesticides n’ont pas été réalisés.
Comme cela est mentionné plus haut, la principale limite de
cette étude est le recours aux certificats de décès pour
identifier les cas de maladie de Parkinson, car on sait que le
diagnostic de maladie de Parkinson est indiqué sur les
certificats de décès pour environ 50 % des patients
parkinsoniens qui décèdent (Paulson et Gill,
1995

; Goldacre et coll., 2010

; Benito-León et coll.,
2014

).
De plus, la comparaison des taux de décès par âge nécessiterait
de prendre en compte des facteurs de confusion dont la fréquence
a considérablement changé au cours du temps, comme le tabagisme
ou l’activité physique. Enfin, seuls 4 pesticides ont été
sélectionnés sans que le choix des auteurs ne soit explicité. Il
n’est pas possible de conclure quant au rôle spécifique de l’un
des pesticides évalués puisqu’il pourrait agir comme marqueur
d’une exposition à d’autres produits.
Dans l’État américain du Nebraska, un registre sur la maladie de
Parkinson existe et a permis d’identifier 6 557 cas incidents
entre 1997 et 2008 et de réaliser une analyse écologique (Wan et
Lin, 2016

). L’occupation du sol de 19 cultures agricoles a été
déterminée à partir d’images satellites (2005) et les
5 majoritaires dans cet État ont été retenues. L’utilisation de
pesticides pour chaque culture a été déterminée à partir de
plusieurs types de sources, incluant des données publiques
(
US Geological Survey, National Center for Food and
Agricultural Policy) et des enquêtes auprès
d’agriculteurs. Vingt pesticides (15 herbicides, 5 insecticides
dont 2 carbamates et 3 organophosphorés), pour lesquels les
données étaient considérées suffisamment complètes par les
auteurs, ont été retenus pour les analyses. Un système
d’information géographique a été utilisé pour ensuite déterminer
la distribution spatiale de l’exposition à ces pesticides. Après
ajustement sur l’âge, l’incidence de la maladie de Parkinson
dans les comtés de l’État n’était pas associée à l’exposition
aux pesticides. Toutefois, après exclusion du groupe de
référence des comtés qui présentaient l’incidence la plus élevée
de maladie de Parkinson et étaient caractérisés par une faible
exposition aux pesticides, l’incidence était plus élevée dans
les comtés fortement exposés à l’atrazine, bromoxynil,
alachlore, métribuzine et glyphosate. Dans un modèle
multi-ajusté qui prenait en compte les cinq produits et la
densité des cultures, seul l’alachlore était significatif.
L’analyse écologique au niveau des comtés, qui sont des unités
géographiques de relativement grande taille, et l’absence
d’ajustement sur des facteurs de confusion autre que l’âge, sont
des limites de cette étude. Les relations mises en évidence
n’apparaissaient qu’après exclusion a posteriori des comtés qui
présentaient l’incidence la plus élevée et qui d’après les
auteurs sont des comtés caractérisés par une forte présence
d’élevage mais pas d’autres cultures. Toutefois, l’incidence
élevée dans ces comtés demeure inexpliquée.
Dans une étude écologique israélienne dans la région de Néguev
(139 localités), les cas de maladie de Parkinson affiliés à un
régime d’assurance maladie (
Clalit Health Services) qui
couvre environ 70 % des habitants ont été identifiés entre 2000
et 2012 (Yitshak Sade et coll.,
2015

). Les caractéristiques des affiliés à ce régime d’assurance
maladie sont similaires à celles des affiliés à trois autres
régimes couvrant les 30 % restants de la population, à
l’exception de leur âge plus élevé. Les cas ont été identifiés à
l’aide d’un algorithme reposant sur les achats de médicaments
antiparkinsoniens qui a été validé par rapport à un examen
clinique (Chillag-Talmor et coll.,
2011

). L’occupation du sol a été déterminée à partir de
statistiques de l’État d’Israël (terres agricoles, terres
désertes, habitat, zones industrielles). Les taux d’incidence et
de prévalence de maladie de Parkinson, ajustés sur l’âge
(≤ 65 ans, > 65 ans) et le pourcentage d’hommes, ont été
calculés pour 4 types de localités. Les taux standardisés
d’incidence étaient plus élevés en médiane dans les localités
définies comme « juives rurales » par rapport aux localités
« juives urbaines », « bédouines temporaires » ou « bédouines
permanentes » et les analyses ont été limitées à ces localités
par la suite. Les taux standardisés d’incidence étaient plus
élevés dans les localités « juives rurales » à proximité de
terres agricoles. La nature écologique de l’analyse et l’absence
de prise en compte de facteurs de confusion, de même que
l’ajustement peu précis sur l’âge en deux classes, représentent
des limites de l’étude. De plus, les auteurs ne disposaient pas
d’un historique résidentiel et n’ont pas pu prendre en compte
d’éventuels déménagements.
Honolulu-Asia aging study (Hawaii,
États-Unis)
Un paragraphe indépendant est consacré à l’étude de cohorte
Honolulu-Asia aging study car il s’agit d’un
contexte spécifique, avec une exposition importante à un
produit, l’heptachlore, utilisé pour les cultures d’ananas à
Hawaii. De plus, c’est l’une des premières à avoir identifié
des cas incidents de maladie de Parkinson et à avoir mis en
évidence l’importance des signes pré-moteurs (Ross et coll.,
2012

).
Il s’agit d’une étude de cohorte ayant recruté, en 1965,
8 006 hommes d’origine japonaise âgés entre 45 et 68 ans,
vivant sur l’île de Oahu, Hawaii, et chez qui le diagnostic
de maladie de Parkinson au cours du suivi a été validé par
examen neurologique. Dans des analyses antérieures au sein
de cette cohorte, les auteurs avaient montré que le risque
de maladie de Parkinson était augmenté chez les hommes ayant
travaillé dans une plantation (canne-à-sucre, ananas), avec
une relation dose-effet pour la durée ; il existait une
élévation du risque, mais non significative, pour
l’exposition aux pesticides (professionnelle ou domestique)
auto-rapportée (Petrovitch et coll.,
2002

). Comme dans d’autres études de
cohorte sur la maladie de Parkinson (Jiang et coll.,
2014

), il existe dans cette étude une
association positive entre la consommation de lait,
indépendante de l’apport en calcium, et l’incidence de la
maladie (Park et coll.,
2005

). L’une des explications possibles
pourrait être la contamination du lait par des substances
neurotoxiques. En étudiant les cerveaux de 449 hommes
décédés entre 1992 et 2004, ces auteurs ont mis en évidence
une relation inverse entre la consommation de lait
journalière (> à 450 ml/j) entre 1965 et 1968 et la densité
des neurones dans la
substantia nigra, uniquement
chez les non-fumeurs, y compris après exclusion des patients
parkinsoniens ; il n’existait pas d’association chez les
fumeurs (Abbott et coll.,
2016

). De plus, il existait une corrélation positive entre la
consommation de lait et la présence de résidus
d’heptachlore, un insecticide organochloré. Après la Seconde
Guerre mondiale et jusqu’à son interdiction en 1988,
l’heptachlore a été utilisé à Hawaii en grande quantité pour
la culture des ananas. Un épisode de contamination du lait
distribué sur l’île par un de ses métabolites, l’heptachlore
époxyde, a été rapporté en 1982 ; il avait été attribué à
l’inclusion de feuilles d’ananas traitées par heptachlore
dans l’alimentation des vaches. De plus, le sol volcanique
de Hawaii est poreux et faciliterait la contamination par
les pesticides des eaux souterraines. Ces auteurs ont
ensuite étudié la relation entre la détection de
15 insecticides organochlorés dans le lobe occipital du
cerveau des participants décédés (mesures effectuées par
chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse sur
705 cerveaux) et la présence de corps de Lewy dans plusieurs
régions du cerveau (Ross et coll.,
2019

). Environ un quart des cerveaux
présentaient des corps de Lewy, et leur prévalence était
près de deux fois plus importante pour les échantillons avec
des niveaux détectables d’heptachlore époxyde,
d’hexachlorobenzène et de α-chlordane. Cette association
demeurait significative uniquement pour l’heptachlore
époxyde dans un modèle multivarié et après exclusion des cas
de maladie de Parkinson ou de démence à corps de Lewy.
L’heptachlore était détecté dans 57 % des cerveaux. Il fait
partie de la même famille que la dieldrine (cyclodiènes) qui
a souvent été prise comme modèle pour les études
toxicologiques dans la maladie de Parkinson (Kitazawa et
coll., 2001

; Kitazawa et coll.,
2003

; Kanthasamy et coll.,
2005

; Sun et coll.,
2005

; Hatcher et coll.,
2008

). Bien que seul l’heptachlore
demeure significatif dans l’analyse multi-ajustée, les
auteurs n’éliminent pas qu’il puisse exister une association
également pour d’autres organochlorés, notamment
l’hexachlorobenzène ou le α-chlordane car très peu de sujets
étaient uniquement exposés à seulement l’un d’entre eux en
raison des expositions corrélées.
Conclusion
Les études publiées depuis la précédente expertise collective Inserm
de 2013 confirment l’existence d’une association entre l’exposition
professionnelle aux pesticides et la maladie de Parkinson. Quelques
études ont mis en évidence des relations dose-effet, notamment en
fonction de la durée d’évolution, mais au moins une étude a montré
l’importance de prendre en compte l’intensité de l’exposition. Il
reste difficile de mettre en évidence le rôle de produits ou de
familles de produits spécifiques. Plusieurs études ont néanmoins
identifié avec des approches différentes les insecticides
organochlorés comme étant associés à la maladie de Parkinson et les
résultats des travaux réalisés à Hawaii sont en faveur du rôle de
l’exposition aux insecticides organochlorés dans les mécanismes qui
conduisent à la maladie de Parkinson. Les autres études dont on
dispose se sont intéressées souvent à des matières actives
différentes, et donc ne se recoupent que partiellement, et les
analyses statistiques ne prennent pas toujours bien en compte la
question des expositions corrélées à plusieurs produits. Néanmoins,
hormis les autres substances déjà identifiées en 2013 (paraquat,
roténone, dieldrine), deux nouvelles méta-analyses récentes
confirment le lien avec le paraquat et les nouvelles études évoquent
des associations avec les familles ou matières actives suivantes :
insecticides organophosphorés, fongicides dithiocarbamates
(mancozèbe, manèbe, zinèbe, zirame, mancopper) et carbamates
(bénomyl). Ces associations avec des substances actives méritent
d’être confirmées par des études complémentaires notamment pour
mieux prendre en compte la question des corrélations entre
produits.
Même si l’exposition environnementale aux pesticides est
vraisemblablement plus faible que l’exposition professionnelle, le
nombre de personnes concernées est plus important. Par rapport à la
précédente expertise collective, le nombre d’études sur le rôle de
l’exposition environnementale a augmenté. Plusieurs études,
réalisées dans des pays différents, tendent à retrouver des
arguments en faveur d’une augmentation du risque de maladie de
Parkinson en relation avec l’exposition environnementale aux
pesticides (résidence dans des régions agricoles ou à forte densité
d’un type de culture) ou l’habitat ou lieu de travail à proximité de
terrains agricoles traités. Toutefois, il s’agit souvent d’études
écologiques avec des indicateurs d’exposition peu précis et des
études complémentaires, idéalement à partir de données
individuelles, sont encore nécessaires.
Enfin, on remarque qu’aucune étude épidémiologique n’a abordé le rôle
des expositions précoces aux pesticides, que cela soit pendant la
grossesse ou dans l’enfance, en raison de difficultés
méthodologiques liées à l’âge tardif de la survenue de la
maladie.
Tableau 7.I Résultats des principales méta-analyses publiées
depuis la précédente expertise collective de
2013
Référence
|
Nombre total d’études et type
d’études
|
Exposition aux pesticides ou population
exposée
|
Nombre d’études
|
Effet Taille d’effet, RR ou OR [IC
95 %]
|
Hétérogénéité I2
|
Allen et Levy,
2013
|
1 cohorte, 28 cas-témoins
|
Population totale
|
29
|
1,42 [1,32-1,52]
|
74,0 % p = 0,001
|
| |
Population professionnelle
|
20
|
1,49 [1,34, 1,66]
|
40,0 % p = 0,02
|
| |
Population résidentielle
(domicile)
|
6
|
1,34 [1,09, 1,65]
|
27,0 % p = 0,85
|
Pezzoli et Cereda,
2013
|
6 études prospectives et
83 cas-témoins
|
Pesticides
|
51
|
1,76 [1,56-2,04]
|
67,3 %
|
| |
Herbicides
|
19
|
1,33 [1,08-1,65]
|
55,0 % p = 0,805
|
| |
Insecticides
|
18
|
1,53 [1,12-2,08]
|
78,8 % p = 0,245
|
| |
Fongicides
|
12
|
0,97 [0,69-1,38
|
35,4 % p = 0,597
|
| |
Organochlorés
|
5
|
1,39 [0,77-2,50]
|
60,6 %
|
| |
Organophosphorés
|
7
|
1,27 [0,82-1,98]
|
68,9 %
|
| |
Paraquat
|
7
|
2,19 [1,48-3,26]
|
51,1 % p = 0,003
|
| |
Manèbe/mancozèbe
|
4
|
1,49 [0,85-2,63]
|
13,8 %
|
| |
DDT
|
5
|
1,03 [0,80-1,34]
|
0,0 %
|
Breckenridge et coll.,
2016
|
105 études dont la majorité sont des
études cas-témoins
|
Utilisation versus
non-utilisation
| | | |
| |
Pesticides
|
49
|
1,56 [1,37-1,77]
|
77,4 % p < 0,0001
|
| |
Herbicides
|
18
|
1,20 [1,00-1,43]
|
41,2 % p = 0,0352
|
| |
Fongicides
|
10
|
0,96 [0,74-1,25]
|
12,8 % p = 0,3256
|
| |
Insecticide
|
17
|
1,46 [1,01-2,11]
|
81,0 % p < 0,0001
|
| |
Paraquat
|
13
|
1,69 [1,44-1,98]
|
69,9 % p = 0,0001
|
Ahmed et coll.,
2017
|
64 études cas-témoins
|
Pesticides
| |
1,46 [1,21-1,77]
|
74 % p < 0,01
|
Gunnarsson et Bodin,
2017
|
23 études (15 cas-témoins et 8
registres/cohorte avec haut standard de
qualité)
|
Exposition professionnelle
|
23
|
1,67 [1,42-1,97]
|
75,0 %, p < 0,001
|
Yan et coll.,
2018
|
2 études de cohortes et
8 cas-témoins
|
Pesticides :
| | | |
| |
1 année d’exposition
|
10
|
1,01 [1,00-1,02]
|
53,8 % p = 0,022
|
| |
5 années d’exposition
|
10
|
1,05 [1,02-1,09]
|
50,5 % p = 0,033
|
| |
10 années d’exposition
|
10
|
1,11 [1,05-1,18]
|
50,9 % p = 0,032
|
Gunnarsson et Bodin,
2019
|
66 études
|
Exposition professionnelle
|
24
|
1,66 [1,42-1,94]
|
74,2 %, p = 0,000
|
Vaccari et coll.,
2019
|
10 études cas-témoins et 1
cohorte
|
Paraquat
|
10
|
1,43 [1,06-1,91]
|
56 % p = 0,02
|
| |
Exposition professionnelle et
environnementale
|
9 (GRADE)
|
1,25 [1,01-1,55]
|
23 % p = 0,04
|
| |
Exposition longue (>20 ans)
|
9 (GRADE)
|
1,75 [1,28-2,39]
|
3 % p = 0,0004
|
| |
Exposition paraquat et autres
dithiocarbamates
|
2
|
1,64 [1,15-2,35]
|
24 % p = 0,006
|
Tangamornsuksan et coll.,
2019
|
13 études cas-témoins et 1
cohorte
|
Paraquat
|
14
|
1,64 [1,27-2,13]
|
24,8 %
|
| |
Exposition professionnelle et
environnementale
| | | |
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