Pesticides et effets sur la santé
II. Pathologies cancéreuses
2021
9-
Cancers de l’enfant
Dans l’expertise collective de l’Inserm intitulée « Pesticides : Effets
sur la santé », publiée en 2013, un chapitre était consacré aux
résultats des études épidémiologiques sur le rôle de l’exposition aux
pesticides dans la survenue des cancers de l’enfant (Inserm,
2013

). Les
études considérées étaient principalement des études cas-témoins et des
études de cohortes publiées avant 2011, et parfois très anciennes. La
plupart des recherches épidémiologiques sur le lien entre l’exposition
aux pesticides et les cancers de l’enfant ont porté sur les leucémies
aiguës et les tumeurs du système nerveux central (SNC), qui constituent
les deux formes principales de cancers diagnostiqués avant l’âge de 15
ans.
Après une introduction sur les cancers de l’enfant, nous reviendrons
rapidement sur les conclusions de cette expertise concernant les
leucémies aiguës et les tumeurs du SNC, puis une actualisation des
données épidémiologiques à partir des résultats des études publiées plus
récemment sera présentée. Les conclusions des études sur la proximité
des cultures, qui sont relativement récentes et qui n’avaient pas été
évoquées dans l’expertise collective de 2013 seront analysées. Enfin,
nous évoquerons les résultats des études, moins nombreuses, concernant
les autres types de cancers de l’enfant.
Cancers de l’enfant : quelques
repères
En France, le Registre national des cancers de l’enfant
(RNCE)
1
recense environ 1 700 nouveaux cas de cancers de
l’enfant diagnostiqués chaque année chez les enfants de moins de
15 ans. Ce nombre correspond à un taux d’incidence standardisé sur
l’âge de l’ordre de 156 cas par million d’enfants par an, comparable
aux taux d’incidence observés globalement en Europe et en Amérique
du Nord, même si des différences entre pays persistent pour certains
types de cancer (Steliarova-Foucher et coll.,
2017

). Le
taux d’incidence des cancers de l’enfant est par ailleurs assez
stable depuis 2000 en France (Goujon et coll.,
2018

).
Les principaux types de cancer diagnostiqués chez les enfants sont
les leucémies aiguës (LA, environ 30 % des nouveaux cas), les
tumeurs du SNC (environ 25 %), les lymphomes (environ 10 %) et les
tumeurs embryonnaires (environ 20 %, répartis en neuroblastomes,
néphroblastomes, rhabdomyosarcomes, rétinoblastomes et
hépatoblastomes).
De par le monde, les cancers sont une des causes principales de décès
chez les enfants. En France en particulier, ils sont la deuxième
cause de décès chez les 1-14 ans, après les accidents. Malgré une
importante amélioration de la survie ces dernières décennies, il y a
une forte hétérogénéité entre les différents types de cancers de
l’enfant. Alors que, d’après le RNCE, la probabilité de survie à
5 ans après le diagnostic est estimée à plus de 80 % globalement en
France sur une période récente (2000-2014) et les dernières analyses
de l’étude EUROCARE estiment le taux à 78 % en Europe sur la période
2000-2007 (Gatta et coll., 2014

), il est inférieur à 70 % par exemple pour
les leucémies aiguës myéloïdes et certains sous-types de tumeurs du
SNC. Des différences de survie, parfois importantes, existent
également entre les pays, y compris en Europe (Gatta et coll.,
2014

).
Le taux d’incidence des cancers de l’enfant varie selon l’âge et le
type de cancer. Ainsi, pour les leucémies aiguës lymphoblastiques
(LAL, environ 80 % des LA), l’incidence présente un pic bien marqué
autour de 2 ans, tandis que l’incidence des leucémies aiguës
myéloïdes (LAM, environ 15 % des LA) est un peu plus élevée avant un
an. Les tumeurs embryonnaires sont des tumeurs du très jeune enfant,
qui surviennent pour plus de la moitié des cas avant 5 ans. Au
contraire, peu de cas de lymphomes et de tumeurs osseuses sont
diagnostiqués avant 5 ans, l’incidence augmentant avec l’âge. Pour
les tumeurs du SNC, globalement, l’incidence est relativement stable
entre 0 et 14 ans.
Dans la plupart des registres de cancers pédiatriques à travers le
monde, les cas sont codés selon la classification internationale des
maladies en oncologie (CIM-O), et regroupés par types de cancers
selon les catégories définies par la classification internationale
des cancers de l’enfant (ICCC). Des hétérogénéités de pratiques sont
souvent observées entre les pays et entre les périodes, ce qui rend
parfois difficile la comparaison des résultats des études
épidémiologiques. Certaines études sont en effet menées sur des
périodes anciennes et parfois très longues, au cours desquelles les
pratiques diagnostiques et d’enregistrement des cas se sont
nettement améliorées.
Des étiologies différentes sont suspectées selon les types de cancers
de l’enfant. Les facteurs de risque qui sont établis à l’heure
actuelle pour les principaux groupes diagnostiques sont les
radiations ionisantes à fortes doses, certaines maladies ou
syndromes génétiques rares, certaines chimiothérapies et certains
virus (pour les lymphomes en particulier). Parmi les facteurs de
risque fortement suspectés de jouer un rôle dans la survenue des
cancers de l’enfant, on peut citer des prédispositions génétiques,
certaines caractéristiques périnatales, des infections et
l’exposition aux contaminants environnementaux, en particulier la
pollution liée au trafic routier et les pesticides.
Leucémies aiguës de
l’enfant
Résumé et conclusions de l’expertise collective
Inserm de 2013
Exposition professionnelle des
parents
En 2009, la méta-analyse de Wigle et coll. regroupant les
données de 31 études (26 études cas-témoins, 5 cohortes
d’enfants d’agriculteurs) concluait à un doublement du
risque de leucémies aiguës chez les enfants dont les mères
avaient été exposées professionnellement aux pesticides
pendant leur grossesse, par rapport au risque estimé pour
les enfants nés de mères non exposées (méta RR = 2,09 ;
IC 95 % [1,51-2,88] ; 14 études) (Wigle et coll.,
2009

). Une augmentation du même ordre
de grandeur était rapportée pour les deux principaux types
de leucémies aiguës, les leucémies aiguës lymphoblastiques
(LAL ; méta RR = 2,64 ; IC 95 % [1,40-5,00] ; 5 études) et
les leucémies aiguës myéloïdes (LAM ; méta RR = 2,64 ;
IC 95 % [1,48-4,71] ; 4 études). Quelques études ayant
considéré plus particulièrement les grandes catégories de
pesticides en lien avec la survenue de LA chez l’enfant
(sans distinction LAL/LAM) ont montré une association
positive avec l’exposition professionnelle de la mère
pendant la grossesse aux insecticides (méta RR = 2,72 ;
IC 95 % [1,47-5,04] ; 6 études) ainsi qu’aux herbicides
(méta RR = 3,62 ; IC 95 % [1,28-10,3] ; 2 études). Pour
l’ensemble de ces résultats, aucune hétérogénéité entre les
études n’était rapportée.
Une deuxième méta-analyse (Van Maele-Fabry et coll.,
2010

), ayant plusieurs études en commun
avec la méta-analyse de Wigle et coll., a rapporté des
associations positives avec l’exposition professionnelle de
la mère pendant la grossesse (toutes LA, méta RR = 1,62 ;
IC 95 % [1,22-2,16] ; 10 études), notamment pour les LAM
(méta RR = 2,68 ; IC 95 % [1,06-6,70] ; 2 études), sans
hétérogénéité entre les études. Aucune association n’était
observée pour les LAL (méta RR = 1,34 ;
IC 95 % [0,70-2,59] ; 4 études).
Malgré une forte hétérogénéité entre les études, rapportées
dans les deux méta-analyses précédentes (indice
d’hétérogénéité I
2 > 80 %), l’exposition
professionnelle du père aux pesticides ne semblait pas
associée au risque de LA chez l’enfant : méta RR = 1,09 ;
IC 95 % [0,88-1,34] ; 27 études (Wigle et coll.,
2009

) et méta RR = 1,14 ;
IC 95 % [0,76-1,69] ; 10 études (Van Maele-Fabry et coll.,
2010

). Notons que des associations
positives étaient suggérées dans les analyses stratifiées
sur la période d’exposition (avant ou pendant la grossesse)
ou la famille de pesticides (insecticides, herbicides,
fongicides), le nombre d’études incluses dans ces analyses
étant toutefois plus limité.
Exposition
domestique
Le rôle de l’exposition domestique aux pesticides de la mère
pendant la grossesse et de l’enfant après sa naissance a
également été étudié. Deux méta-analyses ont permis de
synthétiser les résultats des études publiées jusqu’en 2009
(Turner et coll., 2010

; Van Maele-Fabry et coll.,
2011

). Une association positive entre
l’exposition domestique aux pesticides et le risque de
leucémies chez l’enfant a ainsi été rapportée, aussi bien
pour une exposition de la mère pendant la grossesse (méta
OR = 1,54 ; IC 95 % [1,13-2,11] ; 11 études dans Turner et
coll. ; méta RR = 2,19 ; IC 95 % [1,92-2,50] ; 9 études dans
Van Maele-Fabry et coll.) que pour l’exposition de l’enfant
avant le diagnostic (méta OR = 1,38 ; IC 95 % [1,12-1,70] ;
9 études dans Turner et coll. ; méta RR = 1,65 ;
IC 95 % [1,33-2,05] ; 6 études dans Van Maele-Fabry et
coll.). Cette augmentation du risque avec l’exposition
domestique était observée pour les LAL dans les deux
méta-analyses, mais uniquement dans la méta-analyse de Van
Maele-Fabry et coll. pour les leucémies non
lymphoblastiques, qui sont très majoritairement des LAM
(méta OR = 1,44 ; IC 95 % [0,81-2,59] ; 3 études dans Turner
et coll. ; méta RR = 2,30 ; IC 95 % [1,53-3,45] ; 3 études
dans Van Maele-Fabry et coll.). De même, les deux
méta-analyses n’étaient pas totalement concordantes
concernant le rôle particulier de l’exposition aux
insecticides et aux herbicides, seule l’exposition aux
insecticides étant retrouvée associée au risque de LA dans
les deux méta-analyses. Notons toutefois que les résultats
étaient souvent hétérogènes entre les études considérées
dans ces travaux.
Sur la base de ces résultats, l’expertise collective de 2013
avait conclu à la présomption forte d’un lien entre
l’exposition professionnelle et domestique aux pesticides
(insecticides et herbicides) de la mère pendant la grossesse
et le risque de leucémie chez l’enfant (sans distinction
LAL/LAM). De même, l’exposition domestique pendant l’enfance
était associée au risque de leucémie avec une présomption
forte.
Nouvelles données
épidémiologiques
Exposition professionnelle des
parents
En 2014, dans le cadre des travaux de recherche menés par le
consortium international sur les leucémies de l’enfant
(
Childhood Leukemia International Consortium ;
CLIC), Bailey et coll. ont publié les résultats d’un travail
réalisé à partir de 13 études, avec plus de 8 000 cas de LA
et 14 000 témoins inclus (Bailey et coll.,
2014

). Une matrice emploi-exposition a été développée
spécialement dans le cadre de ce projet afin d’homogénéiser
les variables d’exposition. Les auteurs ont considéré dans
un premier temps les résultats des 13 études dans des
analyses poolées basées sur cette matrice emploi-exposition.
Une méta-analyse globale de ces études a également été
réalisée et a conduit à des résultats très semblables. Dans
un second temps, les auteurs ont inclus les études des deux
méta-analyses précédentes (Wigle et coll.,
2009

; Van Maele-Fabry et coll.,
2010

) qui ne font pas partie du CLIC,
ainsi que les études plus récentes, publiées entre 2009 et
2013 (soit 15 études supplémentaires). Ce travail a permis
de montrer une augmentation du risque de LAM chez les
enfants dont les mères ont été plus exposées
professionnellement aux pesticides pendant la grossesse
(méta OR = 3,30 ; IC 95 % [2,15-5,06] dans l’analyse
complète sur 9 études ; méta OR = 2,69 ; IC 95 % [1,49-4,86]
avec les 5 études du CLIC). Concernant le risque de LAL, les
résultats des études étaient plus hétérogènes et ne
semblaient pas indiquer d’association avec l’exposition
professionnelle de la mère aux pesticides pendant la
grossesse (méta OR = 1,35 ; IC 95 % [0,96-1,89] dans
l’analyse complète sur 18 études ; méta OR = 1,01 ;
IC 95 % [0,78-1,30] avec les 12 études du CLIC).
Cette étude suggérait également une association positive
entre l’exposition professionnelle du père aux pesticides un
an avant la grossesse et le risque de LAL chez l’enfant,
avec une augmentation du risque de 23 % dans la catégorie la
plus exposée par rapport à la catégorie de référence (méta
OR = 1,23 ; IC 95 % [0,99-1,53] ; 14 études). Une forte
hétérogénéité entre les études était toutefois rapportée.
Cette association était plus marquée pour les LAL chez les
enfants de 5 ans et plus (OR poolé = 1,38 ;
IC 95 % [1,13-1,67]) que pour les plus jeunes (OR
poolé = 1,18 ; IC 95 % [0,77-1,79] pour les 0-1 an ; OR
poolé = 1,02 ; IC 95 % [0,83-1,24] pour les 2-4 ans). Les
auteurs concluent également à une association plus marquée
pour les LAL à cellules T que pour les LAL à cellules B, qui
représentent 80 % des LAL. Ces résultats étaient observés
dans la méta-analyse des études du CLIC (méta OR = 1,86 ;
IC 95 % [1,34-2,58], 10 études I2 = 5 %, pour les
LAL T ; méta OR = 1,14 ; IC 95 % [0,85-1,54], 12 études
I2 = 71 %, pour les LAL B) mais la différence
entre les sous-types de LAL n’était pas si nette dans
l’étude poolée (respectivement OR = 1,42 ;
IC 95 % [1,04-1,94] et OR = 1,19 ; IC 95 % [1,03-1,37]).
Une étude cas-témoins réalisée en Californie sur la période
1995-2008 a évalué l’association entre l’exposition
professionnelle des parents aux pesticides pendant la
période périnatale et la survenue d’une LAL chez leurs
enfants (Gunier et coll.,
2017

). L’étude s’est concentrée sur
l’exposition pour la période entre un an avant la naissance
de l’enfant et sa troisième année de vie et comprenait
669 cas de LAL et 1 021 témoins. Les auteurs ont mis en
évidence une association positive entre l’exposition
professionnelle du père et le risque de LAL (OR = 1,7 ;
IC 95 % [1,2-2,5]), tandis qu’aucune association n’était
observée avec l’exposition professionnelle de la mère
pendant la période périnatale (OR = 1,3 ;
IC 95 % [0,8-2,4]). Dans cette étude, l’exposition
professionnelle aux pesticides a été définie à partir
d’informations provenant de questionnaires très détaillés
sur les emplois occupés par les parents et les tâches
réalisées dans le cadre de ces emplois. Selon cette
approche, la prévalence d’exposition professionnelle aux
pesticides était inférieure de moitié à la prévalence
estimée à partir de la matrice emploi-exposition développée
par Bailey et coll. (2014

) (8,2 %
versus 15,4 %, si on
considère l’exposition paternelle en période périnatale,
avec 7 % des pères exposés de manière concordante selon les
deux approches), les différences de classement observées
étant dues aussi bien à des passages de la catégorie exposée
à non exposée que l’inverse.
Récemment, une étude de cohorte menée dans le cadre du
consortium I4C (
International Childhood Cancer Cohort
Consortium) a rassemblé les données de 5 pays, soit
plus de 300 000 enfants, afin d’étudier le lien entre
l’exposition professionnelle des parents pendant la
grossesse aux pesticides, aux poussières organiques et aux
animaux et le risque de cancers chez l’enfant (Patel et
coll., 2020a

). Du fait de la faible prévalence,
seule l’exposition professionnelle paternelle aux pesticides
a été prise en compte (4 % pour l’exposition paternelle, 1 %
pour l’exposition maternelle). Les résultats, basés sur de
très faibles effectifs (moins de 5 cas exposés), suggéraient
une augmentation du risque de LAM chez l’enfant lors d’une
exposition professionnelle du père aux pesticides en général
(HR = 2,62 ; IC 95 % [0,91-7,55]), ainsi qu’aux fongicides,
herbicides et insecticides, les expositions étant très
corrélées.
Enfin, aucune association entre l’exposition professionnelle
des parents aux pesticides et le risque de leucémie chez
l’enfant n’a été observée dans une étude suisse publiée très
récemment (Coste et coll.,
2020b

) (HR = 0,79 ; IC 95 % [0,48-1,29]
et HR = 0,66 ; IC 95 % [0,29-1,49] pour les expositions
paternelle et maternelle, respectivement). Dans cette étude,
qui incluait tous les enfants âgés de 0 à 15 ans identifiés
par les recensements de 1990 et 2000, la vraisemblance de
l’exposition aux pesticides était estimée à partir de
l’intitulé de l’emploi des parents (au moment de l’entrée de
l’enfant dans la cohorte) et l’utilisation de la matrice
emploi-exposition développée par le consortium CLIC.
L’interprétation des résultats de cette étude était limitée
par la faible prévalence de l’exposition (6,7 % des pères et
2,9 % des mères dans la catégorie « très vraisemblablement
exposé aux pesticides ») et un petit nombre de cas (503 cas
de LA diagnostiqués avant 2015, dont au plus 24 cas dans la
catégorie de plus forte exposition).
Exposition
domestique
Depuis 2013, trois nouvelles méta-analyses, ayant plus de la
moitié de leurs études en commun, ont fourni de nouvelles
estimations concernant le lien entre l’exposition liée aux
usages domestiques de produits pesticides et le risque de
leucémie chez l’enfant (Bailey et coll.,
2015

; Chen et coll., 2015

; Van Maele-Fabry et coll.,
2019

).
La première étude, basée sur les données du consortium CLIC
(Bailey et coll., 2015

) a mis en évidence une augmentation
du risque de LAL chez les enfants dont les mères ont été
exposées aux pesticides par usage domestique pendant la
grossesse (OR poolé = 1,43 ; IC 95 % [1,32-1,54] ;
9 études), ainsi qu’une augmentation du risque de LAM (OR
poolé = 1,55 ; IC 95 % [1,21-1,99] ; 7 études). Des
résultats similaires étaient observés avec l’exposition
domestique de la mère aux pesticides en période
préconceptionnelle (trois mois ou un mois avant la
grossesse, selon les études). Une association était
également rapportée entre l’exposition de l’enfant aux
pesticides liée à des usages domestiques après sa naissance
et le risque de LAL (OR poolé = 1,36 ; IC 95 % [1,23-1,51] ;
6 études), mais pas de LAM (OR poolé = 1,08 ;
IC 95 % [0,76-1,53] ; 4 études). Les résultats sur les LAL
étaient observés également de manière statistiquement
significative pour toutes les catégories de pesticides
considérées dans cette étude (insecticides, herbicides,
fongicides, rodenticides).
Les deux autres méta-analyses, réalisées par Chen et coll. et
Van Maele-Fabry et coll., montraient également une
augmentation du risque de leucémie chez l’enfant liée à
l’exposition domestique aux pesticides. Chen et coll. ont
évalué deux périodes d’exposition : une première qui
comprenait à la fois la période prénatale et postnatale
allant jusqu’au diagnostic, et une deuxième, plus
restreinte, de la naissance au diagnostic. Les résultats,
qui étaient concordants pour ces deux périodes, ont montré
que l’utilisation de pesticides à l’intérieur des
habitations était associée à une augmentation de risque de
leucémie chez l’enfant (méta OR = 1,48 ;
IC 95 % [1,29-1,70] ; 8 études). Une augmentation de risque
a également été mise en évidence avec l’exposition aux
pesticides à l’extérieur (méta OR = 1,15 ;
IC 95 % [0,95-1,38] ; 6 études), en particulier aux
herbicides (méta OR = 1,26 ; IC 95 % [1,10-1,44] ;
5 études).
Van Maele-Fabry et coll. ont réalisé une revue systématique
et une méta-analyse qui a examiné divers facteurs, y compris
les périodes et les types d’exposition, les catégories de
pesticides et l’âge de l’enfant lors du diagnostic. Ils ont
montré que l’exposition domestique aux pesticides était
associée globalement à une augmentation du risque de LAL
(méta OR = 1,42 ; IC 95 % [1,13-1,80] ; 8 études) et de LAM
(méta OR = 1,90 ; IC 95 % [1,35-2,67] ; 5 études).
Notons que les résultats présentés ici ne sont pas
indépendants de ceux rapportés par Bailey et coll., les
études du CLIC étant incluses dans ces deux méta-analyses
(Chen et coll., Van Maele-Fabry et coll.), avec une
contribution importante.
En 2013, une étude cas-témoins réalisée en Californie
(252 cas, 306 témoins), s’est intéressée à l’exposition aux
herbicides en lien avec les LAL de l’enfant (Metayer et
coll., 2013

). Des mesures de 17 herbicides
utilisés en Californie (11 à usage professionnel ou
agricole, 6 à usage domestique) ont été faites à l’intérieur
des habitations, dans les poussières des paillassons, tapis
ou sacs d’aspirateurs. Sept pesticides (métolachlore,
bromoxynil octanoate, pébulate, butilate, cyanazine,
prométryne et éthalfluraline), principalement agricoles,
étaient détectés dans moins de 5 % des résidences. Aucune
association n’a été observée avec les pesticides les plus
fréquemment détectés (c’est-à-dire dans plus de 75 % des
prélèvements : simazine, mécoprop et 2,4-D), mais un risque
plus important de LAL a été mis en évidence pour les enfants
qui résidaient dans les habitations testées positivement
pour le chlorthal (OR = 1,52 ; IC 95 % [1,03-2,23], sans
relation dose-effet). L’association semblait plus marquée
lorsque de l’alachlore était détecté également (OR = 2,56 ;
IC 95 % [0,99-6,63]). Ce résultat doit être interprété avec
précaution puisqu’il repose sur un petit nombre d’enfants
exposés (14 cas et 8 témoins) et un modèle statistique qui
comprend 8 variables d’ajustement. Par ailleurs, selon les
auteurs, l’association observée avec la présence de
chlorthal dans les poussières n’était retrouvée que pour les
familles non hispaniques et les familles de plus forts
revenus.
Études sur la proximité de
cultures
Quatre études menées aux États-Unis (dont deux au Texas) ont
évalué la corrélation entre les variations spatiales de
l’incidence des LA de l’enfant à l’échelle des comtés et des
indicateurs de présence de cultures basés principalement sur
des données de recensement agricole (Walker et coll.,
2007

; Carozza et coll.,
2008

; Thompson et coll.,
2008

; Booth et coll.,
2015

). Dans ces études, la part de surface agricole utile
(SAU) totale, et par type de culture dans certaines études,
était rapportée à la superficie du comté. Seule l’étude de
Carozza et coll. (2008

) montrait un taux d’incidence des
LAL et des LAM plus élevé dans les comtés ayant plus de 60 %
de leur surface en cultures, par rapport à l’incidence
observée dans les comtés pour lesquels la part de SAU est
inférieure à 20 % (RR > 60 % = 1,3 ; IC 95 % [1,1-1,4] pour
les LAL et RR > 60 % = 1,8 ; IC 95 % [1,4-2,3] pour les
LAM). Dans cette étude, ainsi que dans l’étude de Booth et
coll., les auteurs ont réalisé des analyses séparées pour
plusieurs types de cultures et mis en évidence quelques
associations positives particulières : LAL/avoine, LAM/maïs,
LAM/soja (Carozza et coll.,
2008

) ; toutes LA/haricots, LAL/haricots, LAL/betterave,
LAM/haricots, LAM/avoine (Booth et coll.,
2015

).
Une étude récente menée en France métropolitaine s’est
intéressée à la corrélation spatiale entre le taux
d’incidence des leucémies aiguës de l’enfant sur la période
1990-2014 et la densité de cultures dans les communes (Coste
et coll., 2020a

). Dans cette étude écologique basée
sur les données du RNCE, la densité de culture était définie
à partir des données des recensements agricoles comme la
part de surface en culture par rapport à la superficie de la
commune et 9 catégories de cultures ont été étudiées
(arboriculture, viticulture, maïs, céréales, oléagineux,
pommes de terre, légumes frais, légumes secs et
protéagineux, cultures industrielles). Alors qu’aucune
association n’a été mise en évidence avec la densité totale
de culture, les analyses par type de culture ont montré une
association positive entre la densité de viticulture dans
les communes et le taux d’incidence des LAL. Ainsi, le
nombre de cas de LAL observés dans les communes ayant une
densité de viticulture supérieure à 25 % était plus élevé
que le nombre de cas attendus sous l’hypothèse de taux
d’incidence homogènes sur tout le territoire (ratio
d’incidence standardisé SIR = 1,17 ; IC 95 % [1,01-1,35]),
avec une tendance globale correspondant à une augmentation
de 3 % (IC 95 % [0 %-6 %]) du SIR pour une variation de 10 %
de la densité de viticulture. L’association semblait stable
par âge, période, grandes régions, et après ajustement sur
plusieurs facteurs de confusion potentiels (degré
d’urbanisation, disparité socio-économique, niveau d’UV).
Par ailleurs, aucune association n’a été rapportée pour les
LAM. Notons que ces résultats doivent être interprétés avec
prudence, la proximité entre les lieux de résidence des
enfants et les parcelles agricoles n’étant pas prise en
compte dans cette étude menée à l’échelle des communes. Une
étude cas-témoins en cours, réalisée par la même
équipe
2
Étude réalisée dans le cadre du projet
Geocap Agri, mis en place par l’équipe de recherche
Inserm EPICEA (épidémiologie des cancers de l’enfant
et de l’adolescent, UMR-S 1153 équipe 7) en
collaboration avec Santé publique France afin de
répondre à une saisine sur « pesticides agricoles et
cancers de l’enfant ».
, et basée sur la géolocalisation des
adresses de résidence et une caractérisation fine des
parcelles agricoles permettra d’apporter des informations
complémentaires, en particulier sur le lien entre la
présence de parcelles viticoles à proximité des domiciles et
le risque de LAL chez l’enfant.
Trois autres études ont déterminé la présence de cultures à
proximité des lieux de résidence des enfants à partir de la
géolocalisation des adresses et des informations
cartographiques intégrées dans des systèmes d’information
géographique. Le voisinage a été défini à l’aide de zones
tampons (
buffers) circulaires de différents rayons
(1 km dans Carozza et coll.,
2009

et Gomez-Barroso et coll.,
2016

; 100 m dans Malagoli et coll.,
2016

). Aucune association particulière
n’était rapportée dans les études de Carozza et coll. et
Malagoli et coll. Les résultats de l’étude menée par
Gomez-Barroso et coll. en Espagne sont difficilement
interprétables dans la mesure où l’adresse de résidence
considérée était celle au moment du diagnostic pour les cas,
à la naissance pour les témoins. Notons par ailleurs, que
des associations positives ont été rapportées dans cette
étude pour 11 groupes et sous-groupes de cancers de l’enfant
et pour la plupart des cultures considérées (terres arables
et terres irriguées, vergers, vignes, autres cultures).
En 1990, l’État de Californie a mis en place des registres
d’utilisation de pesticides agricoles (
Pesticides Use
Reporting) qui permettent d’obtenir des informations
sur les substances utilisées, les quantités appliquées, le
type de culture sur laquelle les produits sont appliqués et
les surfaces concernées. Ces informations, qui sont
renseignées pour des secteurs de 1 mile
2,
permettent d’estimer la quantité de pesticides utilisée à
proximité du lieu de résidence des sujets inclus dans les
études épidémiologiques (généralement à l’échelle des
census block ou dans des zones tampons centrées
sur les adresses de résidence de cas et de témoins). Dans
trois études sur les cancers de l’enfant, les auteurs ont
considéré 4 groupes toxicologiques, 4 classes chimiques et
7 substances actives particulières sélectionnées a priori du
fait de leur utilisation importante et de leur potentiel
toxique plus élevé (Reynolds et coll.,
2002

; Reynolds et coll.,
2005a

; Reynolds et coll.,
2005b

). Dans deux autres études, une
sélection plus large de pesticides a été faite (Rull et
coll., 2009

; Park et coll.,
2020

). Des regroupements en plusieurs
classes toxicologiques, en familles de pesticides et en
catégories basées sur les propriétés physicochimiques des
substances ont été considérés (12 catégories dans Rull et
coll., 2009

, 15 dans Park et coll.,
2020

). Dans l’ensemble, aucune
association n’a été mise en évidence de façon consistante
dans ces études, un grand nombre de tests statistiques étant
généralement considéré. En particulier, alors qu’une
première étude rapportait une augmentation d’incidence des
leucémies dans les
census block ayant une utilisation
plus importante de l’insecticide propargite (Reynolds et
coll., 2002

), sans tendance statistiquement
significative avec la quantité d’insecticide utilisée, cette
association n’était pas observée pour les LAL, ni pour les
leucémies non lymphoblastiques, dans une seconde étude
réalisée sur la même période (Reynolds et coll.,
2005b

). Aucune association avec les
autres substances n’était par ailleurs observée. En
considérant un indicateur d’exposition moyenne aux
pesticides agricoles basé sur l’historique résidentiel et
les quantités de substances appliquées au voisinage des
résidences, Rull et coll. ont rapporté également des
associations positives avec les différents regroupements de
substances, mais uniquement dans les catégories d’exposition
intermédiaires. Dans les études de Reynolds et coll.
(2005a

) et Park et coll.
(2020

), les auteurs s’intéressaient à
l’utilisation de pesticides agricoles à proximité du lieu de
résidence à la naissance des enfants (études cas-témoins).
Quelques associations positives ont été observées, sans
qu’il y ait de concordance entre les deux études. Notons
toutefois, qu’une association était suggérée pour le métam
sodium avec une augmentation du risque de leucémies de
l’enfant (LA sans distinction dans Reynolds et coll.,
2005a

, pour les LAM uniquement dans Park
et coll., 2020

) en cas d’utilisation plus
importante de cette substance à proximité du domicile
pendant la grossesse (zones tampons de 0,5 mile et 4 000 m
de rayon, respectivement).
Au Danemark, une étude publiée récemment s’est intéressée à
la survenue de leucémies et de tumeurs du système nerveux
central chez des enfants nés sur la période 1996-2003
(96 841 naissances incluses), en lien avec la présence de
cultures et d’animaux de ferme à proximité des domiciles des
mères pendant la grossesse (Patel et coll.,
2020b

). Les auteurs ont estimé la
surface en culture et le nombre d’animaux de ferme présents
à proximité des adresses de résidence géolocalisées en
considérant des zones tampons de différentes tailles (200 m
à 2 000 m). À partir de données sur les ventes de pesticides
disponibles sur la période d’étude et d’informations sur les
usages de pesticides sur les cultures déclarées depuis 2011
par les agriculteurs, ils ont également estimé la quantité
de pesticides appliquée sur les cultures situées à proximité
de la résidence des femmes pendant la grossesse, en
considérant 9 herbicides et un fongicide parmi les plus
utilisés en 2011-2012. Avec 61 cas de leucémies
diagnostiqués avant l’âge de 15 ans, entre 1996 et 2014, une
association positive avec la présence de cultures dans les
500 m autour du domicile a été rapportée (HR = 1,2 ;
IC 95 % [1,0-1,3] pour une augmentation de 10 ha de la
surface en culture dans la zone tampon). Des associations
positives étaient observées avec les surfaces en herbe, et
les surfaces utilisées pour la culture des betteraves, des
pois et du maïs, mais pas pour les céréales, le colza et les
semences, qui sont les cultures les plus fréquentes. Le
nombre d’animaux de ferme et la quantité de pesticides
appliquée dans la zone tampon n’étaient par ailleurs pas
associés au risque de leucémie chez l’enfant.
Conclusion des études récentes sur les
leucémies aiguës de l’enfant
Les méta-analyses récentes confirment l’augmentation du
risque de LA (LAL et LAM) chez les enfants lors d’une
exposition maternelle aux pesticides pendant la grossesse
liée à un usage domestique et lors d’une exposition pendant
l’enfance. Ces études confirment également l’association
positive observée précédemment avec l’exposition maternelle
professionnelle pendant la grossesse et le risque de LAM.
Une augmentation du risque de LAL est également suggérée en
cas d’exposition professionnelle paternelle aux pesticides
en période préconceptionnelle.
À l’heure actuelle, les études géographiques s’intéressant à
la présence de cultures ou à la quantité de pesticides
appliquée à proximité du domicile des enfants sont peu
nombreuses et peu concluantes.
Tumeurs du système nerveux central de
l’enfant
Résumé et conclusions de l’expertise collective
Inserm de 2013
Le lien entre les pesticides et les tumeurs du SNC de l’enfant a
été examiné dans l’expertise collective de 2013 en se reposant
principalement sur une méta-analyse qui a regroupé les résultats
de 19 études s’intéressant à l’exposition professionnelle des
parents (Van Maele-Fabry et coll.,
2013

). Des associations positives ont été observées avec
l’exposition professionnelle de la mère (méta OR = 1,39 ;
IC 95 % [1,10-1,75] ; 6 études) et du père (méta OR = 1,19 ;
IC 95 % [1,03-1,38] ; 13 études) principalement au cours de la
période prénatale. Les analyses par sous-type de tumeurs du SNC
suggéraient par ailleurs une augmentation du risque de tumeurs
astrogliales, les résultats étant statistiquement non
significatifs pour les tumeurs embryonnaires du SNC et les
autres tumeurs gliales.
Sur la base de ces connaissances, l’expertise collective avait
conclu à la présomption forte d’un lien entre l’exposition
professionnelle aux pesticides du père et de la mère pendant la
période prénatale et le risque de tumeurs du SNC chez
l’enfant.
Nouvelles données
épidémiologiques
Exposition professionnelle des parents aux
pesticides
En 2016, une méta-analyse basée sur 3 études cas-témoins
réalisées en France, Allemagne et Royaume-Uni n’a montré
aucune association positive entre l’exposition
professionnelle des parents aux pesticides et le risque de
tumeur du SNC chez l’enfant (Febvey et coll.,
2016

). Au contraire, les OR estimés
dans cette étude étaient inférieurs à 1 pour l’exposition
professionnelle paternelle aux pesticides (OR poolé = 0,71 ;
IC 95 % [0,53-0,95]). L’exposition professionnelle était
déterminée dans les 3 études à partir des intitulés des
métiers occupés par les parents, codés selon
3 classifications différentes (classification internationale
des métiers ISCO-68 dans l’étude française, classifications
nationales KldB-88 et SOC-90 respectivement dans les études
allemande et britannique). La prévalence de l’exposition
paternelle était par ailleurs bien différente selon les
études (11 % en Allemagne, 6 % en France, 2 % au
Royaume-Uni) et les résultats concernant l’exposition
professionnelle paternelle aux pesticides étaient très
hétérogènes (indice d’hétérogénéité
I
2 = 68 %). Finalement, les auteurs de ce travail
considèrent leur résultat comme pouvant être un résultat
faussement positif ou possiblement expliqué par
l’association entre le métier du père et un tiers facteur
qui reste à identifier et qui serait également associé au
risque de tumeurs du SNC chez l’enfant.
L’étude de cohorte de naissance du consortium I4C mentionnée
précédemment (Patel et coll.,
2020a

) ne montrait pas d’association
entre l’exposition professionnelle paternelle aux pesticides
pendant la grossesse et le risque de tumeurs du SNC chez
l’enfant, les résultats étant toutefois peu informatifs du
fait du faible nombre de cas exposés (HR = 0,71 ;
IC 95 % [0,29-1,75] avec 5 cas exposés). De même, dans
l’étude de cohorte suisse basée sur les recensements de
population de 1990 et de 2000 (Coste et coll.,
2020b

), aucune association entre
l’exposition professionnelle des parents aux pesticides et
le risque de tumeur du SNC chez l’enfant n’était rapportée
(339 cas diagnostiqués jusqu’en 2015, 20 cas au plus dans la
catégorie « parent très vraisemblablement exposé
professionnellement aux pesticides » ; HR = 0,8 ;
IC 95 % [0,4-1,3] et HR = 0,7 ; IC 95 % [0,3-1,6] pour les
expositions paternelle et maternelle, respectivement).
Exposition domestique aux
pesticides
Le rôle de l’exposition aux pesticides due à des usages
domestiques dans la survenue des tumeurs du SNC chez
l’enfant a fait l’objet de deux méta-analyses récentes (Chen
et coll., 2015

; Van Maele-Fabry et coll.,
2017

). Nous ne présenterons que la
méta-analyse réalisée par Van Maele-Fabry et coll.
2017

, les études considérées dans Chen
et coll. étant incluses dans cette méta-analyse. En
considérant les résultats de 18 études publiées entre 1979
et 2016, les auteurs ont rapporté une association positive
entre l’exposition domestique aux pesticides et le risque de
tumeurs du SNC chez l’enfant (méta OR = 1,26 ;
IC 95 % [1,13-1,40]). Cette association était également
observée lorsque les auteurs considéraient séparément
l’exposition en période prénatale et pendant l’enfance. Les
analyses par catégorie de pesticides montraient une
association positive du même ordre de grandeur avec
l’exposition aux insecticides (méta OR = 1,23 ;
IC 95 % [1,06-1,42] ; 10 études) et aux herbicides (méta
OR = 1,28 ; IC 95 % [0,97-1,70] ; 3 études). Par ailleurs,
l’exposition domestique aux pesticides semblait associée au
risque de gliomes (méta OR = 1,30 ; IC 95 % [1,09-1,55] ;
5 études), mais pas au risque de tumeurs cérébrales
embryonnaires (méta OR = 1,07 ; IC 95 % [0,81-1,41] ;
4 études).
Récemment, à partir des données de deux études cas-témoins
réalisées en population générale à l’échelle nationale
(études ESCALE et ESTELLE, 437 cas de tumeurs malignes du
SNC et 3 102 témoins), une équipe française a mis en
évidence une association positive entre l’utilisation de
pesticides par la mère durant la grossesse au domicile
(variable binaire oui/non) et le risque de tumeur du SNC
chez l’enfant (OR poolé = 1,4 ; IC 95 % [1,2-1,8]) (Vidart
d’Egurbide Bagazgoitia et coll.,
2018

). Les pesticides utilisés par les
mères étaient majoritairement des insecticides (prévalence
45 % chez les mères des cas
versus 37 % chez les
mères des témoins, OR poolé = 1,4 ; IC 95 % [1,2-1,8]),
parfois associés à l’utilisation d’herbicides (prévalence
5,7 % chez les mères des cas
versus 4,3 % chez les
mères des témoins, OR poolé = 1,7 ; IC 95 % [1,1-2,8]).
Études sur la proximité de
cultures
Une étude écologique a été réalisée aux États-Unis, à
l’échelle des comtés, à partir des données de registres de
cancers (25 registres et plus de 1 000 comtés) et de
recensements agricoles (Carozza et coll.,
2008

). Sur la période 1995-2001, 4 318 cas de tumeurs du SNC
ont été enregistrés, dont 348 dans les comtés à plus forte
activité agricole (≥ 60 % de surface en cultures par rapport
à la surface totale). Ces travaux ont mis en évidence une
association positive entre l’incidence des tumeurs du SNC de
l’enfant et la part de surface en cultures dans les comtés
de résidence au moment du diagnostic (part de SAU par
rapport à la superficie totale). Ainsi, une augmentation
d’incidence de 30 % pour les tumeurs du SNC dans leur
ensemble, 50 % pour les astrocytomes, a été observée dans
les comtés ayant plus de 60 % de leur superficie en
cultures, par rapport au taux d’incidence dans les comtés
les moins agricoles (toutes tumeurs du SNC : RR = 1,3 ;
IC 95 % [1,1-1,4] ; astrocytomes : RR = 1,5 ;
IC 95 % [1,3-1,7]). Les auteurs se sont intéressés à
6 différents types de cultures, en considérant une approche
binaire (présence de la culture dans le comté
versus
absence de cette culture et SAU totale < 20 %). Seule la
surface en avoine semblait associée à l’incidence des
tumeurs du SNC chez l’enfant (RR = 1,1 ;
IC 95 % [1,0-1,3]).
L’étude écologique conduite par Booth et coll. dans 6 États
des États-Unis, quant à elle, ne montrait pas d’association
entre l’incidence des tumeurs du SNC chez les enfants de
moins de 5 ans (315 cas) et la surface en culture dans les
comtés, aussi bien globalement (RRQ4
versus
Q1 = 1,27 ; IC 95 % [0,83-1,94]) que par type de cultures
(Booth et coll., 2015

). De même, dans l’étude cas-témoins
de Walker et coll., 2007

, réalisée au Texas (752 cas,
3 487 témoins), le fait de résider au moment de la naissance
dans un comté agricole (SAU > 50 % de la superficie totale)
ne semblait pas associé au risque de développer une tumeur
du SNC avant 15 ans (OR = 1,3 ; IC 95 % [0,9-1,8]). Ces
résultats concordent avec ceux d’une étude de cohorte de
naissance, menée également au Texas à l’échelle des comtés
(Thompson et coll., 2008

) et ceux d’une étude danoise
s’intéressant à la présence de cultures dans des zones
tampons centrées sur les adresses géolocalisées des mères
pendant la grossesse (Patel et coll.,
2020b

). Dans cette dernière étude, les
quantités de 9 herbicides et un fongicide utilisés à
proximité des domiciles n’étaient pas non plus associées au
risque de tumeur du SNC chez l’enfant. Seule une association
avec la présence de bétail dans les 500 m était rapportée.
Comme pour les LA, l’étude conduite en Espagne par
Gomez-Barroso et coll.,
2016

, reprise de façon plus détaillée
par Ramis et coll., 2017

, montrait une association positive
entre la part de surface en culture à proximité des lieux de
résidence et le risque de tumeurs du SNC chez les enfants,
globalement et pour tous les sous-types de tumeurs du SNC.
Rappelons que dans cette étude l’adresse considérée est
celle au moment du diagnostic pour les cas, à la naissance
pour les témoins. Les résultats étaient toutefois inchangés
lorsque les auteurs n’incluaient que les cas n’ayant jamais
déménagé (Ramis et coll.,
2017

). Des associations positives avec
plusieurs types de cultures (terres irriguées, oliviers,
vergers, autres cultures) étaient également rapportées.
Deux études californiennes basées sur les informations des
registres d’utilisation de pesticides ne montraient aucune
association entre le risque de tumeurs du SNC chez l’enfant
et l’utilisation de pesticides à proximité du lieu de
résidence à la naissance (Reynolds et coll.,
2005a

) ou au diagnostic (Reynolds et
coll., 2002

). Dans ces études, 4 groupes
toxicologiques, 4 classes chimiques et 7 substances actives
particulières étaient considérés.
Conclusion des études
récentes
Les études récentes sur le lien entre l’exposition aux
pesticides et le risque de tumeurs du SNC chez l’enfant ont
porté principalement sur l’exposition domestique aux
pesticides (insecticides et herbicides) pendant la grossesse
et l’enfance. Des associations positives ont été rapportées
de façon consistante, comme le montrent les résultats de la
méta-analyse de Van Maele-Fabry et coll. et ceux de l’étude
française publiés par Vidart d’Egurbide Bagazgoitia et coll.
Ces résultats concernent les tumeurs du SNC dans leur
ensemble, les études ne permettant pas d’établir des
conclusions pour les différents sous-types.
Comme pour les leucémies, il est difficile de conclure sur le
lien entre la proximité de cultures et l’incidence des
tumeurs du SNC chez l’enfant.
Autres cancers de l’enfant
À l’heure actuelle, un nombre limité d’études se sont intéressées au
lien entre l’exposition aux pesticides et le risque des cancers de
l’enfant autres que les LA et les tumeurs du SNC. Parmi les études
les plus récentes, figurent principalement les études écologiques
évoquées précédemment (Walker et coll.,
2007

;
Carozza et coll., 2008

; Thompson et coll.,
2008

;
Carozza et coll., 2009

; Booth et coll.,
2015

;
Gomez-Barroso et coll., 2016

). Dans l’ensemble, ces études ne mettent
pas en évidence de lien entre la présence de cultures à proximité du
lieu de résidence et le risque de ces cancers chez l’enfant.
Les expositions professionnelles parentales et les expositions
domestiques aux pesticides ont été étudiées dans quelques études que
nous présentons brièvement ci-dessous. Des associations sont parfois
suggérées, mais du fait de la rareté de ces cancers et donc des
effectifs limités, d’autres travaux sont nécessaires pour pouvoir
conclure sur le rôle de l’exposition aux pesticides.
Lymphomes
Une revue de littérature publiée en 1998 (Zahm et Ward,
1998

), et sa mise à jour en 2007 (Infante-Rivard et Weichenthal,
2007

), suggéraient une association positive entre l’exposition aux
pesticides et le risque de lymphomes non hodgkiniens chez
l’enfant. Ces résultats, souvent basés sur de petits effectifs,
concernaient principalement l’exposition domestique avec
toutefois des mesures d’exposition différentes selon les études
(utilisation d’insecticides par la mère, traitements au domicile
par des professionnels, résidence dans une ferme). Une
association avec l’exposition professionnelle de la mère aux
pesticides était également évoquée (Infante-Rivard et
Weichenthal, 2007

).
La méta-analyse récente de Chen et coll. montrait également une
augmentation du risque de lymphomes en cas d’exposition
domestique aux pesticides pendant l’enfance (méta OR = 1,43 ;
IC 95 % [1,15-1,78]) (Chen et coll.,
2015

).
Notons que ce résultat, du même ordre de grandeur que celui
rapporté pour les leucémies aiguës, était basé sur 3 études dont
2 étaient incluses dans la revue d’Infante-Rivard et
Weichenthal. La troisième étude, menée en France, contribuait
très majoritairement à la méta-analyse avec deux résultats
distincts, l’un pour les lymphomes de Hodgkin et l’utilisation
domestique de pesticides par la mère, l’autre pour les lymphomes
non hodgkiniens et l’utilisation domestique de pesticides par la
mère ou le père (Rudant et coll.,
2007

). Les enfants étaient considérés comme exposés dans cette
étude si des pesticides avaient été utilisés par la mère au
moins une fois pendant la grossesse ou par le père au moins une
fois pendant ou après la grossesse.
Dans une étude britannique récente, qui incluait environ
5 000 cas et 5 000 témoins, l’exposition professionnelle du père
aux produits agrochimiques n’était pas associée au risque de
lymphomes, globalement et pour les principaux types de lymphomes
(Bunch et coll., 2019

). L’exposition était déterminée à
partir des intitulés des emplois renseignés dans les registres
de naissances et l’application d’une matrice emploi-exposition.
Plus de 30 expositions professionnelles étaient considérées.
Plusieurs études suggèrent une association entre l’exposition
domestique aux pesticides et le risque de lymphomes non
hodgkiniens chez l’enfant, les effectifs étant toutefois assez
limités. En conséquence, la présomption de lien est faible.
Neuroblastomes
En 2011, une méta-analyse a été publiée sur le rôle de
l’exposition professionnelle paternelle aux pesticides dans la
survenue de neuroblastomes chez l’enfant (Moore et Enquobahrie,
2011

). Sept études cas-témoins et deux études de cohorte ont été
incluses, et dans l’ensemble, aucune association n’a été mise en
évidence (méta RR = 1,07 ; IC 95 % [0,79-1,45]). Le rôle des
expositions professionnelles maternelles a été peu étudié.
Une étude cas-témoins incluant 538 cas de neuroblastomes
diagnostiqués dans 139 hôpitaux aux États-Unis et Canada sur la
période 1992-1994 (390 cas dans les analyses sur les pesticides)
suggérait des associations positives avec l’utilisation
domestique de pesticides à l’intérieur des habitations et dans
les jardins (Daniels et coll.,
2001

). Les associations étaient observées pour les neuroblastomes
âgés de plus d’un an et lorsque les deux parents avaient déclaré
avoir utilisé des pesticides sur une période allant d’un mois
avant la conception jusqu’au diagnostic. De même, une étude
récente (Rios et coll., 2017

) incluant les cas de neuroblastomes
diagnostiqués en France sur 4 années (357 cas) et 1 783 témoins
de population générale a mis en évidence une augmentation du
risque de ces cancers lors d’une utilisation de pesticides par
la mère au moins une fois pendant la grossesse (OR = 1,5 ;
IC 95 % [1,2-1,9]). Les auteurs rapportaient également une
association positive avec l’exposition professionnelle aux
pesticides pendant la grossesse (OR = 2,0 ; IC 95 % [1,0-4,0]),
la prévalence de l’exposition étant toutefois très faible (3,6 %
pour les cas, 1,6 % pour les témoins).
Rétinoblastomes
Une étude cas-témoins menée dans 9 centres de traitements aux
États-Unis et au Canada sur la période 1998-2006 (Abdolahi et
coll., 2013

) s’est intéressée à l’exposition professionnelle du père
avant la conception et le risque de rétinoblastome bilatéral
sporadique chez l’enfant (135 cas et 245 témoins inclus dans les
analyses). Des informations sur les emplois occupés, pendant
6 mois ou plus, dans les 10 années qui précèdent la conception,
ont été recueillies par interview. Des scores d’exposition à
plusieurs facteurs ont ensuite été estimés par des hygiénistes
en fonction de la probabilité d’exposition, de la fréquence et
de l’intensité. Une association positive avec l’exposition
professionnelle du père aux pesticides était suggérée (pour les
scores intermédiaires et plus élevés) en considérant les emplois
occupés dans les 10 années (OR = 1,4 ; IC 95 % [0,9-2,3]) ou
l’année (OR = 1,7 ; IC 95 % [0,9-3,3]) précédant la conception
de l’enfant.
Dans une autre étude, basée sur 155 cas de rétinoblastomes et
autant de témoins (Omidakhsh et coll.,
2017

), l’utilisation domestique de pesticides dans le mois
précédant et pendant la grossesse semblait associée au risque de
rétinoblastome de forme unilatérale (OR = 2,8 ;
IC 95 % [1,1-6,7]). Dans cette étude, l’exposition domestique
comprenait l’utilisation de pesticides par les parents en
intérieur ou extérieur, l’application de traitements par des
professionnels, l’utilisation de produits anti-poux sur les
cheveux d’enfants, ou pour les animaux domestiques,
l’utilisation de colliers ou shampooings contre les puces ou les
tiques.
Conclusion
L’expertise collective Inserm de 2013 avait conclu à la présomption
forte d’un lien entre le risque de LA chez l’enfant et l’exposition
professionnelle et domestique aux pesticides de la mère pendant la
grossesse, d’une part, l’exposition domestique de l’enfant d’autre
part. Les études récentes confirment ces résultats, l’augmentation
du risque lié à l’exposition professionnelle maternelle semblant
spécifique des LAM. Une augmentation du risque de LAL est également
suggérée en cas d’exposition professionnelle paternelle aux
pesticides en période préconceptionnelle (niveau de présomption
moyen, tableau 9.I

).
Le rôle de l’exposition professionnelle du père et de la mère aux
pesticides dans la survenue des tumeurs du SNC chez l’enfant avait
également été avancé avec une présomption forte dans l’expertise
collective Inserm de 2013 (tableau 9.II

). Une actualisation de ces connaissances
ne semble pas pertinente, les études publiées depuis cette expertise
étant très peu nombreuses et peu informatives. En effet, les études
plus récentes portaient principalement sur l’exposition domestique
aux pesticides. De manière consistante, une augmentation du risque
de tumeurs du SNC chez l’enfant a été rapportée. Ces résultats
concernent les tumeurs du SNC dans leur ensemble, les études ne
permettant pas d’établir des conclusions fermes pour les différents
sous-types.
Par ailleurs, sur la base des résultats de plusieurs études de petite
taille, la présomption d’un lien entre l’exposition domestique aux
pesticides et le risque de lymphomes non hodgkiniens chez l’enfant
est faible (tableau 9.I

).
Des associations positives avec l’exposition aux pesticides sont
suggérées pour d’autres types de cancers de l’enfant (tumeurs
embryonnaires, en particulier), mais l’état actuel des connaissances
épidémiologiques ne permet pas de conclure de manière
définitive.
Tableau 9.I Présomption d’un lien entre exposition aux pesticides
et les hémopathies malignes de l’enfant
Exposition
|
Effets
|
Présomption d’un lien
|
Exposition professionnelle maternelle
aux pesticides (sans distinction) pendant la
grossesse
|
Leucémies (LAM)
|
++ a
|
Exposition professionnelle paternelle
aux pesticides (sans distinction)
préconceptionnelle
|
Leucémies (LAL)
|
+
|
Exposition domestique (usages
domestiques) aux pesticides (sans distinction)
pendant la grossesse ou chez l’enfant
|
Leucémies (LAL et LAM)
|
++ b
|
Exposition domestique aux pesticides
(sans distinction) pendant la grossesse ou chez
l’enfant
|
Lymphomes non hodgkiniens
|
±
|
++ a d’après les résultats de deux
méta-analyses en 2013 et d’une méta-analyse supplémentaire
(Wigle et coll., 2009
; Van Maele-Fabry et coll.,
2010
; Bailey et coll., 2014
) ; renforce les résultats de 2013
+
d’après une méta-analyse (avec hétérogénéité entre les résultats
des études) et une étude cas-témoins (Bailey et coll.,
2014
;
Gunier et coll., 2017
) Données nouvelles
++
b d’après les résultats de deux méta-analyses en
2013, et de trois méta-analyses supplémentaires (Turner et
coll., 2010
; Van Maele-Fabry et coll.,
2011
; Bailey et coll., 2015
; Chen et coll.,
2015
;
Van Maele-Fabry et coll., 2019
) ; renforce les résultats de
2013
± d’après les résultats d’une méta-analyse de trois
études (Chen et coll., 2015
) et les résultats de plusieurs études
de petite taille (revues dans Infante-Rivard et Weichenthal,
2007
)
Données nouvelles
Tableau 9.II Présomption d’un lien entre exposition aux pesticides
et tumeurs du système nerveux central de
l’enfant
Exposition
|
Effets
|
Présomption d’un lien
|
Exposition professionnelle des parents
aux pesticides (sans distinction) pendant la
période prénatale
|
Tumeurs du système nerveux
central
|
++ a
|
Exposition domestique (usages
domestiques) aux pesticides (sans distinction)
pendant la grossesse ou chez l’enfant
|
Tumeurs du système nerveux
central
|
++ b
|
++ a d’après les résultats d’une
méta-analyse (Van Maele-Fabry et coll.,
2013
) ; pas de nouvelles données informatives depuis l’expertise
collective de 2013
++ b d’après les résultats de
deux méta-analyses récentes (Chen et coll.,
2015
;
Van Maele-Fabry et coll., 2017
) Données
nouvelles
Références
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occupational exposures and the risk of childhood
sporadic bilateral retinoblastoma.
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