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| Med Sci (Paris). 36(5): 479–486. doi: 10.1051/medsci/2020090.Maladie d’Alzheimer, neuro-inflammation et virus
herpétiques Une piste qui trace son chemin Alberto L. Epstein1* 1UMR Inserm U1179 - UVSQ - UFR des sciences de la santé Simone
Veil, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines,
2 avenue de la source de la
Bièvre, 78180Montigny-le-Bretonneux,
France |
Vignette (Photo ©Inserm/Musée Jules Verne-Ville de Nantes/Dehausse, Éric). La maladie d’Alzheimer (MA), forme de démence très sévère face à laquelle nous sommes
encore complétement démunis, est une pathologie neurodégénérative complexe d’origine
multifactorielle, liée à l’âge. Due à sa haute prévalence et à une incidence en
progression constante, la MA représente un défi de taille pour les systèmes de santé
publique. La MA représente environ 50 à 75 % des cas de démence chez les personnes âgées
de 60 ans ou plus et le nombre d’individus affectés dépasse 40 millions, dont plus de 10
millions rien qu’en Europe [1].
Précédée par une longue phase prodromique1, la
maladie se manifeste par une dégradation progressive des capacités cognitives et
intellectuelles, avec des pertes précoces de mémoire épisodiques, se terminant par une
dépendance complète et par la mort des personnes atteintes. Les manifestations
neuro-pathologiques du cerveau malade incluent une atrophie progressive de régions de
l’hippocampe et du cortex, visibles par imagerie cérébrale et par examen macroscopique
[2]. Au niveau microscopique,
les modifications les plus caractéristiques de la MA sont des enchevêtrements
neuro-fibrillaires intracellulaires (NFT, pour neurofibrillary tangles)
résultant de l’hyper-phosphorylation et d’autres modifications post-traductionnelles de
la protéine Tau, et des dépôts extracellulaires du peptide bêta-amyloïde (Ab) de 42
acides aminés (Ab1-42), produit du clivage de la protéine précurseur de
l’amyloïde, l’APP (amyloid protein precursor), à l’origine des plaques
séniles (SP) que l’on observe dans le cerveau des patients [3]. Ces modifications s’accompagnent d’une perte de
neurones et de synapses, et d’une gliose2 réactive.
Néanmoins, aucune de ces manifestations n’est spécifique de la MA. L’existence de familles dans lesquelles différentes générations sont affectées par une
forme rare et précoce (avant 65 ans) de la MA, appelée EOAD (early onset
Alzheimer disease), suggère la possibilité d’une transmission génétique de
la maladie. L’analyse moléculaire du pédigrée de ces familles a permis l’identification
des gènes codant les protéines APP, préséniline 1 (PSEN 1) et préséniline 2 (PSEN 2),
comme les gènes dont des mutations seraient responsables de cette forme de la maladie.
Des mutations très diverses dans ces gènes convergent, en effet, vers un mécanisme
général qui a pour résultats l’augmentation de la libération d’Ab1-42 et la
formation de plaques amyloïdes dans le milieu extracellulaire [4]. Néanmoins, dans la grande majorité des cas, les
malades développent une forme tardive de la MA, après 65 ans (LOAD, pour late
onset Alzheimer disease). Même si des mutations dans les gènes codant PSEN
1 et PSEN 2 sont parfois observées dans des cas de LOAD, l’apparition tardive de la
maladie est considérée comme multifactorielle, avec une forte composante polygénique et
une héritabilité estimée à 80 %. Pour ces formes sporadiques, qui représentent une large
majorité des patients, l’étiologie de la MA reste inconnue. Dans ces cas, le risque
associé à un gène le mieux caractérisé est la présence de l’allèle e4 du gène codant
l’apolipoprotéine E (APOEe4), responsable à lui seul
d’environ 25 % de la susceptibilité à la maladie [5]. L’APOE se retrouve dans les lipoprotéines de densité
intermédiaire (IDL) et est essentielle au catabolisme des constituants des lipoprotéines
riches en triglycérides. De par sa fonction de transporteur de lipides, l’APOE est
essentielle à l’entretien et au remodelage des membranes neuronales au niveau des
connexions entre synapses et dendrites. Le gène de l’APOE participe également à la
modulation de la réponse immunitaire et détermine la sensibilité à plusieurs troubles
d’origine infectieuse. Ce gène est polymorphe et l’allèle APOEε4, en particulier, semble
corréler à une fréquence plus élevée de cas de MA [6]. La contribution génétique à la MA ne se réduit cependant pas aux quelques gènes que nous
avons décrits. Des études génétiques à l’échelle du génome entier (GWAS, pour
genome-wide association studies) ainsi que les techniques de
séquençage à haut débit (NGS, pour next-generation sequencing) ont en
effet récemment révélé l’existence de plus de 20 gènes associés au risque de développer
des formes familiales ou sporadiques de MA, incluant plusieurs gènes impliqués dans la
régulation du système immunitaire, dont CLU
(clusterin), CR1 (complement C3b/C4b receptor
1), ABCA7 (ATP-binding cassette subfamily A member
7), CD33, HLA-DRB5 (human
leukocyte antigen, allèle DRB5), TREM2 (triggering
receptor expressed on myeloid cells 2), EPHA1 (EPH
[ephrin] receptor A1), et le cluster de gènes MS4A
(membrane-spanning 4-domains subfamily A) [5], confortant ainsi l’idée d’un rapport entre MA et
neuro-inflammation. |
Maladie d’Alzheimer et neuro-inflammation De nombreuses études récentes suggèrent un lien entre MA et neuro-inflammation. Nous
ne pouvons exclure que l’inflammation soit en partie une conséquence de l’évolution
de la maladie, mais plusieurs études suggèrent une étiologie en partie infectieuse
[7-9]. En effet, certaines caractéristiques de la
pathologie de la MA sont transmissibles par inoculation d’extraits de cerveau malade
à des rongeurs et à des primates [10]. Chez l’homme, des infections touchant le cerveau sont souvent
associées à des pathologies de type MA, et de nombreuses observations montrent la
présence de microbes dans le cerveau d’individus âgés [11, 12], ou dans le sang de patients atteints de la maladie [13]. Toutes ces observations
pourraient donc, en principe, représenter des indicateurs d’une étiologie
infectieuse de la MA. Certains microbes sont autant la cause de maladies chroniques
que de maladies aiguës. D’autres restent latents dans l’organisme, avec un potentiel
de réactivation dont les effets se font sentir plusieurs années après l’infection
initiale. Des personnes peuvent ainsi être infectées mais elles ne sont pas
nécessairement affectées, sans montrer de symptômes pendant des années [7, 12]. L’hypothèse inflammatoire de l’étiopathogénie de la MA est ainsi devenue l’une des
trois hypothèses les plus importantes qui ont été proposées [14-16]. Cette hypothèse postule qu’une inflammation, progressive
et auto-entretenue, du système nerveux central (SNC), caractérisée par l’activation
des astrocytes et des cellules microgliales, peut conduire à une
neurodégénérescence. Les cellules microgliales participent au système immunitaire
inné. Macrophages résidents du SNC, elles patrouillent le cerveau, constituant ainsi
un système de défense contre l’invasion de pathogènes. Les récepteurs innés, tels
que les TLR (Toll-like receptors) exprimés par les cellules
microgliales, interagissent avec des molécules qui sont présentes à la surface ou
produites par des agents pathogènes, ou PAMP (pathogen-associated molecular
patterns). Cette interaction est à l’origine de la production et de la
libération par les cellules qui expriment ces récepteurs, de molécules
pro-inflammatoires. Dans les régions pathologiquement touchées d’un cerveau de
patient atteint de MA, la microglie régule positivement l’expression de récepteurs
de surface qui sont liés à la phagocytose et à d’autres fonctions de la réponse
immunitaire. Ainsi, en plus des TLR, les molécules du complexe majeur
d’histocompatibilité de classe II (MHC-II), des récepteurs de cytokines et de
chimiokines, RAGE (receptor for advanced glycation end products),
ou les récepteurs de type Scavenger (ou éboueurs) contribuent à la réponse contre le
pathogène. Une large gamme de médiateurs inflammatoires, y compris les
anaphylatoxines, les chimiokines, les protéines Tau, les prostaglandines, les
cytokines, les protéases, les radicaux libres, les Aβ, les molécules d’adhérence, et
les protéines résultant de l’activation du complément, sont présentes au niveau des
lésions corticales observées dans la MA [17, 18]. Nous n’évoquerons ici, que la neuro-inflammation induite par des agents infectieux.
La barrière hématoencéphalique protège, en principe, le SNC. Des cellules
endothéliales micro-vasculaires contrôlent sélectivement le flux de molécules et de
microorganismes dans et hors du cerveau. Plusieurs agents pathogènes peuvent
néanmoins traverser cette barrière et accéder au cerveau, entraînant un certain
nombre de maladies. Les dommages du SNC résultant d’une infection, déclenchent ainsi
la libération de médiateurs inflammatoires et l’activation de la réponse immunitaire
innée afin d’éliminer les agents pathogènes invasifs. L’état inflammatoire qui en
résulte peut, ensuite, passer d’un état aigu, en réponse au pathogène, à un état
chronique [19]. La réponse
immunitaire et l’inflammation sont donc deux composantes critiques qui peuvent être
associées à la pathogénèse de la MA. La possibilité d’une implication de
microorganismes dans la formation des plaques séniles est désormais reconnue comme
étant la démonstration d’une étiologie infectieuse de la MA [20]. Un large éventail d’agents pathogènes,
notamment des bactéries, des champignons, des protozoaires, et des virus, a été en
effet associé à l’étiologie de la MA (Figure
1).
 | Figure 1.
Microorganismes impliqués dans la pathogenèse de la
MA.
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Bactéries impliquées dans la pathogenèse de la MA Chlamydia pneumoniae L’existence d’une association entre C. pneumoniae et MA a été
rapportée par plusieurs auteurs [ 7, 8, 12, 21]. C. pneumoniae, un pathogène respiratoire
intracellulaire, est actuellement le plus plausible de tous les agents
bactériens infectieux proposés pour être impliqués dans la MA [ 21]. Cette bactérie peut infecter
différents types de cellules dans le cerveau. Elle survie dans une inclusion
intracellulaire qui lui permet de résister à la reconnaissance immunitaire et à
la fusion lysosomale. Dans une étude post-mortem, l’ADN
spécifique de C. pneumoniae a été détecté dans le cerveau de 17
des 19 patients présentant la maladie (comparé à 19 patients contrôles, non MA,
négatifs pour cette bactérie) [ 22]. Deux ARN messagers (ARNm) spécifiques de la bactérie ont
également été identifiés dans des tissus cérébraux congelés de patients atteints
de la MA [ 22]. Cette présence de
C. pneumoniae dans les cerveaux de patients a été confirmée
par microscopie électronique, par microscopie immunoélectronique et par des
techniques immunohistochimiques [ 21,
22]. La relation entre présence de
C. pneumonia et plaques amyloïdes au niveau des régions
corticales de cerveaux de patients atteints de MA nécessite cependant des
recherches plus approfondies, tout comme la relation entre les complications de
l’infection à C. pneumoniae et le pronostic de la démence. En
raison de la complexité des infections à C. pneumoniae et de la
nature chronique de la MA, il est en effet difficile d’établir une association
entre la bactérie et la pathogenèse de la maladie. D’autres études sont donc
nécessaires pour comprendre la nature exacte de la relation entre C.
pneumoniae et la pathobiologie de la MA. Borrelia burgdorferi Cette spirochète 3 est un agent causal de la
démence associée à une atrophie corticale et à une microgliose survenant aux
stades avancés de la maladie de Lyme (borréliose) [ 23]. B. burgdorferi, ou
les lipoprotéines de sa membrane, ont été décrites comme des médiateurs majeurs
de la réponse inflammatoire [ 24]. Selon une hypothèse récemment proposée, B.
burgdorferi aurait une incidence sur les modifications
neurodégénératives en induisant une inflammation intracellulaire dans les
neurones. Cet état inflammatoire entraînerait une phosphorylation anormale de la
protéine Tau, un dysfonctionnement micro-tubulaire, et la génération de NFT. Ce
processus inflammatoire en expansion dans le cerveau provoquerait la
perturbation de l’homéostasie enzymatique [ 25]. D’importantes modifications
neurodégénératives du tissu cérébral, ainsi que des antigènes de B.
burgdorferi associés aux NFT et à l’Aβ, ont été détectés chez des
patients atteints de MA qui ont souffert de neuro-borréliose. Treponema pallidum
Treponema pallidum, une spirochète responsable de la syphilis,
pourrait être à l’origine d’une amylose locale, d’une atrophie corticale, et
d’une démence progressive. Tous ces symptômes sont aussi des caractéristiques
biologiques et pathologiques de la MA [ 26]. T. pallidum, ou ses lipoprotéines
membranaires, ont été décrits, comme dans le cas de la borréliose, comme étant
des médiateurs importants de l’inflammation [ 24]. T. pallidum infecte fréquemment le cerveau
avec d’autres bactéries, comme B. burgdorferi, ou avec des
virus herpétiques, surtout dans le cadre d’une syphilis [ 27]. La recherche dans ce domaine reste
aujourd’hui à un stade précoce et des études complémentaires sont nécessaires
pour confirmer et déterminer si une association entre T.
pallidum et MA existe. Plusieurs autres bactéries, comme Helicobacter pylori, des
actinomycètes, et diverses souches de
Propionibacterium, ont également été associées à la MA.
Mais des études sont nécessaires pour confirmer leur association avec la
maladie. |
Champignons et pathogenèse de la MA Récemment, certains auteurs ont fourni des preuves solides d’une existence
d’infection fongique chez les patients atteints de MA [9]. En utilisant différents anticorps spécifiques, des protéines
fongiques ont en effet été détectées dans le liquide céphalo-rachidien des patients
[9]. De l’ADN et des protéines fongiques
ont également été retrouvés dans des tissus cérébraux congelés de patients atteints
de MA, mais pas dans les tissus de patients témoins. Le matériel fongique a été
détecté, au niveau des cellules mais aussi dans le milieu extra-cellulaire, par des
anticorps spécifiques de plusieurs champignons, dont Candida albicans, C.
famata, C. glabrata, Pemphigus betae et Syncephalastrum
racemosum. L’analyse de différentes sections du cerveau, y compris le
cortex frontal externe, l’hémisphère cérébelleux, le cortex entorhinal/hippocampe,
et le plexus choroïde des patients atteints de MA, a également révélé la présence de
champignons [28]. Comme
pour les bactéries, une infection fongique est associée à une inflammation.
Cependant, des investigations plus détaillées seront nécessaires pour démontrer une
association étiologique entre l’inflammation induite par l’infection fongique et la
MA. |
Protozoaires et pathogenèse de la MA Une infection chronique par le protozoaire Toxoplasma gondii
entraîne une neuroinflammation qui pourrait également participer à la
physiopathologie de la MA [29]. Dans des études réalisées en 2010-2011, il a été suggéré que
l’infection chronique à T. gondii pouvait être responsable du
déclenchement et du développement de plusieurs maladies neurodégénératives associées
à une production accrue de cytokines pro- et anti-inflammatoires [30]. Dans une étude plus récente,
réalisée en 2014, une dysfonction olfactive, également observée dans la MA, la
sclérose en plaque et la schizophrénie, a été associée à des taux d’immunoglobulines
G anti-T. gondii significativement augmentés [31]. |
Les virus impliqués dans la pathogenèse de la MA Un nombre croissant d’observations associe l’infection par plusieurs virus,
particulièrement les virus herpétiques (dont les HSV[herpes simplex
virus]-1 et -2, le CMV [cytomégalovirus], l’EBV [virus d’Epstein-Barr],
les HHV[human herpesvirus]6 et 7), au risque de développer une MA
[32]. Dans le cas
particulier d’HSV-1, qui est le virus le plus étudié, les preuves sont
particulièrement nombreuses et substantielles. HSV-1 est un virus neurotrope commun
qui est présent chez environ 70 % des individus âgés de plus de 50 ans de la
population occidentale. Ce virus est à l’origine d’infections latentes dans les
neurones périphériques, mais aussi dans les neurones du cerveau [33]. Des réactivations de génomes
latents dans le cerveau peuvent apparaître à la suite de stress ou au cours
d’immunosuppressions. L’expression de l’ADN de ces virus est en effet accrue dans le
cerveau de patients immunodéprimés. Cet ADN viral a, par ailleurs, été localisé dans
des régions atteintes du cerveau chez les patients présentant une MA [11]. L’encéphalite herpétique, provoquée par
ces virus, est à l’origine de lésions dans des régions du SNC qui sont connectées au
système limbique et qui sont associées à la mémoire, à la cognition et à
l’affectivité, des fonctions qui sont toutes affectées par la MA [34]. Le dysfonctionnement olfactif est
un symptôme précoce qui est également retrouvé dans la MA. Le nerf olfactif, qui
mène au cortex entorhinal latéral, le site initial d’où se propage la pathologie
caractéristique de la MA, est en fait une porte d’entrée probable d’HSV-1 (et
d’autres virus, ainsi que de C. pneumoniae) dans le cerveau,
laissant supposer le rôle de ces pathogènes dans l’atteinte cérébrale observée dans
la MA [35]. À noter que la
séropositivité contre HSV-1 est corrélée au développement de la MA [36]. Chez la souris, mais aussi dans des cultures cellulaires in vitro,
des dépôts de peptide Ab sont observés à la suite d’infections par l’HSV-1 [37]. Des cultures de neurones
humains et murins infectés par l’HSV-1 produisent en effet des peptides
Aβ1–42, en lien avec une diminution de la présence dans les cellules
de la protéine précurseur APP. Cette observation peut s’expliquer, en partie, par
l’induction de l’expression de la β-sécrétase et de la nicastrine, deux enzymes qui
sont impliquées dans le clivage de l’APP en Aβ dans la voie amyloïdogénique [38]. Des interactions
directes entre l’APP et HSV-1 ont d’ailleurs été décrites. Des antiviraux, dont
l’acyclovir, bloquent in vitro ces signatures pathologiques
induites par HSV-1 [39].
Les neurones en culture infectés par HSV-1 présentent également une
hyper-phosphorylation de la protéine Tau, mais aussi des modifications à l’origine
d’atteintes neurodégénératives, dont des altérations de la dynamique des
microtubules, des dommages du cytosquelette neuronal, et une perte neuronale [40]. HSV-1 module
positivement l’expression des kinases GSK3β (glycogen synthase
kinase) et PKA (protéine kinase A), deux kinases impliquées, entre
autres, dans la phosphorylation des protéines Tau [41]. Ces effets du virus sur les cellules ne
sont pas observés dans les neurones qui ont été prétraités par l’antiviral acyclovir
[42]. La capacité
d’HSV-1 à induire le clivage de la protéine APP en peptides, et
l’hyper-phosphorylation de Tau, montre ainsi le lien mécanistique existant entre le
virus HSV-1 et la pathogenèse de la MA. De nombreuses publications, issues d’études réalisées par différentes équipes, ont
confirmé que HSV-1, directement ou indirectement, était un partenaire important de
l’étiopathogénie de la maladie. Ces études suggèrent en effet que HSV-1 confère un
risque accru à la maladie s’il infecte le cerveau de patients porteurs de l’allèle
ε4 de l’APOE. APOEe4 détermine en effet la
sensibilité à plusieurs troubles d’origine infectieuse, notamment l’herpès labial
causé par HSV-1 [6, 43]. Le postulat de Ruth Itzhaki, probablement
la chercheuse qui a réalisé le plus grand nombre d’études pour étayer l’hypothèse
infectieuse, en particulier celle de l’implication d’HSV-1 comme facteur étiologique
de la MA, propose que des agents infectieux, comme ce virus (mais pas seulement),
atteindraient le système nerveux central et y resteraient sous une forme latente.
Ils seraient ensuite réactivés au cours du vieillissement, à la faveur de
l’affaiblissement du système immunitaire, et sous l’action de différents types de
stress. Les dommages neuronaux qui en résultent - dus à l’action directe du virus et
à l’inflammation qu’il induit - se produiraient de manière récurrente, conduisant à
- ou agissant en tant que cofacteur de - un dysfonctionnement synaptique progressif,
une perte neuronale, et finalement à la MA [7,
44]. |
Évidences en faveur d’un rôle plus central d’HSV-1 dans l’étiologie de la
MA Deux études récentes soutiennent et étayent l’idée de la participation des virus
herpétiques comme des déclencheurs majeurs de la physiopathologie de la MA,
fournissant de nouvelles indications convaincantes d’un lien causal entre les
herpèsvirus et la MA. Dans la première étude, Readhead et al. [45] ont analysé les modifications de
l’expression de gènes observées dans les cerveaux de patients atteints de MA. Cette
analyse a révélé, étonnamment, des changements d’expression de facteurs de
transcription, tels que les motifs C2H2-TF et G-quadruplex (G4), qui sont connus
pour être impliqués dans la régulation de la transcription de virus. Les auteurs ont
donc examiné des échantillons de cerveaux de patients à la recherche de transcrits
spécifiques de 515 virus humains connus, sans aucune hypothèse préconçue. Ils ont
alors observé que les niveaux d’ARNm de virus herpétiques étaient spécifiquement
augmentés dans ces cerveaux, principalement ceux de HHV-6A et HHV-7, bien qu’ils
aient également trouvé une surreprésentation des transcrits d’HSV-1 et d’HSV-2.
Cette observation a ensuite été confirmée, en utilisant trois banques différentes
d’échantillons de cerveaux de patients. La surabondance des transcrits viraux ne
semblait donc pas limitée à quelques cas exceptionnels examinés, mais être une
caractéristique plus générale de la MA. Les auteurs ont également mis en évidence
une augmentation de l’ADN d’HHV-6A (et d’HSV-2) dans les échantillons, suggérant une
réplication virale active dans les cerveaux des patients. Ils ont, par ailleurs,
observé une association significative entre présence d’HHV-6A et d’HHV-7 et sévérité
de la démence et de la pathologie cérébrale. Notons que, comme pour HSV-1 et -2,
l’infection par HHV-6A et HHV-7 est une cause connue d’encéphalite virale, en
particulier chez les individus immunodéprimés. Pourtant, cette observation de la présence d’HHV-6A et d’HHV-7 dans le cerveau de
patients atteints de MA pose d’importantes questions quant au rôle de ces virus dans
la physiopathologie de la maladie. En effet, si HSV-1 et HSV-2 sont considérés comme
des virus neurotropes, dans la mesure où ils infectent et se multiplient ou entrent
en latence dans les neurones, HHV-6 et HHV-7 sont généralement considérés comme des
virus lymphotropes, puisqu’ils ciblent principalement les cellules immunitaires, y
compris les lymphocytes T et les macrophages, bien que ce groupe de virus puissent
également infecter les oligodendrocytes et autres cellules gliales. Il est donc plus
difficile d’expliquer le rôle direct de ces virus comme agents étiologiques de la MA
[45, 46]. Cependant, limiter le rôle de ces virus
dans la MA à une « simple » question de tropisme cellulaire pourrait sembler, pour
plusieurs raisons, réducteur. Il est en effet important de considérer les infiltrats
de cellules inflammatoires qui sont fréquemment observés dans les zones cérébrales
les plus touchées dans la maladie. En effet, la MA est accompagnée d’un afflux
majeur de cellules immunitaires pro-inflammatoires dans le cerveau, dont des
macrophages et des lymphocytes T et B. Il est donc concevable que des cellules
immunitaires, hébergeant des génomes de HHV-6 et -7, aient pu fausser le rapport de
transcrits viraux qui avait été établi par Readhead et al. [45] et qui favorisait ceux d’HHV-6 et -7 dans
les cerveaux MA, par rapport aux cerveaux non MA. Les infections par certains virus herpétiques peuvent favoriser la réactivation
d’autres virus latents. Une infection par le cytomégalovirus peut, par exemple, être
accompagnée de la réactivation d’un génome d’HSV-1 latent dans les cellules. Il est
aussi concevable qu’une infection par HHV-6 ou HHV-7 puissent réactiver des génomes
d’HSV-1 en latence dans le cerveau. Il semble donc que les rôles respectifs dans la
pathologie de la MA, d’HSV-1 et -2, d’une part, et d’HHV-6 et -7, d’autre part, soit
plus complexe qu’il n’y paraît. HSV-1 et -2 pourraient en effet recruter des
cellules immunitaires hébergeant HHV-6 ou -7 et/ou les réactiver, lesquels
pourraient à leur tour réactiver des génomes d’HSV en latence, conduisant à une
interaction entre les deux types de virus ou une double pathologie. La seconde étude, réalisée par Eimer et al. [47], est la continuité de leurs expériences
antérieures et un approfondissent de leurs conclusions initiales selon lesquelles le
peptide β-amyloïde (Ab) serait un peptide antimicrobien [48], une observation qui sera ensuite validée
indépendamment par d’autres équipes. Dans cette nouvelle étude, les auteurs ont
examiné l’activité antivirale du peptide Ab dans des modèles d’encéphalite murine
induite par l’HSV-1. Des souris transgéniques 5XFAD, qui expriment les gènes codant
l’APP et la PSEN 1 humaines, et des contreparties sauvages (WT), ont reçu une
injection stéréotaxique d’HSV-1 dans l’hippocampe de chaque hémisphère cérébral et
leur survie a été suivie. Une augmentation significative de la survie des souris
5XFAD, exprimant donc des peptides Ab humains, par rapport aux souris de même souche
mais non transgéniques, a été observée, révélant le possible rôle antiviral des
peptides produits. Les activités protectrices des peptides Ab ont ensuite été
confirmées dans un modèle d’infection in vitro : comparée à
l’infection de cellules témoins, l’infection herpétique est significativement
atténuée en présence d’Ab1-42 dans le milieu de culture, démontrant que
ces peptides peuvent effectivement inhiber l’infection de neurones en culture, ce
qui est cohérent avec une activité protectrice des peptides Ab contre HSV-1. Les
peptides Ab aptes à interagir avec les particules virales sont préférentiellement
des oligomères solubles, plutôt que des monomères. L’activité antivirale des
peptides reposerait sur leur liaison avec les glycoprotéines d’HSV-1, ce qui
provoquerait très rapidement (moins de 2 heures) une agglutination fibrillaire
autour des particules virales, les séquestrant dans des agglutinats insolubles. Il
semble donc que la présence de particules virales puisse initier le dépôt dans le
cerveau de peptides Ab, produits en réponse à l’infection, et donc accélérer la
pathogenèse de la MA. La neuro-dégénérescence serait ainsi plus une conséquence de
l’action antivirale des peptides Ab, que de l’activité pathogène du virus en
lui-même, agissant directement sur les neurones. Les peptides Ab présentent
également une activité protectrice vis-à-vis des particules d’HHV-6A et -7 [47]. |
Bien que les études réalisées par Readhead et al. [45] et Eimer et al. [47], de même que celles de plusieurs autres
équipes, renforcent l’idée d’un rôle des virus herpétiques et d’autres agents
pathogènes comme contributeurs critiques au développement de la MA, des questions
importantes demeurent, qui nous conduisent, peut-être, à moduler ou à reconsidérer
le rôle des infections dans l’étiologie de la MA. On ne peut en effet exclure que la
présence d’au moins certains de ces pathogènes puisse résulter d’une invasion
opportuniste des tissus cérébraux endommagés au début de la maladie. Distinguer
entre ces deux hypothèses, de surcroît dans un processus neurodégénératif dont le
développement prend plusieurs années, reste un défi. Pour cela, il serait nécessaire de déterminer l’étendue et la diversité réelles des
agents pathogènes pouvant être liés à la pathogénèse de la MA, et définir
l’importance relative de la cytotoxicité directe de ces agents
versus celle de l’inflammation et de la réponse immunitaire
qu’ils induisent. Un grand nombre d’agents pathogènes que nous avons mentionnés sont
en fait très répandus. Ils colonisent de nombreuses personnes qui, pourtant, ne
développent pas la maladie. Il est donc peu probable que ces agents infectieux
soient la cause étiologique majeure de la MA. C’est probablement pour cela que des
gènes clés, identifiés comme facilitant la MA, qui codent des modulateurs du système
immunitaire sont importants, en particulier les allèles d’APOE, qui
modulent la sensibilité à différents agents pathogènes, notamment les herpèsvirus et
les Chlamydia. Des facteurs liés au mode de vie, comme le stress,
peuvent certainement jouer aussi un rôle dans l’immunosuppression, la réactivation,
et le développement des infections associées au développement de la maladie. Quoi qu’il en soit, il semble que des virus herpétiques, et d’autres agents
infectieux, sont, quelque part, au centre d’une chaîne causale, au moins comme
cofacteurs, pour une catégorie de patients atteints de MA. Les preuves, de plus en
plus nombreuses, obtenues au cours des dernières années, selon lesquelles les
infections chroniques et les mécanismes de défense, y compris les processus
inflammatoires, sont au cœur de la MA, justifient de réévaluer les médicaments
antiviraux, tels que l’acyclovir, et peut-être la vaccination antivirale, comme des
voies potentielles de lutte contre la MA. À la lumière de ces observations qui
concernent la MA, il conviendrait d’examiner le rôle possible d’agents pathogènes
dans l’étiologie d’autres maladies neurodégénératives, dont la maladie de Parkinson,
pour laquelle une composante infectieuse a longtemps été soupçonnée. Des efforts considérables ont été consacrés à l’étude des peptides β-amyloïdes
considérés comme des éléments clés de la physiopathologie de la MA. D’importants
investissements de recherche et de développement de tests cliniques ciblant un grand
nombre de composés ont en effet été réalisés. Pourtant, cette approche n’a, jusqu’à
présent, que peu donné de résultats concluants. La prise de conscience que les
peptides Ab peuvent agir comme un système de défense antimicrobienne important,
appelle à une nouvelle évaluation du rôle de ces peptides dans la maladie, et à une
reconsidération des priorités dans l’exploration de stratégies de traitement ou de
mesures préventives qui apparaissent possibles. |
L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données
publiées dans cet article.
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Footnotes |
1. Alzheimer’s Association
Report . 2015 Alzheimer’s disease facts and
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