Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
II. Actions de prévention des consommations
2021
13-
Interventions efficaces
de prévention de la consommation d’alcool en
différents milieux
Ce chapitre a pour objectif de présenter une synthèse actualisée de la
littérature scientifique internationale dans le champ des interventions
efficaces de prévention de la consommation d’alcool. Il vise dans un
premier temps à identifier les interventions ayant montré, grâce à des
évaluations d’efficacité suffisamment bien menées, un bénéfice pour
réduire l’expérimentation et/ou la consommation d’alcool des publics
visés et pour minimiser les conséquences négatives qui découlent de
cette consommation.
Nous présenterons ces interventions bénéfiques fondées sur des preuves en
les regroupant par milieu (les interventions en milieu scolaire, auprès
des parents ou de la famille, dans plusieurs milieux ou à composantes
multiples, dans le milieu du travail) puis, au sein de chaque milieu, et
lorsque plusieurs interventions efficaces partagent une même approche,
par stratégies d’interventions.
Cette synthèse repose sur des articles scientifiques (articles primaires,
revues systématiques, revues de littérature, synthèses ou revues
d’organismes ou instituts œuvrant dans le champ de la santé publique)
publiés de 2011 à 2019. Le temps de la recherche interventionnelle dans
le champ de la prévention étant un temps long, nous rapporterons
également les études antérieures quand cela est nécessaire.
Seules les interventions dont la littérature a montré un effet
significatif sur la consommation d’alcool (
via des indicateurs
comportementaux, la plupart du temps auto-rapportés) seront mentionnées,
à l’exclusion de celles qui n’impactent que les cognitions (par exemple,
les attitudes, croyances, intentions, motivations). Sauf indication
contraire, les résultats d’évaluation présentés sont issus d’études
utilisant des essais contrôlés randomisés. On indiquera pour chaque
intervention, en plus de ses effets, dans quels délais ils ont été
obtenus (à court, moyen ou long terme)
1
Classiquement, dans le champ de la prévention
la consommation de substances psychoactives (SPA), un effet à
court terme est obtenu lors d’un suivi inférieur à 6 mois, à
moyen terme lors d’un suivi à partir de 6 mois et inférieur à
1 an, et à long terme lors d’un suivi de 1 an ou
plus.
. On mentionnera
également si elle relève d’une prévention universelle, sélective ou
indiquée
2
On distinguera les
interventions de prévention « universelle » qui s’adressent à
tous les membres d’une population donnée (par exemple, tous les
enfants d’un certain âge), de loin l’approche la plus
représentée dans ce chapitre ; les interventions de prévention
« sélective » qui s’adressent à un sous-groupe considéré comme
présentant un risque élevé de consommation d’alcool et/ou de
substances du fait de facteurs de risque (par exemple, facteurs
familiaux ou environnementaux) ; les interventions de prévention
« indiquée » qui ciblent les personnes qui utilisent déjà des
substances mais n’ont pas développé de consommation à risque de
substances.
.
Interventions efficaces selon les milieux et les
stratégies d’action
Interventions efficaces dans le milieu scolaire
et l’enseignement supérieur
Programmes génériques de développement des
compétences psychosociales des élèves
Une des stratégies les plus représentées dans la littérature
internationale en termes de résultats bénéfiques pour la
prévention de l’usage de SPA, et en particulier de
consommation d’alcool, repose sur le développement des
compétences psychosociales (CPS) des élèves lors de sessions
délivrées en classe par l’enseignant. Cette stratégie permet
d’« engager les élèves dans des activités interactives,
animées par les enseignants formés, qui donnent
l’opportunité d’expérimenter et de renforcer un ensemble de
compétences psychosociales permettant de faire face aux
difficultés de la vie dans un sens favorable à la santé »
(UNODC et WHO, 2018

). Elle prend généralement la
forme d’un programme structuré composé de plusieurs séances,
souvent hebdomadaires et d’une durée moyenne d’une heure,
dont les activités ciblent à la fois des CPS de nature
cognitive (par exemple, la prise de décision, la résolution
de problème, la pensée critique, la conscience de soi et des
influences), sociale (par exemple, la communication,
l’affirmation de soi, la négociation, la gestion des
conflits, l’empathie, la coopération et la collaboration en
groupe, le plaidoyer) et émotionnelle (par exemple, la
régulation émotionnelle, la gestion du stress). Les CPS
fonctionnent alors comme des ressources ou des facteurs
protecteurs permettant d’éviter aux jeunes de s’engager dans
une large gamme de comportements à risques.
Cette stratégie est souvent utilisée au début de
l’adolescence (entre 12 et 14 ans) dans le cadre de
programmes dont l’objectif est de prévenir et/ou de réduire
l’usage de plusieurs SPA (tabac, alcool et cannabis ;
programmes dits « génériques »). Dans ce contexte, le
développement des CPS est associé à un travail sur les
influences sociales et les normes sociales. Une CPS
particulière est alors ciblée, consistant pour les élèves à
apprendre à « résister à l’incitation des pairs à consommer
des substances » (capacité à dire non, résistance à la
pression des pairs). De plus, certaines activités permettent
de changer les croyances normatives des élèves sur
l’acceptabilité dominante parmi les pairs de l’usage de
substances et de corriger les fausses croyances relatives à
la prévalence de consommation des pairs du même âge (norme
descriptive de consommation), prévalence souvent surestimée
(Borsari et Carey, 2003

; Lewis et Neighbors,
2004

; Perkins et coll.,
1999

). Enfin, elle comporte souvent
un volet concernant la connaissance des SPA et centré sur
les effets négatifs à court terme des produits.
Life Skills Training
(LST)
Le programme
Life Skills Training (LST ; pour une
présentation générale, voir Botvin et coll.,
2015a

) est sans doute l’un des
programmes de développement des CPS ayant fait l’objet
du plus grand nombre de publications scientifiques.
Lorsqu’on s’intéresse à la prévention de la consommation
d’alcool, il est l’un des plus recommandés par les
revues systématiques (par exemple, Foxcroft et coll.,
2011

) et par les registres
d’actions probantes (par exemple, seul «
Model
plus » du registre
Blueprints for Healthy
Youth Development pour la thématique
« Alcool »). Développé aux États-Unis dans les années
80, le LST est un programme de prévention universelle
délivré en classe par l’enseignant auprès de collégiens
de 12 à 14 ans. Il débute en 5
e et dure selon
les versions de 1 an (par exemple, Botvin, et coll.,
1997

) à 3 ans (par exemple, Botvin
et coll., 1990a

,
1995a

). Son objectif est de
prévenir chez les élèves l’usage de tabac, d’alcool et
de cannabis grâce à un modèle générique de développement
des CPS. Il vise aussi à corriger les normes sociales
associées à la consommation de SPA et à réduire la
vulnérabilité des jeunes aux influences sociales.
Le format d’origine du programme comprend 30 sessions de
45 minutes sur trois ans : 15 sessions la première
année, puis 10 et 5 sessions de rappel (ou
«
boosters ») les années suivantes (par
exemple, Botvin et coll.,
1990a

,
1995a

). Son format et l’intensité
de sa mise en œuvre a pu varier au gré des études, mais
le format le plus représenté reprend seulement les 2
premières années du format d’origine (par exemple, Smith
et coll., 2004

).
Plusieurs études ont montré les effets bénéfiques du LST
sur la consommation d’alcool, en particulier pour
prévenir ou réduire à long terme (par exemple, pour un
suivi ≥ 1 an) les consommations excessives. Une étude
américaine menée auprès de collégiens (N = 5 954 élèves
de 5
e) de la classe sociale « moyenne » et
d’origine majoritairement caucasienne (Botvin et coll.,
1990a

,
1995a

) a révélé que le LST, sous
son format d’origine de 3 ans, réduisait la prévalence
des épisodes d’ivresse alcoolique (au moins un épisode
dans le mois passé) 3 ans après la fin de l’intervention
(c’est-à-dire 6 ans après le début de l’intervention, à
la fin de la scolarité au lycée) comparativement à un
groupe contrôle n’ayant reçu aucune intervention (LST :
34 %
vs. Contrôle : 40 % ; Botvin et coll.,
1995a

). Lorsque les auteurs
examinaient le sous-échantillon des collégiens ayant
reçu 60 % ou plus du programme, le LST réduisait
également la prévalence de la consommation hebdomadaire
actuelle (LST : 24 %
vs. Contrôle : 29 %) et la
prévalence de la consommation excessive actuelle (4
verres ou plus par occasion ; LST : 53 %
vs.
Contrôle : 59 %). Une autre étude ciblant la même
population (Botvin et coll.,
1984

,
1990b

; N = 1 311) a examiné les
effets d’une version du LST comprenant des séances
délivrées en 5
e (20 séances) soit par
l’enseignant, soit par un pair plus âgé (lycéens de
15-18 ans préalablement formés) avec ou sans sessions de
rappel la 2
e année (10 sessions). La
consommation était mesurée avant l’intervention puis en
fin de 5
e et en fin de 4
e. À
l’issue de la 1
re année du programme (Botvin
et coll., 1984

), les collégiens ayant reçu
les 20 séances animées par un pair plus âgé consommaient
moins de verres par occasion que les collégiens du
groupe contrôle. Un an plus tard (en fin de
4
e ; Botvin,
1990b

), on retrouvait le même effet
pour la condition « LST pairs +
boosters » et on
obtenait les résultats les moins bons pour la condition
« LST enseignants +
boosters » en comparaison des
autres conditions (sans toutefois être significativement
différents de ceux de la condition contrôle) pour les
trois indicateurs de consommation d’alcool. Ces
résultats contre-intuitifs ont été attribués par les
auteurs à un défaut de mise en œuvre du programme par
les enseignants. Les auteurs remarquaient une faible
qualité globale de mise en œuvre (fidélité, dose) du
programme par les enseignants dans cette étude, sans
doute due au manque de soin apporté à leur recrutement
et à leur accompagnement. Lorsqu’ils considéraient les
élèves ayant reçu le LST mené par des enseignants ayant
fait preuve d’une fidélité de mise en œuvre suffisante,
l’intervention parvenait à réduire chez les participants
la prévalence de consommation dans la semaine passée et
la fréquence des épisodes d’ivresse.
D’autres études ont investigué les effets du LST auprès
de collégiens provenant de minorités défavorisées vivant
en centre-ville, majoritairement afro et
latino-américaines (Botvin et coll.,
1995b

,
1997

,
2001a

et
b

, Griffin et coll.,
2003

). Botvin et coll.
(1995b

; N = 757) ont par exemple
montré qu’une version en deux ans du programme réduisait
la quantité et la fréquence de consommation actuelle
ainsi que la fréquence actuelle des ivresses des
collégiens 3 ans après le début de l’intervention (en
classe de 3
e).
Une autre étude ayant fait l’objet de plusieurs
publications (Botvin et coll.,
2001a

et
b

, Griffin,
2003

; N = 5 222 collégiens de
5
e dans 29 écoles de New York) a montré
que le programme (15 sessions + 10 «
boosters »)
réduisait : a) la fréquence actuelle de consommation
d’alcool, b) la fréquence actuelle des épisodes
d’ivresse ainsi que c) la quantité d’alcool consommée
habituellement par occasion 2 ans après le début de
l’intervention, en fin de 4
e (Botvin et
coll., 2001a

; échantillon d’analyse :
N = 3 621). Il réduisait également de 57 % la prévalence
des
binge drinkers habituels (5 verres ou plus
par occasion) 3 ans après le début de l’intervention, en
fin de 3
e (LST : 5,2 %
vs. 2,2 % ;
OR = 0,40 ; Botvin et coll.,
2001b

; N = 3 041).
À partir du même jeu de données, Griffin et coll.
(2003

) ont examiné les effets du
programme sur un sous-échantillon de collégiens
présentant des facteurs de risque d’initiation à
l’alcool préalablement à la délivrance du programme
(faible résultats scolaires, pairs consommateurs ;
N = 758). Ils ont observé une diminution de la
consommation d’alcool à l’aide d’un score composite
(fréquence habituelle de consommation d’alcool et des
ivresses, quantité habituellement consommée par
occasion) 2 ans après le début de l’intervention, en fin
de 4
e. Velasco et coll.
(2017

) ont également montré que le
programme réduisait la probabilité d’initier une
conduite d’ivresse hebdomadaire 2 ans après le début de
l’intervention auprès d’un échantillon de plus de 3 000
collégiens italiens.
Parmi les adaptations du programme à d’autres publics
cibles, on peut noter une version destinée aux écoles
élémentaires (du CE2 au CM2 ; 8-11 ans) comprenant 24
sessions sur 3 ans (8 sessions de 30-45 minutes par an)
montrant une diminution de la prévalence de consommation
à la fin de l’intervention (Botvin et coll.,
2003

; N = 1 090), mais seulement
lorsqu’on examine la consommation à l’échelle de
l’école. Une autre version a été développée pour les
lycéens (Botvin et coll.,
2015b

; N = 452). Constituée de 7
modules délivrés au cours de 10 sessions de 45 minutes,
elle a permis une réduction à 1 an de la consommation
quotidienne de SPA (tabac, alcool, ivresse, cannabis) et
de la proportion de consommateurs quotidiens de SPA,
sans que l’effet spécifique sur l’alcool ne soit mesuré.
Enfin, une étude ambitieuse (Spoth et coll.,
2014

) a suivi jusqu’à l’âge adulte
des collégiens ayant reçu le programme LST seul (15
sessions + 5 «
boosters ») ou en plus un
programme de renforcement familial, le
Strengthening
Families Program (SFP10-14 ans ; 7 sessions + 4
« boosters »). Les auteurs ont montré que le programme
LST délivré seul réduisait la fréquence moyenne des
ivresses à l’âge adulte (entre 19 et 22 ans) ainsi que
le nombre moyen de problèmes liés à l’alcool mais que
cet effet était indirect, c’est-à-dire médiatisé par le
report de l’initiation à l’alcool chez l’adolescent. Cet
effet indirect était plus marqué pour les collégiens
présentant des facteurs de risque de consommation. Les
résultats concernant l’effet cumulé des deux programmes
seront abordés dans la section concernant les programmes
à plusieurs composantes.
Unplugged
Tout comme le LST,
Unplugged est un programme
générique (i.e., ciblant plusieurs SPA) de prévention
universelle dont l’objectif est de prévenir
l’expérimentation et de réduire la consommation de SPA
(tabac, alcool/ivresse, cannabis) chez les collégiens de
12 à 14 ans. Développée au début des années 2000 par le
réseau collaboratif européen du Projet EU-Dap
(
European Drug Addiction Prevention Trial),
la version d’origine est composée de 12 séances de 50
minutes (dont 3 séances axées sur les SPA) délivrées en
classe par un enseignant préalablement formé. Sa
stratégie d’intervention repose sur le renforcement des
compétences psychosociales, la correction des croyances
normatives, le changement d’attitude à l’égard des
drogues illicites et l’amélioration des connaissances
sur les SPA (
Comprehensive Social Influence,
Sussman et coll., 2014). Les enseignants ont recours à
des méthodes interactives (mises en situation, jeux de
rôles) lors de séances formalisées et structurées (à
l’aide d’un manuel libre de droit détaillant le
déroulement des séances). Plusieurs évaluations ont
montré l’efficacité d’
Unplugged pour réduire les
consommations de SPA chez les collégiens, dont
l’évaluation européenne
princeps du projet EU-Dap
(ECR multicentrique en clusters incluant 9 centres dans
7 pays européens ; N = 7 079 ; Faggiano et coll.,
2008

,
2010

) et plusieurs revues
systématiques ont depuis recommandé
Unplugged
pour une prévention de l’usage de SPA (Agabio et coll.,
2015

; Faggiano, Minozzi et coll.,
2014

; Foxcroft et Tsetsvadze,
2011

), notamment dans l’optique
d’une implantation en Europe.
Concernant les effets d’
Unplugged sur la
consommation d’alcool, l’étude européenne multicentrique
a montré une réduction à long terme (15 mois après la
fin de l’intervention) de la prévalence des épisodes
récents d’ivresses (au moins 1 dans les 30 derniers
jours ; Faggiano et coll.,
2010

; Caria et coll.,
2011b

) et des conséquences
négatives liées à l’alcool dans les 12 derniers mois
(par exemple, les bagarres, les conflits avec les
parents ; Caria et coll.,
2011b

). Ils n’ont pas pu montrer la
plus-value d’un volet parental, la participation des
parents aux séances dédiées ayant été très faible. Une
évaluation de l’adaptation française d’
Unplugged
(étude quasi-expérimentale avec groupe contrôle sans
randomisation, N = 1 350 ; collégiens de 11 à 14 ans) a
montré une réduction à court terme (3 mois après la fin
de l’intervention) de l’initiation à l’ivresse (risque
diminué de 79 %) et de la prévalence des ivresses
récentes dans les 30 derniers jours (risque diminué de
73 % ; Lecrique, 2019

). Cette adaptation au
contexte culturel français prévoit une co-animation
entre l’enseignant et un intervenant de prévention
durant les 12 séances de la 1
re année, avec
une autonomisation progressive de l’enseignant les
années suivantes, sauf sur les 3 séances concernant les
produits. Les études ont révélé une plus grande
efficacité dans les zones géographiques socialement
défavorisées (Caria et coll.,
2011b

) et les établissements les
moins performants en termes de réussite scolaire
(Lecrique, 2019

), ainsi que des effets plus
importants chez les collégiens présentant des facteurs
de risque : faible niveau scolaire (Lecrique,
2019

) et permissivité parentale à
l’égard de la consommation de SPA (Caria et coll.,
2011a

; Lecrique,
2019

). Enfin, une relation
dose-réponse a été mise à jour : plus on délivre de
séances, plus les effets du programme sur les
consommations sont importants (Lecrique,
2019

). Giannotta et coll.
(2014

) ont mis en évidence que les
effets du programme sur la consommation pouvaient être
expliqués par 3 mécanismes intermédiaires : une
diminution de l’attitude positive à l’égard des drogues
illicites, l’augmentation de la capacité à résister à la
pression des pairs et la réduction de l’estimation du
pourcentage de pairs consommateurs (norme descriptive
perçue)
3
Si on prend en compte les études
qui rapportent ou non des effets différents du
programme selon le genre (plus d’effets chez les
garçons que chez les filles), il semble que ces
effets différenciés dépendent de l’âge des
participants (Caria et coll.,
2011a

; Novák et coll.,
2013

; Vigna-Taglianti et
coll., 2009

). Le programme serait
efficace pour les garçons comme pour les filles si
les participants sont suffisamment jeunes
lorsqu’ils commencent
Unplugged (≤ 12 ans
en moyenne). Concernant l’effet sur la prévalence
de l’ivresse, on ne retrouve plus de différence
d’effets selon le genre lorsque l’échantillon est
rajeuni (Lecrique,
2019

) ou lorsqu’on examine,
dans l’étude européenne princeps, le
sous-échantillon des collégiens ayant 12 ans ou
moins (Caria et coll.,
2011a

; Vigna-Taglianti et coll.,
2009

).
.
Building Resiliency and Vocational
Excellence (The BRAVE)
Building Resiliency and Vocational Excellence
(BRAVE) est une intervention sélective en milieu
scolaire visant à prévenir la consommation de SPA (dont
l’alcool) et la violence chez les collégiens
afro-américains (garçons uniquement). Il comporte 2 à 3
séances hebdomadaires pendant 9 semaines d’une même
année scolaire. Le programme encourage les participants
à développer des comportements résilients à travers un
programme de développement des CPS utilisant des
exercices pratiques (jeux de rôle) permettant de les
pratiquer dans différents contextes sociaux et plusieurs
modules relatifs à : a) la prévention de la violence
(utilisation de vidéos), b) un travail sur la
masculinité/virilité basée sur la maturité
comportementale et les attentes de genre responsables et
c) un travail sur les normes de réussite, l’orientation
et la formation professionnelle. On leur donne également
l’opportunité d’être aidés de parrains (ou
« mentors »).
Les résultats de l’étude de Griffin et coll.
(2009

; N = 178 collégiens de
4
e) ont révélé, lors d’un suivi à 12
mois, un effet bénéfique de l’intervention sur la
prévalence de consommation d’alcool des jeunes (7,6 %
vs. 37,2 % ; RR = 0,2)
4
Le risque relatif a
été calculé
a posteriori par les auteurs du
rapport du NICE
(2019

) pour prendre en compte
l’effet
« grappe ».
.
Programmes de développement des compétences
des élèves adoptant
une approche de réduction des
conséquences négatives liés à la consommation
d’alcool
Trois autres programmes australiens adoptent la stratégie
précédente de renforcement des CPS des collégiens mais se
focalisent sur la consommation d’alcool avec un double
objectif : l’identification par les jeunes des dommages liés
à la consommation d’alcool et l’élaboration de stratégies
permettant leur réduction. Leurs principaux objectifs sont
donc d’amener les élèves à consommer moins d’alcool, à avoir
une consommation moins risquée et à expérimenter moins de
conséquences négatives liées à leur consommation
d’alcool.
School Health and Alcohol Harm
Reduction Project (SHAHRP)
Dans sa version d’origine (McBride et coll.,
2000

,
2004

), le programme
School
Health and Alcohol Harm Reduction Project
(SHAHRP) est mené en classe pendant 2 ans auprès de
collégiens de 13 à 15 ans. La première année (classe de
4
e) est constituée de 17 activités
majoritairement interactives délivrées lors de 8 à 10
séances de 40 à 60 minutes (phase 1). La 2
e
année du programme (classe de 3
e) comprend 12
activités délivrées pendant 5 à 7 semaines (phase 2).
Les activités des deux phases, menées par un enseignant
préalablement formé, visent principalement le
renforcement des compétences psychosociales,
l’identification des conséquences négatives liées à
l’alcool et l’élaboration de stratégies de protection.
L’intervention doit permettre à l’élève d’apprendre à
reconnaître les situations à haut risque, de prendre
conscience des influences externes qui pèsent sur son
comportement et d’expérimenter les compétences de
contrôle de soi (capacité de contrôler ses réponses,
d’interrompre les tendances comportementales
indésirables et de s’abstenir d’agir selon ces
tendances) et de résistance à la pression des pairs
(i.e., afin d’améliorer son sentiment d’efficacité
personnelle à éviter les comportements à risque, sans
que cela n’ait des conséquences sociales négatives dans
la relation avec ses pairs). Durant la phase 2, une
vidéo présente des scénarios que les jeunes peuvent
rencontrer dans des situations de consommation d’alcool
afin d’engager une discussion sur la façon de minimiser
les dommages associés.
McBride et coll. (2004

; N = 2 343) ont montré qu’à
la fin du programme les collégiens ayant reçu
l’intervention présentaient, comparativement au groupe
contrôle, une consommation réduite d’alcool dans les 12
derniers mois (en nombre de verres standards calculée à
partir de la quantité par occasion et la fréquence de
consommation). L’intervention réduisait également la
prévalence de consommation récente à risque (plus de
deux verres standards (filles)/plus de quatre verres
(garçons) par occasion, une fois par mois ou plus
souvent) en fin de phase 1 (réduction du risque de
26 %), en fin de phase 2 (réduction de 34 %), et 17 mois
après la fin du programme (réduction de 5 % toujours
significative). Lors de ce dernier suivi (32 mois après
le début de programme), le groupe d’intervention
comportait plus de non-consommateurs d’alcool que le
groupe contrôle, et les collégiens ayant reçu
l’intervention rapportaient en moyenne 23 % moins de
conséquences négatives liées à leur consommation
d’alcool que ceux du groupe contrôle.
McKay et coll. (2014

) ont évalué l’efficacité
d’une adaptation de SHAHRP en Irlande du Nord
(N = 2 349 ; 13-15 ans ; âge moyen = 13,76 ans) selon le
contexte de leur consommation avant l’étude : pas de
consommation, consommation toujours supervisée par un
adulte, au moins un épisode de consommation non
supervisé. Il s’agissait d’une seconde analyse des
données de l’étude quasi-expérimentale de McKay et coll.
(2012

). Les effets du programme à
long terme (32 mois après le début de l’intervention)
sur la consommation d’alcool et ses conséquences
négatives ont été principalement observés dans le groupe
qui déclarait une consommation dans des contextes non
supervisés avant le début de l’intervention (réduction
du nombre de verres standards lors de la dernière
occasion, de la fréquence mensuelle de consommation, de
la fréquence des conséquences négatives liées à sa
consommation et à celle d’un tiers) avec des effets
moins nombreux et moins cohérents observés chez les 2
autres catégories (non consommateurs et consommateurs
supervisés). Ces résultats étaient consistants avec une
analyse secondaire des données de l’étude australienne
(McBride et coll., 2003

). Le programme
Steps
Towards Alcohol Misuse Prevention Programme
(STAMPP ; Sumnall et coll.,
2017

), combinant une version
adaptée de SHAHRP et une intervention brève d’éducation
parentale, sera abordé dans la section relative aux
programmes à composantes multiples.
Drug Education in Victorian
Schools (DEVS)
Le programme australien
Drug Education in Victorian
Schools (DEVS), adapté des programmes SHAHRP
(McBride et coll., 2000

) et
GET WISE : Working on
Illicits in School Drug Education (Cahill et
coll., 2000

cité par Midford et coll.
2012

), adopte la même approche
générale de réduction des dommages liés à l’alcool
auprès des collégiens de 13 à 15 ans, mais intègre
également des activités ciblées sur l’ensemble des SPA
(alcool, tabac, cannabis et autres drogues). Constitué
de 18 séances sur 2 ans (10 en classe de 4
e
et 8 en classe de 3
e) dispensées par un
enseignant formé, il peut être accompagné d’exercices à
faire chez soi avec ses parents. Midford et coll.
(2014a

et
b

; N = 1 752) ont évalué
l’effet du programme DEVS à la fin de l’intervention (21
mois après la
baseline). Ils ont montré que la
consommation (nombre de verres standards dans les 12
derniers mois) du groupe contrôle augmentait
significativement plus que celle du groupe ayant reçu
les séances du DEVS. On retrouvait le même résultat pour
le sous-échantillon des collégiens ayant une
consommation habituelle à risque (5 verres ou plus en
une occasion) avant l’intervention. De même, le nombre
de conséquences négatives vécues lors des 12 derniers
mois (par exemple, se sentir malade/avoir la gueule de
bois après avoir bu ; avoir des trous de mémoire ;
violences verbales, physiques ou contre des biens ;
rapports sexuels regrettés ; problèmes avec la police,
les parents, les amis ou l’école) augmentait plus dans
le groupe contrôle que dans le groupe d’intervention,
que l’on considère les collégiens ayant une consommation
à risque avant l’intervention ou bien l’ensemble des
participants.
CLIMATE Schools
Le programme australien
CLIMATE Schools : Alcohol
Module (Teesson et coll.,
2017

; Vogl et coll.,
2009

,
2012

) a pour objectif la
réduction des consommations à risque et la minimisation
des dommages liés à la consommation d’alcool chez les
collégiens (13-14 ans) grâce à la mise en place par
l’enseignant de 6 séances de 40 minutes sur une année
scolaire (classe de 4
e). Chaque séance est
divisée en 2 séquences. La première (15-20 min) consiste
pour chaque élève à explorer un scénario interactif sur
ordinateur (CD-ROM ou sur internet) présentant sous
forme de bande dessinée des situations associées à
l’alcool que peuvent rencontrer les adolescents dans
leur vie quotidienne. La 2
e séquence, animée
par l’enseignant, est constituée d’activités
interactives (comprenant des jeux de rôle, des
discussions en petits groupes) permettant la pratique de
diverses compétences psychosociales, comme la prise de
décision, la résolution de problèmes et la capacité à
résister aux influences sociales. À noter que
l’enseignant est guidé par un manuel mais ne reçoit
aucune formation particulière.
Vogl et coll. (2009

; N = 1 466) ont montré que
le programme
CLIMATE Schools : Alcohol Module
était efficace, mais uniquement chez les filles, pour
réduire un an après la fin de l’intervention la
consommation hebdomadaire moyenne dans les 3 derniers
mois (en nombre de verres standards), la fréquence du
binge drinking dans les 3 derniers mois et le
nombre de conséquences négatives associées à l’alcool
dans les 12 derniers mois.
En revanche, une version du programme associant le
précédent module « Alcool » et un module « Alcool et
Cannabis » (6 séances délivrées 6 mois plus tard) se
révèle efficace sans distinction de genre (et pour la
même durée de suivi d’un an) sur la consommation
hebdomadaire moyenne et la fréquence du
binge
drinking (fixé dans cette étude à 4 verres
standards ou plus pour les filles et 6 ou plus pour les
garçons) dans les 3 derniers mois (Newton et coll.,
2009

,
2010

; N = 764). Une autre
évaluation de la version
CLIMATE Schools : Alcohol
and Cannabis a révélé qu’elle permettait de
réduire significativement la probabilité d’avoir
consommé de l’alcool (même une gorgée) dans les 6
derniers mois, immédiatement après la fin de
l’intervention (OR = 0,69 ; N = 1 103 ; Champion et
coll., 2016

).
Dans leur étude, Teesson et coll.
(2017

) ont observé, 24 mois après
le début de l’intervention, un impact bénéfique de
CLIMATE Schools : Alcohol and Cannabis sur la
fréquence de consommation d’alcool et du
binge
drinking au cours des 6 derniers mois. Notons
que l’adjonction au programme d’une intervention brève
destinée aux jeunes ayant une consommation à risque et
ciblant leur personnalité (
Preventure ; Newton et
coll. 2016

; 2 sessions de 90 min en
groupe) ne permettait pas d’obtenir un gain substantiel
en termes de prévention.
Programmes de prévention des comportements
problématiques des élèves
en
classe
Une autre catégorie d’interventions menées en classe par
l’enseignant vise à réduire les comportements agressifs,
perturbateurs ou antisociaux des élèves par le biais du
développement des compétences psychosociales (voir Oliver et
coll., 2011

pour une revue systématique).
Ils peuvent se décliner dans différentes versions adaptées à
l’âge des élèves, de la maternelle au lycée (programme
Second Step :
Committee for Children,
1997a

et
b

; programme
Olweus Bullying Prevention [OBP] :
Olweus, 2005

) ou cibler l’école élémentaire
(
Good Behavior Game [GBG] : Barrish et coll.,
1969

), adresser un comportement
particulier, comme le harcèlement (OBP) et comporter, en
plus des séances en classe, des composantes à l’échelle de
l’école et de la communauté (OBP).
Good Behavior Game
(GBG)
Parmi ces interventions,
Good Behavior Game a fait
l’objet de plusieurs évaluations permettant de tester
son effet sur la consommation d’alcool des jeunes à long
terme. GBG est un programme de prévention universelle
adoptant une stratégie de gestion des comportements des
élèves en classe (du CP au CM2) par le renforcement des
capacités des enseignants à diriger la classe et à
soutenir les enfants dans leur socialisation en tant
qu’élèves, tout en réduisant les manifestations précoces
d’agressivité et les comportements perturbateurs. Il
favorise chez l’élève l’acquisition ou le renforcement
de nombreuses compétences psychosociales (par exemple,
l’autonomie, la coopération, l’apprentissage et la
régulation par les pairs, la régulation émotionnelle, la
persuasion, la prise de décisions collectivement
négociées) et augmente sa capacité à comprendre,
internaliser et à mettre en contexte les règles sociales
et comportementales (Santé publique France et Groupe de
Recherche sur la Vulnérabilité Sociale,
2020

). Les séances GBG sont
pluri-hebdomadaires (3 séances de 10 minutes à la
rentrée) et leur rythme et leur durée s’accroissent au
fil de l’année. Elles sont réalisées lors d’exercices du
programme scolaire et n’empiètent donc pas sur les temps
d’apprentissage. Elles sont présentées aux enfants comme
un jeu par équipes (dont la composition change
régulièrement), au cours duquel ils doivent respecter 4
règles de comportements clairement définies et
contextualisées à l’occasion du jeu (« Nous devons
travailler dans le calme », « Nous devons respecter les
autres », « Nous ne devons pas nous lever sans
permission », « Nous devons suivre les consignes ») ;
l’enseignant demeurant dans une posture d’observateur et
se limitant à un rôle d’arbitre. Les équipes sont
déclarées gagnantes (toutes les équipes peuvent gagner)
lorsqu’elles ont contrevenu moins de 5 fois aux règles.
Elles reçoivent alors en début d’année un renforcement
positif, matériel, individuel et immédiat qui devient au
fil du temps intangible, différé et accordé à toute la
classe. En fin de séance, les élèves peuvent partager
les stratégies qui leur ont permis de remporter le
jeu.
GBG a fait l’objet de plusieurs centaines de
publications. Parmi elles, l’évaluation de GBG menée
dans les années 1980 à Baltimore a suivi deux cohortes
d’élèves ayant reçu le programme en CP et CE1. Les
résultats de la 1
re cohorte (41 classes ;
N = 1 196) ont montré que la délivrance de GBG en début
d’école élémentaire avait un effet bénéfique à long
terme permettant de prévenir un grand nombre de
comportements à risque ou de troubles chez les jeunes
devenus adultes (19-21 ans), c’est-à-dire 14 ans après
la délivrance du programme. On observe ces effets pour
les garçons et les filles (consommation à risque
d’alcool, Kellam et coll.,
2008

; pensées suicidaires et
tentatives de suicide, Wilcox et coll.,
2008

), seulement pour les garçons
(consommation à risque de drogues, tabagisme régulier,
troubles de la personnalité antisociale, Kellam et coll.
2008

) ou seulement pour les
garçons très agressifs et perturbateurs en début d’école
élémentaire (par exemple, les comparutions au tribunal
pour mineurs et/ou une incarcération pour comportement
violent et/ou délinquant, Petras et coll.,
2008

) et de manière persistante
jusqu’en classe de 5
e (comportements sexuels
à risques, Kellam et coll.,
2014

).
Pour ce qui concerne l’alcool, Kellam et coll.
(2008

) ont montré que GBG réduisait
la prévalence des consommations à risque au cours de la
vie 14 ans après la délivrance du programme (abus ou
dépendance selon les critères du DSM-IV, mesurés par
l’UM-CIDI ; groupe GBG : 29 %
versus groupes
contrôles : 13 %). Van Lier et coll.
(2009

; N = 666), quant à eux, ont
montré que la délivrance du programme en CE1 et CE2
pouvait réduire le taux d’augmentation de la
consommation hebdomadaire entre l’âge de 10 et
13 ans.
Le GBG a été évalué comme étant l’un des programmes de
prévention les plus coût-efficaces ; il est en
particulier associé à l’un des meilleurs retours sur
investissement (62,80 USD économisés pour 1 USD
dépensé ;
Washington State Institute for Public
Policy, 2019a

).
Le GBG a été adapté dans le contexte français (Kiefel et
coll., 2018

) par une association locale
en PACA – le Groupe de Recherche sur la Vulnérabilité
Sociale (GRVS) – en collaboration avec l’
American
Institutes for Research (AIR). Un déploiement
multirégional est expérimenté par l’Association
Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie
(ANPAA) en collaboration avec le GRVS depuis 2018. Une
étude d’efficacité par Santé publique France de cette
adaptation est en cours.
Olweus Bullying Prevention
(OBP)
Olweus Bullying Prevention (OBP) est un programme
universel dont l’objectif est de réduire et de prévenir
le harcèlement en milieu scolaire (de la maternelle au
lycée) et d’améliorer les relations entre les pairs à
l’école. Il est basé sur quatre principes. À l’école,
l’adulte devrait (a) faire preuve de chaleur et
d’intérêt pour les élèves ; b) fixer des limites fermes
concernant les comportements qui ne sont pas
acceptables, comme le harcèlement ; (c) utiliser, en
réponse à la violation d’une règle, des conséquences
négatives cohérentes, non physiques et non hostiles ; et
d) agir en tant qu’autorités et modèles positifs
(Olweus, 1993

; Olweus et coll.,
2007

). Les composantes du
programme appliquent ces principes à plusieurs niveaux
(individu, classe, école et parfois communauté).
Amundsen et coll. (2010

; N = 4 396 collégiens de la
5
e à la 3
e) ont montré que les
élèves n’ayant pas reçu l’OBP, comparativement à ceux
l’ayant reçu, étaient plus nombreux à rapporter au moins
6 ivresses ou plus dans l’année passée (OR = 1,50) ou 11
ivresses ou plus (OR = 1,71) dans l’année précédente
lorsqu’ils étaient en 2
nde.
Interventions brèves destinées aux lycéens
et aux étudiants
Les revues de littérature consacrées à l’évaluation des
interventions brèves, qu’elles soient universelles ou
ciblées, ont montré qu’elles réduisaient la consommation
d’alcool (Larimer et coll.,
2007

; Carey et coll.,
2007

; Cronce et coll.,
2011

; Seigers et coll.,
2010

; Fachini et coll.,
2012

) et la consommation à risque
d’alcool (Carey et coll.,
2012

; Henson et coll.,
2015

; Lee et coll.,
2013

; Samson et coll.
2015

; Scott-Sheldon et coll.,
2012

; Huh et coll.,
2015

) des étudiants bénéficiaires. La
méta-analyse de Hennessy et coll. (2015) révèle que les
interventions brèves en milieu scolaire parviennent à
réduire la fréquence de consommation des adolescents
(réduction de 1,4 jour de consommation dans le mois passé ;
Interventions : 3,7 jours
vs. Contrôle : 5,1 jours),
avec une efficacité plus constante pour le format
individuel.
Feedback normatif
personnalisé
L’intervention brève la plus représentée consiste à
délivrer un
feedback normatif personnalisé (FNP)
(cf. chapitre « Mécanismes des actions de prévention »)
suivant un protocole en plusieurs étapes : a) une
mesure, grâce à des questionnaires standardisés, de la
consommation du participant et de la perception qu’il a
de la norme de consommation des pairs du même âge (norme
descriptive perçue), b) un retour relatif à sa propre
consommation et aux risques ou conséquences associés
(
feedback personnalisé), c) un retour
(
feedback normatif) lui permettant, grâce à
du texte et des graphiques, de situer cette consommation
par rapport à la norme de consommation des pairs du même
âge (comparaison sociale) et de corriger son estimation
de la norme si elle est erronée, cette norme descriptive
étant généralement surestimée dans la population
étudiante (Borsari et Carey
2003

; Lewis et Neighbors
2004

; Perkins et coll.
1999

). Le FNP peut être associé
ou non à un ou plusieurs entretiens motivationnels (par
exemple, Terlecki et coll.,
2015

) et être suivi : a) de
conseils concernant les stratégies de protection
comportementale dans des situations particulièrement à
risque, b) d’une proposition d’engagement dans un
objectif de changement comportemental et de sa
planification ou c) d’une liste de ressources pour
obtenir de l’aide.
Plusieurs revues systématiques ont évalué les effets du
FNP sur la consommation d’alcool des étudiants (Carey et
coll., 2007

; Cronce et Larimer,
2011

; Foxcroft et coll.,
2015

; Lewis et Neighbors,
2006

; Walters et Neighbors,
2005

). Les résultats de la
méta-analyse de Foxcroft et coll.
(2015

; N = 44 958 ; 63 études dans
la méta-analyse ; suivis de 4 mois ou plus) nous
révèlent que les interventions destinées aux étudiants
et basées sur les normes sociales, utilisant
majoritairement le FNP, ont un faible effet protecteur
sur la prévalence du
binge drinking (réduction
d’environ 3 % ; N = 11 292 ; 11 études), la quantité
d’alcool consommée (réduction d’un verre par semaine ;
N = 21 169 ; 32 études) et la teneur maximale d’alcool
dans le sang (calculée à l’aide d’une formule basée sur
la consommation, le sexe et le poids du participant ;
N = 7 198 ; 11 études), sans que ces effets ne dépendent
de la modalité de délivrance (en face-à-face individuel
ou en groupe, par internet/ordinateur ou par
e-mail). Ce résultat est cohérent avec
d’autres revues ne montrant pas de différence
d’efficacité entre le format conventionnel en
face-à-face et les versions digitale du FNP (par
exemple, Afshin et coll.,
2015

; Kaner et coll.,
2017

; Oosterveen et coll.,
2017

). En revanche, concernant la
fréquence de consommation, Foxcroft et coll.
(2015

) montrent que seules les
modalités « face-à-face individuel » et « internet »
obtiennent un effet.
De nombreuses études randomisées ont montré que le FPN,
délivré en ligne ou par ordinateur, seul ou accompagné
d’autres composantes, réduisait la consommation d’alcool
des étudiants ou des jeunes adultes (Doumas et coll.,
2010

; LaBrie et coll.
2013

; Lewis et Neighbors,
2007

; Lewis et coll., 2014 ;
Martens et coll., 2013

; Neighbors et coll.
2004

,
2010a

et
b

).
Dans une autre revue systématique, Dotson et coll.
(2015

) ont montré que le FNP
délivré seul et de manière digitale
(ordinateur/web/appli/sms/mail) réduisait de 3 verres
standards la quantité consommée par semaine chez des
étudiants consommateurs. Il semble que la version
digitale du FNP soit une des interventions les plus
économiques et qu’elle dispose d’un grand potentiel de
couverture pour la population étudiante (Boyle et coll.,
2017

).
Lewis et coll. (2019

; N = 402 jeunes adultes)
ont montré qu’un FNP sur internet permettait de réduire
les comportements sexuels à risque liés à la
consommation d’alcool un mois après l’intervention,
traduisant l’intérêt d’intégrer le rôle de la
consommation d’alcool dans la prévention des
comportements sexuels à risque.
Selon l’étude de Lau-Barraco et coll.
(2018

; N = 164), le FNP en
face-à-face est une intervention adaptée à la population
de jeunes non étudiants rentrant dans l’âge adulte, et
il réduit la consommation d’alcool à court terme quel
que soit le genre du participant.
Pris globalement, les effets du FNP sont de petites
tailles et s’obtiennent le plus souvent à court terme
(voir par exemple, Dotson et coll.,
2015

; Prosser et coll.,
2018

). Face à ce constat, les
raisons invoquées sont diverses : les normes de
consommation seraient jugées peu crédibles par les
participants (Berkowitz et coll.,
2005

; Perkins et coll., 2003 ;
Perkins et Berkowitz,
1986

), les participants
douteraient de la fiabilité des statistiques présentées
(Hummer et Davison,
2016

; Labrie et coll.,
2010

), le
feedback
génèrerait des réactions défensives chez les gros
consommateurs (Granfield, 2005

; Steers et coll.,
2016

), les participants seraient
peu attentifs au
feedback (Lewis et Neighbors,
2015

).
Plusieurs études ont tenté d’améliorer le dispositif en
mettant en évidence l’importance de la spécificité du
groupe de référence : le participant, sa consommation
(même sexe, même âge, même origine ethnique, même
université, etc. ; par exemple, Labrie et coll.,
2013

; Lewis et Neighbors,
2007

). L’étude expérimentale de
Hummer et coll. (2016

; N = 104) a montré que
l’efficacité d’un FNP (réduction de la consommation
hebdomadaire post-intervention) auprès d’étudiants
consommateurs d’alcool dépendait de la crédibilité de la
source de données ayant servi au
feedback
normatif et de la proximité du groupe de référence (même
sexe/même année universitaire), un groupe de référence
plus distant pouvant être utilisé si une source très
crédible est proposée.
Une autre question cruciale concerne le taux de
participation et l’engagement des étudiants lorsque le
FNP est délivré dans son format digital.
À ce titre,
CampusGANDR v2 est une intervention
universelle prometteuse dont l’objectif est d’optimiser
la participation et l’engagement des participants et
d’augmenter la taille de l’effet du FNP digital. Si,
dans la plupart des études, les étudiants sont obligés
de participer (par exemple, parce qu’ils ont contrevenu
au règlement de l’université concernant l’alcool) ou
sont rémunérés, ce n’est pas le cas pour cette
intervention. D’autre part, il s’agit d’un FNP sous
forme de jeu en réseau («
gamified » FNP) sur
smartphone proposant d’aborder, sur l’écran
d’accueil, plusieurs thématiques (plusieurs points
d’entrée parmi lesquels l’alcool). Deux types de
feedback sont proposés : un
feedback
lié aux normes descriptives de consommation
(consommation des pairs) et un
feedback lié aux
normes injonctives (jugements par les pairs du sexe
opposé d’un comportement de consommation). Ce
feedback est généré toutes les semaines
pendant 6 semaines à partir de questions soumises et
votées par les étudiants en réseau eux-mêmes. Earle et
coll. (2018

) ont montré que
CampusGANDR v2 permettait de réduire la
consommation d’alcool à 2 mois. Les résultats ont révélé
que la taille de l’effet était deux fois plus grande que
celle des interventions habituelles délivrant un FNP en
ligne.
D’après Neighbors et coll.
(2018

; N = 2 059 étudiants de 18
à 26 ans), il semble que la version digitale du FNP
produise un biais de sélection, la participation des
étudiants ayant une consommation à risque étant plus
probable pour le format web, et que la probabilité de
participation à un FNP en face-à-face ne soit pas liée
au niveau de consommation initial des jeunes.
Concernant les mécanismes sous-jacents à l’obtention des
effets du FNP sur la consommation d’alcool, de
nombreuses études ont montré que les effets du FNP
étaient expliqués par la réduction de la consommation
perçue des pairs (norme descriptive perçue ; par
exemple, Gersh et coll.,
2019

; Miller et coll.,
2016

; Neighbors et coll.,
2016

). Lewis et coll.
(2017

) ont testé d’autres
médiateurs potentiels de l’effet du FNP sur la
consommation issus du modèle du prototype
(
Prototype/Willingness Model, PWM ; Gibbons
et coll., 2003

; Gerrard et coll.,
2008

) : l’attitude à l’égard du
prototype du non consommateur d’alcool («
Abstainer
prototype »), c’est-à-dire l’image du type de
personnes qui ne consomment pas d’alcool, et la
disponibilité/disposition favorable
(«
Willingness ») à consommer de l’alcool
quand la situation est propice (par exemple, lors d’une
fête quand des amis boivent déjà de l’alcool). Le PWM
postule que le comportement à risque de l’adolescent ou
du jeune adulte est prédit par des cognitions
(
willingness et prototype) qui relèvent plus
de la réaction sociale que celles de la planification
raisonnée de l’action (par exemple, l’intention). La
partie «
Willingness » du modèle reflète une
disponibilité, une disposition à répondre à une
opportunité qui se présente dans une situation favorable
au comportement à risque (cf. chapitre « Mécanismes des
actions de prévention »). Elle est prédite par le
prototype (ici du non consommateur) et prédit le
comportement de consommation. Les participants (N = 662)
étaient des étudiants ayant rapporté ou moins un épisode
de consommation excessive dans le mois passé. L’étude a
montré que le FNP réduisait lors du suivi à trois mois
la quantité hebdomadaire de verres consommés (semaine
typique) et la fréquence de consommation (nombre de
jours dans le mois passé). L’analyse de médiation
séquentielle confirmait les hypothèses des auteurs et le
modèle PWM. Les effets de l’intervention étaient
médiatisés dans un 1
er temps par l’attitude à
l’égard du prototype (augmentation de l’attitude
favorable à l’égard du prototype du non consommateur) et
par la diminution de la disposition favorable
(«
willingness ») à consommer de
l’alcool.
Une analyse comparative de 7 interventions brèves
(Alcohol 101/Alcohol 101 Plus, AlcoholEdu, BASICS, CYD,
e-CHUG, CDCU, THRIVE) destinées à réduire la
consommation à risque des étudiants (Hennessy et coll.,
2019

) nous indique qu’elles
peuvent différer dans leur format tout comme dans leurs
effets. Deux très courtes interventions digitales –
Tertiary Health Research Intervention Via
Email (THRIVE),
electronic Checkup To Go
(e-CHUG) – durant respectivement 5 et 20 minutes,
semblent obtenir des effets protecteurs à court terme
sur la quantité d’alcool consommée, THRIVE ayant les
meilleurs résultats auprès des étudiants n’étant pas
obligés d’effectuer l’intervention suite à une
infraction au règlement de l’université. Ces
interventions, très économiques, semblent donc plus
adaptées à une approche universelle. En revanche,
l’intervention
Brief Alcohol Screening and
Intervention for College Students (BASICS)
obtient des effets bénéfiques sur l’ensemble des
indicateurs considérés et à plus long terme mais est
plus intensive.
Brief Alcohol Screening and
Intervention for College Students
(BASICS)
BASICS est une intervention brève motivationnelle
adoptant une approche ciblée et plus rarement
universelle. Il s’agit d’une des rares interventions
qualifiées de «
Model » du registre americain
Blueprints for Healthy Youth Development.
Elle est composée de deux séances en face-à-face d’une
heure utilisant les techniques de l’entretien
motivationnel, avec une brève évaluation en ligne après
la première séance. Cette dernière permet de recueillir
des informations sur les habitudes de consommation
d’alcool et les croyances personnelles associées, tout
en fournissant des instructions pour une surveillance de
la consommation d’alcool entre les séances. Le deuxième
entretien utilise les données de l’évaluation en ligne
pour élaborer un
feedback normatif personnalisé,
associé à des conseils relatifs aux stratégies de
réduction de la consommation à risque d’alcool ainsi que
de ses dommages. Plusieurs études ont montré que BASICS
réduisait la consommation d’alcool dans la population
étudiante : parmi les membres de fraternités
universitaires (réduction à 1 an du nombre moyen de
verres par semaine ; Larimer et coll.,
2001

), chez les étudiants ayant
une consommation à risque et qui s’étaient portés
volontaires (réduction à 2 ans de la fréquence de
consommation dans le mois passé, à 4 ans des
conséquences négatives liées à la consommation ; Marlatt
et coll., 1998

; Baer et coll.,
2001

) ou qui étaient « mandatés »
pour participer au programme par des instances
disciplinaires de l’université (réduction lors du suivi
à un an du nombre moyen de verres, du nombre maximal de
verres en une occasion et du nombre de conséquences
négatives dans le mois passé ; Terlecki et coll.,
2015

). Du fait de ces résultats
et de son intensité, BASICS semble plus adapté à une
approche ciblée (sélective ou indiquée) mais a pu
montrer son intérêt auprès des étudiants tout-venant
(approche universelle intégrant les étudiants non
consommateurs ou ayant une consommation à faible
risque), notamment lors de leur entrée à l’université
(par exemple, la réduction de l’initiation aux
consommations ponctuelles excessives à 22 mois ; Wood et
coll., 2010

)
5
Le retour sur
investissement de BASICS a été évalué : 12,48 USD
économisés pour 1 USD dépensé (
Washington State
Institute for Public Policy,
2019b

).
.
Autres interventions en
classe
Keep a Clear Head
L’intervention allemande « Klar bleiben »
(« Keep a Clear Head ») est une intervention
universelle ayant lieu au lycée et animée en classe par
l’enseignant. Son objectif est, grâce à un défi dans
lequel s’engage la classe entière, de ne pas avoir
recours au binge dinking (BD pour les filles : 4
verres ou plus, pour les garçons : 5 verres ou plus)
pendant 9 semaines. Tous les élèves s’engagent en
signant un contrat de classe. Toutes les 2 semaines, le
comportement attendu est mesuré au niveau du groupe
« classe » et l’objectif est rempli si au moins 90 % de
la classe n’a pas eu un épisode de BD. Les classes qui
demeurent « binge-free » tout au long de leur
participation peuvent accéder à une tombola et gagner
des prix.
Hanewinkel et coll.
(2017

; N = 4 163) ont montré un
effet du programme chez les lycéens de 2
nde,
mais seulement chez ceux qui avaient déjà consommé de
l’alcool avant l’intervention (73 % de l’échantillon
initial). Six mois après le début de l’intervention, le
programme réduisait chez eux la prévalence du BD (au
moins une fois dans le mois passé) comparativement au
groupe contrôle (respectivement 44,2 %
vs.
49,4 % ; RRR = 10,4 %) et diminuait également le nombre
typique de verres par occasion.
Project Toward No Drug Abuse
(TND)
Le
Project Toward No Drug Abuse (TND) correspond à
une intervention de prévention ciblée en milieu scolaire
dont l’objectif est de prévenir la consommation de SPA
(tabac, alcool, cannabis et autres drogues illicites) et
les comportements violents. Il est habituellement
destiné aux établissements alternatifs accueillant des
élèves en rupture avec le cursus éducatif normal et
susceptibles d’avoir une consommation à risque de SPA,
mais il peut aussi être mis en œuvre auprès des élèves
en lycée général dans une approche plus universelle (par
exemple, Sussman et coll.,
2002

; 2
e étude). Il
est délivré en classe par l’enseignant lors de 9
(1
re version ; TND-1) ou 12 séances
(TND-2) de 45 minutes. Sa stratégie d’intervention
repose, au travers de techniques pédagogiques
interactives, sur le développement de la motivation,
l’amélioration des connaissances sur les conséquences de
la consommation de SPA, la correction des mauvaises
perceptions et le développement des CPS.
Sussman et coll. (2002

; N = 2 468) rapportent les
résultats de 3 études testant les 2 versions de TND
auprès de lycées généraux (TND-1 ; 2
e étude)
ou d’élèves « à risque » fréquentant des établissements
scolaires spécialisés (TND-1 et 2). Les auteurs ont
montré que, quelle que soit la version, le programme TND
réduisait 1 an après le début de l’intervention la
prévalence de consommation récente d’alcool (dans le
mois passé) auprès des élèves déjà consommateurs avant
l’intervention (réduction relative de la prévalence de 7
à 12 %). L’ajout d’activités extra-scolaires parrainées
par l’école (composante communautaire) n’augmentait pas
significativement les effets du programme. Une autre
étude (Sussman et coll. ;
2012

; N = 1 186) a révélé que la
version en 12 séances (TND-2) entraînait également une
diminution à 1 an de la prévalence de consommation
récente (30 derniers jours) d’alcool (TND : 43,8 %
vs. Contrôle : 53,3 % ; OR = 0,68), des
ivresses récentes (TND : 27,5 %
vs. Contrôle :
36,1 % ; OR = 0,67) et du nombre d’occasions de
consommation dans le mois passé chez des lycéens « à
risque ». L’étude montrait aussi que l’adjonction aux
séances en classe d’entretiens motivationnels
individuels (3 x 20 minutes) n’apportait pas de
bénéfices supplémentaires au programme.
MobileCoach Alcohol
L’intervention universelle MobileCoach Alcohol,
destinée à la prévention de la consommation d’alcool
auprès d’élèves de lycées généraux ou professionnels
(16-19 ans), combine 1) un feedback normatif
personnalisé fourni en classe immédiatement après une
évaluation en ligne de la consommation des participants
et basé sur des normes de consommation d’alcool
spécifiques à l’âge et au sexe des lycéens et 2)
l’envoi, au cours de la période d’intervention de 3
mois, de SMS dont le contenu et le nombre est adapté au
niveau de risque initial (risque faible, moyen ou élevé
calculé à partir de la fréquence de consommation risquée
en une seule occasion (RSOD) au cours des 30 derniers
jours). Les participants reçoivent de 16 (risque faible)
à 27 SMS (risque moyen et élevé). Le contenu de ces SMS
est également individualisé sur la base de variables
recueillies lors de l’évaluation en classe et portent
par exemple sur les stratégies de résistance à l’alcool
dans différentes situations de consommation (envoyés les
jours et aux heures habituels de consommation d’alcool)
ou les problèmes liés à la consommation d’alcool.
Tous les participants répondent durant la période de
l’intervention à un questionnaire par SMS sur le
métabolisme de l’alcool (avec un retour individualisé
sur leurs réponses), participent à un concours demandant
aux participants de créer un SMS pour motiver les autres
participants à boire dans des limites de risque faible
et à une évaluation par SMS de leur consommation à
risque en une seule occasion au cours de la semaine
précédente.
Les résultats de l’étude de Haug et coll.
(2017

; N = 1 041) ont montré que
MobileCoach Alcohol permettait, 6 mois après
la fin de l’intervention, de réduire la prévalence de
binge drinking (4 verres standards ou plus
pour les filles, 5 ou plus pour les garçons) dans les 30
derniers jours (OR = 0,62).
Alcohol Alert, exemple de
« serious game »
Le programme hollandais Alcohol Alert propose à
des élèves de lycée général ou technologique (15-19 ans)
de participer en classe aux trois sessions du jeu sur
ordinateur « What happened ? ». Ce « serious
game » a pour objectif de prévenir la
consommation hebdomadaire et la prévalence du binge
drinking des lycéens grâce à un logiciel
présentant, sous forme de dessin en 2D, un scénario
(l’adolescent se réveille et ne se souvient pas de ce
qui s’est passé la nuit précédente), des situations de
consommation d’alcool courantes chez les adolescents
(par exemple, boire lors d’une soirée) et des messages
adaptés à la consommation initiale du jeune. Il propose
également de planifier un objectif de réduction de la
consommation lors d’une situation à risque.
Jander et coll. (2016

; N = 2 649) ont montré que
le programme
Alcohol Alert permettait de réduire
à court terme (4 mois après la fin de l’intervention) la
prévalence de
binge drinking (4 verres ou plus
pour les filles en une occasion/5 verres ou plus pour
les garçons) dans les 30 derniers jours (OR = 0,40). Les
effets étaient plus grands pour les lycéens les plus
jeunes (ceux âgés de 15 ans au plus).
Une revue systématique examinant l’efficacité des
interventions de prévention universelle de l’usage des
SPA prenant la forme d’un «
serious game »
(Rodriguez et coll., 2014) a montré que cette stratégie
d’intervention pouvait également améliorer les
connaissances sur les effets de la consommation d’alcool
(
N-Squad Web Adventure, âge : 11-18 ans ;
Klisch et coll., 2012

), augmenter la perception
des dommages associés et les compétences de résistance à
la pression (
Thinking Not Drinking : A SODAS City
Adventure, âge moyen : 11 ans ; Schinke et
coll., 2005

), voire réduire la fréquence
de consommation d’alcool (
Head On, âge : 12 ans ;
Marsch et coll., 2007

, cité par Rodriguez et
coll., 2014

). À noter qu’un examen de
cette dernière référence montre un effet immédiatement
après l’intervention et aucun effet lors des suivis.
Interventions scolaires délivrées hors de la
classe
Start Taking Alcohol Risks
Seriously (STARS)
Start Taking Alcohol Risks Seriously (STARS) est
une intervention universelle constituée d’une série de
consultations individuelles brèves menées au collège par
l’infirmière scolaire (une consultation initiale sur la
santé suivie de 6 consultations hebdomadaires). Il
repose sur le modèle de prévention des stades de
motivation à composantes multiples (McMOS ; Werch et
coll., 1994

) qui postule un continuum
d’étapes dans l’acquisition et le changement d’habitudes
liées à la consommation d’alcool. Lors des
consultations, l’infirmière suit un protocole incluant
notamment : une définition du stade de motivation, des
messages de prévention théoriquement fondés (par
exemple, Théorie sociale cognitive ; Bandura,
1986

) relatifs à deux facteurs de
risque/protection par séance, des exercices conçus pour
améliorer la compréhension du contenu des messages et
développer les compétences de résistance, des
recommandations et un contrat d’engagement pour éviter à
l’avenir de consommer de l’alcool. Ces éléments de
contenu sont adaptés au stade spécifique du jeune (et
aux facteurs de risque/protection identifiés).
Werch et coll. (1996

; N = 138 collégiens de la
6
e à la 4
e majoritairement
afro-américains dans un quartier défavorisé) ont montré
que STARS permettait de réduire, 3 mois après
l’intervention, la fréquence des comportements de
binge drinking dans les 30 derniers
jours.
Project SPORT
Project SPORT est une intervention universelle
brève destinée à prévenir la consommation d’alcool et à
promouvoir l’activité physique des lycéens. Elle repose,
tout comme le programme STARS décrit précédemment sur le
modèle McMOS (Werch et coll.,
1994

). Elle est constituée d’une
consultation de moins de 15 minutes menée par une
infirmière ou un spécialiste certifié en éducation de la
santé durant laquelle sont fournis de l’information et
des messages de prévention sur mesure. Ces messages
mettent en avant un mode de vie actif et pointent la
dissonance existant entre ce mode de vie désiré et la
consommation d’alcool.
L’étude de Werch et coll.
(2005

; N = 604 élèves en classe
de 3
e et de 1
re) a montré que
l’intervention permettait de réduire significativement,
lors d’un suivi à 12 mois, les problèmes liés à la
consommation d’alcool.
CHOICE
CHOICE est une intervention scolaire de prévention
universelle proposée aux collégiens après les cours dont
l’objectif est de réduire l’initiation aux SPA. Elle est
composée de 5 séances hebdomadaires de 30 minutes
animées par des professionnels extérieurs à l’école
formés aux techniques de l’entretien motivationnel. Elle
repose sur le volontariat des élèves. Les séances visent
à fournir un feedback normatif sur la
consommation d’alcool et de cannabis, remettre en
question les croyances irréalistes concernant les
substances, renforcer la résistance à la pression de
consommer des SPA par le biais de jeux de rôle, discuter
des avantages potentiels de la réduction et de l’arrêt
de la consommation ainsi que des situations à risque et
des stratégies d’adaptation (par exemple, obtenir un
soutien social, apprendre à éviter certaines situations
à risque élevé).
D’Amico et coll. (2012

; N = 9 528) ont montré que
CHOICE, 6 mois après le début de l’intervention,
réduisait la prévalence de consommation d’alcool-vie
entière (22,2 %
vs. 29,0 % ; OR = 0,70 ;
NNT
6
NNT : Number needed to
treat ; nombre minimal de collégiens devant
participer au programme pour qu’un collégien ne
rentre pas dans la consommation
d’alcool.
= 14,8)
auprès de collégiens de la 6
e à la
4
e (11-13 ans).
Athletes Training and Learning to
Avoid Steroids (ATLAS)
Athletes Training and Learning to Avoid Steroids
(ATLAS) est un programme de prévention universelle des
SPA et de promotion de la santé destiné aux lycéens
pratiquant un sport. Il met l’accent sur l’impact
négatif des stéroïdes anabolisants (SA), de l’alcool et
d’autres drogues sur les performances sportives
immédiates. Le programme est intégré à des séances de
pratique en groupe. Il se compose d’une intervention en
classe comprenant des activités interactives (7 à 10
séances de 45 minutes) menées en petits groupes de 5 à 8
élèves. Les activités sont animées par un pair
« leader » (un chef d’équipe) et abordent
plusieurs thématiques (par exemple, les risques et les
fausses croyances liés à l’utilisation de stéroïdes, la
nutrition sportive, le développement des compétences
pour refuser les stéroïdes et autres substances, la
création de messages de promotion de la santé). ATLAS
comprend également des séances d’exercices en salle de
musculation qui permettent d’aborder des pratiques
alternatives à la consommation de SA et à l’utilisation
de « suppléments » sportifs (7 séances). Elles
permettent de renforcer les points abordés en classe (7
séances). Les parents assistent à une réunion
d’information en soirée centrée sur les objectifs du
programme.
L’étude américaine de Goldberg et coll.
(2000

; N = 3 207 élèves
appartenant à une équipe lycéenne de football ; 3
cohortes) a montré que, un an après la fin de
l’intervention, la prévalence des nouveaux cas d’alcool
au volant étaient plus faible dans le groupe des lycéens
ayant participé au programme ATLAS, comparativement au
groupe contrôle. La consommation d’alcool et d’autres
substances psychoactives a également été réduite
(cannabis, amphétamines, narcotiques), mais les auteurs
ne rapportent pas les résultats concernant l’effet du
programme sur la consommation d’alcool seule.
InShape Prevention Plus Wellness
InShape Prevention Plus Wellness (InShape) est une
intervention universelle de prévention de plusieurs
comportements à risque et de promotion de comportements
favorables à la santé auprès de la population étudiante.
Il consiste en une consultation brève de 25 minutes
menée par un spécialiste de la remise en forme, le plus
souvent individuelle et personnalisée, à l’issue de
laquelle le participant est amené à planifier une série
d’objectifs comportementaux. Il repose sur le Modèle
Image-Comportement (
Behavior-Image Model [BIM] ;
Werch, 2007

) qui postule que des images
saillantes des autres et de nous-mêmes peuvent être
utilisées pour diffuser des messages (avec un cadrage
sur les gains et les pertes en termes d’image de soi)
qui permettront dans une même intervention de motiver
des comportements favorables à la santé (par exemple,
l’activité physique, les comportements alimentaires
sains, le sommeil, la gestion du stress) et d’éviter des
comportements à risque (par exemple la consommation de
SPA). Ce contenu, qui souligne les avantages positifs à
adopter certains comportements pour l’image de soi (et
inversement les pertes en termes d’image de soi à
adopter des comportements à risque), active des
prototypes et des images de soi futures, à travers les
processus de comparaison sociale et d’auto-comparaison,
conduisant à des changements comportementaux. Les
principales composantes de l’intervention comprennent :
a) une évaluation auto-administrée sur les comportements
ciblés par le programme en lien avec l’image de soi et
des autres, b) une brève discussion sur la forme
physique et la santé, c) la délivrance de messages
personnalisés reposant sur le BIM et enfin d) une
planification d’objectifs pour améliorer les
comportements et l’image de soi future du participant.
Lors de cette dernière phase, les participants sont
invités à sélectionner au moins un objectif dans chacun
des quatre groupes de comportements à améliorer au cours
de la semaine suivante, notamment : 1) augmenter
l’activité et l’exercice physique, 2) diminuer la
consommation d’alcool, 3) diminuer la consommation de
cigarettes et 4) adopter d’autres comportements
favorables à la santé (par exemple, la nutrition, la
gestion du stress, le sommeil).
Werch et coll. (2008

; N = 303 étudiants) ont
observé un impact bénéfique de l’intervention sur la
consommation récente (sur le mois passé) d’alcool lors
d’un suivi à 12 semaines : une réduction de la fréquence
de consommation d’alcool et de la fréquence du
binge
drinking.
InShape diminuait également la
fréquence de la conduite d’un véhicule après avoir bu de
l’alcool.
Interventions auprès des parents ou des
familles
Les interventions menées auprès des parents ou des familles
adoptent des stratégies très diverses. Elles concernent tous les
âges, de la petite enfance (par exemple, Kitzman et coll.,
2010

) au passage à l’âge adulte (par exemple, Turrisi et coll.,
2013

), certains domaines de compétences nécessitant d’être
davantage mobilisés selon les stades de développement du jeune
concerné.
Certaines compétences visent uniquement l’éducation parentale
lors de sessions d’information sur les SPA ou grâce à la
délivrance de livrets ou de manuels d’information (interventions
d’éducation parentale). D’autres se donnent pour objectif de
soutenir les parents dans leur rôle éducatif grâce à
l’expérimentation d’activités interactives développant ou
renforçant leurs compétences parentales (interventions de
développement des compétences parentales). D’autres, enfin,
associent le développement des compétences parentales au
développement des CPS des enfants, avec une mise en pratique
lors d’activités communes (interventions de renforcement des
compétences familiales).
Nurse-Family Partnership (NFP), une
intervention parentale précoce
Parmi les interventions familiales précoces, le programme de
prévention sélective
Nurse-Family Partnership (NFP) à
Elmira est le seul à avoir montré des preuves d’efficacité
pour la prévention de la consommation d’alcool chez
l’adolescent. Destiné aux jeunes femmes enceintes en
situation de vulnérabilité et attendant leur 1
er
enfant, le programme NFP fait appel à des infirmières
qualifiées pour effectuer une série de visites à domicile
dès la grossesse et jusqu’aux 2 ans de l’enfant. Il cible le
renforcement des compétences d’écoute, d’attention positive
et d’empathie de la mère, compétences permettant
l’établissement d’un lien d’attachement sécurisant pour
l’enfant. Il soutient également la mère dans différents
domaines (santé, études, emploi, logement, etc.) afin
d’aménager un contexte favorable à la venue de l’enfant. Les
infirmières font notamment le lien entre les familles et les
services sociaux ou de santé quand cela est nécessaire et
tentent d’impliquer des membres de la famille et des amis
dans la grossesse, la naissance et les soins précoces de
l’enfant. Olds et coll. (1998

; 400 femmes enceintes ;
échantillon final : N = 315 adolescents) ont montré que,
lorsqu’il était mis en œuvre avec en moyenne 32 visites (9
pendant la grossesse et 23 après), la NFP réduisait le
niveau de consommation (le nombre de jours de consommation
dans les 6 derniers mois) des jeunes une fois adolescents,
c’est-à-dire 13 ans après la fin de l’intervention, mais
uniquement dans le sous-échantillon de mères défavorisées
socialement et non mariées lors de l’inclusion dans l’étude.
Une autre étude (Kitzman et coll.,
2010

; échantillon final : N = 613
jeunes) auprès de 743 mères afro-américaines attendant leur
1
er enfant et présentant 2 facteurs de
vulnérabilité parmi 3 (non mariée, moins de 12 années dans
le système scolaire, sans emploi) a montré que le programme
NFP (en moyenne 7 visites pendant la grossesse et 26 après)
réduisait la consommation récente (dans les 30 derniers
jours) de SPA des jeunes 10 ans après la fin de
l’intervention (nombre de SPA consommées parmi le tabac,
l’alcool et le cannabis, IR = 0,22 ; nombre de jours de
consommation de SPA, IR = 0,15), sans que le détail
concernant l’alcool ne soit mentionné.
Interventions d’éducation
parentale
Örebro Prevention Programme
(ÖPP)
Örebro Prevention Programme (ÖPP) est une
intervention suédoise d’éducation parentale. Elle cible
principalement les attitudes des parents à l’égard de la
consommation d’alcool de leurs enfants pour réduire
l’ivresse chez les jeunes. Pendant cinq semestres (de 13
à 16 ans), à l’occasion des réunions parents-enseignants
à l’école et par l’envoi de lettres. Les parents
reçoivent des informations les enjoignant de maintenir
ou d’adopter une tolérance zéro envers les jeunes
mineurs qui boivent de l’alcool, de communiquer des
règles claires à leurs enfants et de les encourager à
s’engager dans des activités organisées et animées par
des adultes (envoi de catalogue d’activités dans la
communauté). Koutakis et coll.
(2008

; N = 900) ont montré, à
l’occasion d’une étude quasi-expérimentale, que ÖPP
influençait efficacement l’attitude des parents à
l’égard de la consommation des jeunes mais n’augmentait
pas la participation des jeunes à des activités
organisées. À la fin de l’intervention (au bout de 2 ans
et demi), les jeunes du programme ÖPP rapportaient moins
d’ivresse (nombre dans les 4 semaines passées),
comparativement à ceux de la condition contrôle
(
d de Cohen = 0,35), y compris chez ceux qui
buvaient déjà de manière excessive au début du programme
(
d = 0,52).
Dans une étude quasi-expérimentale similaire, Ozdemir et
coll. (2016

; N = 811 jeunes et 651
parents) ont montré que l’ÖPP réduisait le nombre
d’épisodes récents d’ivresse et reportait dans le temps
la 1
re ivresse mensuelle lors du suivi à 30
mois. Ces effets étaient médiatisés par le changement
d’attitude des parents à l’égard de la consommation
d’alcool des jeunes.
FITSTART
FITSTART est une intervention universelle
d’éducation parentale destinée à prévenir les
consommations ponctuelles excessives des jeunes rentrant
à l’université. Il consiste à délivrer un
feedback normatif interactif à des groupes de
50 à 100 parents. Lors d’une session d’une heure, on
incite les parents à modifier leur communication liée à
l’alcool en corrigeant leurs perceptions normatives
erronées (par exemple, sur la façon dont les autres
parents approuvent la consommation d’alcool des élèves)
avec des données générées en direct ; des conseils leur
sont fournis pour discuter efficacement de la
consommation d’alcool avec leurs enfants.
Les résultats de l’étude LaBrie et coll.
(2016

; N = 385) ont révélé que
les élèves dont les parents ont reçu l’intervention
FITSTART pendant l’été consommaient moins
d’alcool (nombre de verres hebdomadaires) et étaient
moins susceptibles de se livrer à une consommation
ponctuelle excessive d’alcool au cours du premier mois
universitaire, effets médiatisés par la perception d’une
plus faible approbation parentale. Les élèves qui
n’étaient pas des buveurs au lycée étaient moins
susceptibles de commencer à boire (OR = 0,45) et de
commencer à subir des conséquences négatives liés à la
consommation d’alcool (OR = 0,31) au cours du premier
mois universitaire.
Parent Handbook
(PH)
Une deuxième intervention universelle d’éducation
parentale – le
Parent Handbook (PH) – a pour
objectif d’apprendre aux parents comment intervenir
pendant la période critique qui sépare l’obtention du
diplôme de fin d’études secondaires et l’entrée à
l’université, le but étant de contrecarrer l’escalade de
consommation excessive d’alcool pendant la première
année des études supérieures. L’intervention consiste à
distribuer aux parents un manuel de 35 pages contenant
des stratégies et des techniques pour communiquer
efficacement avec les adolescents, des astuces pour
aider les adolescents à s’affirmer et résister à la
pression de leurs pairs, ainsi que des informations
détaillées sur la consommation d’alcool chez les
adolescents et les effets de l’alcool sur l’organisme.
Ichiyama et coll. (2009

; N = 724) ont montré que le
PH réduisait la quantité d’alcool consommée des
étudiants de 1
re année (nombre de verres
d’une semaine typique) lors d’un suivi à 8 mois. De
plus, il diminuait le risque de passer du statut de
non-consommateur à celui de consommateur. Enfin, il
réduisait l’augmentation du nombre de verres consommés
par semaine durant la 1
re année
universitaire. Une analyse de modération montrait
cependant que ce dernier effet n’était observé que chez
les étudiantes. L’étude de Turrisi et coll.
(2013

; N = 1 900) a montré que le
timing d’envoi du manuel était essentiel dans
la mise en place du programme PH. Si les parents le
recevaient au cours de l’été précédant la 1
re
année universitaire, la probabilité que le
sous-échantillon des étudiants ayant une consommation à
risque avant la rentrée réduise sa consommation durant
les deux premières années universitaires augmentait.
Lorsque les parents recevaient le manuel après la
rentrée, ces mêmes étudiants ne changeaient pas leur
consommation et l’intervention n’empêchait pas non plus
les non-consommateurs de commencer à consommer durant la
1
re année. Nous verrons dans une
prochaine section que le programme PH peut potentialiser
les effets de l’intervention motivationnelle brève
BASICS lorsqu’il lui est associé dans une approche
universelle (Turrisi et coll.,
2009

; Wood et coll.,
2010

).
Programmes de renforcement des compétences
familiales
Strengthening Families Programme
(SFP)
Plusieurs interventions de prévention universelle ou
sélectives centrées sur le renforcement des compétences
familiales se sont révélées efficaces pour prévenir la
consommation des enfants.
Parmi elles, le Strengthening Families Programme
(SFP) a fait l’objet de nombreuses évaluations.
Développé dans les années 80 par Karol Kumpfer, c’est à
l’origine une intervention sélective ciblant des enfants
de 6 à 11 ans dont les parents ont une consommation à
risque de SPA. Elle s’est par la suite élargie à
d’autres groupes d’âge (versions Utah : SFP 3-5, SFP
12-16) et a été testée, dans une approche universelle,
auprès de familles ne présentant pas de facteurs de
risque. Une caractéristique essentielle de SFP est de
proposer 14 séances rassemblant généralement une dizaine
de familles durant lesquelles les compétences parentales
(par exemple, interactions positives, communication,
discipline efficace) et les compétences psychosociales
des enfants (en particulier la résistance à la pression
des pairs) sont travaillées dans deux sessions
parallèles pendant la 1re heure ; ces
compétences étant mises en pratique par les parents et
les enfants réunis au cours de la 2e
heure.
Une version moins intensive du programme (Version Iowa ;
SFP For parents and Youth : 10-14
[SFP10-14]), constituée de 7 séances de 2 heures, est
spécialement adaptée à une approche universelle. Elle a
montré des effets bénéfiques à long terme sur la
consommation d’alcool des enfants bénéficiaires du
programme. Spoth et coll.
(2001

,
2004

,
2009

,
2012

) ont suivi, au sein de
communautés rurales des États-Unis, des jeunes en classe
de 6
e (11-12 ans) ayant participé à SFP10-14
avec leurs parents (N = 667 familles). Lorsqu’ils
atteignaient la classe de 2
nde (15-16 ans),
le programme permettait de réduire, comparativement au
groupe contrôle, la prévalence de l’expérimentation de
l’alcool (respectivement, 50 %
vs. 68 % ;
RRR = 26 %), de l’expérimentation de l’alcool sans
permission parentale (40 %
vs. 59 % ; RRR = 32 %)
et enfin de l’expérimentation de l’ivresse (26 %
vs. 44 % ; RRR = 40 %) (Spoth et coll.,
2001

). À l’âge de 18 ans, Spoth
et coll. (2004

) constataient un effet de
SFP10-14 sur le moment de l’expérimentation de l’alcool,
notamment sans permission parentale, et sur celui de
l’expérimentation de l’ivresse, le programme reportant
d’environ 1 an ces initiations relativement au groupe
contrôle. Enfin, 9 ans après la fin de l’intervention,
c’est-à-dire à 21 ans, SFP10-14 avait toujours un effet
sur la fréquence actuelle des ivresses et sur les
conséquences négatives liées à l’alcool dans l’année
passée. Ces effets étaient indirects et expliqués par le
report de l’initiation à l’alcool généré par
l’intervention. La réduction relative du risque (RRR) a
été calculée pour l’ivresse et les conséquences
négatives considérées comme des variables dichotomiques
(c’est-à-dire plus d’une ivresse dans le mois passé =
OUI/NON, plus d’une conséquence dans l’année passée =
OUI/NON) afin d’estimer le pourcentage de cas qui
auraient pu être évités grâce à SFP ; ces réductions
sont significatives (celle des ivresses : 19 %, celle
sur les conséquences négatives : 23 %) et plus élevées
que pour une autre intervention à destination des
familles,
Preparing for the Drug Free Years
(PDFY), également évaluée dans l’étude (Spoth et coll.,
2009

)
7
L’évaluation d’une
adaptation polonaise de SFP10-14 par Foxcroft et
coll. (2017

) n’a révélé aucun effet du
programme sur la consommation d’alcool des jeunes
1 ou 2 ans après le début de l’intervention, mais
l’étude souffrait d’un biais important
d’attrition.
.
Preparing for the Drug Free Years
(PDFY)
Preparing for the Drug Free Years (PDFY) est une
intervention universelle reposant sur le principe qu’une
implication parentale constante et positive est
importante pour aider les enfants à résister à la
consommation de substances et à d’autres comportements
antisociaux au début de l’adolescence. Elle a été
révisée en 2003 avec plus d’activités et d’exercices
familiaux et renommée Guiding Good Choices.
L’intervention actuelle est un programme de cinq séances
qui traitent notamment de la prévention de la
toxicomanie dans la famille, de l’établissement
d’attentes familiales claires concernant les drogues et
l’alcool, de la gestion des conflits et du renforcement
des liens familiaux. Les séances sont interactives et
basées sur les compétences. Les familles reçoivent
également un guide familial proposant des activités, des
sujets de discussion et des exercices de renforcement
des compétences.
L’étude de Spoth et coll.
(2009

; N = 883 élèves de
5
e) a constaté que les élèves ayant reçu
l’intervention déclaraient au lysée avoir moins
expérimenté de SPA et avoir vécu moins de conséquences
négatives liées à la consommation d’alcool que les
élèves n’ayant pas reçu d’intervention. À l’âge de
22 ans, on observait une plus faible prévalence de
consommation à risque chez les femmes (PDFY : 6 %
vs. contrôle : 16 %), mais pas d’effet chez
les hommes (Mason et coll.,
2009

).
Interventions dans le milieu du
travail
Lorsqu’on examine les évaluations d’interventions réalisées dans
le milieu du travail, on constate généralement que les études ne
satisfont pas aux critères et standards scientifiques
habituellement attendus : faibles effectifs ne procurant pas la
puissance et la représentativité nécessaires (par exemple,
Brendryen et coll., 2017

), absence de groupe contrôle (par
exemple, Gomez-Recasens et coll.,
2018

), schéma d’étude ne permettant pas d’attribuer les effets
observés à l’intervention (par exemple, Kingsland et coll.,
2013

; Rowland et coll. 2012a

, b

, c

et
d

),
absence de mesure de consommation d’alcool ou de problèmes liés
à la consommation (indicateurs comportementaux, même
auto-rapportés) mais seulement des mesures relatives à la
cognition (c’est-à-dire les attitudes, la motivation, les
connaissances, l’intention) (Roche et coll.,
2019

). Il arrive également que les effets ne soient pas obtenus
sur la consommation lorsqu’elle est recueillie (par exemple,
Haberecht et coll., 2017

; Hermansson et coll., 2010 ; Tinghög
et coll., 2016

). Les revues systématiques
soulignent toutes la faiblesse méthodologique des études (par
exemple, Webb et coll., 2009

). Webb et coll.
(2009

; N = 10 études) rapportent seulement 4 essais contrôlés
randomisés sur les 10 études incluses dans la revue.
Dans leur revue systématique méta-analytique, Yuvaraj et coll.
(2019

; N = 1 291, 7 études) ont montré que les interventions
délivrées dans le milieu du travail permettaient de réduire la
quantité d’alcool consommé par semaine, mais uniquement chez les
individus qui boivent plus de 15 verres standards par semaine
avant l’intervention. Ces résultats sont à relativiser étant
donné le faible nombre d’études et de participants inclus dans
la revue.
Si on prend en compte les évaluations ayant rapporté des
résultats probants, on retrouve trois catégories
d’interventions : a) les interventions psychosociales (par
exemple, les ateliers de gestion du stress, les séances de
développement des CPS, les activités de team building),
b) les interventions digitales (par exemple, FNP sur le web),
les interventions agissant sur l’environnement (par exemple,
l’accessibilité de l’alcool au travail, les règlements
d’entreprise) et d) les interventions brèves, mais qui ne
semblent pas, quant à elles, donner des résultats toujours
convergents.
Interventions
psychosociales
Team awareness
(TA)
Team Awareness (TA) est un programme de prévention
universelle dont l’objectif est de réduire la
consommation d’alcool au travail. Sa stratégie
d’intervention consiste à améliorer, lors de deux
séances de 4 heures en groupe, le soutien social et
l’orientation par les pairs (i.e., les collègues de
travail) lorsqu’un individu rencontre des problèmes liés
à l’alcool. Il considère les normes sociales (ou le
climat professionnel) concernant la consommation
d’alcool comme un facteur prédicteur de la consommation
des employés. Plusieurs compétences psychosociales sont
renforcées lors d’activités interactives ; elles
correspondent, selon les auteurs (Bennett et coll.,
2018

), à des ressources ou à des
facteurs de résilience individuelle ou sociale (par
exemple, la capacité à faire face positivement aux
problèmes, le soutien social, la cohésion de groupe,
l’empathie) permettant de réduire la consommation
d’alcool. Le programme TA comprend également un module
sur la gestion du stress.
Six mois après la délivrance du programme, Bennett et
coll. (2004

; N = 587 employés municipaux
ayant un poste où la question de la sécurité est
importante) ont observé une réduction des problèmes liés
à la consommation d’alcool (score composite concernant
les conséquences négatives liées à la consommation et
les signes de consommation à risque) chez les employés
ayant participé au programme TA, comparativement au
groupe contrôle. Un climat de travail favorable à la
consommation d’alcool juste après l’intervention
prédisait le niveau de conséquences négatives à 6
mois.
Team Awareness for Small Business
(TASB)
Il existe une version courte (4 heures) du programme TA,
appelée
Team Awareness for Small Business (TASB),
développée pour les petites et moyennes entreprises.
Reynolds et coll. (2015

; N = 1 510 employés dans 45
entreprises) ont constaté, 6 mois après l’intervention,
une réduction de la fréquence de consommations récentes
(dans les 30 derniers jours) chez les travailleurs ayant
participé à TA
SB, comparativement à ceux du
groupe contrôle.
Team Resilience
(TR)
Dans des études ultérieures (Bennett et coll.,
2010

; Broome et Bennett,
2011

; Petree et coll.,
2012

),
Team Awareness a
été adapté pour être délivré à de jeunes employés de la
restauration, une profession à risque élevé pour la
consommation excessive d’alcool.
Cette adaptation, appelée Team Resilience (TR),
est dispensée en trois séances de 2 heures et reprend
globalement les éléments du programme Team
Awareness.
Broome et coll. (2011

; N = 235 jeunes employés
d’une grande chaîne de restauration âgés de 16 à 35 ans,
âge moyen = 22,5 ans) ont constaté que, 12 mois après
l’intervention, TR réduisait la prévalence d’au moins un
épisode de
binge drinking au cours des 30
derniers jours (TR : 47 %
vs. Contrôle : 64 %) et
la prévalence d’au moins 5 épisodes de
binge
drinking au cours des 30 derniers jours (TR :
20 %
vs. Contrôle : 38 %). Les employés ayant
participé à TR expérimentaient moins de problèmes liés à
l’alcool au travail dans les 6 derniers mois (par
exemple, aller au travail avec la « gueule de bois »,
travailler sous l’influence de l’alcool) que ceux du
groupe contrôle.
Dans l’étude de Petree et coll.
(2012

; N = 947 jeunes employés de
la restauration), les participants de la condition TR
rapportaient moins de stress (exprimé en fréquence
d’exposition), que ce soit dans leur vie personnelle ou
professionnelle, comparativement au groupe contrôle.
Yale Work and Family Stress Project
Le projet Yale Work and Family Stress (YWFSP) est
un programme de prévention universelle adoptant une
approche basée sur le développement des compétences
psychosociales. Il postule que le stress perçu dans la
vie personnelle et professionnelle ainsi que certaines
manières d’y répondre (par exemple la stratégie de
« coping » de type évitement) constituent des
facteurs de risque pour le développement de problèmes
psychologiques et pour une consommation à risque de SPA.
D’un autre côté, une stratégie de coping centrée
sur la résolution active du problème et le soutien
social sont des facteurs protecteurs pour l’employé.
YWFSP propose 15 séances hebdomadaires de 90 minutes (1
toutes les semaines) en petits groupes de 10 à 12
participants. Il est constitué de 3 composantes : la
résolution de problème (10 séances), les techniques de
réévaluation des situations stressantes (2 séances) et
les techniques de gestion active du stress (3
séances).
Snow et coll. (2003a

et
b

; N = 239 femmes secrétaires
sur 4 sites) ont montré que la participation au
programme réduisait, lors d’un suivi à 22 mois, la
quantité récente d’alcool consommée (nombre de verres
dans le mois passé).
Ateliers de gestion du
stress
Signalons enfin que, dans une intervention universelle
destinée à des employés de compagnies d’assurance, Cook
et coll. (2003

, cité par Ames et coll.,
2011

) ont montré que des ateliers
de gestion du stress (3 séances de groupe de 45 minutes)
réduisaient la consommation d’alcool à 8 mois et que
l’ajout d’un volet éducatif sur la consommation de SPA
n’augmentait pas les effets de l’intervention.
Interventions
brèves
Les résultats concernant l’efficacité des interventions
brèves dans le milieu du travail sont peu convergents. Si
des revues systématiques montrent que certaines
interventions brèves sont probantes (Webb et coll.,
2009

), d’autres mettent en avant le
fait que cette stratégie d’intervention est globalement
inefficace lorsqu’elle est implantée dans le milieu du
travail (Kolar et coll.,
2015

) et qu’elle n’est pas implantée
dans les organisations sportives professionnelles (Kolar et
coll., 2015

).
Anderson et Larimer (2002

; N = 155 employés du secteur de
l’alimentation ; âge moyen = 41,7 ans) ont testé les effets
d’une intervention brève de prévention de la consommation
d’alcool proposant aux participants : a) un
feedback
personnalisé, b) un volet éducatif (connaissances sur
l’usage d’alcool et ses conséquences) et c) le développement
de certaines compétences. Les résultats ont montré que
seules les femmes ayant une consommation à risque
rapportaient, au bout de 6 mois, moins de conséquences
négatives liées à la consommation, comparativement au groupe
contrôle.
Walters et Woodall (2003

) ont évalué une intervention
brève auprès d’employés d’une entreprise manufacturière
ayant une consommation d’alcool faible à modérée (6,9 verres
par semaine en
baseline ; N = 46). Ils recevaient par
la poste un
feedback normatif personnalisé (FNP)
envoyé soit immédiatement soit après un délai de 8 semaines.
La consommation d’alcool était mesurée avant l’intervention
puis 8 et 16 semaines après. Les résultats ont révélé que, 8
semaines après le FNP, l’intervention réduisait la
consommation d’alcool (nombre de verres d’une semaine
typique dans les 30 derniers jours) et que ces changements
étaient expliqués par une augmentation du risque perçu
associé à la consommation d’alcool.
Haberecht et coll. (2017

) ont évalué l’effet de deux
interventions brèves auprès de chercheurs d’emploi ayant une
consommation à risque et non dépendants (N = 1 243 ;
18-64 ans) sur le retour à l’emploi. Aucune des deux
interventions (FNP basé sur le modèle transthéorique et
adapté au stade changement du participant versus FNP basé
sur la théorie du comportement planifié) n’a eu d’effet sur
le recrutement des participants 15 mois après le début de
l’intervention.
Interventions
digitales
GET.ON Clever weniger trinken (CWT ;
be smart –
drink less : soyez malins, buvez moins) est une
intervention de prévention sélective destinée à réduire la
consommation de travailleurs ayant une consommation à risque
d’alcool mais non dépendants. Elle est proposée sur internet
à travers 5 modules sur 5 semaines incluant : un
feedback normatif personnalisé, un entretien
motivationnel, la planification d’objectifs, un travail sur
la résolution de problèmes et la régulation émotionnelle.
Boß et coll. (2018

; N = 434 adultes ; âge moyen =
47 ans) ont constaté que, chez des travailleurs hommes et
femmes consommant au moins 21 unités standard d’alcool pour
les hommes et 14 pour les femmes par semaine et ayant un
score d’AUDIT ≥ 8 (6), l’intervention CWT diminuait la
quantité d’alcool hebdomadaire consommée (nombre d’unités
standard d’alcool ; CWT : M = 17,9
vs. Contrôle :
M = 24,0) 6 mois après le début de l’intervention.
Dans l’étude de Doumas et Hannah
(2008

; N = 124), des employés de 18 à
24 ans travaillant dans un département de ressources
humaines : a) soit recevaient un
feedback normatif
personnalisé délivré sur le web, b) soit recevaient le même
FNP plus un entretien motivationnel de 15 minutes, c) soit
ne recevaient aucune intervention (groupe contrôle). Les
résultats ont révélé que les deux interventions permettaient
de réduire, 30 jours plus tard, le nombre de verres
consommés lors d’un week-end typique, la fréquence des
épisodes d’ivresse dans les 30 derniers jours et le nombre
maximal de verres consommés en une occasion dans le mois
passé, comparativement au groupe contrôle. Pour les 2
premiers indicateurs de consommation, les effets étaient
plus grands pour les participants à haut risque,
c’est-à-dire ayant consommé au moins une fois 5 verres en
une seule occasion pour les hommes (4 verres ou + pour les
femmes) dans les 2 semaines précédant l’intervention. De
plus, on ne constatait aucune différence entre les deux
groupes d’intervention, ce qui indiquait que l’ajout d’une
séance d’entretien motivationnel de 15 minutes n’augmentait
pas l’efficacité du FNP en ligne.
Le département américain de la Défense a évalué une
intervention sur le Web appelée
Program for Alcohol
Training, Research, and Online Learning (PATROL)
auprès de militaires en service actif. Deux interventions
brèves sur le web de prévention de la consommation d’alcool
(
Alcohol Savvy et
Drinker’s CheckUp) ont
été adaptées pour être utilisées dans l’armée et testées
dans huit installations militaires. Les participants
(N = 3 912) ont été affectés à l’un des quatre groupes
suivants : 1)
Alcohol Savvy (AS), 2)
Drinker’s
CheckUp (DCU), 3) le groupe « niveau de risque »,
dans laquelle les buveurs à haut risque ont été affectés à
DCU et les buveurs à faible risque ont été affectés à AS, ou
4) le groupe contrôle (sans intervention). AS est une
intervention
online offrant à l’utilisateur la
possibilité d’évaluer son niveau personnel de consommation
d’alcool (FNP), de regarder et d’écouter des témoignages
vidéo de pairs qui discutent de leur consommation d’alcool
et de celle des autres et de la façon dont elle a affecté
leur vie, ainsi qu’un module interactif permettant
d’acquérir des compétences pour modifier sa consommation
d’alcool vers une consommation à faible risque. DCU est
composé d’un FNP suivi d’une section qui aide le participant
à résoudre son ambivalence quant à l’opportunité de changer,
à fixer des objectifs de changement (et un plan de
changement) et propose des ressources pour l’aider à
atteindre ses objectifs. Les résultats ont montré que les
participants qui ont terminé l’un des programmes
(c’est-à-dire l’AS ou le DCU) rapportaient des réductions
significatives sur plusieurs mesures de la consommation
d’alcool par rapport aux participants du groupe contrôle.
Les résultats n’ont révélé aucune différence significative
dans l’efficacité relative des trois groupes d’intervention
du programme (Pemberton,
2007

; cité par Ames et coll.,
2011

).
Interventions sur
l’environnement
Les travaux de Geneviève Ames (par exemple, Ames et Bennett,
2011

; Ames et Moore, 2016) remettent
en question la tendance générale à attribuer les causes des
problèmes d’alcool uniquement aux caractéristiques
individuelles. Ses travaux se concentrent sur les facteurs
sociaux et culturels dans le milieu du travail qui
contribuent à la consommation à risque d’alcool. Les
facteurs identifiés sont : le contrôle (politique, règles,
visibilité du travail et supervision efficace) ; la
disponibilité physique et sociale de l’alcool (l’alcool
peut-il être obtenu sur le lieu de travail et la
consommation d’alcool est-elle acceptée par les collègues) ;
qualité du travail (stress, travail physiquement exigeant,
exclusion de la prise de décision, attentes irréalistes et
insécurité de l’emploi).
Pidd et coll. (2016

), dans leur analyse des données
d’une enquête nationale australienne (N = 13 590), ont
évalué le lien entre les politiques de prévention des
addictions en entreprise et la consommation de SPA chez les
employés. La présence d’une politique, quelle qu’elle soit
(par exemple, tests de dépistage, éducation ou information
concernant l’alcool ou les SPA, accès à tout type d’aide
pour les problèmes d’alcool ou de drogue) est associée à une
probabilité réduite de consommation d’alcool à haut risque
(11 verres standards ou plus en une seule occasion ; au
moins 1 fois par semaine) chez les employés (OR = 0,64).
Lorsqu’elle porte sur l’usage et qu’elle offre en plus de
l’aide, elle est fortement associée à une diminution de
consommation à haut risque (OR = 0,43).
Good Sports (GSP) est une intervention adoptant une
approche écologique et identifiée par plusieurs revues
systématiques comme étant probante (par exemple, Ames et
coll., 2011

; Kolar et coll.,
2015

). Son principe consiste à
réduire l’accessibilité de l’alcool dans les clubs sportifs
professionnels (mais également amateurs), à promouvoir les
réunions de club sans alcool ou limitant la consommation
d’alcool et à ne pas avoir de sponsors liés à l’alcool. Les
clubs sportifs s’engagent donc à respecter certaines règles,
comme par exemple appliquer les exigences légales en matière
d’alcool, fournir des boissons alternatives (non alcoolisées
et moins chères que les boissons alcoolisées) et ne pas
accepter les jeux d’alcool lors des événements ou réunions
ayant lieu au club.
Kingsland et coll. (2015

) ont suivi 88 clubs de football
américain (N = 1 411 membres de clubs, la plupart joueurs,
âge moyen = 30 ans). Ils ont mesuré la consommation d’alcool
des participants 6 mois avant, juste après et 2 ans et demi
après le début de l’intervention. Les résultats ont révélé
que, lors du plus long suivi, la GSP réduisait la prévalence
de
binge drinking (GSP : 19 %
vs. Contrôle :
24 % ; OR = 0,63) dans les 3 derniers mois et la prévalence
du mésusage d’alcool tel qu’il est évalué par le
questionnaire «
Alcohol use disorders test » (AUDIT :
score ≥ 8 ; GSP : 38 %
vs. Contrôle : 45 % ;
OR = 0,58).
Interventions à composantes ou milieux
multiples
Intervention en milieu scolaire et auprès
des parents ou de la famille
La revue systématique de Newton et coll.
(2017

) suggère que les stratégies de
prévention combinant des interventions en milieu scolaire
auprès de jeunes (élèves de 11 à 18 ans) et des
interventions auprès de leurs parents ou famille
permettaient de prévenir efficacement les consommations
d’alcool de ces jeunes. Sur 10 programmes sélectionnés, 8
ont signalé au moins un impact positif sur un indicateur de
consommation d’alcool (par exemple, initiation,
binge
drinking), avec des effets favorables pouvant être
observés 6 ans après l’intervention.
Linking the Interests of Families and
Teachers (LIFT)
Le programme de prévention universelle Linking the
Interests of Families and Teachers (LIFT) a été
spécialement conçu pour réduire les risques qu’un enfant
développe des problèmes ou troubles de la conduite et
qu’il s’engage dans des consommations précoces de SPA
(tabac, alcool et drogues illicites). Il s’adresse aux
élèves de l’école élémentaire (du CP au CM2) ainsi qu’à
leurs parents. Il comporte les composantes suivantes :
1) une intervention de renforcement des compétences
parentales (formation au renforcement positif, à la
discipline et à la surveillance), 2) une intervention
développant les CPS des enfants en classe (20 séances
travaillant l’écoute, la gestion et la reconnaissance
des émotions, la coopération en groupe et la résolution
de problèmes), 3) une version du programme Good
Behavior Game adaptée au contexte de la cour de
récréation et permettant aux élèves d’expérimenter en
dehors de la classe leurs compétences psychosociales
ainsi que 4) des outils destinés aux parents favorisant
la communication parent-enseignant (une
newsletter hebdomadaire et un accès permanent
à un répondeur téléphonique en classe, la « Ligne
LIFT », au sein de chaque classe d’intervention).
Eddy et coll. (2003

) ont montré que la délivrance
du programme LIFT auprès d’élèves en classe de CM2
(N = 361, comprenant des élèves de classes mixtes
CM1-CM2 et dans des écoles à fort taux de délinquance
adolescente) et de leurs parents permettait de réduire
la consommation d’alcool 3 ans après la fin de
l’intervention (ainsi que la probabilité d’avoir déjà
été arrêté par la police), comparativement aux élèves de
la condition contrôle. Dans un autre article, DeGarmo et
coll. (2009

) ont suivi ces mêmes élèves jusqu’en
terminale (N = 351 ; 17-18 ans) et ont montré que le
programme LIFT, lorsqu’on contrôlait la consommation des
parents et l’affiliation des élèves à des pairs ayant
des comportements déviants, était associé à une
réduction significative de 7 % du risque d’initiation à
la consommation d’alcool (10 % pour l’initiation au
tabac) 7 ans après la fin de l’intervention,
comparativement au groupe contrôle. Leurs analyses ont
également révélé un impact bénéfique à long terme de
LIFT sur la consommation moyenne d’alcool et identifié
la consommation parentale comme un facteur de risque.
Enfin, les auteurs ont constaté un effet indirect du
programme sur le taux d’accroissement de la consommation
d’alcool à l’adolescence, effet expliqué par
l’augmentation de la résolution des problèmes familiaux
permise par le programme.
Fast Track
Fast Track est un programme intensif à composantes
multiples dont l’objectif est d’améliorer la santé
mentale des enfants présentant, à l’entrée du CP, des
problèmes précoces de conduite et de prévenir chez eux
la survenue de troubles à l’âge adulte. Il débute dès le
CP et propose jusqu’à l’âge de 16 ans des approches
universelles et sélectives, en particulier : un travail
de développement des CPS (par exemple, le programme
universel
Promoting Alternative Thinking
Strategies (PATHS) du CP au CM2), un tutorat
dédié à l’apprentissage de la lecture, du coaching
assuré par des pairs, des visites à domicile et des
groupes de soutien à la parentalité et de renforcement
des compétences familiales. Un suivi effectué à l’âge de
25 ans (Dodge et coll.,
2015

) a révélé que les jeunes qui
avaient bénéficié de
Fast Track avaient une
probabilité réduite de présenter une consommation à
risque d’alcool à l’âge adulte, comparativement aux
jeunes du groupe contrôle (OR = 0,69 ; critères
DSM-IV).
Seattle Social Development
Project (SSDP)
Le
Seattle Social Development Project (SSDP) est
un programme de prévention universelle des comportements
à risque pour la santé (santé mentale, criminalité et
usage de SPA). Il dure 6 ans (de 6 à 12 ans) et se
décline en trois composantes : a) une formation des
enseignants sur le plan pédagogique (enseignement
interactif, apprentissage coopératif) et une
intervention de gestion des comportements en classe (par
exemple, la pédagogie explicite, l’encouragement des
efforts et des comportements attendus), b) des séances
de développement des CPS des élèves en classe (par
exemple, les compétences de résolution de problèmes
interpersonnels, la capacité à dire non) et c) une
formation aux compétences parentales (gestion des
comportements, soutien scolaire et compétences aidant à
la réduction de consommation de SPA des jeunes). Les
résultats de l’étude d’Hawkins et coll.
(1999

; N = 810 élèves du CP au
CM2) révèlent un effet à très long terme (6 ans après la
fin de l’intervention, soit à l’âge de 18 ans) de SSDP
sur la prévalence de la consommation excessive d’alcool
dans l’année passée (SSDP : 15,4 %
vs. Contrôle :
25,0 %). L’étude a également montré qu’une version moins
intensive de 2 ans (CM2-6
e) ne parvenait pas
à obtenir cet effet.
Raising Healthy Children
(RHC)
Raising Healthy Children (RHC) est une adaptation
du SSDP. Il reprend le format complet en 6 ans du
programme et propose des composantes supplémentaires :
pour les jeunes, une participation volontaire à des
séances de tutorat et des clubs d’études après l’école
(CM1-6e), une stratégie d’intervention
par les pairs à différents moments (école élémentaire,
collège) et dans des contextes divers (par exemple, en
classe, en camps d’été) afin de pratiquer les CPS, ainsi
que des sessions de rappel et des ateliers en groupes au
collège et au lycée ; pour les parents, des ateliers en
groupe à l’école, et dans une approche plus sélective
des visites à domicile.
L’étude de Brown et coll.
(2005

; N = 959) nous indique que
les participants au programme RHC ayant reçu
l’intervention dès le CP ou le CE1 (âge 6-7 ans)
rapportent, entre 13 et 16 ans, une fréquence de
consommation d’alcool qui décline plus vite que celle
des participants du groupe contrôle.
Start Taking Alcohol Risks Seriously for Families (STARS
for Families)
Start Taking Alcohol Risks Seriously for Families
(STARS for Families) est un programme de
prévention universelle à composantes multiples de 2 ans
(en 6e et 5e) composé d’une
version courte du programme STARS déjà décrit (seulement
2 consultations individuelles menées par l’infirmière
scolaire au 1er semestre de chaque année
scolaire) et d’un volet parental comprenant : une série
de cartes postales envoyées aux parents reprenant des
éléments-clés sur ce qu’il convient de dire aux enfants
pour qu’ils évitent de consommer de l’alcool (pendant le
2e semestre de la 1re année)
et de 4 à 9 leçons familiales à emporter à la maison et
proposant des activités pour améliorer la communication
parent-enfant concernant les compétences et les
connaissances en matière de prévention de la
consommation d’alcool (pendant le 2e semestre
de la 2e année).
L’étude de Werch et coll.
(1998

; N = 211 collégiens de
6
e en milieu défavorisé) a révélé que
STARS for Families réduisait, 1 mois après la
fin de l’intervention, la fréquence de consommation
d’alcool des jeunes, mais ne permettait pas d’obtenir de
bénéfices lors du suivi à 1 an. On retrouvait cette
absence d’effet à 1 an dans une étude ultérieure auprès
du même public (Werch et coll.,
2003

; N = 650).
Steps Towards Alcohol Misuse
Prevention Programme
(STAMPP)
Steps Towards Alcohol Misuse Prevention Programme
(STAMPP) est un programme de prévention universelle
destinée aux jeunes de 12-14 ans et à leurs parents. Il
combine une version adaptée du programme australien
SHAHRP de réduction des dommages liés à l’alcool en
milieu scolaire d’une durée de 2 ans (10 séances) et une
intervention d’éducation parentale brève inspirée du
programme suédois
Örebro Prevention Programme
(ÖPP, Koutakis et coll.,
2008

) visant à aider les parents
à établir des règles familiales relatives à la
consommation d’alcool (une présentation en soirée dans
les locaux de l’établissement suivi quelques semaines
plus tard de la remise d’un livret d’information
reprenant les éléments clés de la soirée). Dans une
étude de grande ampleur (N = 12 738) menée en Irlande du
Nord (McKay et coll., 2017,
2018

; Sumnaul et coll.,
2017

), les auteurs ont montré que
le STAMPP réduisait à long terme la prévalence du
binge drinking durant le mois passé
(garçons : ≥ 6 unités ; filles : ≥ 4,5 unités),
c’est-à-dire 33 mois après le début de l’intervention
(STAMPP : 17 %
vs. Contrôle : 25,6 %). À noter
que le volet parental a été partiellement mis en œuvre
car il a été difficile de mobiliser les parents pour
participer à la soirée de présentation.
Prevention of Alcohol Use in
Students (PAS)
Le programme
Prevention of Alcohol Use in Students
(PAS ; Koning et coll.,
2009

,
2011

,
2015

) est un programme universel
néerlandais à composantes multiples dont l’objectif est
de réduire les consommations ponctuelles excessives des
collégiens. Il dure 3 ans (de la 6
e à la
4
e) et combine deux interventions. L’une
est adaptée de l’intervention d’éducation parentale
suédoise
Örebro Prevention Programme (Ozdemir et
coll., 2016

) ciblant les règles que
posent les parents quant à la consommation d’alcool de
leurs enfants. Elle comprend, lors d’une réunion en
début de chaque année scolaire a) la présentation d’un
expert sur les effets de l’alcool à l’adolescence et les
effets de la permissivité parentale, b) une réunion
parents-professeur dans chaque classe pour rechercher un
consensus sur les règles à adopter à l’égard des enfants
et enfin c) l’envoi aux parents d’un livret reprenant
les points important de la présentation et de la
réunion. L’autre composante est une intervention menée
par l’enseignant en classe grâce à un support digital
(
e-learning) et ciblant les attitudes à
l’égard de la consommation d’alcool des élèves et leur
capacité à résister à la pression sociale à consommer (4
séances la 1
re année et une leçon de rappel
sur papier la 2
e année).
Koning et coll. (2015

; N = 3 245 collégiens) ont
montré qu’à l’issue des 3 ans (à l’âge de 15 ans) les
collégiens du programme PAS avaient réduit leur quantité
habituelle d’alcool consommé par semaine,
comparativement au bras contrôle. Une analyse de
médiation séquentielle révélait que cet effet était dû
d’abord à une augmentation de l’application de règles
parentales strictes et ensuite à une amélioration du
contrôle de soi (par exemple, interrompre des tendances
comportementales indésirables) rapportées par les
collégiens.
Life Skills Training (LST) + Iowa
Strengthning Families Programme
(SFP10-14)
Dans une étude déjà évoquée plus haut (Spoth et coll.,
2014

), les auteurs ont suivi
jusqu’à l’âge adulte des collégiens en classe de
cinquième qui recevaient soit un programme de
développement des CPS seul (
Life Skills
Training ; 20 sessions), soit une combinaison de LST
et du programme de renforcement familial SFP10-14 (11
sessions), soit aucun des deux programmes (groupe
contrôle ; seuls des documents écrits sur le
développement de l’adolescent étaient envoyés aux
parents). Le niveau moyen et le taux de changement des
mesures de fréquence actuelle des ivresses et du nombre
de problèmes liés à l’alcool (12 derniers mois) des
jeunes adultes entre 19 et 22 ans étaient modélisés
comme des variables pouvant être influencées par des
facteurs de croissance décrivant l’initiation à
l’ivresse pendant l’adolescence. Avant l’intervention,
les collégiens étaient qualifiés à « haut risque » s’ils
avaient déjà expérimenté 2 parmi 3 substances
considérées dans l’étude (alcool, cigarettes,
cannabis).
Les analyses ont révélé des effets indirects bénéfiques
de chacune des interventions (LST seul, LST + SFP10-14)
sur le niveau moyen de la fréquence actuelle des
ivresses et des problèmes liés à l’alcool du jeune
adulte entre 19 et 22 ans, avec des effets plus marqués
pour les collégiens à « haut risque ». Dans chaque
groupe d’intervention, les effets étaient médiatisés par
le report de l’initiation à l’ivresse.
Spoth et coll. (2016

) ont effectué un suivi
ultérieur de ces collégiens jusqu’à l’âge de 27 ans. Les
résultats révèlent qu’à cet âge la réduction du risque
relatif (RRR) liée à la prévalence de l’ivresse (au
moins un épisode dans le mois passé) était supérieure
lorsque le collégien avait reçu les 2 programmes (LST +
SFP10-14) plutôt que le seul programme LST, que ce soit
pour l’ensemble de l’échantillon (13,8 %
vs.
9,2 %) ou pour le sous-échantillon des collégiens à
« haut risque » (17,4 %
vs. 12,2 %).
Montreal Preventive Treatment Program
Le Montreal Preventive Treatment Program est une
intervention sélective de prévention des comportements
antisociaux chez les garçons qui manifestent des
problèmes de conduite précoces. Il dure 2 ans et
comporte un volet de développement des CPS des élèves en
école élémentaire (de 7 à 9 ans à partir de l’entrée en
CE1 ; 19 séances en petits groupes mixant garçons
perturbateurs et non perturbateurs) centré sur les
compétences pro-sociales et le contrôle de soi, et un
volet parental (17 séances) abordant la surveillance du
comportement de l’enfant, les renforcements positifs des
comportements pro-sociaux, l’usage approprié des
punitions et la gestion des crises familiales.
À l’âge de 15 ans, les garçons ayant reçu le programme
sont moins susceptibles d’avoir eu au moins un épisode
d’ivresse dans les 12 derniers mois que les garçons du
groupe contrôle (Tremblay et coll.,
1996

; N = 166). Les auteurs
observent encore un effet bénéfique du programme sur la
consommation d’alcool lorsqu’ils ont 17 ans.
Stop, Options, Decide, Act, and
Self-praise (SODAS)
Le programme
Stop, Options, Decide, Act, and
Self-praise (SODAS) est une intervention de
prévention universelle composée d’un volet de
développement des CPS destinée aux jeunes de 10-11 ans
(10 sessions de 45 minutes + sessions de réactivation)
administrée par CD-ROM. Chaque session est composée
d’une présentation de la compétence visée (par exemple,
la prise de décision, la résolution de problème,
l’assertivité, la capacité à dire non, la réduction du
stress) et d’un jeu interactif où le jeune doit décider
des actions d’un avatar. Elle comporte également un
volet d’éducation parentale, délivré également par
CD-ROM. Son objectif est d’encourager les parents à
initier des discussions avec leurs enfants sur les
compétences que les jeunes apprennent, les aider à
appliquer le contenu du programme et les soutenir
lorsqu’ils parviennent à éviter les consommations de SPA
et se livrent à des activités favorables à la santé.
Schinke et coll. (2010

; N = 513) ont montré que le
SODAS réduisait, 7 ans après le début de l’intervention,
la fréquence de consommation d’alcool et du
binge
drinking dans le mois passé.
BASICS + Parent Handbook
Dans leur étude, Turrisi et coll.
(2009

) ont affecté aléatoirement
1 275 sportifs entrant à l’université à l’une des 4
conditions suivantes : 1) l’intervention universelle
parentale
Parent Handbook (HP), 2) l’intervention
motivationnelle brève de prévention ciblée BASICS, mais
adoptant ici une approche universelle et menée par des
pairs sportifs préalablement formés, 3) l’intervention
combinant PH + BASICS et 4) une condition contrôle sans
intervention. Les résultats de l’étude indiquaient que
combiner les deux interventions PH+BASICS était plus
efficace et permettait de réduire la consommation
d’alcool (nombre de verres standards lors d’une semaine
et d’un week-end typiques), la concentration maximale
estimée d’alcool dans le sang (occasion où ils ont bu le
plus de verres dans le mois passé) et les conséquences
négatives liées à la consommation d’alcool (3 derniers
mois) lors du suivi à 10 mois (après le début de
l’intervention). Ces effets étaient médiatisés par un
changement chez les participants des normes de
consommation perçues, qu’elles soient descriptives
(consommation d’un étudiant typique) ou injonctives
(jugement des amis proches et des parents).
Dans une analyse secondaire des données ne s’intéressant
qu’aux conditions PH+BASICS et contrôle (N = 680),
Grossbard et coll.
(2016

) ont montré que le stade de
changement (mesuré à l’aide du modèle transthéorique de
Prochaska et DiClemente, 1983

) dans lequel se trouvait
le participant avant l’intervention modérait les effets
du programme. Ils ont notamment observé que ceux ayant
un score élevé de pré-contemplation (les moins motivés
et les moins prêts au changement) réduisaient plus leur
consommation hebdomadaire lors du suivi à 10 mois que
ceux ayant un score bas de pré-contemplation.
Wood et coll. (2010

) ont produit sensiblement la
même étude que Turrisi et coll.
(2009

) auprès de 1 014 lycéens
entrant à l’université, avec 2 suivis (à 10 et 22 mois)
au lieu d’un seul. Lors du plus long suivi, les
participants ayant reçu BASICS (avec ou sans PH)
voyaient leur risque d’initier le
binge drinking
diminuer, comparativement à ceux qui ne recevaient pas
BASICS. De plus, les participants de la condition
PH+BASICS (interaction significative) rapportaient moins
les premières conséquences négatives liées à leur
consommation. Enfin, seul le changement des normes
descriptives semblait rendre compte des effets de BASICS
(notamment la réduction de l’initiation au
binge
drinking) parmi les potentielles variables
médiatrices recueillies (autorégulation de la
consommation, stratégies comportementales de protection,
normes descriptives, stades de préparation au
changement).
Interventions comprenant une composante
communautaire
Project Northland
Project Northland (PN) est un programme de prévention
universelle combinant un grand nombre d’interventions
(le développement des CPS en classe, des projets animés
par des pairs « leaders », l’implication et
éducation parentale, des groupes de travail impliquant
des acteurs de la communauté, du travail sur les normes
de consommation, la réduction de l’accès à l’alcool). Il
est composé de 2 phases : phase 1 de la 6e à
la 4e ; phase 2 : en 2nde et
terminale.
À la fin des 3 années de la phase 1, Perry et coll.
(1996

) ont montré que le PN
réduisait la consommation récente d’alcool (dans le mois
passé ou la semaine passée). À l’issue de la phase 2
(6 ans et demi après le début de l’intervention), les
participants au programme PN rapportaient une plus
faible fréquence de
binge drinking dans les 2
semaines précédentes.
Positive action
(PA)
Positive Action (PA) est un programme universel à
composantes multiples destiné aux élèves de la
maternelle au lycée. Il s’appuie en premier lieu sur une
intervention de développement des CPS en classe faite
par l’enseignant. Il comprend également une intervention
sur le climat de l’école, un volet parental et une
composante communautaire. Son objectif est d’impacter
une large gamme de comportements (par exemple, les
consommations de SPA, l’absentéisme et l’échec scolaire,
les comportements antisociaux) en adoptant une approche
de « développement positif de la jeunesse » (
Positive
youth development, PYD ; Snyder et coll.,
2012

) ; pour un développement
personnel optimal, les jeunes doivent avoir accès à des
environnements favorables, tels qu’une école sûre et
positive, ce qui favorisera en retour leur engagement
scolaire et leur motivation à acquérir des compétences
académiques et psychosociales.
L’intervention en classe comprend 140 séances de 15-20
minutes pour chaque année scolaire et couvre 6 modules
principaux sur des sujets liés au concept de soi (les
relations entre les pensées, émotions et actions). Ces
séances sont l’occasion de renforcer les compétences
cognitives (par exemple, la prise de décision, la pensée
créative, la résolution de problèmes, les compétences
d’apprentissage), sociales (par exemple, l’empathie,
l’altruisme, le respect, la résolution de conflits) et
émotionnelles (par exemple le contrôle de soi).
Elles utilisent une approche interactive grâce à des
activités structurées ou semi-structurées (des
discussions, avec des activités en petits groupes, des
jeux, des jeux de rôle et la pratique des compétences).
Le volet familial (plus ou moins intensif selon les
versions) est conçu pour que les parents utilisent du
matériel à la maison afin de promouvoir les éléments
fondamentaux de l’intervention en classe. L’intervention
au niveau de l’école permet également d’encourager et
renforcer les six unités faites en classe. Elle comprend
typiquement : a) du matériel (par exemple, des affiches,
de la musique, des certificats), b) un bulletin
d’information, c) la création d’un « comité Positive
Action » constitué du professeur principal de
chaque classe, des représentants des parents et des
élèves et du coordinateur du programme à l’échelle de
l’école et d) la mise à disposition du conseiller
scolaire se concentrant sur le développement d’actions
positives avec les élèves les plus vulnérables.
Beets et coll. (2009

) ont réalisé dans 3 îles
hawaïennes une étude randomisée par grappes
(c’est-à-dire au sein de paires d’établissements
comparables) auprès de 10 écoles élémentaires recevant
le programme
Positive Action appariées à 10
écoles ne délivrant pas de programme équivalent. Ils ont
suivi des élèves de CP et CE1 jusqu’en classe de CM2 en
intégrant chaque année les nouveaux arrivants et en
écartant les sortants (échantillon final : N = 1 784).
Ils ont montré que le PA réduisait la prévalence de
l’expérimentation de l’alcool (PA : 10,1 %
vs.
GC : 18,8 % ; OR = 0,48 ; ES = 0,44) et de l’ivresse
(PA : 1,6 %
vs. GC : 5,3 % ; OR = 0,30 ;
ES = 0,75) au cours de la vie. En CM2, le nombre
d’expérimentations de SPA au cours de la vie (index
composite) était associé au nombre d’années de
participation au programme (effet dose-réponse ;
réduction au bout de 3-4 années de programme).
Li et coll. (2011

) ont répliqué cette étude
auprès d’élèves de CM2 (N = 510 élèves) scolarisés dans
des écoles publiques de Chicago (7 écoles avec le PA
appariées à 7 écoles contrôle comparables ;
environnement urbain à faible revenu) et suivis depuis
le CE2. Ils ont montré que les élèves des écoles PA
rapportaient moins d’expérimentations au cours de la vie
(tabac, alcool, ivresse, cannabis, autres drogues ;
IRR = 0,69) que les élèves des écoles contrôles.
Lewis et coll. (2012

) ont effectué auprès de ces
mêmes écoles un suivi des élèves en classe de
4
e (N = 1 170). La prévalence de
consommation d’alcool et de l’ivresse au cours de la vie
était plus faible chez les collégiens des écoles PA,
comparativement aux écoles contrôle (alcool : 39,4 %
vs. 54,8 % ; ivresse : 17,0
vs.
28,7 %). L’effet du programme sur la consommation de SPA
était expliqué par une augmentation des compétences
psychosociales des élèves.
Snyder et coll. (2013

) ont montré que l’effet du
programme sur les expérimentations de SPA était
médiatisé par une augmentation de l’engagement et de la
motivation scolaire des élèves.
Le retour sur investissement de
Positive Action a
été évalué (
Washington State Institute for Public
Policy, 2019c

) ; on économise 29,32 USD
pour un USD dépensé.
PROmoting School-community-university
Partnerships to Enhance Resilience
(PROSPER)
PROSPER est une intervention de prévention universelle à
plusieurs composantes reposant sur une coalition
d’acteurs au sein d’une communauté. Son objectif est la
sélection, avec l’aide d’équipes universitaires,
d’interventions probantes à destination d’élèves en
début de collège et mis en œuvre en partenariat avec le
système scolaire public. Les actions sont dans un
premier temps menées auprès de la famille
(6e) puis en milieu scolaire
(5e).
Les études de Spoth et coll.
(2013a

et
b

; N = 10 849 collégiens) ont
constaté que, dans le cadre de PROSPER et pour des
élèves ayant reçu des interventions en 6
e
(axés sur la famille) et en 5
e (en classe),
les ivresses déclarées augmentaient dans une moindre
proportion dans la condition PROSPER que dans la
condition contrôle durant les 6 années suivant l’action
(jusqu’en Terminale).
Communities That Care
(CTC)
Communities That Care (CTC) crée une large
coalition communautaire pour évaluer et hiérarchiser les
facteurs de risque et de protection et les taux de
consommation de substances des jeunes en menant une
enquête auprès de tous les élèves de la 6e à
la Terminale. La coalition choisit et met ensuite en
œuvre des interventions probantes qui répondent à leurs
priorités locales. Il ne se concentre pas exclusivement
sur la prévention de la consommation d’alcool mais
plutôt sur la réduction des facteurs de risque partagés
pour de multiples problèmes de comportement. Il ne
prescrit pas de programmes spécifiques mais forme la
coalition locale à choisir des programmes dans une liste
de programmes validés qui répondent le mieux au profil
unique de risque et de protection de la communauté. Il
encourage également les intervenants de diverses
organisations de la communauté à assumer le leadership
de l’action.
Hawkins et coll. (2012

; N = 4 407 élèves de CM2 ;
24 communautés dans 7 États) ont montré qu’en seconde,
les élèves du programme CTC étaient moins susceptibles
de consommer de l’alcool que les élèves n’ayant pas
participé à l’intervention (OR = 0,62). En terminale,
moins d’élèves du programme CTC avaient expérimenté
l’alcool (OR = 0,70 ; OR = 0,80 pour le tabac),
comparativement au groupe contrôle (Hawkins et coll.,
2014

).
Local development with ambitions
(LUMA)
Le projet suédois Local development with ambitions
(LUMA) est une intervention de prévention universelle de
la consommation d’alcool et des dommages associés basée
sur la communauté à l’échelle de la ville. Le but de
LUMA est : a) de développer et de renforcer une
structure durable à long terme pour la prévention de
l’alcool et des drogues à l’échelle d’une ville, et b)
de sélectionner des interventions fondées sur des
preuves. Le projet LUMA est explicitement limité à deux
types d’intervention : la réduction de l’accessibilité
et les programmes parentaux.
De 2006 à 2012, Nilsson et coll.
(2018

; N = 249 villes dont 25
villes LUMA) ont observé une réduction de la quantité
d’alcool vendue (en nombre de litres d’alcool pur par
tête) dans les villes LUMA, comparativement aux villes
du groupe contrôle.
Autres interventions ou stratégies
efficaces
Intervention de prévention sélective des
grossesses non désirées
chez des femmes ayant des
consommations d’alcool à risque
CHOICES est une intervention ciblée dont l’objectif est de
réduire le risque de grossesse exposée à l’alcool (GEA).
Elle est destinée aux femmes ayant à la fois une
consommation d’alcool à risque et une contraception peu
efficace. Elle est composée de 4 séances de conseils (de 45
à 60 minutes sur une période de 14 semaines) adoptant une
approche motivationnelle et d’une consultation ponctuelle
sur la contraception avec un médecin ou une infirmière.
Floyd et coll. (2007

) ont montré que les femmes ayant
participé à CHOICES, comparativement à celles du groupe
contrôle (information seule), avaient plus de chance d’avoir
un risque réduit de GEA 3 mois (OR = 2,32), 6 mois
(OR = 2,15) et 9 mois (OR = 2,11) après l’intervention.
Lors du suivi à 9 mois, CHOICES augmentait leur probabilité
d’avoir une consommation en dessous de risque fixé (5 verres
ou plus en une occasion ou 8 verres hebdomadaires ;
OR = 1,5) et d’avoir une contraception efficace
(OR = 2,4).
Interventions visant la prévention de la
consommation d’alcool des personnes
âgées
Deux revues systématiques récentes (Armstrong-Moore et coll.,
2018

; Kelly et coll.,
2018

) ont examiné l’efficacité des
interventions destinées à prévenir la consommation d’alcool
chez les personnes âgées. Si elles mettent globalement en
évidence les effets positifs de ces interventions, les
auteurs soulignent néanmoins que les résultats doivent être
considérés avec prudence. La revue de Kelly et coll.
(2018

; N = 13 interventions visant
les 55 ans et plus) concernait les interventions visant à
prévenir ou à réduire une consommation excessive. Une
méta-analyse montrait que les interventions visant à la
réduction de la consommation excessive chez des personnes
âgées ayant une consommation à risque (N = 10 études)
étaient globalement efficaces à court, moyen et long terme,
mais que les études considérées avaient un risque de biais
élevé (concernant par exemple les techniques de
randomisation et d’assignation secrète) et que la taille des
effets variait beaucoup selon les interventions.
L’efficacité était plus grande lorsque les interventions
étaient plus intensives (en particulier les interventions
intégrant un
feedback personnalisé, un conseil du
médecin, du matériel éducatif et un suivi). Les
interventions visant à prévenir une consommation excessive
chez les personnes ayant une consommation à faible risque
semblaient moins probantes. La revue d’Armstrong-Moore et
coll. (2018

; N = 7 interventions visant les
55 ans et plus) portait sur l’impact des interventions
visant à réduire les conséquences négatives de la
consommation d’alcool chez les personnes âgées. Les auteurs
observaient une réduction significative de la consommation
d’alcool dans 5 études sur 7 (par exemple, une réduction de
la fréquence d’épisodes de consommation excessive d’alcool
ou de la consommation d’alcool dans la semaine passée).
Néanmoins, les informations fournies sur les
caractéristiques des groupes contrôles étaient limitées et
certaines études proposaient des effectifs très réduits (par
exemple, Gordon et coll.,
2003

). Enfin, les interventions
demeuraient très hétérogènes (en contenu et en intensité) et
mal décrites, ce qui ne permettait pas d’identifier les
éléments réellement efficaces des actions à plusieurs
composantes.
Intervention minimale versus des
soins gradués
Dans l’étude de Coulton et coll.
(2017

; N = 529 adultes âgés de 55
à 85 ans ; âge moyen = 63 ans), les participants, dont
la consommation était à risque (score AUDIT ≥ 8),
étaient affectés à l’une des deux interventions de
prévention sélective suivantes : a) une intervention
minimale de 5 minutes menée par une infirmière
(évaluation de la consommation +
feedback,
information personnalisée sur les risques associés au
niveau de consommation, conseil de réduction de
consommation, livret sur les conséquences d’une
consommation excessive, liste des lieux où trouver une
aide) et b) une intervention de soins gradués
(«
stepped care ») en trois étapes, le
passage à l’étape suivante dépendant de l’évaluation de
la consommation lors de l’étape précédente (1 séance de
20 minutes de conseils en changement comportemental
adoptant une approche motivationnelle par l’infirmière,
3 séances de thérapie motivationnelle de 40 minutes par
un thérapeute expérimenté, une orientation vers un
service de soins spécialisé). Les résultats ont révélé
que la consommation d’alcool avait diminué dans les deux
groupes au cours de la période de suivi de 12 mois et
que 51 % des participants déclaraient avoir consommé
moins d’alcool depuis le début de l’intervention. Aucune
différence significative n’était observée entre les
groupes à 12 mois en termes de consommation d’alcool, de
problèmes liés à l’alcool ou de qualité de vie,
suggérant qu’une intervention intensive n’était pas plus
efficace qu’une intervention minimale.
Project Senior Health and Alcohol
Risk Education (Project
SHARE)
Project SHARE (PS) est une intervention de
prévention sélective ciblant les personnes âgées ayant
une consommation d’alcool à risque. Elle est délivrée
dans des services de soins primaires et comprend
plusieurs volets : un feedback personnalisé, du
matériel éducatif, un journal de bord concernant la
consommation, des conseils de la part d’un médecin et
des conseils d’un éducateur en santé lors de trois
appels téléphoniques.
Ettner et coll. (2014

; N = 1 186 patients âgés de
60 ans et plus) ont montré que l’intervention,
comparativement aux soins habituels (contrôle),
réduisait la prévalence de consommation à risque (PS :
56 %
vs. Contrôle : 67 %) et la consommation
d’alcool (-2,19 verres par semaine).
Computerized Alcohol-Related Problem
Survey (CARPS)
Le questionnaire ARPS (Alcohol-Related Problem
Survey) permet de définir, grâce à un
algorithme, des niveaux de risque associés à la
consommation d’alcool de la personne âgée en prenant en
compte la spécificité de sa situation (par exemple, une
maladie, des traitements). CARPS, sa version
informatisée, est un outil de repérage et d’éducation
validé qui génère des informations et du matériel
éducatif à utiliser avec les personnes âgées en soins
primaires.
L’étude de Fink et coll.
(2005

) a évalué l’efficacité de
l’utilisation de CARPS auprès de 665 patients âgés de
65 ans et plus (suivis par 23 médecins) ayant bu au
moins un verre d’alcool dans les 3 mois précédents
(prévention universelle). Lors de la 1
re
évaluation et 12 mois après, CARPS permettait de classer
le patient comme ayant une consommation d’alcool à
faible risque, à risque ou nocive. Une consommation à
faible risque ne présentait aucun risque connu, une
consommation à risque présentait des risques de
problèmes de santé et une consommation nocive entraînait
la présence de problèmes de santé. Les patients étaient
affectés à l’une des 3 conditions suivantes : a)
« rapport patient/médecin » : le patient et le médecin
recevaient tous les deux le rapport indiquant la
classification de la consommation et le patient le
matériel éducatif, b) « rapport patient » : le patient
recevait la classification et le matériel éducatif, le
médecin ne recevant pas la classification et c) « soins
habituels » (bras contrôle). Lors de la première
évaluation, 21 % des patients avaient une consommation
nocive et 26 % une consommation à risque. Lors du suivi
à 12 mois, chacune des 2 conditions d’intervention était
associée à une plus grande probabilité de consommation
d’alcool à faible risque, comparativement au groupe
contrôle (« rapport patient » : OR = 1,59 et « rapport
« patient/médecin » : OR = 1,23). L’intervention de la
condition « rapport patient » a permis de réduire de
manière significative la consommation nocive d’alcool à
12 mois (« rapport patient » : 16 %
vs. « soins
habituels » : 21 %) et d’augmenter la consommation à
faible risque à 12 mois (« rapport patient » : 58 %
vs. « soins habituels » : 52 %).
Comparativement au groupe contrôle, les patients de la
condition « rapport patient/médecin » ont déclaré une
diminution moyenne de 1,14 verre par semaine.
Interventions de marketing
social
Né au début des années 1970 (Kotler et Zaltman,
1971

), le marketing social consiste
« en l’application de technologies de marketing élaborées
dans le secteur commercial pour résoudre des problèmes
sociaux, où le résultat est la modification du
comportement » (Raffin,
2013

). Plusieurs auteurs ont depuis
proposé des principes ou des critères de référence
permettant d’optimiser la qualité de ces interventions ainsi
que leur efficacité (par exemple, Andreasen,
2002

).
Dans leur revue systématique, Kubacki et coll.
(2015

) ont examiné l’efficacité de 23
interventions de marketing social dont l’objectif était de
minimiser les dommages liés à la consommation d’alcool.
Parmi elles, 14 interventions visaient à changer les
comportements. Les comportements les plus couramment ciblés
comprenaient la réduction de la consommation d’alcool, la
réduction de l’alcool au volant et l’augmentation de
l’utilisation de conducteurs « sobres » désignés. Les
auteurs ont montré que 12 interventions sur 14 (86 %)
étaient associées un changement positif sur un des
indicateurs comportementaux mesurés, sans toutefois
rapporter la taille des effets ni leur significativité. Ils
soulignaient également le fait qu’aucune des 23
interventions ne remplissaient l’ensemble des critères de
référence proposés par Andreasen
(2002

), avec une moyenne de 2,7 critères
sur 6 recommandés (par exemple, avoir un objectif
comportemental, segmenter et cibler la population visée,
tenir compte de la balance entre l’effort que l’on demande à
la cible et le bénéfice qu’il retire de l’intervention). Ce
constat est d’autant plus critique que les interventions de
marketing social semblent plus à même de provoquer un
changement de comportement lorsque davantage de critères de
référence sont utilisés (Carins et Rundle-Thiele,
2014

).
La revue systématique de Janssen et coll.
(2013

; N = 6 études) portait sur
l’évaluation d’interventions de prévention de la
consommation d’alcool utilisant les principes du marketing
social. Les auteurs concluaient que les études, du fait de
leurs limites méthodologiques ou de leurs résultats ambigus,
ne permettaient pas d’attribuer les changements favorables
observés aux interventions : études strictement
transversales (Incerto et coll.,
2011

; Caverson et coll.,
1990

), études longitudinales sans
groupe contrôle (Glassman et coll.,
2010

; Gomberg et coll.,
2001

), études longitudinales avec
groupe contrôle montrant des effets contradictoires (Slater
et coll., 2006

; Rothschild et coll.,
2006

), faibles taux de réponse
(Glassman et coll., 2010

).
Notons enfin le caractère prometteur de la campagne anglaise
annuelle
Dry January qui repose sur les principes du
marketing social. Elle propose un défi collectif consistant
à ne pas consommer d’alcool pendant le mois de janvier. Elle
a fait l’objet de plusieurs évaluations (édition 2014 : de
Visser et coll., 2016

; édition 2015 : de Visser et
coll., 2017

) qui sont détaillées dans le
chapitre « Actions de prévention : messages et
comportements ».
Interventions liées à l’application des lois
et réglementations concernant l’alcool
Martineau et coll. (2013

) ont examiné 52 revues
systématiques portant sur les interventions se situant à un
niveau populationnel. Parmi ces revues, 22 concernaient
l’impact de l’application de lois ou réglementations visant
à réduire la consommation d’alcool et/ou les dommages liés à
cette consommation. Les auteurs ont montré qu’il existait
des preuves solides de l’efficacité de 3 stratégies :
réduire l’accessibilité de l’alcool, augmenter les prix et
les taxes associés à l’alcool et mettre en œuvre des
interventions de contrôle ou de prévention de l’alcool au
volant. Concernant l’accessibilité de l’alcool, la revue de
Wagenaar et Toomey (2002

; N = 84 études) a montré qu’une
augmentation de l’âge minimum légal pour consommer et/ou
acheter de l’alcool pouvait entraîner des effets bénéfiques
significatifs sur la consommation d’alcool et le taux
d’accidents de la route liés à l’alcool. Dans leur revue,
Middleton et coll. (2010

; N = 13 études) ont constaté
que l’application de restrictions du nombre de jours de
vente d’alcool permettait de prévenir la consommation
excessive d’alcool et les dommages associés (problèmes
médicaux, alcool au volant, accidents, blessures, crimes
violents). La revue de Wagenaar et coll.
(2010

; N = 50 études) a montré que
les prix de l’alcool et les taxes étaient significativement
et inversement liés à toutes les catégories d’indicateurs
examinés : morbidité et mortalité liées à l’alcool,
violence, suicide, accidents de la route, MST et
comportements sexuels à risque, consommation d’autres
substances psychoactives, criminalité. Les auteurs ont
constaté une grande taille d’effet pour la morbidité et la
mortalité liées à l’alcool (
d de Cohen de 0,70), une
taille moyenne pour les accidents de la route
(
d = 0,22) et une petite taille pour les taux de
criminalité, de violence et de MST. Elder et coll.
(2002

; N = 23 études) ont constaté que
l’instauration de contrôles routiers aléatoires ou ciblés
pour tester l’alcool au volant réduisait efficacement les
accidents de la route liés à l’alcool ainsi que les
blessures mortelles et non mortelles, avec un effet se
maintenant dans le temps. Elder et coll.
(2004

; N = 8 études) ont apporté des
preuves solides que les campagnes médiatiques étaient
efficaces pour réduire la conduite en état alcoolique et les
accidents routiers, à condition qu’elles atteignent un
niveau suffisant d’exposition du public et soient mises en
œuvre conjointement avec d’autres activités de prévention.
Enfin, Shults et coll.
(2009

; N = 6 études) ont montré que
les interventions communautaires à composantes multiples
visant à réduire l’alcool au volant permettaient de prévenir
les accidents de la route liés à l’alcool. Les composantes
comprenaient pour la plupart des contrôles routiers, des
formations pour une vente de boissons responsable, des
efforts pour limiter l’accès à l’alcool, en particulier chez
les jeunes, des campagnes d’éducation du public et un
plaidoyer médiatique pour obtenir le soutien des décideurs
et du public.
Discussion
Synthèse des interventions ou stratégies de
prévention efficaces
Les interventions ayant fait l’objet du plus grand nombre
d’évaluations et les plus nombreuses à avoir démontré leur
efficacité sont les interventions à destination des enfants et
des jeunes visant à prévenir les expérimentations et les
consommations à risque. L’intérêt porté à cette population se
fonde sur une logique de prévention (intervenir précocement, en
amont des problématiques de consommation) et sur les travaux qui
suggèrent un impact négatif de la précocité des expérimentations
sur les consommations à risque, que ce soit pour l’alcool ou les
autres substances psychoactives.
Les interventions efficaces les plus précoces visent à soutenir
les femmes enceintes vulnérables et à les accompagner pendant
les premières années de vie de leur bébé, notamment par le biais
de visites à domicile. Ces interventions proposent un soutien
psychologique et social face aux différentes problématiques
rencontrées (logement, travail, famille...) et surtout veillent
à favoriser l’établissement d’un lien d’attachement sécure entre
la mère et son enfant qui est un déterminant majeur du
développement et de la santé de l’enfant. Pour les enfants plus
âgés, en maternelle ou en primaire, les interventions efficaces
s’attachent à travailler sur les environnements sociaux et
éducatifs susceptibles d’avoir une influence sur le
développement et les comportements de l’enfant. Des programmes
s’appuyant par exemple sur la formation des enseignants à
l’établissement de règles de conduites et de stratégies de
gestion du comportement des élèves (établissement de règles
précises et explicites, pédagogie explicite, renforcement
positif, utilisation de l’influence du groupe) tels que le
programme Good Behavior Game, adapté et en cours de
déploiement en France, ont montré des effets positifs, encore
observables à l’âge adulte, permettant de prévenir une large
gamme de comportements à risques.
La grande majorité des interventions visant à prévenir les
comportements à risque, dont la consommation d’alcool chez les
jeunes, s’appuie sur des volets de développement des compétences
psychosociales. Ces programmes sont le plus souvent conduits en
milieu scolaire, en fin de primaire ou au début du collège,
avant ou à l’occasion des premières expositions aux situations
de consommation.
Les programmes de développement des compétences psychosociales
ayant fait la preuve de leur efficacité s’appuient sur des
interventions structurées, ayant une certaine intensité (au
minimum 6 séances à un rythme régulier : souvent hebdomadaire ou
bimensuel), administrées par des professionnels préalablement
formés au programme et utilisant des méthodes interactives (jeux
de rôle, mises en situation). En règle générale, ces programmes,
lorsqu’ils visent la prévention des consommations d’alcool,
associent au développement des compétences (dont la résistance à
la pression des pairs est une compétence systématiquement
travaillée) des séances d’information sur les dommages à court
terme et des activités visant à rectifier les croyances
normatives en matière de consommation des pairs.
Pour augmenter leur impact, ces programmes peuvent être enrichis
d’autres composantes (interventions à composantes ou milieux
multiples), en particulier de volets de développement des
compétences parentales ou s’inscrire dans des approches
communautaires impliquant d’autres acteurs intéressés par les
problématiques de consommation.
Les volets de développement des compétences parentales possèdent
généralement les mêmes caractéristiques d’efficacité que les
volets de développement des compétences des élèves (structurés,
administrés par des professionnels formés, utilisant des
méthodes interactives et ayant une certaines intensité). Le
travail sur les compétences parentales vise à développer les
habiletés facilitant l’exercice des deux grandes fonctions
parentales que sont le soutien affectif et la supervision. Dans
ce domaine, des interventions moins coûteuses et davantage
éducatives telles que la diffusion d’informations et de conseils
par le biais de l’établissement scolaire sur les effets de la
consommation d’alcool sur les enfants et les jeunes, ainsi que
sur l’influence des normes et comportements parentaux
(permissivité) ont également montré leur intérêt.
Les approches communautaires proposent de développer les
stratégies de prévention à l’échelle d’un territoire ou d’un
milieu en associant les différents acteurs et institutions
concernées ainsi que des équipes de recherche. Sur la base d’un
diagnostic fondé sur des données objectives, des interventions
ou une combinaison d’interventions sont sélectionnées parmi une
liste de programmes prometteurs ou ayant déjà fait les preuves
de leur efficacité pour adresser les problématiques
identifiées.
Pour les jeunes présentant des facteurs de risques, les
interventions peuvent être enrichies d’autres composantes telles
que du parrainage, un travail sur les violences ou encore
travailler les problématiques de soutien, d’échec ou
d’orientation scolaire et professionnelle. Pour ceux déjà
engagés dans des consommations (collégiens, lycéens et
étudiants), les interventions, dont certaines s’appuient
également sur le développement de compétences spécifiques telles
que la résistance à la pression des pairs, mobilisent d’autres
techniques visant à réduire les consommations ou les risques
associés à ces consommations. Ces interventions sont le plus
souvent conduites par des professionnels de santé ou des
éducateurs et conjuguent selon les programmes différentes
stratégies. La majorité s’appuie sur un feedback normatif
personnalisé restituant les données individuelles de
consommations au regard des normes et prévalences de
consommation du groupe de référence de l’individu et au regard
des risques associés aux consommations mesurées. En plus du
feedback personnalisé, les techniques les plus
couramment mobilisées sont les entretiens motivationnels et les
stratégies de planification et d’implémentation de comportements
visant à réduire la consommation ou les risques associés à cette
consommation. Ces techniques sont également utilisées et
combinées dans les interventions d’aide à la réduction des
consommations pour d’autres segments de la population adulte
(par exemple, les personnes âgées et les femmes à risque de
grossesse exposée à l’alcool) et présentent l’avantage de
pouvoir être administrées à distance (téléphone, interventions
digitales, SMS).
Concernant les interventions en milieu de travail, peu de données
sont disponibles. L’analyse des interventions suggère cependant
que les interventions les plus prometteuses agissent sur le
climat de travail, la gestion du stress, les normes de
consommation et limitent l’accès aux boissons alcoolisées au
sein du milieu professionnel. Ces dispositifs peuvent également
proposer pour les consommateurs les plus à risque des
interventions individuelles d’aide à la réduction des
consommations telles que précédemment évoquées.
Enfin, les interventions conduites à l’échelle de la population,
comme les lois et la règlementation ou les campagnes médias
fondées sur les stratégies de marketing social ont également
montré leur intérêt sur la réduction des consommations d’alcool
et de la morbi-mortalité associée.
Transférabilité des résultats de la recherche
internationale
dans le contexte
français
Une intervention de prévention, pour être scientifiquement
validée et bénéfique au plus grand nombre, requiert un
investissement important sur un temps long que l’on peut compter
en années, voire en dizaines d’années. Son développement
nécessite de passer par plusieurs étapes incontournables :
conception, expérimentation locale et évaluation de
l’implantation (faisabilité, acceptabilité), ajustements
nécessaires (adaptations culturelles ou liées aux contextes
organisationnels et institutionnels des milieux d’implantation),
évaluation d’efficacité à plus large échelle d’une version
stabilisée et dissémination (lorsqu’elle s’est avérée
probante).
En la matière et à quelques exceptions près, le monde anglo-saxon
est depuis plusieurs décennies le plus gros producteur de
connaissances issues de la recherche interventionnelle en santé
publique. Il a permis l’éclosion de nombreux programmes
efficaces pour prévenir ou reporter l’initiation à l’alcool chez
les plus jeunes et pour réduire les consommations d’alcool, –
notamment les consommations à risque –, tout au long de la vie
et dans différents milieux.
Si la France accuse un certain retard en termes d’évaluation
d’interventions de prévention, il convient alors de tirer parti
des recherches internationales dans le but d’identifier les
interventions et les stratégies « qui marchent » pour les
adapter au contexte culturel hexagonal tout en préservant leurs
ingrédients actifs. La recherche « translationnelle » nous
montre que cette adaptation est la plupart du temps possible
(Burkhart, 2013

) et que les résultats positifs de ces
interventions sont le plus souvent transférables, sans doute
parce que ces dernières mettent en œuvre des mécanismes d’action
et de changement reposant sur des théories bio-psycho-sociales
universelles. À ce titre l’adaptation, l’évaluation et la
dissémination en France de programmes internationaux tels que
SFP (publication sous presse) ou
Unplugged ont montré que
les modalités d’intervention issues de la recherche
internationale ainsi que leur efficacité étaient transférables
au contexte français. D’autres programmes tels que GBG ont
également été adaptés et sont en cours d’évaluation.
Outre le fait qu’il s’agit d’un gain de temps non négligeable,
l’adaptation d’une intervention qui a déjà fait sa preuve à
l’international permet d’éviter d’investir du temps, de l’argent
et des ressources humaines dans le long processus de
conception/validation d’une nouvelle intervention qui aurait une
probabilité non négligeable d’être sans effet, voire d’entraîner
des effets iatrogènes lorsque les mécanismes d’influence sont
mal compris ou mal maîtrisés (voir par exemple, Arwidson,
2013

; Werch et coll., 2002

).
Conclusion
Au regard des données de la littérature, la prévention de la
consommation d’alcool gagnerait à développer des interventions
précoces visant le renforcement de facteurs génériques de protection
telles que les compétences parentales et les compétences
psychosociales des enfants et à travailler plus largement sur les
environnements sociaux (notamment le milieu scolaire). Au-delà des
effets positifs observés à long terme sur les consommations de
substances psychoactives, ces interventions participent à la
réduction des inégalités sociales de santé et à la prévention d’une
large gamme de comportements à risques. Ces approches peuvent être
développées :
• à destination des femmes enceintes présentant des facteurs de
vulnérabilité (isolées, primipares, etc.) pour apporter un
soutien psychologique et social et accompagner le
développement d’un lien d’attachement sécure avec l’enfant
via des visites à domiciles réalisées par des
professionnels formés et outillés ;
• à destination des parents exprimant un besoin
d’accompagnement à la parentalité avec l’objectif de
renforcer leurs capacités et leur sentiment d’efficacité
dans l’exercice de leurs fonctions parentales (soutien
affectif et supervision) ;
• à destination des professionnels de l’éducation pour
développer leurs outils de gestion des groupes, de
régulation des comportements et d’influences positives afin
de valoriser les élèves, de favoriser les apprentissages et
leur permettre d’internaliser les règles de conduite en
collectivité ;
• à destination des élèves, en milieu scolaire, afin de
développer efficacement, en plus des compétences cognitives,
leurs compétences sociales et émotionnelles.
Ces interventions visant principalement la prévention de l’entrée
dans les consommations ou la prévention des consommations
problématiques doivent être complétées par des interventions d’aide
à l’arrêt ou à la réduction des risques pour les personnes déjà
engagées dans des comportements de consommation, que ce soit pour
les jeunes ou d’autres populations (personnes âgées, femmes
présentant un risque de grossesse exposée à l’alcool). Dans ce
domaine, les interventions prennent généralement la forme
d’interventions brèves et sont souvent conduites par des
professionnels de santé et ont l’avantage de pouvoir être
administrées à distance (téléphone, interventions digitales, SMS).
La plupart de ces interventions combinent plusieurs techniques
visant à modifier les comportements. Il s’agit principalement :
• des feedback normatifs personnalisés (FNP) restituant
les données individuelles de consommation au regard des
normes et prévalences de consommation du groupe de référence
et des risques associés ;
• des approches ou entretiens motivationnels qui visent à
interroger et mieux comprendre les motivations et les
contextes d’usage qui sont des déterminants importants des
consommations ;
• des stratégies d’implémentation d’actions au regard
d’objectifs préalablement identifiés qui visent à planifier
et mettre en œuvre un plan d’actions concret (quand, où et
comment).
Dans le milieu du travail, où ces techniques d’aide à la réduction
peuvent être proposées pour les consommations les plus à risques,
les dispositifs de prévention efficaces travaillent également sur le
climat de travail, la gestion du stress, les normes de consommation
et la limitation de l’accès aux boissons alcoolisées au sein du
milieu professionnel.
Enfin, les données de la littérature démontrent également l’intérêt
des lois et règlementations ainsi que des campagnes médias fondées
sur les stratégies de marketing social pour créer un environnement
moins incitatif à la consommation d’alcool et potentialiser les
effets des autres interventions de prévention.
Pour accompagner l’implantation de programmes efficaces pour la
prévention des consommations d’alcool, la recherche
interventionnelle doit être développée en France. De façon générale,
trop peu d’études sont publiées qui renseignent l’efficacité des
dispositifs de prévention déployés sur le territoire national. Par
ailleurs, lorsque des évaluations sont mises en œuvre, les
protocoles ne présentent pas toujours les conditions nécessaires
pour conclure à l’efficacité des interventions évaluées ou
renseigner les conditions d’efficacité de ces interventions. Au-delà
des aspects méthodologiques nécessaires à l’administration de la
preuve (taille d’échantillon suffisante, disponibilité d’un groupe
contrôle comparable au groupe intervention, mesures avant-après,
application de plan d’analyses statistiques adapté au jeu de
données), les évaluation d’efficacité gagneraient à introduire
systématiquement dans leur protocole (1) des indicateurs d’impact
(comportements de consommation ou dommages liés à ces comportements)
pour renseigner le bénéfice de ces programmes en termes de santé
publique, (2) des indicateurs intermédiaires, ceux sur lesquels les
interventions cherchent à agir (ex. : attitudes, motivations...)
afin de valider le modèle d’intervention (c’est bien en agissant sur
les déterminants ciblés par l’intervention que l’on obtient in
fine un impact sur les consommations) et (3) des indicateurs
de mise en œuvre (fidélité, intensité, assiduité) afin de renseigner
les conditions d’efficacité des programmes implantés.
Par ailleurs, davantage de recherches doivent être développées pour
identifier, expérimenter et évaluer des programmes de prévention des
consommations d’alcool en milieu professionnel, en direction des
personnes âgées ainsi que des stratégies de marketing social qui
sont les catégories d’interventions pour lesquelles la littérature
scientifique ne présente que peu de travaux ou des travaux de faible
qualité scientifique.
Enfin, des travaux doivent être également conduits pour identifier
les meilleures stratégies permettant d’optimiser l’engagement et les
taux de participation aux outils « online » d’aide à l’arrêt
ou à la réduction des consommations. En effet, à condition d’assurer
un bon taux de d’utilisation et de participation, ces outils
pourraient présenter un potentiel important en termes de
coût-efficacité ou de retour sur investissement.
Références
[1] Afshin A, Babalola D, Mclean M, et al . Information technology and lifestyle: a
systematic evaluation of internet and mobile
interventions for improving diet, physical activity,
obesity, tobacco, and alcohol use.
J Am Heart Assoc. 2016;
5:e003058.
[2] Agabio R, Trincas G, Floris F, et al . A Systematic review of school-based
alcohol and other drug prevention
programs.
Clin Pract Epidemiol Ment
Health. 2015;
11:102
-12
[3] Ames GM, Bennett JB. Prevention interventions of alcohol
problems in the workplace: a review and guiding
framework.
Alcohol Res. 2011;
34:175
-87
[4] Amundsen E, Ravndal E. Does successful school-based prevention
of bullying influence substance use among 13- to
16-year-olds?.
Drugs Educ Prev Pol. 2010;
17:42
-54
[5] Anderson BK, Larimer ME. Problem drinking and the workplace: an
individualized approach to
prevention.
Psychol Addict Behav. 2002;
16:243
-51
[6] Andreasen AR. Marketing social marketing in the social
change marketplace.
J Public Policy Market. 2002;
21:3
-13
[7] Armstrong-Moore R, Haighton C, Davinson N, et al . Interventions to reduce the negative
effects of alcohol consumption in older adults: a
systematic review.
BMC Public Health. 2018;
18:302
[8] Arwidson P. En prévention, les bonnes intentions ne
suffisent pas.
Santé Publique. 2013;
S1:7
-8
[9] Baer JS, Kivlahan DR, Blume AW, et al . Brief intervention for heavy-drinking
college students: 4-year follow-up and natural
history.
Am J Public Health. 2001;
91:1310
-6
[10] Bandura A. Social foundations of thought and
action.
Englewood Cliffs, NJ:Prentice-Hall Inc;
1986.
[11] Barrish HH, Saunders M, Wolf MM. Good behavior game: effects of individual
contingencies for group consequences on disruptive
behavior in a classroom1.
J Appl Behav Anal. 1969;
2:119
-24
[12] Beets MW, Flay BR, Vuchinich S, et al . Use of a social and character development
program to prevent substance use, violent behaviors, and
sexual activity among elementary-school students in
Hawaii.
Am J Public Health. 2009;
99:1438
-45
[13] Bennett JB, Patterson CR, Reynolds GS, et al . Team awareness, problem drinking, and
drinking climate : workplace social health promotion in
a policy context.
Am J Health Promot. 2004;
19:103
-13
[14] Bennett JB, Aden CA, Broome K, et al . Team resilience for young restaurant
workers : research-to-practice adaptation and
assessment.
J Occup Health Psychol. 2010;
15:223
-36
[15] Bennett JB, Neeper M, Linde BD, et al . Team resilience training in the
workplace : e-learning adaptation, measurement model,
and two pilot studies.
JMIR Ment Health. 2018;
5:e35.
[16] Berkowitz AD. An overview of the social norms
approach.
In: In : Lederman LC, Stewart LP
(eds), editors.
Changing the culture of college drinking: a
socially situated health communication
campaign.
Cresskill, NJ:Hampton Press;
2005;
193214
[17] Borsari B, Carey KB. Descriptive and injunctive norms in
college drinking : a meta-analytic
integration.
J Stud Alcohol. 2003;
64:331
-41
[18] Boß L, Lehr D, Schaub MP, et al . Efficacy of a web-based intervention with
and without guidance for employees with risky drinking :
results of a three-arm randomized controlled
trial.
Addiction. 2018;
113:635
-46
[19] Botvin GJ, Baker E, Renick NL, et al . A cognitive-behavioral approach to
substance abuse prevention.
Addict Behav. 1984;
9:137
-47
[20] Botvin GJ, Baker E, Dusenbury L, et al . Preventing adolescent drug abuse through
a multimodal cognitive-behavioral approach : results of
a 3-year study.
J Consult Clin Psychol. 1990a;
58:437
-46
[21] Botvin GJ, Baker E, Filazzola AD, et al . A cognitive-behavioral approach to
substance abuse prevention : one-year
follow-up.
Addict Behav. 1990b;
15:47
-63
[22] Botvin GJ, Baker E, Dusenbury L, et al . Long-term follow-up results of a
randomized drug abuse prevention trial in a white
middle-class population.
JAMA. 1995a;
273:1106
-12
[23] Botvin GJ, Schinke SP, Epstein JA, et al . Effectiveness of culturally focused and
generic skills training approaches to alcohol and drug
abuse prevention among minority adolescents : two-year
follow-up results.
Psychol Addict Behav. 1995b;
9:183
-94
[24] Botvin GJ, Epstein JA, Baker E, et al . School-based drug abuse prevention with
inner-city minority youth.
J Child Adolesc Subst Abuse. 1997;
6:5
-19
[25] Botvin GJ, Griffin KW, Diaz T, et al . Drug abuse prevention among minority
adolescents : posttest and one-year follow-up of a
school-based preventive intervention.
Prev Sci. 2001a;
2:1
-13
[26] Botvin GJ, Griffin KW, Diaz T, et al . Preventing binge drinking during early
adolescence : one- and two-year follow-up of a
school-based preventive intervention.
Psychol Addict Behav. 2001b;
15:360
-5
[27] Botvin GJ, Griffin KW, Paul E. Preventing tobacco and alcohol use among
elementary school students through life skills
training.
J Child Adolesc Subst Abuse. 2003;
12:1
-17
[28] Botvin GJ, Griffin KW. Life skills training: a competence
enhancement approach to tobacco, alcohol, and drug abuse
prevention.
In: In : Scheier LM (ed), editors.
Handbook of adolescent drug use prevention:
research, intervention strategies, and
practice.
Washington, DC:American Psychological
Association;
2015a;
17796
[29] Botvin GJ, Griffin KW, Williams C. Preventing daily substance use among high
school students using a cognitive-behavioral competence
enhancement approach.
World J Prev Med. 2015b;
3:48
-53
[30] Boyle SC, Earle AM, LaBrie JW, et al . PNF 2.0? Initial evidence that
gamification can increase the efficacy of brief,
web-based personalized normative feedback alcohol
interventions.
Addict Behav. 2017;
67:8
-17
[31] Brendryen H, Johansen A, Duckert F, et al . A pilot randomized controlled trial of an
internet-based alcohol intervention in a workplace
setting.
Int J Behav Med. 2017;
24:768
-77
[32] Broome KM, Bennett JB. Reducing heavy alcohol consumption in
young restaurant workers.
J Stud Alcohol Drugs. 2011;
72:117
-24
[33] Brown EC, Catalano RF, Fleming CB, et al . Adolescent substance use outcomes in the
raising healthy children project: a two-part latent
growth curve analysis.
J Consult Clin Psychol. 2005;
73:699
-710
[34] Burkhart G. North American drug prevention programmes :
are they feasible in European cultures and
contexts?.
Thematic papers. Lisbon:EMCDDA;
2013;
52p.
[35] Cahill HW, Stafford K, Shaw G. Get wise: working on illicits in school
education.
Melbourne, Vic:Dept. of Education, Employment and
Training;
2000;
1 volume (various pagings).
[36] Carey KB, Scott-Sheldon LAJ, Carey MP, et al . Individual-level interventions to reduce
college student drinking: a meta-analytic
review.
Addict Behav. 2007;
32:2469
-94
[37] Carey KB, Scott-Sheldon LAJ, Elliott JC, et al . Face-to-face versus computer-delivered
alcohol interventions for college drinkers : a
meta-analytic review, 1998 to 2010.
Clin Psychol Rev. 2012;
32:690
-703
[38] Caria MP, Faggiano F, Bellocco R, et al . Effects of a school-based prevention
program on European adolescents’ patterns of alcohol
use.
J Adolesc Health. 2011a;
48:182
-8
[39] Caria MP, Faggiano F, Bellocco R, et al . The influence of socioeconomic
environment on the effectiveness of alcohol prevention
among European students: a cluster randomized controlled
trial.
BMC Public Health. 2011b;
11:312.
[40] Carins JE, Rundle-Thiele SR. Eating for the better: a social marketing
review (20002012).
Public Health Nutr. 2014;
17:1628
-39
[41] Caverson R, Douglas R, Gliksman L, et al . Community receptivity to a countermeasure
designed to reward sober drivers.
Health Promot Int. 1990;
5:119
-25
[42] Champion KE, Newton NC, Stapinski L, et al . A cross-validation trial of an
Internet-based prevention program for alcohol and
cannabis: preliminary results from a cluster randomised
controlled trial.
Aust NZ J Psychiatry. 2016;
50:64
-73
[43]Committee for Children. Second Step: a violence-prevention
curriculum. Grades 1-3: Teacher’s
Guide.
2
nd ed.
Seattle:WA7 Author;
1997a;
[44]Committee for Children. Second Step: a violence-prevention
curriculum. Grades 4-5: Teacher’s
Guide.
2
nd ed.
Seattle:WA7 Author;
1997b;
[45] Cook RF, Back AS, Trudeau J, et al . Integrating substance abuse prevention
into health promotion programs in the workplace: a
social cognitive intervention targeting the mainstream
user.
In: Bennett JB, Lehman WEK, editors.
Preventing workplace substance abuse:
beyond drug testing to wellness.
Washington:American Psychological
Association;
2003.
p. 97
-133
[46] Coulton S, Bland M, Crosby H, et al . Effectiveness and cost-effectiveness of
opportunistic screening and stepped-care interventions
for older alcohol users in primary
care.
Alcohol Alcohol. 2017;
52:655
-64
[47] Cronce JM, Larimer ME. Individual-focused approaches to the
prevention of college student
drinking.
Alcohol Res Health. 2011;
34:210
-21
[48] D’Amico EJ, Tucker JS, Miles JNV, et al . Preventing alcohol use with a voluntary
after-school program for middle school students: results
from a cluster randomized controlled trial of
CHOICE.
Prev Sci. 2012;
13:415
-25
[49] De Visser RO, Robinson E, Smith T, et al . The growth of “dry January”: promoting
participation and the benefits of
participation.
Eur J Public Health. 2017;
27:929
-31
[50] De Visser RO, Robinson E, Bond R. Voluntary temporary abstinence from
alcohol during “Dry January” and subsequent alcohol
use.
Health Psychol. 2016;
35:281
-9
[51] DeGarmo DS, Eddy JM, Reid JB, et al . Evaluating mediators of the impact of the
linking the interests of families and teachers (LIFT)
multimodal preventive intervention on substance use
initiation and growth across
adolescence.
Prev Sci. 2009;
10:208
-20
[52] Dodge KA, Bierman KL, Coie JD, et al . Impact of early intervention on
psychopathology, crime, and well-being at age
25.
Am J Psychiatry. 2015;
172:59
-70
[53] Dotson KB, Dunn ME, Bowers CA. Stand-alone personalized normative
feedback for college student drinkers: a meta-analytic
review, 2004 to 2014.
PLoS One. 2015;
10:e0139518.
[54] Doumas DM, Hannah E. Preventing high-risk drinking in youth in
the workplace: a web-based normative feedback
program.
J Subst Abuse Treat. 2008;
34:263
-71
[55] Doumas DM, Haustveit T, Coll KM. Reducing heavy drinking among first year
intercollegiate athletes: a randomized controlled trial
of web-based normative feedback.
J Appl Sport Psychol. 2010;
22:247
-61
[56] Earle AM, LaBrie JW, Boyle SC, et al . In pursuit of a self-sustaining college
alcohol intervention: deploying gamified PNF in the real
world.
Addict Behav. 2018;
80:71
-81
[57] Eddy JM, Reid JB, Stoolmiller M, et al . Outcomes during middle school for an
elementary school-based preventive intervention for
conduct problems: follow-up results from a randomized
trial.
Behav Ther. 2003;
34:535
-52
[58] Elder RW, Shults RA, Sleet DA, et al . Effectiveness of sobriety checkpoints for
reducing alcohol-involved crashes.
Traffic Inj Prev. 2002;
3:266
-74
[59] Elder RW, Shults RA, Sleet DA, et al . Effectiveness of mass media campaigns for
reducing drinking and driving and alcohol-involved
crashes: a systematic review.
Am J Prev Med. 2004;
27:57
-65
[60] Ettner SL, Xu H, Duru OK, et al . The effect of an educational intervention
on alcohol consumption, at-risk drinking, and health
care utilization in older adults: the Project SHARE
study.
J Stud Alcohol Drugs. 2014;
75:447
-57
[61] Fachini A, Aliane PP, Martinez EZ, et al . Efficacy of brief alcohol screening
intervention for college students (BASICS): a
meta-analysis of randomized controlled
trials.
Subst Abuse Treat Prev Policy. 2012;
7:40
[62] Faggiano F, Galanti MR, Bohrn K, et al . The effectiveness of a school-based
substance abuse prevention program: EU-Dap cluster
randomised controlled trial.
Prev Med. 2008;
47:537
-43
[63] Faggiano F, Vigna-Taglianti F, Burkhart G, et al . The effectiveness of a school-based
substance abuse prevention program: 18-month follow-up
of the EU-Dap cluster randomized controlled
trial.
Drug Alcohol Depend. 2010;
108:56
-64
[64] Faggiano F, Minozzi S, Versino E, et al . Universal school-based prevention for
illicit drug use.
Cochrane Database Syst Rev. 2014;
2014:CD003020.
[65] Fink A, Elliott MN, Tsai M, et al . An evaluation of an intervention to
assist primary care physicians in screening and
educating older patients who use
alcohol.
J Am Geriatr Soc. 2005;
53:1937
-43
[66] Floyd RL, Sobell M, Velasquez MM, et al . Preventing alcohol-exposed pregnancies: a
randomized controlled trial.
Am J Prev Med. 2007;
32:1
-10
[67] Foxcroft DR, Tsertsvadze A. Universal school-based prevention
programs for alcohol misuse in young
people.
Cochrane Database Syst Rev. 2011;
11:CD009113.
[68] Foxcroft DR, Moreira MT, Almeida Santimano NM, et al . Social norms information for alcohol
misuse in university and college
students.
Cochrane Database Syst Rev. 2015;
1:
-CD006748
[69] Foxcroft DR, Callen H, Davies EL, et al . Effectiveness of the strengthening
families programme 10-14 in Poland: cluster randomized
controlled trial.
Eur J Public Health. 2017;
27:494
-500
[70] Gerrard M, Gibbons FX, Houlihan AE, et al . A dual-process approach to health risk
decision making: the prototype willingness
model.
Dev Rev. 2008;
28:29
-61
[71] Gersh E, Lee CM, McCarty CA. Changes in peer norms as a mediator of
reduction in adolescent alcohol use.
Subst Use Misuse. 2019;
54:1611
-7
[72] Giannotta F, Vigna-Taglianti F, Rosaria Galanti M, et al . Short-term mediating factors of a
school-based intervention to prevent youth substance use
in Europe.
J Adolesc Health. 2014;
54:565
-73
[73] Gibbons FX, Gerrard M, Lane DJ. A social reaction model of adolescent
health risk.
In: Suls J, Wallston KA, editors.
Social psychological foundations of health
and illness.
Malden, MA:Blackwell Publishing
Ltd;
2003.
p. 107
-136
[74] Glassman TJ, Dodd V, Miller EM, et al . Preventing high-risk drinking among
college students: a social marketing case
study.
Soc Market Quart. 2010;
16:92
-110
[75] Goldberg L, MacKinnon DP, Elliot DL, et al . The adolescents training and learning to
avoid steroids program: preventing drug use and
promoting health behaviors.
Arch Pediatr Adolesc Med. 2000;
154:332
-8
[76] Gomberg L, Schneider SK, DeJong W. Evaluation of a social norms marketing
campaign to reduce high-risk drinking at the University
of Mississippi.
Am J Drug Alcohol Abuse. 2001;
27:375
-89
[77] Gomez-Recasens M, Alfaro-Barrio S, Tarro L, et al . A workplace intervention to reduce
alcohol and drug consumption: a nonrandomized
single-group study.
BMC Public Health. 2018;
18:1281
[78] Gordon AJ, Conigliaro J, Maisto SA, et al . Comparison of consumption effects of
brief interventions for hazardous drinking
elderly.
Subst Use Misuse. 2003;
38:1017
-35
[79] Granfield R. Alcohol use in college: limitations on
the transformation of social norms.
Addiction Res Theory. 2009 (2005);
13:281
-292
[80] Griffin JP, Holliday RC, Frazier E, et al . The BRAVE (building resiliency and
vocational excellence) program: evaluation findings for
a career-oriented substance abuse and violence
preventive intervention.
J Health Care Poor
Underserved. 2009;
20:798
-816
[81] Griffin KW, Botvin GJ, Nichols TR, et al . Effectiveness of a universal drug abuse
prevention approach for youth at high risk for substance
use initiation.
Prev Med. 2003;
36:1
-7
[82] Grossbard JR, Mastroleo NR, Geisner IM, et al . Drinking norms, readiness to change, and
gender as moderators of a combined alcohol intervention
for first-year college students.
Addict Behav. 2016;
52:75
-82
[83] Haberecht K, Baumann S, Bischof G, et al . Do brief alcohol interventions among
unemployed at-risk drinkers increase re-employment after
15 month?.
Eur J Public Health. 2017;
28:510
-5
[84] Hanewinkel R, Tomczyk S, Goecke M, et al . Preventing binge drinking in
adolescents.
Dtsh Arztebl Int. 2017;
114:280
-7
[85] Haug S, Paz Castro R, Kowatsch T, et al . Efficacy of a web- and text
messaging-based intervention to reduce problem drinking
in adolescents: results of a cluster-randomized
controlled trial.
J Consult Clin Psychol. 2017;
85:147
-59
[86] Hawkins JD, Catalano RF, Kosterman R, et al . Preventing adolescent health-risk
behaviors by strengthening protection during
childhood.
Arch Pediatr Adolesc Med. 1999;
153:226
-34
[87] Hawkins JD, Oesterle S, Brown EC, et al . Sustained decreases in risk exposure and
youth problem behaviors after installation of the
communities that care prevention system in a randomized
trial.
Arch Pediatr Adolesc Med. 2012;
166:141
-8
[88] Hawkins JD, Oesterle S, Brown EC, et al . Youth problem behaviors 8 years after
implementing the communities that care prevention
system: a community-randomized trial.
JAMA Pediatr. 2014;
168:122
-9
[89] Hennessy EA, Tanner-Smith EE, Mavridis D, et al . Comparative effectiveness of brief
alcohol interventions for college students: results from
a network meta-analysis.
Prev Sci. 2019;
20:715
-40
[90] Henson JM, Pearson MR, Carey KB. Defining and characterizing differences
in college alcohol intervention efficacy: a growth
mixture modeling application.
J Consult Clin Psychol. 2015;
83:370
-81
[91] Huh D, Mun EY, Larimer ME, et al . Brief motivational interventions for
college student drinking may not be as powerful as we
think: an individual participant-level data
meta-analysis.
Alcohol Clin Exp Res. 2015;
39:919
-31
[92] Hummer JF, Davison GC. Examining the role of source credibility
and reference group proximity on personalized normative
feedback interventions for college student alcohol use:
a randomized laboratory experiment.
Subst Use Misuse. 2016;
51:1701
-15
[93] Ichiyama MA, Fairlie AM, Wood MD, et al . A randomized trial of a parent-based
intervention on drinking behavior among incoming college
freshmen.
J Stud Alcohol Drugs. 2009;
suppl:67
-76
[94] Incerto MB, Montealegre LE, Tuttle CR, et al . Penalty for excessive celebration: an
evaluation of a social marketing campaign to reduce
celebratory drinking.
In: Neeley, K, editors.
Systems and information engineering
design symposium (SIEDS, 2011), Charlottesville, Virginia, USA, 29 April 2011.
Piscataway NJ:IEEE;
2011.
p. 59
-64
[95] Jander A, Crutzen , Mercken L, et al . Effects of a web-based computer tailored
game to reduce binge drinking among dutch adolescents: a
cluster randomised controlled trial.
J Med Internet Res. 2016;
18:e29.
[96] Janssen MM, Mathijssen JJP, van Bon-Martens MJH, et al . Effectiveness of alcohol prevention
interventions based on the principles of social
marketing: a systematic review.
Subst Abuse Treat Prev Policy. 2013;
8:1
-18
[97] Kaner EF, Beyer FR, Garnett C, et al . Personalised digital interventions for
reducing hazardous and harmful alcohol consumption in
community-dwelling populations.
Cochrane Database Syst Rev. 2017;
9:CD011479.
[98] Kellam SG, Brown CH, Poduska JM, et al . Effects of a universal classroom behavior
management program in first and second grades on young
adult behavioral, psychiatric, and social
outcomes.
Drug Alcohol Depend. 2008;
95 (suppl 1):S5
-28
[99] Kellam SG, Wang W, Mackenzie ACL, et al . The impact of the good behavior game, a
universal classroom-based preventive intervention in
first and second grades, on high-risk sexual behaviors
and drug abuse and dependence disorders into young
adulthood.
Prev Sci. 2014;
15 (suppl 1):S6
-18
[100] Kelly S, Olanrewaju O, Cowan A, et al . Interventions to prevent and reduce
excessive alcohol consumption in older people: a
systematic review and meta-analysis.
Age Ageing. 2018;
47:175
-84
[101] Kiefel M, Reynaud-Maurupt C, Poidevin E. Le programme américain Good Behavior
Game: premiers éléments de compréhension de sa
transférabilité en France.
Education Santé Sociétés. 2018;
5:99
-119
[102] Kingsland M, Wolfenden L, Rowland BC, et al . Alcohol consumption and sport: a
cross-sectional study of alcohol management practices
associated with at-risk alcohol consumption at community
football clubs.
BMC Public Health. 2013;
13:762
[103] Kingsland M, Wolfenden L, Tindall J, et al . Tackling risky alcohol consumption in
sport: a cluster randomised controlled trial of an
alcohol management intervention with community football
clubs.
J Epidemiol Community Health. 2015;
69:993
-9
[104] Kitzman HJ, Olds DL, Cole RE, et al . Enduring effects of prenatal and infancy
home visiting by nurses on children.
Arch Pediatr Adolesc Med. 2010;
164:412
-8
[105] Klisch Y, Miller LM, Beier ME, et al . Teaching the biological consequences of
alcohol abuse through an online game: impacts among
secondary students.
LSE. 2012;
11:94
-102
[106] Kolar C, Treuer K von. Alcohol misuse interventions in the
workplace: a systematic review of workplace and sports
management alcohol interventions.
Int JMental Health Addict. 2015;
13:563
-83
[107] Koning IM, Vollebergh WAM, Smit F, et al . Preventing heavy alcohol use in
adolescents (PAS): cluster randomized trial of a parent
and student intervention offered separately and
simultaneously.
Addiction. 2009;
104:1669
-78
[108] Koning IM, van den Eijnden , Regina JJM, et al . Why target early adolescents and parents
in alcohol prevention? The mediating effects of
self-control, rules and attitudes about alcohol
use.
Addiction. 2011;
106:538
-46
[109] Koning IM, Maric M, MacKinnon D, et al . Effects of a combined parentstudent
alcohol prevention program on intermediate factors and
adolescents’ drinking behavior: a sequential mediation
model.
J Consult Clin Psychol. 2015;
83:719
-27
[110] Kotler P, Zaltman G. Social marketing: an approach to planned
social change.
J Mark. 1971;
35:3
-12
[111] Koutakis N, Stattin H, Kerr M. Reducing youth alcohol drinking through a
parent-targeted intervention: the Örebro prevention
program.
Addiction. 2008;
103:1629
-37
[112] Kubacki K, Rundle-Thiele S, Pang B, et al . Minimizing alcohol harm: a systematic
social marketing review (2000-2014).
J Bus Res. 2015;
68:2214
-22
[113] LaBrie JW, Hummer JF, Neighbors C, et al . Whose opinion matters? The relationship
between injunctive norms and alcohol consequences in
college students.
Addict Behav. 2010;
35:343
-9
[114] LaBrie JW, Lewis MA, Atkins DC, et al . RCT of web-based personalized normative
feedback for college drinking prevention: are typical
student norms good enough?.
J Consult Clin Psychol. 2013;
81:1074
-86
[115] LaBrie JW, Earle AM, Boyle SC, et al . A parent-based intervention reduces heavy
episodic drinking among first-year college
students.
Psychol Addict Behav. 2016;
30:523
-35
[116] Larimer ME, Turner AP, Anderson BK, et al . Evaluating a brief alcohol intervention
with fraternities.
J Studies Alcohol. 2001;
62:370
-80
[117] Larimer ME, Cronce JM. Identification, prevention, and treatment
revisited: individual-focused college drinking
prevention strategies 1999-2006.
Addict Behav. 2007;
32:2439
-68
[118] Lau-Barraco C, Braitman AL, Stamates AL. A Randomized trial of a personalized
feedback intervention for nonstudent emerging adult
at-risk drinkers.
Alcohol Clin Exp Res. 2018;
42:781
-94
[119] Lecrique JM.Rapport d’évaluation du programme
Unplugged dans le Loiret. Projet porté par
l’Association pour l’écoute et l’accueil en addictologie
et toxicomanies (Orléans) et évalué en 2016-2017 par
Santé publique France. Saint-Maurice:Santé publique
France;
2019;
170p. (disponible à partir de l’URL :
www.santepubliquefrance.fr).
[120] Lee CM, Kilmer JR, Neighbors C, et al . Indicated prevention for college student
marijuana use: a randomized controlled
trial.
J Consult Clin Psychol. 2013;
81:702
-9
[121] Lewis KM, Bavarian N, Snyder FJ, et al . Direct and mediated effects of a
social-emotional and character development program on
adolescent substance use.
Int J Emot Educ. 2012;
4:56
-78
[122] Lewis MA, Neighbors C. Gender-specific misperceptions of college
student drinking norms.
Psychol Addict Behav. 2004;
18:334
-9
[123] Lewis MA, Neighbors C. Social norms approaches using descriptive
drinking norms education: a review of the research on
personalized normative feedback.
J Am Coll Health. 2006;
54:213
-8
[124] Lewis MA, Neighbors C. Optimizing personalized normative
feedback: the use of gender-specific
referents.
J Stud Alcohol Drugs. 2007;
68:228
-37
[125] Lewis MA, Neighbors C. An examination of college student
activities and attentiveness during a web-delivered
personalized normative feedback
intervention.
Psychol Addict Behav. 2015;
29:162
-7
[126] Lewis MA, Litt DM, Tomkins M, et al . Prototype willingness model drinking
cognitions mediate personalized normative feedback
efficacy.
Prev Sci. 2017;
18:373
-81
[127] Lewis MA, Rhew IC, Fairlie AM, et al . Evaluating personalized feedback
intervention framing with a randomized controlled trial
to reduce young adult alcohol-related sexual risk
taking.
Prev Sci. 2019;
20:310
-20
[128] Li KK, Washburn I, Dubois DL, et al . Effects of the positive action programme
on problem behaviours in elementary school students: a
matched-pair randomised control trial in
Chicago.
Psychol Health. 2011;
26:187
-204
[129] Marlatt GA, Baer JS, Kivlahan DR, et al . Screening and brief intervention for
high-risk college student drinkers: results from a
2-year follow-up assessment.
J Consult Clin Psychol. 1998;
66:604
-15
[130] Marsch LA, Bickel WK, Grabinski MJ. Application of interactive, computer
technology to adolescent substance abuse prevention and
treatment.
Adolesc Med State Art Rev. 2007;
18:342
-56, xii
[131] Martens MP, Smith AE, Murphy JG. The efficacy of single-component brief
motivational interventions among at-risk college
drinkers.
J Consult Clin Psychol. 2013;
81:691
-701
[132] Martineau F, Tyner E, Lorenc T, et al . Population-level interventions to reduce
alcohol-related harm: an overview of systematic
reviews.
Prev Med. 2013;
57:278
-96
[133] Mason WA, Kosterman R, Haggerty KP, et al . Gender moderation and social
developmental mediation of the effect of a
family-focused substance use preventive intervention on
young adult alcohol abuse.
Addict Behav. 2009;
34:599
-605
[134] McBride N, Midford R, Farringdon F, Phillips M. Early results from a school alcohol harm
minimisation study. the school health and alcohol harm
reduction project.
Addiction. 2000;
95:1021
-42
[135] McBride N, Farringdon F, Midford R, et al . Early unsupervised drinking-reducing the
risks. the school health and alcohol harm reduction
project.
Drug Alcohol Rev. 2003;
22:263
-76
[136] McBride N, Farringdon F, Midford R, et al . Harm minimization in school drug
education: final results of the school health and
alcohol harm reduction project
(SHAHRP).
Addiction. 2004;
99:278
-91
[137] McKay MT, Mcbride NT, Sumnall HR, et al . Reducing the harm from adolescent alcohol
consumption: results from an adapted version of SHAHRP
in Northern Ireland.
J Subst Use. 2012;
17:98
-121
[138] McKay M, Sumnall H, McBride N, et al . The differential impact of a
classroom-based, alcohol harm reduction intervention, on
adolescents with different alcohol use experiences: a
multi-level growth modelling
analysis.
J Adolesc. 2014;
37:1057
-67
[139] McKay M, Agus A, Cole J, et al . Steps towards alcohol misuse prevention
programme (STAMPP): a school-based and community-based
cluster randomised controlled trial.
BMJ Open. 2018;
8:e019722.
[140] Middleton JC, Hahn RA, Kuzara JL, et al . Effectiveness of policies maintaining or
restricting days of alcohol sales on excessive alcohol
consumption and related harms.
Am J Prev Med. 2010;
39:575
-89
[141] Midford R, Cahill H, Foxcroft D, et al . Drug education in Victorian schools
(DEVS): the study protocol for a harm reduction focused
school drug education trial.
BMC Public Health. 2012;
12:112
[142] Midford R, Mitchell J, Lester L, et al . Preventing alcohol harm: early results
from a cluster randomised, controlled trial in Victoria,
Australia of comprehensive harm minimisation school drug
education.
Int J Drug Policy. 2014a;
25:142
-50
[143] Midford R, Ramsden R, Lester L, et al . Alcohol prevention and school students:
findings from an australian 2-year trial of integrated
harm minimization school drug
education.
J Drug Educ. 2014b;
44:71
-94
[144] Miller MB, Leavens EL, Meier E, et al . Enhancing the efficacy of computerized
feedback interventions for college alcohol misuse: an
exploratory randomized trial.
J Consult Clin Psychol. 2016;
84:122
-33
[145]National Institute For Health, Clinical
Excellence (NICE). Alcohol interventions in secondary and
further education.
NICE Guideline [NG135]. 2019;
[146] Neighbors C, Larimer ME, Lewis MA. Targeting misperceptions of descriptive
drinking norms: efficacy of a computer-delivered
personalized normative feedback
intervention.
J Consult Clin Psychol. 2004;
72:434
-47
[147] Neighbors C, LaBrie JW, Hummer JF, et al . Group identification as a moderator of
the relationship between perceived social norms and
alcohol consumption.
Psychol Addict Behav. 2010a;
24:522
-8
[148] Neighbors C, Lewis MA, Atkins DC, et al . Efficacy of web-based personalized
normative feedback: a two-year randomized controlled
trial.
J Consult Clin Psychol. 2010b;
78:898
-911
[149] Neighbors C, Lewis MA, LaBrie J, et al . A multisite randomized trial of normative
feedback for heavy drinking: social comparison versus
social comparison plus correction of normative
misperceptions.
J Consult Clin Psychol. 2016;
84:238
-47
[150] Neighbors C, Rodriguez LM, Garey L, et al . Testing a motivational model of delivery
modality and incentives on participation in a brief
alcohol intervention.
Addict Behav. 2018;
84:131
-8
[151] Newton NC, Andrews G, Teesson M, et al . Delivering prevention for alcohol and
cannabis using the Internet: a cluster randomised
controlled trial.
Prev Med. 2009;
48:579
-84
[152] Newton NC, Teesson M, Vogl LE, et al . Internet-based prevention for alcohol and
cannabis use: final results of the climate schools
course.
Addiction. 2010;
105:749
-59
[153] Newton NC, Conrod PJ, Slade T, et al . The long-term effectiveness of a
selective, personality-targeted prevention program in
reducing alcohol use and related harms: a cluster
randomized controlled trial.
J Child Psychol Psychiatry. 2016;
57:1056
-65
[154] Newton NC, Champion KE, Slade T, et al . A systematic review of combined student-
and parent-based programs to prevent alcohol and other
drug use among adolescents.
Drug Alcohol Rev. 2017;
36:337
-51
[155] Nilsson T, Allebeck P, Leifman H, et al . Effects on alcohol consumption and
alcohol related harm of a community-based prevention
intervention with national support in
Sweden.
Subst Use Misuse. 2018;
53:412
-9
[156] Novák P, Miovský M, Vopravil J, et al . Gender-specific effectiveness of the
unplugged prevention intervention in reducing substance
use among czech adolescents.
Czech Sociol Rev. 2013;
49:903
-26
[157] Olds D, Henderson Jr CR, Cole R, et al . Long-term effects of nurse home
visitation on children’s criminal and antisocial
behavior: 15-year follow-up of a randomized controlled
trial.
JAMA. 1998;
280:1238
-44
[158] Oliver R, Reschly D, Wehby J. The effects of teachers’ classroom
management practices on disruptive, or aggressive
student behavior: a systematic
review.
Campbell Syst Rev. 2011;
7:4
[159] Olweus D. Bullying at school: What we know and what
we can do.
Understanding children’s worlds. Oxford, UK:Blackwell;
2000, 1993;
140p.
[160] Olweus D. A useful evaluation design, and effects
of the Olweus bullying prevention
program.
Psychol Crime Law. 2005;
11:389
-402
[161] Olweus D. Olweus bullying prevention program:
schoolwide guide.
Center City, MN:Hazelden;
2007.
116p.
[162] Oosterveen E, Tzelepis F, Ashton L, et al . A systematic review of eHealth behavioral
interventions targeting smoking, nutrition, alcohol,
physical activity and/or obesity for young
adults.
Prev Med. 2017;
99:197
-206
[163] Ozdemir M, Koutakis N. Does promoting parents’ negative
attitudes to underage drinking reduce adolescents’
drinking? The mediating process and moderators of the
effects of the Orebro prevention
programme.
Addiction. 2016;
111:263
-71
[164] Pemberton M. PATROL Pilot study: findings and future
plans. Session abstract no. 162656.
Washington, DC:135
th American Public Health
Association Annual Meeting and Exposition, November
37. 2007;
[165] Perkins HW, Berkowitz AD. Perceiving the community norms of alcohol
use among students: some research implications for
campus alcohol education programming.
Int J Addict. 1986;
21:961
-76
[166] Perkins HW, Meilman PW, Leichliter JS, et al . Misperceptions of the norms for the
frequency of alcohol and other drug use on college
campuses.
J Am Coll Health. 1999;
47:253
-8
[167] Perry CL, Williams CL, Veblen-Mortenson S, et al . Project Northland: outcomes of a
communitywide alcohol use prevention program during
early adolescence.
Am J Public Health. 1996;
86:956
-65
[168] Petras H, Kellam SG, Brown CH, et al . Developmental epidemiological courses
leading to antisocial personality disorder and violent
and criminal behavior: effects by young adulthood of a
universal preventive intervention in first- and
second-grade classrooms.
Drug Alcohol Depend. 2008;
95 (suppl 1):S45
-59
[169] Petree RD, Broome KM, Bennett JB. Exploring and reducing stress in young
restaurant workers: results of a randomized field
trial.
Am J Health Promot. 2012;
26:217
-24
[170] Pidd K, Kostadinov V, Roche A. Do workplace policies work? An
examination of the relationship between alcohol and
other drug policies and workers’ substance
use.
Int J Drug Policy. 2016;
28:48
-54
[171] Prochaska JO, DiClemente CC. Stages and processes of self-change of
smoking: toward an integrative model of
change.
J Consult Clin Psychol. 1983;
51:390
-5
[172] Prosser T, Gee KA, Jones F. A meta-analysis of effectiveness of
E-interventions to reduce alcohol consumption in college
and university students.
J Am Coll Health. 2018;
66:292
-301
[173] Raffin S. Can social marketing improve public
health programs’ efficiency?.
Cahiers Nutrition Diététique. 2013;
48:184
-90
[174] Reynolds GS, Bennett JB. A cluster randomized trial of alcohol
prevention in small businesses: a cascade model of help
seeking and risk reduction.
Am J Health Promot. 2015;
29:182
-91
[175] Roche A, Kostadinov V, McEntee A, et al . Evaluation of a workshop to address drugs
and alcohol in the workplace.
Intl J of Workplace Health
Mgt. 2019;
12:2
-14
[176] Rodriguez DM, Teesson M, Newton NC. A systematic review of computerised
serious educational games about alcohol and other drugs
for adolescents.
Drug Alcohol Rev. 2014;
33:129
-35
[177] Rothschild ML, Mastin B, Miller TW. Reducing alcohol-impaired driving crashes
through the use of social marketing.
Accid Anal Prev. 2006;
38:1218
-30
[178] Rowland B, Allen F, Toumbourou JW. Association of risky alcohol consumption
and accreditation in the “Good Sports” alcohol
management programme.
J Epidemiol Community Health. 2012a;
66:684
-90
[179] Rowland B, Allen F, Toumbourou JW. Impact of alcohol harm reduction
strategies in community sports clubs: pilot evaluation
of the Good Sports program.
Health Psychol. 2012b;
31:323
-33
[180] Rowland B, Toumbourou J, Allen F. Drink-driving in community sports clubs:
adopting the Good Sports alcohol management
program.
Accident Analysis Prev. 2012c;
48:264
-70
[181] Rowland B, Toumbourou JW, Allen F. Reducing alcohol-impaired driving in
community sports clubs: evaluating the good sports
program.
J Studies Alcohol Drugs. 2012d;
73:316
-27
[182] Saltz RF, Paschall MJ, McGaffigan RP, et al . Alcohol risk management in college
settings: the safer California universities randomized
trial.
Am J Prev Med. 2010;
39:491
-9
[183] Samson JE, Tanner-Smith EE. Single-session alcohol interventions for
heavy drinking college students: a systematic review and
meta-analysis.
J Stud Alcohol Drugs. 2015;
76:530
-43
[185] Schinke SP, Schwinn TM, Ozanian AJ. Alcohol abuse prevention among high-risk
youth: computer-based intervention.
J Prev Interv Community. 2005;
29:117
-30
[186] Schinke SP, Schwinn TM, Fang L. Longitudinal outcomes of an alcohol abuse
prevention program for urban
adolescents.
J Adolesc Health. 2010;
46:451
-7
[187] Scott-Sheldon LAJ, Terry DL, Carey KB, et al . Efficacy of expectancy challenge
interventions to reduce college student drinking: a
meta-analytic review.
Psychol Addict Behav. 2012;
26:393
-405
[188] Seigers DKL, Carey KB. Screening and brief interventions for
alcohol use in college health centers: a
review.
J Am Coll Health. 2010;
59:151
-8
[189] Shults RA, Elder RW, Nichols JL, et al . Effectiveness of multicomponent programs
with community mobilization for reducing
alcohol-impaired driving.
Am J Prev Med. 2009;
37:360
-71
[190] Slater MD, Kelly KJ, Edwards RW, et al . Combining in-school and community-based
media efforts: reducing marijuana and alcohol uptake
among younger adolescents.
Health Educ Res. 2006;
21:157
-67
[191] Smith EA, Swisher JD, Vicary JR, et al . Evaluation of life skills training and
infused-life skills training in a rural setting:
outcomes at two years.
J Alcohol Drug Educ. 2004;
48:51
-70
[192] Snow DL, Swan SC, Wilton L. A workplace coping-skills intervention to
prevent alcohol abuse.
In: Bennett JB, Lehman WEK, editors.
Preventing workplace substance abuse:
beyond drug testing to wellness.
Washington:American Psychological
Association;
2003a.
p. 57
-96
[193] Snow DL, Swan SC, Raghavan C, et al . The relationship of work stressors,
coping and social support to psychological symptoms
among female secretarial employees.
Work Stress. 2003b;
17:241
-63
[194] Snyder FJ, Flay BR. Positive youth
development.
In: Brown P, Corrigan MW,
Higgins-D’Alessandro A, editors.
The handbook of prosocial
education.
Lanham, MD:Rowman and Littlefield Publishing
Group;
2012.
p. 415
-43
[195] Snyder FJ, Acock AC, Vuchinich S, et al . Preventing negative behaviors among
elementary-school students through enhancing students’
social-emotional and character
development.
Am J Health Promot. 2013;
28:50
-8
[196] Spoth RL, Redmond C, Shin C. Randomized trial of brief family
interventions for general populations: adolescent
substance use outcomes 4 years following
baseline.
J Consult Clin Psychol. 2001;
69:627
-42
[197] Spoth R, Redmond C, Shin C, et al . Brief family intervention effects on
adolescent substance initiation: school-level growth
curve analyses 6 years following
baseline.
J Consult Clin Psychol. 2004;
72:535
-42
[198] Spoth R, Trudeau L, Guyll M, et al . Universal intervention effects on
substance use among young adults mediated by delayed
adolescent substance initiation.
J Consult Clin Psychol. 2009;
77:620
-32
[199] Spoth RL, Trudeau LS, Guyll M, et al . Benefits of universal intervention
effects on a youth protective shield 10 years after
baseline.
J Adolesc Health. 2012;
50:414
-7
[200] Spoth R, Redmond C, Shin C, et al . PROSPER community-university partnership
delivery system effects on substance misuse through 6
1/2 years past baseline from a cluster randomized
controlled intervention trial.
Prev Med. 2013a;
56:190
-6
[201] Spoth R, Trudeau L, Shin C, et al . Longitudinal effects of universal
preventive intervention on prescription drug misuse:
three randomized controlled trials with late adolescents
and young adults.
Am J Public Health. 2013b;
103:665
-72
[202] Spoth R, Trudeau L, Redmond C, et al . Replication RCT of early universal
prevention effects on young adult substance
misuse.
J Consult Clin Psychol. 2014;
82:949
-63
[203] Spoth R, Trudeau L, Redmond C, et al . Replicating and extending a model of
effects of universal preventive intervention during
early adolescence on young adult substance
misuse.
J Consult Clin Psychol. 2016;
84:913
-21
[204] Steers MLN, Coffman AD, Wickham RE, et al . Evaluation of alcohol-related
personalized normative feedback with and without an
injunctive message.
J Stud Alcohol Drugs. 2016;
77:337
-42
[205] Sumnall H, Agus A, Cole J, et al . Steps towards alcohol misuse prevention
programme (stampp): a school- and community-based
cluster randomised controlled trial.
Public Health Research. 2017;
5p.
[206] Sussman S, Dent CW, Stacy AW. Project towards no drug abuse: a review
of the findings and future
directions.
Am J Health Behav. 2002;
26:354
-65
[207] Sussman S, Sun P, Rohrbach LA, et al . One-year outcomes of a drug abuse
prevention program for older teens and emerging adults:
evaluating a motivational interviewing booster
component.
Health Psychol. 2012;
31:476
-85
[208] Teesson M, Newton NC, Slade T, et al . Combined universal and selective
prevention for adolescent alcohol use: a cluster
randomized controlled trial.
Psychol Med. 2017;
47:1761
-70
[209] Terlecki MA, Buckner JD, Larimer ME, et al . Randomized controlled trial of brief
alcohol screening and intervention for college students
for heavy-drinking mandated and volunteer
undergraduates: 12-month outcomes.
Psychol Addict Behav. 2015;
29:2
-16
[210] Tinghög ME, Tinghög P. Preventing alcohol problems and improving
drinking habits among employees: an evaluation of
alcohol education.
Work. 2016;
53:421
-8
[211] Tremblay R, Mâsse L, Pagani L, et al . From childhood physical aggression to
adolescent maladjustment: the Montreal prevention
experiment.
In: Peters R, McMahon R, editors.
Preventing childhood disorders, substance
abuse, and delinquency.
2455 Teller Road, Thousand Oaks California
91320 United States:SAGE Publications,
Inc;
1996.
p. 268
-98
[212] Turrisi R, Larimer ME, Mallett KA, et al . A randomized clinical trial evaluating a
combined alcohol intervention for high-risk college
students.
J Stud Alcohol Drugs. 2009;
70:555
-67
[213] Turrisi R, Mallett KA, Cleveland MJ, et al . Evaluation of timing and dosage of a
parent-based intervention to minimize college students’
alcohol consumption.
J Stud Alcohol Drugs. 2013;
74:30
-40
[214]United Nation Office on Drugs and Crime
(UNODC), World Health Organization
(WHO). International standards on drugs use
prevention. Second updated edition
(pre-publication).
2018.
[215] Van Lier PAC, Huizink A, Crijnen A. Impact of a preventive intervention
targeting childhood disruptive behavior problems on
tobacco and alcohol initiation from age 10 to 13
years.
Drug Alcohol Depend. 2009;
100:228
-33
[216] Velasco V, Griffin KW, Botvin GJ. Preventing adolescent substance use
through an evidence-based program: effects of the
italian adaptation of life skills
training.
Prev Sci. 2017;
18:394
-405
[217] Vigna-Taglianti F, Vadrucci S, Faggiano F, et al . Is universal prevention against youths’
substance misuse really universal? Gender-specific
effects in the EU-Dap school-based prevention
trial.
J Epidemiol Community Health. 2009;
63:722
-8
[218] Vogl L, Teesson M, Andrews G, et al . A computerized harm minimization
prevention program for alcohol misuse and related harms:
randomised controlled trial.
Addiction. 2009;
104:564
-75
[219] Vogl LE, Teesson M, Newton NC, et al . Developing a school-based drug prevention
program to overcome barriers to effective program
implementation. The CLIMATE schools: alcohol
module.
OJPM. 2012;
02:410
-22
[220] Wagenaar AC, Toomey TL. Effects of minimum drinking age laws:
review and analyses of the literature from 1960 to
2000.
J Stud Alcohol. 2002;
suppl:206
-25
[221] Wagenaar AC, Tobler AL, Komro KA. Effects of alcohol tax and price policies
on morbidity and mortality: a systematic
review.
Am J Public Health. 2010;
100:2270
-8
[222] Walters ST, Woodall WG. Mailed feedback reduces consumption among
moderate drinkers who are employed.
Prev Sci. 2003;
4:287
-94
[223] Walters ST, Neighbors C. Feedback interventions for college
alcohol misuse: what, why and for
whom?.
Addict Behav. 2005;
30:1168
-82
[224]Washington State Institute for Public
Policy. Good Behavior Game. Public Health and
Prevention: School-based. Benefit-cost methods last
updated December 2019. Literature review updated March
2018.
2019a:(disponible à l’adresse :
http://www.wsipp.wa.gov/BenefitCost)
(consulté le 15 juillet 2020).
[225]Washington State Institute for Public
Policy. Brief Alcohol Screening and Intervention of
College Students (BASICS): a Harm Reduction Approach.
Substance Use Disorders: Early Intervention.
Benefit-cost estimates updated December 2019. Literature
review updated May 2014.
2019b;
(disponible à l’adresse :
http://www.wsipp.wa.gov/BenefitCost)
(consulté le 15 juillet 2020).
[226]Washington State Institute for Public
Policy. Positive Action. Public Health and
Prevention: School-based. Benefit-cost methods last
updated December 2019. Literature review updated
September 2018.
2019c;
(disponible à l’adresse :
http://www.wsipp.wa.gov/BenefitCost)
(consulté le 8 janvier 2020).
[227] Webb G, Shakeshaft A, Sanson-Fisher R, et al . A systematic review of work-place
interventions for alcohol-related
problems.
Addiction. 2009;
104:365
-77
[228] Werch CC. The Behavior-Image Model: a paradigm for
integrating prevention and health promotion in brief
interventions.
Health Educ Res. 2007;
22:677
-90
[229] Werch CE, DiClemente CC. A multi-component stage model for
matching drug prevention strategies and messages to
youth stage of use.
Health Educ Res. 1994;
9:37
-46
[230] Werch CE, Owen DM. Iatrogenic effects of alcohol and drug
prevention programs.
J Stud Alcohol. 2002;
63:581
-90
[231] Werch CE, Carlson JM, Pappas DM, et al . Brief nurse consultations for preventing
alcohol use among urban school youth.
J Sch Health. 1996;
66:335
-8
[232] Werch CE, Pappas DM, Carlson JM, et al . Short- and long-term effects of a pilot
prevention program to reduce alcohol
consumption.
Subst Use Misuse. 1998;
33:2303
-21
[233] Werch CE, Owen DM, Carlson JM, et al . One-year follow-up results of the STARS
for families alcohol prevention
program.
Health Educ Res. 2003;
18:74
-87
[234] Werch CC, Moore MJ, Diclemente CC, et al . A multihealth behavior intervention
integrating physical activity and substance use
prevention for adolescents.
Prev Sci. 2005;
6:213
-26
[235] Werch CE, Moore MJ, Bian H, et al . Efficacy of a brief image-based
multiple-behavior intervention for college
students.
Ann Behav Med. 2008;
36:149
-57
[236] Wilcox HC, Kellam SG, Brown CH, et al . The impact of two universal randomized
first- and second-grade classroom interventions on young
adult suicide ideation and attempts.
Drug Alcohol Depend. 2008;
95 (suppl 1):S60
-73
[237] Wood MD, Fairlie AM, Fernandez AC, et al . Brief motivational and parent
interventions for college students: a randomized
factorial study.
J Consult Clin Psychol. 2010;
78:349
-61
[238] Yuvaraj K, Eliyas SK, Gokul S, et al . Effectiveness of workplace intervention
for reducing alcohol consumption: a systematic review
and meta-analysis.
Alcohol Alcohol. 2019;
54:264
-71
→ Aller vers SYNTHESE