Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
II. Actions de prévention des consommations
2021
14-
Boissons alcoolisées
dans la période périnatale : prévention et
prise en charge
Alors que depuis plus de 50 ans, des données épidémiologiques en
population humaine et des études animales ont montré le rôle tératogène
de l’alcool absorbé pendant la grossesse, notamment la consommation
d’importantes quantités et cela dès le début de la grossesse (période de
l’embryogenèse), la question de savoir quelles sont les bonnes
stratégies pour i) limiter et interrompre la consommation par les
femmes enceintes, ii) identifier les femmes qui poursuivent une
grossesse à « risque d’alcoolisation fœtale » et iii) repérer les
enfants atteints et les prendre en charge a fait l’objet de nombreuses
publications scientifiques sans que se dégagent des protocoles
consensuels et effectifs dans leur mise en œuvre.
SAF et TCAF : des conséquences évitables qui
nécessitent une politique de santé sans
équivoque
On admet que l’exposition prénatale à l’alcool (EPA) est la
principale cause de lésions cérébrales et de retard de développement
chez les enfants. Le SAF et les troubles causés par l’alcoolisation
fœtale (TCAF) constituent une anomalie congénitale non génétique
fréquente. Le diagnostic étant compliqué à poser, les fréquences
sont difficilement estimables.
Ces conséquences sont complètement « évitables » car liées à une
substance comestible – non dissimulée dans l’air respiré ou dans
l’eau de consommation contrairement à d’autres substances toxiques.
Ce contexte explique pourquoi les instances sanitaires nationales et
internationales et la plupart des États s’efforcent de conduire une
politique de santé publique spécifique aux troubles causés par
l’alcoolisation fœtale.
En France, en septembre 2006, le ministère de la Santé et des
Solidarités et l’INPES avaient conduit une campagne d’information et
de prévention afin de faire connaître largement le « Zéro alcool »
pendant la grossesse. Les marques d’alcools ont préféré le
pictogramme, peu efficace car de petite taille et localisé souvent à
l’arrière de la bouteille ou du contenant. Une nouvelle proposition
a été faite par l’INPES : pictogramme plus grand, couleurs plus
contrastées et le message « grossesse : zéro alcool » (Cour des
comptes, 2016

). L’agence Santé publique France (ex-INPES) a lancé une nouvelle
campagne à l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation au
SAF le 9 septembre 2018. Le plan ministère de la Santé – Mildeca,
rendu public en janvier 2019, évoque un agrandissement du
pictogramme sur les contenants de boissons alcoolisées (cf. chapitre
« Actions de prévention : messages et comportements », paragraphe
sur les avertissements sanitaires apposés sur les publicités et les
contenants de produits alcoolisés).
Biomarqueurs de l’exposition fœtale ou de la
consommation maternelle d’alcool : vers le perfectionnement des méthodes
d’analyse du méconium et l’élaboration de stratégies
de dépistage
de deuxième niveau
De très nombreuses publications sont consacrées aux possibilités, aux
difficultés et aux limites des biomarqueurs qui pourraient attester
d’une exposition fœtale à l’alcool ou d’une consommation par la
future mère de boissons alcoolisées. Les progrès de la dernière
décennie ont porté sur la mise au point de biomarqueurs directs dans
lesquels on trouve la preuve biologique de la présence d’éthanol –
l’éthanol lui-même ou des métabolites secondaires qui sont
chimiquement conformes à l’éthanol. Par opposition aux biomarqueurs
indirects grâce auxquels on trouve des composants dérivés de la
transformation de l’éthanol par les fonctions physiologiques du
sujet testé – c’est le cas des gamma-G-T et transaminases sanguines.
Les biomarqueurs directs ne sont pas affectés par d’éventuelles
pathologies de l’individu testé ou par l’interaction avec d’autres
substances telles que des médicaments, aliments ou autres
drogues.
Les publications sur les biomarqueurs, qu’ils soient directs ou
indirects, rappellent que ces marqueurs sont soumis aux variabilités
biologiques individuelles, à des difficultés techniques de mesure,
et qu’ils peuvent entraîner des coûts élevés. La définition du seuil
de positivité est un enjeu important : selon les auteurs, c’est le
seuil de détection qui est utilisé, signifiant qu’il y a eu
exposition à l’éthanol mais sans informer sur la quantité de cette
exposition, ou bien un seuil de toxicité présumée correspondant à
l’exposition in utero à une certaine quantité d’alcool, ce
seuil dépendant du biomarqueur, d’une part et du support où il est
mesuré, d’autre part.
Le tableau 14.I

présente de
façon synthétique les trois métabolites les plus fréquemment
utilisés pour indiquer l’exposition à l’alcool (Lange et coll.,
2014

;
Cabarcos et coll., 2015

; Bager et coll.,
2017

;
Janczewska et coll., 2019

).
Tableau 14.I Biomarqueurs : principaux métabolites utilisés pour
l’exposition prénatale à l’alcool
Métabolites
|
Matrice
|
Fenêtre pour détection
|
Une seule molécule
|
Éthylglucorinide (EtG)
|
Urine
|
± 80 h
|
Métabolite le plus récent
|
|
Sang
|
± 18 h
| |
|
Plasma
|
± 8 h
| |
|
Cheveux
|
Consommation chronique
| |
|
Méconium
|
Consommation chronique
| |
Esters éthyliques d’acides
gras (FAEEs)
|
Sang
|
± 24 h (44 h si forte
consommation) ± 2 h
|
Plusieurs esters Bien maîtrisé,
notamment sur cheveux et méconium
|
|
Plasma
|
Consommation chronique
| |
|
Cheveux
|
Consommation chronique
| |
|
Méconium
| | |
Phosphatidyléthanol (PEth)
|
Sang
|
± 7 jours (29 jours si forte
consommation)
|
Peu pertinent dans le contexte de la
grossesse, car témoin de fortes consommations
récentes (Bracero et coll.,
2017  )
|
Dans le contexte de la grossesse, les auteurs distinguent des
biomarqueurs directs mesurés sur des supports – ou matrices –
différents : sang, plasma, urine, cheveux. Les mesures peuvent être
réalisées sur des prélèvements maternels ou des nouveau-nés dans les
suites immédiates de la naissance. Le recours à des tissus fœtaux
pour rechercher une exposition à l’alcool est la seule manière
d’attester avec certitude que l’exposition du nouveau-né a bien été
prénatale d’une part (Joya et coll.,
2012

) et
que l’alcool ingéré par la future mère a atteint le fœtus en
quantités détectables par la procédure utilisée pour ce faire,
d’autre part.
La mesure de biomarqueurs directs de l’éthanol dans le méconium a
fait l’objet de nombreux articles récents (Bager et coll.,
2017

;
Janczewska et coll., 2019

). Certains auteurs considèrent que c’est
le support le plus adéquat pour développer les recherches ou pour
réaliser ces dosages en routine, à des fins de surveillance ou de
détection. Le méconium est obtenu sans geste invasif dès les
premières heures de vie, il est facile à collecter et à conserver.
Il peut être obtenu pour tous les nouveau-nés, alors que les ongles
ou les cheveux peuvent être plus délicats à prélever sur certains
nouveau-nés trop petits ou avec des cheveux courts et très fins.
Toutefois, la fenêtre de prélèvement est relativement étroite (au
plus tard dans les 72 premières heures et idéalement à la première
émission de méconium) car très vite les premières prises
alimentaires vont substituer le contenu intestinal. Dans l’état
actuel des techniques disponibles il semble que les esters
éthyliques d’acides gras (FAEEs) et l’ethylglucuronide (EtG)
puissent être mesurés assez facilement dans le méconium
via
une méthode d’analyse reproductible et sensible. Des kits de dosage
disponibles sont commercialisés.
Ces biomarqueurs servent à estimer la fréquence d’exposition
prénatale à l’alcool (EPA) et leur concordance avec les déclarations
par les femmes lors d’enquêtes par un questionnaire standardisé est
étudiée. Ainsi, Lange et coll.
(2014

)
ont publié une méta-analyse de 8 études conduites entre 1999 et 2007
où ils montrent que la fréquence de l’exposition prénatale à
l’alcool estimée par le dosage des FAEEs dans le méconium est, en
moyenne, 4 fois plus élevée (4,26 [1,34-13,6]) que celle estimée à
partir des réponses des mêmes femmes aux questionnaires de
consommation. La discordance des estimations entre biomarqueurs
directs et déclaration des femmes est décrite par de nombreuses
publications dans des populations différentes. Par exemple, une
étude longitudinale, conduite en Allemagne incluant des naissances
entre 2005 et 2007 – FRAMES (pour
Franconian Maternal Health
Evaluation Studies) (Eichler et coll.,
2016

),
avait expérimenté le test de l’EtG sur le méconium. Un questionnaire
de consommation avait été administré au cours du 3
e
trimestre de la grossesse et des analyses de méconium prélevé au
cours des 24 premières heures de vie ont été conduites, incluant 180
naissances. Deux seuils de positivité ont été adoptés : supérieur à
10 ng/g (seuil minimal de détection) et supérieur à 120 ng/g. Les
mères d’enfants ayant des valeurs d’EtG supérieures à 10 ng/g
avaient tendance à déclarer une consommation d’alcool prénatale plus
fréquente mais il n’y avait aucune tendance pour le seuil de
120 ng/g de l’EtG. Ce résultat soulignait que les discordances entre
biomarqueurs et déclarations par les femmes étaient plus fréquentes
parmi les femmes fortes consommatrices. Les auteurs montraient, de
plus, la discontinuité des déclarations par les répondantes au cours
du temps : à 6 ans d’intervalle, les consommations déclarées pour le
3
e trimestre de la grossesse étaient bien
inférieures. La même équipe a montré une relation très nette entre
un seuil élevé d’EtG (à 154 ng/g) et une diminution du quotient
intellectuel et des troubles du comportement (AD-HD) chez les
enfants scolarisés (ou en âge de scolarisation) à l’école primaire
alors que cette relation n’était pas observée avec les réponses des
femmes au questionnaire de consommation (Eichler et coll.,
2018

).
Concernant les liens avec l’état néonatal, une étude en Corée du
Sud, sur des naissances de 2016, montre une association très
significative entre un dosage positif de FAEES sur du méconium de la
première journée de vie et la morphologie du nouveau-né, notamment
la taille et le périmètre crânien inférieurs au 10
e
percentile (ainsi que la taille, le périmètre crânien et le poids de
naissance inférieurs au 10
e percentile) après ajustement
sur des tiers facteurs connus pour être liés au retard de croissance
intra-utérin (Lee et coll., 2018

).
Une étude pilote, conduite en Écosse, a testé le dosage des FAEEs et
de l’EtG dans le méconium des 48 premières heures de vie comme
indicateur d’EPA sur un ensemble de 235 nouveau-nés. Les femmes
étaient interrogées en suites de couches sur la fréquence et la
quantité de boissons alcoolisées consommées durant la grossesse
(Abernethy et coll., 2017

). Alors que seules 3 % des femmes
répondaient avoir bu des boissons alcoolisées, toutes en faible
quantité, des FAEES étaient retrouvés dans tous les échantillons de
méconium et dans 42 % des cas avec un seuil supérieur à 600 ng/g ;
l’EtG était détecté dans 40 % des cas, et au seuil supérieur à
30 ng/g dans 15 %. Les auteurs témoignaient d’une bonne faisabilité
et d’une bonne acceptabilité de l’étude par les femmes et par les
soignants. Ils concluaient sur le constat qu’« au moins 15 % des
femmes enceintes en (à l’ouest de l’) Écosse consomment des
quantités significatives d’alcool en fin de grossesse », ce qui
étaient bien supérieur à l’estimation produite par les réponses des
femmes ».
En France, une étude, conduite au sein du réseau de santé périnatale
de Haute-Normandie, incluant 642 naissances en 2011, avait également
comparé le résultat de dosage de l’EtG dans le méconium des 72
premières heures et les réponses des femmes sur leurs comportements
à l’égard de plusieurs substances psychoactives en fin de grossesse,
notamment l’alcool et le tabac (Lamy et coll.,
2017

).
Concernant les boissons alcooliques, 3,7 % [2,3-5,0] des femmes
disent en avoir consommé et pour 2,9 % des échantillons [1,6-4,3] le
dosage d’EtG est supérieur à 40 ng/g, démontrant des fréquences
assez voisines. Cependant, la concordance est très mauvaise, avec un
coefficient kappa – qui mesure si les valeurs concordent pour les
mêmes sujets – faible, égal à 0,025 [-0,08 à 0,13], les femmes pour
lesquelles le biomarqueur est positif ne sont pas celles qui ont
répondu avoir consommé des boissons alcoolisées. De plus, les
échantillons de méconium ayant les niveaux les plus élevés d’EtG
correspondaient principalement à des auto-déclarations maternelles
négatives. Sur le même ensemble de femmes, la concordance entre les
réponses quant à l’usage du tabac et le biomarqueur de la nicotine
était bien meilleure, avec un kappa de 0,79 [0,73-0,85]. Les auteurs
suggèrent que les femmes conscientes de l’effet nocif de l’alcool ne
déclarent leur consommation pendant la grossesse que si elle est de
faible quantité ; en cas de fortes consommations, les femmes peuvent
être effrayées par d’éventuelles conséquences légales, même si les
médecins en France ne sont pas tenus de déclarer la consommation
d’alcool ou de substances psychoactives par les femmes
enceintes.
Comme mentionné plus haut, les auteurs s’accordent à dire que la
meilleure validité du repérage de l’exposition prénatale à l’alcool
est assurée par des dosages sur le méconium. Toutefois, ces dosages
apportent leur réponse tardivement lorsque la grossesse est
terminée. Si des données biologiques sont attendues à des fins de
prévention ou d’informations ciblées, il faut recourir à d’autres
supports biologiques, maternels, pour tester la présence de
biomarqueurs de l’alcool. Howlett et coll.
(2017

)
ont réalisé une revue de littérature visant à comparer la fréquence
d’EPA assez tôt durant la grossesse selon que l’information
provenait des réponses des femmes à des questionnaires spécifiques
de consommation d’alcool (AUDIT, TWEAK) ou de dosages sanguins de
marqueurs directs (PEth) et indirects (notamment GGT et
transaminases). Les études incluses dans la revue, publiées entre
1983 et 2015, disposaient à la fois des données de questionnaire et
des données de biomarqueurs. Les biomarqueurs sanguins s’avéraient
d’un intérêt limité quant au dépistage pour les consommations
faibles à modérées d’alcool. Les auteurs concluaient que le dosage
de PEth pouvait, en complément de la déclaration des intéressées,
aider au dépistage de la consommation d’alcool pendant la grossesse
mais qu’aucun biomarqueur pris isolément ne peut être recommandé
pour se substituer à la déclaration des femmes dans l’état actuel
des connaissances et des techniques.
Des travaux sur d’autres matrices biologiques maternelles, comme les
urines, les cheveux ou les ongles ont été publiés, portant sur des
populations différentes et souvent avec des échantillons de petite
taille. Ils observent également une sous-estimation de l’EPA par les
questionnaires de consommation comparée aux dosages de biomarqueurs
et la mauvaise concordance des deux procédés de classement
(Ferraguti et coll., 2017

; May et coll.,
2018

).
Ils remarquent, comme l’étude sur le méconium en France, que les
déclarations des femmes en matière de consommation de tabac sont
plus fiables – c’est-à-dire concordantes avec les biomarqueurs – que
celles relatives aux boissons alcoolisées (Symon et coll., 2017 ;
Gomez-Roig et coll., 2018

).
Enfin, il faut évoquer le placenta. Des avancées récentes sur la
caractérisation d’un axe fonctionnel placenta/cerveau, impliqué dans
le contrôle de l’angiogenèse cérébrale du fœtus, ouvrent la voie à
l’identification de biomarqueurs placentaires d’atteinte cérébrale
d’un nouveau type (Sautreuil et coll.,
2019

).
Cette nouvelle génération de biomarqueurs ciblerait directement
l’atteinte neuro-développementale, et non l’alcoolisation maternelle
(Lecuyer et coll., 2017

).
L’utilité d’un usage en routine de biomarqueurs de l’EPA n’est pas
démontrée même si son intérêt ou sa pertinence diagnostique est
reconnue par plusieurs auteurs, qui débattent des enjeux juridiques
et éthiques de l’utilisation de test de biomarqueurs comme
instrument de dépistage (Dickens,
2011

;
Zizzo et coll., 2013

). L’attention est attirée sur les
conséquences des erreurs (faux positifs et faux négatifs) produites
par le test : le perfectionnement des méthodes d’analyse du méconium
et l’élaboration de stratégies de dépistage de deuxième niveau,
telles que des entretiens approfondis avec les mères sur la
consommation d’alcool pendant la grossesse, sont nécessaires avant
que le dépistage ne soit largement appliqué. Les auteurs affirment
également leurs préoccupations liées à la divulgation de
renseignements de nature sensible – risque de stigmatisation et
discrimination – ainsi que l’accessibilité limitée à des traitements
ou prises en charge pour les femmes et leur nouveau-né dépisté
positif (Zizzo et coll., 2013

).
Cette abondante littérature scientifique autour des biomarqueurs de
l’EPA témoigne de la difficulté des professionnels de santé à faire
face à ce comportement de consommation assez fréquent, surtout en
début de grossesse, et de la volonté collective qu’il y a à
identifier un seuil d’innocuité. La recommandation « Zéro Alcool »,
adoptée par les associations de professionnels dans de nombreux
pays, obéit au principe de précaution, qui provient de
l’impossibilité d’identifier et de définir – en population humaine –
un seuil de consommation en deçà duquel l’embryon, puis le fœtus
n’encourrait aucun excès de risque attribuable à cette consommation.
Soit un tel seuil n’existe pas – dès le premier verre, le risque est
augmenté –, soit il existe et les travaux disponibles à ce jour ne
permettent pas sa définition précise. Le « Zéro alcool » est un
message simple face à une réalité du risque éminemment complexe à
quantifier compte tenu de la vulnérabilité différente selon l’âge de
la grossesse, d’un effet potentiel plus délétère de pics de
consommation à dose cumulée égale. Aux difficultés à quantifier
l’EPA avec précision s’ajoutent une très probable susceptibilité
individuelle d’origine génétique et des variabilités d’effet selon
l’âge et le statut nutritionnel des femmes enceintes (Toutain et
Germanaud, 2016

).
Réduire la consommation d’alcool pendant la
grossesse : différentes actions mises en place afin de parvenir à
l’objectif « Zéro alcool »
De très nombreuses études, de nature très différente et de qualité
variable, relatent des observations ou évaluent des expériences
visant à réduire la consommation d’alcool dès le début de la
grossesse. Il est difficile de dresser une synthèse de ces travaux.
Certaines études, surtout parmi les plus récentes, s’intéressent à
la période qui précède la conception, avec un objectif d’éducation
sanitaire associant le risque de devenir enceinte, la santé sexuelle
(contraception, prévention des MST) et le danger lié à l’alcool en
cas de grossesse débutante.
Une revue, publiée en 2015 (Crawford-Williams et coll.,
2015

),
dressait un bilan de 7 études qui avaient évalué l’efficacité de
campagnes « grand public », sous forme d’affiches, brochures, spots
radio, TV, DVD, centrées sur les risques liés à la consommation
d’alcool pendant la grossesse. Globalement, les résultats étaient
concluants et positifs quant au niveau des connaissances des femmes
mais pas significatifs sur le niveau de consommation (arrêt ou
réduction).
Diverses actions ont été développées avec le recours à internet et
aux réseaux sociaux, permettant des modalités d’action plus
dynamiques et ciblées. Une intervention par internet, CARRII
(Contraception et réduction des risques liés à l’alcool Intervention
sur internet) a été développée avec l’objectif de réduire le risque
de grossesse exposée à l’alcool. Dans le cadre d’un essai contrôlé
randomisé, où les femmes du groupe « intervention » ont été
comparées à un groupe exposé simplement à une campagne d’éducation à
la santé, Ingersoll et coll. (2018

) ont montré une efficacité de
l’intervention, avec des résultats plus encourageants que la
campagne statique d’éducation sanitaire. L’efficacité était moins
nette pour la consommation d’alcool que pour le taux de rapport
sexuel non protégé. Toutefois, ils ont estimé que le risque
d’exposition prénatale à l’alcool était de 67 % avant
l’intervention, 32 % 9 semaines après et 30 % 6 mois après. Entre 9
semaines et 6 mois après l’intervention, la fréquence de
consommation à risque dans le groupe observé, augmentait à nouveau
de 50 % à 58 %, elle était de 75 % avant l’intervention. Cette étude
pilote portait sur un petit effectif et ses résultats soulèvent la
question de la durée d’efficacité des messages ou recommandation de
prévention en ce domaine.
L’impact de la teneur des messages sur leur efficacité a été étudié
en comparant des groupes de femmes exposées à des messages
différents quant à la nécessité de cesser de consommer de l’alcool
pendant la grossesse (France et coll.,
2014

).
Trois groupes étaient constitués selon le modèle suivant : 1) autour
d’un concept d’auto-efficacité : capacité à cesser de boire de
l’alcool dès le début de la grossesse ; 2) concept de menace :
information sur le risque médical pour l’enfant à naître en cas
d’ingestion de boissons alcoolisées ; 3) concept combinant les deux
composantes, et enfin un groupe contrôle qui était exposé à un
message sur les risques liés à l’alcool, en général, sans mention de
l’état de grossesse. L’étude, réalisée en Australie, a inclus
354 femmes en âge de maternité. Les concepts contenant un appel à la
menace ont été beaucoup plus efficaces pour augmenter les intentions
des femmes de s’abstenir de consommer de l’alcool pendant la
grossesse que le message d’auto-efficacité et le contrôle. Le
concept combinant la menace et l’auto-efficacité est recommandé par
les auteurs, pour une diffusion dans le cadre d’une campagne
médiatique à large échelle, car la combinaison a un bon potentiel de
persuasion, elle offre un équilibre entre les réactions
émotionnelles positives et négatives et est peu susceptible
d’entraîner des conséquences défensives ou adverses.
Parmi les initiatives visant à réduire la consommation au moment
d’une grossesse, un groupe réseau Facebook a été initié en
Nouvelle-Zélande, intitulé «
Don’t know? Don’t drink », avec
une vidéo et des bannières donnant des messages de prévention contre
l’alcool pour les femmes possiblement enceintes. Parackal et coll.
(2017

)
ont tenté d’évaluer l’impact d’un tel réseau. Le site était très
visité, approuvé par de nombreux
likes et le nombre de
partages était jugé satisfaisant. L’analyse des commentaires
montrait qu’ils étaient plus souvent négatifs que positifs, voire
hostiles. Même si les auteurs expliquent qu’en parler et faire
réagir peut laisser un souvenir qui pourra être mobilisé utilement
le moment venu, ils discutent les limites de ce type de campagne,
notamment le sens unique de communication et l’impossibilité, par
ailleurs, d’évaluer une telle campagne.
D’autres actions s’adressent à des femmes enceintes, identifiées
comme consommatrices d’alcool, avec l’objectif de les soutenir dans
la non-consommation. Ainsi une recherche-action, intitulée «
My
baby’s breath », financée par la fondation «
Healthy
brain for children », a été conduite dans un comté de l’État
du Minnesota, un des États des États-Unis ayant adopté une loi
d’engagement civil pour obliger le ministère de la Santé et des
Services sanitaires à rendre compte de la consommation d’alcool
pendant la grossesse (Washio et coll.,
2017

).
Les femmes enceintes étaient incitées à remettre chaque jour un
échantillon d’air expiré contre un montant d’argent, totalisé sous
forme de carte cadeau. Le montant variait à la hausse avec la durée,
pour inciter à l’observance et à l’assiduité. Un bonus significatif
était ajouté pour les femmes qui avait appliqué le programme toute
la grossesse (au moins 90 % du temps), un maximum de 1 300 dollars
pouvait être atteint. Ce type d’action est très local et appelle un
grand investissement à la fois financier et en logistiques de
proximité (organisation, guichet accessible aux intéressées...).
Outre des expériences locales, de type recherche-actions, des actions
internationales sont également développées telle que la campagne
internationale «
Too young to drink » qui visait à attirer
l’attention du public sur le risque de SAF, diffusée
via les
réseaux sociaux (Facebook, twitter #FASD, #tooyoungtodrink) dans 13
pays. En réunissant de nombreux partenaires et associations pour
communiquer autour du TCAF, l’objectif était de diffuser
l’information sur la dangerosité de l’exposition prénatale à
l’alcool, en ayant recours à des supports visuels et interactifs
capables de capter l’attention d’un large public (Bazzo et coll.,
2017

). Les auteurs souhaitent que soient menées des études pouvant
évaluer l’impact de ce type de campagne.
En France, une étude a analysé les discussions de 40 femmes enceintes
échangeant sur divers forums internet en 2014 et 2015 (Toutain,
2017

).
Les résultats montraient que les connaissances des femmes sur le
risque étaient améliorées par rapport à 2008 ou 2010 et que leur
préoccupation principale concernait l’expérience d’une alcoolisation
ponctuelle importante (API) avant de se savoir enceinte. Les femmes
négocient le risque à partir de leurs savoirs, de leurs croyances et
des normes perçues, ce qui souligne la nécessité de campagnes
ciblant les risques encourus par les femmes ayant un projet de
grossesse en cas d’API.
Réduire la consommation d’alcool pendant la
grossesse :
le rôle crucial des équipes médicales dans
l’information
et le dépistage
En France, la vigilance des équipes soignantes ou des médecins
généralistes que les femmes consultent durant la grossesse n’est pas
aussi importante pour les boissons alcoolisées que pour le tabac.
Les données de la dernière enquête nationale périnatale (Blondel et
coll., 2017b

)
montrent que la question relative à la consommation de boissons
alcoolisées a été posée par les soignants (médecins ou sages-femmes)
à 67 % des femmes pendant leur grossesse alors que celle sur la
consommation de tabac a été posée plus souvent, à 80 % des femmes.
Globalement, 29 % des femmes ont déclaré avoir reçu la
recommandation de ne pas consommer d’alcool tandis que parmi les
femmes fumeuses, 46 % disaient avoir reçu des conseils ou des
propositions d’aide pour cesser de fumer (Blondel et coll.,
2017a

).
Une étude auprès de médecins généralistes indique que 61 % d’entre
eux déclarent systématiquement interroger les femmes enceintes sur
leur consommation d’alcool et 77 % recommandent l’arrêt total de la
consommation pendant la grossesse (Andler et coll.,
2018

). En
outre, 43 % des médecins considéraient qu’une consommation
occasionnelle d’un verre d’alcool est un risque acceptable et 18 %
que ce niveau de consommation est sans risque pour la grossesse.
D’après les données du Baromètre santé 2017, parmi les mères
d’enfant de cinq ans ou moins, 65 % (IC 95 % [62 %-68 %]) ont
déclaré que le médecin ou la sage-femme les ayant suivies lors de
leur dernière grossesse les avaient informées des répercussions
éventuelles de la consommation d’alcool sur la grossesse.
Une revue narrative, incluant 9 études conduites dans différents
pays, dresse un tableau des freins rencontrés dans les maternités en
matière de prévention vis-à-vis de la consommation d’alcool et
d’autres substances (Oni et coll.,
2018

).
Sept thèmes-clés ressortent de l’analyse des données d’entretiens :
1) des priorités concurrentes et des contraintes de temps, 2) un
manque de compétences adéquates et de protocole clair pour la prise
en charge des femmes qui consomment des boissons alcoolisées, 3) le
désir de ne pas altérer ou de préserver une bonne qualité de
relations entre les soignants et les patientes, 4) l’influence des
perceptions des soignants sur le rôle de l’alcool pendant la
grossesse, 5) l’opinion selon laquelle il y a sous-déclaration, déni
ou fausse divulgation de la part des patientes à ce propos, 6) le
manque de certitudes des soignants quant au risque, le niveau de
risque et la dose de toxicité, 7) la préoccupation des soignants à
ne pas vouloir accroître l’anxiété ou la culpabilité des femmes en
investiguant cette question dans la relation clinique. Les auteurs
insistent sur la nécessité que les équipes soient plus enclines au
dépistage (par des questions posées aux femmes) et proposent de
développer des stratégies centrées autour des patientes. Ils
demandent que l’efficacité des pratiques de dépistage soit évaluée
validement.
Conclusion
Dans l’état actuel de la littérature, nous ne disposons pas de preuve
scientifique justifiant le « zéro alcool pendant la grossesse ».
Comme évoqué plus haut, il s’agit d’un élément de précaution et de
raison, lié à l’impossibilité à définir un seuil d’innocuité. Deux
études épidémiologiques prospectives, publiées en 2019, illustrent
dans leurs conclusions le passage difficile entre les données
d’observation et des recommandations de santé publique. La première,
sur un très large échantillon à Dublin, en Irlande (Reynolds et
coll., 2019

), n’observe pas de différences dans l’état néonatal – poids de
naissance, périmètre crânien et retard de croissance intra-utérin –
entre un groupe de femmes ayant déclaré aucune consommation d’alcool
et un groupe de femmes ayant déclaré une légère consommation. Alors
que les résultats indiquent un excès de risque pour le petit groupe
de femmes à consommation modérée et forte et des résultats
intermédiaires pour des femmes ayant déclaré des alcoolisations
occasionnelles. Les auteurs se montraient rassurants en concluant
ainsi : « Cependant, les femmes qui consommaient de faibles
quantités en début de grossesse peuvent être rassurées que leur
consommation d’alcool n’avait pas impacté défavorablement la
croissance de leur bébé ». La seconde étude, réalisée au Danemark, à
l’aide des données de la
Danish National Birth Cohort, est
fondée sur le dépistage du SAF ou du TCAF ; les chercheurs ont
classé des enfants par photos digitales (Kesmodel et coll.,
2019

).
Ils ont identifié 10 cas sur 670 pour lesquels ils disposaient de
données sur les consommations d’alcool, collectées pendant la
grossesse. Leurs résultats montraient un excès de risque
significatif pour les différentes modalités de consommation
retenues, y compris dès un seul épisode d’alcoolisation importante,
dans les toutes premières semaines de gestation. Ces auteurs
concluaient ainsi : « ces résultats suggèrent que des niveaux
d’exposition prénatale à l’alcool, faible à modérée, ou une
exposition isolée à une alcoolisation importante peut placer
certains fœtus à risque de SAF ou de TCAF. En conséquence, une
recommandation de prudence conservative est encore de s’abstenir de
toute consommation d’alcool pendant la grossesse ».
Les spécialistes de cette question s’accordent à écrire qu’il faut
améliorer les pratiques cliniques de dépistage des enfants atteints.
Le dépistage universel à l’aide de biomarqueurs n’apparaît pas la
bonne solution. Toutefois, l’analyse du méconium apporte des
éléments très utiles et pourrait être considérée à des fins de
surveillance sanitaire ou en aide à des prises en charge dans des
situations très ciblées. Pour des raisons éthiques et d’efficacité,
l’usage des biomarqueurs et de leurs résultats doit s’accompagner
d’entretiens approfondis avec les mères sur la consommation d’alcool
pendant la grossesse.
Il convient de développer une stratégie systématique de repérage,
sous forme d’arbre de décision (Goh et coll.,
2016

) :
par exemple, les parents remplissent un questionnaire ; si les
réponses conduisent à un repérage considéré comme « positif », on
poursuit par une mesure du score de quotient intellectuel (QI) dès
que possible selon l’âge, et au même stade ou un peu plus tard un
praticien spécialiste des TCAF procède à un examen très complet de
l’enfant. Une approche de type
Intervention mapping protocol
est proposée, consistant à élaborer et appliquer un protocole avec
des étapes précises et détaillées dans chaque collectif de soignants
(Roozen et coll., 2016

). Des formations répétées des équipes,
sur la gravité du TCAF et la fréquence de l’exposition au risque,
apparaissent nécessaires afin que l’intérêt et la dynamique suscités
lors d’une première formation ne s’épuisent pas avec le temps.
La nécessité de la formation, et du maintien des efforts de formation
des pédiatres, des équipes cliniques autour de la naissance, des
sages-femmes et des médecins généralistes, est fortement affirmée
(Davis et coll., 2017

; Mitchell et coll.,
2018

;
Reid et coll., 2019

). Les équipes soignantes, organisées dans
notre pays en réseaux périnatals ou réseaux de pédiatrie, doivent
entretenir les connaissances et les formations de leurs membres pour
optimiser les repérages et les prises en charge spécifiques. Outre
les médecins, des psychomotricien/nes, psychologues, puéricultrices,
infirmier/es spécialisé/es, ergothérapeutes et éducateurs/trices
sont partie prenante de ces équipes et doivent bénéficier et
contribuer à cette formation et sensibilisation. Les enfants
atteints peuvent grandir dans des familles vulnérables ou
socialement précaires ou bien être confiés aux services de l’aide
sociale à l’enfance ; leur handicap lié aux TCAF peut se cumuler
avec les pathologies plus fréquentes dans ce contexte (pathologies
chroniques, obésité, malnutrition, par exemple).
L’effort de prévention primaire doit être renforcé, notamment à
destination des jeunes gens, hommes et femmes, afin qu’ils soient
informés dès l’adolescence des risques liés à la consommation
d’alcool, en général, ainsi qu’au risque spécifique en cas de
grossesse débutante, risque existant tout au long de la grossesse et
en cas d’allaitement.
Références
[1] Abernethy C, McCall KE, Cooper G, et al . Determining the pattern and prevalence of
alcohol consumption in pregnancy by measuring biomarkers
in meconium.
Arch Dis Child Fetal Neonatal
Ed. 2017;
103:F216
-F20
[2] Andler R, Cogordan C, Richard JB, et al . Consommation d’alcool et de tabac durant
la grossesse.
In: Baromètre santé 2017 – Alcool et
tabac.
Saint Maurice:Santé Publique
France;
2018;
[3] Bager H, Christensen LP, Husby S, et al . Biomarkers for the detection of prenatal
alcohol exposure: a review.
Alcohol Clin Exp Res. 2017;
41:251
-61
[4] Bazzo S, Black D, Mitchell K, et al . ‘Too Young To Drink’. An international
communication campaign to raise public awareness of
fetal alcohol spectrum disorders.
Public Health. 2017;
142:111
-5
[5] Blondel B, Gonzales L, Reynaud P. Enquête nationale périnatale. Les
naissances et les établissements. Situation et évolution
depuis 2010.
Paris:Drees;
2017a.
[6] Blondel B, Coulm B, Bonnet C, et al . Trends in perinatal health in
metropolitan France from 1995 to 2016: results from the
French national perinatal surveys.
J Gynecol Obstet Hum Reprod. 2017b;
46:701
-13
[7] Bracero LA, Maxwell S, Nyanin A, et al . Improving screening for alcohol
consumption during pregnancy with
phosphatidylethanol.
Reprod Toxicol. 2017;
74:104
-7
[8] Cabarcos P, Alvarez I, Tabernero MJ, et al . Determination of direct alcohol markers:
a review.
Anal Bioanal Chem. 2015;
407:4907
-25
[9]Cour des comptes. Les politiques de lutte contre les
consommations nocives d’alcool.
France.
Cour des comptes;
2016;
262p.
[10] Crawford-Williams F, Fielder A, Mikocka-Walus A, et al . A critical review of public health
interventions aimed at reducing alcohol consumption
and/or increasing knowledge among pregnant
women.
Drug Alcohol Rev. 2015;
34:154
-61
[11] Davis AS, Hoover KL, Moore BM, et al . Neuropsychological aspects of prevention
and intervention for FASD in the USA.
J Pediatr Neuropsychol. 2017;
3:7
-24
[12] Dickens BM. Legal and ethical considerations in
meconium testing for fetal exposure to
alcohol.
J Popul Ther Clin Pharmacol. 2011;
18:e471
-4
[13] Eichler A, Hudler L, Grunitz J, et al . Effects of prenatal alcohol consumption
on cognitive development and ADHD-related behaviour in
primary-school age: a multilevel study based on meconium
ethyl glucuronide.
J Child Psychol Psychiatry. 2018;
59:110
-8
[14] Eichler A, Grunitz J, Grimm J, et al . Did you drink alcohol during pregnancy?
Inaccuracy and discontinuity of women’s self-reports: on
the way to establish meconium ethyl glucuronide (EtG) as
a biomarker for alcohol consumption during
pregnancy.
Alcohol. 2016;
54:39
-44
[15] Ferraguti G, Ciolli P, Carito V, et al . Ethylglucuronide in the urine as a marker
of alcohol consumption during pregnancy: comparison with
four alcohol screening
questionnaires.
Toxicol Lett. 2017;
275:49
-56
[16] France KE, Donovan RJ, Bower C, et al . Messages that increase women’s intentions
to abstain from alcohol during pregnancy: results from
quantitative testing of advertising
concepts.
BMC Public Health. 2014;
14:30.
[17] Goh PK, Doyle LR, Glass L, et al . A Decision tree to identify children
affected by prenatal alcohol
exposure.
J Pediatr. 2016;
177:121
-127.e1
[18] Gomez-Roig MD, Marchei E, Sabra S, et al . Maternal hair testing to disclose
self-misreporting in drinking and smoking behavior
during pregnancy.
Alcohol. 2018;
67:1
-6
[19] Howlett H, Abernethy S, Brown NW, et al . How strong is the evidence for using
blood biomarkers alone to screen for alcohol consumption
during pregnancy? A systematic
review.
Eur J Obstet Gynecol Reprod
Biol. 2017;
213:45
-52
[20] Ingersoll K, Frederick C, MacDonnell K, et al . A pilot RCT of an Internet intervention
to reduce the risk of alcohol-exposed
pregnancy.
Alcohol Clin Exp Res. 2018;
42:1132
-44
[21] Janczewska I, Wierzba J, Cichon-Kotek M, et al . Fetal alcohol spectrum disorders:
diagnostic difficulties in the neonatal period and new
diagnostic approaches.
Dev Period Med. 2019;
23:60
-6
[22] Joya X, Friguls B, Ortigosa S, et al . Determination of maternal-fetal
biomarkers of prenatal exposure to ethanol: a
review.
J Pharm Biomed Anal. 2012;
69:209
-22
[23] Kesmodel US, Nygaard SS, Mortensen EL, et al . Are low to moderate average alcohol
consumption and isolated episodes of binge drinking in
early pregnancy associated with facial features related
to fetal alcohol syndrome in five-year-old
children?.
Alcohol Clin Exp Res. 2019;
43:1199
-212
[24] Lamy S, Hennart B, Houivet E, et al . Assessment of tobacco, alcohol and
cannabinoid metabolites in 645 meconium samples of
newborns compared to maternal
self-reports.
J Psychiatr Res. 2017;
90:86
-93
[25] Lange S, Shield KD, Koren G, et al . A comparison of the prevalence of
prenatal alcohol exposure obtained via maternal
self-reports versus meconium testing: a systematic
literature review and meta-analysis.
BMC Pregnancy Childbirth. 2014;
14:127.
[26] Lecuyer M, Laquerriere A, Bekri S, et al . PLGF, a placental marker of fetal brain
defects after in utero alcohol
exposure.
Acta Neuropathol Commun. 2017;
5:44.
[27] Lee HS, Kim YH, Kwak HS, et al . Association of fatty acid ethyl esters in
meconium of neonates with growth deficits at birth: a
prospective, single-centre cohort
study.
J Korean Med Sci. 2018;
33:e318.
[28] May PA, Hasken JM, Vries MM de, et al . A utilitarian comparison of two alcohol
use biomarkers with self-reported drinking history
collected in antenatal clinics.
Reprod Toxicol. 2018;
77:25
-32
[29] Mitchell AM, King DK, Kameg B, et al . An Environmental scan of the role of
nurses in preventing fetal alcohol spectrum
disorders.
Issues Ment Health Nurs. 2018;
39:151
-8
[30] Oni HT, Buultjens M, Abdel-Latif ME, et al . Barriers to screening pregnant women for
alcohol or other drugs: a narrative
synthesis.
Women Birth. 2018;
32:479
-86
[31] Parackal M, Parackal S, Eusebius S, et al . The use of Facebook advertising for
communicating public health messages: a campaign against
drinking during pregnancy in New
Zealand.
JMIR Public Health Surveill. 2017;
3:e49.
[32] Reid N, Gamble J, Creedy DK, et al . Benefits of caseload midwifery to prevent
fetal alcohol spectrum disorder: a discussion
paper.
Women Birth. 2019;
32:3
-5
[33] Reynolds CME, Egan B, O’Malley EG, et al . Fetal growth and maternal alcohol
consumption during early pregnancy.
Eur J Obstet Gynecol Reprod
Biol. 2019;
236:148
-53
[34] Roozen S, Black D, Peters GY, et al . Fetal alcohol spectrum disorders (FASD):
an approach to effective prevention.
Curr Dev Disord Rep. 2016;
3:229
-34
[35] Sautreuil C, Laquerriere A, Lecuyer M, et al . Fetal alcohol exposure: when placenta
would help to the early diagnosis of child brain
impairments.
Med Sci (Paris). 2019;
35:859
-65
[36] Toutain S. Concilier « Zéro alcool pendant la
grossesse » et alcoolisation ponctuelle importante des
premières semaines. Une enquête qualitative sur des
forums de discussion.
Bull Épiddemiol Hebd. 2017;
11:207
-12
[37] Toutain S, Germanaud D. Exposition prénatale à l’alcool et
troubles causés par l’alcoolisation
foetale.
In: Inserm, editors.
Déficiences intellectuelles.
Collection Expertise collective.
Paris:Éditions Inserm;
2016.
p. 363
-411
[38] Washio Y, Frederick J, Archibald A, et al . Community-initiated pilot program “My
Baby’s Breath” to reduce prenatal alcohol
use.
Del Med J. 2017;
89:46
-51
[39] Zizzo N, Di Pietro N, Green C, et al . Comments and reflections on ethics in
screening for biomarkers of prenatal alcohol
exposure.
Alcohol Clin Exp Res. 2013;
37:1451
-5
→ Aller vers SYNTHESE