Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
III.
Réduction des risques et des dommages, et stratégies de prise en charge des
consommateurs
2021
15-
Réduction des risques
et des dommages appliquée
à
l’alcool
La réduction des risques (RDR) comme principe de santé (Neale et coll.,
2005

) est
apparue à partir des années 80 dans le champ de la « toxicomanie ». Les
pays européens se sont engagés progressivement et de façon inégale dans
cette modalité d’intervention, en réponse à l’épidémie du sida qui en
était le moteur principal (Marlatt,
1996

). En
France, sa mise en place débute pratiquement avec le décret du 13 mars
1987 de Mme Michèle Barzach, permettant la vente libre de seringues en
pharmacie. Ce texte a été l’acte fondateur de la RDR française. La
politique de réduction des risques est maintenant encadrée par divers
décrets, arrêtés et circulaires adoptés progressivement depuis les
années 1987, puis essentiellement à partir de la loi
n
o 2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé
publique qui définit un cadre de référence pour les activités de
réduction des risques, suivie de décrets d’applications (décret
n
o 2005-347 du 15 avril 2005 approuvant le référentiel
national des actions de RDR, décret n
o 2005-1606 du
19 décembre 2005 relatif aux missions des CAARUD [Centre d’accueil et
d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de
drogues], décret n
o 2007-877 relatif aux missions des CSAPA
[Centres de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie],
circulaire DGS/MC2M2008/79 du 28 février 2008).
La loi n
o 2016-41 du 26 janvier 2016 dite de Modernisation du
Système de Santé renforce le principe en dépassant le seul risque
infectieux, élargit le périmètre de la RDRD
1
Le terme « Harm Reduction » a longtemps
été traduit par le terme de réduction des risques (RDR) en
français, complété depuis quelques années par le terme de
réduction des risques et des dommages (RDRD) pertinent en
matière d’alcool et que nous retiendrons
ici.
à l’ensemble des substances
psychoactives, et valide les actions des intervenants par l’autorisation
des salles de consommations à moindres risques par exemple.
On constate aussi l’inclusion, à mesure des années, de la réduction des
risques dans le champ des recommandations des instances internationales
(Organisation mondiale de la santé, ONU-sida, l’Office des Nations Unies
contre la Drogue et le Crime). On la retrouve aussi dans le document de
préparation de l’UNGASS (United Nations General Assembly Special
Session on the World Drug Problem) d’avril 2016. Malgré cette
présence croissante et cette visibilité accrue, elle reste débattue
voire combattue dans un certain nombre de pays pour lesquels la « guerre
à la drogue » ne supporte aucun aménagement, et où est interdite toute
réflexion de fond sur la place des substances dans et pour
l’humanité.
Dans sa logique initiale, la RDRD s’est consacrée aux usagers de drogues
(UD) pour limiter les contaminations par le VIH (Coppel,
2016

) et a
montré son efficacité et les effets positifs pour les usagers.
De nombreux travaux et de nombreux outils ont été mis en œuvre dans ces
30 dernières années et ce principe de santé s’est généralisé dans de
nombreuses situations, dans l’usage des différentes drogues bien sûr
avec la prévention de la contamination par le VHC (virus de l’hépatite
C) chez les fumeurs de crack, par l’arrivée des vapoteurs, etc. mais
aussi pour offrir des perspectives nouvelles d’intervention dans
différents champs de santé publique.
D’un point de vue thérapeutique, le sevrage n’est plus le seul objectif
du soin. La RDRD propose une palette de possibilités, de la prise en
charge de problèmes somatiques à l’offre d’outils de prévention,
l’aménagement des consommations et l’aide à gérer des problèmes de
dépendance (par une substitution) ou au « simple » accompagnement
social. Du point de vue de la prévention, ces méthodes s’écartent du
«
just say no2
» des campagnes de
prévention primaire, et préfèrent le «
security
first3
» ou le «
safety
first » pour prévenir les problèmes de santé. Le pragmatisme
s’impose : la question n’est plus celle du « pourquoi » mais celle du
« comment faire ici et maintenant » pour parer à l’urgence et améliorer
la situation des individus. La prise en compte des sujets est par
ailleurs posée comme centrale : les consommateurs sont placés au centre
de la décision et considérés comme les premiers « acteurs de leur
santé », rien ne pouvant se faire sans eux (Lalande,
2017

).
En matière d’alcool, la RDRD s’est imposée plus tardivement, lorsque des
liens forts ont été prouvés entre risques et quantité d’alcool
consommé : l’atténuation des dommages est proportionnelle à la baisse
des consommations (Maremmani et coll.,
2015

). Cet
« usage moins nocif de l’alcool », faisant écho à « l’injection à
moindre risque » a été accompagné par la reconnaissance d’un certain
nombre de postures soignantes et d’outils, médicamenteux ou non,
susceptibles d’améliorer la qualité de vie des personnes.
Un principe de santé
La RDRD s’est développée comme technique ou postulat afin d’éviter
une aggravation ou de diminuer les probabilités de survenues de
pathologies dans le champ des drogues.
Il s’agit d’une dimension pragmatique de santé publique (Lert,
1998

).
Elle comporte aussi une dimension politique car elle ne pose pas
comme objectif l’éradication des drogues interdites. Parallèlement,
sur le plan moral, elle rompt avec la condamnation des consommations
et des consommateurs, même si le statut illégal de certains produits
continue de créer des interférences avec les logiques de soin ou
d’accompagnement social (Lalande,
2017

).
Elle construit des attitudes en faisant alliance avec les
compétences et les besoins des usagers : organisation des usagers en
groupes d’auto-support, acceptation de la vérité des chiffres sur la
maladie et l’impuissance à l’arrêter, mise en commun des
connaissances et mise à disposition de nouveaux outils. Les
expériences étrangères ont été précieuses pour faire évoluer la
politique française dans ces directions (Mino,
1994

).
De nombreux auteurs ont insisté sur ces aspects philosophiques,
chacun ayant le droit de vivre, selon la façon qu’il a choisie,
l’usager de drogues restant dans la capacité à « formuler un
jugement sur sa vie » et « ne perdant jamais la faculté de produire
un jugement moral – sur lui-même » (Ogien et Mignon,
1994

).
La RDRD s’appuie donc sur la capacité des usagers à comprendre et à
modifier leur comportement si on leur en donne les moyens. Droit au
plaisir sans risque de mourir devient une évidence à l’époque où le
VIH se répand. Cette affirmation ne peut vivre qu’en admettant
l’impuissance et l’irréalisme de l’interdiction et du sevrage, et de
l’acceptation des choix et des temps de vie de chacun. «
Start
where the client is » impose d’accepter l’autre tel qu’il
est et de construire avec lui une réponse à ses besoins (Vakharia et
Little, 2017

). Ainsi, avoir une vision « chronologique « du parcours de vie »
d’un usager (Coppel, 2016

) doit amener à faire le meilleur choix
(intervention, outil...) à chaque moment de sa vie.
Il faut en déduire une position centrée sur un « ici et maintenant »,
en aidant à aménager la rencontre entre un individu et un produit,
en s’adaptant aux conditions de la consommation (Jauffret-Roustide,
2011

).
Dans ce mouvement, la notion de HRT (
Harm Reduction
Therapy4
« Thérapie de réduction des
risques ».
) apparaît en
1998 (Denning, 1998

) : la thérapie commence là où est le
patient, et l’engagement en soins est le premier objectif. La RDRD
se conçoit comme une prévention – et des interventions – au cours et
tout au long du comportement de consommation (Tatarsky,
2003

),
ce qui implique des adaptations et des techniques différentes selon
les temps de vie de l’usager. Ainsi, « la réduction des risques
n’est pas anti abstinence » (Marlatt,
1996

).
D’autres auteurs insistent sur l’« alternative » que représente la
RDRD face à une méthode classique prohibitionniste (Einstein,
2007

),
sortant la société d’une position d’échec. Récemment, intégrant les
différents modèles de soins, Rothschild a conceptualisé la RDRD
comme la 3
e vague de traitement des addictions après les
époques du traitement moral et du traitement de la maladie
(Rothschild, 2015

).
D’autres concepts ont été développés, tel que le gradualisme
(Kellogg, 2003

) qui construit un pont entre les différentes postures du soin.
« L’approche gradualiste est un enrichissement mutuel entre
l’abstinence et la RDR en mettant l’accent sur les forces
respectives et la complémentarité de ces deux paradigmes »
(Jauffret-Roustide, 2011

).
Ces différents éléments s’intègrent clairement dans une nouvelle
logique sanitaire centrée à l’origine sur l’injection d’héroïne et
la transmission du VIH, dont les développements philosophiques et
pratiques ouvrent rapidement d’autres espaces de réflexion et
d’action.
Développement de la RDRD
La RDRD se conçoit aussi comme un condensé des préventions primaire,
secondaire et tertiaire. Elle tend à diminuer des risques de
différents ordres, ce qui permet par exemple pour les injecteurs
d’héroïne une prise en compte :
• des risques somatiques : accidents, surdoses, contaminations
par le VIH, les virus des hépatites B et C, des bactéries ou
des champignons, etc. ;
• des risques psychiatriques : troubles anxieux, troubles
dépressifs, troubles de l’humeur, psychoses, etc. ;
• des risques sociaux : violences, insécurité routière,
exclusion, précarité ;
• des risques judiciaires : poursuites pénales, incarcération,
etc.
Sur ces bases, la méthode de RDRD a été utilisée afin d’éviter des
accidents ou la constitution de pathologies dans différents autres
domaines (sexuel, routier, en entreprise, suicide...). Elle relève
alors d’une démarche commune dans son approche mais spécifique selon
le domaine concerné par sa mise en œuvre (Morel et coll.,
2012

).
Un des axes centraux de la RDRD « interroger le paradigme de
l’abstinence » permet d’accentuer la coopération avec les
consommateurs, un meilleur accès aux soins et un maintien dans le
soin, une amélioration de la qualité de vie, une baisse de la
morbi/mortalité (Inserm, 2010

).
Ces principes doivent permettre de mieux organiser le dispositif
(Reynaud, 2017

) tout en intégrant les différences géographiques, politiques,
culturelles (Ghandour et coll.,
2016

).
Les déterminants « contextuels » interfèrent fortement avec les
modalités de consommation et de réduction (Allamani,
2018

).
Quelques principes importants scandent l’utilisation et le
développement de la RDRD au-delà de l’usage de drogues et du risque
infectieux (Coppel, 2016

) :
• l’usager est acteur de sa santé ;
• la reconnaissance des droits humains ;
• des principes communs à toute politique de santé
publique ;
• la priorité de santé et la hiérarchie des risques ;
• la promotion de la santé et la participation
communautaire ;
• une offre de services adaptés aux prises de risque ;
• l’exigence de résultats et l’évaluation ;
• des politiques de drogues fondées sur des faits (et au-delà,
des actions dont le bénéfice peut être prouvé).
La RDRD se construit donc avec certains outils « globaux » et
certaines manières pragmatiques d’agir. L’accueil – en particulier
la première rencontre avec un professionnel ou un bénévole – et
l’écoute des usagers est la base (« évaluer là où il est »), puis la
négociation des priorités de l’action permet une approche pratique
et progressive, sans
a priori théorique. Les actions sont
construites avec l’usager, informé et mobilisé, appuyé par un
«
empowerment » des équipes capables d’inventer des
actions spécifiques, même si les professionnels qui interviennent
sont différents selon les pays (Sheridan et coll.,
2018

).
En matière d’alcool, la confrontation entre une RDRD pratique et une
RDRD politique est moins marquée : l’alcool interroge moins la
légalité des interventions. Les tensions se déplacent vers les
différences de valeurs morales et culturelles des différents
acteurs. Les cibles et les outils ne sont pas nécessairement les
mêmes selon si on se place dans des perspectives de santé publique,
de santé individuelle, ou de cadre social et commercial. Avec ces
logiques d’attention et de soins à l’autre, la prise en compte par
la RDRD des consommateurs d’alcool dépendants, pour lesquels l’arrêt
et le «
recovery » ne sont pas immédiatement accessibles, est
devenue une évidence et un continuum dans la prévention et la prise
en charge (Connor et coll., 2016

).
La RDRD en matière d’alcool : justifications
théoriques
Le modèle moral et le modèle de maladie de l’alcoolisme (Jellinek,
1960

)
ont dominé la prévention et le traitement des problèmes liés à
l’alcool depuis les années 1930. L’abstinence est la seule
alternative et les individus abuseurs ou dépendants sont considérés
comme immoraux ou malades (Marlatt et Witkiewitz,
2002

).
On retrouve le «
just say no » utilisé ensuite dans les
problèmes de drogues. Les traitements proposés sont en accord avec
ce regard et le sevrage est le traitement recommandé (HAS,
1999

).
La RDRD « alcool » est venue apporter une nouvelle approche avec 3
objectifs : réduire les dommages liés à l’usage d’alcool ; proposer
une alternative à une approche « zéro tolérance » en lien avec les
besoins de l’individu ; promouvoir l’accès à des services proposant
un accompagnement alternatif aux services traditionnels.
À l’origine de cette évolution se situent un questionnement de Davies
en 1962, et une recherche (Sobell et Sobell,
1973

)
de Linda et Marc Sobell montrant que chez des hommes hébergés en
institution « consommant en excès », une action pour une
consommation modérée était un projet de traitement préférable à
l’abstinence. Ce constat n’a pas été adopté d’emblée, car il
remettait en question les systèmes de soins anglo-saxons basés sur
les 12 étapes (Hodgins, 2005

), et la notion de « perte de contrôle »
justifiant l’abstinence complète.
De fait, ce débat a opposé les professionnels pendant près de 20 ans.
En effet, malgré l’affaiblissement du modèle moral, de nombreux
professionnels défendaient l’idée que « l’alcoolique » avait
définitivement « perdu sa liberté de s’abstenir » et était engagé
dans une auto-destruction. L’abstinence, modèle permettant l’absence
de tout contact avec l’alcool, semblait être le seul moyen de
protéger les buveurs dépendants. Sur ce modèle se sont construits
des thérapies et des systèmes complets de mise à distance du
produit, dans des structures ou dans des groupes avec un
accompagnement rapproché tel que celui proposé par les AA
(Alcooliques Anonymes).
Face à ce concept, des situations cliniques, des études, une
évolution dans la connaissance des processus neurobiologique et
psychologique à l’œuvre, et enfin une prise en compte plus forte des
capacités et désirs des personnes, ont conduit à l’élaboration d’une
attitude d’aménagement de la consommation, préservant au mieux le
présent et le futur des consommateurs.
Progressivement, l’accumulation des données a permis de valider ce
concept (voir
infra). De plus, l’opposition entre des
objectifs d’abstinence et de réduction s’est fortement atténuée
depuis la démonstration de ponts possibles entre les 2 approches
(Maremmani et coll., 2015

), la question importante étant celle du
choix initial et de la temporalité du patient. Prévention, RDRD et
traitement avec sevrage se positionnent ainsi dans une même
logique.
La RDRD peut conduire à proposer une procédure sécurisée
d’utilisation d’une substance psychoactive (en limitant les dommages
par exemple en matière d’injection) (Williams et Norman,
2005

).
Cette posture est logique et se développe en matière d’usage
d’alcool. Notons d’ailleurs que les faibles efficacités des
techniques de sevrage et d’abstinence sont un terreau favorable à
l’impératif de nouvelles approches. Des usagers, leurs proches et
des soignants, confrontés à des comportements répétitifs, lassés de
ne répondre que par l’inutile injonction de stopper, se sont
appropriés l’approche de réduction des risques. Pour de nombreux
patients en effet, arrêter est impossible : la majorité d’entre eux
préfèrent une réduction des consommations («
the patient
preference ») (van Amsterdam et van den Brink,
2013

;
Maremmani et coll., 2015

) et la RDRD dans ce contexte assure un
rôle d’accès aux soins prenant en compte les désirs et capacités de
la personne et a aussi pour objectif d’augmenter le nombre de
patients pris en charge (voir ci-dessous). Pour la moitié des
spécialistes français, ce travail s’engage à la demande du patient
(Luquiens et coll., 2011

).
Boire moins d’alcool pour les personnes ayant une consommation à
risque, réduit de nombreux risques psychologiques, sociaux et
médicaux sur différentes maladies (Aubin,
2017

).
Une revue systématique (Charlet et Heinz,
2016

) a
été réalisée par Katrin Charlet, sur 63 études comportant des
interventions pour la réduction de la consommation d’alcool
(incluant l’abstinence). Ces interventions ont été associées à une
baisse des accidents, des problèmes cardiovasculaires, une
amélioration des paramètres biologiques et des critères
histologiques hépatiques, une normalisation du poids. De plus, des
conséquences favorables sur les syndromes de sevrage, sur la
prévalence des épisodes psychiatriques (dont l’anxiété et la
dépression), sur le nombre d’hospitalisations, sur la qualité de
vie, ont été observées. Un travail australien très récent (Pennay et
coll., 2019

)
montre qu’une évolution favorable est possible en conséquence
d’actions fortes de communication, avec le constat d’une baisse des
consommations ou d’un arrêt de l’alcool entre 2001 et 2013, pour
toutes les tranches d’âge. Les questions de santé sont les raisons
évoquées pour tous les âges, mais aussi des questions de « style de
vie » et de rejet de l’ivresse pour les plus jeunes.
Le bénéfice de cette réduction concerne tous les consommateurs
d’alcool : consommateurs, abuseurs, dépendants, mineurs, hommes ou
femmes (Simpson et coll., 2019

) et les effets sont positifs à la
fois pour les individus et pour la santé publique (WHO,
2012

).
En Europe, malgré les différences politiques et culturelles, les
modalités d’interventions sont souvent proches. Le programme AMPHORA
portant sur 6 pays européens, complète cette affirmation en
démontrant que les décisions politiques ne sont pas seulement
influencées par les constats de consommation dans un pays. Le
changement dans l’évolution de la quantité d’alcool consommée dans
un pays donné (à la baisse ou à la hausse) est autant lié à des
facteurs économiques ou socio-politiques qu’aux décisions
administratives (Allamani et coll.,
2014

).
Dommages potentiels liés à l’alcool (ANPAA et
Commission
des pratiques professionnelles,
2012
;
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire
2013
)
Ils peuvent être de plusieurs types : pour la personne elle-même,
pour l’entourage, pour la société. Ils peuvent être immédiats ou
différés à moyen ou long terme. La liste qui suit
(tableau 15.I

), non
exhaustive, permet de fixer des objectifs d’intervention et
d’amélioration.
Un projet européen (action conjointe pour la réduction des
dommages liés à l’alcool : projet RARHA) réalise un travail
depuis 2014 sur la consommation d’alcool et sur les dommages
liés dans 20 pays. Il a produit des résultats dans 3 axes :
• le « monitoring » a comparé les niveaux de
consommation entre les pays ;
• le « tool kit » a élaboré une liste des actions
utiles pour prévenir les risques liés à l’alcool ;
• les « guidelines » ont ciblé les mesures de santé
publique susceptibles d’agir sur la réduction des
risques « alcool ».
De façon cohérente dans les différents pays, des effets positifs
ont été observés sur le risque de cancer, ensuite sur l’HTA
(hypertension artérielle), la dépression, les troubles
cognitifs, le surpoids et l’addiction elle-même, lors d’une
baisse de plus de 30 grammes d’alcool par jour.
Tableau 15.I Dommages potentiels liés à
l’alcool
Dommages sanitaires*
|
– Hépato-digestifs
– ORL
– Cardiovasculaires
– Endocriniens
– Rhumatologiques et
traumatologiques
– Neuropsychiatriques
– Coma éthylique
– Troubles de la sexualité
– Rapports sexuels à risque
– Syndrome d’alcoolisation fœtale et
autres effets liés à l’alcoolisation
fœtale
– Mortalité précoce
– Cancers, etc.
|
Dommages sociaux
|
– Difficultés d’accès aux dispositifs
sociaux, médico-sociaux et sanitaires de droit
commun et spécialisés
– Perte d’emploi et accidents du
travail
– Conflits familiaux, violences
intrafamiliales
– Difficultés financières
– Isolement social
– Absentéisme scolaire ou
professionnel
– Conséquences judiciaires, notamment
délictuelles et criminelles, etc.
|
Méfaits vécus par
l’entourage
|
– Stress, tensions
– Conflits familiaux
– Difficultés financières, violence,
maltraitance, carences éducatives,
etc.
|
Méfaits vécus par la
société
|
– Troubles de l’ordre
public
– Accidentologie
– Criminalité, délinquance
– Coût sanitaire et social,
etc.
|
* Voir le chapitre « Mortalité, faibles
consommations et effets biologiques » de cette
expertise.
Roerecke a conduit plusieurs méta-analyses mettant en lien la
baisse des consommations chez les personnes ayant un
«
Alcohol Use Disorder5
Trouble de l’usage d’alcool
(TUA).
» (AUD ;
consommation à risque dans cette expertise) et une baisse de la
mortalité. Son travail a porté sur les articles évaluant une
baisse des consommations chez des consommateurs de plus de 2
verres par jour ayant un AUD. Ces études étaient caractérisées
par des interventions, centrées pour la plupart sur la réduction
des consommations (alcool de faible degré, boissons fournies) et
non sur l’abstinence. Les résultats, dose dépendants donc,
comportant un effet seuil de 2 verres, montrent une baisse de
l’HTA et des dommages associés. Les limites de ces études
portent sur les personnes qui au départ buvaient 2 verres ou
moins et les femmes (pour lesquelles les données sont
insuffisantes dans ce travail, mais qui ont été complétées par
l’étude de Simpson en 2018, voir plus haut) (Roerecke et coll.,
2013

; Roerecke et coll., 2017

). Par modélisation en micro
simulations, Rahhali montre une progressivité de l’efficacité
sur les deux modalités de consommations à risques : baisser de
20 jours les jours de forte consommation (HDD) en un an, ou
baisser de 1 unité par jour pour les consommations quotidiennes,
entraîne une baisse significative des accidents, des cirrhoses
et des pathologies ischémiques (Rahhali et coll.,
2015

).
Cependant, s’engager dans le « boire moins » impose la définition
d’une « consommation à risque faible » vers laquelle il faudrait
tendre. Les autorités européennes et américaines ont défini des
objectifs opérationnels « intermediate harm reduction »
pour les européens, « low-risk drinking limits » pour la
FDA.
Même s’il n’y a pas de niveau de consommation sans risque (Réseau
NACRe, 2007

) concernant les risques de cancer,
adopter pour chacun des objectifs de consommations diminuant
l’éventualité d’une maladie ou d’un accident semble en effet
pertinent. De fait, une position commune sur ce risque se
dessine en Europe. L’unité standard de référence représente 10
grammes d’alcool en France, et 11 grammes en moyenne des pays
européens (Rehm et Patra, 2012

; Moskalewicz et coll.,
2016

) (RAHRA).
La définition de seuils, susceptibles de donner des points de
repères et des objectifs à des interventions de RDRD, est
construite sur ces bases. L’OMS définit différents niveaux de
gravité utilisables dans la pratique : un travail sur 3 ans aux
États-Unis avec un suivi de 22 005 personnes (Hasin et coll.,
2017

) valide ces niveaux de consommations comme points de repère
et comme objectifs. Il démontre un lien entre une baisse dans
les « niveaux OMS » et une baisse des risques liés à
l’alcool.
Dans cette logique, début 2019, Santé publique France a défini le
risque faible à « moins de 10 verres par semaine, pas plus de 2
verres par jour, et d’avoir plusieurs jours sans
consommation ».
Dans la moitié des pays, les objectifs de RDRD ne sont pas
différents entre les hommes et les femmes, ce qui a été repris
par Santé publique France en 2019.
La RDRD peut s’adresser à tous les consommateurs, quel que soit
leur niveau de consommation, et/ou cibler des populations pour
lesquelles des méthodes particulières doivent être promues.
L’ANPAA (Association Nationale de Prévention en Alcoologie et
Addictologie) définit plusieurs groupes de personnes pour
lesquelles il conviendrait d’avoir une approche ciblée (ANPAA et
Commission des pratiques professionnelles,
2012

) :
• les hommes de plus de 45 ans, compte tenu de leur durée
d’exposition au risque alcool ;
• les femmes, plus particulièrement en âge de procréation
et enceintes ;
• les jeunes (personnes mineures et jeunes majeurs),
notamment au regard des pratiques festives et des
vulnérabilités propres à cet âge ;
• les seniors ;
• les personnes en situation de précarité
socio-économique ;
• les personnes séropositives aux VHC et VIH ;
• les personnes sous-main de justice, dont les personnes
incarcérées (détenues et prévenues) ;
• les personnes en milieu professionnel ;
• les usagers de drogues.
Ceci implique de connaître les consommations, les consommateurs –
leurs facteurs de risques – et leurs habitudes de consommation
(Com-Ruelle et Le Guen, 2013

; van Amsterdam et van den Brink,
2013

). De fait, un point central de l’engagement dans cette
approche de RDRD est de réduire le «
treatment
gap6
» en Europe,
seulement 8 % à 15 % de ces consommateurs à risque sont suivis
sur le plan médical, et reçoivent (pour la plupart) un
traitement basé sur l’abstinence, alors que – en comparaison –
le taux de traitement des personnes ayant une dépression majeure
est de 50 à 60 %, ou de 80 % pour les patients schizophrènes
(Kohn et coll., 2004

; Mann et coll.,
2017

). Le fait de devoir arrêter de boire complètement est un
argument fort pour les usagers expliquant leur refus de
consultation. Un travail de Tuithof et de ses collaborateurs
évoque aussi la non-perception de la maladie et de sa gravité
par les consommateurs (Tuithof et coll.,
2016

). Ces derniers pourraient faire l’objet d’une attention
particulière avec une information et une thérapeutique
personnalisées s’appuyant sur leurs compétences et leurs
objectifs.
Réduction du risque
suicidaire
De nombreuses études ont étudié l’effet du trouble lié à la
consommation d’alcool sur la pensée et le comportement
suicidaire, mais il existe des divergences entre les études et
parfois une difficulté d’utilisation des données en pratique
clinique. En 2015, une évaluation systématique de l’association
entre l’alcool et le suicide a été réalisée démontrant qu’il
existe des preuves suffisantes qu’une consommation à risque
d’alcool augmente le risque d’idées suicidaires, de tentatives
de suicide et de décès par suicide. Par conséquent, la
consommation d’alcool (chronique et aiguë) peut être considérée
comme un prédicteur important du suicide et une source de décès
prématuré (Darvishi et coll.,
2015

). Une intervention de réduction des consommations pourrait
être associée à une baisse du risque suicidaire, mais les
travaux validant cette corrélation sont insuffisants.
RDRD en matière d’alcool : mise en
pratique
En pratique, la RDRD en matière d’alcool s’appuie sur des postures,
des techniques, des règles, des médicaments. Elle est déclinée en
fonction des lieux de la rencontre, en cabinet de ville, à
l’hôpital, en CSAPA ou CAARUD, en lieux de premier recours non
spécialisés, en milieu de travail, dans des structures
d’hébergement, dans les communautés, etc.
Contrairement aux outils de RDRD concernant les opiacés ou la cocaïne
souvent réservés à des acteurs spécialisés, de très nombreux
intervenants peuvent agir en matière d’alcool, parfois très
précocement, chacun devant choisir la méthode la plus adaptée à sa
pratique (Maremmani et coll., 2015

).
Évaluer les méthodes d’information et
d’éducation
La diffusion d’informations associant les usagers devant accepter
et partager des objectifs de santé, est une priorité assurée par
la diffusion de brochures et de flyers. Des campagnes nationales
(Santé publique France, Mildeca) favorisent la connaissance sur
le « risque alcool » et offrent des repères précis pour limiter
ces risques.
En terme éducatif, différents outils ou postures ont été explorés
ces dernières années.
Ainsi, les enfants dont les parents délivrent des messages
d’abstinence boivent moins que les enfants dont les parents ont
des messages de RDR.
Pour les adolescents, les différents auteurs s’attachent à la
forme que doivent prendre les interventions pour pouvoir être
acceptées et utilisées : le fait de parler plutôt des sensations
désagréables (être malade) semblant être plus opérant (Acier et
coll., 2015

).
Dans la population étudiante anglaise et australienne, des
travaux ont comparé deux programmes de prévention pour les
adolescents : un programme standard décrit dans l’évaluation
comme « pauvre ennuyeux et peu utile », et un programme
«
School Health and Alcohol Herm Reduction Project »
(SHAHRP), caractérisé par un meilleur engagement des étudiants
voire un « plaisir » à faire ces exercices. Ce dernier montre un
bénéfice évalué en particulier en termes de baisse dans la
fréquence des consommations. D’autres travaux vont dans le sens
d’une attention particulière portée à l’évaluation de la qualité
des interventions proposées dans ce milieu. Cependant même chez
ces jeunes âgés de 13-16 ans, une « parole libre » dans les
groupes de travail est difficile, car 3 groupes
« suridentifiés » (abstinents, occasionnels, réguliers) sont
déjà en opposition avec des difficultés de partage entre eux
(McKay et coll., 2014

; Harvey et coll.,
2016

) (cf. chapitre « Actions de prévention : messages et
comportements »).
Cette question de l’information touche toutes les classes d’âge
et de population et exige une adaptation fine des objectifs et
des moyens. Le travail peut être qualitatif tel que celui mené
auprès de 35 femmes d’âge entre 45 et 64 ans, qui a mis en
évidence une méconnaissance du risque de cancer du sein associé
à l’alcool (Meyer et coll.,
2019

) insistant sur la nécessité de messages spécifiques. Par
ailleurs, de façon quantitative, l’importance de l’information
grand public est démontrée en Australie : après 6 vagues de
communication sur 15 ans, il existe une augmentation globale des
connaissances, se traduisant – de façon inégale dans des
sous-groupes –, par une baisse des consommations (Islam et
coll., 2019

).
La transmission d’informations utiles fait partie de ce travail
de prévention (ANPAA et Commission des pratiques
professionnelles, 2012

), en particulier :
• les numéros d’urgence, avec les conseils de base en
termes de secourisme. Les symptômes d’alerte peuvent
être enseignés ;
• les services de téléphonie sociale (numéros gratuits ou
non d’aide et d’orientation) ;
• les coordonnées des centres spécialisés dans un secteur
considéré et leurs modalités d’accès ;
• les coordonnées des associations d’auto-support.
Les applications sur smartphone et des sites spécialisés
complètent actuellement cette offre.
Formation et sensibilisation des
professionnels
Ces interventions de RDRD qui font la preuve de leur efficacité
et de leur bénéfice pour les consommateurs, devraient être des
outils « naturels » des professionnels de santé. De nombreuses
études font le constat de formations insuffisantes, mais surtout
de l’existence de postures de fuite ou discriminante de ces
professionnels (Staton et coll.,
2018

). L’acceptabilité de la RDRD par les médecins a été mesurée
et elle est assez faible dans les données initiales relevées par
S. Moore. La confrontation au cours des études ou d’ateliers
avec des patients permet d’améliorer fortement le regard porté
par les médecins sur les alcoolo-dépendants et améliore leur
capacité d’intervention (Moore et Mattaini,
2014

; Sheridan et coll., 2018

; Vakharia et Little,
2017

).
Aller vers...
La rencontre la plus précoce possible dans le parcours des
usagers fait intervenir des acteurs « mobiles » susceptibles
d’aller dans les lieux fréquentés par les consommateurs. Des
équipes « de maraude » en France, des équipes des secteurs de
psychiatrie ou des services sociaux, des pairs guidant
intervenant dans les milieux de consommation, et enfin des
véhicules ou des lieux de repos, peuvent assurer cette mission.
La fréquentation de ces lieux est forte, et le nombre de
rencontres est souvent important. Un travail de Ward et de ses
collaborateurs datant de 2018 portant sur ces outils dans une
région australienne note cependant leur peu d’influence sur la
poursuite de consommations élevées, sur la fréquentation des
urgences ou les interventions policières, mais insiste sur le
rôle de sécurisation, d’orientation et donc de l’importance du
réseau associé à ces outils (Ward et coll.,
2018

).
Baisser la disponibilité des boissons
alcoolisées
Différentes actions ont pour objectif de baisser la disponibilité
du produit ou son accession (cf. chapitre « Efficacité des
mesures visant à restreindre l’offre et la demande de boissons
alcooliques »), ce qui ne se conçoit qu’avec une information
voire une adhésion des usagers. Cela relève aussi d’un travail
pédagogique allant dans le sens de « dénormaliser » l’alcool
(
Eurosurveillance editorial team,
2012

; 2016).
Plusieurs axes de limitation de la disponibilité ont été évalués.
Ces actions sont sociétales, collectives et se positionnent dans
la vie des citoyens, avec le projet de « limiter les premiers
contacts et de contrôler les situations de rencontres avec
l’alcool », en appui externe aux situations individuelles :
• l’augmentation des taxes en particulier reliées au degré
d’alcool (Meier et coll.,
2016

; WHO,
2012

) ;
• la fixation d’un prix minimum (Meier et coll.,
2016

) ;
• l’interdiction de boire dans certains lieux ;
• définir et faire appliquer un âge minimum légal pour la
consommation d’alcool a démontré son intérêt avec une
baisse de l’usage et des accidents de la voie publique
(Kypri et coll., 2011

; Callaghan et coll.,
2014

) ;
• l’instauration et le respect – impliquant des contrôles –
d’un seuil légal d’alcoolémie a clairement permis de
limiter les accidents de la route (Albalate, 2008

) ;
• la fermeture de certains points de vente ou la modulation
de leurs heures d’ouverture (Anderson et coll.,
2018

) ;
• la limitation des points de vente (Kypri et coll.,
2011

).
Tous ces différents travaux montrent un bénéfice avec réduction
des consommations d’alcool dans les secteurs considérés.
Accompagnement
individuel
Au niveau individuel, de nombreuses techniques de RDRD, en soins
et en prévention, associées ou non à des médicaments, sont
utilisées depuis plusieurs années.
Ces outils d’intervention sur la consommation, déclinés selon les
types de professionnels et les lieux de consultation, tendent à
favoriser une utilisation moins nocive de la substance. Cela
passe par un accompagnement réfléchi des consommations,
utilisant de multiples possibilités d’engagements réciproques,
de contrats, d’objectifs gradués, des « petits pas », le tout
tendant vers une baisse de la quantité totale d’alcool
consommée. Ces différentes manières d’intervenir sont
construites avec l’usager, telles que dans le programme
Alcochoix+ (Favrod-Coune et coll.,
2019

).
Ce réaménagement des consommations peut être :
• une modification quantitative « pure », définie dans le
cadre d’un contrat moral faisant appel à la décision de
la personne, aidée ou non par des médicaments. C’est
l’axe central d’une RDRD basée sur la réduction des
consommations, avec des multiples interventions
évaluées. Il peut porter sur la baisse du nombre de
jours de forte consommation, ou porter sur la quantité
d’alcool quotidienne ;
• qualitatif, s’appuyant sur la manière réelle de consommer
d’une personne (rythme, modalités, contexte, type
d’alcool...) et trouvant avec elle des façons de faire
différemment, de mieux contrôler les « automatismes »
vécus comme pathologiques et dangereux. « Intervenir sur
le contexte d’usage plutôt que sur l’usage lui-même,
c’est déjà prendre soin : en fonction d’une analyse
pragmatique et compréhensive de ce qui est envisageable
pour l’usager dans la situation qui est la sienne, il
convient de fixer des objectifs atteignables qui peuvent
porter sur les niveaux d’usages mais aussi sans réduire
ceux-ci sur les modalités de consommations, sur les
formes d’absorption, les types d’alcool consommés, les
moments ou les lieux de consommation » (Fieulaine,
2017

).
Plusieurs cibles d’interventions sont décrites (Morel et coll.,
2012

) :
• considérer l’horaire de début des consommations, avec le
projet de le reculer s’il est précoce (ANPAA et
Commission des pratiques professionnelles,
2012

) ;
• évoquer les horaires des moments privilégiés de
consommations et le rythme des consommations (continu,
associé à des moments particuliers de la journée, etc.),
avec le projet de baisser la régularité, voire de faire
des prescriptions d’horaires. La consommation
quotidienne est associée à une augmentation de la
mortalité (Hartz et coll.,
2018

) ;
• évaluer les circonstances de consommations, ouvrant vers
une réflexion plus large de compréhension du
comportement ;
• interroger sur le type de verre ou de contenant utilisé,
ou la consommation « à la bouteille », avec un travail
sur les unités standard, sur une « conscientisation » de
la façon de boire (ANPAA et Commission des pratiques
professionnelles, 2012

) ;
• proposer de modifier le type d’alcool consommé – vin
rouge ou rosé, bière, vodka... – dans le sens de
« déritualiser » les consommations, son contenant
(canettes, bouteilles, flash, cubitainer), son degré, sa
qualité (en termes d’origine, de goût, de
présentation...). L’utilité de ces interventions est
imprécise, de même que celle des modalités de
consommation de l’alcool (glaçons, alimentation, verre
d’eau associé...) (Rosenberg et coll.,
2018

). Ces éléments peuvent
contribuer cependant à renforcer le contrôle de la
personne sur sa consommation et à limiter la quantité
d’alcool pur absorbé dans une période donnée.
Ces différents points se conçoivent donc dans le cadre d’une
alliance, où usager et soignant cherchent ensemble à limiter les
dérives nocives de la consommation. Les bénéfices sont cliniques
et évaluables en vie quotidienne ; leur influence sur une
modification significative de l’apparition de processus
pathologiques liés à l’alcool est mal évaluée.
Dans ce cadre, les méthodes d’entretien sont ciblées et
permettent d’identifier le mode de vie, les facteurs de gravité
et de protection, donnant les pistes d’intervention possibles
(Morel et coll., 2012

). Elles sont considérées – avec une
prise en charge psychosociale – comme des interventions multi
composantes intégrant les comorbidités (Coppel,
2016

).
Techniques de rencontre et
d’entretien
Enfin, des techniques de consultations (non nécessairement
utilisées par les seuls médecins) offrent des possibilités
d’intervention en RDRD, parfois assez précocement dans
l’histoire des consommations et susceptibles de modifier la
trajectoire des usagers. Elles prennent leur place dans une
alliance entre le professionnel et le patient (Vakharia et
Little, 2017

) fortement influencée par le
savoir-être du professionnel et la relation soignante,
indépendamment des techniques utilisées (Beutler et coll.,
2012

). De même, peut être interrogée la façon dont le
« diagnostic » est annoncé ou confirmé, l’accord avec l’usager
devant se construire à partir de ses représentations.
L’intervention brève (IB) est présentée comme utile depuis plus
d’une quinzaine d’années : le programme TrEAT par exemple
(Fleming et coll., 2002

) montrait une efficacité jusqu’à
4 ans après une intervention limitée (2 entretiens de 15 min)
dans des lieux de soins primaires auprès de patients consommant
plus de 14 verres d’alcool plus de 3 fois par mois.
L’intervention brève est définie par « un maximum de 5
entretiens, donnant des conseils sur les consommations ou le
style de vie, avec une durée totale de moins de 60 mn ». Une
revue
Cochrane récente adoptant cette définition et
évaluant sur 69 études l’efficacité de cette technique (Kaner et
coll., 2018

) conclut à une évidence de qualité
modérée quant à l’utilité d’une intervention brève chez les
consommateurs à risque, pose l’intérêt potentiel d’une
intervention plus longue, et interroge sur l’importance de mieux
identifier les facteurs qui pourraient influencer
l’efficacité.
Cette technique semble particulièrement adaptée pour des
professionnels non spécialisés en addictologie : en soins
dentaires (Ntouva et coll., 2018

), dans les centres de santé
sexuelle (Crawford-Williams et coll.,
2015

; Platt et coll., 2016

), sur les campus (Laitman et coll.,
2014

). Dans cette logique, l’Organisation mondiale de la santé a
publié un manuel résumant les modalités d’utilisation de
l’intervention brève en soins primaires (WHO,
2017

).
Le repérage précoce avec intervention brève (RPIB) associe une
étape d’identification d’une consommation à risque d’alcool, une
information, et des conseils personnalisés. Il répond à une
technique d’abord et d’entretien paramétrée et utilisée depuis
plusieurs années (Kaner et coll.,
2018

). Il a été évalué comme positif et peu coûteux. Sous le terme
de SBIRT (
Screening, Brief Intervention and Referral to
Treatment), il se développe aux États-Unis où il fait
l’objet de travaux validant son intérêt (Babor et coll.,
2017

).
Les recherches en cours doivent mieux évaluer les composants
actifs de cette intervention – intégrant en particulier la
personnalité et la qualité de l’intervenant, mais aussi les
questionnaires choisis, AUDIT et FACE, et définir les
populations sur lesquelles elle est le plus efficace.
En France, début 2019, le Plan national de mobilisation contre
les addictions 2018/2022 de la Mildeca (Mission
interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites
addictives), les rapports du CESE (conseil économique social et
environnemental) (Caniard et Augé-Caumon,
2019

) et de la Plateforme RSE (responsabilité sociétale des
entreprises) (Uzan, 2019

) argumentent l’intérêt du RPIB, en
particulier pour les services de premier recours et dans les
entreprises.
L’entretien motivationnel est une technique caractérisée par sa
façon d’aborder le patient dans ses doutes, s’appuyant en
particulier sur les stades de Proschaska et DiClemente
(Prochaska et DiClemente, 1984

). Cette technique permet de
visualiser les niveaux d’acceptation, de déni, et de capacité au
changement. L’ambivalence est explorée et permet de visualiser
en particulier les représentations des bienfaits supposés liés à
l’alcool et de les confronter aux dommages réels. Des effets
positifs de cette technique – facile à utiliser et nécessitant
peu de temps de soignants – ont été observés depuis plusieurs
années, plusieurs auteurs observant qu’elle est particulièrement
coût-efficace (Grant et coll.,
2016

). Notons qu’une étude
Cochrane portant sur 84
publications récentes mentionne l’absence de bénéfice
substantiel de cette technique pour la prévention du mésusage
d’alcool chez les jeunes (Foxcroft et coll.,
2016

).
L’éducation thérapeutique fait partie des procédures développées
en France pour transmettre et partager les informations sur
l’alcool avec les patients et les amener à travailler leurs
compétences et leurs objectifs. « L’éducation thérapeutique
s’inscrit dans le parcours de soins du patient. Elle a pour
objectif de rendre le patient plus autonome en facilitant son
adhésion aux traitements prescrits et en améliorant sa qualité
de vie » (article L. 1161-1 du Code de la santé publique). Elle
a fait l’objet d’un guide de l’OMS dès 1998 (OMS,
1998

). Par l’information des usagers et l’alliance qui se
construit, elle est une manière d’accéder à une réduction des
risques. Centrée sur l’alcool et sur les modifications des
comportements (maintien de l’abstinence ou des réductions de
consommation), elle est cependant peu évaluée :
l’alcoolo-dépendance par exemple n’est pas isolée dans le
travail récent de la Haute Autorité de Santé (HAS,
2018

). Les études portant sur le tabac, plus nombreuses,
approfondissent ce modèle qui est alors susceptible d’être mieux
compris en alcoologie (Guillemot,
2014

).
Les psychothérapies se concevant sur du moyen ou long terme,
entrent davantage dans le champ des traitements de fond. Elles
peuvent permettre aux patients de mieux comprendre leur
comportement, ceci impactant à terme les courbes de
consommations. Dans ce registre, de nombreux auteurs ont comparé
différentes formes de psychothérapies. Les TCC restent les
interventions de référence (Magill et Ray,
2009

) mais des approches différentes, basées sur un travail
psychodynamique, peuvent être considérées dans certaines
situations (Nyhuis et coll.,
2018

). La plupart des études souffrent d’une évaluation faite à
court terme, avec des critères de faible qualité méthodologique
que ce soit pour le traitement de l’alcool ou des autres
addictions (Cowlishaw et coll.,
2012

).
Réduction des risques
associés
Différents travaux explorent les interventions sur les risques
« indirects » (Morel et coll.,
2012

).
Un programme de sensibilisation pour diminuer la violence liée à
l’alcool avec une action au niveau des clubs et des bars, a
donné des résultats très positifs à Stockholm, mais pas à Oslo
(Skardhamar et coll., 2016

), posant des questions de la
pertinence des programmes en un lieu donné avec la difficulté de
leur déclinaison en fonction des pays, cultures ou situations
locales. Cela souligne la difficile généralisation des
conclusions de ces études.
D’autres actions indirectes sont proposées :
• intérêt des auto mesures ;
• des programmes de travail sur ordinateur pour aider des
conducteurs récidivistes à conduire correctement et à
mieux contrôler leur conduite seraient positifs (Wilson
et coll., 2017

) ;
• des outils de réduction des risques tels que les gobelets
en plastiques ou des verres renforcés pour éviter les
blessures par bris de verres (Ker et Chinnock,
2008

).
Elles souffrent cependant, sur des critères très variés, d’une
évaluation insuffisante et d’une durée d’analyse limitée.
Autres approches de RDRD et
limites
La RDRD avec l’instauration d’une alliance soignant-soigné pour une
diminution des consommations, s’est imposée comme un progrès dans
l’accueil d’un usager d’alcool. Elle associe des outils,
médicamenteux ou non, et des postures professionnelles. Elle permet
souvent l’accès aux soins ou le maintien dans les soins.
Cependant, chez certains alcoolo-dépendants, un «
craving »
fait irruption lors du moindre contact avec l’alcool. Cette
« consommation obligatoire » après un premier verre, évoque un
mécanisme neurobiologique génétique ou acquis. Plusieurs
publications explorent cette piste sans conclure du fait de la
complexité des facteurs impliqués (Reilly et coll.,
2017

;
Field et coll., 2017

). De fait, ce comportement, sans
modification apparente malgré des interventions multimodales,
interroge les possibilités d’une consommation modérée.
Au vu de l’éventualité de cette « hypersensibilité à l’alcool », à
côté des hébergements où une tolérance est admise, l’intérêt de
structures «
alcool free », évitant tout contact avec
l’alcool dans un lieu protégé et protecteur tel que décrit (Koroloff
et Anderson, 1989

) par Koroloff en 1989, est posé. Dans
tous les cas, un soutien s’impose aux professionnels de ces centres
avec formation à ce type d’accueil, en définissant une gestion des
usages dans l’institution (Rivoirard,
2012

).
Pour les usagers, la question de leur « temps propre » se pose, à
savoir l’identification des moments où telle ou telle action doit
être privilégiée.
RDR et mise à l’abri
La RDRD peut aussi réduire les conséquences néfastes liées aux
usages (conséquences organiques, psychologiques, sociales) sans
forcément intervenir sur les niveaux quantitatifs d’usages, en
proposant des soins de première ligne visant à atténuer les
méfaits et en permettant d’abord une mise à l’abri de l’usager
pour extraire ses consommations du contexte pathogène et
dangereux (que constitue la rue par exemple).
Il s’agit dans ces cas-là de développer des lieux de protection
non conditionnés par l’inscription de l’usager dans une démarche
de changement de ses consommations (Evans et coll.,
2015

).
Accepter qu’une personne ait consommé, c’est aussi être en
capacité de gérer des situations impliquant des alcoolisations
massives : prévenir les crises, assurer une protection (mais
également parfois une contention), réassurer la personne en
ayant une attitude non-stigmatisante (Fieulaine,
2017

).
Il s’agit alors de reconnaître les usages quels qu’ils soient
pour renouer du lien, de co-définir des objectifs sans
restrictions avec l’usager. Ces pratiques permettent de
restaurer le lien rompu entre une offre d’aide et de soin trop
exigeante et des publics qui s’en sentent exclus ou qui refusent
d’y avoir recours. « Renouer le lien, c’est déjà soigner » et
c’est la condition essentielle pour favoriser l’émergence d’une
demande d’aide librement formulée et non contrainte. « Aider à
la survie, c’est-à-dire faire le choix parfois difficile de
fixer des objectifs extrêmement modestes et rarement valorisants
pour le soignant qui consistent à accompagner l’usager dans des
surconsommations sans imposer de changement mais en instaurant
les conditions de sa possible survenue » (Fieulaine,
2017

).
Ainsi, des actions mettant en avant l’amélioration sociale des
usagers en particulier très précaires, ont des effets positifs
sur les consommations d’alcool. De fait, bien que le programme
«
Housing First » soit axé sur les projets ne
nécessitant pas d’abstinence ni d’assiduité au traitement, les
participants ont diminué leur consommation d’alcool et leurs
problèmes liés à l’alcool en fonction du temps et de
l’exposition à l’intervention (Collins et coll.,
2012

).
Lorsqu’il n’est pas envisageable de réduire un usage nocif, il
convient alors de sécuriser cet usage, quelle que soit son
importance, afin qu’il soit le moins dommageable possible : si
un usager boit énormément, il vaut mieux qu’il le fasse « dedans
que dehors, accompagné plutôt qu’isolé ». Dans cette logique,
quelques articles évoquent la mise en place de lieux où
l’alcoolisation est autorisée avec le projet de sortir les
personnes de la solitude, que ce soit de chez eux ou de la
rue.
D’autres lieux permettent l’accès à des besoins primaires
(hygiène, alimentation...) que l’usager n’est souvent plus en
capacité de satisfaire lui-même. En ce sens, les CAARUD (Centres
d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour
usagers de drogues) sont des acteurs majeurs de la RDRD
alcool.
Cette réflexion sur les interventions de tout premier recours (de
« très bas seuil ») a été utilisée pour d’autres populations. Le
programme «
Managed Alcohol Programs » a été conduit et
décrit par plusieurs auteurs et sites canadiens. Une publication
de la
Cochrane Library de 2012 (Muckle et coll.,
2012

) indique qu’il n’y a pas d’éléments suffisants pour valider
ou invalider ces programmes comme une méthode de régulation de
la consommation d’alcool, en comparaison avec l’intervention
brève, la modération ou les 12 étapes. Il est aussi indiqué que
l’objectif est peut-être davantage social qu’addictologique et
que des travaux supplémentaires pourraient mettre en évidence
ces bénéfices.
Avec une vingtaine de publications dans les 2 dernières années,
sa description et son évaluation sont précisées. Dans des
structures d’accueil, de l’alcool est donné à des doses
contrôlées à des patients très précaires, marginalisés (Grazioli
et coll., 2017

) et sans domicile, buvant fréquemment
de l’alcool non consommable (produit désinfectant, méthanol...)
comportant un risque vital important. Dans ces programmes, la
quantité et le type d’alcool distribués sont déterminés en
accord avec l’usager. La consommation est horaire (Muckle et
coll., 2018

) pour permettre un plateau (évitant
les pics d’alcoolémie et leurs risques, réduisant le
«
binge » mais aussi le manque). Cette régulation
évite les consommations de produits toxiques, limite l’accès aux
urgences, limite les problèmes de comportements et les
interpellations (Pauly et coll.,
2016

). Associés à une aide au logement, ces programmes permettent
une entrée dans le soin et le social. Pauly explore ainsi les
caractéristiques de ces usagers très précaires et s’intéresse en
particulier aux populations autochtones qui se retrouvent grâce
à ces consommations rythmées dans un contexte familier et
rassurant.
Ces programmes ont une déclinaison en Suisse où un centre
d’accueil permet la consommation d’alcool, avec une modération
du rythme de consommation par le personnel, un cadrage des
débordements, une alimentation gratuite mise à disposition. Ces
actions permettent une plus grande présence, une baisse des
consommations, une augmentation de la qualité de vie et de
l’utilisation des services sociaux (Grazioli et coll.,
2017

).
De nombreux CSAPA avec ou sans hébergement ou d’autres structures
d’hébergement françaises modifient leurs règlements intérieurs
afin d’autoriser des consommations au sein de la structure.
Cette évolution a de nombreux aspects positifs et correspond à
une posture de RDRD, mais il manque des évaluations à moyen et
long terme du devenir du collectif (fonctionnement de la
structure et influences positives ou négatives entre les usagers
sur leur lieu de vie...) et de la personne (aggravation ou non
des pathologies somatiques ou neurologiques...).
Quelques rares travaux explorent l’utilisation de cette prise de
position en milieu hospitalier. Leur synthèse est peu
concluante, du fait de la variabilité du faible nombre d’études
présentées, des choix de la quantité d’alcool et des horaires,
des circonstances de prescription, et du manque d’une évaluation
de l’impact sur les patients, les soignants et le fonctionnement
de l’institution (Brooks et coll.,
2018

).
Ces techniques de RDRD sont à proposer dans des moments
particuliers de la vie des patients et permettent le plus
souvent une première rencontre. L’exigence de la technique est
aussi de savoir quand l’appliquer et quand ne pas l’appliquer
(par exemple, structure d’hébergement autorisant les
consommations dans un projet de réduction de risques) (Lefebvre
et Legrand, 2003

; Fieulaine,
2017

).
Facteurs limitant la consommation
contrôlée
Certaines situations limitent ou contre-indiquent la mise en
place d’outils de réduction des consommations, en particulier
lorsque le patient oppose un refus à toute proposition de
limitation ou à toute intervention visant à « prendre soin de
lui » dans ses besoins les plus fondamentaux. Certains aspects
liés à la personne peuvent expliquer ces attitudes, les
comorbidités psychiatriques en premier lieu, de même que la
présence d’un entourage faisant interférence (co-dépendant) qui
peut modifier le projet de soins.
Des facteurs psychologiques (telle que la transgression, le jeu
avec les limites et l’interdit) et la difficulté de tenir dans
le temps certaines postures ont été aussi observés comme
facteurs limitant par certains professionnels (Gray,
2014

).
Par ailleurs, dans certaines situations, les soignants devraient
donner la priorité à une proposition d’abstinence :
• l’abstinence prévient ou évite l’aggravation les troubles
cognitifs de façon plus constante qu’un maintien de
consommation, et permet le traitement des comorbidités
psychiatriques (en particulier du fait des interactions
médicamenteuses). De même, certaines pathologies
somatiques graves contre-indiquent toute consommation
d’alcool (van Amsterdam et van den Brink,
2013

; Brousse et coll.,
2014

; Dervaux,
2018

) ;
• il existe des contre-indications à la consommation
d’alcool tel que le déficit en ALDH2 (génotype
ALDH2*2) entraînant une intolérance à
l’alcool (Inserm, 2001

) ;
• l’alcool est contre-indiqué durant toute la durée de la
grossesse et de l’allaitement (cf. chapitre « Syndrome
d’alcoolisation fœtale et consommation d’alcool dans la
période périnatale : fréquences et facteurs
associés ») ;
• l’alcool est contre-indiqué avec de nombreux traitements
médicamenteux, et le clinicien devra évaluer les
situations où toute consommation est interdite et celles
où des aménagements sont possibles ;
• certains métiers (postes à risques) et la conduite de
véhicules impliquent une alcoolémie nulle, et des
modalités de prise en charge particulière ;
• enfin, plusieurs échecs de périodes de réduction peuvent,
avec l’accord du patient, rediriger vers un sevrage.
À l’inverse, une période de consommation contrôlée réussie,
débouche parfois sur une demande de sevrage et d’abstinence (SFA
et coll., 2015

).
Populations
particulières
La RDRD doit naturellement être déclinée selon les populations et
les circonstances. Les 2 axes présentés ci-dessous en offrent
des illustrations :
• pour les étudiants, une procédure dite du « bon
samaritain » a été décrite (Monahan et coll.,
2018

) sous forme d’une amnistie
médicale privilégiant « la sécurité d’abord » (Lewis and
Marchell, 2006

). Des consommations d’alcool
très importantes (supérieures à celles de la population
générale) ont été observées sur des campus américains
alors que l’alcool y est interdit. Les accidents
d’alcoolisation aigus entraînent une morbidité/mortalité
élevée et les risques de renvoi de l’université si la
consommation est avérée, sont réels. Devant l’échec de
cette menace de renvoi et les dommages, a été introduit
le droit de consulter dans un service médical en cas de
problème de santé suivant une alcoolisation, non suivie
de sanction. Une augmentation des consultations a été
constatée, une baisse de la morbidité, mais pas de
baisse dans les consommations globales. D’autres
interventions tendent à prévenir les alcoolisations
ponctuelles importantes des jeunes. Un travail en
Pennsylvanie par exemple a exploré l’intérêt d’une
« stratégie comportementale de prévention » (PBS) chez
les jeunes ayant des «
High intensity drinking »
et montré que cette technique pouvait aider les
étudiants à limiter les risques tels que conduire ou
avoir des relations sexuelles non désirées
(Linden-Carmichael et coll.,
2018

) ;
• pour les personnes âgées, les défis semblent différents
car l’alcool apparaît comme un moyen de socialisation,
une routine et un plaisir dont les soignants peuvent
« s’accommoder ». Or les bénéfices de la réduction sont
importants en termes de qualité de vie, et par ailleurs
la lutte contre l’isolement est la principale
intervention pour limiter les risques somatiques et
sociaux dans cette population (Nicholson et coll.,
2017

).
Conclusion
En conclusion, la réduction des risques et des dommages est une
méthode de prise en charge pertinente de nombreuses personnes ayant
un trouble d’usage de l’alcool. Elle a gardé la plupart des
fondamentaux de ses concepts initiaux – centrés sur l’usage
d’héroïne avec l’impératif de limitation de la transmission du VIH :
elle nécessite des techniques pragmatiques avec des principes
communs à toute politique de santé publique, elle est respectueuse
des droits humains et n’est pas dans le jugement moral. Elle ne
s’oppose pas à l’abstinence, et devrait faciliter l’accès aux soins.
L’usager est acteur de sa santé, et détermine avec l’accompagnant
(bénévole ou professionnel) une hiérarchie des risques et un
« tempo » des propositions d’aide ou thérapeutique, permettant au
mieux une prise en charge dans la durée. Elle implique une
participation communautaire, fait une offre de services adaptés aux
prises de risque, et exige une évaluation des actions et de leurs
résultats.
De très nombreuses publications déclinent ces concepts et méthodes en
matière d’alcool avec un focus majeur sur la réduction des
consommations. Parfois, l’aménagement de l’usage d’alcool permet une
amélioration sociale et non addictologique, cela gardant tout son
sens dans une démarche de RDRD.
La RDRD doit se développer avec une exigence d’évaluation, partie
intégrante des principes de la Harm Reduction. Les questions
suivantes sont encore peu étayées par les publications à ce jour :
quels sont les bénéfices de la réduction sur le long terme ?
L’amélioration neurobiologique est-elle suffisamment solide ?
Une poursuite des recherches est donc attendue, permettant
d’objectiver sur le moyen-long terme les bénéfices en termes de
qualité de vie et de morbi-mortalité pour les usagers, et les
conséquences groupales ou sociales (choix organisationnels et leur
balance bénéfices/inconvénients, par exemple en établissement
proposant un hébergement collectif) de ces méthodes.
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