Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
III. Réduction des risques et des dommages, et stratégies de prise en charge des consommateurs

2021


ANALYSE

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Mésusage d’alcool en fonction
de l’âge, dépistage de la consommation à risque
ou problématique, et intervention brève

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Bien que l’évolution de la consommation d’alcool per capita depuis les années 60 montre une nette diminution en Europe, la consommation d’alcool reste un facteur majeur de mortalité et de morbidité. Dans ce chapitre, après une partie étudiant les données sur le mésusage d’alcool en fonction de l’âge, nous discuterons de l’importance du dépistage systématique de la consommation et de l’intervention brève à mettre en œuvre avec les consommateurs.

Mésusage d’alcool en fonction de l’âge

L’évolution de la consommation d’alcool per capita depuis les années 60 montre une nette diminution de la consommation en France, de même qu’en Europe en général, particulièrement pour la consommation de vin (Organisation mondiale de la santé, 2018renvoi vers) (cf. chapitre « Epidémiologie des consommations d’alcool : données récentes »). Néanmoins, la consommation d’alcool reste un facteur majeur de mortalité et de morbidité. Selon ce même rapport (Organisation mondiale de la santé, 2018renvoi vers), environ 10 % de la mortalité dans la région Europe est attribuable à l’alcool. De la même manière, environ 10 % de l’espérance de vie corrigée de l’incapacité (EVCI, Disability Adjusted Life Years – DALY en anglais, c’est-à-dire les années de vie en bonne santé perdues à cause de la maladie, d’un handicap ou de la mort prématurée) peuvent être imputables à la consommation d’alcool. Les causes principales de décès imputables à la consommation d’alcool sont les maladies digestives, les blessures non-intentionnelles, les maladies cardiovasculaires et le diabète. Les causes principales d’EVCI imputables à la consommation d’alcool sont les blessures non-intentionnelles, les maladies digestives et les conséquences de la consommation d’alcool à risque.
La mortalité (cf. chapitre « Mortalité, faibles consommations et effets biologiques et morbidité liée à l’alcool ») est fortement influencée par l’âge. Cette influence est principalement due au lien entre consommation d’alcool et blessures, la consommation d’alcool étant ainsi responsable d’une large proportion de la mortalité parmi les jeunes adultes (Shield et Rehm, 2015renvoi vers). Ainsi en Europe, le pourcentage de décès imputables à la consommation d’alcool dépasse les 25 % pour les tranches d’âge de 25 à 44 ans (Organisation mondiale de la santé, 2018renvoi vers). Ce plus lourd fardeau pour les jeunes adultes est également observé pour l’EVCI. Dans une étude mondiale sur le fardeau lié aux maladies (Global Burden of Disease) chez les adolescents et jeunes adultes (Gore et coll., 2011renvoi vers), la consommation d’alcool apparaissait comme la première cause d’EVCI chez les 15-24 ans (8 %). Elle restait une cause importante chez les 25-59 ans (8 %), mais était moins importante pour les plus de 60 ans (3 %).
Ces différences nettes entre tranches d’âge sur la mortalité et la morbidité peuvent s’expliquer par des modes de consommation également nettement différents. Selon des données françaises de 2017 (Richard et coll., 2019renvoi vers), la consommation d’alcool quotidienne augmente avec l’âge, alors que les alcoolisations ponctuelles importantes (API) diminuent. Une étude similaire en Suisse (Kuntsche et Gmel, 2013renvoi vers) montrait une image semblable. Un pic des API était observé à 20-24 ans (plus de 2/3 de cette population ayant une API par mois) alors que la consommation quotidienne à cet âge était presque nulle.
L’évolution des consommations problématiques et de la dépendance en fonction de l’âge est étonnamment moins bien documentée. Une étude dans la population générale suisse (Marmet et coll., 2015renvoi vers) montre que ce sont principalement les jeunes de 20 à 24 ans qui présentent une consommation problématique et une dépendance probable telles qu’indiquées par les tests de dépistage AUDIT (Alcohol use disorders test) (Babor et coll., 2001renvoi vers) et CAGE (Cut-down, Annoyed, Guilty, Eye-opener) (Ewing, 1984renvoi vers). Les proportions de consommation problématique et de dépendance probable sont plus que 2 fois plus importantes dans ce groupe d’âge que dans tout autre groupe d’âge. Ces problématiques semblent ensuite toucher les 15-19 ans, puis on observe une lente diminution avec l’âge, dès 25 ans. Ce phénomène est fréquemment observé dans la littérature épidémiologique de l’alcool. Des auteurs ont proposé que les jeunes adultes comprenaient peut-être différemment les questions et pouvaient confondre les effets indésirables de l’alcoolisation ponctuelle importante avec les symptômes de dépendance (Caetano et Babor, 2006renvoi vers).
Dans les populations cliniques, la consommation problématique d’alcool et la dépendance semblent se présenter différemment. Selon une récente étude anglaise, l’incidence et la présentation annuelle de cas de dépendance à l’alcool en soins de premier recours est affectée par l’âge et ce sont les catégories d’âge entre 35 et 54 ans qui sont principalement concernées (Thompson et coll., 2017renvoi vers). De manière générale, les soins de premier recours connaissent une haute prévalence de troubles de la consommation d’alcool (Rehm et coll., 2016renvoi vers). Selon ce dernier article qui a revu la littérature sur ce sujet, les praticiens de premier recours reconnaissent bien les patients souffrant de troubles de la consommation d’alcool, mais surtout les patients plus âgés, ayant des troubles plus sévères et souffrant de comorbidités somatiques. En revanche, ces praticiens semblaient manquer une part importante des patients souffrant de troubles de la consommation d’alcool, principalement les plus jeunes et ne présentant pas de comorbidités somatiques. Ainsi, un dépistage systématique de la consommation problématique d’alcool paraît souhaitable pour identifier toutes les personnes concernées.

Dépistage de la consommation d’alcool et des troubles liés à la consommation d’alcool

Le dépistage de la consommation d’alcool et des troubles liés à la consommation d’alcool peut se pratiquer à différents moments. Il est recommandé en soins de premier recours (Rehm et coll., 2016renvoi vers ; Société Française d’Alcoologie, 2015renvoi vers ; U.S. Preventive Services Task Force et coll., 2018renvoi vers), mais a également été proposé dans les services d’urgences (Barata et coll., 2017renvoi vers), lors de suivi de grossesse (Burns et coll., 2010renvoi vers ; Shogren et coll., 2017renvoi vers), en médecine du travail (Ames et Bennett, 2011renvoi vers ; Lee et coll., 2014renvoi vers), lors des procédures de conscription obligatoire pour l’armée (Daeppen et coll., 2011renvoi vers ; Gaume et coll., 2011renvoi vers), dans la communauté (Derges et coll., 2017renvoi vers), ou via les nouvelles technologies (Tansil et coll., 2016renvoi vers).
Différents outils sont disponibles et incluent des questionnaires, mais également des marqueurs biologiques. Le questionnaire de référence pour le dépistage de la consommation à risque et/ou problématique d’alcool est l’Alcohol Use Disorders Identification Test – AUDIT (Saunders et coll., 1993renvoi vers). Cet instrument a été validé à de nombreuses reprises et s’est montré performant pour dépister le mésusage d’alcool et la dépendance probable dans de nombreuses conditions (Aalto et coll., 2009renvoi vers ; Babor et coll., 2001renvoi vers ; Reinert et Allen, 2007renvoi vers ; Shields et Caruso, 2003renvoi vers). Une version française est disponible et validée (Gache et coll., 2005renvoi vers). Une récente analyse psychométrique a montré que l’AUDIT avait essentiellement une seule dimension et que celle-ci était invariante en fonction du sexe, de l’âge et du niveau (Skogen et coll., 2019renvoi vers).
Une version courte de l’AUDIT a été testée et validée ; il s’agit de l’AUDIT-C (pour Consommation) qui utilise uniquement les 3 premières questions de l’instrument (fréquence de la consommation, quantité par occasion, fréquence des alcoolisations ponctuelles importantes). Les performances de cet outil abrégé sont équivalentes à celle de l’outil complet (Kriston et coll., 2008renvoi vers). Cet outil est recommandé par l’Association française d’hépatologie (Moirand et Daeppen, sous presserenvoi vers). Il s’est montré également performant pour le dépistage dans des populations spécifiques : les femmes enceintes (Burns et coll., 2010renvoi vers), les personnes présentant un trouble psychiatrique (Dawson et coll., 2005renvoi vers), les personnes âgées (Aalto et coll., 2011renvoi vers), les personnes âgées en maison de retraite médicalisée (Dreher-Weber et coll., 2017renvoi vers), les jeunes adultes (Toner et coll., 2019renvoi vers) ou encore les étudiants utilisant les soins de premier recours de l’université (Campbell et Maisto, 2018renvoi vers). Chez les adolescents, l’AUDIT-C serait plus efficace pour dépister la consommation à risque d’alcool, mais l’AUDIT complet est meilleur pour identifier une dépendance à l’alcool (Coulton et coll., 2018renvoi vers).
L’utilisation de marqueurs biologiques est plus controversée et dépend du type de marqueurs et du domaine d’utilisation.
L’utilité des biomarqueurs en période périnatale est discutée dans le chapitre « Boissons alcooliques dans la période périnatale : prévention et prise en charge ».
En population générale, l’usage des marqueurs biologiques pour dépister le mésusage d’alcool n’est pas recommandé (Moirand et Daeppen, sous presse). Les questionnaires tels que l’AUDIT ou l’AUDIT-C sont plus performants en termes de sensibilité et de spécificité pour dépister la consommation d’alcool à risque et/ou problématique (Coulton et coll., 2006renvoi vers ; Fujii et coll., 2016renvoi vers ; NICE, 2011renvoi vers).
Les marqueurs biologiques indirects tels que la CDT (Carbohydrate Deficient Transferin ou Transferrine désialylée), la GGT (Gamma Glutamyl Transférase), le VGM (Volume Globulaire Moyen) ou encore les AST/ALT (Aspartate aminotransférase/Alanine aminotransférase) sont largement utilisés en clinique pour évaluer la consommation d’alcool et peuvent fournir des informations utiles, mais leurs sensibilité et spécificité sont en général faibles (Aguilar et coll., 2019renvoi vers ; Fagan et coll., 2014renvoi vers).
De nouveaux marqueurs directs de la consommation d’alcool, tel que l’EtG (éthylglucuronide) et le PEth (phosphatidyléthanol), offrent de meilleures performances que les tests indirects en termes de sensibilité et de spécificité (Aguilar et coll., 2019renvoi vers). Ils ne sont néanmoins pour le moment que peu utilisés en pratique clinique. À l’heure actuelle, ils le sont principalement dans le cadre de suivis et d’expertises médico-légaux (Aguilar et coll., 2019renvoi vers ; Alladio et coll., 2017renvoi vers ; Kummer et coll., 2016renvoi vers ; Schrock et coll., 2016renvoi vers). De récentes études montrent des résultats prometteurs et proposent des valeurs limites pour l’abstinence, la consommation modérée et la consommation excessive, comparables aux données auto-reportées par questionnaire (Crunelle et coll., 2014renvoi vers ; Schrock et coll., 2017renvoi vers). Ces études concernent la population générale (Schrock et coll., 2017renvoi vers), mais également des populations de patients dépendants (Armer et coll., 2017renvoi vers ; Barrio et coll., 2017renvoi vers ; Crunelle et coll., 2016renvoi vers) ou en médecine du travail (Kilo et coll., 2016renvoi vers). L’EtG est également connu comme un marqueur fiable pour détecter un usage d’alcool récent avant ou après une transplantation du foie (Staufer et coll., 2011renvoi vers ; Sterneck et coll., 2014renvoi vers). Pour cette indication, deux récentes revues de la littérature recommandent la combinaison de différents marqueurs pour détecter un usage d’alcool : EtG, PEth et GGT (Staufer et Yegles, 2016renvoi vers) ou CDT, GGT et PEth (Allen et coll., 2013renvoi vers).
Si de nombreux instruments validés sont à disposition, le dépistage de la consommation d’alcool reste néanmoins rarement effectué. En soins de premier recours, les études d’implémentation du dépistage de la consommation d’alcool montrent des résultats très bas. Dans une étude européenne dans cinq pays/régions (Angleterre, Pays-Bas, Pologne, Suède et Catalogne), moins de 6 % de patients adultes consultant une des unités de soins de premier recours sélectionnées pour l’étude étaient dépistés (Anderson et coll., 2016renvoi vers). Selon une étude américaine, environ 1/6e des patients avait abordé la consommation d’alcool avec un professionnel de la santé aux États-Unis (McKnight-Eily et coll., 2014renvoi vers). En utilisant une autre méthode d’enquête, ce chiffre était plus important 3 ans plus tard : 77,7 % reportaient avoir été interrogés sur la consommation d’alcool en personne ou dans un formulaire d’entrée, 68,8 % avoir été interrogés sur combien ils buvaient et 32,9 % sur les alcoolisations ponctuelles importantes (McKnight-Eily et coll., 2017renvoi vers). Si ces chiffres suggèrent une amélioration du taux de dépistage, ils restent néanmoins très en-deçà des recommandations de dépistage systématique de routine. De nombreuses études ont étudié les barrières limitant ce taux. Une récente revue systématique (Derges et coll., 2017renvoi vers) montrait que les principales barrières incluaient l’attitude des cliniciens vis-à-vis de l’alcool, le manque de soutien structurel et organisationnel, un manque de clarté de la définition des rôles et des responsabilités des professionnels vis-à-vis des problèmes d’alcool, la peur de compromettre la relation entre soignant et patient, et la compétition avec d’autres tâches et des besoins de santé.
Des stratégies d’implémentation ont été testées et montrent des résultats encourageants. Le programme qui semble avoir été le plus efficace a été mis en place dans le système des anciens combattants aux États-Unis (Veterans Affairs, VA). Ce système prévoit le dépistage intégré dans le processus de soins, des rappels dans le dossier électronique et des mesures de performance et de contrôles et de fait 90 % des patients ambulatoires sont dépistés (Lapham et coll., 2012renvoi vers). En Suède, une campagne gouvernementale de promotion du dépistage a permis un passage de 12 % à 32 % de dépistage (Lundin et coll., 2017renvoi vers) montrant l’importance du rôle de l’État dans le soutien à ces mesures. Dans l’étude européenne dans cinq pays/régions citée ci-dessus (Anderson et coll., 2016renvoi vers), les taux de dépistage restaient globalement bas, mais deux stratégies d’implémentation avaient un effet significatif : mise à disposition de formation et de soutien ; et remboursement financier des prestations.
Une récente étude menée dans des cabinets de médecine générale en Suisse a montré l’intérêt d’un dépistage électronique dans la salle d’attente (Bertholet et coll., 2019renvoi vers). Cette étude indiquait que l’implémentation d’un outil électronique (une tablette) pour dépister la consommation à risque dans la salle d’attente était faisable et acceptable. Néanmoins, son utilisation était limitée si elle était seulement mise à disposition ; son utilisation était fortement augmentée si une assistante en indiquait la présence et le fonctionnement (17 % contre 60 %, respectivement). Le dépistage (ainsi que l’intervention la suivant potentiellement) permettrait de dépasser certaines barrières fréquemment observées telles que les contraintes de temps et la réduction des stigma (Anderson et coll., 2004renvoi vers ; Bertholet et coll., 2019renvoi vers ; McCambridge et Rollnick, 2014renvoi vers ; McNeely et coll., 2018renvoi vers), et ceci avec des ressources additionnelles minimales.

Intervention brève

Si une consommation à risque ou problématique est détectée, une intervention brève est généralement ensuite proposée. Le terme « intervention brève » est un terme général qui inclut différents types d’interventions durant lesquelles le clinicien donne des conseils et/ou une aide psychologique visant à comprendre les risques et les effets négatifs de la consommation et explorer des manières de la diminuer (Beyer et coll., 2019renvoi vers). Les différents modèles d’intervention brève partagent pour la plupart les mêmes fondements théoriques, c’est-à-dire les théories sociocognitives et motivationnelles (Heather, 1995renvoi vers). Ces différents modèles partagent également des modalités pratiques : elles sont conçues pour être effectuées lors de consultations régulières, qui durent souvent de 5 à 15 minutes avec les médecins ou de 20 à 30 minutes avec les infirmières et, bien que de courte durée, elles peuvent être dispensées en une à cinq séances. Finalement, elles comportent les mêmes composants structurels tels que : un feedback personnalisé sur l’usage d’alcool et les conséquences associées, une clarification de ce que constitue une consommation d’alcool à faible risque, des informations sur les risques associés à la consommation d’alcool, l’identification des situations à risques et des stratégies pour y faire face, les bénéfices attendus d’une réduction de la consommation, des conseils pour réduire la consommation, des techniques inspirées de l’entretien motivationnel visant à favoriser un changement, le développement d’un plan personnalisé de réduction de la consommation (Kaner et coll., 2018renvoi vers). De nombreux consommateurs d’alcool sont concernés par une intervention brève : les consommateurs à risque pour les inciter à réduire leur consommation et surtout éviter le passage à la consommation nocive, mais également les adolescents notamment sur les risques de la consommation épisodique massive ; ou encore les femmes notamment pour rappeler les risques de la consommation pendant la grossesse (Haute autorité de santé, 2014renvoi vers). Pour les personnes présentant une consommation problématique, un travail plus complet sera poursuivi.
L’efficacité des interventions brèves portant sur la consommation d’alcool dans les soins de santé primaires pour les consommateurs d’alcool à risque sans dépendance a été testée dans de nombreuses études et revues systématiques. Une revue systématique de 34 revues systématiques (O’Donnell et coll., 2014renvoi vers) montrait avec constance que l’intervention brève était efficace pour aborder la consommation à risque. Différentes études ont également montré le bon rapport coût-efficacité de l’intervention brève (Cobiac et coll., 2009renvoi vers ; Purshouse et coll., 2013renvoi vers ; Tariq et coll., 2009renvoi vers). Les revues de la littérature prenant en compte les différentes politiques étatiques pour diminuer le fardeau collectif lié à la consommation d’alcool placent l’implémentation de l’intervention brève dans les mesures les plus efficaces et les mieux soutenues par les données probantes (Babor et coll., 2010renvoi vers ; Burton et coll., 2017renvoi vers). Une analyse de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) avec des données obtenues au Canada, en République Tchèque et en Allemagne montrait également la place élevée de l’intervention brève par rapport à d’autres mesures de santé publique en termes de coût-efficacité (Sassi et coll., 2015renvoi vers). Ces analyses montraient que si des interventions brèves étaient systématiquement proposées dans les structures de soins primaires, elles pourraient générer des bénéfices importants en termes de santé et d’espérance de vie. Elles auraient notamment la capacité de prévenir un grand nombre de cas de dépendance à l’alcool et auraient un impact significatif sur l’incidence du cancer.
En termes d’efficacité, l’étude la plus importante est la méta-analyse de Kaner et de ses collègues (2018renvoi vers), réalisée dans le cadre de la Collaboration Cochrane, qui agrège les données de 69 études et 33 642 participants. Les études comprennent 38 études en médecine générale et 27 études dans des départements d’urgence. Les principaux résultats ont montré que les personnes recevant l’intervention brève buvaient alors significativement moins que les participants du groupe témoin. La réduction moyenne était de 20 grammes d’alcool pur par semaine, ce qui représente environ 2 verres standards. Dans l’ensemble, les données probantes ont été évaluées comme étant pour la plupart de qualité moyenne, ce qui signifie que l’ampleur et l’orientation de l’effet rapporté sont susceptibles d’être proches de l’effet réel de ces interventions. L’étude montrait également que des interventions plus longues n’apportent probablement que peu d’avantages supplémentaires.
Cette étude présentait également des résultats par sous-groupes. L’environnement de l’intervention montrait des résultats significatifs allant dans le même sens, même si la différence moyenne était supérieure en médecine générale (-26 g/semaine) qu’aux urgences (-10 g/semaine). L’effet significatif aux urgences est intéressant, car les résultats des méta-analyses préalables montraient des résultats contrastés, minimaux ou non significatifs (Landy et coll., 2016renvoi vers ; McGinnes et coll., 2016renvoi vers ; Schmidt et coll., 2016renvoi vers). L’inclusion de nouvelles études semble donner du poids à l’efficacité de l’intervention dans cet environnement. Une autre étude récente montrant des résultats significatifs (Barata et coll., 2017renvoi vers) semble confirmer cette tendance.
Les résultats en fonction du genre montrent également des résultats similaires et significatifs pour les hommes (-42 g/semaine) et les femmes (-30 g/semaine). L’efficacité démontrée chez les femmes est également importante car de précédentes revues systématiques montraient un manque de données probantes pour ce sous-groupe (O’Donnell et coll., 2014renvoi vers). L’efficacité en fonction de l’âge est plus contrastée (Kaner et coll., 2018renvoi vers). La plupart des études étaient menées avec des adultes et l’efficacité dans ce sous-groupe est donc similaire à l’échantillon global (-22 g/semaine). Seulement 3 études méta-analysées comprenaient des adolescents ou des jeunes adultes et l’effet n’est pas significatif (-7 g/semaine, intervalle de confiance de -17 à +3 g/semaine). La plupart des études dans ce sous-groupe montrent de la même manière des effets inférieurs, contrastés, voire non significatifs (Diestelkamp et coll., 2016renvoi vers ; Foxcroft et coll., 2016renvoi vers). Une large méta-analyse (185 échantillons d’étude analysés) a néanmoins montré des effets significatifs sur la consommation d’alcool et les problèmes liés (Tanner-Smith et Lipsey, 2015renvoi vers). Les effets étaient plus élevés chez les adolescents (11-18 ans) que chez les jeunes adultes (19-30 ans). Les auteurs concluaient que si ces effets restaient modestes, leur potentiel en termes de santé était profitable vu la brièveté et le faible coût de l’intervention. Une revue systématique a testé l’efficacité de mesures pour diminuer la consommation excessive d’alcool chez les personnes âgées (Kelly et coll., 2018renvoi vers). Malgré l’hétérogénéité des 8 études retenues, les effets étaient significatifs et montraient notamment que des interventions brèves pouvaient avoir un effet positif.
Les études sont plus rares, plus hétérogènes et les effets souvent plus petits dans les autres environnements dans lesquels l’intervention brève a pu être proposée. Une revue systématique montrait des données prometteuses pour le petit nombre d’études ayant testé une intervention brève en face-à-face pour maintenir l’abstinence durant la grossesse (Gilinsky et coll., 2011renvoi vers). Dans le milieu des hôpitaux généraux, une revue Cochrane a montré que l’intervention brève était bénéfique au niveau de la consommation d’alcool et du taux de mortalité (McQueen et coll., 2011renvoi vers). Cependant ces résultats étaient limités à des études ayant inclus principalement des hommes. Une revue systématique en médecine du travail a montré que, malgré la faiblesse méthodologique des études retenues et leur hétérogénéité, l’intervention brève dans ce milieu avait le potentiel de délivrer des effets bénéfiques (Webb et coll., 2009renvoi vers). Des études plus récentes ont confirmé ce potentiel (Ito et coll., 2015renvoi vers ; Watson et coll., 2015renvoi vers). Concernant l’efficacité des interventions brèves électroniques, les données probantes montrent des effets dans la communauté (Bewick et coll., 2008renvoi vers ; Kaner et coll., 2017renvoi vers), mais également en médecine de premier recours (Kypri et coll., 2008renvoi vers ; Nair et coll., 2015renvoi vers ; Ramsey et coll., 2019renvoi vers). Cette dernière étude montrait que si les interventions basées sur la technologie en médecine de premier recours semblaient être largement bénéfiques, les résultats pourraient être améliorés par l’implication des cliniciens et par l’utilisation de stratégies d’implémentation (Ramsey et coll., 2019renvoi vers).
Il est important de souligner que l’efficacité de l’intervention brève chez les personnes dépendantes n’est pas démontrée (Glass et coll., 2017renvoi vers ; Saitz, 2010renvoi vers). Pour les personnes dépendantes de l’alcool, l’intervention brève ne suffit probablement pas à infléchir un comportement aussi solidement ancré. Pour ces derniers, l’exposition à une intervention brève, même si elle ne change pas le comportement, pourrait constituer une première étape et conduire à une prise en charge spécialisée, même si les données pour l’affirmer manquent. Ce constat ne diminue pas l’intérêt de l’intervention brève à l’échelon de la population en raison de la prévalence élevée des bénéficiaires potentiels d’une intervention brève (approximativement 20-30 % de la population avec une consommation d’alcool à risque [Com-Ruelle et coll., 2008renvoi vers ; Gmel et coll., 2017renvoi vers]) et des conséquences importantes associées à la consommation d’alcool à risque sans dépendance en termes de morbidité et de mortalité (Global Burden of Disease Alcohol Collaborators, 2018renvoi vers ; Rehm et coll., 2012renvoi vers ; Weitzman et Nelson, 2004renvoi vers).
Malgré les informations fournies pour différents sous-groupes, quelques zones d’ombre demeurent encore, l’efficacité dans les minorités ethniques ou dans les pays en voie de développement (O’Donnell et coll., 2014renvoi vers) par exemple, mais également concernant le contenu des interventions efficaces (Gaume et coll., 2014renvoi vers ; Kaner et coll., 2018renvoi vers). De plus, l’implémentation de l’intervention brève demeure également limitée. Dans une étude anglaise, les données montraient que seuls 10 % des personnes consommant excessivement avaient reçu un conseil sur leur consommation (Brown et coll., 2016renvoi vers). En comparaison, dans cette même étude, 50 % des fumeurs recevaient un conseil pour le tabac. Dans une étude européenne dans 5 pays ou régions (Angleterre, Pays-Bas, Pologne, Suède et Catalogne), l’effet de l’implémentation de l’intervention brève s’est révélée minime (Bendtsen et coll., 2015renvoi vers). Dans cette étude, seulement 11 patients éligibles sur 1 000 étaient dépistés et recevaient une intervention. Lors du suivi à 9 mois (Anderson et coll., 2017renvoi vers), la proportion de patients dépistés et recevant une intervention était 1,39 fois plus élevée si des démarches d’entraînement et de soutien étaient proposées. S’ils restent minimes, ces effets étaient néanmoins significatifs et donnent des indications sur les voies possibles pour développer l’intervention brève. Devant ces difficultés à implémenter le dépistage et l’intervention brève systématique en routine dans les cabinets de soins de premier recours, certains auteurs ont proposé de repenser le modèle et de privilégier une intervention par paliers (McCambridge et Rollnick, 2014renvoi vers ; McCambridge et Saitz, 2017renvoi vers). Ce modèle privilégierait les interventions brèves électroniques (internet, applications mobiles) pour la population générale et offrirait une intervention brève courte seulement pour les personnes le nécessitant, alors qu’un référencement vers un service spécialisé serait préconisé pour les problèmes sévères.

Conclusion

En résumé, le dépistage et l’intervention brève sont des outils de santé publique indispensables au vu de la morbidité et de la mortalité élevées associées au mésusage d’alcool. Ils permettent un dépistage et une intervention précoce et efficace pour les consommateurs d’alcool à risque. Malgré les outils disponibles, leur pratique reste très limitée. Lorsqu’ils sont mis en œuvre, le dépistage et l’intervention brève sont efficaces. Ainsi, nous recommandons de prioriser les efforts d’implémentation du dépistage de la consommation d’alcool à risque et de l’intervention brève à large échelle. Pour que ces efforts soient en même temps bon marché et efficaces, nous recommandons de promouvoir des dépistages et interventions brèves électroniques, dans les collectivités publiques (écoles, universités, armée) et dans les salles d’attente des cabinets médicaux, particulièrement en médecine générale et aux urgences. La pratique de l’intervention brève pour les consommateurs d’alcool à risque inclut de fait les personnes dépendantes à l’alcool. Pour ces dernières, on ne peut pas s’attendre à ce que l’intervention brève modifie le comportement, mais elle pourrait initier une discussion et constituer une première étape dans la prise en charge d’une dépendance à l’alcool.

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