Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
III.
Réduction des risques et des dommages, et stratégies de prise en charge des
consommateurs
2021
18-
Stratégies de prise en charge
de la dépendance à l’alcool
Les sujets dépendants sont un sous-groupe minoritaire parmi les sujets
présentant un mésusage de l’alcool. De plus, la majorité des dommages
liés à l’alcool concerne des sujets ayant un mésusage mais qui ne
remplissent pas les critères diagnostiques de dépendance. Cependant, la
dépendance à l’alcool étant une maladie chronique, elle impose une prise
en charge selon des stratégies particulières que nous développons dans
ce chapitre.
La dépendance à l’alcool : une maladie
chronique
La dépendance à l’alcool, dont l’héritabilité est autour de 50 %
(Verhulst et coll., 2015

), correspond au stade le plus sévère des
troubles liés à l’usage de l’alcool (SFA,
2015

).
Les sujets dépendants constituent un sous-groupe minoritaire de
l’ensemble des sujets présentant un mésusage de l’alcool composé
principalement de sujets présentant un usage à risque ou un usage
nocif. La majorité des dommages liés à l’alcool concerne des sujets
ayant un mésusage mais qui ne remplissent pas les critères
diagnostiques de dépendance (
World Health Organization,
2014

).
Il en découle des interventions graduées :
• prévenir l’évolution vers un usage à risque des individus qui
sont à risque faible ;
• aider les individus ayant un usage à risque à revenir dans
les repères de consommation et prévenir leur évolution vers
un usage nocif ;
• réduire les risques et les dommages des individus ayant un
usage nocif et les aider à revenir dans les repères de
consommation ;
• prendre en charge les individus dépendants (SFA,
2015

; Santé publique France et
Institut national du cancer,
2017

).
Depuis les années 2000, on constate dans la littérature que la
dépendance à l’alcool est trop souvent prise en charge
ponctuellement, en tant qu’épisodes aigus isolés, alors que plus de
deux siècles d’observations de cette pathologie ont permis de mettre
en évidence son caractère chronique (White et coll.,
2002

).
Afin de favoriser ce changement de culture dans la prise en charge
de la dépendance à l’alcool aux États-Unis, des informations ont été
diffusées auprès des professionnels de santé comparant notamment la
dépendance à l’alcool à d’autres pathologies chroniques telles que
le diabète ou l’hypertension artérielle (Hon,
2003

;
McLellan et coll., 2000

). Ce type d’approche pourrait également
aider à la déstigmatisation des pathologies addictives. Toutes ces
pathologies se caractérisent en effet par leur évolution chronique,
une forte vulnérabilité génétique et des comportements défavorables
à la santé. Afin de rompre le cycle de la chronicité, des soins au
long cours visant à prévenir les risques de rechute sont donc
nécessaires (McKay et Hiller-Sturmhofel,
2011

).
Or, dans la dépendance à l’alcool, les soins visant à prévenir la
rechute au décours de la phase initiale du traitement sont souvent
insuffisants tant en intensité qu’en durée, si bien que les taux de
rechute sont très élevés, vraisemblablement autour de 40 % à 60 %
dans l’année (Batra et coll., 2016

; McKay et Hiller-Sturmhofel,
2011

;
McLellan et coll., 2000

).
Néanmoins, certains auteurs font état des risques à ne considérer la
dépendance à l’alcool que comme une maladie chronique (Cunningham et
McCambridge, 2012

). Ils constatent notamment que les
critères de dépendance peuvent n’être présents qu’au cours d’un
épisode de vie isolé. Ces sujets ne se considèrent donc pas comme
malades chroniques et leur dépendance pourrait se résoudre sans
rechutes ultérieures. Pour ces auteurs, les sujets présentant une
forme chronique de dépendance à l’alcool constitueraient donc un
sous-groupe spécifique de dépendants, caractérisé par une dépendance
plus sévère et l’existence de troubles psychiatriques co-occurrents
et/ou de co-addictions (Cunningham et McCambridge,
2012

).
Ainsi, il pourrait exister un risque à se focaliser uniquement sur
ces sujets au détriment de la prise en charge de la majorité des
sujets présentant une dépendance moins sévère et des sujets ayant un
mésusage sans critères de dépendance.
Plus récemment, Connor, Haber et Hall ont proposé une synthèse
pragmatique des considérations antérieures sur cette question, en
lien avec les évolutions nosographiques actuelles graduant les
consommations à risque d’alcool en fonction de leurs sévérités
(Connor et coll., 2016

). Ils considèrent ainsi que les formes
légères du trouble peuvent se résoudre sans rechute tandis que les
troubles plus sévères ont tendance à devenir chroniques et
nécessitent donc des soins au long cours. Cette approche semble
désormais la plus consensuelle (Ray et coll.,
2019

).
Dans la littérature francophone, Benyamina et Reynaud évoquent ainsi
que la dépendance à l’alcool est une « maladie chronique
caractérisée par des phases de rémissions et de rechutes qui peuvent
survenir plusieurs mois ou années après une rémission » (Benyamina
et Reynaud, 2016

). À l’instar des campagnes d’information
nord-américaines de 2011, ils proposent de comparer la dépendance à
l’alcool à d’autres maladies chroniques telles que le diabète ou le
trouble bipolaire, et estiment qu’avoir conscience du caractère
chronique de cette pathologie permet une meilleure acceptation de
celle-ci et donc un meilleur engagement dans des programmes de soins
au long cours. Les auteurs constatent les difficultés qui persistent
à concevoir la dépendance à l’alcool comme une maladie chronique
alors que cette approche permettrait d’y appliquer l’ensemble des
stratégies utilisées dans d’autres maladies chroniques destinées à
en optimiser la prise en charge. Par exemple, une attention toute
particulière doit être accordée au moment de l’annonce diagnostique
(Benyamina et Reynaud, 2016

). Dans ce contexte, l’utilisation des
principes de l’entretien motivationnel permet d’aider le patient à
cheminer vers le changement en suscitant sa motivation intrinsèque
plutôt qu’en argumentant pour tenter de corriger le déni, ce qui
peut avoir tendance à le renforcer (Britt et coll.,
2003

).
Ainsi, du fait du caractère chronique de la dépendance à l’alcool,
un enjeu majeur est l’amélioration de l’observance au long cours
afin de prévenir la rechute. Contrairement aux idées reçues, la
fréquence de réapparition des symptômes n’est pas plus élevée dans
la dépendance à l’alcool que dans d’autres maladies chroniques
(McKay et Hiller-Sturmhofel, 2011

). Par exemple, 30 à 50 % des patients
présentant un diabète de type 1 et 50 à 70 % des patients présentant
une hypertension artérielle verraient leur symptomatologie
réapparaître chaque année au point de nécessiter une intensification
de leurs soins médicaux pour permettre de contenir ces symptômes
(McLellan et coll., 2000

).
Même si de nombreux patients pourraient présenter des rémissions
spontanées, le profil de ces patients n’est pas bien identifié si
bien qu’ils devraient tous pouvoir bénéficier d’un accès aux soins
addictologiques (Spinelli et Thyer,
2017

).
Pourtant, ce ne serait le cas que pour 10 % d’entre eux (Drummond et
coll., 2011

). Le déficit motivationnel à changer ses comportements vis-à-vis
de l’alcool n’est pas la seule explication pour rendre compte de
cette situation. Dans une étude conduite dans 6 pays européens et à
partir de 1 008 patients présentant une consommation problématique
d’alcool, parmi les 810 qui ne recevaient pas de traitements, le
déni du trouble n’était mentionné que par 55,3 % des 251 qui en
avaient expliqué les raisons (Probst et coll.,
2017

).
Les autres raisons exprimées par les patients étaient la crainte
d’être stigmatisés (28,6 %), l’impossibilité à accéder aux soins
(22,8 %) et le fait de souhaiter s’en sortir seul (20,9 %). Lorsque
l’intensité du trouble augmentait, la probabilité d’évoquer le déni
comme raison de non prise en charge diminuait, tandis que les
difficultés d’accès aux soins augmentaient. Dans une étude anglaise,
à partir de 69 826 sujets, il a également été montré que la
motivation aux soins se renforçait avec la sévérité du trouble
(Dunne et coll., 2018

). Comparés à des sujets ayant un score
« dangereux » ou « problématique » à l’AUDIT (
Alcohol Use
Disorders Identification Test), ceux qui avaient un score de
« dépendance probable » étaient moins susceptibles de déclarer une
absence de motivation à réduire leur consommation (seulement 26,2 %
d’entre eux) mais plus d’un quart (27,7 %) n’ont eu accès à aucune
aide lors de leur dernière tentative de réduction. Enfin, environ la
moitié des patients se rendent à une consultation d’addictologie qui
leur a été préconisée à l’occasion de leur passage dans un service
d’accueil des urgences (Blow et coll.,
2010

).
Une approche pragmatique dans le choix des objectifs
thérapeutiques
La littérature met en évidence qu’un objectif d’arrêt de l’usage,
comparé à un objectif de réduction, est associé à de meilleures
chances de succès de la prise en charge. Par exemple, dans une étude
suédoise ayant inclus 349 patients dépendants à l’alcool dans trois
services d’alcoologie, l’efficacité de la prise en charge a été
évaluée au cours d’un suivi de 5 ans en fonction de l’objectif
initial souhaité par le patient : arrêt de l’usage, réduction de
l’usage ou absence d’objectif (Berglund et coll.,
2019

). À
la fin du suivi, la prévalence de patients ayant arrêté l’usage de
l’alcool était de 46 % pour ceux qui avaient choisi cet objectif, de
6 % pour ceux qui avaient choisi la réduction et de 21 % pour ceux
qui n’avaient pas choisi d’objectif. Concernant la prévalence
d’usage à risque faible (incluant l’arrêt de l’usage), elle était de
76 % pour ceux qui avaient choisi l’arrêt de l’usage, de 59 % pour
ceux qui avaient choisi la réduction et de 61 % pour ceux qui
n’avaient pas choisi d’objectif. Comparés aux deux autres groupes,
les patients dont l’objectif initial était l’arrêt de l’usage
présentaient à la fin du suivi une réduction plus importante de leur
consommation d’alcool, de leur nombre de critères du
DSM-5
1
Le DSM-5 est la
cinquième et dernière édition du Manuel diagnostique et
statistique des troubles mentaux de l’Association Américaine
de Psychiatrie.
de
dépendance à l’alcool et de la prévalence du diagnostic de
dépendance. Par ailleurs, une étude suisse a étudié l’évolution de
la qualité de vie dans les 24 mois qui suivaient les soins
addictologiques parmi 160 patients dépendants à l’alcool. Ceux qui
étaient majoritairement abstinents au cours du suivi étaient ceux
qui avaient la meilleure amélioration de leur qualité de vie
psychique, s’approchant ainsi de celle de la population générale
(Daeppen et coll., 2014

).
De plus, pour des sujets désireux d’arrêter l’usage de l’alcool, une
stratégie de sevrage comparée à une réduction progressive serait
associée à de meilleures chances de succès. Dans une étude
américaine comprenant 128 femmes présentant un trouble lié à l’usage
de l’alcool et désireuses d’en arrêter l’usage grâce à un programme
ambulatoire de thérapies comportementales (TCC) de 12 semaines, le
fait de choisir une stratégie d’arrêt total de l’usage comme
objectif plutôt qu’une réduction progressive de la consommation
était associé à une probabilité plus élevée d’atteindre l’objectif
d’arrêt de l’usage au cours d’un suivi de 12 mois (Holzhauer et
coll., 2017

). Enfin, il semblerait que le délai entre le début de la prise en
charge et l’arrêt de l’usage soit associé aux chances de succès.
Dans une étude américaine sur 954 patients ayant un objectif d’arrêt
de l’usage, le fait d’accéder rapidement à cet objectif était
associé à un meilleur pronostic à 16 semaines (moins de jours de
consommation et niveau de consommation plus faible durant les jours
de consommation) (Dunn et coll.,
2017

).
Plus la période d’abstinence initiale était longue, plus le
pronostic à 16 semaines sur ces indicateurs était bon.
Néanmoins, compte-tenu du défaut majeur de prise en charge des sujets
dépendants à l’alcool (Drummond et coll.,
2011

),
il apparaît comme prioritaire de faciliter leur entrée dans les
soins. À ce titre, bien que le RPIB soit plutôt destiné aux
consommateurs à risque qu’aux dépendants, son déploiement permet
nécessairement d’améliorer le repérage des dépendants afin de leur
proposer au moins les interventions minimales les plus
coût-efficaces (NICE, 2011

), puis des stratégies plus intensives
basées sur des objectifs thérapeutiques pragmatiques en fonction de
ce que le sujet est prêt à accepter (Connor et coll.,
2016

).
En effet, environ la moitié des patients dépendants ne souhaitent
pas arrêter totalement l’usage de l’alcool (Mann et coll.,
2017

).
Pour ces patients, un objectif initial de réduction plutôt que
d’arrêt de l’usage est à proposer (Connor et coll.,
2016

;
Mann et coll., 2017

). La réduction de l’usage a montré de
nombreux avantages : possibilité d’effectuer des entretiens
motivationnels destinés à favoriser la motivation à des objectifs
plus ambitieux, prise en charge des comorbidités sociales,
somatiques, psychiatriques et addictologiques et réduction des
risques et des dommages (Mann et coll.,
2017

).
Cependant, comme beaucoup de patients dépendants n’arrivent pas à
maintenir durablement une consommation contrôlée (Connor et coll.,
2016

),
l’arrêt de l’usage reste donc l’objectif final à promouvoir (Connor
et coll., 2016

; Mann et coll., 2017

; SFA,
2015

).
Par exemple, le besoin impérieux de consommer, qui a été associé au
risque de rechute, serait diminué chez les sujets présentant un
arrêt de l’usage par rapport à ceux qui le poursuivent. Les données
de 177 sujets inclus dans deux essais thérapeutiques sur le
traitement par TCC de la consommation problématique d’alcool ont été
utilisées pour étudier l’évolution quotidienne du besoin impérieux
de consommer pendant le traitement et après l’arrêt de l’usage
(Hallgren et coll., 2016

). L’arrêt de l’usage durant le traitement
était associé à une réduction significative du besoin impérieux de
consommer, et cette réduction s’amplifiait graduellement avec la
durée de l’arrêt. En revanche, ceux qui avaient poursuivi l’usage
pendant toute la durée du traitement n’avaient pas de réduction de
leur besoin impérieux de consommer.
Le choix de l’arrêt de l’usage plutôt que de la réduction est souvent
sous-tendu par l’existence d’une dépendance plus sévère (par
exemple : des niveaux de consommations plus élevés [Haug et coll.,
2018

] ;
une plus grande perception des conséquences négatives de l’usage
d’alcool [Holzhauer et coll., 2017

]). Quoiqu’il en soit, dans une étude
allemande auprès de 242 patients, 90 % des patients préféraient
avoir un rôle actif dans le choix de l’objectif thérapeutique
(Friedrichs et coll., 2018

). Ni l’âge, ni le sexe, ni le niveau
éducatif, ni les symptômes dépressifs n’étaient associés à cette
préférence. Néanmoins, dans une étude suédoise sur 201 patients, le
fait qu’il existe une discordance entre l’objectif du patient et le
traitement mis en place n’était pas associé à un moins bon pronostic
au cours d’un suivi de 2,5 ans (Berglund et coll.,
2016

).
En revanche, un objectif congruent d’arrêt de l’usage était associé
à 88 % d’arrêt, alors qu’un objectif congruent de réduction était
associé à 54 % de consommation à risque faible à la fin du suivi.
Enfin, quel que soit l’objectif qui a été fixé, la motivation au
changement joue un rôle important dans l’efficacité de la prise en
charge. Dans une étude suisse basée sur 78 patients bénéficiant de
soins ambulatoires pour un trouble lié à l’usage de l’alcool, la
confiance dans les capacités à atteindre les objectifs et le fait de
se sentir prêt à changer ses comportements étaient associés à une
augmentation du nombre de jours sans usage ainsi qu’à une diminution
du nombre de jours de forte consommation (au moins six unités
standard d’alcool) au terme d’un suivi de 12 mois. Ces résultats
étaient retrouvés quelles que soient les stratégies thérapeutiques
mises en place, et en contrôlant également pour l’âge, le sexe et la
sévérité de la dépendance (Gaume et coll.,
2017

).
Lorsque ces indicateurs étaient réévalués au cours du suivi, leur
valeur prédictive persistait.
Une prise en charge multimodale et
coordonnée
Il est désormais bien établi que la dépendance à l’alcool suit un
modèle biopsychosocial nécessitant une prise en charge globale
(Wallace, 1993

). La prise en charge de la dépendance à
l’alcool repose donc sur une approche multimodale (USDHHS,
2016

).
Les principales composantes de la prise en charge sont l’utilisation
d’outils psychothérapeutiques, les traitements médicamenteux, la
remédiation cognitive, la réhabilitation sociale incluant les prises
en charge résidentielles et le traitement des comorbidités :
co-addictions, troubles psychiatriques co-occurrents et pathologies
somatiques (Connor et coll., 2016

; SFA,
2015

;
Vabret et coll., 2016

). Pour prendre en compte tous ces
aspects de la prise en charge, la littérature rapporte les bénéfices
d’une prise en charge intégrative, par opposition aux prises en
charge séquentielles ou en parallèle non coordonnées entre elles
(Savic et coll., 2017

). Néanmoins, il n’existe pas de consensus
sur la définition d’une prise en charge intégrative. Par exemple, il
peut s’agir de considérer que toute la prise en charge doit se
dérouler dans une même unité de temps et de lieu, ou bien qu’il
existe une coordination entre les différents acteurs de la prise en
charge. Dans tous les cas, il s’agit de prendre en charge le patient
dans sa globalité avec pour finalité une amélioration de la qualité
de vie des patients et de leur accès aux soins ainsi que la
facilitation de leur rétablissement (Crockford et coll.,
2015

).
Dans une revue systématique incluant 14 articles visant à évaluer des
stratégies contribuant à la prise en charge intégrative des
consommations problématiques d’alcool (Savic et coll.,
2017

),
la prise en charge de la dépendance à l’alcool associée à celle des
troubles psychiatriques co-occurrents, des comorbidités somatiques
ou des difficultés sociales permettrait une prise en charge efficace
de l’ensemble de ces troubles, une meilleure satisfaction des
patients vis-à-vis des soins, une meilleure utilisation des
ressources, des taux plus élevés d’arrêt de l’usage ainsi qu’un
meilleur fonctionnement global jusqu’à 9 ans après les soins.
Il est également important que la prise en charge intégrative ne soit
pas déconnectée du système de soins global et des soins primaires,
notamment pour faciliter le repérage précoce, l’accès aux soins
spécialisés et éviter la stigmatisation des patients (NIAAA,
2017

;
Rehm et coll., 2016

; USDHHS,
2016

).
Parmi les comorbidités à prendre en charge, la littérature s’est
densifiée concernant l’attention à accorder au traitement des
troubles du sommeil et de la douleur. Les troubles du sommeil
pourraient concerner jusqu’à 74 % des sujets présentant une
consommation d’alcool à risque (Miller et coll.,
2017

).
Une méta-analyse récente a étudié l’efficacité du traitement des
troubles du sommeil chez les sujets présentant un trouble lié à
l’usage de l’alcool dans l’amélioration des deux troubles ainsi que
de la symptomatologie dépressive (Miller et coll.,
2017

).
Neuf études ont été incluses, correspondant à 410 participants dont
206 dans un groupe interventionnel bénéficiant d’une TCC centrée sur
le traitement des troubles du sommeil ou d’un traitement
pharmacologique. Comparés aux sujets du groupe contrôle, ceux qui
ont bénéficié d’une intervention présentaient une amélioration de la
qualité de leur sommeil ainsi que de leurs symptômes dépressifs.
L’absence d’efficacité retrouvée sur le taux d’arrêt d’usage
d’alcool était à nuancer au regard des faiblesses méthodologiques
des études incluses et de l’existence de longues périodes d’arrêt de
l’usage chez beaucoup de sujets inclus. Les symptômes douloureux
chroniques pourraient concerner jusqu’à 34 % des sujets présentant
une consommation d’alcool à risque (Jakubczyk et coll.,
2015

).
Dans une étude polonaise incluant 366 sujets suivis pour une
consommation d’alcool à risque, la diminution de la douleur au terme
d’un an de suivi était associée à une réduction du risque de
rechute, y compris en tenant compte de la symptomatologie
dépressive, du niveau de consommation à l’inclusion et du soutien
social (Jakubczyk et coll., 2016

).
De nombreux patients seraient réticents à débuter un sevrage
tabagique en même temps que le sevrage de l’alcool, craignant que
cela ne rende plus difficile le sevrage de l’alcool. Pourtant, le
sevrage tabagique est associé à une réduction de l’usage de l’alcool
chez ceux qui consomment encore ainsi qu’à une diminution du risque
de rechute chez les abstinents (Friend et Pagano,
2005

;
Gulliver et coll., 2006

). Une étude allemande a inclus 279
patients présentant une consommation problématique d’alcool recrutés
durant leur hospitalisation pour sevrage thérapeutique (Hufnagel et
coll., 2017

). Parmi ces patients, 75 % étaient fumeurs et le fait d’être
fumeur était associé à un risque de rechute dans les 12 mois presque
multiplié par 4 (
hazard ratio = 3,9 [IC 95 % : 1,6-9,9]). Un
échantillon nord-américain de 386 fumeurs a été suivi pendant un an
au décours de leur sevrage tabagique (Paulus et coll.,
2019

).
Leur niveau de risque de trouble de l’usage d’alcool mesuré avec
l’AUDIT diminuait avec le temps et cette diminution était fortement
associée à la diminution de leur sensibilité à l’anxiété, mesurée
avec l’
Anxiety Sensitivity Index-3, qui semblait précéder
l’amélioration des scores de l’AUDIT.
Le sevrage de cannabis a également été associé à une meilleure
efficacité de la prise en charge de la dépendance à l’alcool, y
compris pour des consommations peu importantes de cannabis. Dans une
étude américaine, 206 consommateurs de cannabis et 999 non
consommateurs étaient tous engagés dans une prise en charge de leur
dépendance à l’alcool pendant 16 semaines dans le cadre de leur
participation à un essai thérapeutique (Subbaraman et coll.,
2017

).
Comparés aux non consommateurs, ceux qui consommaient du cannabis
avaient en moyenne 4 jours de moins sans usage de l’alcool. Plus
particulièrement, ceux qui consommaient du cannabis une à deux fois
par mois avaient en moyenne 10 jours sans usage d’alcool de moins
que les non consommateurs. D’une manière générale, une évaluation de
l’ensemble des conduites addictives, incluant les addictions
comportementales, est à réaliser chez tous les sujets présentant une
dépendance à l’alcool afin de prendre en charge la pathologie
addictive dans son ensemble (SFA,
2015

).
Des outils tels que l’
Addiction Severity Index peuvent être
utiles dans ce contexte (Denis et coll.,
2016

).
Utilisation d’outils
psychothérapeutiques
L’approche motivationnelle permet d’améliorer l’efficacité des
interventions psychosociales plus intensives à proposer aux sujets
dépendants (SFA, 2014). Parmi ces interventions, la thérapie
cognitive et comportementale (TCC), la thérapie des contingences et
la méditation de pleine conscience ont fait l’objet de nombreuses
publications (Connor et coll., 2016

; Ray et coll.,
2019

).
Thérapie
cognitivo-comportementale
L’efficacité de la TCC dans la prise en charge de la dépendance à
l’alcool a été montrée dans plusieurs études et dans des
méta-analyses (Carroll et Kiluk,
2017

). L’accès à la TCC pourrait être en partie améliorée grâce
aux programmes de TCC en ligne (Sundström et coll.,
2017

). Une étude nord-américaine a testé la faisabilité d’un tel
programme chez 68 sujets présentant une consommation d’alcool
problématique. Comparés aux patients randomisés dans le groupe
de soins courants, ceux qui bénéficiaient de la TCC en ligne
étaient plus observants et avaient plus de jours d’abstinence,
avec de potentiels bénéfices en termes médico-économiques (Kiluk
et coll., 2016

). Une supervision à distance par un
soignant pourrait néanmoins améliorer l’efficacité de
l’intervention (Sundström et coll.,
2016

).
Thérapie des
contingences
De nombreuses publications récentes ont étudié l’efficacité de la
thérapie des contingences (McPherson et coll.,
2018

). Son principe repose sur l’utilisation de renforçateurs, la
plupart positifs (des cadeaux), pour conditionner le choix d’un
sujet, afin de lui faire prendre une option plus attractive pour
lui que l’abstinence seule (Cottencin et coll.,
2018

). Dans une méta-analyse destinée à comparer l’efficacité de
combinaisons de stratégies thérapeutiques sur le taux d’arrêt de
l’usage, 137 essais contrôlés randomisés ont été inclus pour un
total de 27 282 patients présentant une consommation d’alcool
problématique (Gao et coll.,
2018

). Les différentes stratégies testées étaient la
psychothérapie (comprenant la TCC, les entretiens motivationnels
et le programme en 12 étapes), la pharmacothérapie, la thérapie
des contingences et l’intervention brève. La combinaison de la
psychothérapie et de la thérapie des contingences était la prise
en charge qui était associée au taux d’arrêt de l’usage le plus
élevé durant la prise en charge, tandis que la combinaison de la
pharmacothérapie et de la psychothérapie était associée au taux
d’abstinence le plus élevé lors de la phase de suivi. La
thérapie des contingences a montré qu’elle pouvait être utilisée
chez les patients présentant des troubles psychiatriques
co-occurrents (Leickly et coll.,
2019

). Le développement des capteurs transdermiques de mesure de
l’alcoolémie pourrait en faciliter le suivi (Mathias et coll.,
2018

). L’acceptabilité de ces dispositifs a été testée. Dans une
étude américaine auprès de 649 patients susceptibles de
participer à un essai thérapeutique, seulement 9 % d’entre eux
avaient refusé de participer à l’essai en raison du bracelet de
mesure transdermique de l’alcoolémie (Alessi et coll.,
2017

). Parmi les participants, 84 % des patients sont allés au
terme des 12 semaines de suivi et 96 % ont rendu les dispositifs
intacts. Au total, 81 % des patients ont déclaré que le port du
bracelet les avait aidés à réduire leur consommation, et 75 %
auraient été prêts à le garder sur une plus longue période. La
thérapie des contingences a également montré son efficacité dans
la réduction du niveau de consommation chez des gros buveurs
n’ayant pas de demande de soins (Ray et coll.,
2019

). Dans une étude préliminaire nord-américaine (Barnett et
coll., 2017

), 30 sujets gros buveurs sans demande d’aide étaient
randomisés soit dans un bras proposant trois semaines de
thérapie des contingences avec un contrôle des consommations
basé sur une mesure quotidienne de l’alcoolémie transdermique,
soit dans un contrôle dans lequel les sujets recevaient une
récompense financière équivalente à celle reçue par le sujet du
bras interventionnel auquel ils étaient appariés sans lien avec
leur propre consommation d’alcool. Durant les trois semaines de
thérapie, les sujets du bras interventionnel avaient plus de
jours sans alcool (54,3 %) que les sujets contrôles (31,2 %). La
période sans alcool la plus longue était de 8,0 jours dans le
groupe intervention comparé à 2,9 jours dans le bras contrôle.
Au total, 31,1 % des sujets du groupe intervention avaient
retrouvé une consommation à risque faible contre seulement 7,1 %
dans le bras contrôle. En revanche, il n’existait plus de
différence entre les groupes durant la phase de suivi d’un
mois.
Enfin, la thérapie des contingences pourrait avoir une utilité
pour améliorer l’observance des soins. Dans une étude américaine
comprenant 262 participants présentant un usage problématique de
substances incluant l’alcool, les sujets étaient randomisés dans
un groupe bénéficiant d’une thérapie comportementale seule ou
dans un groupe comportant également une thérapie des
contingences à faible coût destinée à améliorer l’observance aux
soins (Fitzsimons et coll.,
2015

). Les sujets recevaient 10 dollars pour leur présence à J1 et
15 dollars pour leur présence à J5. Comparés aux sujets qui
n’avaient reçu que la thérapie comportementale, ceux qui avaient
aussi reçu une thérapie des contingences avaient un taux
d’observance plus élevé du traitement comportemental, tant
durant la première semaine de traitement qu’au cours des trois
semaines suivantes, alors qu’ils ne recevaient plus de
récompenses durant cette période.
Méditation de pleine
conscience
Une littérature importante a émergé récemment concernant
l’efficacité des programmes basés sur la méditation de pleine
conscience (Byrne et coll.,
2019

; Cavicchioli et coll., 2018

; Grant et coll.,
2017

; Li et coll., 2017

). Dans une méta-analyse compilant 37
études incluant un total de 3 531 patients provenant d’essais
randomisés et non randomisés (Cavicchioli et coll.,
2018

), les programmes de méditation de pleine conscience ont
montré une efficacité supérieure à d’autres stratégies
thérapeutiques comportant notamment la TCC, la psycho-éducation,
la psychothérapie de soutien et le programme en 12 étapes, et
sur les indicateurs suivants : taux d’arrêt de l’usage,
craving, stress perçu, émotions négatives, symptômes
dépressifs, symptômes anxieux et symptômes post-traumatiques.
Les programmes de méditation de pleine conscience ayant montré
une possible amélioration concomitante des symptômes
psychiatriques associés au trouble lié à l’usage de l’alcool,
ils pourraient avoir un intérêt particulier chez les sujets
présentant certains troubles psychiatriques co-occurrents,
notamment les troubles de l’humeur et les troubles anxieux
(Brett et coll., 2018

). De plus, cette stratégie
thérapeutique n’étant pas focalisée directement sur l’usage
d’alcool, elle pourrait convenir aux sujets ayant échoué avec
d’autres stratégies ou qui sont ambivalents dans leur désir de
changement (Brett et coll.,
2018

). Enfin, il a été montré chez les adolescents que le niveau
de pleine conscience pouvait moduler les associations entre
certains facteurs de vulnérabilité et l’usage d’alcool. Par
exemple, dans une population nord-américaine de 385 adolescents,
les liens entre l’adversité durant l’enfance et l’usage d’alcool
passaient en partie par le niveau de pleine conscience (Brett et
coll., 2018

). Dans une population nord-américaine
de 69 adolescents, alors qu’il existait des associations
attendues entre l’intensité du
craving déclenché par les
stimuli environnementaux et la quantité d’alcool
consommée, le niveau de pleine conscience exerçait un effet
modérateur sur cette association (Hochster et coll.,
2018

).
Thérapie d’exposition
La thérapie d’exposition est une thérapie comportementale visant
à moduler les réponses comportementales conditionnées lors de
l’exposition à des stimuli associés à l’usage de substance.
Cette thérapie n’a pas montré à ce jour d’efficacité dans la
prise en charge de la dépendance à l’alcool, ni sur le nombre de
jours de consommation ni sur le nombre d’unité par jour
(Mellentin et coll., 2017

). Dans une population de patients
dépendants à l’alcool sevrés, la thérapie d’exposition pourrait
même diminuer les capacités de contrôle inhibiteur face aux
stimuli environnementaux liés à l’usage d’alcool
(Kreusch et coll., 2017

). De même, les approches destinées à
favoriser des réactions aversives vis-à-vis de l’alcool ne sont
pas efficaces, de même que l’entraînement à la relaxation ou la
dispensation de conseils très généraux sur la dépendance à
l’alcool (Miller et Wilbourne,
2002

).
Planifier les soins au long cours en amont du
sevrage thérapeutique
Pour les sujets qui y sont prêts, le sevrage thérapeutique de
l’alcool permet de débuter un processus d’arrêt de l’usage complet
et durable (Babor et coll., 2017

; Bacidore et coll., 2017). En d’autres
termes, il n’y a pas d’indication au sevrage dans les situations
suivantes :
• une absence de projet de soins au décours du sevrage ;
• une détresse sociale, professionnelle ou émotionnelle
actuelle sans évaluation approfondie préalable des bénéfices
attendus de la mise en place d’un sevrage dans ce
contexte ;
• une absence de désir du patient d’arrêter l’usage de l’alcool
(Bacidore et coll., 2017 ; Barrio et coll.,
2018

).
En effet, la balance bénéfice-risque à effectuer des sevrages
itératifs sans projet d’arrêt de l’usage au décours n’est pas
favorable. D’une part, lorsque le traitement médicamenteux des
symptômes de sevrage n’est pas optimal, le sujet est exposé de façon
répétée à la neurotoxicité du glutamate, ce qui peut conduire à des
symptômes de sevrage de plus en plus sévères et à majorer le risque
de complications (Mainerova et coll.,
2015

).
D’autre part, les sevrages répétés pourraient également favoriser
des altérations des fonctions exécutives, notamment du contrôle
motivationnel, du contrôle inhibiteur, de la flexibilité cognitive
et de la prise de décision, et diminuer la cognition sociale (Loeber
et coll., 2009

; O’Daly et coll., 2012

).
Par conséquent, il apparaît essentiel de préparer le sevrage
thérapeutique, notamment en planifiant en amont les soins à mettre
en Å“uvre au décours. Pourtant, entre 40 et 50 % des patients ne
débuteraient pas de soins addictologiques au décours d’une
hospitalisation pour sevrage (Kouimtsidis et coll.,
2017

)
alors qu’en l’absence de soins addictologiques au décours du
sevrage, au moins 80 % des patients présenteraient une rechute
(Batra et coll., 2016

). Plusieurs études ont suggéré que
l’anticipation des soins addictologiques avant de procéder au
sevrage thérapeutique pourrait améliorer sensiblement l’observance
et, par conséquent, le maintien de l’arrêt de l’usage (Chutuape et
coll., 2001

; Kouimtsidis et coll., 2017

). Par exemple, les groupes de préparation
à l’arrêt de l’usage pourraient aider sensiblement à faciliter
l’adhésion aux soins addictologiques au décours du sevrage
(Kouimtsidis et coll., 2017

). La préparation du sevrage thérapeutique
devrait également inclure la réduction de la consommation, ou à
défaut la stabilisation, à l’aide de stratégies motivationnelles
(Moos et Moos, 2006

). Cette stratégie pourrait permettre un
renforcement de l’estime de soi et du sentiment d’efficacité
personnelle, pouvant renforcer la motivation au changement. De plus,
au moins pour les gros buveurs, même une légère réduction de la
consommation d’alcool est associée à une diminution de la mortalité
et de la morbidité liées à l’alcool (Norström et Skog,
2001

).
Ainsi, cette stratégie permet de réduire les dommages liés à
l’alcool et d’améliorer la qualité de vie des patients en attente de
sevrage thérapeutique. Enfin, lorsque la consommation d’alcool a été
réduite, ou du moins stabilisée, avant le sevrage, les symptômes de
sevrage seraient moins sévères et le risque de complications serait
diminué (Moos et Moos, 2006

).
Repérer précocement les troubles cognitifs liés à
l’alcool
Les troubles cognitifs liés à l’alcool concerneraient environ la
moitié des patients présentant une consommation problématique
d’alcool (Stephan et coll., 2017

). Les troubles cognitifs les plus
fréquents concernent les fonctions exécutives (planification,
résolution de problèmes et contrôle inhibiteur), la mémoire
épisodique, les capacités visuo-constructives et la cognition
sociale. Ces troubles peuvent altérer la motivation à changer de
comportement ainsi que des difficultés d’apprentissage. En
conséquence, ils peuvent diminuer l’efficacité des stratégies
thérapeutiques utilisées en addictologie, notamment les entretiens
motivationnels. De plus, l’élaboration de scénarios alternatifs aux
comportements automatiques présente un coût cognitif élevé.
Lorsqu’il existe des troubles cognitifs, ce travail d’élaboration
est donc plus difficile à effectuer (Cabe et coll.,
2016

).
Le repérage des troubles cognitifs liés à l’alcool est donc à
systématiser chez tous les patients présentant un trouble lié à
l’usage de l’alcool (SFA, 2015

). Pour réaliser ce repérage, des échelles
telles que la MoCA (
Montreal Cognitive Assessment) peuvent
être utilisées (Pelletier et coll.,
2018

).
Si des troubles sont repérés, un bilan neuropsychologique est à
réaliser (Cabe et coll., 2016

). Ce bilan permet d’évaluer la sévérité
des troubles et de préciser les fonctions cognitives qui sont
altérées. Lorsque les troubles sont légers à modérés, l’objectif de
la remédiation cognitive est la récupération des fonctions
cognitives, notamment des fonctions exécutives et de la mémoire de
travail (Cabe et coll., 2016

). La remédiation cognitive est alors à
débuter dès la fin de la période de sevrage (COPAAH,
2014

).
Lorsque les troubles sont plus sévères, l’objectif est la
préservation des fonctions cognitives dans une optique de maintien
de l’autonomie et d’amélioration de la qualité de vie.
Considérer l’urgence sociale comme un enjeu
prioritaire
de la prise en charge
Il existe des liens bilatéraux entre la consommation problématique
d’alcool et l’absence de domicile fixe (Shelton et coll.,
2009

).
L’isolement social et le stress induit par une situation permanente
d’insécurité contribuent notamment à expliquer ces associations
(Pang et coll., 2018

). Dans une étude australienne basée sur
4 291 participants sans domicile fixe, 43 % d’entre eux présentaient
un trouble lié à l’usage de substance, incluant l’alcool. Dans 34 %
des cas, le trouble de l’usage précédait la perte du domicile, et
dans 66 % des cas, la perte du domicile précédait le trouble de
l’usage (Johnson et Chamberlain,
2008

).
Comparés aux majeurs, les sujets de moins de 18 ans étaient plus à
risque de développer un trouble lié à l’usage de substance après
avoir perdu leur domicile. De même, chez des sujets présentant un
trouble mental sévère (schizophrénie, trouble bipolaire, trouble de
l’humeur), l’existence d’un trouble de l’usage de substance serait
associée à un risque supplémentaire d’être sans domicile fixe
(Folsom et coll., 2005

). Enfin, la mortalité toutes causes
confondues des sujets présentant un trouble lié à l’usage de
l’alcool serait au moins doublée en l’absence de logement fixe
(Feodor Nilsson et coll., 2018

).
Le fait d’obtenir un logement n’est pas associé à une majoration des
consommations d’alcool (Asana et coll.,
2018

).
A contrario, de nombreuses études dont des méta-analyses
ont montré l’efficacité d’interventions focalisées sur la reprise
d’un domicile fixe dans l’amélioration de la santé mentale, incluant
l’usage de substances (Hwang et Burns,
2014

).
Ainsi, des actions mettant en avant l’amélioration sociale des
usagers en particulier très précaires, ont des effets positifs sur
les consommations d’alcool. Dans cette logique, bien que le
programme «
Housing First » soit axé sur les projets ne
nécessitant pas d’abstinence ni d’assiduité au traitement, les
participants ont diminué leur consommation d’alcool et leurs
problèmes liés à l’alcool en fonction du temps et de l’exposition à
l’intervention (Collins, 2012

). Le risque suicidaire pourrait également
s’améliorer chez les sujets présentant une consommation
problématique d’alcool dès lors qu’ils sont intégrés dans un
programme de relogement de type
Housing First (Collins et
coll., 2016

). Étant donné qu’il est particulièrement difficile d’inscrire un
patient sans domicile fixe dans des soins addictologiques tant
l’observance sera difficile, l’accès à un domicile devrait précéder
la mise en place des soins addictologiques (modèle théorique du
Housing First), plutôt que de considérer que l’accès au
logement doit être conditionné au préalable par une bonne observance
des soins. L’accès au logement sans condition est à associer à un
accompagnement intensif multidisciplinaire dans l’esprit d’une
approche intégrative (Hwang et Burns,
2014

).
Vers une prise en charge
personnalisée
Une littérature récente a émergé concernant la recherche de facteurs
prédictifs de succès de la prise en charge (Creswell et Chung,
2018

).
Dans une étude allemande basée sur le suivi pendant 5 mois d’une
population de 201 patients au décours d’un sevrage thérapeutique de
l’alcool, l’intensité de la détresse psychologique à l’inclusion
mesurée avec la
Symptom Checklist (SCL-90-R) était prédictive
de la reprise de l’usage d’alcool au cours du suivi (Engel et coll.,
2016

).
L’existence de biais cognitifs tels que des biais attentionnels
seraient prédicteurs de la rechute à 3 mois (Rettie et coll.,
2018

;
Rinck et coll., 2018

). Une mauvaise reconnaissance faciale des
émotions a également été associée à un risque de rechute augmenté
(Kornreich et coll., 2002

; Rupp et coll.,
2017

).
Une littérature émerge également concernant la nécessité d’adapter la
prise en charge à des profils spécifiques de patients, notamment
pour éviter un défaut d’accès aux soins plus important pour ces
populations. Les femmes pourraient se voir proposer moins
fréquemment une prise en charge hospitalière que les hommes
(Bazargan-Hejazi et coll., 2016

). Elles pourraient nécessiter une prise en
charge plus intensive de leur symptomatologie dépressive au décours
d’un sevrage (Petit et coll., 2017

) et des groupes de TCC dédiés aux femmes
pourraient s’avérer utiles (Epstein et coll.,
2018

).
Les sujets de plus de 65 ans pourraient également nécessiter une
prise en charge spécifique. Chez les sujets âgés, l’addiction à
l’alcool est la plus fréquente des dépendances (Griner-Abraham et
Bodenez, 2007

) et ces patients rencontrent les mêmes difficultés d’accès aux
soins que les sujets plus jeunes, voire davantage, avec seulement
1/3 des patients diagnostiqués et environ 10 % qui bénéficieraient
d’une prise en charge (Menecier et coll.,
2003

).
La tolérance physique à l’alcool diminue avec l’âge et la majorité
de la mortalité associée au trouble lié à l’usage de l’alcool
concerne des sujets de plus de 65 ans (Paille,
2013

).
Le diagnostic est plus difficile à poser, notamment les outils
habituels de repérage du trouble n’ont pas été validés chez le sujet
âgé, et certains des critères de dépendance sont plus difficiles à
évaluer tels que le retentissement sur les activités sociales et le
temps consacré à des activités nécessaires pour obtenir et utiliser
l’alcool ou récupérer de ses effets (DiBartolo et Jarosinski,
2017

).
De plus, les difficultés avec l’alcool peuvent être considérées
comme particulièrement stigmatisantes pour les sujets âgés
(DiBartolo et Jarosinski, 2017

). Des outils d’évaluation de la
consommation problématique d’alcool spécifiques du sujet âgé
existent, comme la
Michigan Alcoholism Screening Test – Geriatric
Version, dont la sensibilité est de 91 % en prenant un seuil
à 5 sur 24 (Hirata et coll., 2001

). La littérature s’accorde sur la
nécessité d’abaisser les repères de consommation à risque faible
chez le sujet âgé, qui sont de ne pas dépasser une unité standard
par jour, ou trois unités standard en une occasion, sous réserve
qu’il n’existe pas de maladie chronique, de traitement en cours, de
conduite automobile ni de tâches nécessitant un parfait contrôle
psychomoteur (Paille, 2013

). La littérature rappelle également qu’il
existe des bénéfices au traitement de la dépendance à l’alcool à
tout âge (Kelly et coll., 2018

), notamment pour permettre la
préservation de l’autonomie et des performances cognitives, réduire
le risque de chutes, améliorer l’humeur et la qualité de vie
(Paille, 2013

).
Conclusion
En conclusion, contrairement aux consommations d’alcool
problématiques moins sévères, la dépendance à l’alcool se
caractérise par son évolution chronique, imposant une prise en
charge au long cours visant à traiter les épisodes aigus et prévenir
les rechutes. Sa prise en charge nécessite donc de renforcer la
qualité de l’observance sur le long terme. Les soins multimodaux
comprennent une approche motivationnelle en combinaison avec
d’autres stratégies thérapeutiques, parmi lesquelles l’utilisation
d’outils psychothérapeutiques telles que la TCC, la thérapie des
contingences et le MBSR. La prise en charge intégrative des troubles
co-occurrents est à privilégier, notamment s’agissant des
co-addictions, des troubles psychiatriques, des troubles cognitifs,
des troubles du sommeil et la douleur chronique. À défaut, une
coordination étroite entre les prises en charge complémentaires doit
être assurée. La poursuite initiale d’un objectif de réduction de la
consommation a constitué une avancée majeure dans l’amélioration de
l’accès aux soins des patients dépendants à l’alcool et la
réalisation de cet objectif est associé à de nombreux bénéfices, y
compris sur la mortalité. Un objectif d’abstinence devrait néanmoins
être secondairement envisagé dès lors que cet objectif apparaît
envisageable pour le patient. Lorsqu’un projet de sevrage de
l’alcool est organisé, la préparation de celui-ci en amont semble
essentielle, notamment pour anticiper la mise en place et l’adhésion
à des soins addictologiques au décours visant à traiter la
dépendance et prévenir les rechutes. Enfin, la prise en charge de
l’urgence sociale semble prioritaire pour permettre la mise en place
de soins efficaces de la dépendance à l’alcool.
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