Brèves

La sclérose latérale amyotrophique (SLA) et la dégénérescence lobaire fronto-temporale (DLFT) partagent un même fonds pathologique en raison d’un chevauchement des symptômes cliniques. Or, la mutation du gène PFN1 a été récemment révélée comme intervenant dans la genèse de la SLA d’origine familiale. L’équipe dirigée par Edor KabashiEdor Kabashi
Unité 975 Inserm/CNRS - Université Pierre-et-Marie-Curie, Centre de recherche en neurosciences de la Pitié-Salpêtrière
a donc voulu vérifier si cette mutation était aussi en cause dans l’apparition de la DLFT de patients français atteints de la maladie, voire simultanément d’une SLA et d’une DLFT. Le résultat est négatif. La piste des éventuelles thérapies géniques axées sur PFN1 ne profitera donc pas aux malades. P. N.
Nos cellules ont toutes le même code génétique, pourtant elles sont capables de se spécialiser et d’exprimer des fonctions différentes. Des mécanismes dits épigénétiques1 ont résolu ce paradoxe : la méthylation de l’ADN permet de verrouiller spécifiquement l’expression de certains gènes. Une partie des gènes concernés par cette modification sont des gènes suppresseurs de tumeurs, ceux-ci réduits au silence ne peuvent donc plus remplir leur mission. Un second moyen de contrôle a été découvert récemment par François Fuks du Laboratoire d’épigénétique du cancer de Bruxelles, en collaboration avec des équipes Inserm (): l’hydroxylation des bases méthylées de l’ADN, réalisée par des enzymes appelées TET. La même équipe vient de mettre en évidence un des modes d’action de ces enzymes : elles régulent l’activité d’une protéine cellulaire clé, OGT, contribuant ainsi à l’activation des gènes. Étant donné le rôle des TET dans certains cancers, cette découverte laisse entrevoir de nouveaux mécanismes par lesquels les modifications épigénétiques participent au processus de cancérogenèse. N. B.
Héréditaire, la maladie de Gaucher est une pathologie rare due à une déficience enzymatique qui conduit à l’accumulation de cérébrosides, un type de lipides, dans certaines cellules du système immunitaire. Cécile BraudeauCécile Braudeau
Unité 1064 Inserm/CHU de Nantes – Université de Nantes
, du Centre de recherche en transplantation et immunologie, a montré que cette accumulation entraînait l’altération de la production d’interféronsInterféron
Protéine qui intervient dans la réponse immunitaire
de certaines cellules dendritiquesCellule dendritique
Cellule en charge du déclenchement de la réponse immunitaire
chez une petite cohorte de malades. Une découverte en adéquation avec les infections opportunistes liées à cette maladie. Heureusement, le traitement enzymatique de substitution généralement prescrit rétablit cette fonction. P. N.
Type de lipides impliqués dans les réactions allergiques, ils tirent leur nom des cellules dans lesquelles ils ont été identifiés : les leucocytes, ou globules blancs. Leur découverte, associée à celle d’autres familles de lipides, a valu le prix Nobel de médecine à Sune Bergstrom et Bengt Samuelsson en 1982. Selon leur structure, on distingue les leucotriènes qui ont une action constrictive au niveau des bronches, diminuant la capacité respiratoire, et ceux qui ont un rôle pro-inflammatoire, en attirant des globules blancs destinés à lutter contre les infections.
Certains sont connus aussi pour influencer le renouvellement osseux. C’est un des sujets de recherche de Marlène MazzoranaMarlène Mazzorana
UMR 5242 CNRS/École normale supérieure de Lyon - Université Claude-Bernard Lyon 1/Inra
, chargée de recherche Inserm au sein de l’Institut de génomique fonctionnelle de Lyon. J. C.
Accumulation des ARN amplifiés (en rouge) dans le noyau (en bleu) d’un astrocyte (en vert), chez une souris transgénique DM
© Mario Gomes-Pereira/Unité 781 Inserm /Inserm
Maladie neuromusculaire héréditaire la plus fréquente chez l’adulte, la dystrophie myotonique est due à l’amplification anormale d’une séquence non codante d’un triplet de nucléotidesNucléotide
Brique moléculaire de l’ADN et de l’ARN
. Mário Gomes-PereiraMário Gomes-Pereira
Unité 781 Inserm/Université Paris-Descartes
, dans l’équipe dirigée par Geneviève GourdonGeneviève Gourdon
Unité 781 Inserm/Université Paris-Descartes
, au sein de l’unité Génétique et épigénétique des maladies métaboliques, neurosensorielles et du développement, vient d’élucider une partie des bases moléculaires des manifestations neurologiques de la maladie (troubles d’apprentissage et de la personnalité, hypersomnolence, troubles de l’attention, hyperfatigabilité et retard mental dans les cas les plus sévères). Grâce à un modèle murin, le chercheur a montré qu’elles étaient liées à l’accumulation, dans le noyau des neurones et des astrocytesAstrocytes
Cellules en forme d’étoiles qui assurent le support et la protection des neurones.
, d’ARN porteurs des triplets amplifiés. Conséquence : l’expression et la phosphorylationPhosphorylation
Mécanisme de régulation par l’ajout d’un groupement phosphate
de protéines impliquées dans le transport intracellulaire par vésicules et l’exocytoseExocytose
Libération de molécules à travers la membrane cellulaire
, deux processus nécessaires au bon fonctionnement des synapses - ces zones d’échange entre neurones - sont dérégulées. Les chercheurs ont aussi identifié des marqueurs moléculaires qui pourraient servir pour évaluer de futures thérapies. J. C.
Le syndrome d’ataxie - manque de coordination des mouvements volontaires - et de tremblement associé à l’X fragile (FXTAS) est une maladie génétique neurodégénérative qui associe troubles moteurs et déclin cognitif, chez les personnes de plus de 50 ans. L’équipe de Nicolas Charlet-BerguerandNicolas Charlet-Berguerant
Unité 964 Inserm/CNRS – Université de Strasbourg, Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire
, de l’IGBMC, vient d’en dévoiler les bases moléculaires. Sur l’ARNmARNm
Molécule issue
issu du gène FRM1 (Fragile X mental retardation), la répétition anormale d’une séquence de trois nucléotides, ces briques moléculaires de l’ADN et de l’ARN, entraîne le repliement du brin d’ARNm. Cette conformation est reconnue par deux protéines, DGCR8 et DROSHA, qui s’y trouvent alors piégées : seule une faible proportion de ces molécules reste alors disponible pour remplir leur fonction essentielle, la synthèse de micro-ARNMicro-ARN
Constituants impliqués dans la régulation de l’expression génétique
. Sans eux, les neurones meurent. Selon les chercheurs, pour les sauver, il faudrait augmenter la quantité de ces protéines. A. B.
Activité cérébrale liée à la détection d’erreur en condition non consciente
© Lucie Charles/Unité 992 Inserm /Inserm
Nos erreurs ne passent pas inaperçues. À chaque fois que nous nous trompons, notre cerveau émet, en moins d’1/10e de seconde, une onde cérébrale appelée ERN(Error Related Negativity). Mais en condition subliminale, lorsque notre cerveau est exposé à desstimuli en dessous du seuil de conscience, est-il capable de détecter les réponses erronées? Oui, mais les processus mis en jeu semblent différents de l'ERN. C’est ce qu’indiquent les résultats de l’étude menée par Lucie CharlesLucie Charles
Unité 992 Inserm/CEA - Université Paris Sud 11
, du laboratoire Neuro-imagerie cognitive de l’lnserm. Moins précis et beaucoup plus statistique, ce mécanisme semble correspondre à une forme d’intuition. K. P.
Infectieux, rare et endémique de certaines régions du monde (Europe de l’Est, Moyen-Orient, Afrique tropicale, Amérique du Sud et centrale, et Asie du Sud-Est), le rhinosclérome se caractérise par une inflammation granulomateuseInflammation granulomateuse
Caractérisée par des amas de cellules phagocytes, comme les macrophages
chronique des voies aériennes supérieures. En cause : les bactériesKlebsiella rhinoscleromatis, proches cousines génétiques desKlebsiella pneumonieaqui génèrent, elles, des infections aiguës, comme la pneumonie ou la septicémie. Pourquoi ces deux cousines ne produisent-elles pas les mêmes effets ? Pour le comprendre, Régis TournebizeRégis Tournebize
Unité 786 Inserm/Institut Pasteur, Colonisation et invasion microbienne des muqueuses
et ses collègues de l’Institut Pasteur ont développé deux modèles murins auxquels a été inoculée l’une ou l’autre des bactéries. Chez les souris infectées parK. rhinoscleromatis, ils ont ainsi observé que la formation des cellules de Mikulicz, typiques du rhinosclérome, était liée à la présence d’interleukine-10, une cytokineCytokine
Molécule de médiation cellulaire synthétisée par les cellules du système immunitaire
anti-inflammatoire. Ce résultat est un premier pas dans la compréhension des pathogenèses qui devront faire l’objet de recherches complémentaires pour analyser précisément pourquoi deux bactéries si proches débouchent sur des infections si différentes. P. N.
Cellules de Mikulicz dans les alvéoles pulmonaires
© Régis Tournebize/Unité 786 Inserm /Inserm
Dans 95 % des cas, la maladie d’Alzheimer (MA) est d’origine sporadique, c’est-à-dire non héréditaire. Son évolution est influencée par des facteurs environnementaux variés. L’équipe de Laurent GivaloisLaurent Givalois
Unité 710 Inserm/EPHE - Université Montpellier II, Mécanismes moléculaires dans les démences neurodégénératives
a récemment mis en évidence, sur un modèle murin de MA aiguë, une dérégulation importante de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien ou axe du stress. Dans la mesure où il a été montré par ailleurs que le stress induisait la production du peptide amyloïde, présent sous forme de plaques dans les cerveaux des patients, un cercle vicieux semble se mettre en place, où le stress potentialise la maladie et vice-versa. Celui-ci se révèlerait donc être un des risques majeurs environnementaux impliqués dans le déclenchement et l’aggravation de la MA. P. N.
Une semaine après injection du peptide amyloïde (B), l’expression des récepteurs aux glucocorticoïdes (vert) augmente dans les neurones (rouge) de l’hippocampe des rats.
© Laurent Givalois/Unité 710 Inserm /Inserm
La leucémie myéloïde chronique (LMC) est un cancer lié à une anomalie chromosomique : au sein d’une cellule souche hématopoïétiqueCellule souche hématopoïétique
Type de cellule à l’origine de toutes les cellules de la lignée sanguine
, l’échange d’un segment d’ADN entre le chromosome 9 et 22 forme le gène BCR-ABL, qui synthétise une enzyme responsable de la maladie. Un traitement a été mis au point, qui bloque la croissance des cellules malades. Mais 15 % des patients deviennent résistants. En cause ? Le facteur de signalisation et de transcriptionFacteur de signalisation et transcription
Molécule qui intervient dans le fonctionnement de la cellule et la régulation de l’expression des gènes.
STAT5. L’équipe d’Isabelle Dusanter-FourtIsabelle Dusanter-Fourt
Unité 1016, Inserm/CNRS - Université Paris-Descartes, équipe IH, Des cellules souches hématopoïétiques à la production des plaquettes
, de l’Institut Cochin, a, en effet, montré qu’il limitait l’efficacité de la thérapie en améliorant le maintien des cellules réfractaires au traitement et en favorisant la croissance leucémique. STAT5 apparaît donc comme une nouvelle cible pour lutter contre la LMC. A. B.