Logo of MSmédecine/sciences : m/s
Med Sci (Paris). 2015 March; 31: 3–4.
Published online 2015 June 3. doi: 10.1051/medsci/201531s1001.

médecine/sciences (m/s), brève histoire d’une éclatante réussite

Suzy Mouchet, Conseillère et représentante de l’Inserm pour médecine/sciences

MeSH keywords: Recherche biomédicale, France, Histoire du 20ème siècle, Histoire du 21ème siècle, Périodiques comme sujet, Édition, Québec, Littérature de revue comme sujet, histoire

 

Dès 1981, les programmes d’actions lancés par le gouvernement de la République française et le gouvernement du Québec ont conduit à la création de médecine/sciences (m/s), revue internationale de recherche biomédicale de synthèse en langue française.

C’est le professeur Jean Hamburger, initiateur et fervent adepte du projet, entouré d’une équipe de jeunes chercheurs et chercheurs-cliniciens (Xavier Bertagna, Laurent Degos, Serge Erlinger, Jean-Pierre Grünfeld, Axel Kahn, Claude Matuchansky) qui permettra d’en préciser le contenu. L’accord des scientifiques français et québécois se fait sur quatre rubriques : un éditorial, des articles de synthèse constituant le corps de la revue, des nouvelles scientifiques, des notes de recherche originales.

Les institutions de recherche et d’enseignement supérieur vont ainsi se mobiliser pour la « Promotion du français, langue scientifique, et diffusion de la culture scientifique et technique », un des 7 programmes mobilisateurs de la loi d’orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France, issue des Assises de la recherche, devenues priorités du gouvernement français.

Un protocole d’entente international entre le gouvernement de la République française et le gouvernement du Québec est signé en mai 1984.

Membres fondateurs

Pour la France : > ministère des Affaires étrangères > ministère de la Recherche et de la Technologie > ministère de l’Education nationale > Inserm, > CNRS > Haut comité de la langue française.

Pour le Québec : > ministère des Relations internationales > Conseil de la langue française > Fonds de la recherche en santé du Québec > ministère de l’Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie.

m/s est lancée, en France, en mars 1985 par Hubert Curien, ministre de la Recherche et de la Technologie et, au Québec, par Bernard Landry, ministre des Relations internationales.

Le protocole sera régulièrement renouvelé jusqu’en février 2006. À cette date, le titre de m/s devient propriété de l’Inserm, qui, avec le ministère de la Recherche, avait été un des acteurs institutionnels majeurs de son fonctionnement durant ces années.

Rédacteurs en chef et adjoints

France Jean-François Lacronique (1984-1986)

Axel Kahn (1986-1997)

Elisabeth Bursaux (1993-1998)

Marc Peschanski (1998-2001)

François Flori (1999-2001)

Gérard Friedlander (2002-2006)

Laure Coulombel (2002-2004)

Simone Gilgenkrantz (2005-2006)

Hervé Chneiweiss depuis 2006

Laure Coulombel depuis 2006

Rédacteurs en chef et adjoints

Québec Michel Bergeron (1984-1986)

Michel Bergeron (1986-2000)

Jacques Drouin (1993-2000)

Daniel G. Bichet (2001-2003)

Michel Bouvier (2001-2005)

François A. Auger (2003-2005)

Michel Bouvier (2005)

Michel Bouvier (2006-2011)

Christiane Malo (2006-2011)

En mars 1985, Jean-François Lacronique, premier rédacteur en chef de m/s, s’exprime de la manière suivante dans les colonnes de la revue Inserm actualités (extraits) :

« Depuis une vingtaine d’années, la presse scientifique anglo-saxonne impose une indiscutable suprématie »… « Tous ceux qui reconnaissent l’intérêt qualitatif des grandes revues anglaises ou américaines ont bien dû, un jour, exprimer au moins le regret de n’avoir le choix, pour publier un travail original important, qu’entre plusieurs titres étrangers. La langue française ne permet-elle pas d’obtenir au moins la qualité de rédaction qui est celle que l’on reconnaît aux meilleurs journaux internationaux ? »

« Certes, Science, Nature, le New England Journal of Medicine, le Lancet doivent leur haute tenue scientifique à la tradition historique de leur sélection des articles, qui leur permet de ne retenir que 20 % des textes qui leur sont soumis. Certes, un lectorat potentiel dix fois plus important que celui des revues francophones permet de surmonter plus facilement les crises, comme celle que traverse actuellement la presse médicale française. »… « Est-il donc raisonnable, dans un tel contexte, de tenter de lancer une revue qui vise l’objectif le plus ambitieux, celui de devenir le moyen de communication entre chercheurs et cliniciens de tous les pays en langue française ?

Les atouts du succès existent : sa formule a été étudiée longuement par ceux qui seront à la fois les auteurs et les lecteurs de cette revue et qui ont exprimé leurs besoins profonds. »…

« Il s’agit d’un journal que l’on tiendra à garder comme référence pour une mise à jour, pour l’illustration d’un cours, pour un travail de recherche ou de thèse. Les textes et les illustrations de médecine/sciences constitueront son originalité : ils combinent la plus haute rigueur scientifique avec la plus grande simplicité de lecture possible, puisqu’écrits par des auteurs sélectionnés par le comité de rédaction. »

Quelques événements marquants

> De 1984 à 1986, la réalisation de m/s a été entièrement supportée par les fondateurs français, et ce pour un montant de 1 534 000 francs, soit 234 000 euros. L’éditeur en est Flammarion médecine.

> En 1987, l’éditeur John Libbey Eurotext est retenu pour réaliser la revue; un contrat d’édition est engagé avec l’Inserm, m/s continuant à être largement soutenue par les institutions françaises, notamment par le ministère de la Recherche et l’Inserm.

> m/s est indexée dans les Current contents, Embase, les CABS et Biosis à la fin des années 1980 et dans la base Medline en 2003.

> Avec 5 200 abonnés à la version papier en 1990, médecine/sciences s’impose comme la revue internationale de biologie et de médecine de langue française.

> En 1996, l’Inserm met en place une délégation de service public pour la réalisation de la revue : désormais, l’éditeur supportera tous les frais d’exploitation et percevra les recettes. Suite à une procédure de mise en concurrence, un contrat de concession d’édition est engagé par l’Inserm successivement avec les Éditions Masson (1996-2001), les Éditions EDK (2001-2006, 2006-2012), les Éditions EDK/EDP Sciences depuis 2012.

> Le portail de médecine/sciences, inscrit par l’Inserm sous le nom de medecinesciences.org est ouvert en février 2004. En 2014, la fréquentation du site était la suivante : sur un mois, 14 000 utilisateurs dont 11 700 utilisateurs uniques (45 % de consultations de France, ensuite États-Unis et Chine). 28 000 pages uniques consultées, environ 3 minutes par session en moyenne; 119 500 téléchargements d’articles par an en PDF.

médecine/sciences, soutenue par les institutions, notamment le ministère de la Recherche et le ministère des Affaires étrangères, par les directeurs généraux de l’Inserm et par ses éditeurs est une belle aventure.

Aujourd’hui, l’Inserm poursuit la mission qui a été confiée à médecine/sciences dès son origine, mission qui s’inscrit dans son titre : ce flux continu entre « sciences » en tant que production de connaissances et « médecine », elle-même source de connaissances dans les profits qu’elle en tire; médecine et sciences en mouvement dans les deux sens qui doivent se féconder. m/s est la revue de transmission des savoirs et de formation universitaire, unique en son genre et sans doute sans équivalent en Europe. Dans sa dimension politique et internationale francophone, m/s se situe au cœur de la science et de la médecine d’aujourd’hui, avec une perception sociale de plus en plus marquée.