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Med Sci (Paris). 32(5): 485–490.
doi: 10.1051/medsci/20163205015.

Mécanismes de l’effet diurétique de la caféine

Barbara Marx,1 Éléonore Scuvée,1 Jacqueline Scuvée-Moreau,2 Vincent Seutin,2 and François Jouret3,4*

1Faculté de médecine, université de Liège, 4000Liège, Belgique
2Service de pharmacologie et laboratoire de neurophysiologie, GIGA neurosciences, université de Liège, 4000Liège, Belgique
3GIGA cardiovasculaires, université de Liège, Avenue Hippocrate, 13, 4000Liège, Belgique
4Service de néphrologie, CHU de Liège, 4000LiègeBelgique
Corresponding author.
 

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Vignette (© Image adaptée par François Jouret au départ de http://campus.cerimes.fr).

La caféine est un alcaloïde (1,3,7-triméthylxanthine) de la famille des méthylxanthines que l’on retrouve dans les graines, feuilles et fruits de diverses plantes où elle agit comme insecticide naturel. La caféine, présente dans le café, est obtenue par infusion à partir de graines de caféier, mais on en trouve également dans les fèves de chocolat, les feuilles de thé, les graines de guarana et la noix de cola. Les boissons caféinées les plus consommées sont le café (85 mg par tasse de 150 ml à partir de grains de café torréfié moulu, ou 60 mg/150 ml pour un café instantané), le thé (30 mg par feuille/sachet ou 20 mg par tasse s’il s’agit de thé instantané) et, dans une moindre mesure, le cacao. La caféine est également un ingrédient commun à diverses boissons énergisantes, comme le Coca-Cola® (~ 10 mg/100 ml) et le Red Bull® (~ 24 mg/100 ml). On la trouve aussi dans certains médicaments, principalement en association avec le paracétamol ou l’acide acétylsalicylique dans des antalgiques/antipyrétiques (Antigrippine®, Perdolan Compositum®), mais également en association avec l’ergotamine (Cafergot®, un anti-migraineux). En Europe, les adultes consomment en moyenne 200 mg de caféine par jour, essentiellement sous forme de café, de thé et de boissons énergisantes. Les Pays-Bas et les pays nordiques tels que le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède, sont les plus friands de caféine, avec une consommation quotidienne moyenne atteignant 400 mg [1].

Du point de vue pharmacologique, la caféine exerce ses principaux effets par l’intermédiaire d’un antagonisme compétitif des récepteurs de l’adénosine, récepteurs couplés aux protéines G dont il existe plusieurs types : A1 (couplés aux protéines Gi/o : la stimulation de ce récepteur entraîne une inhibition de l’adénylate cyclase [AC], une ouverture de canaux potassium [K+] et une fermeture de canaux calcium [Ca2+]) ; A2a et A2b (couplés aux protéines Gs : la stimulation de ces récepteurs entraîne une activation de l’AC) ; A3 (couplés aux protéines Gi/o). Les récepteurs A1 et A2 sont largement distribués dans l’organisme, notamment au niveau du système nerveux central (SNC), des bronches, des vaisseaux, du cœur et des reins. Ils participent à de multiples fonctions physiologiques et pathologiques [2]. L’effet antagoniste de la caféine au niveau du récepteur A1 conduit à une stimulation de l’AC, tandis que l’antagonisme, au niveau du récepteur A2, l’inhibe. Ces effets entraînent des variations qui correspondent à des modifications des taux intracellulaires d’adénosine mono-phosphate cyclique (AMPc). La caféine est également un inhibiteur compétitif mais non spécifique des phosphodiestérases (qui dégradent l’AMPc). Cet effet semble cependant négligeable aux concentrations plasmatiques habituelles de caféine. Enfin, d’autres effets cellulaires de la caféine ont été décrits, comme la libération du Ca2+ à partir des réservoirs intracellulaires via une interaction avec les canaux calciques sensibles à la ryanodine1, et l’augmentation de la libération de catécholamines par les glandes surrénales. Dans ces cas, également, il s’agit probablement d’effets « supra-pharmacologiques », les effets de libération du Ca2+ ne se produisant qu’à partir de concentrations millimolaires.

La caféine peut influencer le fonctionnement de divers organes selon les récepteurs qu’ils expriment et du degré d’activation de ceux-ci en conditions physiologiques ou pathologiques (Tableau I).

Au niveau du SNC, la caféine exerce un effet psychostimulant via l’antagonisme du récepteur A1. Cette action diminue la somnolence et augmente l’attention mais aussi, parfois, l’anxiété. Les récepteurs A1 sont situés sur des terminaisons aminergiques (liées à la libération de noradrénaline, de dopamine et de sérotonine) où ils inhibent toniquement la libération de ces neuromodulateurs. La caféine augmente donc, par exemple, la libération de noradrénaline dans le cortex cérébral, avec pour conséquence son activation. À doses faibles ou modérées (c’est-à-dire moins de 4 tasses de café par jour), la caféine a des propriétés antimigraineuses, probablement en antagonisant les effets de l’adénosine sur les récepteurs A2 vasodilatateurs qui sont présents au niveau des muscles lisses vasculaires. De plus, la caféine potentialise l’effet de certains analgésiques communément utilisés, comme le paracétamol et l’ibuprofène. Ces propriétés pro-analgésiques s’expliquent par une action à différents niveaux des voies de transmission de la douleur [3]. Des interactions complexes existent entre les récepteurs de l’adénosine A1 et A2 et la transmission dopaminergique. Ainsi, l’antagonisme du récepteur A2a par la caféine favorise la transmission dopaminergique D22, ce qui expliquerait ses possibles effets bénéfiques dans la maladie de Parkinson [4]. Ces récepteurs A2a semblent également jouer un rôle dans les effets de renforcement positif de la caféine et la dépendance modérée qui lui est associée [5].

Au niveau cardiovasculaire, la caféine exerce un effet chronotrope positif par antagonisme du récepteur A1, étant ainsi responsable d’une tachycardie symptomatique lors d’une ingestion de doses supérieures à 500 mg. Cet effet inotrope positif 3 s’explique par l’augmentation de l’entrée intracellulaire de Ca2+ durant le potentiel d’action [6]. Au niveau vasculaire, en fonction de la prédominance tissulaire des récepteurs A1 ou des récepteurs A2, la caféine peut provoquer soit une vasoconstriction, soit une vasodilatation [7].

Au niveau du poumon, la caféine antagonise, chez les asthmatiques, l’effet bronchoconstricteur de l’adénosine, probablement par l’intermédiaire du récepteur A1 [8]. Elle stimule également le centre bulbaire de la respiration justifiant son utilisation, de même que celle de la théophylline, pour la prévention de l’apnée du nouveau né prématuré.

Dans le tractus gastro-intestinal, la caféine stimule les sécrétions digestives. Elle induit le relâchement des muscles lisses intestinaux et déprime le sphincter inférieur de l’œsophage. Ces effets pourraient expliquer la symptomatologie de reflux gastro-œsophagien décrite par certains consommateurs de café [9].

Enfin, la caféine est dotée d’effets métaboliques sur la glycogénolyse et la lipolyse au niveau des muscles squelettiques, des reins et du foie, avec pour résultat global, une amélioration des performances physiques [10].

Outre les effets systémiques de la caféine que nous avons brièvement mentionnés, la caféine exerce un effet diurétique significatif lors d’une ingestion de 300 mg, soit 4 à 5 tasses de café [11, 12]. À partir de 650 mg en prise aiguë, une perte hydrique totale de 2,7 % peut être observée chez l’adulte si ses apports en eau restent stables [13]. Le pouvoir diurétique de la caféine est d’autant plus grand que la balance hydrique de l’individu est positive et que le sujet est jeune et n’est pas habitué à la prise de café [14].

Après un bref rappel de l’homéostasie hydrique et une description du rôle complexe de l’adénosine à ce niveau, nous allons détailler les mécanismes physiologiques de cet effet diurétique induit par la caféine.

Physiologie de l’homéostasie hydro-sodée et modulation par l’adénosine

L’homéostasie de l’eau et du sel (NaCl) implique tous les segments du néphron (Figure 1) [15]. Au niveau du tube contourné proximal (TCP), la réabsorption de l’eau se fait selon le gradient de Na+ par voie paracellulaire et transcellulaire (via les canaux perméables à l’eau appelés « aquaporines » de type 1 [AQP1]). L’absence d’expression d’AQP1 chez l’homme4 n’a en effet de conséquence que dans des conditions extrêmes de restriction hydrique. Le passage du Na+ à travers la membrane apicale se fait grâce à un transport actif secondaire, par cotransport d’autres solutés, tels que les acides aminés, le phosphate, le glucose ou par antiport d’ions H+ via l’échangeur Na+/H+ (NHE3). Le Na+ est ensuite réabsorbé dans le milieu interstitiel grâce à la Na+/K+-ATPase basolatérale.

À hauteur de l’anse de Henlé, la réabsorption de l’eau et du sodium est importante. Elle représente respectivement 15 % et 30 % de la charge filtrée. Pour comprendre son fonctionnement, il convient de diviser cette anse de Henlé en trois parties. Le premier segment est la partie descendante fine de l’anse : elle est globalement imperméable au Na+ mais très perméable à l’eau, via les AQP1. L’eau y est réabsorbée selon le gradient osmotique cortico-papillaire. Le second segment est la partie ascendante fine de l’anse qui est imperméable à l’eau mais permet une résorption passive de Na+. Le troisième et dernier segment est la branche ascendante large de l’anse qui est également imperméable à l’eau et assure une réabsorption active de Na+ via le cotransporteur apical Na+/K+/2Cl- (NKCC2), avec, ensuite, extrusion basolatérale via la Na+/K+-ATPase. À noter que les diurétiques de l’anse, comme le furosémide ou le bumétanide, inhibent ce cotransporteur NKCC2.

Au niveau du tubule distal, le Na+ est résorbé par le cotransporteur NCC (Na+/Cl- co-transporter), sensible aux diurétiques thiazidiques. Du côté basolatéral, le Na+ sort via la pompe Na+/K+-ATPase [31] ().

(→) Voir la synthèse de C. Rafael et al., m/s n° 3, mars 2016, page 274

Le canal collecteur assure moins de 5 % de l’homéostasie hydro-sodée rénale. Cette fonction est cependant essentielle car elle est sujette à une régulation hormonale fine. Le canal collecteur est constitué de deux types cellulaires : les cellules intercalaires et les cellules principales. Les cellules intercalaires participent principalement à l’équilibre acido-basique de l’organisme. Les cellules principales interviennent quant à elles, dans l’homéostasie hydro-sodée. Ces cellules principales expriment le récepteur V2 de la vasopressine, également appelée « hormone antidiurétique » qui est produite par la neurohypophyse en réponse à un accroissement de l’osmolarité plasmatique ou une réduction du volume circulant. La liaison de la vasopressine au récepteur V2, couplé à la protéine Gs, induit la stimulation de l’AC, ce qui entraîne successivement l’augmentation de la synthèse d’AMPc, l’activation de la protéine kinase A (PKA) et la phosphorylation des AQP2. Cette phosphorylation provoque leur trafic vers la membrane apicale et leur insertion. La PKA phosphoryle, en outre, la protéine CREB (cAMP-response element-binding protein), ce qui augmente la transcription du gène AQP2. L’eau est ainsi réabsorbée grâce au gradient osmotique en passant dans les AQP2 apicales et les AQP3 et AQP4 basolatérales constitutives (Figure 1). La résorption sodée au niveau des cellules principales est, elle, contrôlée par l’aldostérone qui augmente la réabsorption du Na+ via l’ENaC (epithelial sodium channel) et l’excrétion du potassium (K+) via ROMK (renal outer medullary potassium channel). Différents mécanismes autocrines et paracrines contrôlent les effets de la vasopressine et de l’aldostérone [16].

L’adénosine module la physiologie rénale comme elle le fait au niveau d’autres organes. Son rôle au niveau du rein est cependant complexe [17]. Dans le TCP, l’adénosine stimule la réabsorption du Na+ via les récepteurs A1 (Figure 1). Au niveau de la zone corticale du rein, elle intervient dans le rétrocontrôle tubulo-glomérulaire (RTG) via les récepteurs A1 en entraînant une vasoconstriction de l’artériole afférente en réponse à une augmentation de la concentration en Na+ au niveau du TCD. Cette vasoconstriction entraîne une diminution du taux de filtration glomérulaire. L’implication des récepteurs A1 dans cette réponse a été démontrée grâce à des expériences réalisées chez des souris invalidées pour le gène codant le récepteur A1 [18, 19]. En revanche, l’adénosine augmente le flux sanguin au niveau de la zone médullaire via les récepteurs A2. Au niveau du canal collecteur, elle module l’effet de la vasopressine en exerçant un contrôle négatif sur l’AC et sur la production d’AMPc intracellulaire en se fixant à son récepteur A1, couplé aux protéines Gi. Elle diminue dès lors l’activation de la PKA et la résorption de l’eau par AQP2 [17].

Effet de la caféine au niveau des segments du néphron

Étant donnée son action au niveau cardio-vasculaire, différents travaux ont porté sur l’impact de la caféine sur le débit sanguin rénal. Chez l’homme, aucune modification significative n’a pu être démontrée [11]. Néanmoins, il apparaît que le débit de filtration glomérulaire est accru par la consommation de caféine, malgré un débit plasmatique rénal conservé. Plusieurs études, réalisées chez l’animal, ont été entreprises afin de comprendre les mécanismes impliqués dans cet effet de la caféine et d’autres méthylxanthines. Ces études ont mis en évidence le rôle crucial du récepteur A1. En effet, l’administration de caféine n’a pas d’effet diurétique chez les souris déficientes en récepteur A1R alors qu’elle provoque bien une augmentation du débit urinaire et de la natriurèse (voir ci-après) chez la souris sauvage [20]. Un des mécanismes proposés pour expliquer l’effet diurétique de la caféine est le blocage du rétrocontrôle tubulo-glomérulaire exercé par l’adénosine via ce récepteur A1. Par son effet antagoniste A1, la caféine empêcherait en effet la vasoconstriction de l’artériole afférente en réponse à un débit accru d’ions (Na+, Cl- et K+) au niveau de la macula densa et entraînerait ainsi une augmentation du débit de filtration glomérulaire (Figure 1).

L’analyse d’urine récoltée après consommation de caféine, montre qu’elle est non seulement composée d’eau, mais également de Na+, de Cl-, de Ca2+, de Mg2+, de phosphate et d’autres solutés [21]. En particulier, la natriurèse augmenterait d’un facteur 1,5 après ingestion de 400 mg de caféine [22]. L’inhibition de la réabsorption sodée par la caféine pourrait être expliquée par l’antagonisme du récepteur A1 au niveau du TCP. Des expériences chez le rat montrent en effet que la caféine provoque rapidement une diminution d’expression de l’échangeur NHE3 (sodium-hydrogen exchanger 3) et de la Na+/K+-ATPase [23]. Cependant, des données récentes montrent que les souris déficientes en NHE3 au niveau du TCP répondent à l’administration de caféine par une augmentation de la diurèse et de la natriurèse qui est similaire aux souris contrôles, ce qui suggère l’implication d’autres transporteurs. En particulier, l’inhibition des co-transporteurs Na+/HCO3- et Na+/phosphate participerait à cet effet natrio-diurétique induit par la caféine [24].

Outre cet effet natriurétique, il existe d’autres arguments en faveur d’une diurèse tubulaire proximale induite par la caféine. Sous caféine, on observe notamment un accroissement de la calciurie de débit (mesurée en mmol/kg/jour) [20]. Cette perte calcique a des conséquences sur l’homéostasie minérale, avec une élévation des taux de parathormone (PTH) chez les grands consommateurs de café dont les apports calciques sont faibles [25, 26]. La clairance du lithium, qui reflète la diminution de réabsorption tubulaire proximale de Na+, est également accrue par la caféine [22]. Dès lors, une augmentation des taux plasmatiques de lithium peut s’observer lors de l’arrêt d’une consommation chronique de café [27].

Au niveau du canal collecteur, la caféine n’aurait pas d’effet significatif sur les récepteurs A1 des cellules principales. L’inhibition des phosphodiestérases y serait par ailleurs nulle aux concentrations circulantes usuelles de méthylxanthines chez l’homme. L’implication des récepteurs A2a demeure actuellement incertaine.

Effet de la caféine sur le réflexe hépatorénal

Outre l’impact de la caféine sur le réflexe tubulo-glomérulaire (RTG) et la fonction du TCP conduisant à une natriurèse et une diurèse accrues, un tout autre mécanisme physiologique a été décrit in vivo chez le rat. Il implique le réflexe hépatorénal. Au niveau hépatique, l’adénosine est constamment sécrétée dans les espaces de Mall5. À ce niveau, sa concentration est déterminée par le flux sanguin : elle augmente dès que le flux portal diminue. Une concentration accrue d’adénosine dans les espaces de Mall induirait non seulement une vasodilatation de l’artère hépatique via les récepteurs A1, mais serait également responsable d’un réflexe hépatorénal. En effet, la stimulation des terminaisons nerveuses des espaces de Mall par l’adénosine provoquerait une diminution des pertes urinaires d’eau et de sel afin de restaurer un meilleur flux sanguin au niveau hépatique [28] (Figure 2). Chez l’animal, l’injection intra-portale d’adénosine suivie d’une injection de caféine provoque l’arrêt immédiat de l’effet anti-natriurétique et anti-diurétique de l’adénosine. De plus, l’injection de 5 mg/kg de caféine en intra-portal induit une augmentation du débit urinaire de 82 % chez des rats sains. Ce réflexe est perdu en cas de dénervation hépatique [29].

Ces observations réalisées chez le rat suggèrent que la rétention hydro-sodée induite lors de pathologies hépatiques pourrait être corrigée par un antagonisme A1 au niveau hépatique. En effet, un foie malade libérerait de l’adénosine dans les espaces de Mall par une dégradation d’adénine secondaire à la réaction inflammatoire. La caféine pourrait dès lors être un candidat pharmacologique pour le traitement du syndrome hépatorénal. Cependant, ses propriétés pharmacocinétiques (en particulier sa courte demi-vie) n’en font pas une molécule idéale. Des essais cliniques utilisant des antagonistes synthétiques des récepteurs A1 (mimant les effets de la caféine) sont actuellement en évaluation pour le traitement de la rétention d’eau en cas d’insuffisance hépatique, et dans le traitement de l’insuffisance cardiaque [29, 30].

Conclusion

L’effet diurétique du café est bien connu des consommateurs. Bien qu’on ne puisse exclure le rôle de substances autres que les méthylxanthines, présentes dans le café, la pharmacologie de cet effet diurétique semble principalement médiée par la caféine et impliquerait les récepteurs de l’adénosine. Notre revue de la littérature suggère que le rein n’est pas le seul organe impliqué mais que le foie pourrait également participer à l’effet natriurétique et diurétique de la caféine. Au niveau du rein, deux mécanismes principaux interviennent : le blocage du rétrocontrôle tubulo-glomérulaire et l’inhibition de la réabsorption sodée par le TCP. Au niveau du foie, la caféine s’opposerait au réflexe hépatorénal induit par l’adénosine intra-hépatique. Ces effets synergiques résultent en une augmentation de la diurèse et de la natriurèse.

Liens d’intérêt

Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article.

 
Acknowledgments

Les auteurs remercient vivement Laurent Massotte pour son aide graphique dans la réalisation des figures.

 
Footnotes
1 Les récepteurs de la ryanodine, RyR, sont sensibles également à la caféine.
2 Les récepteurs dopaminergiques sont classés en deux familles D1 et D2 selon la nature de la protéine G à laquelle ils sont couplés (Gs pour D1, Gi pour D2).
3 Une substance est inotrope positive si elle augmente l’amplitude des battements cardiaques.
4 L’antigène AQP1 définit le groupe sanguin Colton. Son absence se traduit par un groupe CO négatif.
5 Les espaces de Mall correspondent aux zones péri-lobulaires entourant les branches terminales des artérioles hépatiques, les veinules portales et les différents constituants de l’espace porte. Ils sont situés dans la prolongation des espaces péri-sinusoïdaux de Disse. Leur fonction est de contenir l’excès de liquide sécrété à ce niveau avant qu’il ne soit repris par les canaux lymphatiques.
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