III. Conséquences sanitaires d’une exposition aux radiations ionisantes sur la reproduction, le développement et la descendance

2021


ANALYSE

7-

Études épidémiologiques sur les effets d’une exposition préconceptionnelle ou in utero aux radiations ionisantes

L’analyse de la capacité potentielle des radiations ionisantes à induire un phénotype transgénérationnel, comme l’apparition d’une maladie, nécessite de préciser certains aspects terminologiques. Faute de ces précisions, une grande confusion règne dans certains articles scientifiques ou non.
Il est important de comprendre que l’exposition d’une femme enceinte (génération F0) aux rayonnements ionisants entraîne l’exposition directe de l’embryon ou du fœtus de génération F1 à ces rayonnements, mais aussi, puisque la lignée germinale de l’embryon est alors déjà développée, une exposition directe aux radiations de cette lignée germinale, de génération F2, de sorte que la génération F3 est alors la première à ne pas être directement exposée aux rayonnements ionisants. En revanche, l’exposition d’une femme (génération F0) avant la conception entraîne l’exposition de la lignée germinale de la génération F1 mais pas de celle de la génération F2, de sorte que la génération F2 est alors la première à ne pas être exposée aux rayonnements ionisants.
Affirmer une transmission transgénérationnelle sans équivoque d’une maladie par la lignée germinale nécessite une évaluation de la génération F3 pour l’exposition embryonnaire et de la génération F2 pour l’exposition préconceptionnelle.
Un grand nombre d’études portant sur des générations F1 et F2 ne sont donc pas à proprement parler des études transgénérationnelles, mais plutôt préconceptionnelles.
De nombreux travaux de recherche ont porté sur le lien entre une exposition aux radiations ionisantes lors de la vie fœtale et la survenue potentielle de pathologies chez ces sujets durant leur enfance ou leur vie adulte. Diverses pathologies (cancers, leucémies, maladies non cancéreuses) et différents contextes d’exposition (bombe atomique, accident nucléaire, irradiation d’origine médicale...) font l’objet de ces études.

Effets d’une irradiation préconceptionnelle

Cancers et leucémies

Survivants d’Hiroshima et Nagasaki

La principale étude sur les pathologies survenant après irradiation préconceptionnelle est celle menée par la Radiation Effects Research Foundation1 sur les enfants des survivants des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki. La dernière étude a porté sur 75 327 descendants de survivants, nés entre 1946 et 1984, et suivis jusqu’au 31 décembre 2009. Ils comptaient 40 736 enfants de parents ayant été exposés et 34 591 de parents non exposés (Grant et coll., 2015renvoi vers). Les survivants exposés à une dose de rayonnement gonadique non nulle avaient reçu une dose moyenne de 264 mGy (écart-type : 463). L’âge moyen des 68 689 descendants encore vivants au moment de l’étude était 53 ans, la durée moyenne du suivi était de 54 ans. Un total de 5 183 participants étaient morts de maladie, parmi lesquels 1 246 de cancer, 3 937 d’une autre pathologie, 1 288 d’une cause externe, et 96 de cause inconnue. Cette étude n’a pas permis de mettre en évidence un lien entre l’exposition de la mère aux rayonnements et le risque de décès causé par le cancer, le risque relatif à 1 Gy étant de 0,89 (IC 95 % [0,69-1,15]). Des résultats similaires ont été trouvés pour l’exposition paternelle (RR à 1 Gy = 0,82 ; IC 95 % [0,61-1,08]). Les résultats ne dépendaient ni de l’âge des parents, ni de l’intervalle de temps entre l’exposition des parents et l’accouchement (Grant et coll., 2015renvoi vers).
Cette étude a confirmé les conclusions de l’ensemble des études précédentes menées sur les descendants de ces survivants, dont la principale, publiée en 2003, portait sur 40 487 descendants nés entre mai 1946 et décembre 1984. Les doses médianes reçues aux gonades étaient de 0,14 Gy pour les 15 992 pères exposés et de 0,13 Gy pour 10 066 mères exposées. L’identification des cancers a été réalisée à partir des données du registre des cancers d’Hiroshima et Nagasaki, et avait mis en évidence 575 cas de cancer solide et 68 cas d’hémopathies malignes. L’âge médian au moment du diagnostic était de 40 ans. Il n’a été trouvé aucune relation entre la dose de radiation reçue par le père ou la mère avant la conception, et le risque de survenue de cancer ou d’hémopathie maligne dans la descendance mâle ou femelle. Il a cependant été mis en évidence une relation inverse, à la limite de la significativité (p = 0,07) entre la dose de radiation reçue aux gonades par les pères et l’incidence des cancers solides, pris dans leur ensemble, le risque relatif pour une dose de 0,1 Gy étant égal à 0,96 (IC 95 % [0,92-1,00]) (Izumi et coll., 2003renvoi vers).

Travailleurs du nucléaire

En 1990, Martin Gardner a publié une étude cas-témoins portant sur 97 cas de leucémies, lymphomes malins hodgkiniens (maladie de Hodgkin, MDH) et non hodgkiniens (LMNH), survenus entre 1950 et 1985 chez des enfants et adolescents (< 25 ans) dans la région de Sellafield, un important site nucléaire du nord de l’Angleterre, et 1 001 témoins de la même région et du même âge. Après ajustement sur les examens radiologiques abdominaux pendant la grossesse, les habitudes de vie et la profession des parents, il a été montré que les parents des cas habitaient plus près du site de Sellafield que ceux des témoins, 5,9 (IC 95 % [1,9-20,0]) fois plus souvent à moins de 5 km du site. Ils avaient travaillé plus souvent sur le site de Sellafied avant la conception de leur enfant, et les doses de radiation reçues aux testicules par les pères des cas avant leur conception étaient plus élevées que celles reçues par les témoins : 6,42 (IC 95 % [1,72-26,3]) fois plus de pères de cas que de témoins avaient reçu une dose de radiation préconceptionnelle égale ou supérieure à 100 mSv. Les mêmes résultats ont été obtenus dans une analyse restreinte aux leucémies. En revanche, il n’y avait aucun effet de la proximité d’habitation et de la dose préconceptionnelle sur le risque de MDH (Gardner et coll., 1990renvoi vers). Il est important de noter que les résultats obtenus par cette étude étaient basés sur un très faible nombre de cas : seulement 13 pères de cas de leucémies et LMNH avaient habité à moins de 5 km du site de Sellafield et seuls 10 avaient travaillé sur ce site avant la conception de leur enfant, dont 4 avaient reçu plus de 100 mSv.
Cette étude a donné lieu à un grand débat et a suscité beaucoup d’autres études dans la même région. Une de ces études a confirmé que l’incidence des leucémies et des lymphomes avant l’âge de 25 ans chez 9 859 enfants nés entre 1950-1991 de pères exposés aux radiations ionisantes avant la conception était 1,9 (IC 95 % [1,0-3,1]) fois supérieure à celle observée chez 256 851 enfants de pères non exposés de la même région, cette relation était basée sur 13 cas chez les enfants de pères exposés et 197 cas chez les témoins. Après ajustement sur le mélange de populations consécutif à l’implantation du site de Sellafield, dont il avait été montré que ce mélange était en soi un facteur de risque de leucémie de l’enfant (Kinlen, 1988renvoi vers ; Dickinson et Parker, 1999renvoi vers ; Kinlen, 2012renvoi vers), le risque augmentait de manière significative avec la dose de radiation reçue par les pères avant la conception, le risque relatif pour une dose de 100 mSv étant égal à 1,6 (IC 95 % [1,0-2,2]). Cette étude, qui incluait les cas de l’étude de Gardner et coll. (1990renvoi vers), conduisait donc à la même conclusion, les excès étant cependant plus faibles (Dickinson et Parker, 2002arenvoi vers), la part majeure étant fort probablement due au mélange des populations (Dickinson et Parker, 2002brenvoi vers). Cet excès ne s’est pas prolongé chez les enfants de cette région nés après 1990 (Bunch et coll., 2014renvoi vers).
Cependant, les études menées sur des zones géographiques plus larges, n’ont pas confirmé ces résultats. En particulier, une étude cas-témoins a cherché à savoir si les parents des enfants qui avaient développé un cancer en Grande-Bretagne entre 1952 et 1991 avaient plus fréquemment travaillé dans l’industrie nucléaire que ceux des enfants exempts de cette pathologie (Sorahan et coll., 2003renvoi vers). Cette étude, réalisée à partir des cas du registre des cancers de l’enfant de Grande-Bretagne, avait pour objectif de valider une précédente étude (Draper et coll., 1997renvoi vers) qui n’avait pas trouvé de relation entre l’irradiation préconceptionnelle des pères et le risque cancer, en particulier de leucémie ou de lymphome malin non hodgkinien (LMNH) chez les enfants, une fois pris en compte un facteur de confusion particulier, le risque d’infection lié au brassage des populations. Par rapport à la précédente étude, la nouvelle a inclus d’autres facteurs de risque, dont le risque d’infection. La nouvelle étude a inclus une reconstruction dosimétrique individualisée. Elle a confirmé que les enfants qui ont développé un LMNH, une leucémie, ou tout autre cancer, en Grande-Bretagne entre 1951 et 1991, n’avaient pas eu davantage que les autres, un père travaillant dans l’industrie nucléaire et ayant été irradié avant leur conception. Il faut noter que, parmi les 34 510 cas de cancer ou de leucémie de l’enfant diagnostiqués durant la période allant de 1952 à 1985, seulement 73 avaient un père qui avait travaillé dans l’industrie nucléaire, soit 0,21 %, une proportion similaire à celle de 36 884 sujets de population générale de même date de naissance (0,20 %). Le risque relatif de développer un LMNH dans l’enfance a été évalué à 0,86 (IC 95 % [0,07-6,57]) pour une dose préconceptionnelle reçue par le père de 0,1 Sv ; celui pour l’ensemble des leucémies et des LMNH était de 0,96 (IC 95 % [0,31-2,93]), et celui pour l’ensemble des cancers de 1,10 (IC 95 % [0,46-2,68]). L’intervalle de confiance de ces estimations illustre le manque de puissance de cette étude malgré sa couverture géographique nationale (Sorahan et coll., 2003renvoi vers).
Des études similaires ont été réalisées sur le risque de leucémies chez les enfants de travailleurs du nucléaire dans d’autres pays, dont une étude cas-témoins menée dans l’Ontario au Canada, qui aboutit à la même conclusion, à savoir une absence de relation entre la survenue d’une leucémie chez les enfants et l’exposition paternelle aux rayonnements ionisants avant la conception (McLaughlin et coll., 1993renvoi vers).
Une relation entre la proximité d’une centrale nucléaire et le risque de leucémie dans l’enfance a été rapportée dans différents pays, dont la France (Evrard et coll., 2006renvoi vers ; Sermage-Faure et coll., 2012renvoi vers), l’Allemagne (Kaatsch et coll., 2008renvoi vers), et la Belgique (Bollaerts et coll., 2018)renvoi vers2 , mais le rôle éventuel de l’irradiation préconceptionnelle n’a pas été évalué dans ces clusters, pour lesquels l’explication est toujours considérée comme inconnue (Laurier et coll., 2014renvoi vers). Par ailleurs, dans d’autres pays comme la Suisse (Spycher et coll., 2011renvoi vers) et la Finlande (Heinävaara et coll., 2010renvoi vers), cette relation n’a pas été observée.

Irradiation d’origine médicale

Dans une étude danoise (Andersson et coll., 1994renvoi vers), il n’a pas été trouvé d’augmentation de l’incidence de cancer chez les descendants de sujets (hommes et femmes) qui, à l’occasion d’artériographies, avaient reçu du Thorotrast, un produit de contraste contenant des particules radioactives qui se déposent à vie dans la presque totalité des organes. Toutefois, cette étude a porté sur une faible population, les enfants de 260 femmes (n = 143) et 320 hommes (n = 226), lesquels avaient développé un total de 10 cancers (versus 8 attendus), dont aucune leucémie ni lymphome, sur une période moyenne de suivi de 40 ans. Chez les hommes, la dose moyenne équivalente de Thorotrast reçue aux gonades a été estimée à 941 mSv ; chez les femmes, cette dose n’a pas été estimée. S’agissant des pères, des doses équivalentes inférieures à 100 mSv concerneraient seulement 8 % de la descendance.
Il n’a pas été mis en évidence d’excès de cancer chez les enfants de patients traités par radiothérapie pour un cancer avant leur conception. En particulier, dans une étude nationale réalisée en Finlande sur 9 877 enfants conçus après le diagnostic d’un cancer chez un parent, parmi lesquels 65 ont développé un cancer (dont 25 présentaient une prédisposition héréditaire), les enfants de parents qui avaient reçu une radiothérapie avaient un risque de développer un cancer (après ajustement sur les composantes héréditaires) similaire à ceux dont les parents n’avaient pas été exposés : RR = 0,91 (IC 95 % [0,51-1,49]) (Madanat-Harjuoja et coll., 2010renvoi vers). D’autres études, de plus petite taille, ont conclu à la même absence d’excès de cancer chez les descendants des survivants d’un cancer (Marradi et coll., 1982renvoi vers ; Rokicka-Milewska et coll., 1986renvoi vers ; Mulvihill et coll., 1987renvoi vers ; Nygaard et coll., 1991renvoi vers ; Hawkins et coll., 1995renvoi vers ; Garsi et coll., 2008renvoi vers).
Une étude cas-témoins de grande taille a porté sur le lien entre l’exposition à des radiographies (chez la mère avant la naissance, le père avant la conception ou l’enfant lui-même) et le risque de survenue d’une leucémie lymphoblastique aiguë (LLA) (Bailey et coll., 2010renvoi vers). L’étude a porté sur 389 cas de leucémie de l’enfant et 876 témoins de même âge, sexe, et région de naissance.
Il n’a pas été observé de risque accru de LLA chez les enfants dont les mères avaient subi des radiographies abdominales ou pelviennes avant la grossesse (OR = 0,73 ; IC 95 % [0,55-0,95]). Très peu de femmes avaient reçu une radiographie abdominale ou pelvienne pendant la grossesse (4 parmi les cas et 16 parmi les témoins). Les pères des cas de leucémies ont déclaré avoir eu au moins une radiographie abdominale avant la conception, soit 1,17 (IC 95 % [0,88-1,55]) fois plus souvent que ceux des témoins. Il en est de même pour ceux ayant déclaré au moins deux radiographies (OR = 1,47 ; IC 95 % [0,98-2,21]) (Bailey et coll., 2010renvoi vers). Enfin, il y avait une légère augmentation du risque chez les enfants eux-mêmes exposés plusieurs fois aux rayons X (OR = 1,34 ; IC 95 % [0,93-1,92]). Les auteurs ont conclu que le risque de LLA chez l’enfant tendait à légèrement augmenter lorsque le père avait fait l’objet de plusieurs radiographies abdominales en période préconceptionnelle.
La seule étude qui a montré une relation significative entre l’irradiation préconceptionnelle et le risque de cancer est une étude limitée aux rétinoblastomes bilatéraux, une tumeur de l’œil de l’enfant, dont la composante génétique est très importante et qui est due à une perte de la fonctionnalité du gène RB1 par mutations sur les deux allèles. Les formes bilatérales sont beaucoup plus souvent héréditaires que les formes unilatérales, car une perte des deux allèles fonctionnels a très peu de risque de se produire dans les deux yeux au cours du développement. Ces cas bilatéraux résultent donc beaucoup plus souvent de l’apparition pendant le développement d’une nouvelle mutation dans chaque œil, l’un des parents ayant transmis à l’enfant l’autre mutation. Cette étude a porté sur les très rares cas de rétinoblastomes bilatéraux sporadiques, c’est-à-dire dont aucun des deux parents n’avaient eu de rétinoblastome, et qui avaient donc transmis à leur enfant une mutation nouvelle de RB1 que l’un des deux parents avaient acquis après sa naissance. L’objectif de l’étude était d’évaluer si l’acquisition de cette nouvelle mutation pouvait être en lien avec une irradiation des gonades des parents à des fins médicales pendant la période préconceptionnelle. Dans cette étude, une dose d’irradiation préconceptionnelle paternelle de 1 à 49 mGy aux testicules du père était associée à un risque relatif de 1,6 (IC 95 % [0,8-3,0]), le risque relatif étant de 3,9 (IC 95 % [1,2-14,4]), pour une dose supérieure à 50 mGy. Ces chiffres étaient, respectivement de 1,6 (IC 95 % [0,8-3,0]) et 3,0 (IC 95 % [1,4-7,0]) pour une dose préconceptionnelle de 1 à 24 mGy et de 25 mGy ou plus aux ovaires des mères (Bunin et coll., 2011renvoi vers). Les auteurs ont conclu que les résultats obtenus étaient en faveur d’une association de l’apparition d’une nouvelle mutation de RB1 chez l’enfant avec une exposition parentale aux rayonnements ionisants, bien qu’il ne soit pas exclu que certains biais ou facteurs confondants puissent contribuer à leurs observations.

Malformations congénitales et pathologies génétiques

Survivants d’Hiroshima et Nagasaki

Dès 1946, une cohorte des descendants des survivants d’Hiroshima et Nagasaki3 a été mise en place, tous les nouveau-nés faisant l’objet d’un examen clinique et la moitié d’entre eux, tirés au hasard, ont fait l’objet d’un nouvel examen à l’âge de 8 à 10 mois. La 1re publication a porté sur 4 781 naissances (Schull et Neel, 1959renvoi vers).
Un grand nombre d’études ont porté sur les malformations congénitales chez les descendants des survivants des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki (Schull et Neel, 1959renvoi vers ; Schull et coll., 1981renvoi vers ; Neel, 1995renvoi vers). La principale étude, publiée en 1953 puis en 1956 (Neel et coll., 1953renvoi vers ; Neel et Schull, 1956renvoi vers), a porté sur 71 280 nouveau-nés entre 1948 et 1954, dont 36 219 considérés comme ayant eu au moins un parent exposé (dose moyenne d’environ 360 mGy). Au moins une malformation congénitale majeure a été observée chez 594 enfants, dont 300 étaient nés d’au moins un parent exposé. Aucune relation n’a été mise en évidence entre la dose de radiation reçue par l’un des parents ou par les deux parents et le risque de malformation congénitale, pris dans son ensemble, ou par type de malformation (Neel et Schull, 1956renvoi vers). Ces résultats ont été confirmés non seulement sur l’ensemble de la population, mais aussi dans une analyse limitée aux sujets nés de parents apparentés (Neel et Schull, 1956renvoi vers).

Travailleurs du nucléaire

Les études sur les descendants des travailleurs des centrales nucléaires et des sites de retraitement des déchets nucléaires sont toutes, elles aussi, arrivées à la même conclusion d’absence de risque de malformations congénitales ou de pathologies génétiques. Parmi elles, une étude a porté sur les malformations congénitales chez 27 251 enfants de travailleurs, dont 510 avaient développé au moins une malformation congénitale. Aucune association n’a été mise en évidence entre ces malformations et la dose de radiations ionisantes reçue avant la conception (Doyle et coll., 2000renvoi vers).

Irradiation d’origine médicale

À ce jour, aucune étude n’a mis en évidence d’augmentation de la fréquence des malformations congénitales chez les descendants des survivants d’un cancer, traités par radiothérapie.
Trois études majeures ont été réalisées à ce jour. Une étude a porté sur les pathologies génétiques développées par 2 198 enfants de survivants d’un cancer de l’enfant traités avant 1976, et 4 544 enfants d’apparentés sans cancer. Globalement, il n’y avait aucune différence significative (p = 0,3) de proportion d’enfants présentant des syndromes cytogénétiques, des malformations simples ou des anomalies monogéniques, entre les enfants de survivants d’un cancer (3,4 %) et les enfants de témoins (3,1 %), ceci quel que soit le traitement reçu par les parents (Byrne et coll., 1998renvoi vers). Une autre étude a porté sur les malformations congénitales chez 1 037 enfants de survivants d’un cancer de l’enfant ou de l’adolescent traités au Danemark. Cent quarante-neuf malformations ont été observées chez ces enfants, les doses moyennes aux ovaires des mères et aux testicules des pères étant respectivement de 1,16 et 0,41 Gy. Les descendants des sujets qui avaient reçu une radiothérapie présentaient un risque 1,02 (IC 95 % [0,50-1,44]) fois plus élevé de survenue d’une malformation congénitale que les autres. Les descendants des 11 femmes qui avaient reçu une irradiation avaient 2,3 (IC 95 % [0,95-5,56]) fois plus de risque d’avoir une malformation congénitale par rapport aux sujets dont le mères n’avaient pas reçu de radiothérapie (Winther et coll., 2009renvoi vers et 2012renvoi vers). Enfin, une étude réalisée dans le cadre de la Childhood Cancer Survivor Study a porté sur 4 699 enfants de survivants d’un cancer de l’enfant, dont 129 avaient au moins une malformation congénitale majeure. Aucune relation n’a été mise en évidence entre la dose aux ovaires (dose moyenne = 1,19 Gy) ou aux testicules (dose moyenne = 0,48 Gy) et le risque de malformation congénitale. Les risques relatifs étaient de 0,59 (IC 95 % [0,20-1,75]) pour une dose aux ovaires de 2,50 Gy ou plus aux ovaires et de 1,01 (IC 95 % [0,36-2,83]) pour une dose aux testicules de 0,50 Gy ou plus, par rapport à l’absence d’irradiation (Signorello et coll., 2012renvoi vers).
De la même façon, les études menées sur les enfants de patients atteints de cancer de la thyroïde et traités par l’iode-131, n’ont pas trouvé de relation entre l’administration d’iode-131 et le risque de malformation congénitale dans la descendance (do Rosário et coll., 2006renvoi vers ; Fard-Esfahani et coll., 2009renvoi vers ; Garsi et coll., 2008renvoi vers et 2009renvoi vers).
Ces résultats ont été confirmés dans plusieurs études menées au niveau national dans plusieurs pays, basées sur des croisements de registres avec des bases médico-administratives. Celles-ci n’ont pas permis d’étudier directement le rôle de la radiothérapie et de la dose de radiation reçues aux ovaires ou aux testicules, mais elles ont montré soit qu’il n’y avait globalement pas d’excès de malformations congénitales chez les descendants de survivants ayant eu un cancer et traités par radiothérapie, soit qu’il n’y avait pas d’élément permettant de lier les excès éventuels à la radiothérapie (Chow et coll., 2009renvoi vers ; Mueller et coll., 2009renvoi vers ; Ståhl et coll., 2011renvoi vers ; Haggar et coll., 2014renvoi vers ; Seppänen et coll., 2016renvoi vers ; Momen et coll., 2017renvoi vers ; Sabeti Rad et coll., 2017arenvoi vers et brenvoi vers ; Ji et coll., 2018renvoi vers ; van der Kooi et coll., 2018renvoi vers).

Autres pathologies

À ce jour, le rôle de l’irradiation préconceptionnelle sur l’incidence des pathologies autres que les cancers et les malformations congénitales n’a été étudié que chez les survivants d’Hiroshima et Nagasaki.

Survivants d’Hiroshima et Nagasaki

L’étude de Grant et coll. (2015renvoi vers) sur la mortalité des descendants des survivants d’Hiroshima et Nagasaki n’a pas mis en évidence d’augmentation de pathologies non cancéreuses chez les 40 736 descendants de survivants qui avaient été exposés. Parmi eux, 3 937 étaient décédés d’une pathologie non cancéreuse : le risque relatif à 1 Gy était de 0,97 (IC 95 % [0,85-1,12]) pour les descendants de mères exposées et de 1,10 (IC 95 % [0-98-1-24]) pour les descendants de pères exposés. De même que pour les cancers, les résultats ne dépendaient ni de l’âge des parents, ni de l’intervalle de temps entre l’exposition des parents et l’accouchement.
Cette publication a conforté les résultats des publications antérieures. En particulier, une d’entre elles a porté sur l’examen clinique de 11 951 enfants de survivants d’Hiroshima ou Nagasaki, conçus après l’exposition aux rayonnements ionisants des bombes atomiques et nés entre mai 1946 et décembre 1984. L’âge moyen des sujets était de 49 ans au moment de l’examen. La dose moyenne reçue aux gonades par les pères était estimée à 0,13 Gy et celle reçue par les mères à 0,15 Gy. L’étude a porté sur 6 maladies polygéniques et multifactorielles courantes : hypertension artérielle (n = 3 152), hypercholestérolémie (n = 4 622), diabète de type 2 (n = 788), angine de poitrine (angor) (n = 91), infarctus du myocarde (n = 46), accident vasculaire cérébral (n = 81) (Fujiwara et coll., 2008renvoi vers). Il n’a été trouvé aucun lien entre la dose de radiation reçue par le père ou la mère, ou la somme des deux doses, et le risque de maladies multifactorielles dans la descendance mâle ou femelle. Aucune des relations dose-effets étudiées n’était significative, après ajustement, sur l’âge, le sexe, le lieu de résidence et les autres facteurs de risque de ces maladies. L’odds ratio pour une dose paternelle de 1 Gy était de 0,91 (IC 95 % [0,81-1,01], p = 0,08) et celui pour une dose maternelle de 1 Gy était de 0,98 (IC 95 % [0,86-1,10], p = 0,71). Cependant, une relation inverse non significative (p = 0,1) a été établie entre l’irradiation des pères et le risque de ces pathologies, toutes pathologies confondues. Par rapport aux pères ayant reçu moins de 0,005 Gy aux gonades, le risque relatif était de 0,97 (IC 95 % [0,90-1,05]) pour les doses inférieures à 0,5 Gy et de 0,88 (IC 95 % [0,78-0,99]) pour celles supérieures ou égales à 0,5 Gy (Fujiwara et coll., 2008renvoi vers).
Une étude plus récente publiée en 2013 (Tatsukawa et coll., 2013renvoi vers) confirme l’absence de relation entre l’exposition parentale lors des bombardements et l’apparition de ces mêmes pathologies à l’âge adulte.

Fausses couches et mortinatalité

Survivants d’Hiroshima et Nagasaki

La 1re publication portant sur la cohorte des descendants des bombardements atomiques a porté sur 4 781 naissances issues de couples apparentés du 1er degré entre 1948 et 1953 (Schull et Neel, 1959renvoi vers). Un total de 166 mort-nés a été enregistré, et il n’a pas été possible de mettre en évidence de relation entre la fréquence de la mortinatalité et la distance de chacun des parents par rapport à l’épicentre de la bombe, pondérée ou pas, par la résistance des matériaux de leur habitation.

Travailleurs du nucléaire

Une étude portant sur 245 483 naissances dont au moins un des 2 parents avaient travaillé dans l’industrie nucléaire, dont 10 318 sur le site de Sellafield, a mis en évidence un excès de mortinatalité parmi les descendants des travailleurs ayant été exposés aux rayonnements ionisants (Parker et coll., 1999renvoi vers). La dose médiane de radiation reçue par les travailleurs exposés était de 30 mSv. L’augmentation du risque relatif de mortinatalité était de 1,27 (IC 95 % [1,06-1,50]) pour une dose préconceptionnelle de 100 mSv. Parmi les 9 208 descendants de travailleurs de Sellafield qui avaient été exposés, 130 mort-nés avaient été répertoriés, contre 21 parmi les 1 110 qui ne l’avaient pas été. Cette relation a été confirmée dans l’analyse cas-témoins nichée dans cette cohorte (Parker et coll., 1999renvoi vers).

Irradiation médicale

Plusieurs études ont mis en évidence une augmentation du risque de fausse couche et d’enfant mort-né après radiothérapie (van der Kooi et coll., 2019renvoi vers). Leur interprétation est cependant délicate car il n’est pas possible dans ces études, de différencier les effets des modifications hormonales et de l’utérus entraînées par la radiothérapie, des effets de l’irradiation des gonades.

Anomalies chromosomiques

Concernant les éventuelles mutations induites par l’instabilité génomique radio-induite, la seule étude de séquençage de l’ADN réalisée à ce jour sur des descendants de sujets irradiés, et comparant l’ADN constitutionnel de trios père, mère, enfant, n’a pas montré d’augmentation du nombre de variants génétiques chez les enfants dont les parents avaient été irradiés, par comparaison aux trios où les parents n’avaient pas été exposés (Horai et coll., 2018renvoi vers).

Irradiation médicale

Une étude a porté sur 14 580 descendants de 8 345 sujets guéris d’un cancer durant leur enfance ou adolescence et diagnostiqués avant l’âge de 35 ans, comparés à 40 859 descendants de 19 536 apparentés (frères et sœurs). Les cas d’anomalies chromosomiques ont été identifiés à partir du National Danish Cytogenic Registry, qui inclut le résultat de tous les examens cytogénétiques depuis 1960 (enfants et parents). Les cas héréditaires (mêmes anomalies caryotypiques chez les deux parents et l’enfant) ont été exclus de l’analyse. Seulement 63 parmi les 14 580 enfants étaient enregistrés comme ayant une anomalie chromosomique, dont 13 chez des parents ayant reçu de la radiothérapie. Il n’a pas été mis en évidence d’augmentation du risque d’anomalie chromosomique chez les descendants des individus ayant eu une irradiation des gonades (moyenne de 0,95 Gy pour les pères et 0,91 Gy pour les mères), comparés aux descendants des apparentés : RR = 0,99 (IC 95 % [0,67-1,44]), sans différence entre les deux sexes (Nielsen et coll., 2018renvoi vers).

Travailleurs du nucléaire

Les taux de mutations dans les minisatellites de la lignée germinale ont été étudiés chez 255 descendants de 162 travailleurs masculins de l’installation nucléaire de Sellafield. La recherche de mutations a porté sur huit loci minisatellites hypervariables (B6.7, CEB1, CEB15, CEB25, CEB36, MS1, MS31, MS32) étudiés par hybridation Southern. Aucune différence significative n’a été observée entre le taux de mutations dans les minisatellites d’origine paternelle (5,0 %, 37 mutations pour 736 allèles) chez les 103 descendants des 79 pères considérés comme non exposés et ayant reçu une dose testiculaire préconceptionnelle moyenne de 9 mSv et celui observé chez les 152 descendants des 97 pères exposés à une dose moyenne préconceptionnelle de 194 mSv aux testicules (5,8 %, 66 mutations pour 1 137 allèles). Une analyse en deux groupes de doses reçues par les pères, respectivement 111 mSv et 274 mSv, n’a pas non plus permis de mettre en évidence de différence dans les taux de mutations d’origine paternelle dans les minisatellites, qui étaient respectivement de 6,0 % (32 mutations sur 536 allèles) et 5,7 % (34 mutations sur 601 allèles). Des résultats identiques ont été observés pour le taux de mutations dans les minisatellites d’origine maternelle, qui était de 1,6 % (12 mutations pour 742 allèles) chez les descendants des partenaires des pères témoins et de 1,7 % (19 mutations pour 1 133 allèles) chez les descendants des partenaires des pères exposés. Dans cette étude, l’exposition professionnelle préconceptionnelle aux rayonnements ionisants n’augmentait pas l’instabilité chromosomique chez les descendants, telle que mesurée par le taux de mutations des minisatellites d’origine germinale (Tawn et coll., 2015renvoi vers).

Tchernobyl

Plusieurs études ont conclu à une augmentation des anomalies chromosomiques chez les enfants des sujets irradiés lors de l’accident de Tchernobyl.
Les mutations germinales de huit loci minisatellites ont été étudiées chez 252 familles des zones rurales de la région de Kiev et de Zhitomir en Ukraine, fortement contaminées par l’accident de Tchernobyl (Dubrova et coll., 2002renvoi vers). Après ajustement sur l’origine ethnique, les habitudes tabagiques, l’âge de la mère, le travail des parents, et le sexe, les enfants nés après l’accident de Tchernobyl, et donc exposés, avaient 1,6 (p = 0,02) fois plus de mutations sur les loci minisatellites étudiés, que ceux nés avant cet accident, et donc non-exposés. Cette augmentation était limitée aux mutations germinales d’origine paternelle.
D’autres études ont confirmé ces résultats. Les anomalies chromosomiques ont été recherchées chez 39 enfants, 19 garçons et 20 filles, de 31 liquidateurs de Tchernobyl, et leur fréquence a été comparée à celle de 12 enfants de 9 sujets témoins. Les pères exposés avaient travaillé de 2 à 6 mois dans la zone de la centrale nucléaire, à l’âge de 30 ans en moyenne, et avaient reçu une dose efficace moyenne de 226 mSv (50 mSv à 460 mSv, 30 % de valeurs manquantes), ceci entre 1 mois et 18 ans avant la conception. L’âge des enfants au moment de l’examen variait de 2 à 15 ans. La fréquence des cellules porteuses d’anomalies chromosomiques était plus de 2 fois supérieure chez les enfants des liquidateurs que chez ceux des témoins : 2,67 % (±0,26 %) versus 1,13 % (±0,12 %). Cette augmentation concernait tous les types d’aberrations chromosomiques, stables ou instables (Aghajanyan et coll., 2011renvoi vers). Il faut cependant noter que les auteurs n’ont pas publié de relation dose-effet alors qu’ils avaient pu estimer les doses pour 70 % des sujets (Dubrova et coll., 1996renvoi vers, 1997renvoi vers et 2002renvoi vers).

Essais nucléaires

Des études ont été menées sur les populations des villages du Kazakhstan hautement contaminés durant la période des essais nucléaires russes. Il a été rapporté une augmentation des anomalies chromosomiques, en particulier des translocations, chez les enfants et les petits-enfants (n = 115) des habitants de ces villages. Dans ces études, il n’est cependant pas possible de différencier l’irradiation préconceptionnelle de l’irradiation in utero (Chaizhunusova et coll., 2017renvoi vers).

Synthèse sur les effets d’une irradiation préconceptionnelle

Les tableaux 7.Irenvoi vers et 7.IIrenvoi vers résument les principales études précédemment présentées.

Cancers et malformations congénitales

Un grand nombre d’études ont porté sur le risque de cancers et de malformations congénitales chez les enfants de sujets irradiés avant leur conception. Ces études ont principalement été menées sur les enfants des survivants des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, de travailleurs de l’industrie nucléaire, et de survivants d’un cancer traités par radiothérapie. Bien que portant sur des milliers de cancers et de malformations observés après irradiation, elles n’ont pas pu mettre en évidence de corrélation entre l’irradiation préconceptionnelle et le risque de survenue de ces pathologies chez les descendants d’individus exposés. Étant donné le nombre de sujets et le niveau des doses, et donc la puissance statistique, ainsi que la diversité du type d’irradiation de ces études, ces résultats peuvent être considérés comme fiables.

Tableau 7.I Pathologies après irradiation préconceptionnelle

Référence
Type d’étude
Population
Pathologies étudiées et nombre de cas
Dosimétrie ; dose moyenne
Conclusions
Neel et coll., 1953renvoi vers ;
Neel et Schull, 1956renvoi vers
Cohorte
Enfants des survivants d’Hiroshima et Nagasaki
36 219 sujets nés de parents exposés
35 061 sujets nés de parents non exposés
Au moins une malformation congénitale :
300 cas chez les enfants exposés
294 cas chez les enfants non-exposés
Dose moyenne aux gonades chez les parents des enfants exposés : 360 mSv
Aucune relation entre la dose de radiation reçue par l’un ou l’autre des deux parents ou par les deux parents et le risque de malformation congénitale, pris dans son ensemble, ou par type de malformation
Gardner et coll., 1990renvoi vers
Cas-témoins
52 cas de leucémie, 22 cas de lymphome malin non hodgkinien et 23 cas de maladie de Hodgkin de l’enfant et de l’adolescent (< 25 ans) diagnostiqués entre 1955 et 1985 dans la région de Sellafield
1 001 témoins appariés sur l’âge et le sexe, de la même région
Lymphomes malins non hodgkiniens (LMNH), leucémies, tous cancers, de l’enfant
Père ayant travaillé dans l’industrie nucléaire avant la conception :
10 cas, dont 4 ayant reçu 100 Sv ou plus
58 témoins, dont 3 ayant reçu 100 mSv ou plus
Relation significative entre la proximité du lieu d’habitation par rapport au site nucléaire de Sellafield (< 5 km) et le risque de leucémie ou de lymphome avant l’âge de 25 ans (RR = 5,88 ; IC 95 % [1,88-20,01])
Relation significative avec la dose de radiation reçue avant la conception : risque relatif de leucémie et LMNH avant âge de 25 ans, chez les enfants des sujets qui avaient reçu 100 mSv d’irradiation préconceptionnelle ou plus : RR = 6,42 (IC 95 % [1,72-26,3])
Aucune relation entre la dose de radiation reçue au niveau des gonades par les parents et le risque de cancer ou d’hémopathie maligne
McLaughlin et coll., 1993renvoi vers
Cas-témoins
Enfants de mères vivant près d’une centrale nucléaire
Toutes leucémies
112 cas et 890 témoins appariés sur la zone de résidence de la mère au moment de la conception et la date de naissance
Exposition paternelle
Les pères de 6 cas et de 53 témoins avaient été professionnellement exposés aux radiations avant la conception ; doses aux gonades : entre 0,1 et 49,9 mSv pour 4 pères et ≥ 50 mSv pour 2 pères
Pas d’augmentation du risque de leucémie chez les enfants des pères exposés aux rayonnements ionisants avant la conception : RR = 0,87 (IC 95 % [0,32-2,34])
Byrne et coll., 1998renvoi vers
Cohorte
2 918 descendants de sujets guéris d’un cancer de l’enfant et 4 544 sujets nés d’apparentés sans cancers
Maladies génétiques
74 cas de pathologies génétiques chez les enfants des survivants d’un cancer et 142 chez ceux des apparentés
Pas de dosimétrie
Pas de différence d’incidence, ni de nature des pathologies génétiques entre les sujets nés de survivants d’un cancer (3,4 %) et les autres (3,1 %). Pas de différence entre les sujets ayant reçu de la radiothérapie et les autres
Parker et coll., 1999renvoi vers
Cohorte
10 318 descendants de travailleurs de Sellafield : 9 208 descendants de travailleurs exposés et 1 110 descendants de travailleurs non exposés
Mort-nés
Dose moyenne aux gonades des 9 208 parents ayant été exposés : 30 mSv
Augmentation du taux de mort-nés avec la dose reçue aux gonades avant la conception : risque relatif = 1,27 (IC 95 % [1,06-1,50]) pour une dose de 100 mSv
Doyle et coll., 2000renvoi vers
Cohorte
23 676 descendants d’hommes travailleurs du nucléaire
3 585 descendants de femmes travailleurs du nucléaire
Fausse couche durant le 1er trimestre (n = 2 344), le 2e trimestre (n = 604), mort-nés (n = 239), malformations congénitales (n = 611)
Dosimètres des travailleurs
Dose médiane : environ 10 mSV
Aucune augmentation du risque de fausse couche, du 1er (RR = 1,0 ; IC 95 % [0,9-1,1]) ou du 2e trimestre (RR = 0,9 ; IC 95 % [0,7-1,0]) ni de mort-nés (RR = 1,1 ; IC 95 % [0,8-1,4]), chez les femmes des travailleurs qui avaient été exposés avant la conception
Par rapport à celles qui ne l’avaient pas été, les femmes qui avaient été exposées avant la conception avaient :
– un risque de fausse couche durant le 1er trimestre : 1,3 (IC 95 % [1,06-1,6]) fois plus élevé, sans relation dose-effet significative
– un risque de fausse couche durant le 2e trimestre : 0,8 (IC 95 % [0,5-1,4]) fois plus élevé
– un risque d’avoir un enfant mort-né 2,2 (IC 95 % [1,0-4,6]) fois plus élevé.
Risque de malformation congénitale similaire chez les enfants nés de sujets exposés avant la conception et les autres : risque relatif RR = 1,0 (IC 95 % [0,8-1,2]) chez les descendants de travailleurs hommes et 1,4 (IC 95 % [0,9-2,1]) chez ceux de travailleurs femmes
Sorahan et coll., 2003renvoi vers
Cas-témoins
34 510 cas de cancer ou de leucémie de l’enfant diagnostiqués entre 1952 et 1985 en Grande-Bretagne
36 884 témoins de population générale de même âge
Lymphomes malins non hodgkiniens (LMNH), leucémies, tous cancers, de l’enfant
Père ayant travaillé dans l’industrie nucléaire avant la conception :
73 cas (0,21 %)
73 témoins (0,20 %)
Risque relatif de LMNH par 0,1 Sv d’irradiation préconceptionnelle : RR = 0,86 (IC 95 % [0,07-6,57])
Risque relatif de LMNH ou leucémie par 0,1 Sv d’irradiation préconceptionnelle : RR = 0,96 (IC 95 % [0,31-2,93])
Risque relatif de cancer pour 0,1 Sv d’irradiation préconceptionnelle : RR = 1,10 (IC 95 % [0,46-2,68])
Aucune relation entre la dose de radiation reçue au niveau des gonades par les parents et le risque de cancer ou d’hémopathie maligne
Izumi et coll., 2003renvoi vers
Cohorte
40 487 descendants de survivants d’Hiroshima et Nagasaki, âgés de 40 ans en médiane
Cancers et hémopathies malignes
575 cas de cancer et 68 cas d’hémopathie maligne
Dose moyenne aux gonades : 0,14 Gy pour les pères et 0,13 Gy pour les mères
Aucune relation entre la dose de radiation reçue au niveau des gonades par les parents et le risque de cancer ou d’hémopathie maligne
Relation inverse, à la limite de la significativité (p = 0,07) entre la dose de radiation reçue aux gonades par les pères et l’incidence des cancers solides : RR pour 0,1 Gy = 0,96 (IC 95 % [0,92-1,00])
Garsi et coll., 2008renvoi vers
Cohorte
389 grossesses après administration d’iode-131 pour un cancer de la thyroïde
1 943 grossesses de femmes qui ont eu un cancer de la thyroïde
Grossesses après iode-131 : Fausses couches (n = 92), mort-nés (n = 6), malformations congénitales (n = 11), pathologies thyroïdiennes (n = 8), cancer (n = 2)
Grossesses avant iode-131 : Fausses couches (n = 192), mort-nés (n = 28), malformations congénitales (n = 68), pathologies thyroïdiennes (n = 34), cancer (n = 6)
Dose moyenne aux ovaires : 140 mGy
Pas d’augmentation du risque de fausse couche, de mort-né, de malformation congénitale, de pathologie thyroïdienne ou de cancer après grossesse conçue après traitement à l’iode-131
Madanat-Harjuoja et coll., 2010renvoi vers
Cohorte
26 331 enfants de 22 465 survivants d’un cancer, dont 9 875 conçus après le diagnostic du cancer de leur parent
Tous cancers
65 cas de cancers, dont 19 tumeurs cérébrales, 11 leucémies, 5 rétinoblastomes, 5 cancers du sein, 4 sarcomes, 4 cancers thyroïdiens
Pas de dosimétrie
Pas d’augmentation du risque de cancer chez les descendants des sujets qui avaient reçu de la radiothérapie : RR = 0,91 (IC 95 % [0,51-1,49])
Bailey et coll., 2010renvoi vers
Cas-témoins
Leucémie de l’enfant
389 cas de leucémie de l’enfant et 876 témoins de population générale
Examens radiologiques
Au moins un examen radiologique abdominal ou pelvien avant la conception :
Pères : 111 cas et 236 témoins
Mères : 102 cas et 287 témoins
Irradiation préconceptionnelle maternelle :
1-24 mGy : 31 cas et 30 témoins
25 mGy ou plus : 16 cas et 6 témoins
Pas d’augmentation significative du risque de leucémie
Au moins un examen radiologique préconceptionnel paternel : RR = 1,17 (IC 95 % [0,88-1,55])
Au moins un examen radiologique préconceptionnel maternel : RR = 0,73 (IC 95 % [0,55-0,95])
Bunin et coll., 2011renvoi vers
Cas-témoins
Rétinoblastomes bilatéraux sporadiques aux États-Unis
204 cas de rétinoblastome bilatéral sporadique et 269 témoins
Examens radiologiques
Irradiation préconceptionnelle paternelle :
1-49 mGy : 26 cas et 22 témoins
50 mGy ou plus : 10 cas et 4 témoins
Irradiation préconceptionnelle maternelle
1-24 mGy : 31 cas et 30 témoins
25 mGy ou plus : 16 cas et 6 témoins
Pas d’augmentation du risque de cancer chez les descendants des sujets qui avaient reçu de la radiothérapie :
RR = 0,91 (IC 95 % [0,51-1,49])
Winther et coll., 2009 et 2012renvoi vers
Cohorte
1 037 grossesses de survivants d’un cancer de l’enfant et de l’adolescent
Malformations congénitales
149 cas
Dose moyenne aux ovaires des femmes : 1,16 Gy (0,0001 à 40)
Dose moyenne aux testicules des hommes : 0,41 Gy (0,0005 à 8)
Dose moyenne aux ovaires chez les femmes ayant reçu des fortes doses à l’utérus (n = 11) : 13,5 Gy
Globalement, le risque de malformation congénitale était identique chez les descendants des sujets ayant reçu de la radiothérapie et chez ceux n’en ayant pas reçu : RR = 1,02 (IC 95 % [0,50-1,44]).
Incidence des malformations congénitales : 2,3 (IC 95 % [0,95-5,56]) fois plus élevée après irradiation à forte dose de l’utérus
Signorello et coll., 2012renvoi vers
Cohorte
4 699 enfants d’un survivant d’un cancer de l’enfant
Radiothérapie : 2 971 enfants
Pas de radiothérapie : 1 728 enfants
Malformations congénitales :
129 sujets avec au moins une malformation congénitale
Dose moyenne aux gonades : 0,48 Gy pour les pères et 1,19 Gy pour les mères
Aucune relation entre la dose de radiation reçue au niveau des gonades par les parents et le risque de malformation congénitale
RR = 0,59 (IC 95 % [0,20-1,75]) pour une dose aux ovaires de 2,50 Gy ou plus
RR = 1,01 (IC 95 % [0,36-2,83]) pour une dose aux testicules de 0,50 Gy ou plus, par rapport à l’absence d’irradiation
Tatsukawa et coll., 2013renvoi vers
Cohorte, + examen transversal
11 951 descendants de survivants d’Hiroshima et Nagasaki, âgés de 49 ans en médiane
Pathologies chroniques multifactorielles : hypertension artérielle, hypercholestérolémie, diabète de type 2, angine de poitrine, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral
Dose moyenne aux gonades : 0,13 Gy pour les pères et 0,15 Gy pour les mères
Aucune relation entre la dose de radiation reçue au niveau des gonades par les parents et le risque de pathologie chronique multifactorielle. Aucune influence du délai entre l’exposition et l’accouchement, ni de l’âge des parents
Relation inverse non significative (p tendance linéaire = 0,1) entre l’irradiation des pères et le risque, toutes pathologies confondues : RR (par rapport à une dose < 0,0005) :
– 0,97 (IC 95 % [0,90-1,05]) pour les doses < 0,5 Gy
– 0,88 (IC 95 % [0,78-0,99]) pour celles égales ou supérieures à 0,5 Gy
Grant et coll., 2015renvoi vers
Cohorte
75 327 descendants de survivants d’Hiroshima et Nagasaki, âgés de 53 ans en médiane
Mortalité, toutes causes
5 183 décès, dont 1 246 de cancer, 3 937 d’une autre pathologie, 1 288 d’une cause externe, 96 de cause inconnue
Dose moyenne aux gonades des parents exposés : 264 mSv
Aucune relation entre la dose de radiation reçue au niveau des gonades par les parents et le risque de décès par cancer, autre pathologie, ou cause externe. Aucune influence du délai entre l’exposition et l’accouchement, ni de l’âge des parents

Abréviations : RR : Risque relatif ; Gy : Gray ; IC 95 % : Intervalle de confiance à 95 %.

Tableau 7.II Principales études cytogénétiques après irradiation préconceptionnelle

Référence
Type d’étude
Population
Pathologie étudiées et nombre de cas
Dosimétrie ; dose moyenne
Conclusions
Nielsen et coll., 2018renvoi vers
Cohorte
14 580 descendants de 8 345 sujets guéris d’un cancer, comparés à 40 859 descendants de 19 536 apparentés
Anomalies chromosomiques non héréditaires
63 sujets porteurs d’anomalies chromosomiques
Dose moyenne aux gonades : 950 mGy pour les pères et 910 mGy pour les mères
Pas d’augmentation du risque d’anomalie chromosomique chez les descendants des survivants d’un cancer (RR = 0,99 ; IC 95 % [0,67-1,44])
Pas de relation avec la dose de radiations reçue au niveau de gonades
Tawn et coll., 2015renvoi vers
Étude transversale
152 descendants de 97 travailleurs du site nucléaire de Sellafield ayant été exposés, et 103 descendants de 79 travailleurs du même site n’ayant pas été irradiés
Mutations germinales dans huit loci minisatellites hypervariables (B6.7, CEB1, CEB15, CEB25, CEB36, MS1, MS31, MS32)
Dose moyenne aux gonades des pères :
9 mGy pour les sujets non exposés et 194 mSv pour les sujets exposés
Pas d’augmentation du taux de mutations dans les minisatellites d’origine paternels chez les descendants des sujets exposés (5,0 %, 37 mutations pour 736 allèles) par rapport aux sujets non exposés (5,8 %, 66 mutations pour 1 137 allèles)
Pas de relation avec la dose de radiations reçue aux testicules
Aghajanyan et coll., 2011renvoi vers
Étude transversale
39 descendants de 31 liquidateurs de Tchernobyl ayant été exposés et 12 descendants de 10 témoins
Anomalies chromosomiques
Dose moyenne aux gonades des pères exposés : 226 mGy
Environ 2 fois plus d’anomalies chromosomiques chez les 39 descendants des sujets exposés (2,67 %, ±0,26 %) par rapport aux sujets non exposés (1,13 %, ±0,12 %)
Les auteurs n’ont pas publié de relation dose-effet.
Dubrova et coll., 1996renvoi vers et 1997renvoi vers
Étude transversale
Groupe non-exposé : 240 enfants nés de 198 familles, après l’accident
Groupe non-exposé : 98 enfants nés de 225 familles avant l’accident
Mutations sur 8 loci minisatellites
Groupe exposé : 112 mutations germinales d’origine paternelle et 25 mutations germinales d’origine maternelle
Groupe non-exposé : 29 mutations germinales d’origine paternelle et 10 mutations germinales d’origine maternelle
Pas de dosimétrie : Dose moyenne aux gonades des parents : 200 à 400 mGy
Taux de mutations sur les minisatellites d’origine paternelle : 1,6 (p = 0,02) fois plus élevé chez les sujets nés après l’accident
Pas de relation observée pour les minisatellites d’origine paternelle

Abréviations : RR : Risque relatif ; Gy : Gray ; IC 95 % : Intervalle de confiance à 95 %.

Autres pathologies

Il y a actuellement un manque important d’information concernant les pathologies autres que les cancers et les malformations congénitales. Les seules études portant sur ces pathologies ont été réalisées chez les enfants des survivants d’Hiroshima et Nagasaki. Il s’agit d’une étude de mortalité et d’une étude transversale sur environ 11 000 enfants, portant sur 6 maladies polygéniques et multifactorielles courantes : l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, le diabète de type 2, l’angine de poitrine, l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral. Ces deux études concluent à une absence totale de relation entre l’irradiation préconceptionnelle et le risque de ces pathologies. Cependant, elles ne portent que sur un type d’irradiation, instantanée et à débit de dose élevé, et doivent être confirmées par d’autres études, en particulier sur l’exposition chronique.

Anomalies chromosomiques

Il existe actuellement une divergence entre les résultats observés dans les études sur l’irradiation environnementale chronique, qui concluent à une augmentation de la fréquence des anomalies chromosomiques, et ceux observés dans les études sur l’irradiation professionnelle chronique ou l’irradiation médicale ou accidentelle instantanée (répétée ou non), qui concluent à l’absence de cette augmentation. À ce jour, il n’y a pas d’explication à cette divergence.

Effets d’une irradiation in utero

Cancers et leucémies

Durant l’enfance

• Irradiation d’origine médicale

L’étude la plus importante, qui fait office de référence, sur le risque de tumeur maligne durant l’enfance après irradiation in utero à l’occasion d’examens radio-diagnostiques abdominaux et pelviens est l’étude cas-témoins appelée l’étude d’Oxford (The Oxford Survey of Childhood Cancers). Cette étude compare les enfants décédés d’un cancer ou d’une leucémie avant l’âge de 15 ans au Royaume-Uni et des témoins appariés individuellement sur le sexe et la date de naissance. Pour chaque enfant décédé et chaque témoin, l’historique d’exposition in utero a été déterminé par interview, accès aux dossiers médicaux et questionnaire.
Une première étude a été publiée en 1956 (Stewart et coll., 1956renvoi vers), suivie par un grand nombre d’autres, la principale datant de 1975 (Bithell et Stewart, 1975renvoi vers). Cette dernière a porté sur 8 513 décès par cancer ou leucémie, survenus au Royaume-Uni de 1953 à 1967, et sur 8 513 témoins appariés. Parmi les enfants décédés d’un cancer ou d’une leucémie, 1 180 (soit 13,9 %) avaient fait l’objet d’au moins un examen radiologique in utero (2,2 examens en moyenne chez les cas exposés), cette proportion étant de 9,9 % chez les témoins exposés (1,9 examen en moyenne). Avoir fait l’objet d’au moins un examen radio-diagnostique abdominal ou pelvien in utero accroissait d’un facteur 1,44 (IC 95 % [1,34-1,62]) le risque de tumeur maligne durant l’enfance. Le risque associé à l’irradiation in utero augmentait avec le nombre de clichés : de 1,26 (IC 95 % [1,06-1,50]) à 1,35 (IC 95 % [1,09-1,67]), 1,54 (IC 95 % [1,13-2,11]), 2,18 (IC 95 % [1,13-2,13]), et 2,32 (IC 95 % [1,40-3,40]), pour, respectivement, 1, 2, 3, 4 et 5 (ou plus) clichés radiologiques. Il n’y avait aucune hétérogénéité significative du risque selon le type de cancer ou de leucémie de l’enfant (tous les RRs étaient entre 1,11 [sarcomes osseux] et 1,59 [néphroblastome]), selon le sexe, la catégorie socio-professionnelle, le rang de naissance, ou l’âge de la mère. En revanche, ce risque variait avec la période de la grossesse : il était plus important si l’irradiation avait eu lieu durant le 1er trimestre (RR = 8,95 ; IC 95 % [3,53-22,7]) (2e et troisième trimestres : RR = 1,25 (IC 95 % [0,86-1,81]) et RR = 1,41 (IC 95 % [1,25-1,58]), respectivement), et il était plus faible chez les sujets décédés après l’âge de 11 ans (RR = 1,08 ; IC 95 % [0,76-164]), ainsi que chez les sujets décédés plus récemment.
Dès sa 1re publication, l’étude d’Oxford, de par ses conséquences en santé publique, a fait l’objet de polémique. La principale critique étant l’impossibilité de contrôler le rôle des pathologies ou suspicions de pathologies ayant motivé l’irradiation diagnostique.
Les résultats de cette étude ont cependant été confirmés par toutes les autres études dont la méthodologie était correcte et disposant de la puissance nécessaire (Boice et Miller, 1999renvoi vers ; Wakeford et Little, 2003renvoi vers). En particulier, une étude nationale similaire réalisée aux Pays-Bas, bien que moins puissante car n’incluant que 517 cas de leucémies aiguës lymphoblastiques et 507 témoins de la population générale, a conclu à une augmentation d’un facteur de 2,2 (IC 95 % [1,2-3,8]) du risque de leucémies aiguës lymphoblastiques chez les enfants ayant été exposés in utero à au moins un examen radio-diagnostique (Van Steensel-Moll et coll., 1985renvoi vers). Les principales autres études ont été réalisées à Shangai (Shu et coll., 1988renvoi vers) et en Finlande (Salonen et Saxén, 1975renvoi vers), et ont abouti à la même conclusion. Il est à noter que, dans toutes ces études, il n’a pas été mis en évidence d’augmentation de risque pour les leucémies myéloïdes.

• Accident de Tchernobyl

Une étude géographique nationale, réalisée en Suède (Ericson et Kallen, 1994renvoi vers), a évalué le devenir des grossesses à la suite de l’accident de Tchernobyl qui s’est produit en avril 1986. Cette étude a montré que l’incidence des leucémies de l’enfant entre 1987 et 1991 était non significativement plus élevée (RR = 2,2 ; IC 95 % [0,94-4,50]) chez les enfants nés entre 1985 et 1989 dans les zones les plus contaminées de Suède (30 kBq/m2 ou plus) que chez les enfants nés durant la même période dans les zones moins contaminées (moins de 5 kBq/m2). Cette différence, basée sur 7 cas dans la zone contaminée, n’existait pas pour les enfants nés entre 1980 et 1984, de même pour les zones moins contaminées (5 kBq/m2 à 30 kBq/m2). Cette même étude n’a pas mis en évidence de différence pour les cancers et leucémies pris dans leur ensemble.
Une autre étude géographique, réalisée en Grèce (Petridou et coll., 1996renvoi vers), a porté sur l’incidence des leucémies aiguës chez l’ensemble des enfants nés en Grèce entre le 1er 1986 et le 31 décembre 1987, et l’a comparée avec celle observée chez les enfants nés avant ou après cette période. L’étude a concerné 55 cas de leucémies survenues avant l’âge de 5 ans chez les enfants exposés in utero, 209 chez ceux nés auparavant et 88 chez ceux nés après. L’incidence des leucémies avant l’âge d’un an était 2,6 fois (p = 0,001) plus élevée chez les enfants exposés in utero que chez ceux nés avant ou après, cette différence étant plus faible si la tranche d’âge 0 à 5 ans était considérée.
En écho à l’étude de Petridou et coll. (1996renvoi vers) réalisée en Grèce, une étude géographique nationale similaire mais plus détaillée a été réalisée en Allemagne, avec comparaison des mêmes cohortes de naissance (Steiner et coll., 1998renvoi vers). Cette étude incluait 365 cas de leucémies survenues avant l’âge de 5 ans chez les enfants exposés in utero, 1 165 chez ceux nés avant et 769 chez ceux nés après. Elle comprenait une estimation dosimétrique semi-individualisée basée sur des mesures répétées effectuées dans 328 districts géographiques et sur la date de naissance. Les doses moyennes reçues in utero du fait des retombées étaient de 0,128 mSv chez les sujets exposés in utero, et de 0,055 chez ceux nés après. De même que pour l’étude réalisée en Grèce, l’incidence des leucémies avant l’âge d’un an était beaucoup plus élevée chez les enfants exposés in utero que chez ceux nés avant ou après ; cette différence était plus faible si la tranche d’âge 0 à 5 ans était considérée. Les auteurs n’ont cependant pas mis en évidence de relation avec la dose de radiation reçue in utero (Steiner et coll., 1998renvoi vers).

À l’âge adulte

• Survivants d’Hiroshima et Nagasaki

La dernière publication portant sur les cancers chez les sujets exposés in utero durant les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki a apporté des informations nouvelles sur le risque de cancer à l’âge adulte dans ces populations (Preston et coll., 2008renvoi vers). En effet, si l’étude d’Oxford (Bithell et Stewart, 1975renvoi vers) a montré que le risque de cancer de l’enfant, mesuré en terme relatif, était plus élevé après exposition in utero qu’après la même exposition durant l’enfance, le risque, en terme absolu restait faible, même pour des doses significatives, car le taux d’incidence spontanée des cancers et leucémies de l’enfant est très faible. Il était donc très important de savoir si ces risques relatifs élevés se maintenaient à l’âge adulte, où le taux de cancers spontanés est nettement plus élevé, ce qui aurait entraîné des excès absolus beaucoup plus importants. Or, il n’y avait pas d’étude ayant suivi une cohorte de sujets irradiés in utero jusqu’aux âges auxquels l’incidence spontanée des cancers commence à s’élever de manière importante, 50 ans par exemple.
Preston et coll. (2008renvoi vers) ont comparé les taux d’incidence de cancers solides chez des survivants des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki qui ont été exposés soit in utero (n = 2 452) soit en période postnatale, avant l’âge de 6 ans (n = 15 388). Un total de 94 cancers a été observé dans le groupe « exposés in utero » et 649 dans le groupe « irradiés durant l’enfance ». Les auteurs ont observé une réduction significative du risque relatif avec l’âge atteint, dans les deux groupes. Par ailleurs, ils ont montré que, calculé jusqu’à l’âge de 50 ans, l’excès de risque relatif était de 1,0 par Sv (IC 95 % [0,2-2,3]) dans le 1er groupe, et 1,7 par Sv (IC 95 % [1,1-2,5]) dans le second. La différence était beaucoup plus nette en terme absolu, l’excès absolu de cancer (EAR, Excess Absolute Rates) par Sv ne variait pas avec l’âge atteint par les sujets irradiés in utero, alors qu’il augmentait fortement chez les sujets dont l’irradiation était postnatale. À l’âge de 50 ans, l’EAR/Sv était de 6,8 (IC 95 % : < 0-49) après irradiation in utero et 56 (IC 95 % [36-79]) après irradiation postnatale (Preston et coll., 2008renvoi vers).
Cette étude, bien que basée sur un nombre limité de cas, suggère fortement que les risques relatifs très élevés observés durant l’enfance après irradiation in utero ne sont plus observés à l’âge adulte et que le risque absolu de cancer induit est considérablement plus faible que ce que l’on pensait avant, par projection des risques observés durant l’enfance (Preston et coll., 2008renvoi vers).

• Accident de Tchernobyl

L’iode-131 (131I), principal composant des retombées nucléaires de l’accident de Tchernobyl, comme des retombées des essais nucléaires, se concentre dans la glande thyroïde et peut présenter des risques pour le développement fœtal et ultérieur. Pour évaluer ces risques, une cohorte de 2 582 enfants exposés in utero dans le nord de l’Ukraine a été constituée dans les années 2000 ; un 1erscreening des pathologies thyroïdiennes a été réalisé entre 2003 et 2006 (Hatch et coll., 2009renvoi vers), et un second entre 2012 et 2015 (Hatch et coll., 2019renvoi vers). Une estimation de la dose de radiation à la thyroïde des fœtus a été réalisée (Likhtarov et coll., 2011renvoi vers), basée sur un modèle de calcul de la dose thyroïdienne reçue in utero, les réponses fournies lors des interviews des 2 554 mères des sujets (lieux d’habitation successifs, consommation de lait et de légumes à feuilles et, si tel était le cas, la consommation d’iode stable pour bloquer la thyroïde), ainsi que sur les résultats des mesures effectuées sur la thyroïde des mères ou d’autres femmes vivant dans le même village. Lors du 2escreening, au moins un nodule thyroïdien bénin a été détecté chez 221 sujets et un cancer de la thyroïde a été dépisté chez 8 sujets. Une relation non significative a été trouvée entre la dose reçue à la thyroïde in utero et le risque de cancer de la thyroïde (EOR4 /Gy = 3,91 ; IC 95 % [-1,49-65,66]) ; en revanche, une relation significative entre la dose reçue à la thyroïde in utero a été trouvée et le risque de nodule thyroïdien de taille supérieure ou égale à 10 mm (EOR/Gy = 4,19 ; IC 95 % [0,68-11,62] ; p = 0,009), la relation n’étant pas significative pour les nodules de taille inférieure à 10 mm (Hatch et coll., 2019renvoi vers).

• Complexe nucléaire de Mayak

Un analyse conjointe de deux cohortes de sujets irradiés in utero du fait que leur mère travaillait dans le complexe nucléaire de Mayak en Russie (n = 8 466) ou vivait près de la rivière Techa contaminée par ce complexe (n = 11 070) a réuni un total de 19 536 sujets nés entre 1950 et 1961. L’analyse a étudié séparément le rôle de la dose reçue in utero de celle reçue après la naissance par les sujets. Les doses étaient faibles, 14 mGy en moyenne pour l’irradiation in utero et 11 mGy en moyenne pour l’irradiation postnatale. Deux publications principales ont porté sur le risque de cancers solides (Akleyev et coll., 2016renvoi vers) et d’hémopathies malignes (Schüz et coll., 2017renvoi vers). Un total de 369 cas de cancers solides et de 195 décès par cancer solide ont été observés entre 1950 et 2009, dont 91 cancers digestifs, 64 du système respiratoire, et 49 du sein. Durant la même période, 28 cas et 23 décès par leucémies, et 28 cas et 11 décès par lymphomes ont été comptabilisés. Il n’a pas été observé d’augmentation du risque de cancer solide (ERR/10 mGy = -0,01 ; IC 95 % [-0,04 à 0,01]) ou de décès par cancer solide (ERR/10 mGy = -0,02 ; IC 95 % [-0,06 à 0,01]) associée à la dose de radiation reçue in utero, ceci pour l’ensemble des cancers solides ainsi que pour les principaux types de cancers. En revanche, les auteurs ont trouvé que l’irradiation durant l’enfance augmentait significativement le risque de cancer solide (ERR/10 mGy = 0,02 ; IC 95 % [0,00-0,04]). Pour les leucémies, les résultats étaient contradictoires entre l’incidence (augmentation significative : ERR/10 mGy = 0,04 ; IC 95 % [0,01-0,24]) et la mortalité (pas de relation significative : ERR/10 mGy = -0,01 ; IC 95 % [NE-0,13])5 , mais pas incohérents, compte tenu des incertitudes statistiques. Pour les lymphomes, une augmentation non significative a été mise en évidence pour l’incidence (ERR/10 mGy = 0,09 ; IC 95 % [-0,01-0,24]), le nombre de décès étant trop faible pour permettre une analyse. La puissance de cette étude était limitée par le fait que seuls 6 852 des sujets avaient reçu plus de 1 mGy in utero, parmi lesquels 174 cancers solides ont été observés, et que 39 % des sujets ont été perdus de vue durant leur suivi, principalement pour avoir émigré. En revanche, l’âge moyen des sujets à la fin du suivi était de 53 ans (Akleyev et coll., 2016renvoi vers).

Pathologies cardiovasculaires

Survivants d’Hiroshima et Nagasaki

Afin d’étudier l’effet des rayonnements ionisants reçus in utero sur l’incidence de l’hypertension, de l’hypercholestérolémie et des maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde et AVC) chez des survivants des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, 506 survivants exposés in utero ont été comparés à 1 053 survivants exposés durant l’enfance (< 10 ans) (Tatsukawa et coll., 2008renvoi vers). La dose moyenne reçue à l’utérus par la mère des sujets exposés in utero durant les bombardements était de 0,12 Gy (0-1,79). Durant la période de suivi par examens cliniques bisannuels, de 1978 à 2003, 155 cas d’hypertension, 233 cas d’hypercholestérolémie, et 9 pathologies cardiovasculaires (dont 3 décès) (infarctus du myocarde ou AVC) ont été répertoriés dans le groupe « exposé in utero », ces chiffres étant respectivement de 318, 508 et 48 (dont 11 décès) dans le groupe « exposé durant l’enfance ». Il n’a été observé aucun effet significatif de la dose de rayonnement reçue in utero pour chacune de ces pathologies, ceci quelle que soit la période de la grossesse au moment des bombardements. L’ERR/Gy était égal à 0,20 (IC 95 % [-0,39-1,38]) pour l’hypertension, à 0,33 (IC 95 % [-0,27-1,43]) pour l’hypercholestérolémie, et à 2,94 (IC 95 % [-0,24-19,3] ; p = 0,1) pour l’infarctus du myocarde et l’AVC. La dose de rayonnements reçue durant l’enfance était, en revanche, presque significativement associée au risque d’hypertension (ERR/Gy = 0,15 ; IC 95 % [-0,01-0,34] ; p = 0,06), et significativement associée au risque d’infarctus du myocarde et d’AVC (ERR/Gy = 0,76 ; IC 95 % [0,31-1,36] ; p < 0,001). Des analyses séparées par cohorte ont été publiées et ont conduit aux mêmes résultats (Schonfeld et coll., 2012renvoi vers ; Deltour et coll., 2016renvoi vers ; Tsareva et coll., 2016renvoi vers ; Krestinina et coll., 2017renvoi vers).
Une autre étude a été focalisée sur la pression artérielle systolique (Nakashima et coll., 2007renvoi vers). Elle a porté sur 1 014 survivants des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki exposés in utero, ayant fait l’objet en moyenne de 6,93 mesures par sujet entre 9 et 19 ans. La dosimétrie version 2002 (DS02) (Cullings et coll., 2006renvoi vers) a été utilisée pour définir la dose reçue à l’utérus par les mères, qui était de 0,12 Gy en moyenne (de 0 à 2,37 Gy). Une augmentation significative (p = 0,02) de la pression artérielle systolique avec la dose reçue in utero (2,09 mmHg par Gy) a été observée, limitée aux sujets irradiés durant le 2e trimestre de grossesse (4,17 mmHg par Gy), ce qui est cohérent avec la chronologie du développement vasculaire, et du système nerveux et endocrinien. De même, une augmentation significative (p = 0,01) du risque d’hypertension systolique (ERR/Gy = 1,23 ; IC 95 % [0,23-3,04]) a été observée, mais sans différence significative entre les trimestres.

Malformations congénitales, croissance et périmètre crânien

Survivants d’Hiroshima et Nagasaki

Une étude longitudinale a été réalisée sur 1 473 survivants irradiés in utero, suivis entre l’âge de 9 et 19 ans. La dose moyenne reçue à l’utérus, estimée avec le système dosimétrique T65 (Hashizume et coll., 1973renvoi vers) était faible (0,066 Gy), et seulement 19 sujets avaient reçu plus de 1 Gy. Un total de 62 enfants étaient atteints de microcéphalie6 , la plupart (86 %) ayant été exposés au 1er trimestre (55 %) ou au 2e trimestre (31 %) de la grossesse. Sur l’ensemble de la cohorte, la relation entre la dose de radiation et le risque de microcéphalie était linéaire sans seuil, le risque atteignant 60 % pour une dose supérieure à 1 Gy (1,35 Gy en moyenne). La sensibilité maximale se situait entre 0 et 7 semaines après l’ovulation ; dans ce groupe, la fréquence des microcéphalies était de 60 % pour une dose allant de 0,5 à 1 Gy et de plus de 80 % pour une dose supérieure (Otake et Schull, 1993renvoi vers). Des effets similaires ont été observés pour la taille, la différence entre la radiosensibilité durant le 1er trimestre et les suivants n’étant cependant qu’à la limite de la significativité (p = 0,1) (Otake et coll., 1993renvoi vers).

Accident de Tchernobyl

L’étude de Hatch et coll. (2017renvoi vers) a porté sur des paramètres anthropométriques de sujets exposés in utero dans le nord de l’Ukraine lors de l’accident de Tchernobyl (cohorte de 2 582 sujets exposés in utero, constituée dans les années 2000). Les auteurs ont observé des réductions similaires, statistiquement significatives et proportionnelles à la dose, tant pour le périmètre crânien (-1,0 cm/Gy, p = 0,005) que pour le périmètre thoracique (-0,9 cm/Gy, p = 0,023), ainsi qu’une réduction non significative de la taille à la naissance (-0,6 cm/Gy, p = 0,169). Une augmentation de la durée gestationnelle, de 0,5 semaine par Gy (p = 0,007) a aussi été rapportée (Hatch et coll., 2017renvoi vers).
Une autre étude a porté sur la taille et le poids auto-déclarés à l’adolescence ainsi que les pathologies thyroïdiennes dépistées (Neta et coll., 2014renvoi vers). Dans l’ensemble de la cohorte, aucune relation dose-effet significative n’a été observée pour la taille (p = 0,29), le poids (p = 0,14) ou l’IMC (p = 0,16) à l’adolescence. Cependant, chez les personnes sans maladie thyroïdienne (n = 1 856), il a été observé une association significative entre la dose et un poids plus élevé (2 100 g/Gy, p = 0,02) à l’adolescence, de même pour l’IMC (700 g/m2 par Gy, p = 0,02). En revanche, chez les personnes atteintes d’une maladie thyroïdienne (n = 579, dont 67,4 % avec un goitre diffus simple), aucune association significative avec l’iode-131 pour le poids (p = 0,14) ou l’IMC (p = 0,14) à l’adolescence n’a été observée.
L’étude de Stepanova et coll. (2016renvoi vers) a comparé la fréquence de malformations congénitales mineures chez 713 sujets exposés in utero, et 431 témoins non exposés ; elle a mis en évidence une fréquence de ces malformations environ 2 fois plus élevée chez les sujets exposés (5,36 en moyenne par sujet) que chez les sujets non exposés (2,95 en moyenne par sujet). La fréquence de malformations congénitales augmentait avec la dose (p < 0,001) ; cette augmentation était plus importante pour une irradiation entre la 2e et la 8e semaine de grossesse. La publication de cette étude ne comporte cependant pas toutes les informations nécessaires à son interprétation, en particulier elle ne comporte ni la liste des malformations considérées, ni la fréquence de ces malformations par catégorie de doses.

Effets neurocognitifs

Survivants d’Hiroshima et Nagasaki

Plusieurs études ont été réalisées sur le développement neurocognitif des sujets irradiés in utero durant les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki.
Environ 1 600 enfants irradiés in utero ont été suivis à partir de 1955, quand ils avaient 10 ans. Parmi eux, 11 avaient une déficience intellectuelle sévère définie à partir de tests de quotient intellectuel (QI), comme un QI inférieur à 70 pour 8 d’entre eux ou trop bas pour être testé pour les 3 autres. Le QI moyen était de 63,8 pour les enfants dont le périmètre crânien était anormalement petit et de 68,9 pour les autres, alors qu’il était de 107,8 pour l’ensemble de la cohorte. Il n’a pas été mis en évidence d’effet de l’irradiation sur le QI si l’irradiation avait eu lieu avant la 8e semaine ou après la 25e semaine de grossesse. L’effet de l’irradiation était, par ailleurs, plus marqué si l’irradiation avait eu lieu entre la 8e et la 15e semaine (comparé à une irradiation entre la 16e et la 25e semaine de grossesse). La diminution du QI était de 29 points (IC 95 % [21-37]) par Gy chez les sujets irradiés entre la 8e et la 15e semaine de grossesse (Otake et Schull, 1984renvoi vers ; Schull et Otake, 1986renvoi vers). Des résultats similaires ont été obtenus dans l’étude des performances scolaires, avec les mêmes fenêtres temporelles de radiosensibilité, et une relation linéaire sans seuil.
Une autre étude a porté sur le retard mental par une évaluation clinique d’un ou de plusieurs pédiatres, plutôt que par des tests de QI (Otake et coll., 1987renvoi vers ; Otake et Schull, 1998renvoi vers). Le critère utilisé pour la définition de retard mental était que l’enfant se soit avéré « incapable de participer à une conversation simple, d’exécuter des tâches simples pour prendre soin de lui-même ou qu’il était complètement ingérable ou qu’il soit institutionnalisé ». Avec cette définition, 30 cas de retard mental grave avant l’âge de 17 ans ont été diagnostiqués, dont 18 (60 %) présentaient des têtes plus petites (d’au moins 2 écarts-types de la moyenne japonaise au même âge). Parmi ces 18 cas, 15 (soit 83 %) avaient été irradiés entre la 8e et la 15e semaine de grossesse. La relation avec la dose de rayonnement reçue in utero était linéaire à partir d’un seuil situé entre 0,5 et 1 Gy pour les enfants irradiés entre la 16e et la 25e semaine de grossesse, l’existence d’un seuil n’a pas été pas démontrée chez les enfants irradiés entre la 8e et la 15e semaine (Otake et coll., 1987renvoi vers ; Otake et Schull, 1998renvoi vers). Pour cette dernière catégorie de sujets, le risque était très élevé, de l’ordre de 35 % pour une dose située entre 0,5 et 1 Gy et de 60 % pour une dose de 1 Gy ou plus.
Des résultats similaires ont été observés pour les convulsions sans lien avec un antécédent médical (n = 24), avec les mêmes différences de radiosensibilité selon les périodes de la grossesse (Dunn et coll., 1990renvoi vers). Dans le groupe des sujets irradiés in utero entre la 8e et la 15e semaine, le risque relatif de convulsions était de 4,4 (IC 90 % [0,5-40,9]) après une dose de 0,10 à 0,49 Gy, et de 24,9 (IC 90 % [4,1-191,6]) après une dose de 0,50 Gy ou plus, cette relation se maintenant après exclusion des cas de retard mental sévère (respectivement RR = 4,4 (IC 95 % [0,5-40,9]) et 14,5 (IC 95 % [0,4-199,6]) (Dunn et coll., 1990renvoi vers).

Tchernobyl

Une étude a porté sur 138 enfants exposés in utero, vivant dans les zones de Biélorussie très contaminées par l’accident de Tchernobyl et 132 enfants biélorusses non exposés (Kolominsky et coll., 1999renvoi vers). Un ensemble de tests permettant d’évaluer le QI et les troubles neurocognitifs a été réalisé sur chaque enfant à l’âge de 6-7 ans et de 10-11 ans. Une estimation individuelle de la dose de radiation reçue à la thyroïde in utero a été réalisée (Drozdovitch et coll., 1997renvoi vers). Le QI à 6-7 ans et à 10-11 ans était significativement (p < 0,05) plus faible chez les enfants exposés in utero (moyenne = 89,0 et 93,7) que chez les enfants non exposés (moyenne = 92,1 et 96,1) ; les enfants exposés in utero présentaient davantage de troubles du développement du langage, du développement émotionnel, et de l’insertion sociale. Cependant, aucune relation dose-effet n’a été mise en évidence que ce soit pour chacun des paramètres étudiés ou en fonction de la période de grossesse exposée. Kolominsky et coll. (1999renvoi vers) ont conclu que les différences observées entre les sujets exposés et non exposés étaient dues non pas à l’irradiation, mais au stress consécutif à tous les évènements qu’avaient subi les sujets exposés. Dans l’étude de Igumnov et Drozdovitch (2000renvoi vers), réalisée avec la même méthodologie sur davantage de sujets (250 enfants exposés in utero / 250 enfants non exposés), les résultats sont très similaires.
Cette conclusion est la même que celle de l’étude de Taormina et coll. (2008renvoi vers) qui a porté sur 3 groupes d’enfants : 265 enfants exposés aux retombées de l’accident de Tchernobyl en Ukraine et évacués (dont 84 exposés in utero), 261 enfants exposés mais non évacués (dont 74 in utero), et 327 enfants non exposés (dont 123 in utero au moment de l’accident de Tchernobyl). La dose moyenne reçue par les enfants exposés était de 33 mGy. Aucune différence entre les exposés et les non exposés n’a été mise en évidence en termes de performances neurocognitives et scolaires. La seule différence concernait la perception par les mères des enfants exposés et évacués qui estimaient que leurs enfants avaient davantage de problèmes neurocognitifs.
L’étude de Heiervang et coll. (2010renvoi vers) a porté sur 84 adolescents considérés comme exposés in utero car leur mère vivait dans les régions les plus contaminées de Norvège, et 94 adolescents non exposés. Les doses moyennes reçues à l’utérus étaient estimées à 0,93 mGy pour les adolescents exposés et à 0,01 mGy pour les adolescents non exposés, seule l’irradiation externe étant prise en compte (Heiervang et coll., 2010renvoi vers). Le QI moyen était de 100,4 (écart-type = 13,1) chez les sujets exposés et de 105,4 (écart-type = 12,1) chez les sujets non exposés (p = 0,02). La différence était limitée aux tests mesurant l’expression orale et le vocabulaire. Enfin, les auteurs ont mentionné que cette différence était significative seulement pour les adolescents exposés in utero entre la 8e et la 15e semaine de grossesse ; seulement 19 sujets avaient été exposés après la 15e semaine de grossesse, ce qui empêche toute comparaison. Cette étude est à considérer avec précaution en raison de l’absence de dosimétrie individuelle, de l’absence de prise en compte de la contamination interne, de la faiblesse de la différence observée, du caractère extrêmement multifactoriel des tests de QI, et du fait que, mis à part les facteurs démographiques, le seul facteur d’ajustement pris en compte était le niveau d’éducation de la mère.

Synthèse sur les effets d’une irradiation in utero

Les tableaux 7.IIIrenvoi vers et 7.IVrenvoi vers résument les principales études précédemment présentées.

Cancers

Toutes les études disposant d’une puissance statistique suffisante, ainsi que les méta-analyses publiées sur le sujet, montrent que des doses d’irradiation externe instantanée faibles, de l’ordre d’une dizaine de mGy, reçues in utero augmentent le risque de survenue de cancer et de leucémies de l’enfant, d’un facteur de l’ordre de 2 à 4 (Boice et Miller, 1999renvoi vers ; Wakeford et Little, 2003renvoi vers). Ce facteur de risque correspondrait à un excès de risque relatif par Gy (ERR/Gy) de l’ordre 100 à 300 si la relation était linéaire (ce qu’elle n’est pas) et est nettement plus important que ceux observés pour l’incidence des cancers de l’enfant après irradiation durant l’enfance. Cependant, durant l’enfance, l’incidence spontanée des cancers est très faible, et ce facteur de risque correspond en réalité à un faible nombre de cas en excès durant l’enfance. L’étude des survivants des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki montre que ce facteur de risque ne se prolonge pas après l’enfance, et que, au contraire, il diminue très rapidement et très fortement avec l’âge et, sur une période de 50 ans, devient très faible, inférieur à celui observé à l’âge adulte après irradiation durant l’enfance (Preston et coll., 2008renvoi vers).

Tableau Tableau 7.III Cancers et leucémies après irradiation in utero

Référence
Type d’étude
Population
Pathologie étudiées et nombre de cas
Dosimétrie ; dose moyenne
Conclusions
Preston et coll., 2008renvoi vers
Cohorte, survivants d’Hiroshima et Nagasaki
Survivants exposés in utero (n = 2 452), dont 905 avec dose > 0,5 mGy
Sujets exposés avant l’âge de 6 ans (n = 15 388), dont 6 839 avec dose > 0,05 mGy
Cancers solides
94 cas chez les survivants exposés in utero, dont 40 après dose > 0,5 mGy
649 cas chez sujets survivants exposés enfants (< 6 ans) dont 331 après dose > 0,5 mGy
Dosimétrie individuelle réalisée en 2002 (Charles, 2002 ; Cullings et coll., 2006renvoi vers ; Hoshi et coll., 2008renvoi vers ; Hunter et Imanaka et coll., 2008renvoi vers)
Dose médiane : entre 0,1 et 0,2 mGy
Jusqu’à l’âge d’environ 30 ans, l’ERR/Sv de cancer solide est plus important après irradiation in utero qu’après irradiation postnatale, mais la situation s’inverse après.
À l’âge de 50 ans, l’ERR/Sv était de 1,0 (IC 95 % [0,2-2,3]) après irradiation in utero et de 1,7 (IC 95 % [1,1-2,5]) après irradiation post natale.
À l’âge de 50 ans, l’EAR/Sv était de 6,8 (IC 95 % [0,002-48]) après irradiation in utero et de 56 (IC 95 % [36-79]) après irradiation post-natale.
Stewart et coll., 1956renvoi vers
Bithell et Stewart, 1975renvoi vers
Étude cas-témoins Irradiation diagnostique
Étude nationale, Royaume-Uni, période 1953-1967
Ensemble des décès par cancers de l’enfant (< 15 ans)
8 513 cas et 8 513 témoins appariés sur le sexe et la date de naissance
Irradiation diagnostique
Pas de dosimétrie
Décompte des examens radio-diagnostiques à partir des dossiers médicaux et de questionnaires
13,9 % des cas exposés (2,2 examens en moyenne chez les exposés)
9,9 % des témoins exposés (1,9 examens en moyenne chez les exposés)
Au moins un examen radio-diagnostique abdominal ou pelvien in utero accroît de 1,44 (IC 95 % [1,34-1,62]) le risque de tumeur maligne durant l’enfance.
Augmentation du RR avec le nombre d’examens radio-diagnostiques
Aucune hétérogénéité significative selon le type de cancer ou de leucémie de l’enfant : tous les RRs entre 1,11 (sarcomes osseux) et 1,59 (néphroblastome)
Pas de variation significative selon le sexe
Risque plus important si irradiation durant le 1er trimestre
Risque plus faible chez les sujets décédés plus récemment
Van Steensel-
Moll et coll., 1985renvoi vers
Étude cas-témoins
Irradiation diagnostique
Étude nationale, Pays-Bas, période de diagnostic des cas : 1973-1980
Leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) de l’enfant :
519 cas et 507 témoins appariés sur le sexe, l’année de naissance et le lieu de résidence
Pas de dosimétrie
Décompte des examens radio-diagnostiques à partir de questionnaires
41 cas exposés
19 témoins exposés
Au moins un examen radio-diagnostique in utero accroît de 2,2 (IC 95 % [1,2-3,8]) le risque de LAL durant l’enfance.
Augmentation plus importante si irradiation durant le 1er trimestre (RR = 7,2 ; IC 95 % [1,2-43,7])
Shu et coll., 1988renvoi vers
Étude cas-témoins Irradiation diagnostique
Shangai, période de diagnostic des cas : 1960-1986
Toutes leucémies de l’enfant
309 cas et 618 témoins
Pas de dosimétrie. Décompte des examens radio-diagnostiques à partir d’interviews
41 cas et 35 témoins exposés
Au moins un examen radio-diagnostique pelvien in utero accroît de 1,9 (IC 95 % [0,7-3,8]) le risque de LAL durant l’enfance.
Pas d’association pour les LAM (RR = 0,6 ; IC 95 % [0,1-5,0])
Salonen et Saxén, 1975renvoi vers
Étude cas-témoins Irradiation diagnostique
Finlande, période de diagnostic des cas : 1959-1968
Tous cancers et leucémies de l’enfant (< 15 ans)
972 cas et 972 témoins
Pas de dosimétrie. Décompte des examens radio-diagnostiques pelviens à partir des dossiers médicaux
41 cas et 35 témoins exposés
Risque relatif associé à un antécédent d’examen radio-diagnostique pelvien in utero :
- Ensemble des cancers et leucémies :
RR = 1,3 (IC 95 % [0,7-2,6])
- Leucémies : RR = 1,9 (IC 95 % [0,6-6,7])
- Cancers solides : RR = 1,1 (IC 95 % [0,3-4,1])
Pas d’association pour les LAM (RR = 0,6 ; IC 95 % [0,1-5,0])
Ericson et Kallen, 1994renvoi vers
Étude géographique nationale
Suède
Incidence des cancers et des leucémies pour 2 périodes de naissance, par rapport à l’accident de Tchernobyl :
1er janvier 1980 – 31 décembre 1984
1er janvier 1985 – 31 décembre 1989
Cancers et leucémies aiguës durant l’enfance, entre le 1er janvier 1987 et le 31 décembre 1991
1re période, zones 2 et 3 : 62 pathologies malignes, dont 16 leucémies aiguës
2e période, zones 2 et 3 : 70 pathologies malignes, dont 20 leucémies aiguës
Comparaison de 3 zones géographiques, définies par les dépôts surfaciques durant l’accident : moins de 5 kBq (catégorie de référence), 5 à 30 kBq/m2 et plus de 30 kBq/m2
Pas de différence d’incidence de l’ensemble des cancers et leucémies entre les deux périodes calendaires, ni entre les 3 zones géographiques
Incidence des leucémies aiguës lymphoblastiques de l’enfant non significativement plus élevée (RR = 2,2 ; IC 95 % [0,94-4,50]) dans la zone 3, la plus contaminée (30 kBq/m2 ou +) durant la deuxième période que dans la zone de référence
Pas de différence pour la zone 2.
Petridou et coll., 1996renvoi vers
Étude géographique nationale
Grèce
Incidence des leucémies pour 3 périodes de naissance, par rapport à l’accident de Tchernobyl
1er janvier 1980 – 31 décembre 1985
1er juillet 1986 – 31 décembre 1987
1er janvier 1988 – 31 décembre 1990
Leucémies aiguës durant la jeune enfance (< 5 ans)
1re période : 209 cas
2e période : 55 cas
3e période : 88 cas
Pas de dosimétrie
Incidence des leucémies durant la 1re année de vie 2,6 fois plus importante chez les enfants nés durant la 2e période, et donc irradiés in utero (73,5 cas par million de naissance), que chez ceux nés avant l’accident de Tchernobyl (1re période) (27,5 cas par million de naissance), ou après (3e période) (28,6 cas par million de naissance)
Ces différences s’estompaient si la tranche d’âge allant de 0 à 5 ans était considérée, les chiffres étant, respectivement, de 67,3, 52,1 et 56,5 cas par million de naissance pour ces mêmes périodes.
Steiner et coll., 1998renvoi vers
Étude géographique nationale
Allemagne
Incidence des leucémies pour 3 périodes de naissance, par rapport à l’accident de Tchernobyl
1er janvier 1980 – 31 décembre 1985
1er juillet 1986 – 31 décembre 1987
1er janvier 1988 – 31 décembre 1990
Leucémies aiguës durant la jeune enfance (< 5 ans)
1re période : 1 165 cas
2e période : 365 cas
3e période : 769 cas
Dosimétrie basée sur des mesures répétées effectuées dans 328 districts et sur la date de naissance
Dose moyenne due aux retombées :
1re période : 0 mSv
2e période : 0,128 mSv
3e période : 0,55 mSv
Incidence des leucémies durant la 1re année de vie plus importante chez les enfants nés durant la 2e période, et donc irradiés in utero (37,7 cas par million de naissance), que chez ceux nés avant l’accident de Tchernobyl (1re période) (23,0 cas par million de naissance), ou après (3e période) (29,6 cas par million de naissance)
Ces différences s’estompaient si la tranche d’âge allant de 0 à 5 ans était considérée, les chiffres étant, respectivement, de 70,0, 64,7 et 75,8 par million de naissance pour ces mêmes périodes.
Pas de relation avec la dose de radiation reçue in utero
Akleyev et coll., 2016renvoi vers
Schüz et coll., 2017renvoi vers
Pool de 2 études de cohortes
Russie
1re étude : 8 466 enfants nés entre 1950 et 1960 des travailleuses du complexe nucléaire de Mayak (Akleyev et coll., 2016renvoi vers)
2e étude : 11 070 enfants nés entre 1950 et 1961 des femmes vivant dans les villages contaminés par le complexe nucléaire de Mayak, le long de la rivière Techa (Schüz et coll., 2017renvoi vers)
Tous cancers solides : 369 cas et 195 décès
91 cancers digestifs, 64 cancers du système respiratoire, 49 cancers du sein (Akleyev et coll., 2016renvoi vers)
Leucémies : 28 cas et 23 décès. Lymphomes : 28 cas et 11 décès (Schüz et coll., 2017renvoi vers)
Dosimétrie individuelle basée sur les films dosimétriques des travailleuses (Khokhryakov et coll., 2013renvoi vers) et sur la date de naissance, le sexe et l’historique des lieux d’habitation des femmes vivant dans les villages contaminés (Degteva et coll., 2007renvoi vers)
Dose moyenne reçue in utero :
11,4 mGy
(médiane = 0,3 mGy, range de 0 à 995 mGy)
Dose moyenne irradiation postnatale :
14 mGy
(médiane = 0,4 mGy, range de 0 à 552 mGy)
Pas d’augmentation du risque de cancer solide (ERR/10 mGy = -0,01 ; IC 95 % [-0,04-0,01]) ou de décès par cancer (ERR/10 mGy = -0,02 ; IC 95 % [-0,06 à 0,01]) associée à la dose de radiation reçue in utero. Même résultat pour les principaux types de cancers solides
Augmentation significative du risque de leucémie pour
l’incidence (ERR/10 mGy = 0,04 ; IC 95 % [0,01-0,24]),
mais pas pour la mortalité (ERR/10 mGy = -0,01 ; IC 95 % [NE-0,13])
Augmentation du risque de lymphome pour l’incidence (ERR/10 mGy = 0,09 ; IC 95 % [-0,01-0,24]), nombre trop faible pour la mortalité
Hatch et coll., 2009renvoi vers
Hatch et coll., 2019renvoi vers
Cohorte – Screening pathologies thyroïdiennes
2 582 sujets exposés in utero durant l’accident de Tchernobyl, screening : 2003-2006 et 2012-2015
Pathologies thyroïdiennes
Second screening, 221 nodules thyroïdiens bénins et 8 cancers thyroïdiens
Estimation individuelle de la dose reçue à la thyroïde (Likhtarov et coll., 2011renvoi vers) : moyenne 0,072 Gy (0,001 à 3,2 Gy)
Augmentation non significative du risque de cancer thyroïdien (EOR/Gy = 3,9 ; IC 95 % [-1,5-65,7]), et significative du risque de nodule thyroïdien ≥ 10 mm (ERR/Gy = 4,2 ; IC 95 % [0,7-11,6] ; p = 0,009), mais pas pour les nodules de taille inférieure à 10 mm (Hatch et coll., 2019renvoi vers)

Abréviations : NE : Non estimé ; RR : Risque relatif ; Gy : Gray ; IC 95 % : Intervalle de confiance à 95 %.

Tableau Tableau 7.IV Pathologies non cancéreuses après irradiation in utero

Référence
Type d’étude
Population
Pathologie étudiées et nombre de cas
Dosimétrie ; dose moyenne
Conclusions
Tatsukawa et coll., 2008renvoi vers
Cohorte
506 Survivants d’Hiroshima et Nagasaki exposés in utero
155 cas d’hypertension
233 cas d’hypercholestérolémie
9 pathologies cardiovasculaires
Dosimétrie individuelle, version DS02 (Cullings et coll., 2006renvoi vers)
Dose moyenne à l’utérus : 0,12 Gy (0-1,79 Gy)
Pas de relation significative entre la dose reçue in utero et le risque d’hypertension, d’hypercholestérolémie, ni de pathologies cardiovasculaires
Nakashima et coll., 2007renvoi vers
Cohorte
10 144 survivants d’Hiroshima et Nagasaki exposés in utero
Pression artérielle systolique : 6,93 mesures par sujet
Hypertension systolique : 94 cas
Dosimétrie individuelle, version DS02 (Cullings et coll., 2006renvoi vers)
Dose moyenne à l’utérus : 0,12 Gy (0-2,37 Gy)
Augmentation significative (p = 0,02) de la pression artérielle systolique avec la dose reçue in utero : 2,09 mmHg par Gy, limitée aux sujets irradiés durant le 2e trimestre (4,17 mmHg par Gy)
Augmentation significative (p = 0,01) du risque d’hypertension systolique : ERR/Gy = 1,23 (IC 95 % [0,23-3,04]), pas de différence significative entre les trimestres
Hatch et coll., 2017renvoi vers
Neta et coll., 2014renvoi vers
Cohorte
2 582 sujets exposés in utero durant l’accident de Tchernobyl
Paramètres anthropométriques à la naissance (Hatch et coll., 2017renvoi vers) et durant l’enfance (Neta et coll., 2014renvoi vers)
Estimation individuelle de la dose reçue à la thyroïde à la thyroïde (Likhtarov et coll., 2011renvoi vers) : moyenne 0,072 Gy (0,001-3,2 Gy)
Réduction du périmètre crânien (-1,0 cm/Gy, P = 0,005), du périmètre thoracique (-0,9 cm/Gy, P = 0,023)
Augmentation de la durée gestationnelle (+ 0,5 semaine/Gy, p = 0,007) (Hatch et coll., 2017renvoi vers)
Ensemble de la cohorte : à l’adolescence, pas de relation entre la dose et la taille (P = 0,29), le poids (P = 0,14) ou l’IMC (P = 0,16)
Sujets sans maladie thyroïdienne (n = 1 856), augmentation du poids (+ 2 100 g/Gy, P = 0,02), et de l’IMC (700 g/m2 par Gy, p = 0,02) avec la dose à la thyroïde (Neta et coll., 2014renvoi vers)
Otake et Schull, 1993renvoi vers
Otake et coll., 1993renvoi vers
Otake et coll., 1996renvoi vers
Otake et Schull, 1998renvoi vers
Dunn et coll., 1990renvoi vers
Cohorte suivie longitudinalement jusqu’à l’âge adulte
De 1 000 à 1 500 survivants d’Hiroshima et Nagasaki exposés in utero selon les paramètres étudiés, dont environ 500 ayant reçu plus de 1 mGy in utero
Croissance, microcéphalie, QI, retard mental, convulsions, niveau scolaire
Dosimétrie individuelle, version T65 (Hashizume et coll., 1973renvoi vers)
Dose moyenne à l’utérus : 0,066 Gy (0-1,99 Gy)
Effet significatif de la dose de radiation reçue in utero pour tous les paramètres étudiés
Risque de petite taille et de microcéphalie plus important si irradiation entre la 1re et la 7e semaine, mais présent pour les deux premiers trimestres
Risque neurocognitif plus important si irradiation entre la 8e et la 15e semaine, et faible ou inexistant ou faible si irradiation avant la 8e ou après la 25e semaine de grossesse
Pas de tendance pour non linéarité ou l’existence d’un seuil pour tous les paramètres, sauf les paramètres neurocognitifs après irradiation entre la 16e et la 25e semaine
Risques élevés si irradiation durant les périodes radiosensibles : 60 % ou plus pour tous les critères de jugement
Stepanova et coll., 2016renvoi vers
Cohorte
713 sujets exposés in utero durant l’accident de Tchernobyl, et 431 sujets non-exposés
Malformations congénitales mineures
Pas de dosimétrie individuelle publiée. Doses comprises entre 10 et 370 mGy
Fréquence des malformations congénitales mineures égale à 2,95 en moyenne par sujet dans le groupe non exposé, et à 5,36 dans le groupe exposé (p < 0,05). Différence plus importante pour les malformations de l’appareil locomoteur (0,64 versus 1,35 en moyenne)
Augmentation de la fréquence de malformations congénitales avec la dose (p < 0,001)
Augmentation plus importante si irradiation entre la 2e et la 8e semaine de grossesse
Heiervang et coll., 2010renvoi vers
Exposés / non exposés,
Norvège
84 adolescents exposés in utero, car vivant dans les zones de Norvège contaminées par les retombées de Tchernobyl
94 adolescents non exposés
Développement neurocognitif à l’adolescence : ensemble de tests. Un seul temps de mesure
Pas de dosimétrie individuelle
Zones exposées : 0,93 mGy
Zones non-exposées : 0,01 mGy
QI significativement plus faible chez les adolescents exposés (moyenne = 100,4 ; écart-type = 13,1) que chez les adolescents non exposés (moyenne = 105,4 ; écart-type = 12,1)
Différence limitée aux tests mesurant l’expression orale et le vocabulaire
Différence significative seulement pour les adolescents exposés in utero entre la 8e et la 15e semaine de grossesse, mais seulement 19 sujets exposés après la 15e semaine de grossesse
Kolominsky et coll., 1999renvoi vers
Exposés / non exposés
Biélorussie
138 enfants exposés in utero, car vivant dans les zones de Biélorussie hautement contaminées par les retombées de Tchernobyl
132 enfants non exposés
Développement neurocognitif : ensemble de tests à l’âge de 6-7 ans et de 10-11 ans
Estimation individuelle de la dose de radiation reçue à la thyroïde in utero (Drozdovitch et coll., 1997renvoi vers) :
0 à 0,3 Gy : 66 sujets
0,3 à 1,0 Gy : 62 sujets
1,0 Gy ou plus : 10 sujets
QI à 6-7 ans et à 10-11 ans significativement plus faible chez les enfants exposés in utero (moyenne : 89,0 et 93,7) que chez les enfants non exposés (moyenne : 92,1 et 96,1)
Plus de troubles du développement du langage, du développement émotionnel et de l’insertion sociale dans le groupe exposé
Aucune relation dose-effet pour chacun des paramètres étudiés, ni en fonction de la période gestationnelle d’exposition
Igumnov et Drozdovitch, 2000renvoi vers
Exposés / non exposés
Biélorussie
250 enfants exposés in utero, car vivant dans les zones de Biélorussie hautement contaminées par les retombées de Tchernobyl
250 enfants non exposés
Développement neurocognitif : ensemble de tests à l’âge de 6-7 ans et de 10-11 ans
Estimation individuelle de la dose de radiation reçue à la thyroïde in utero (Drozdovitch et coll., 1997renvoi vers) :
0 à 0,3 Gy : 135 sujets
0,3 à 1,0 Gy : 95 sujets
1,0 Gy ou plus : 20 sujets
QI à 6-7 ans et à 10-11 ans significativement plus faible chez les enfants exposés in utero
(moyenne : 89,6 et 94,3) que chez les enfants non exposés (moyenne : 92,1 et 95,8)
Plus de troubles du développement émotionnel et de troubles multiples dans le groupe exposé
Aucune relation dose-effet pour chacun des paramètres étudiés, ni en fonction de la période gestationnelle d’exposition
Taormina
et coll., 2008renvoi vers
Exposés / non exposés
Ukraine
265 enfants exposés et évacués, dont 84 in utero
261 enfants exposés et évacués, dont 74 in utero
327 enfants non exposés, dont 123 in utero au moment de l’accident de Tchernobyl
Développement neurocognitif : ensemble de tests
Niveau scolaire
Pas de dosimétrie individuelle
Dose moyenne reçue par les enfants exposés : 33 mGy
Pas de différence entre exposés et non exposés, pour aucun des critères étudiés
Les mères des enfants exposés et évacués avaient rapporté plus de problèmes neurocognitifs chez leurs enfants que les mères des autres
En revanche, les effets des faibles doses d’irradiation chronique sont moins bien connus et plus contradictoires. Il n’existe pas d’étude ayant une puissance suffisante pour aborder le risque de cancer de l’enfant après irradiation in utero. Une puissance suffisante ne pourrait être atteinte que par des études cas-témoins nationales similaires à l’étude d’Oxford sur l’irradiation radio-diagnostique, mais portant sur l’irradiation chronique significative, qui puisse être caractérisée pour chaque cas et témoins, ce qui est difficilement réalisable. Les seules études disponibles portent sur les enfants des personnes ayant travaillé dans le complexe nucléaire de Mayak dans l’Oural ou vivant dans les villages proches de la rivière Techa contaminée par ce complexe (Akleyev et coll., 2016renvoi vers ; Schüz et coll., 2017renvoi vers). Ces études qui portent au total sur environ 20 000 sujets potentiellement irradiés in utero n’ont pas la puissance nécessaire pour analyser l’effet de l’irradiation chronique in utero sur le risque de cancer de l’enfant, mais seulement sur celui de cancer à l’âge adulte. Les résultats de ces études, à savoir l’absence d’augmentation de risque pour les cancers solides et la faible augmentation du risque pour les leucémies et lymphomes, sont compatibles avec les résultats de l’étude des survivants d’Hiroshima et Nagasaki et concluent à des risques très faibles à l’âge adulte.
Les études portant sur l’incidence des leucémies en Suède (Ericson et Kallen, 1994renvoi vers), Grèce (Petridou et coll., 1996renvoi vers) et Allemagne (Steiner et coll., 1998renvoi vers) chez les enfants qui étaient in utero au moment de l’accident de Tchernobyl sont difficiles à interpréter, car elles portent sur des niveaux de doses très faibles, proches voire inférieures à l’irradiation naturelle, et du fait que leurs résultats ne sont pas cohérents car elles concluent à des différences entre les exposés et les non exposés, mais à l’absence de relation dose-effet chez ces premiers. Elles tendent cependant à montrer que ces expositions ont pu contribuer à avancer l’âge d’apparition de certaines leucémies de l’enfant.

Pathologies cardiovasculaires

Les seules études sur l’incidence des pathologies cardiovasculaires après irradiation in utero ont été réalisées sur les enfants des survivants d’Hiroshima et Nagasaki (Nakashima et coll., 2007renvoi vers ; Tatsukawa et coll., 2008renvoi vers). Hormis pour l’étude de l’hypertension, de l’hypercholestérolémie, ou d’autres biomarqueurs, la puissance de ces études est cependant très faible, car seulement quelques dizaines de pathologies sont apparues à ce jour chez les survivants irradiés in utero. Les résultats de ces études, bien que non significatifs pour la première (Tatsukawa et coll., 2008renvoi vers), conduisent à des facteurs de risque compatibles avec ceux observés après irradiation durant l’enfance.
Il n’existe pas à ce jour d’étude sur les pathologies cardiovasculaires chez les sujets ayant subi une irradiation chronique in utero.

Autres pathologies

L’étude des survivants d’Hiroshima et Nagasaki montre que l’irradiation in utero, même à dose modérée, induit des pathologies du développement, des troubles de la croissance, du développement cérébral, du langage, et des déficits neurocognitifs sévères. Les études réalisées à ce jour portent cependant sur de faibles nombres de sujets (moins de 1 000), et ne permettent pas de conclure pour les effets des doses faibles, inférieures à 50 mGy (Otake et coll., 1993renvoi vers).
L’effet de l’irradiation chronique in utero sur ces mêmes troubles a été étudié dans plusieurs études portant sur les sujets vivant dans les zones contaminées par l’accident de Tchernobyl. Les études réalisées dans les zones fortement contaminées de Biélorussie ont rapporté des résultats similaires à ceux observés chez les survivants d’Hiroshima et Nagasaki pour les troubles neurocognitifs, dans une comparaison exposés-non exposés, mais sans relation avec la dose de radiation reçue in utero (Kolominsky et coll., 1999renvoi vers ; Igumnov et Drozdovitch, 2000renvoi vers). Une autre étude, réalisée en Ukraine, n’a observé aucun effet (Taormina et coll., 2008renvoi vers).

Limites des données disponibles

La principale incertitude actuelle concerne l’incidence des cancers à l’âge adulte. Les résultats obtenus sur les survivants d’Hiroshima et Nagasaki, qui montrent une incidence des cancers à l’âge adulte plus faible après irradiation in utero qu’après irradiation durant l’enfance sont basés sur peu de cas et doivent être confirmés dans une analyse ultérieure, lorsque les survivants auront dépassé l’âge de 70 ans. Cette nouvelle analyse sera possible dans moins de 10 ans, et elle sera nettement plus puissante.
Bien que portant sur de faibles effectifs, les études concernant les paramètres neurocognitifs chez les survivants d’Hiroshima et Nagasaki montrent clairement que des doses faibles de radiation reçue in utero, de l’ordre d’une centaine de mGy, augmentent fortement le risque de retard mental sévère et que ce risque augmente linéairement avec la dose de radiation pour atteindre des taux très importants, 60 % ou plus pour des doses d’un Gy ou plus. Cependant, une incertitude existe à propos de l’effet des doses très faibles car les études ne portent que sur environ 500 sujets ayant reçu plus de 1 mGy, dont 292 ayant reçu entre 1 et 9 mGy et 169 entre 10 et 49 mGy. Ces nombres sont trop faibles pour pouvoir aborder l’effet des doses inférieures à 50 mGy. Une interpolation linéaire à partir des incidences observées pour les doses supérieures amène à estimer que l’augmentation du risque de déficit mental sévère serait de l’ordre de 0,04 % par mGy, soit 0,4 % pour une dose de 10 mGy. Il n’existe actuellement pas de données permettant d’infirmer ou de confirmer le type de relation dose-effet pour les faibles doses. Les autres études, portant sur l’irradiation chronique in utero, sont trop imprécises pour apporter une information supplémentaire.

Conclusion

Effets d’une irradiation préconceptionnelle

Les connaissances concernant les effets de l’irradiation préconceptionnelle sont récentes. À l’heure actuelle, les données provenant d’études dont la dosimétrie est de bonne qualité sont rassurantes et ne montrent pas de risque sanitaire chez les descendants d’individus exposés à une irradiation préconceptionnelle. Cette conclusion est bien documentée pour les cancers et leucémies, mais insuffisamment pour les autres pathologies, notamment les pathologies chroniques, qui, à ce jour, n’ont pas été assez étudiées. De plus, cette conclusion ne concerne que l’irradiation instantanée, répétée ou non. Très peu d’information existe actuellement sur les effets de l’irradiation préconceptionnelle chronique. Il est nécessaire de réaliser des études dans ce domaine car les effets de l’irradiation chronique pourraient être différents de ceux de l’irradiation instantanée.

Effets d’une irradiation in utero

Les faibles doses de rayonnements ionisants, de l’ordre de quelques dizaines de mGy, reçues in utero augmentent fortement le risque de développer, durant l’enfance, un cancer ou une leucémie, ainsi que le risque de troubles du développement et de troubles neurocognitifs sévères.
S’agissant de la survenue des cancers et leucémies durant l’enfance, le risque est d’un facteur 2 pour une dose de l’ordre d’une dizaine de mGy reçue instantanément en une ou quelques fois durant le 1er trimestre de grossesse, soit un risque beaucoup plus important qu’après une irradiation au cours de l’enfance. Heureusement, les cancers de l’enfant sont rares, et ce facteur de risque additionnel correspondrait, sur l’ensemble de l’enfance (0 à 15 ans), à environ 1 à 2 cas pour 1 000 enfants ayant reçu in utero une dose d’une dizaine ou de quelques dizaines de mGy. En revanche, les risques à l’âge adulte sont plus faibles que suggéré il y a quelques décennies par projection des risques relatifs observés dans l’enfance. En particulier, le risque de développer un cancer ou une leucémie à l’âge adulte est, si les résultats obtenus chez les survivants d’Hiroshima et Nagasaki sont confirmés dans des analyses ultérieures, plus faible qu’après irradiation dans l’enfance.
Les risques de cancer et de leucémie dans l’enfance après irradiation chronique à faible dose in utero sont moins bien documentés. D’un côté, les études portant sur l’incidence des leucémies dans les zones d’Europe faiblement contaminées chez les enfants qui étaient in utero au moment de l’accident de Tchernobyl concernent des niveaux de doses très faibles, proches ou inférieures à l’irradiation naturelle, et leurs résultats ne sont pas cohérents, notamment car elles concluent à des différences entre les exposés et les non exposés, mais à l’absence de relation dose-effet chez ces premiers. D’un autre côté, les études portant sur des doses significatives d’irradiation chronique, réalisées chez les enfants des travailleuses du complexe nucléaire de Mayak ou des femmes vivant dans les villages contaminés par ce complexe, portent sur des populations trop faibles pour étudier l’incidence des cancers de l’enfant. En revanche, ces dernières études ont la puissance suffisante pour étudier l’incidence des cancers à l’âge adulte, et leurs résultats vont dans le sens de ceux obtenus chez les survivants d’Hiroshima et Nagasaki irradiés in utero, à savoir un risque égal ou inférieur à celui observé après irradiation dans l’enfance.
La puissance des études ayant porté sur les pathologies cardiovasculaires après irradiation in utero est faible. Les résultats obtenus chez les survivants d’Hiroshima et Nagasaki montrent cependant que les facteurs de risque ne sont très probablement pas supérieurs à ceux observés après irradiation durant l’enfance. Il n’existe pas à ce jour d’étude sur les pathologies cardiovasculaires chez les sujets ayant subi une irradiation chronique in utero.
Bien qu’ils n’aient pas pu être étudiés sur des populations de taille suffisante, les effets sur la croissance corporelle et les risques neurocognitifs de l’irradiation instantanée aux faibles doses sont très probablement le principal problème de santé publique induit par cette irradiation : l’interpolation aux faibles doses de la relation dose-effet pour les retards mentaux sévères observés chez les survivants d’Hiroshima et Nagasaki irradiés in utero conduit à estimer un nombre de cas de l’ordre de 10 à 30 pour 1 000 enfants ayant reçu in utero une dose d’une dizaine ou de quelques dizaines de mGy entre la 8e et la 15e semaine de grossesse, période la plus sensible. Il n’existe cependant pas à ce jour d’étude permettant de confirmer ou d’infirmer ces estimations.

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