Pesticides et effets sur la santé
Nouvelles données
2021
→ Aller vers ANALYSE→ Aller vers SYNTHESE
Cohorte AGRIculture & CANcer (AGRICAN)
Pierre Lebailly
Université de Caen Normandie, Inserm U 1086
« ANTICIPE »
Contexte
Les cancers représentent la première cause de décès en France comme
dans de nombreux pays à haut revenu. Les facteurs de risque de
cancers sont encore mal connus pour de nombreux cancers même pour
certains parmi les plus fréquents (prostate, sein par exemple).
L’agriculture française est au premier plan en Europe pour de
nombreuses productions mais aussi pour l’utilisation de pesticides.
La population agricole représente, pour la question des effets des
pesticides sur la santé, une population tout particulièrement
intéressante, en raison d’expositions généralement répétées et
prolongées, selon des pratiques et à des niveaux qu’il est a priori
possible de décrire et de prendre en compte dans des analyses
épidémiologiques.
Les niveaux d’expositions professionnelles, plus élevés et mieux
caractérisés, offrent une opportunité toute particulière de
comprendre les effets de santé, plus facilement qu’en population
générale, et de tenter d’établir des relations doses-effets. Ainsi,
c’est en population agricole que de nombreux arguments ont été
produits dans la littérature scientifique concernant une élévation
du risque de nombreuses pathologies – notamment cancéreuses
(prostate, lymphomes, leucémies, tumeurs du système nerveux
central...) – chez les personnes professionnellement exposées à
certains pesticides, plaçant cette question parmi les grands enjeux
de santé publique. Des questions demeurent sur les nuisances pouvant
également entraîner des risques de cancers en milieu agricole
(poussières, mycotoxines, gaz d’échappement, virus animaux...).
Cependant, même pour la nuisance la plus étudiée à ce jour (les
pesticides), de nombreuses interrogations persistent car
i) certains pesticides n’ont quasiment pas été étudiés
(antiparasitaires utilisés sur animaux, biocides utilisés dans les
bâtiments, nombreuses familles chimiques de pesticides très
utilisées en Europe mais pas ou peu aux États-Unis) et
ii) aucune méthode validée et consensuelle n’existe à ce jour
pour identifier les personnes exposées (tâches à prendre en
considération, uniquement l’utilisation ou bien les expositions
secondaires comme la ré-entrée ou encore les récoltes, matières
actives utilisées) ou quantifier leur niveau d’exposition. La
conduite de vastes cohortes prospectives est une des solutions pour
répondre à ces questions en s’appuyant sur la couverture
territoriale française des registres de cancers permettant
l’obtention de données de qualité sur ces pathologies et sur une
zone géographique couvrant bien les différents secteurs de
production agricole métropolitaine. C’est pourquoi, dans la suite de
la vaste cohorte américaine Agricultural Health Study, nous
avons souhaité mettre en place il y a quinze ans une cohorte en
France permettant de prendre en compte les spécificités du secteur
agricole français.
Objectifs
Ainsi, les objectifs généraux de la cohorte prospective AGRIculture
& CANcer (AGRICAN) sont d’étudier l’incidence des cancers (par
localisation) et la mortalité globalement et pour des causes
spécifiques dans un large échantillon d’affiliés de la Mutualité
sociale agricole (MSA), comportant majoritairement des agriculteurs
et des salariés agricoles, en activité ou retraités. Il s’agit
principalement d’explorer le rôle des facteurs liés aux activités
agricoles, en accordant une attention particulière à l’exposition
aux pesticides mais aussi à d’autres facteurs comme ceux liés aux
activités d’élevage (biocides, médicaments vétérinaires, produits de
désinfection, mycotoxines, poussières...). La cohorte dispose de
données recueillies auprès des personnes, permettant de tenir compte
des facteurs individuels : modes de vie, tabagisme, alimentation,
histoire reproductive.
Principaux éléments de
méthode
L’étude AGRICAN a débuté en 2004 par la sélection de la population
source grâce à l’accès aux fichiers des caisses départementales et
centrale de la MSA. Les personnes ciblées devaient, au
1
er janvier 2004, être adultes, affiliées au régime
agricole pendant au moins 3 années au cours de leur vie
professionnelle et résider dans un des 11 départements ciblés. Tous
les départements disposant, en 2004, de registres de cancers
qualifiés auprès du Comité national des registres avaient été
sélectionnés. Seule la caisse MSA du département de l’Hérault a
décliné la proposition. Ainsi, les années 2005 à 2007 ont été
consacrées à l’envoi du questionnaire
d’inclusion
1
à l’échantillon source de la cohorte
(figure 1

). La phase
d’inclusion s’est terminée fin 2007, la validation des données du
questionnaire a débuté en 2008 ainsi que la phase descriptive des
données. Parallèlement, des analyses ont été réalisées sur les
pathologies non cancéreuses, prévalentes à l’inclusion (asthme,
bronchite chronique...). Le suivi de l’état de santé a débuté pour
chaque membre de la cohorte dès son inclusion et concerne son statut
vital, les causes de décès et la survenue d’un cancer. La première
phase de suivi direct des expositions a débuté en 2014 par l’envoi
du questionnaire principal de suivi, destiné à mettre à jour les
informations sur les expositions professionnelles et les facteurs de
confusion potentiels ainsi qu’à approfondir certains aspects de
l’histoire professionnelle agricole et explorer d’autres évènements
de santé. La figure ci-dessous rappelle brièvement les différentes
étapes du déroulement de la cohorte AGRICAN sur la période allant de
2005 à 2020.
Près de 182 000 personnes ont été incluses lors de la phase
d’inclusion. La cohorte était alors constituée de 32 % d’hommes
chefs d’exploitations (âge moyen 62 ans, 47 % à la retraite), de
22 % d’hommes salariés agricoles (âge moyen 59 ans, 42 % à la
retraite), de 22 % de femmes chefs d’exploitations (âge moyen
65 ans, 47 % à la retraite) et de 24 % de femmes salariées agricoles
(âge moyen 66 ans, 63 % à la retraite). Le questionnaire d’inclusion
comprenait environ 800 champs d’information incluant des données sur
l’historique de tâches agricoles pour 5 élevages et 13 cultures.
Dans le cadre du protocole de l’étude, différentes sources
d’informations sont interrogées annuellement. Les informations sont
donc collectées depuis l’année 2009 pour le suivi de l’affiliation
agricole, l’adresse résidentielle (également auprès du fichier
national de La Poste), le statut d’actif ou retraité, le statut
marital et le statut vital auprès de chacune des caisses locales de
la MSA, la confirmation du statut vital auprès du Répertoire
national pour l’identification des personnes physiques (RNIPP) de
l’INSEE directement accessible en ligne depuis début 2020, des
causes de décès auprès du Centre d’épidémiologie sur les causes
médicales de décès de l’Inserm (CépiDc) et de façon bisannuelle de
la prévalence et de l’incidence des cancers auprès des registres des
cancers du réseau FRANCIM des départements concernés.
Ainsi, au 31 décembre 2015 (tableau I

), près de 80 % des membres de la cohorte
étaient toujours en vie, 20 % étaient décédés et le statut vital
était inconnu pour seulement 1 % des membres de la cohorte (1 730
personnes). Parmi les personnes vivantes au 31 décembre 2015, elles
étaient 2 973 à être sorties de la zone de suivi des registres (2 %,
dont 54 % d’hommes).
Au total, les interrogations des bases ont été réalisées à ce jour
sur site auprès des registres à 4 reprises (2012, 2014, 2016 et
2018). L’interrogation conduite en 2012 portait sur l’identification
des cas de cancers survenus depuis la date d’inclusion (retour de
l’auto-questionnaire d’inclusion) jusqu’au 31 décembre 2009
(dernière année validée en 2012 dans les registres du réseau
FRANCIM) et à l’identification des cas prévalents de cancers. Les
interrogations suivantes ont permis l’identification des cas
incidents survenus dans chaque intervalle et la vérification
systématique des cas de cancers antérieurs car il est habituel
d’observer de nouveaux cas a posteriori ou/et des changements dans
les informations relatives aux diagnostics voire l’exclusion de
certains cas de cancers précédemment enregistrés.
Tableau I Statut vital des membres de la cohorte AGRICAN à
partir des données des MSA, du RNIPP et des services d’État
civil des mairies de naissance entre l’inclusion et la fin
d’année 2015
Membres de la cohorte
|
Vivants
|
Décédés
|
Statut inconnu
|
Tous (n = 181 842)
|
143 581 (79,0 %)
|
36 531 (20,0 %)
|
1 730 (1,0 %)
|
Hommes (n = 98 794)
|
76 969 (77,9 %)
|
20 899 (21,2 %)
|
926 (0,9 %)
|
Femmes (n = 83 048)
|
66 612 (80,2 %)
|
15 632 (18,8 %)
|
804 (1,0 %)
|
Résultats
Description de la mortalité par
cause
La comparaison des causes de décès entre les différents groupes
constituant la cohorte et la population générale a été produite
régulièrement et publiée à ce jour uniquement sur la période
entre l’inclusion et fin 2009 (Levêque-Morlais et coll.,
2015

).
Au total, sur la période entre l’inclusion et la fin d’année
2015, 20 899 hommes et 15 632 femmes de la cohorte sont décédés
(tableau I

). Les rapports
standardisés de mortalité (RSM) ont été calculés en prenant
comme population de référence la population générale des
départements concernés sur la même période, par sexe et par
tranches de 5 ans d’âge. Les résultats sont présentés dans le
tableau II

. Les
principales tendances observées sur la période 2005-2009
(Levêque-Morlais et coll., 2015

) sont confirmées avec presque toujours
des valeurs de RSM inférieures à 1, mais se rapprochant de cette
valeur avec le temps. Ainsi, la mortalité globale présentait un
RSM = 0,68 chez les hommes et RSM = 0,71 chez les femmes pour la
période 2005-2009, et un RSM = 0,75 quel que soit le sexe sur la
période 2005-2015. Parmi l’ensemble des causes de décès (période
2005-2009), deux apparaissent légèrement plus fréquentes chez
les affiliés :
i) les décès par arthrite rhumatoïde
(RSM = 1,10 chez les hommes et RSM = 1,06 chez les femmes), se
maintenant à un RSM = 1,13 chez les hommes mais diminuant
nettement chez les femmes (RSM = 0,85),
ii) les suicides
significativement surreprésentés chez les hommes (RSM = 1,14) et
chez les femmes (RSM = 1,46) sur la période 2005-2015. Cette
surmortalité par suicide était observée aussi bien chez les
exploitants que chez les salariés avec des valeurs plus fortes
chez les femmes chefs d’exploitations (RSM = 2,05) et dans tous
les départements sauf la Vendée et les départements alsaciens
(données non présentées). Les résultats concernant les décès par
cancer ne sont pas présentés car moins informatifs que ceux
portant sur l’incidence. L’analyse de ces données se poursuit
par la production de RSM incluant les dernières années, par
statut professionnel (exploitant
versus salarié) et par
département. Une attention particulière est portée à certaines
causes de décès par maladies neurodégénératives (sclérose
latérale amyotrophique ou SLA, maladies de Parkinson et
d’Alzheimer) dans le cadre d’un travail conduit au sein du
consortium AGRICOH par l’équipe EPICENE de Bordeaux.
Tableau II Causes de décès (hors cancers) au sein de la
cohorte AGRICAN sur la période 2005-2015
Libellé CIM 10
|
Hommes
|
Femmes
|
Décès
|
RSM (IC 95 %)
|
Décès
|
RSM (IC 95 %)
|
I.
|
Maladies infectieuses et
parasitaires
|
387
|
0,71 (0,63-0,78)*
|
303
|
0,70 (0,62-0,78)*
|
III.
|
Maladies du sang et des organes
hématopoïétiques
|
82
|
0,77 (0,61-0,95)*
|
65
|
0,71 (0,55-0,90)*
|
IV.
|
Maladies endocriniennes,
nutritionnelles et métaboliques
|
608
|
0,67 (0,62-0,72)*
|
570
|
0,66 (0,61-0,72)*
|
| |
Diabète sucré
|
360
|
0,62 (0,56-0,69)*
|
304
|
0,65 (0,58-0,73)*
|
V.
|
Troubles mentaux et du
comportement
|
499
|
0,59 (0,54-0,65)*
|
524
|
0,56 (0,51-0,61)*
|
VI.
|
Maladies du système nerveux et des
organes des sens
|
1 013
|
0,71 (0,67-0,75)*
|
987
|
0,63 (0,60-0,68)*
|
IX.
|
Maladie de l’appareil
circulatoire
|
6 249
|
0,78 (0,76-0,80)*
|
5 459
|
0,80 (0,78-0,82)*
|
| |
Cardiopathies ischémiques
|
1 747
|
0,74 (0,70-0,77)*
|
1 095
|
0,79 (0,74-0,83)*
|
| |
Maladies cérébrovasculaires
|
1 284
|
0,78 (0,74-0,82)*
|
1 288
|
0,78 (0,74-0,82)*
|
X.
|
Maladies de l’appareil
respiratoire
|
1 498
|
0,70 (0,67-0,74)*
|
929
|
0,67 (0,62-0,71)*
|
| |
Asthme
|
28
|
0,99 (0,66-1,43)
|
26
|
0,60 (0,39-0,88)*
|
XI.
|
Maladies de l’appareil
digestif
|
761
|
0,67 (0,62-0,72)*
|
543
|
0,68 (0,62-0,73)*
|
XII.
|
Infections de la peau et du tissu
cellulaire sous-cutané
|
49
|
0,84 (0,62-1,11)
|
45
|
0,55 (0,40-0,73)*
|
XIII.
|
Maladies du système ostéo-articulaire,
des muscles et du tissu conjonctif
|
166
|
0,99 (0,84-1,15)
|
151
|
0,75 (0,64-0,88)*
|
| |
Arthrite rhumatoïde et
ostéoarthrite
|
19
|
1,13 (0,68-1,77)
|
35
|
0,85 (0,59-1,19)
|
XIV.
|
Maladies de l’appareil
génito-urinaire
|
353
|
0,64 (0,58-0,71)*
|
257
|
0,65 (0,57-0,73)*
|
XX.
|
Causes externes de blessure et
d’empoisonnement
|
1 357
|
0,86 (0,81-0,91)*
|
819
|
0,80 (0,75-0,86)*
|
| |
Accidents
|
867
|
0,78 (0,73-0,83)*
|
653
|
0,74 (0,69-0,80)*
|
| |
Intoxications accidentelles
|
41
|
0,70 (0,50-0,95)*
|
43
|
0,88 (0,64-1,19)
|
| |
Suicides
|
423
|
1,14 (1,03-1,25)*
|
121
|
1,46 (1,21-1,75)*
|
Toutes causes de décès
|
20 899
|
0,75 (0,74-0,76)*
|
15 632
|
0,75 (0,74-0,76)*
|
CIM-10 : 10e révision de la
Classification internationale des maladies ; RSM : rapports
standardisés de mortalité. * : p < 0,05
Description de l’incidence des
cancers
Comparaison à la population générale des
départements concernés
La comparaison de l’incidence des cancers au sein de la
cohorte à celle observée au sein de la population générale
n’a été publiée que sur la période entre l’inclusion et le
31 décembre 2011 (Lemarchand et coll.,
2017

). Sont présentés ci-après les principaux résultats
obtenus entre l’inclusion et le 31 décembre 2015. Ainsi,
après le quatrième croisement avec les données des registres
de cancers réalisé en 2018, un nombre total de
18 619 cancers incidents a été enregistré. Le
tableau III

présente les résultats pour les principaux cancers,
disponibles pour 46 localisations tumorales chez les hommes
et 47 chez les femmes. Au total, les principales conclusions
chez les hommes sont les suivantes :
• une sous-incidence tous cancers très faiblement
inférieure à celle de la population générale (- 7 %)
mais statistiquement significative pour l’ensemble
des cancers ;
• une augmentation très faible mais statistiquement
significative pour le cancer de la prostate avec une
valeur de RSI stable au cours du suivi (1,07 entre
2005-2011 versus 1,03 entre 2005-2015) ;
• une sur-incidence statistiquement significative pour
les cancers des lèvres (RSI = 1,38). Concernant ce
cancer et en l’état actuel du suivi, le nombre de
cas incidents est trop faible pour identifier les
éventuels facteurs professionnels associés ;
• une sur-incidence statistiquement significative pour
les lymphomes non hodgkiniens (+9 %), notamment pour
les myélomes multiples (+20 %) et pour les lymphomes
plasmocytaires (+49 %) ;
• une sous-incidence devenue au cours du suivi
statistiquement significative pour les cancers de
l’estomac (- 14 %) et une sous-incidence pour
différents cancers digestifs (œsophage, pancréas,
hépatique, anus et côlon mais pas les cancers du
rectum), respiratoires, de l’oro-pharynx et de la
vessie.
Les principales conclusions chez les femmes sont :
• une sous-incidence tous cancers très faiblement
inférieure à celle de la population générale (- 5 %)
mais statistiquement significative pour l’ensemble
des cancers ;
• une sur-incidence à la limite de la significativité
statistique pour les lymphomes non hodgkiniens
(+7 %), notamment pour les myélomes multiples
(+21 %), une sur-incidence devenue statistiquement
significative au cours du suivi pour les lymphomes
plasmocytaires (+58 %) ;
• une sur-incidence des mélanomes cutanés (+29 %) ;
• une sous-incidence pour différents cancers digestifs
(hépatique, anus et rectum mais pas les cancers du
côlon), respiratoires, du sein et de
l’oro-pharynx ;
• une sous-incidence devenue statistiquement
significative en cours de suivi pour les cancers de
l’œsophage (- 27 %), du col de l’utérus (- 40 %) et
de la vessie (- 22 %).
Tableau III Rapports standardisés d’incidence (RSI) des
cancers au sein de la cohorte AGRICAN sur la période
2005-2015
Cancers
|
RSI (IC 95 % ; nombre de cas
incidents)
|
Hommes
|
Femmes
|
Tous cancers
|
0,93* (0,91-0,95 ;
12 026)
|
0,95* (0,93-0,98 ;
6 590)
|
Mélanomes cutanés
|
0,97 (0,87-1,08 ; 323)
|
1,29* (1,15-1,45 ;
299)
|
Cancers des lèvres
|
1,55* (1,13-2,08 ;
44)
|
0,80 (0,35-1,58 ; 8)
|
Cancers du pharynx et cavité
orale
|
0,57* (0,51-0,64 ;
296)
|
0,64* (0,50-0,81 ;
71)
|
Cancers du côlon
|
0,87* (0,82-0,93 ;
949)
|
0,95 (0,88-1,03 ; 681)
|
Cancers du rectum
|
1,00 (0,92-1,08 ; 595)
|
0,83* (0,73-0,94 ;
249)
|
Cancers de l’œsophage
|
0,78* (0,68-0,89 ;
232)
|
0,72* (0,52-0,98 ;
41)
|
Cancers de l’estomac
|
0,88* (0,79-0,98 ;
316)
|
1,00 (0,84-1,17 ; 145)
|
Cancers hépatiques
|
0,75* (0,68-0,83 ;
410)
|
0,69* (0,54-0,86 ;
73)
|
Cancers pancréatiques
|
0,79* (0,71-0,89 ;
305)
|
0,97 (0,86-1,09 ; 287)
|
Cancers du sein
|
0,87 (0,58-1,26 ; 28)
|
0,86* (0,82-0,91 ;
1 700)
|
Cancers de l’ovaire
|
|
1,11 (0,98-1,25 ; 260)
|
Cancers de la prostate
|
1,03* (1,00-1,06 ;
3 911)
|
|
Cancers du testicule
|
0,91 (0,61-1,29 ; 30)
|
|
Cancers broncho-pulmonaires
|
0,58* (0,55-0,62 ;
1 066)
|
0,67* (0,59-0,75 ;
282)
|
Cancers de la vessie
|
0,66* (0,61-0,72 ;
502)
|
0,78* (0,64-0,94 ;
111)
|
Cancers du rein
|
0,95 (0,87-1,04 ; 496)
|
1,03 (0,89-1,17 ; 214)
|
Cancers du système nerveux
central
|
1,00 (0,84-1,18 ; 146)
|
0,97 (0,78-1,19 ; 87)
|
|
Glioblastomes
|
1,05 (0,85-1,28 ; 94)
|
0,87 (0,64-1,17 ; 45)
|
Cancers de la thyroïde
|
0,92 (0,72-1,16 ; 74)
|
1,15 (0,99-1,33 ; 180)
|
Maladie de Hodgkin
|
0,99 (0,66-1,42 ; 29)
|
1,14 (0,65-1,85 ; 16)
|
Lymphome malin non
hodgkinien
|
1,09* (1,02-1,16 ;
1 004)
|
1,07 (0,99-1,16 ; 597)
|
|
Leucémie lymphoïde
chronique
|
1,03 (0,90-1,17 ; 238)
|
0,91 (0,75-1,09 ; 115)
|
|
Lymphome Diffus à Cellules
B
|
1,04 (0,89-1,21 ; 164)
|
0,97 (0,79-1,17 ; 104)
|
|
Myélome multiple
|
1,20* (1,05-1,37 ;
227)
|
1,21* (1,03-1,42 ;
156)
|
|
Lymphome
lymphoplasmocytaire
|
1,49* (1,22-1,80 ;
107)
|
1,58* (1,17-2,10 ;
48)
|
Leucémie aiguë myéloïde
|
0,92 (0,74-1,12 ; 97)
|
0,96 (0,74-1,23 ; 65)
|
Syndrome myélodysplasique
|
0,93 (0,81-1,05 ; 225)
|
1,07 (0,91-1,26 ; 148)
|
Syndrome myéloprolifératif
chronique
|
0,94 (0,80-1,11 ; 145)
|
1,02 (0,85-1,23 ; 115)
|
Sarcomes
|
1,02 (0,86-1,21 ; 136)
|
0,93 (0,74-1,14 ; 89)
|
* RSI statistiquement significatif au seuil
5 %, en fond gris sombre ceux avec un risque
significativement supérieur à 1 et en fond gris clair
ceux avec un risque significativement inférieur à
1
Analyse interne des déterminants de cancers
et de maladies non cancéreuses
Lien avec les activités agricoles
(élevages et cultures) et tâches
spécifiques
Au-delà de ces comparaisons externes, des analyses
internes ont à ce jour porté sur trois maladies non
cancéreuses : asthme (Baldi et coll.,
2014

), bronchite chronique (Tual et
coll., 2013

) et maladie de Parkinson
(Pouchieu et coll.,
2018

) et sur plusieurs cancers : les
cancers pulmonaires (globalement et pour 3 sous-types
histologiques : les adénocarcinomes, les cancers
épidermoïdes et les cancers à petites cellules) (Tual et
coll., 2017

; Boulanger et coll.,
2018

), les cancers de la prostate
(Lemarchand et coll.,
2016

), les cancers de la vessie
(Boulanger et coll.,
2017

), les cancers du sein (thèse
doctorale de C. Lemarchand,
2015

) les cancers du système nerveux
central (globalement et pour les gliomes et les
méningiomes) (Piel et coll.,
2017

) et les myélomes multiples
(Tual et coll., 2019

). D’autres analyses sont en
cours de publication sur les sarcomes (Renier et coll.,
soumis pour publication), les lymphomes non hodgkiniens
globalement et pour trois sous-types de lymphomes
(lymphomes diffus à grandes cellules B ; leucémies
lymphoïdes chroniques et myélomes multiples).
Ces analyses étaient essentiellement focalisées sur le
lien entre la survenue d’une maladie donnée et les
contextes agricoles : secteurs de production et tâches
particulières (tableaux IV

et V

).
Des activités réalisées sur des prairies ont été
associées positivement aux cancers de la prostate
(réalisation des foins), aux gliomes et aux lymphomes
notamment les lymphomes diffus à grandes cellules B
(utilisation d’herbicides dans les deux cas). Les
cultures de blé-orge et de maïs ont été associées
positivement aux lymphomes non hodgkiniens et plus
particulièrement aux myélomes multiples et aux leucémies
lymphoïdes chroniques chez les personnes utilisant des
pesticides. L’utilisation de pesticides sur des vignes a
été associée positivement aux adénocarcinomes
pulmonaires, aux gliomes et aux lymphomes diffus à
grandes cellules B. La culture de pommes de terre et
plus particulièrement l’utilisation de pesticides a été
associée positivement aux cancers de la prostate, du
sein et aux tumeurs du système nerveux central mais
négativement aux lymphomes non hodgkiniens. La culture
de betteraves (sans distinction des betteraves
fourragères ou sucrières) a été associée positivement à
4 cancers (cancers pulmonaires épidermoïdes, aux
méningiomes, aux lymphomes non hodgkiniens, plus
particulièrement les myélomes multiples et les leucémies
lymphoïdes chroniques). L’arboriculture fruitière a été
associée positivement au cancer de la prostate
(traitements et récolte) et aux cancers épidermoïdes
(taille). La culture de pois fourragers ou/et de
fèveroles a été associée positivement aux cancers
pulmonaires (récolte et utilisation de pesticides), aux
tumeurs du système nerveux central (utilisation de
pesticides) et aux cancers du sein et de la vessie. La
culture de colza a été associée positivement aux
carcinomes pulmonaires épidermoïdes, aux cancers de la
vessie, aux lymphomes non hodgkiniens globalement (plus
particulièrement la tâche de semis) et aux myélomes
multiples. La culture de tournesol a été associée
positivement au cancer de la prostate, aux méningiomes
(traitements pesticides), aux sarcomes (plus
particulièrement le semis) et aux lymphomes non
hodgkiniens (tâche de traitements de semences). La
culture de tabac a été associée aux cancers de la
prostate et aux lymphomes diffus à grandes cellules B.
Enfin, les cultures de légumes en plein champs ainsi que
les cultures sous serres ont été associées à de nombreux
cancers (poumons, sein, vessie, système nerveux central
et sarcomes) avec le plus souvent un effet durée et
surface mais sans qu’il soit possible d’identifier des
tâches particulières (données non recueillies dans le
questionnaire d’inclusion).
L’élevage de bovins a été associé positivement à
plusieurs cancers (prostate, sarcomes et lymphomes non
hodgkiniens notamment les myélomes multiples). Les
tâches principalement associées à ces excès concernaient
l’utilisation d’insecticides sur animaux mais aussi
l’utilisation de produits de désinfection. En revanche,
des tâches associées au contact avec les animaux ont été
associées négativement à plusieurs autres cancers
(poumons et sein). L’élevage de chevaux, essentiellement
pour les personnes les traitant avec des insecticides, a
été associé positivement aux myélomes multiples et
négativement aux cancers pulmonaires. L’élevage de
cochons a été associé positivement à 3 cancers
(prostate, poumons et méningiomes). L’élevage de chèvres
et/ou de moutons a été associé à la survenue de
lymphomes diffus à grandes cellules B notamment les
tâches de contact avec les animaux et de désinfection
des locaux. L’élevage de volailles a été associé
positivement aux sarcomes mais négativement aux
lymphomes non hodgkiniens et plus particulièrement aux
leucémies lymphoïdes chroniques et aux lymphomes diffus
à grandes cellules B.
D’autre part, des analyses entre la prévalence de
certaines pathologies non cancéreuses déclarées par les
personnes dans le questionnaire d’inclusion ont été
réalisées. Elles sont présentées dans le
tableau V

ci-dessous et portaient sur la bronchite chronique (Tual
et coll., 2013

), l’asthme (Baldi et coll.,
2014

) et le lien entre expositions
professionnelles aux pesticides et maladie de Parkinson
(Pouchieu et coll.,
2018

). Les prévalences observées
lors de l’inclusion dans la cohorte étaient
respectivement de 8 % pour la bronchite chronique et
l’asthme et de 1,2 % pour la maladie de Parkinson.
Lien avec l’exposition à des pesticides
particuliers
Des analyses ont débuté courant 2017 sur les effets de
certaines substances pesticides sur des cancers ou la
maladie de Parkinson. Les critères de choix principaux
pour sélectionner une substance et, sans que cette liste
soit exhaustive, portaient sur
i) leur
utilisation importante en France métropolitaine,
ii) la suspicion d’effets sur la santé
d’après les données épidémiologiques et/ou
toxicologiques et
iii) sur une maladie pour
laquelle la puissance statistique était satisfaisante à
ce stade du suivi. L’identification des membres de la
cohorte exposés à une substance donnée est réalisée en
utilisant d’une part les réponses au questionnaire
d’inclusion sur les années de début et de fin d’usage de
pesticides pour 11 cultures et 5 élevages et, d’autre
part, les tables de la matrice PESTIMAT concernant
l’usage des molécules de la famille chimique étudiée en
France métropolitaine depuis 1950 (1980 pour les
élevages). À ce jour, les tables ont été élaborées pour
4 familles d’insecticides (organochlorés,
organophosphorés, carbamates et pyréthrinoïdes),
9 familles d’herbicides (thiocarbamates,
phénoxyherbicides, urées substituées incluant les
sulfonylurées, triazines, dinitroanilines,
chloroacétanilides, dinitrophénols, paraquat et diquat)
et 6 familles de fongicides (arsenicaux, phtalimides,
dicarboximides, dithiocarbamates, triazoles et
benzimidazoles). En utilisant les données de la matrice,
des analyses ont été menées sur le lien entre la
prévalence de maladie de Parkinson et l’exposition aux
pesticides les plus fréquemment associés à cette maladie
dans la littérature internationale (Pouchieu et coll.,
2018

). D’autres analyses issues du
travail de thèse de Clément Piel ont fait l’objet de
deux publications (Piel et coll.,
2019a

; Piel et coll.,
2019b

) et portent d’une part sur le
lien entre les tumeurs du système nerveux central et
l’exposition aux insecticides de la famille des
carbamates (19 molécules étudiées), l’exposition aux
herbicides carbamates (7 molécules) ou thiocarbamates
(7 molécules également) et les fongicides carbamates
(5 molécules) et dithiocarbamates (11 molécules). Le
choix de ces familles s’appuyait sur des arguments
toxicologiques (capacité à traverser la barrière
hématoencéphalique, classement vis-à-vis de la
cancérogénicité, possibilité de donner des dérivés
nitrosés). Neuf des 19 insecticides carbamates ont été
associés positivement aux tumeurs du système nerveux
central, 3 d’entre eux en confirmation de données
épidémiologiques existantes (carbaryl, fénoxycarbe et
thiodicarbe) et d’autres de façon originale
(formétanate, dioxacarbe, promécarbe, isolane, thiofanox
et méthomyl). Parallèlement, l’exposition aux fongicides
carbamates et dans une moindre mesure aux herbicides
carbamates a été associée positivement au risque de
tumeurs du système nerveux central. Des associations
positives ont été également mises en évidence avec des
molécules spécifiques fongicides (mancozèbe, manèbe et
métirame) ou herbicides (chlorprophame, prophame et
diallate).
Perspectives
Au cours des prochaines années, des analyses seront menées sur le
lien entre :
• les cancers de la prostate et l’exposition aux insecticides
organochlorés, aux fongicides triazoles, et aux herbicides
urées et acétamides ;
• les cancers pulmonaires et les herbicides dinitroanilines
dont la pendiméthaline ;
• les LNH et leurs principaux sous-types et l’exposition aux
fongicides benzimidazoles, aux herbicides chloroacétamides,
phénoxy et triazines et aux insecticides organochlorés et
pyréthrinoïdes ;
• les cancers du sein et l’exposition aux insecticides
organophosphorés et pyréthrinoïdes ;
• par ailleurs, nous poursuivrons des analyses basées sur les
données de la matrice PESTIMAT, en permanence évolutive. La
matrice comportera des données additionnelles sur les
probabilités, intensités et fréquences de certaines
molécules, de nouvelles tables pour certaines familles
chimiques (notamment inhibiteurs de la succinate
déshydrogénase ou SDHi ; désherbants totaux dont le
glyphosate, chlorothalonil et produits apparentés,
dinitrophénols...), l’ajout de tables sur les élevages –
pour certaines familles chimiques (insecticides
organochlorés, pyréthrinoïdes notamment), des données sur
les traitements de semences ;
• une approche d’épidémiologie moléculaire sera conduite et
portera notamment sur les relations entre activités
professionnelles agricoles dont l’utilisation de pesticides
spécifiques (mesure de l’imprégnation urinaire et/ou
sérique) et des effets génotoxiques (notamment test des
comètes à haut débit) et épigénétiques (notamment recherche
de bases modifiées de l’ADN) recherchés au sein de la
cohorte EPIBIO97 en utilisant une biothèque déjà constituée
(Roulland et coll., 2004

; Agopian et coll.,
2009

) et au sein de nouvelles collections biologiques dans
différents secteurs de production agricole ;
• le suivi de la santé des membres de la cohorte (statut vital,
causes de décès et incidence de cancers) continuera avec
4 000 décès attendus par année de suivi supplémentaire et
environ 2 000 cancers incidents annuels ;
• dans le domaine des pathologies non cancéreuses
(respiratoires ou neurologiques), des questions ont été de
nouveau posées aux membres de la cohorte permettant
d’approcher l’incidence de certaines d’entre elles (asthme,
maladie de Parkinson pour exemples) et une interrogation des
bases MSA (sur des variables concernant certaines affections
longue durée, la consommation de certains médicaments ou
encore la réalisation de certains actes médicaux) sera
testée. L’autorisation d’accès à ces données a été
spécifiquement demandée aux membres de la cohorte dans le
cadre du questionnaire principal de suivi ;
• des questionnaires complémentaires seront soumis aux membres
encore en activité au moment de la phase d’inclusion et plus
particulièrement à ceux toujours en activité lors de la
première phase de suivi (environ 40 000 personnes toujours
en activité en début 2019) ;
• des études de terrain sur l’exposition aux pesticides seront
poursuivies au moins dans le secteur du paysagisme, en
cultures céréalières et en viticulture et sur l’exposition à
d’autres nuisances professionnelles agricoles comme les
contaminants aéroportés (programme AirExpA).
Conclusion
Après 15 années, la cohorte AGRICAN a permis de produire un certain
nombre de résultats originaux dans le contexte français et plus
largement dans le contexte international. Ainsi, jusqu’en 2015, près
de 20 000 cancers incidents ont été diagnostiqués parmi les membres
de la cohorte contre plus de 12 000 cancers incidents observés à ce
jour au sein de la cohorte américaine AHS sur la période
1993-2014/2015 (Lerro et coll.,
2019

).
Ainsi la cohorte AGRICAN dispose d’une puissance statistique unique
pour l’étude des liens avec les cancers en milieu agricole.
L’existence de la cohorte AGRICAN au niveau international a incité
tout d’abord le
National Cancer Institute (co-porteur de la
cohorte AHS) puis le Centre international de recherche sur le cancer
à mettre en place un consortium international de cohortes
agricoles : le consortium AGRICOH. Il comprend à ce jour 29 cohortes
menées dans 12 pays, sur l’ensemble des continents (Leon et coll.,
2011

). Ce
consortium a d’ores et déjà produit des résultats en matière
d’exposition aux pesticides (Brouwer et coll.,
2016

;
Brouwer et coll., 2017

), de lien entre hémopathies malignes
lymphoïdes et exposition à des pesticides (Leon et coll.,
2019

) ou à
des activités d’élevage (El-Zaemey et coll.,
2019

),
ainsi que des comparaisons de prévalences de pathologies
respiratoires entre les différentes cohortes (Fix et coll.,
2020

).
Grâce à sa puissance statistique, la cohorte AGRICAN occupe
aujourd’hui une place importante dans la recherche internationale
sur la question des pesticides sur la santé mais aussi sur d’autres
risques professionnels présents chez les affiliés du régime
agricole. Cette population d’affiliés est très diverse, incluant
autant de femmes que d’hommes, un nombre important de salariés et
une diversité des secteurs de production agricole, dont certains
sont plus particulièrement représentés en France ou en Europe. La
cohorte offre aussi l’opportunité d’éclairer des secteurs moins
investigués comme le paysagisme, le secteur du bois et forêt, la
coopération agricole... Les analyses internes à la cohorte ont
permis d’observer des associations positives entre toutes les
cultures et tous les élevages étudiés et une ou plusieurs des
17 localisations de cancers (cancers spécifiques et sous-types
histologiques). Les excès ont été associés à l’exposition directe
aux pesticides sur cultures mais aussi à l’usage d’insecticides sur
animaux d’élevage ou encore aux traitements de semences, à
l’exposition indirecte aux pesticides par le contact avec des
végétaux. Par ailleurs des résultats ont été produits pour des
tâches exposant vraisemblablement à d’autres nuisances chimiques
(désinfection des bâtiments ou des machines de traite) ou à d’autres
facteurs (récoltes de différentes cultures ou contact avec les
animaux). Des analyses ont aussi cherché à affiner le lien entre
certaines molécules pesticides en ayant une approche par famille
chimique de produits, basée sur des données toxicologiques, mais
sans sélection a priori de matières actives. Ceci a été rendu
possible par l’utilisation de la matrice culture-exposition
PESTIMAT, dont l’évolution au cours des prochaines années doit
permettre d’aborder d’autres familles chimiques de pesticides
utilisés sur cultures mais aussi certains pesticides utilisés en
élevage. Il est en effet souhaitable que les analyses au sein de la
cohorte permettent d’intégrer la complexité des usages de pesticides
au cours du temps et leurs intrications. À titre d’exemple, certains
insecticides carbamates comme le carbaryl par exemple ont été
homologués sur de nombreuses cultures, d’autres comme le dimétilan
uniquement en élevages ou encore le formétanate uniquement en
arboriculture fruitière. Grâce à des méthodologies déjà employées ou
en cours de développement, les analyses au sein de la cohorte
intègrent la multiplicité des usages et les corrélations que
celles-ci peuvent induire.
Références issues du programme
AGRICAN
[1] Baldi I, Robert C, Piantoni F, et al . Agricultural exposure and asthma risk in
the AGRICAN French cohort.
Int J Hyg Environ Health. 2014;
217:435
-42
[2] Boulanger M, Tual S, Lemarchand C, et al . Lung cancer risk and occupational
exposures in crop farming: results from the AGRIculture
and CANcer (AGRICAN) cohort.
Occup Environ Med. 2018;
75(11):776
-85
[3] Boulanger M, Tual S, Lemarchand C, et al . Agricultural exposure and risk of bladder
cancer in the AGRIculture and CANcer
cohort.
Int Arch Occup Environ Health. 2017;
90:169
-78
[4] Brouwer M, Schinasi L, Beane Freeman LE, et al . Assessment of occupational exposure to
pesticides in a pooled analysis of agricultural cohorts
within the AGRICOH consortium: authors’
response.
Occup Environ Med. 2017;
74: 81p.
[5] Brouwer M, Schinasi L, Beane Freeman LE, et al . Assessment of occupational exposure to
pesticides in a pooled analysis of agricultural cohorts
within the AGRICOH consortium.
Occup Environ Med. 2016;
73:359
-67
[6] El-Zaemey S, Schinasi LH, Ferro G, et al . Animal farming and the risk of
lymphohaematopoietic cancers: a meta-analysis of three
cohort studies within the AGRICOH
consortium.
Occup Environ Med. 2019;
76:827
-37
[7] Fix J, Annesi-Maesano I, Baldi I, et al . Gender differences in respiratory health
outcomes among farming cohorts around the globe:
findings from the AGRICOH consortium.
J Agromedicine. 2020;
1
-12
[8] Lemarchand C, Tual S, Leveque-Morlais N, et al . Cancer incidence in the AGRICAN cohort
study (2005-2011).
Cancer Epidemiol. 2017;
49:175
-85
[9] Lemarchand C, Tual S, Boulanger M, et al . Prostate cancer risk among French farmers
in the AGRICAN cohort.
Scand J Work Environ Health. 2016;
42:144
-52
[10] Lemarchand C. Facteurs de risque de cancers
hormono-dépendants en population agricole au sein de la
cohorte agriculture et cancer :.
École doctorale Normande de biologie intégrative,
santé, environnement (Mont-Saint-Aignan,
Seine-Maritime). Caen. Thèse de Doctorat. 2015;
[11] Leon M, Schinasi LH, Lebailly P, et al . Pesticide use and risk of non-Hodgkin
lymphoid malignancies in agricultural cohorts from
France, Norway and the USA : a pooled analysis from the
AGRICOH consortium.
Int J Epidemiol. 2019;
48:1519
-35
[12] Leon ME, Beane Freeman LE, Douwes J, et al . AGRICOH: a consortium of agricultural
cohorts.
Int J Environ Res Public
Health. 2011;
8:1341
-57
[13] Levêque-Morlais N, Tual S, Clin B, et al . The AGRIculture and CANcer (AGRICAN)
cohort study: enrollment and causes of death for the
2005-2009 period.
Int Arch Occup Environ Health. 2015;
88:61
-73
[14] Piel C, Pouchieu C, Carles C, et al . Agricultural exposures to carbamate
herbicides and fungicides and central nervous system
tumour incidence in the cohort
AGRICAN.
Environ Int. 2019a;
130: 104876p.
[15] Piel C, Pouchieu C, Migault L, et al . Increased risk of central nervous system
tumours with carbamate insecticide use in the
prospective cohort AGRICAN.
Int J Epidemiol. 2019b;
48:512
-26
[16] Piel C, Pouchieu C, Tual S, et al . Central nervous system tumors and
agricultural exposures in the prospective cohort
AGRICAN.
Int J Cancer. 2017;
141:1771
-82
[17] Pouchieu C, Piel C, Carles C, et al . Pesticide use in agriculture and
Parkinson’s disease in the AGRICAN cohort
study.
Int J Epidemiol. 2018;
47:299
-310
[18] Tual S, Busson A, Boulanger M, et al . Occupational exposure to pesticides and
multiple myeloma in the AGRICAN
cohort.
Cancer Causes Control. 2019;
30:1243
-50
[19] Tual S, Lemarchand C, Boulanger M, et al . Exposure to farm animals and risk of lung
cancer in the AGRICAN cohort.
Am J Epidemiol. 2017;
186:463
-72
[20] Tual S, Clin B, Leveque-Morlais N, et al . Agricultural exposures and chronic
bronchitis: findings from the AGRICAN (AGRIculture and
CANcer) cohort.
Ann Epidemiol. 2013;
23:539
-45
Autres
références
[21] Agopian J, Navarro J-M, Gac A-C, et al . Agricultural pesticide exposure and
the molecular connection to
lymphomagenesis.
J Exp Med. 2009;
206:1473
-83
[22] Lerro CC, Koutros S, Andreotti G, et al . Cancer incidence in the Agricultural
Health Study after 20 years of
follow-up.
Cancer Causes Control. 2019;
30:311
-22
[23] Roulland S, Lebailly P, Lecluse Y, et al . Characterization of the t(14;18)
BCL2-IGH translocation in farmers occupationally
exposed to pesticides.
Cancer Res. 2004;
64:2264
-9