Les économistes et la santé : questions de recherche et enjeux pour demain.
Date
2000Auteur
de Pouvourville, G
Contandriopoulos, AP
Voir/ Ouvrir
Metadata
Afficher la notice complèteRésumé
Le poids croissant du
financement des systèmes de
soins de santé dans les pays
développés a mis au premier plan
l’analyse économique, dans le
but d’aider les décideurs publics
à rechercher une utilisation
efficiente de ressources
collectives devenues de plus en
plus rare. Le bien santé présente
des caractéristiques particulières,
du point de vue de l’analyse
économique : c’est un bien
supérieur, en tant que la santé
d’un individu conditionne sa
capacité à produire et à
consommer. Il existe plusieurs
façons de maintenir ou
d’améliorer sa santé, qui peut se
définir autant de façon positive
comme un état général de bienêtre,
que de façon négative par
l’absence de maladie. Dans ce
dernier cas, la menace de
maladie est incertaine, quant à sa
survenue et à l’ampleur de ses
conséquences. De surcroît, le
traitement de la maladie requiert
une expertise qui confère à ses
détenteurs, les professionnels de
soins, un pouvoir important dans
l’utilisation des ressources
collectives. L’économie de la
santé a d’abord été l’économie
des systèmes de soins de santé.
Deux questions principales ont
structuré les travaux de recherche
au cours des cinquante dernières
années : quel rôle la concurrence entre acteurs économiques de
droit privé peut-elle jouer dans le
système de santé ? Comment la
puissance publique peut-elle
choisir les investissements qu’elle
fait dans le système de soins ? On
assiste cependant à l’émergence
de travaux visant à replacer
l’économie de la santé dans un
cadre plus large, intégrant d’une
part les interactions entre le
fonctionnement de l’économie et
le système de soins, avec la prise
en compte des effets pathogènes
de l’activité économique
(pollution, accidents du travail) et
d’autre part, les relations réciproques qui existent entre la
santé et le développement
économique et social, c’est-à-dire
tout le domaine des déterminants
sociaux de la santé. Enfin, cette
fin de siècle est celle de
l’avènement d’une société de
communication et d’information,
qui va sans nul doute transformer
radicalement le rapport des
individus à leur santé, mais aussi
aux services de soins : on passe
d’une relation patient-prestataire
marquée par la dépendance et
l’ignorance du premier, à une
relation au sein de laquelle le
bénéficiaire des soins est à la fois
plus exigeant et plus savant.
L’économie de la santé doit
prendre en compte ces évolutions
majeures dans l’orientation des
travaux de recherche à venir. The growing burden of financing health care systems in the developed world now means that economic analysis is of prime importance in assisting public decision-makers to use increasingly scarce collective resources efficiently. Health, as a commodity, has some special features from the point of view of economic analysis: it is a high-status commodity because an individual's health affects his or her productive capacity and consumption. There are many ways of maintaining or improving health, which is equally definable positively - as a state of general well-being - or negatively - as the absence of disease. In this latter case, the threat of illness is uncertain, both as to its occurrence and the extent of its effects. Moreover, the treatment of illness requires an expertise which confers great power on its possessors - the health care professionals - over the use of collective resources. Health economics was first the economics of health care systems. Two main questions have determined the structure of research over the past fifty years: which role can be taken, in the health system, by the competition between the private economic players, and how the public authorities can choose which investments to make in the health-care system. However, we are now witnessing the first efforts to reposition the health economy within a wider context. These, while taking account of the pathogenic effects of economic activity (pollution, industrial accidents), integrate the interactions between the functioning of the economy and the health-care system with the reciprocal relationships between health and socio-economic development, i.e. the entire domain of social determinants of health. Finally, the turn of the century has been marked by the advent of a communication and information society, which will doubtless radically transform individuals' relationships, not only to their own health but to the health-care services also. We are emerging from a patient-provider relationship in which the former is dependent and ignorant towards one in which the health-care recipient is both more demanding and better-informed. Health economics must take account of these major developments in the orientation of future research.
Pour citer ce document
de Pouvourville, G ; Contandriopoulos, AP, Les économistes et la santé : questions de recherche et enjeux pour demain., Med Sci (Paris), 2000, Vol. 16, N° 11; p.1172-85