L'empreinte parentale : de la guerre des sexes à la solidarité entre générations.
Résumé
Contrairement à la grande
majorité de nos gènes qui
s’expriment à partir des deux
allèles, les gènes soumis à
empreinte parentale ou
génomique (GSE) s’expriment de
façon monoallélique, soit à partir
de l’allèle paternel soit à partir de
l’allèle maternel. L’étude des GSE
est longtemps restée confinée aux
effets du déséquilibre de leur
expression sur la croissance
foetale et le développement,
alimentant la théorie du « conflit
d’intérêt reproductif ».
Aujourd’hui, un éclairage
nouveau apparaît à partir de
modèles murins et d’observations
réalisées chez l’homme. Ainsi
certains GSE exprimés non
seulement dans des tissus foetaux
mais aussi dans le cerveau
adulte, sont impliqués dans les
comportements sociaux et
reproductifs de l’adulte, avec de
plus des différences inattendues
marquées selon le sexe de
l’enfant. Par ailleurs, l’empreinte
parentale, grâce à la flexibilité de
modifications épigénétiques
rapides et réversibles, pourrait
représenter le support logistique
nécessaire aux adaptations de
l’espèce à son environnement. La
transmission des effets
transgénérationnels sur plusieurs
générations, remettrait au goût du
jour le débat sur l’héritabilité des
caractères acquis, une sorte de « pseudo-lamarckisme ». Il est
donc tentant d’oublier un peu la
« guerre des sexes » pour
s’intéresser aux avantages, pour la
survie de l’espèce, d’une
solidarité entre les générations. While both alleles of the great majority of our genes generally contribute equally to the corresponding gene product, genes that undergo genomic imprinting are monoallelically expressed, either from the paternal allele or from the maternal allele. Until recently, the studies of the effects of departure from this monoallelic expression have been restricted to the impact of this imbalance on fetal growth and development supporting the theory of the parental 'tug of war'. Now several reports, either in man or in mice, on new genes expressed also in adult brain shed a new light on the possible roles of genomic imprinting in adult social and cognitive behavior with unexpected marked differences between males and females. Moreover, epigenetic alterations such as those responsible for genomic imprinting could represent a buffering system capable to endorse adaption to environnemental factors by silencing or enhancing expression of monoallelically expressed genes. Failure to erase these epimutations in the germline would lead to stable transgenerational effects. This may revive the long debate on the inheritance of acquired characters as a tool for adaption/evolution proposed almost a century ago by J.B. Lamarck. It is therefore probably time to think more about the advantages that genomic imprinting could confer to the survival of a species through solidarity between the generations. [References: 49]
Pour citer ce document
Junien, C, L'empreinte parentale : de la guerre des sexes à la solidarité entre générations., Med Sci (Paris), 2000, Vol. 16, N° 3; p.336-44