Saurons-nous construire une bactérie synthétique ?
Résumé
La Biologie Synthétique, nouvel avatar des applications de la recherche en biologie, postule qu’il suffira de combiner des modules de base et d’introduire un génome artificiel dans une cellule réceptrice appropriée pour mettre en route une usine cellulaire capable de se reproduire et d’effectuer des opérations programmées par l’Homme. Cette vision repose sur l’idée implicite qu’une cellule se comporte comme un ordinateur qui serait capable de construire des ordinateurs. Cela suppose qu’un objet physique portant un ensemble [données + programme] peut, dans la réalité, être séparé de la machine, et que le programme peut s’exprimer sous la forme d’un « réplicateur » et d’un « constructeur » qui contienne quelque part une image de la machine qu’il va construire. Ce que nous savons des bactéries nous confirme dans cette vue et nous donne une image du plan de construction de ce qui serait une cellule synthétique, si l’on débarrasse les génomes connus de tous leurs appendices « inutiles ». En bref, un ensemble de gènes persistants (le paléome, qui persiste depuis l’origine de la vie) définit les programmes du réplicateur et du constructeur, en y ajoutant un ensemble de gènes importants pour la maintenance et la réparation de l’ensemble. Quelques règles du développement de la vie « en contexte », permettent de comprendre comment nous pourrons un jour faire en sorte que des cellules synthétiques produisent ce que nous attendons d’elles.
Pour citer ce document
Danchin, Antoine ; Saurons-nous construire une bactérie synthétique ?, Med Sci (Paris), 2008, Vol. 24, N° 5; p. 533-540 ; DOI : 10.1051/medsci/2008245533